Entre deux étages, Amina reprend péniblement sa respiration, avant de souffler, épuisée : "J’habite au 14e étage. Ça fait des semaines que nous n’avons pas d’ascenseur. C’est l’enfer". Depuis le 3 septembre et l’arrêt des quatre ascenseurs, après une multitude de pannes sur chacun d’entre eux cet été, les habitants de la tour B du parc Bellevue, qui domine du haut de ses 20 étages la cité Félix-Pyat, à Marseille, vivent reclus, ne sortant qu’en cas de nécessité.
"Ici, c’est Prison Break !" plaisante cette mère de famille, en faisant référence à la série américaine qui raconte l’enfer carcéral. "Je suis diabétique, explique-t-elle. Depuis qu’on n’a plus d’ascenseur, les infirmiers ne viennent plus. Tous les soirs, je me fais ma piqûre d’insuline. Ma fille a peur que je me trompe dans le dosage." Diabétique lui aussi, Serge descend chaque soir 14 étages pour rejoindre son infirmier qui l’attend au pied de l’immeuble. "Il me fait ma piqûre dans le hall, ou sur le parking, derrière les voitures", raconte-t-il, blasé.
Ce jour-là, comme tous les jours depuis plusieurs semaines, c’est un défilé incessant d’habitants haletants dans cette cage d’escalier si étroite qu’il est difficile de s’y croiser. Haut de 70 mètres, ce bâtiment classé immeuble de grande hauteur (IGH) est soumis à des règles drastiques en matière de gardiennage et de sécurité incendie. Mais, s’il existe bien un PC sécurité incendie, "la configuration des lieux pose problème", reconnaît Audrey Gatian, adjointe au maire (PS) et présidente de Marseille Habitat, bailleur qui possède 160 des 178 logements de cette copropriété en déshérence.
"Je ne laisse jamais mes enfants descendre ou monter seuls"
La panne d’ascenseurs ne fait qu’aggraver les risques. Les sacs poubelles ne sont plus descendus et traînent sur les paliers, rendant le passage encore plus exigu. "Je ne laisse jamais mes enfants descendre ou monter seuls les escaliers, témoigne Serge. Surtout qu’il y a des barreaux cassés ! C’est très dangereux, ils pourraient passer au travers." Les marches, usées par les centaines de passages, sont pour certaines cassées et glissantes. "On est laissés à l’abandon", résume l’épouse de Serge, tout en s’équipant pour "la descente" : "le bébé dans le dos", "la poussette sur la tête" et "les deux petits à portée de vue".
Face à cette situation qualifiée d’"intenable" par Audrey Gatian, Marseille Habitat a mis en place début octobre un service de portage des courses à destination des habitants. Et pour cause : la réparation devrait encore prendre quelques semaines… "Fin septembre, l’ascensoriste Otis nous a annoncé qu’il rompait son contrat, explique Audrey Gatian. Nous avons immédiatement travaillé avec le syndic pour en trouver un autre. Un seul a accepté : Paca Ascenseurs Services." Depuis, ce dernier a établi des devis. Il est désormais en attente des pièces commandées pour pouvoir faire les réparations.
"Ici, c’est Prison Break !" plaisante cette mère de famille, en faisant référence à la série américaine qui raconte l’enfer carcéral. "Je suis diabétique, explique-t-elle. Depuis qu’on n’a plus d’ascenseur, les infirmiers ne viennent plus. Tous les soirs, je me fais ma piqûre d’insuline. Ma fille a peur que je me trompe dans le dosage." Diabétique lui aussi, Serge descend chaque soir 14 étages pour rejoindre son infirmier qui l’attend au pied de l’immeuble. "Il me fait ma piqûre dans le hall, ou sur le parking, derrière les voitures", raconte-t-il, blasé.
Ce jour-là, comme tous les jours depuis plusieurs semaines, c’est un défilé incessant d’habitants haletants dans cette cage d’escalier si étroite qu’il est difficile de s’y croiser. Haut de 70 mètres, ce bâtiment classé immeuble de grande hauteur (IGH) est soumis à des règles drastiques en matière de gardiennage et de sécurité incendie. Mais, s’il existe bien un PC sécurité incendie, "la configuration des lieux pose problème", reconnaît Audrey Gatian, adjointe au maire (PS) et présidente de Marseille Habitat, bailleur qui possède 160 des 178 logements de cette copropriété en déshérence.
"Je ne laisse jamais mes enfants descendre ou monter seuls"
La panne d’ascenseurs ne fait qu’aggraver les risques. Les sacs poubelles ne sont plus descendus et traînent sur les paliers, rendant le passage encore plus exigu. "Je ne laisse jamais mes enfants descendre ou monter seuls les escaliers, témoigne Serge. Surtout qu’il y a des barreaux cassés ! C’est très dangereux, ils pourraient passer au travers." Les marches, usées par les centaines de passages, sont pour certaines cassées et glissantes. "On est laissés à l’abandon", résume l’épouse de Serge, tout en s’équipant pour "la descente" : "le bébé dans le dos", "la poussette sur la tête" et "les deux petits à portée de vue".
Face à cette situation qualifiée d’"intenable" par Audrey Gatian, Marseille Habitat a mis en place début octobre un service de portage des courses à destination des habitants. Et pour cause : la réparation devrait encore prendre quelques semaines… "Fin septembre, l’ascensoriste Otis nous a annoncé qu’il rompait son contrat, explique Audrey Gatian. Nous avons immédiatement travaillé avec le syndic pour en trouver un autre. Un seul a accepté : Paca Ascenseurs Services." Depuis, ce dernier a établi des devis. Il est désormais en attente des pièces commandées pour pouvoir faire les réparations.
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00:00Moi j'habite au quatorzième étage, ça veut dire que tous les jours je fais le quatorzième étage,
00:04descendre les enfants, emmener à l'école, aller chercher les commissions.
00:07Mon dernier bébé il a 4 mois et parfois ma femme met le bébé au dos,
00:13la poussait sur la tête, quelques commissions, alors c'est trop compliqué.
00:17Cela fait plusieurs semaines que Serge et les habitants des tours B11 et B12 du parc Bellevue,
00:23situés à Félix Piat dans le troisième arrondissement de Marseille,
00:26sont condamnés à prendre les escaliers.
00:28Dans cette copropriété, composée de deux bâtiments de 20 étages voués à la destruction,
00:32les quatre ascenseurs sont en panne depuis le 3 septembre.
00:35Une véritable galère au quotidien pour les résidents,
00:38que ce soit pour monter leur course ou recevoir des soins.
00:41Je suis diabétique, je ne peux pas monter pour me faire la pucure,
00:45je suis obligé de descendre, on le fait dans la rue, entre les voitures, tout ça et tout,
00:49et ce n'est pas bon.
00:51J'ai écrit à Marseille Habitat plusieurs fois de me reloger, tout ça et tout,
00:55et c'est impossible, impossible.
00:57À ce problème, s'ajoutent aussi d'autres craintes,
01:00puisque les habitants excédés sont confrontés à des soucis d'insalubrité
01:04et ont un sentiment d'insécurité.
01:06Une dernière fois, on a chopé 5 mètres devant chez nous.
01:10Ils voulaient casser la porte qui est en face de chez nous.
01:14Moi, je me suis imposé.
01:15Ils nous aménaçaient en disant qu'ils allaient nous cramer.
01:18Tout ça, il a sorti le couteau.
01:19Finalement, j'ai pu maîtriser cette affaire.
01:22Ils sont partis, mais on n'est pas à l'abri.
01:25Face à ces situations complexes, le bailleur social Marseille Habitat,
01:29qui gère 144 logements sur les 168 de cette copropriété,
01:33assure que le problème est pris en charge.
01:35Sur la question de l'ascenseur,
01:37le bailleur a dû chercher un nouvel ascensoriste fin septembre,
01:40après cotis, et ont rompu leur contrat.
01:41Là, on a trouvé un autre ascensoriste pour reprendre le contrat,
01:44pour faire la maintenance et pour faire les réparations.
01:46Donc, les devis ont été faits,
01:47et les réparations doivent intervenir dans les semaines qui viennent.
01:51On parle de 2 à 3 semaines,
01:53mais c'est le temps de recevoir les pièces.
01:56La situation sur le parc Bellevue est complexe,
01:58parce qu'en effet, 20 étages sans ascenseur, ce n'est pas possible.
02:02En attendant les réparations,
02:04le bailleur social a mis en place un système de portage des courses
02:07pour aider les habitants.
02:08Selon ces derniers, ce dispositif est loin de répondre à leurs attentes,
02:12puisqu'ils sont encore obligés de monter les étages un à un,
02:16chargés de leur sac.