Jérôme Rothen explique qu'il a été choqué par l'entraîneur de l'OM Roberto De Zerbi, lors de la défaite 0-3 du club phocéen face au Paris Saint-Germain dimanche soir.
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00:00— Et tu voulais insister sur le match raté de l'entraîneur italien de l'OM, hein ?
00:04— Oui. Oui, oui, totalement. Alors, bien sûr qu'on s'attendait,
00:08et je crois que c'est Christophe Dugarré qui disait ça,
00:11que c'était peut-être un rêve pour nous, les passionnés de notre championnat, de Ligue 1,
00:16de voir l'Olympique de Marseille se rapprocher des meilleures équipes,
00:19et la meilleure équipe, c'est-à-dire du Paris Saint-Germain.
00:22Moi, j'ai jamais cru, en effet, que l'OM s'était...
00:26presque touchée, allait toucher le Paris Saint-Germain,
00:31parce que c'est un nouveau projet et qu'on a joué au football.
00:35On a été dans un vestiaire à forte pression aussi,
00:38où la pression quotidienne dans des clubs comme l'OM, comme le PSG ou autres,
00:44où tu dois gagner, tu dois performer assez vite,
00:46que la patience, elle existe pas dans le football, et encore moins dans ces clubs-là.
00:50Mais malgré tout, quand t'as été joueur,
00:53que t'as un nouveau cycle qui rentre en jeu,
00:56que l'effectif a changé quasiment à 60-70% avec un nouvel entraîneur,
01:02avec des nouveaux adjoints, automatiquement, il faut de la patience.
01:07Il faut arriver à mettre des trucs en place très vite,
01:12mais sur les six premiers mois, c'est compliqué de voir sur le terrain
01:18l'apport de De Zerbi, l'apport de certains joueurs,
01:21parce qu'il y a l'adaptation, l'acclimatation,
01:24elle doit se faire déjà individuellement, mais aussi collectivement.
01:27Et c'est qu'en vivant quotidiennement comme ça pendant X semaines ou X mois,
01:34que t'arrives à créer des affinités fortes qui te font que l'équipe,
01:38collectivement et aussi individuellement, elle sera plus forte dans quelques mois.
01:41Et ça, j'ai aucun doute que l'OM, l'année prochaine,
01:45sera bien meilleure qu'elle l'est aujourd'hui.
01:47Mais c'est vrai, pour parler de De Zerbi,
01:50et ce match où il était attendu, parce que c'est le classique,
01:53en fait, ce qui m'a choqué le plus, c'est qu'il ait bâti son équipe sur la défense,
02:01sur la difficulté pour le PSG de mettre en place son système,
02:06parce qu'en face du Paris Saint-Germain,
02:09on va avoir une équipe qui va se recroqueviller,
02:12qui va attirer les ballons vers l'axe,
02:15qui va densifier ce milieu de terrain,
02:18qui va faire déjouer le PSG pour mieux les contrer.
02:20C'était le plan de De Zerbi.
02:22Moi, je suis désolé, mais pour moi, déjà, il fait une erreur d'analyse.
02:26Quand tu vois le PSG, les difficultés du PSG, et on l'a dit,
02:29le PSG, c'est pas parfait, surtout en Ligue des Champions,
02:31quand le niveau s'élève, mais même sur des matchs de Ligue 1,
02:34quand ils sont pressés, quand ils sont acculés,
02:37quand l'équipe, elle calcule un peu moins par rapport à ce que le PSG va faire,
02:42mais elle veut mettre en place quelque chose qui vient les titiller,
02:45les bons joueurs techniques du Paris Saint-Germain,
02:47les petits gabarits,
02:48et bien le PSG a montré des limites, c'est vrai, dans ce système-là.
02:52Et que De Zerbi, lui, il a pris le contre-pied.
02:54Il s'est dit « non, moi, je vais les attendre et je vais les contrer ».
02:57Donc déjà, pour moi, c'est une première erreur.
02:59Et puis la deuxième erreur, c'est qu'en effet,
03:02je pense qu'il ne s'est jamais adapté à ce qu'a mis en place Luis Enrique,
03:05parce que là, pour de bon,
03:07autant tous les détracteurs, « Luis Enrique, c'est facile,
03:10faut numéro 9, qu'est-ce qu'il fait ?
03:12Et pourquoi il met un tel à droite ? Et pourquoi il change des trucs ? »
03:14Luis Enrique, il a réussi son match.
03:18Luis Enrique, il a donné une leçon à De Zerbi sur ce match-là.
03:21Déjà sur la composition de départ, sur le plan qu'il a mis en place,
03:24parce que, attention, là, c'est du tableau noir, c'est de la tactique,
03:28mais les passionnés de football savent que
03:30Luis Enrique, ce qu'il a demandé sur le match contre Marseille,
03:33c'était différent des autres matchs.
03:35Donc il s'est adapté aussi.
03:36– D'ailleurs, il y a eu un repositionnement pour Dembélé.
03:38– En plus, Dembélé, le rôle de Kang In-Li,
03:41même le rôle des milieux de terrain avec Vitinha, Joao Neves,
03:45où il avait sorti Ruiz et il avait mis Zaire Emery,
03:49que j'ai trouvé bien meilleur que sur les autres prestations,
03:52avec plus de liberté sur les côtés à Nuno Méndez, qu'on disait bridé,
03:55mais Nuno Méndez, il a quand même animé correctement le côté gauche de lui,
03:59qui est à la sixième minute monde.
04:01Voilà, donc, si tu veux, une fois que tu as dit ça, tu te dis,
04:04et là, je te donne la parole Jean-Michel, parce que je suis très long,
04:06mais je trouve que De Zerbi, il ne s'est jamais réadapté,
04:11il s'est trompé d'entrée, il s'est trompé après l'ouverture du score,
04:14et jamais il se réadapte, jamais, jamais !
04:17Il a essayé de corriger le tir en disant,
04:19« Tiens, au milieu de terrain, on prend un bouillon avec le positionnement de Dembélé »,
04:22jamais ! En fait, il a subi le match, en plus...
04:25– Mais au milieu de terrain, il peut repositionner tout ce qu'il veut,
04:28entre le milieu de terrain et du Paris Saint-Germain, ce soir-là,
04:34et je ne dis pas que ce soir-là, et celui de l'Olympique de Marseille,
04:37comme me disait quelqu'un que je connais bien,
04:39il y a la ligne droite de Longchamp, Jérôme...
04:41– C'est le seul secteur de jeu où tout le monde disait que Marseille pouvait réévaluer...
04:44– Alors, tu peux le repositionner en pointe basse, en pointe haute,
04:49en pointe sur les côtés, tu peux faire tout ce que tu veux,
04:52il n'y a pas un milieu de terrain de Marseille
04:57qui joue dans le milieu de terrain du Paris Saint-Germain !
04:59– Mais ce n'était pas l'analyse de certains, Jean-Michel, avant le match !
05:03– Non, mais de toute façon, ce qui est important dans la vie,
05:08c'est de bien se situer.
05:11Or, moi, je pense que le début de saison de l'Olympique de Marseille
05:17a été un petit peu... comment dirais-je ?
05:20– Enjolivé ?
05:21– Enjolivé, parce que je regardais les résultats,
05:24et je regardais surtout les adversaires qu'ils ont pris.
05:27Brest, qui était à la rue, ils étaient à peine 11 le premier match,
05:33d'ailleurs Toulouse, Angers, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
05:37– Montpellier ?
05:38– Montpellier !
05:39– Ils ont été à Lyon ?
05:41– À Lyon, qui était dans l'ANAS, ce soir-là !
05:44– Et encore, ils gagnent, c'est un miracle !
05:46– Non, mais ils gagnent les matchs, ils les gagnent les matchs !
05:49Mais Jérôme, j'ai regardé le championnat de France,
05:54mais là, il y a 7-8 équipes, 7-8 équipes de Saint-Étienne,
05:58on en a cité, Montpellier, Toulouse, Angers et compagnie,
06:03il y a 7-8 équipes, c'est d'une faiblesse incroyable !
06:07– Ça, ce n'est pas faux !
06:08– Incroyable !
06:09– Je croyais que les génies qui ont réduit la Ligue 1-18 allaient renforcer…
06:16– La vache ! Donc, c'était un trompe-l'œil, ce début de saison !
06:21– Ce n'est pas faux !
06:21– Et quand tu as une équipe comme le Paris Saint-Germain,
06:26même si elle vient d'avoir quelques déceptions en Ligue des champions,
06:33il faut que tes joueurs, tu les prennes les uns après les autres,
06:38en leur disant exactement à la minute, pas à la minute près,
06:42mais ce qu'ils doivent faire.
06:44Or, moi, l'impression que j'ai eue,
06:47c'est que les joueurs étaient totalement perdus de l'Olympique du Marseille,
06:52parce qu'on parle du fait de jeu, de l'expulsion…
06:56– Oui, il ne faut pas l'oublier quand même !
07:00– Oui, mais Tony, à 11 contre 11, ils avaient juste un képi pour faire la circulation,
07:09les joueurs de Marseille.
07:10– Mais qui est responsable, alors ? C'est le coach, ce sont les joueurs ?
07:12– Mais bien sûr ! Les joueurs, ils sont dedans,
07:18parce qu'à leur âge, quand même, tu ne vas pas te mettre à genoux
07:21pour leur expliquer que la passe de l'intérieur du pied,
07:24ça se fait avec l'intérieur du pied, pas avec le pointu !
07:27Comme contrôle, il vaut mieux que le ballon reste avec toi
07:30plutôt qu'il parte à 4 mètres.
07:31Autrement, il vaut mieux lui envoyer avec une pointe,
07:34comme ça, il reste dans les pieds ou sur la poitrine.
07:37Mais je crois que ces garçons-là, tu as besoin…
07:41La pédagogie, c'est l'art de la répétition.
07:44Je pense, Benoît, que tu as besoin de répéter, répéter, répéter, répéter
07:49à ces garçons-là qu'ils n'ont rien prouvé
07:52et qu'ils doivent être à 100% pour un match aussi important.
07:56Ils vont peut-être le perdre,
07:58mais là, ils ne l'ont pas perdu, ils ont eu du recul.
07:59Mais c'est ça qui est étonnant, Jean-Michel, et je te lance, Tony.
08:03C'est là que c'est étonnant, c'est que bien sûr qu'il y a de la jeunesse,
08:05il y a des joueurs, on a des gros points d'interrogation, on ne sait pas.
08:09Tout le côté défensif n'a pas Balerdi,
08:11parce que Balerdi est capitaine aujourd'hui et avait montré l'année dernière
08:14qu'on pouvait compter sur lui.
08:15C'est plus dur lui de saison pour lui.
08:16Non, mais c'est plus dur, d'accord.
08:17Mais après, tout le reste, d'un point de vue défensif
08:19ou même sur la ligne d'attaque, les gamins, ils restent à prouver.
08:23Par contre, tu as deux mecs, c'est deux cadors au milieu de terrain, avec beaucoup de...
08:28Oui, oui, oui, on blague.
08:29Et oui, donc Tony, je ne sais pas, ces joueurs-là,
08:32ils n'ont pas besoin d'avoir un entraîneur qui leur dit quoi faire quand même ?
08:36Non, c'est sûr.
08:37Franchement, moi, sur ce match-là, ça m'a fait beaucoup...
08:39Oui, oui, Jérôme, il faut leur dire.
08:41Oui, oui, il faut leur dire.
08:42Oui, mais ça m'a fait beaucoup de peine parce que j'étais le premier.
08:45Tu vois, j'étais un des premiers à dire que si je pensais
08:49que c'était l'année ou jamais pour Marseille d'accrocher le Paris Saint-Germain,
08:54j'y croyais franchement parce que je me suis dit avec cet entraîneur,
08:57avec certains nouveaux joueurs, comme tu l'as dit,
09:00des joueurs d'expérience qui viennent d'arriver,
09:02ils vont peut-être amener ça à leur équipe.
09:05Et finalement, on ne l'a jamais vu sur le terrain.
09:08Alors après, il y a ce fait de jeu qu'il ne faut pas oublier,
09:10qui est arrivé assez vite dans la rencontre.
09:12Mais que ce soit même le but contre son camp de Balerdi,
09:18je veux dire, ce sont tous des éléments qui montrent qu'en fait,
09:21tu as l'impression que les joueurs avaient énormément de pression.
09:24Alors ça, c'est normal, mais qu'ils n'ont jamais su la gérer.