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Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l'Observatoire de l'immigration et de la démographie, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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NewsTranscription
00:00Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le directeur de l'Observatoire de l'immigration et de la démographie.
00:07Bonjour Nicolas Pouvremontier, bienvenue sur Europe 1. Devant le parlement marocain, hier Emmanuel Macron a parlé d'immigration.
00:13C'est un sujet prioritaire pour la France. Le président veut d'ailleurs l'inscrire dans le
00:19Partenariat d'exception renforcée. C'est le titre de l'accord qui a été conclu avec Mohamed Cissé il y a deux jours.
00:24Sur le sujet de l'immigration, le président Macron veut avec le Maroc une coopération naturelle et fluide, ce sont les mots qu'il a employés.
00:32C'est donc que cette coopération, actuellement, elle ne l'est pas
00:35naturelle et fluide, Nicolas Pouvremontier.
00:37Ce qui est certain, c'est qu'il y a aujourd'hui des points de
00:39de lenteur et de crispation assez fortes dans notre relation migratoire avec le Maroc.
00:43On parle beaucoup, et à juste titre, de la question de la délivrance des laissés-passés consulaires. Un laissé-passé consulaire, c'est un document
00:49accordé par un pays qui reconnaît qu'une personne qu'on cherche à éloigner de la France est l'un de ses ressortissants.
00:54Et donc qui accepte de le reprendre sur son territoire, puisqu'il arrive souvent que les profils en question perdent ou brûlent leur passeport ou
01:00cherchent à mentir sur leur identité.
01:01C'est important de le préciser parce que ça n'est pas
01:03obligatoire un laissé-passé consulaire quand il s'agit d'expulser quelqu'un,
01:06mais quand le clandestin s'est débarrassé de ses papiers, il faut pouvoir prouver qu'il est bien marocain ou tunisien ou algérien afin de le renvoyer dans son pays d'origine.
01:14Absolument, il faut pouvoir l'établir qu'il est bien le ressortissant du pays vers lequel on souhaite l'éloigner, ça implique que le gouvernement du pays d'origine
01:20reconnaisse ce profil comme étant l'un de ses citoyens
01:24et évidemment il y a des enjeux de
01:26coopération assez fort en la matière dans la mesure où les profils qu'on cherche à éloigner aujourd'hui et notamment qu'on cherche à éloigner depuis les
01:32centres de rétention administrative
01:33sont pour une grande majorité
01:35des profils connus en France pour des troubles à l'ordre public ou inscrits au fichier de surveillance et prévention de la radicalisation et du terrorisme.
01:41On comprend dans ces conditions que le Maroc ne soit pas spécialement pressé de réadmettre certains de ses ressortissants.
01:46Il n'en demeure pas moins que c'est son devoir en tant qu'État.
01:48Mais quand on regarde les chiffres, le Maroc l'année dernière a émis
01:53725 laissés passer consulaires,
01:55725. On a un taux d'exécution des expulsions vers le Maroc qui est entre 2 et 3 % à peine. Comment se fait-il que le Maroc,
02:02qui est un pays ami, soit si peu coopératif avec la France, Nicolas Pouvron-Monti ?
02:07En la matière, on en revient au profil des clandestins en question, on peut concevoir que le Maroc ne soit pas spécialement
02:12pressé de les reprendre. Peut-être que si jusqu'à présent
02:15la France et son gouvernement n'ont pas osé aller assez loin dans un rapport de force migratoire en la matière.
02:20Parce qu'on se rappelle, il y a eu cette politique un temps, qui consistait à dire, il y a trois ans de cela, la France disait
02:24si vous ne nous délivrez pas plus de laissés passer consulaires, on réduira le nombre de visas. Et c'était
02:30250 000 pratiquement visas qui ont été émis par la France l'année dernière pour les Marocains.
02:33C'est ça, 238 000 effectivement. Et on dit que ça n'a pas du tout marché cette politique-là.
02:36Ça n'a pas marché parce que, fondamentalement, la stratégie du rapport de force, pour être efficace,
02:41doit s'inscrire dans la durée. Et
02:43l'interlocuteur dans le rapport de force, si je puis dire, doit être convaincu que vous êtes en mesure
02:46de tenir les mesures de rétorsion longtemps. Donc, en la matière, on est revenu à la normale assez vite, finalement, en une année environ.
02:54Mais au-delà de cette question des visas, la France dispose d'un ensemble de leviers.
02:57Si la coopération ne suffit pas, on comprend que le voyage du président de la République est placé sous le signe de la coopération.
03:02Je pense notamment au montant d'aides publiques au développement. En 2022, la France a accordé 650 millions d'euros d'aides publiques au développement au Maroc.
03:09Plusieurs milliards d'euros sur une décennie. Le Maroc est l'un des tout premiers pays bénéficiaires, aujourd'hui, de l'aide publique au développement.
03:15650 millions d'euros en 2022, vous dites ?
03:17C'est ça, d'aides publiques au développement, tout à fait.
03:19À côté de ça, il y a l'ensemble des transferts financiers des Marocains résidant en France vers leur pays d'origine, qui était de
03:253,5 milliards en 2022. La diaspora marocaine en France est la première diaspora marocaine d'Europe en termes de transferts financiers.
03:31Donc, si on veut aussi bloquer ou ralentir certains de ces transferts, on a des moyens d'action.
03:36Tout ça se conçoit, évidemment, dans l'hypothèse où la coopération ne marcherait pas.
03:39Justement, l'immigration marocaine en France, Nicolas Pouvremonti, pouvez-vous nous la décrire ?
03:44Alors, ce qui est assez notable, c'est que depuis 2018, les Marocains sont la principale nationalité
03:50bénéficiaire des premiers titres de séjour, des nouveaux titres de séjour
03:53accordés sur le territoire français. Environ 30 000 personnes par an pour ce qui est des Marocains.
03:57Le Maroc est donc passé devant l'Algérie depuis 2018.
04:01C'est une immigration très
04:03hétérogène, c'est-à-dire qu'il y a à la fois une immigration, par exemple, étudiante, qui peut être de très grande qualité. On sait qu'il y a
04:07énormément d'étudiants marocains, par exemple, dans les écoles d'ingénieurs français,
04:11dans les écoles d'ingénieurs françaises, pardon. Et à côté de ça, il y a, pour l'immigration marocaine, des difficultés au global, en moyenne,
04:19d'intégration économique et sociale, qui renvoient à des enjeux structurants de notre politique d'immigration. Pour citer simplement deux chiffres qui datent un peu, mais ce sont les
04:26dernières données dont on dispose,
04:27en 2017, on avait 42 % des Marocains de plus de 15 ans vivant en France
04:31qui étaient chômeurs ou inactifs divers, c'est-à-dire, c'est ça, c'est-à-dire ni en emploi, ni en études, ni en retraite.
04:37Un taux trois fois plus élevé que celui des Français. On constatait la même chose pour l'immigration algérienne, notamment. Et enfin, une deuxième donnée,
04:43on avait 45 % des ménages immigrés marocains en 2018 qui vivaient en logement social,
04:48ce qui était un taux plus de trois fois supérieur à celui des ménages non-immigrés.
04:52Alors, si je reviens à ce qu'a dit Emmanuel Macron hier, il n'a pas parlé que des clandestins, il a dit qu'il voulait lutter contre l'immigration irrégulière,
04:58tout en facilitant les mobilités légales. Et alors, je cite Emmanuel Macron,
05:03« Jeter les bases d'une circulation naturelle des talents ».
05:08Donc, en substance, le Président nous dit non à l'immigration d'en bas, ou l'immigration souterraine même,
05:13mais trois fois oui à l'immigration d'en haut, les talents, bâtons et carottes.
05:17Ben oui, en la matière, le Président de la République n'a plus aujourd'hui tous les leviers d'action.
05:21La politique de la nation en matière d'immigration est définie par le gouvernement.
05:25Il y a une forme de, je puis dire, d'hypocrisie à vouloir distinguer absolument les flux légaux des flux illégaux, parce qu'on a aujourd'hui en France
05:32une part importante de l'immigration illégale, qui est constituée de personnes qui sont entrées légalement sur le territoire français,
05:37soit avec un titre de séjour, soit avec un visa de cours ou de moyen séjour,
05:41et qui sont restées sur le territoire après l'expiration de leur titre ou de leur visa.
05:46Donc, en la matière, vouloir réduire les flux d'immigration illégale en augmentant parallèlement les flux d'immigration temporaire,
05:52et notamment les visas, semble être une stratégie difficilement tenable sur le long terme.
05:56Merci beaucoup, Nicolas, pour vous remercier d'être venu ce matin au micro d'Europe 1.
06:00Je rappelle que vous êtes le directeur de l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie.
06:03Bonne journée à vous.