Les plateformes chinoises de ce qu'on appelle la "fast fashion" sont dans le viseur des autorités : la Commission européenne vient d'ouvrir une enquête sur Temu, un site utilisé en France par 19 millions de clients. Avec son concurrent Shein, il est devenu un poids lourd du e-commerce. La Poste a révélé hier que 22% des colis qu'elle transporte proviennent de ces deux seules plateformes de vente en ligne. En quoi c'est un problème ? Regardez Pascale Hebel, économiste, directrice associée en charge des tendances de consommation au cabinet de conseil C-Ways.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 01 novembre 2024.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 01 novembre 2024.
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00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:04Bonsoir Pascal Ebel, vous êtes économiste spécialiste de la consommation au cabinet du conseil CEEWES.
00:09Les plateformes chinoises de commerce en ligne sont dans le viseur des autorités.
00:12La commission européenne vient d'ouvrir une enquête sur Temu.
00:15Nathan Boccard du service économie RTL est avec nous.
00:17Que reprochons exactement la commission à cette plateforme ?
00:20Elle cherche à savoir si ces produits sont conformes aux normes européennes.
00:24Comprendre principalement est-ce qu'elle représente un danger pour les consommateurs.
00:28Car les suspicions elles sont fortes chez certains acteurs,
00:31notamment le secrétaire d'état allemand à l'économie.
00:33Il estime que des centaines de milliers de produits Temu
00:36arrivent chaque jour sur notre marché sans en respecter les règles.
00:39Il faut dire que ce site propose un très grand nombre de produits avec des prix cassés.
00:44On va des vêtements aux jouets en passant par la high tech ou les outils.
00:48Mais ce n'est pas le seul but de cette enquête.
00:50Dans le viseur de Bruxelles, les pratiques de Temu sur sa plateforme de vente.
00:54Plusieurs associations de consommateurs accusent le site d'utiliser des interfaces trompeuses
00:59pour inciter les clients à dépenser toujours plus.
01:02Si, après enquête, Temu est jugé coupable de ne pas respecter le droit européen,
01:07il pourrait se voir infliger une amende allant jusqu'à 6% de son chiffre d'affaires.
01:12Merci Nathan Boccard.
01:13Temu c'est 19 millions de clients en France.
01:17Parce qu'elle est belle, quel est le véritable problème ?
01:22Le vrai problème c'est un petit peu comme la plateforme précédente qui était Chine.
01:26C'est d'inciter plutôt les adolescents, les jeunes à acheter très souvent
01:32et créer ce désir de consommation avec des influenceurs qui déballent des colis
01:37et qui montrent ce qu'ils peuvent avoir très peu cher.
01:40C'est cette incitation à consommer beaucoup qui a alerté toutes les associations de consommateurs.
01:47Ça a été le cas aussi en France en mars 2024
01:50puisqu'il y a une loi qui a été votée à l'Assemblée
01:53qui propose notamment d'interdire la publicité, de mettre une taxe, une éco-taxe.
02:00La France aurait été la première sur la partie ultra fast fashion,
02:04c'est-à-dire de proposer plus de 1000 références dans un secteur par jour.
02:10C'est-à-dire qu'il y a tellement, tellement d'offres
02:12que finalement ça incite, sans qu'on s'en rende compte,
02:16les gens à en acheter avec des promotions évidemment,
02:18avec des prix qui défient toute concurrence.
02:21Mais quelles sont exactement ces méthodes de vente mises en cause ?
02:24Au marché, on me dit deux scaroles pour prix d'une,
02:26donc je vois à peu près ce que ça fait.
02:27C'est la même chose mais sur Internet ?
02:30Oui, c'est vraiment sur Internet.
02:32En fait, ce qu'on leur reproche, c'est d'utiliser évidemment le digital,
02:35d'utiliser les données personnelles
02:37et de traquer sur les ordinateurs tout ce que les gens font
02:40et de pouvoir faire des publicités tout le temps.
02:43À chaque fois que vous êtes sur un site Internet,
02:45vous avez ces publicités qui apparaissent en fait.
02:48C'est vraiment beaucoup, beaucoup de publicités
02:51et puis d'utiliser illégalement puisqu'au niveau européen,
02:54il y a vraiment des législations très fortes sur les données personnelles.
02:58Donc, c'est tous ces points-là et aussi proposer des produits
03:02qui évidemment sont les mêmes que ce qu'on peut acheter ailleurs
03:06mais qui ne sont pas contrôlés aux frontières
03:09sur des règles d'hygiène et de sécurité.
03:11Sur les jouets, il y a plein de normes quand on achète un jouet en France
03:14et quand vous l'achetez sur cette plateforme,
03:16ces règles ne sont pas respectées.
03:18On a l'impression que les consommateurs n'ont plus leur libre arbitre
03:21quand on parle de ces plateformes.
03:24Alors, c'est un petit peu…
03:26Enfin, on a quand même la liberté d'acheter,
03:28c'est un petit peu ce qu'est évidemment la défense de Tému,
03:31mais c'est en fait de pouvoir accéder à des mineurs aussi.
03:34C'est-à-dire que les jeunes sont connectés
03:37et c'est de pouvoir inciter sur des gens
03:40qui n'ont pas forcément la capacité à être en mesure
03:44de faire leur propre choix.
03:46Et puis, c'est évidemment pour des raisons écologiques.
03:51En France, c'était surtout ça l'argument.
03:53L'argument, c'était sur le vêtement,
03:57on a dix fois de quoi habiller la planète,
04:00donc on n'a pas besoin d'acheter du neuf
04:02et donc c'est d'inciter les gens à consommer toujours plus.
04:05Alors, avec son concurrent Cheyne,
04:07Tému est devenu aujourd'hui un poids lourd du commerce en ligne,
04:10on a bien compris.
04:11La Poste a révélé hier que 22% des colis qu'elle transporte
04:15proviennent de ces deux seules plateformes de vente.
04:18C'est faramineux, mais est-ce que c'est normal ?
04:21Alors, est-ce que c'est normal ?
04:22Avant, c'était Amazon,
04:23donc on ne peut pas plus critiquer.
04:25Parce qu'à chaque fois qu'il y a des nouveaux venus,
04:27en effet, ils prennent les parts de marché des précédents.
04:30L'acteur qu'on critiquait auparavant, c'était Amazon,
04:32il y a eu Vinted aussi,
04:33donc en effet, est-ce que c'est normal ?
04:36Après, en fait, Tému, c'est une plateforme comme Amazon,
04:39c'est-à-dire que derrière, il y a plein d'acteurs,
04:41ce n'est pas un monopole d'une marque,
04:43c'est le fait que des producteurs chinois
04:47qui habituellement vendent des produits à des intermédiaires
04:51qui sont des magasins, des grandes marques qu'on a en France,
04:54qui s'approvisionnent au même endroit,
04:56mais là, ils le mettent en direct,
04:57donc forcément, c'est beaucoup moins cher
04:59et donc c'est ça qui fait qu'on peut acheter des produits très peu chers
05:03et c'est quand on regarde sur les réseaux sociaux
05:05ce que disent les consommateurs à ce sujet,
05:08ils disent « je ne comprends pas, pourquoi on m'interdirait de l'acheter
05:10puisque c'est le même produit que si je vais dans une chaîne,
05:14je ne vais pas citer les chaînes,
05:15mais toutes les chaînes françaises s'approvisionnent au même endroit. »
05:18Oui, c'est parce que vraiment, il faut le souligner,
05:20c'est très peu cher par rapport à des articles en magasin.
05:24Il y a aussi la condition des employés
05:27qui travaillent pour ce type de plateforme qui est dans le viseur.
05:31Oui, tout à fait, c'était comme sur China,
05:33c'est les Ouïghours qui sont exploités,
05:35alors là, c'est pour plutôt faire la logistique
05:38puisqu'il n'y a pas d'intermédiaires,
05:41donc ce ne sont pas les Ouïghours qui produisent forcément,
05:45mais sur Chine, c'était ça,
05:47c'est les employés qui sont des esclaves en fait,
05:52qui n'ont pas de droits des salariés
05:55et qui sont exploités pour produire tout ce qui est derrière.
05:59Merci beaucoup de toutes ces précisions, Pascale Hébel,
06:01économiste et spécialiste de la consommation au cabinet de conseil CYS.
06:05Dans un instant, un peu de douceur,
06:07on vous propose une idée bien gourmande pour votre week-end,
06:09le salon du chocolat avec l'une de nos plus brillantes chocolatières.