• il y a 20 heures

Tous les samedis de 10 heures à 11 heures autour d'Eliot Deval, Philippe de Villiers brosse l'actualité de la semaine en compagnie d'un invité.
Retrouvez "Face à Philippe de Villiers " sur : http://www.europe1.fr/emissions/face-a-philippe-de-villiers

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00:00Face à Philippe Devilliers, 10h-11h sur Europe 1, Eliott Deval.
00:10Bonjour à tous, ravi de vous retrouver sur Europe 1 tous les samedis matins pour Face à Philippe Devilliers.
00:15Cher Philippe, bonjour. Bonjour Eliott, bonjour Geoffroy.
00:17Geoffroy Lejeune est avec nous comme chaque samedi matin.
00:19Cher Geoffroy, bonjour. Bonjour à tous les deux.
00:21Philippe, les informateurs bien informés ont encore frappé.
00:25Mais oui, ce n'est pas une photo, ce n'est pas une séquence.
00:29C'est un record. Est-ce que vous savez de quoi je parle ?
00:32Non.
00:34Un informateur bien informé m'a envoyé un message pour m'expliquer que le Puy du Fou avait battu une nouvelle fois son record d'affluence cette année.
00:452 800 000 spectateurs cette année, c'est un record, un record historique.
00:51Ah bon ? Vous ne saviez pas ?
00:53Non, vous me l'apprenez.
00:54Mais c'est extraordinaire.
00:55C'est incroyable, oui.
00:56C'est un record. Le précédent record était l'année dernière et le record a été battu, cher Philippe Devilliers.
01:03C'est absolument incroyable, 2 800 000.
01:07Quand on met les choses en perspective, c'est un beau résultat.
01:14La question que j'ai envie de poser à Philippe, c'est vous avez fait combien la première année ?
01:17C'est une très bonne question Geoffroy Lejeune.
01:20Merci, c'est mon métier.
01:22La première année, il n'y avait que la Ciné-Scénie et l'objectif c'était de faire 50 000 puisqu'il y avait quelques séances seulement.
01:3150 000.
01:33Et en fait, lors de la dernière séance, il y avait 6 000 personnes dans 4 000 dans l'herbe.
01:40Et on a été débordé et donc on a fait 80 000.
01:44Et c'était une oui, 80 000.
01:47Ça nous a permis de rembourser tout de suite nos emprunts.
01:54Et sans subvention publique depuis 45 ans, j'insiste.
01:58Pas de dividendes, pas de subvention publique, pas de capitaliste derrière nous.
02:02C'est modèle associatif tout seul, c'est Cyrano. J'irais moins haut peut-être, mais tout seul.
02:07Autre grande nouvelle Philippe Devilliers, Memoricide, votre livre, alors je ne sais pas comment vous faites,
02:13il est déjà dans les librairies depuis 24 heures maintenant.
02:16Oui, alors en fait, il devait être dans les librairies le 30.
02:20Et la demande a été telle, je vous en fais la confidence,
02:25qu'il suffit de regarder, il y a la FNAC, Amazon, etc.,
02:30qu'en fait, Lisboël, la patronne de Fayard, a décidé d'avancer la date de 8 jours.
02:40Je ne sais pas comment ils ont fait, mais c'est absolument incroyable, les camions ont roulé de nuit.
02:44Et le livre est là depuis ce matin, et j'en entends parler depuis ce matin,
02:48parce qu'apparemment il y a certaines librairies qui sont déjà dévalisées.
02:51Donc pressez-vous d'aller l'acheter, parce que demain, ce week-end, il n'y en aura plus.
02:55Eh bien, nous allons en parler longuement dans cette émission Philippe Devilliers, Memoricide aux éditions Fayard.
03:01Face à Philippe Devilliers, comme chaque samedi matin de 10h à 11h sur Europe 1.
03:08Face à Philippe Devilliers, 10h à 11h sur Europe 1.
03:15Plus qu'un sujet, c'est une proposition de la ministre de la Culture, Rachida Dati.
03:20Elle souhaite rendre l'entrée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris payante un ticket à 5 euros,
03:26avec pour objectif d'utiliser les recettes pour sauver les églises de France.
03:31Proposition soutenue d'ailleurs par le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Bruno Rotailleau.
03:35Voilà ce que dit Rachida Dati. En faisant payer 5 euros seulement par visiteur, on récolterait 75 millions d'euros.
03:42Geoffroy Lejeune.
03:43On a l'impression que c'est le sens de l'histoire, la marche du progrès, que presque tout le monde est pour cette excellente idée.
03:50Alors Philippe, est-ce qu'il faut faire payer l'entrée de Notre-Dame de Paris ?
03:55Moi, je suis indigné.
03:58Parce qu'on a une culture.
04:01Il fut un temps où c'était l'Église qui faisait la quête, et maintenant c'est l'État qui fait la quête.
04:09On est à fond renversé.
04:12Je vais vous dire pourquoi je suis indigné.
04:14D'abord parce qu'il faudrait que Esmeralda Dati connaisse l'histoire de Notre-Dame de Paris et l'histoire des lois françaises.
04:24Et notamment la fameuse loi de 1905, qui est une loi selon laquelle l'État récupère le patrimoine des cathédrales et des églises,
04:42et en contrepartie, selon l'article 17, au fur et à mesure de ma part, impose l'idée qu'il n'y aura jamais de taxes et de redevances,
04:51et que l'entrée sera toujours gratuite.
04:53Donc il y a une sorte d'engagement mutuel, si l'on peut dire, confiscation des biens.
05:00C'est la loi de 1905, qui est dans le prolongement de la constitution civile du clergé.
05:05Et en même temps, en contrepartie, pas de taxes, pas de redevances.
05:10Donc là, on est dans l'illégalité la plus totale.
05:12Donc le dossier n'a pas été travaillé.
05:17De la part du ministère des Cultes et de la part du ministère de la Culture.
05:21Ils n'ont qu'à se concerter, travailler. Il y a des conseillers qui ont la spécialité quand même.
05:27Ensuite, il y a un deuxième point.
05:33J'ai trouvé le communiqué de Mgr Ulrich, l'archevêque de Paris, absolument remarquable.
05:40Il faut le lire, le relire.
05:43Et notamment sur un point, c'est que l'Église ne doit pas devenir un musée.
05:51Il y a une différence entre un musée et une église, je le dis à la ministre de la Culture.
05:58C'est que dans un musée, on paye et on voit des œuvres qui sont mortes.
06:04Et d'ailleurs, comme disait Chirac, on les fait mourir pour la deuxième fois.
06:07Parce que quand on les décroche de la vie où elles étaient, on les sort de leur contexte vital.
06:15Mais dans une cathédrale, quand il y a le tombeau d'Isabelle de Hainaut,
06:21dans la nef ou qu'il y a la couronne d'épines, est-ce qu'on taxe la couronne d'épines ?
06:26Est-ce qu'on taxe la prière ? Est-ce qu'on taxe l'élévation des âmes ?
06:32Et puis, il y a une question plus fondamentale que ça.
06:36Je vous ai entendu hier tous les deux, vous étiez excellents avec William.
06:39Merci.
06:41Et vous avez dit une chose très juste.
06:44C'est un symptôme de la déchristianisation.
06:48Et le symptôme, c'est qu'en fait, la ministre de la Culture et le ministre de l'Intérieur
06:52sont tellement hors de ce qu'est la perspective historique de la civilisation française
06:59qu'ils disent ça avec candeur et bonne volonté.
07:04Mais en réalité, c'est quoi la cathédrale Notre-Dame de Paris ?
07:09C'est la maison de tous les Français.
07:14Malraux disait très bien, un monument historique cassé,
07:20offrant ses façades au regard des passants,
07:25n'est plus tout à fait la propriété de celui qui le possède,
07:31mais par une sorte de prescription acquisitive,
07:34elle devient la propriété, il devient la propriété de ceux qui le regardent,
07:40pourvu que ce soit un regard d'amour.
07:45Et donc Notre-Dame de Paris, comme disait Victor Hugo,
07:50c'est la maison de tous les Français.
07:53C'est-à-dire que ce vaisseau renversé, cette arche de Noé,
07:58a accueilli nos forêts, nos jardins, jusqu'à nos grimaces qui sont devenues des gargouilles,
08:04nos transparences de lames immémoriales avec les vitraux,
08:12et le peuple français a déposé ses chefs-d'oeuvre dans ce haut-lieu qui lui appartient.
08:21Alors il y a l'affectataire, l'évêque, et il y a le propriétaire en titre, l'État,
08:29mais le véritable propriétaire, c'est le peuple français.
08:33Et donc moi je dis, pas touche à Notre-Dame,
08:39si vous voulez trouver 75 millions d'euros, ce qui est absolument nécessaire,
08:43si vous voulez, moi j'ai des pistes, par exemple l'audiovisuel public
08:48a été augmenté de 75 millions d'euros cette année,
08:51on peut peut-être leur demander un peu de modération,
08:57et c'est prière contre prière, vous voyez,
08:59entre l'audiovisuel public et Notre-Dame de Paris.
09:02Et donc qu'on laisse les pèlerins, qu'on laisse les touristes, qu'on laisse les passants,
09:08qu'on laisse les paroissiens, qu'on laisse même les réfugiés,
09:11qu'on laisse ceux qui trouvaient asile au Moyen-Âge dans les églises,
09:16l'église c'est le lieu du refuge et de la supplication,
09:21qu'on laisse, par les temps qui courent, les français supplier comme ils l'entendent,
09:25gratuitement, supplier pour que les hommes politiques retrouvent la tête et le cœur,
09:31et à la civilisation française.
09:33Voilà ce qu'on pouvait dire Philippe de Villiers sur Notre-Dame,
09:36on revient dans un instant sur Europe 1,
09:39on se posera une question, le devoir d'exemplarité,
09:42tiens, est-ce que ça concerne également les hommes politiques,
09:46à travers une affaire, une polémique,
09:48à savoir ce député La France Insoumise,
09:51qui a été pris en flagrant délit d'achat de stupéfiants.
09:54Restez avec nous, on se retrouve dans un instant sur Europe 1 pour Face à Philippe de Villiers.
09:59Face à Philippe de Villiers.
10:0210h-11h sur Europe 1,
10:06Eliott Deval.
10:07De retour sur Europe 1 pour la suite de Face à Philippe de Villiers,
10:10on est ensemble chers auditeurs, jusqu'à 11h,
10:13comme chaque samedi matin,
10:15Philippe de Villiers et Geoffroy Lejeune sont avec moi dans le studio.
10:18Philippe de Villiers, régulièrement vous avez abordé la lutte contre la drogue dans cette émission,
10:23on a appris cette semaine qu'un député LFI de Loire-Atlantique,
10:26Andy Kerbrat, avait été pris en flagrant délit d'achat de stupéfiants.
10:30C'est une drogue de synthèse, la 3-MMC.
10:33Son dealer ? Un mineur.
10:35À droite, nombreux sont ceux qui appellent à sa démission.
10:38À gauche, beaucoup plaident l'accompagnement,
10:40voyant la consommation de drogue une addiction.
10:43Et alors cette affaire vous a rappelé une séquence,
10:45elle date de 1959,
10:48avec l'un des plus grands comédiens de notre histoire, Bourvil.
10:52Écoutons, parce qu'on a besoin de vous poser cette question,
10:55pourquoi avoir pensé à Bourvil ?
10:57Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
10:59en tant que délégué de la Ligue anti-alcoolique,
11:06je vous parlerai de l'eau minérale,
11:13de l'eau ferrogineuse.
11:16L'eau ferrogineuse,
11:20comme son nom l'indique,
11:22contient du fer.
11:27Le dire, c'est bien,
11:29mais le faire, c'est mieux.
11:32L'alcool, non,
11:34mais l'eau ferrogineuse, oui.
11:39Rappelons que Bourvil a eu un fils qui est devenu député, d'ailleurs.
11:42Philippe, pourquoi avez-vous pensé à cette séquence ?
11:44Pourquoi avez-vous pensé à Bourvil ?
11:46Et quelle analyse, plus sérieusement, faites-vous de toute cette affaire ?
11:49C'est très simple.
11:51J'ai vu que le fameux député
11:56avait signé une pétition
11:59et qu'il militait contre la drogue.
12:04Il y a quatre jours.
12:06Et quatre jours après, il se fait gauler
12:09avec un mineur qui lui vende la drogue.
12:12Et donc, inévitablement, j'ai pensé à Bourvil,
12:15parce que, si vous voulez, j'ai voulu la faire.
12:17L'alcool, non.
12:19L'eau ferrogineuse, oui.
12:21Alors, maintenant, on va faire Kerbra, ensemble.
12:24Cam, non.
12:27La coke, oui.
12:29Il y a...
12:31Les gens de l'LFI
12:33sont des militants tribuniciens
12:36qui vivent un oxymore de vie.
12:39Ils sont pour le féminisme,
12:41et Katalin se fait coincer.
12:44Rima Hassan, problème financier, etc.
12:47Ils vivent deux vies à la fois,
12:49dans leur vie militante.
12:52Et, en fait, leur rêve, là,
12:54ce serait de faire de l'Assemblée nationale
12:57une salle de shoot.
12:59Moi, ce qui me frappe, là,
13:02c'est que la gauche
13:07est en train de filer un très mauvais coton.
13:11Pourquoi ?
13:13Parce que, dans les guerres qui sont menées,
13:17ou mal menées,
13:19par les pouvoirs publics,
13:21la gauche est du mauvais coté.
13:24Dans l'affaire du terrorisme islamique,
13:27quand il y a des appels à l'intifada,
13:31les députés de la FI sont dans la rue,
13:35derrière celui qui appelle à l'intifada.
13:38L'intifada, c'est la guerre.
13:40C'est la guerre des pierres.
13:42Les mots ont un sens.
13:44Ensuite, dans le drame de Philippines,
13:47ils étaient du côté de l'OQTF, en fait,
13:50parce qu'ils sont du côté de l'immigration invasive.
13:53Et, dans l'affaire,
13:56dans le débat du narcotrafic,
13:58vous imaginez ce que peuvent penser
14:00les magistrats de Marseille qui ont dit
14:02« On a peut-être perdu la guerre ».
14:05Et, en fait, dans une société
14:08où il y aurait la poigne,
14:10comme Péguy disait,
14:12le français est poignard.
14:14D'ailleurs, on le voit bien dans les sondages.
14:16Le français, il veut de la poigne.
14:18S'il y avait de la poigne,
14:20moi, je pense qu'il faut envisager
14:22à terme l'interdiction de l'FI.
14:25Parce qu'ils sont en train de se mettre
14:28au banc de toute forme de légalité,
14:31de légitimité.
14:33Si jamais ça va plus loin avec l'islamisme,
14:35avec l'intifada,
14:37avec la drogue,
14:39si jamais ça va plus loin
14:41avec la délinquance de rue
14:43qui fait qu'on ne peut plus sortir de chez soi,
14:46ceux qui sont les collaborateurs,
14:48la cinquième colonne,
14:50il va falloir les regarder différemment.
14:52C'est un sujet qu'on pourrait traiter
14:54en longueur. Revenir sur, justement,
14:56ce que vous pensez,
14:58l'analyse que vous faites de la France insoumise.
15:00On ne s'attendait pas à ce qu'on ait
15:03une telle déclaration à l'instant.
15:05Avançons un peu dans notre émission.
15:08Philippe Devilliers, vous montez en actualité également
15:11et en actualité internationale.
15:13Revenons sur la 16e réunion des BRICS
15:15à Kazan, en Russie.
15:17Première réunion depuis l'élargissement du groupe en 2023.
15:20Je rappelle que dans ces BRICS s'ajoutent l'Égypte,
15:22l'Iran, les Émirats Arabes Unis
15:24et l'Éthiopie.
15:25Une attractivité grandissante
15:27et un ordre mondial bouleversé.
15:29Je vous propose d'écouter Xi Jinping,
15:31le chef d'État chinois.
15:34Nous devons être une force stabilisatrice pour la paix,
15:36renforcer la gouvernance en matière de sécurité
15:39et explorer des solutions aux principaux problèmes
15:41qui s'attaquent à la fois à leurs symptômes
15:43et à leurs causes profondes.
15:45Geoffroy Lejeune.
15:46Vous en avez souvent parlé ici, Philippe,
15:48mais est-ce que vous croyez qu'aujourd'hui,
15:49les images qu'on vient de voir sont en train d'annoncer
15:51le basculement du monde ?
15:53Incontestablement, oui.
15:58En fait, qu'est-ce qui se passe ?
16:02Toutes les nomenclatures de l'Occident
16:05prononcent les mêmes mots.
16:07En reprenant le mot de Laurent Fabius,
16:09nous allons toucher les dividendes de la paix.
16:12On croit à la paix perpétuelle par le commerce.
16:15Enfin, le libéralisme triomphe.
16:19Et tout le monde écoute, lit, relit
16:21Fukuyama, l'historien,
16:23qui dit que l'histoire est finie.
16:25On a mille ans de paix devant nous
16:28parce qu'on va vers un monde unifié
16:31et unifié par le commerce.
16:34Il n'y aura plus de frontières,
16:36il n'y a plus besoin d'avoir des nations.
16:40Et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé
16:42pendant un certain temps.
16:44Sauf que ce nouveau monde
16:47est en train de devenir l'ancien monde.
16:51Pourquoi ? Parce qu'il y a trois phénomènes
16:54qui sont intervenus depuis une dizaine d'années
16:58et qui s'accélèrent.
17:00Le premier, c'est le retour des états-puissances
17:03avec le retour des logiques de puissance.
17:06Le deuxième phénomène,
17:08c'est le différentiel de natalité
17:15qui en lui-même a basculement du monde
17:18puisque l'écart démographique
17:21est en train de se creuser.
17:24Entre le Nord et le Sud.
17:26Le Nord, sous l'effet de l'hédonisme
17:30et du nihilisme d'État,
17:33se stérilise et planifie dans l'euphorie
17:36et l'insouciance sa propre disparition.
17:40Pendant que le Sud se déverse dans le Nord
17:44et vit d'une idéologie nouvelle
17:49qui est l'idéologie de la revanche
17:52c'est la réplique du traité de Tordesillas.
17:57Tordesillas, c'est 1494,
18:00deux ans après la découverte des Amériques
18:02par Christophe Colomb.
18:04Sous la férule du pape,
18:06on prend un méridien et on divise le monde en deux,
18:09les Portugais, les Espagnols.
18:12Et là, c'est la revanche.
18:15Le Sud global, en fait,
18:17c'est la revanche de Tordesillas,
18:20c'est-à-dire, on va décoloniser le Nord, disent-ils,
18:26et on va peut-être le recoloniser.
18:29Et le troisième élément,
18:31et là on touche aux images que vous avez montrées,
18:34c'est la grande défaillance
18:39des institutions internationales.
18:42L'ONU, l'OMC, la Cour pénale internationale, etc.
18:47Ils n'ont plus de dimension prescriptive,
18:50on ne les écoute plus,
18:53on ne leur obéit plus.
18:56Et par rapport à cela, qu'est-ce qui se passe ?
18:58De nouvelles institutions sont en train de naître,
19:00dont les BRICS.
19:02À 15 ans, vous vous rendez compte,
19:06il y avait le Brésil,
19:10B, la Russie,
19:13R, l'Inde,
19:15I, la Chine,
19:18C, S, Afrique du Sud.
19:2122 pays.
19:23Donc la moitié du monde, en fait.
19:25La moitié de la population mondiale.
19:27Et leur idée, l'idée des BRICS,
19:30elle est d'installer petit à petit
19:35un nouvel ordre international post-occidental.
19:43Sur le plan commercial, fin de l'OMC,
19:46sur le plan monétaire,
19:49la dédollarisation du monde,
19:51c'est en cours, c'est parti.
19:53Sur le plan financier,
19:55et naturellement sur le plan géopolitique.
19:59Et donc notre vision du monde,
20:01et je suis content que vous m'ayez posé cette question,
20:03parce que c'est quelque chose qui me hante.
20:06Je vois ce monde qui bascule,
20:09et nous, en fait, de quoi on s'occupe ?
20:12On s'occupe, sans en parler jamais,
20:15du conflit de l'Ukraine.
20:17Et en disant, Poutine est isolé,
20:19les sanctions font leur effet, etc.
20:21On a tout faux.
20:22L'ordre mondial est-il bouleversé ?
20:25Vous avez répondu à l'instant à cette question, Philippe Devilliers.
20:28On se retrouve dans un instant pour la suite
20:31de Face à Philippe Devilliers sur Europe 1.
20:33Et on va revenir en longueur sur votre livre,
20:35Mémoricide.
20:37Ça y est, il est sorti, Mémoricide, aux éditions Fayard.
20:39Pourquoi ce livre ? Pourquoi Mémoricide ?
20:41On parlera de la gauche, de la droite.
20:43On revient dans un instant sur Europe 1
20:45pour Face à Philippe Devilliers.
20:55Face à Philippe Devilliers, la suite,
20:57toujours avec Philippe Devilliers et Geoffroy Lejeune.
20:59Mémoricide,
21:01un terme que vous avez pensé,
21:03imaginé, un néologisme,
21:05cher Philippe Devilliers.
21:07C'est le nom également de votre nouveau livre
21:09qui est sorti ce vendredi
21:11aux éditions Fayard.
21:13Alors la première question, c'est comment vous définissez
21:15votre livre ? Quel est son filigrane ?
21:17D'abord,
21:19Mémoricide, c'est quoi ? C'est un attentat à la mémoire.
21:23Et donc à la civilisation.
21:25Mon livre,
21:27je l'ai écrit
21:29comme un viatique de survie.
21:33Un viatique, c'est
21:35une provision pour le voyage.
21:39Et un viatique de survie,
21:41pour moi, c'est
21:43une provision de piolets
21:45pour les âmes en altitude
21:47qui entreprennent
21:49de grimper
21:51le long de la paroi.
21:53Et pour lutter contre
21:55les éboulis, il faut leur fournir
21:57des piolets solides.
21:59Et moi,
22:01c'est ce que j'essaye de faire avec ce livre.
22:03En fait,
22:05j'ai
22:07voulu
22:11faire un panorama
22:13général
22:15de ce qu'était la situation
22:17de la France.
22:19Un pays, c'est une romance.
22:23On a perdu
22:25un droit fondamental.
22:27Le droit
22:29de rechercher et de faire
22:31survivre en soi
22:37le légendaire,
22:39l'imaginaire
22:43qui ont fixé dans le temps
22:45un romanesque
22:49qui vient embraser
22:51le roman de nos vies.
22:55C'est complexe un pays,
22:57un vieux pays comme la France.
22:59Il est difficile de le définir ainsi.
23:01Il est victime d'un attentat.
23:05Je dis un pays, c'est une romance
23:07portée par une mémoire salvatrice,
23:09la mémoire qui sauve,
23:11la mémoire qui s'en va,
23:13la mémoire qui revient et qui sauve.
23:15Qu'est-ce que ça veut dire, la mémoire salvatrice ?
23:17Ça veut dire une mémoire
23:19qui nous délivre de la mémoire pénitentielle.
23:23La mémoire pénitentielle,
23:25c'est quand on nous met en demeure
23:29de battre notre
23:31coulpe sur la poitrine
23:33de nos ancêtres.
23:37Et la mémoire salvatrice,
23:39c'est une mémoire qui nous délivre aussi
23:41de la mémoire invertie.
23:43C'est-à-dire
23:45quand on nous invite
23:47à vivre à l'envers
23:49de nos pères, de nos mères,
23:51de nos repères, de nos ferveurs.
23:53La mémoire salvatrice,
23:55elle nous rend
23:57la symbolique,
23:59la grandeur,
24:01l'élégance, les afflorements de
24:03tantresse sans fouilles,
24:05les ferveurs,
24:07tout ce qui fait le sel de la vie.
24:11Et
24:13en écrivant ce livre,
24:15j'ai pensé et repensé au moment
24:17où Clovis
24:19et Catécumène à Reims,
24:21ils l'écoutent,
24:23ils vont à la vigne avec
24:25l'évêque Vigneron
24:27et il entend
24:29l'évêque Vigneron qui lui dit
24:31ce que l'écrivain
24:33Grec Polybe avait déjà dit.
24:35Toutes les sociétés obéissent
24:37à la même loi
24:39quand elles ont cessé de vivre
24:41de leur raison d'être et que
24:43l'idée même
24:45qui les a fait naître
24:47leur est devenue comme étrangère,
24:49elles se démolisent de leur propre main.
24:51Le premier
24:53symptôme
24:55dit l'évêque Rémi,
24:57c'est la honte.
24:59Quand on a
25:01honte d'avoir existé,
25:03quand on a honte d'avoir
25:05été brillant et convoité,
25:07nous y sommes,
25:09c'est mon lieu.
25:11Geoffroy Lejeune.
25:13Alors votre livre est
25:15conçu en trois parties, vous parlez d'ailleurs de
25:17trois mémoricides, est-ce que vous pouvez nous expliquer
25:19assez rapidement, enfin assez rapidement non d'ailleurs,
25:21pourquoi trois mémoricides et lesquels ?
25:23Le premier
25:25mémoricide, c'est le
25:27mémoricide
25:29de la matrice
25:35millénaire de la France.
25:37C'est Robespierre,
25:39c'est la terreur.
25:41La fameuse phrase de Robespierre,
25:43quand j'ai vu à quel point l'espèce humaine
25:45était dégradée,
25:47je me suis convaincu moi-même de la nécessité
25:49d'un recommencement absolu
25:51de l'humanité.
25:53Le recommencement absolu de l'humanité.
25:55On efface tout, on recommence.
25:57Tabula rasa.
25:59Ça c'est le premier mémoricide.
26:01C'est qu'on n'a plus le droit
26:03de penser à avant
26:05et de glorifier l'avant.
26:07Sauf que
26:09les historiens républicains,
26:11comme je le disais récemment,
26:13après Sedan, sont orphelins,
26:15ils ont la gueule de bois,
26:17qu'est-ce qu'on fait ? Il n'y a plus de fédérateur.
26:19Il n'y a plus le Saint-Crème, il faut qu'on invente
26:21un Saint-Crème de substitution, c'est le roman national.
26:23Et le roman national,
26:25en fait, il va
26:27produire
26:29des fruits inattendus,
26:31il va réunir les Français.
26:33Il va retrouver l'unité.
26:35Si vous me permettez juste une anecdote.
26:37Allez-y, bien sûr.
26:41Dans le grenier
26:43de Chambretaud,
26:45un paysan de Chambretaud, on a retrouvé
26:47en 1977, un drapeau
26:49qui était le drapeau
26:51de la classe 14, des conscrits de 14.
26:53Et les conscrits de 14,
26:55c'était deux classes, il y avait l'école libre
26:57et l'école publique.
26:59Ils sont partis ensemble dans le même train
27:01aux Épèces, à la gare des Épèces,
27:03pour Verdun. Et ils sont morts ensemble.
27:05Ils sont morts ensemble.
27:07Et ils ont crié,
27:09« Ensemble vive la France », et ils ont chanté ensemble
27:11la Marseillaise. Et sur le drapeau,
27:13qu'est-ce qu'il avait décrit ? Le drapeau,
27:15il est dans le spectacle du Puy-de-Fou, symboliquement.
27:17« Quand la France voudra ».
27:19Donc, vous vous rendez compte
27:21de ce que le roman national a été
27:23capable de faire
27:25pour la France. Et puis,
27:27comme je le disais, Côte-Médie est arrivée,
27:29mai 68, court camarade,
27:31le vieux monde est derrière toi.
27:33C'est fini.
27:35Ça, c'est le deuxième mémoricide,
27:37mai 68.
27:39Et mai 74, avec Giscard,
27:41on avait dit un jour,
27:43il faut sortir la France
27:45de l'histoire, puissance moyenne,
27:47pour l'abriter du malheur.
27:49Donc,
27:51l'histoire, discipline d'éveil,
27:53c'est fini, on ne transmet plus.
27:55Et le troisième mémoricide,
27:57on est en train de le vivre.
27:59Le troisième mémoricide,
28:01c'est plus le mémoricide de la matrice,
28:03c'est le premier mémoricide,
28:05c'est plus le mémoricide de l'imaginaire,
28:07c'est le deuxième mémoricide,
28:09là, c'est le mémoricide
28:11du passé tout entier,
28:13et même du présent.
28:15C'est le mémoricide woke,
28:17c'est le...
28:19la criminalisation
28:21du passé.
28:23C'est-à-dire, vous, les Français,
28:25vous avez
28:27fondé votre prospérité
28:29sur l'esclavagisme,
28:31le colonialisme.
28:33Donc, il est temps pour nous
28:35de vous décoloniser
28:37et de vous recoloniser.
28:39Et là, on rejoint le sujet global.
28:41Et le mouvement
28:43woke s'en prend
28:45à
28:47l'occidental
28:49et aux Français
28:51qui
28:53cherchent à tirer
28:55les leçons du passé
28:57et qui veulent en retirer un peu de gloire,
28:59un peu de sucre,
29:01un peu de ferveur.
29:03Nous sommes
29:05nous sommes interdits
29:07désormais de notre passé.
29:09Et que fait la classe politique en face du mouvement woke ?
29:11Rien. Je vais vous donner un exemple.
29:13Hier, il y avait
29:15le secrétaire d'Etat
29:17contre les discriminations...
29:19Haughtman Nassau ?
29:21Oui, c'est ça.
29:23Et, à la fin,
29:25Romain Desarble lui dit
29:27mais alors,
29:29c'est quoi ?
29:31Comment
29:33protéger
29:35l'intégration ? Alors, il dit
29:37c'est simple,
29:39les valeurs de la République.
29:41Alors là, je tends l'oreille.
29:43Parce que je n'ai toujours pas compris.
29:45Peut-être que là, je vais comprendre.
29:47Comme c'est un gars de droite, apparemment.
29:49Et là, il énumère
29:51la laïcité.
29:53Ensuite,
29:55il dit l'égalité homme-femme.
29:57Bon, ben oui, ça va de soi.
29:59Et enfin, le respect des orientations sexuelles.
30:01Et alors, j'attends
30:03le quatrième, la France, mais il ne vient pas.
30:05Donc, vous vous rendez compte
30:07que nos hommes politiques ne prononcent
30:09plus le mot France.
30:11Et c'est pourquoi mon livre
30:13risque
30:15d'être lu par beaucoup de Français
30:17qui se sentent
30:19étrangers dans leur propre pays.
30:21Philippe Devilliers, on se retrouve dans un instant
30:23toujours sur Europe 1 pour la suite
30:25de Face à Philippe Devilliers.
30:27On continue de parler de Memoricide, votre nouveau livre
30:29aux éditions Fayard.
30:31Et on va s'attarder sur la gauche.
30:33La gauche est-elle déchue ?
30:35Grande question à laquelle vous allez répondre
30:37dans un instant sur Europe 1.
30:47La suite de Face à Philippe Devilliers.
30:49Philippe Devilliers, Geoffroy Lejeune sont dans
30:51les studios d'Europe 1. Philippe Devilliers,
30:53je me tourne vers vous. On continue de parler de votre
30:55livre Memoricide, sorti ce vendredi
30:57aux éditions Fayard, disponible
30:59dans les librairies désormais.
31:01Philippe Devilliers, je voudrais qu'on s'arrête un instant
31:03sur la gauche. Pourquoi
31:05la gauche est-elle déchue,
31:07Philippe Devilliers ? Elle est déchue parce qu'elle
31:09a muté.
31:11Alors elle a muté,
31:13il y avait deux mythes.
31:17Le premier
31:19mythe, c'était le mythe du Grand Soir
31:23avec l'appropriation collective
31:25des moyens de production.
31:27Et le deuxième mythe,
31:29c'était le mythe du prolétariat
31:31qui allait vaincre dans la lutte
31:33des classes.
31:35Et
31:37qu'est-ce qui s'est passé ?
31:39Tout a basculé.
31:43Et je vais vous dire comment.
31:45En juin 1984,
31:47François Mitterrand
31:49réunit ses collaborateurs
31:51et leur dit
31:53il faut
31:55maintenant expliquer aux Français.
31:57Et alors comment
31:59vous allez expliquer aux Français ?
32:01On va faire une émission de télévision. Il commande à l'ORTF
32:03une émission qui va être vue
32:05par 22 millions de téléspectateurs
32:07en coproduction
32:09avec le journal Libération.
32:13Et cette émission s'appelle
32:15Vive la crise.
32:17Et je connais bien
32:19cette émission puisqu'on est venu
32:21la voir.
32:23Et on m'a dit
32:25il y aura deux parties dans l'émission.
32:27La première partie, ce sera La crise est un drame.
32:29On décrit le drame.
32:31Et deuxième partie,
32:33La crise est une chance.
32:35Et là, il y aura la bonne nouvelle
32:37après la crise.
32:39La bonne nouvelle après la crise, c'est Le Puy du Fou.
32:411984.
32:43Et
32:45alors Le Puy du Fou, pourquoi ? Parce que c'est un modèle
32:47yougoslave, autogéré,
32:49modèle associatif,
32:53un capitalisme sans capitale,
32:55small is beautiful,
32:57il y avait tout le truc de la gauche caviar, etc.
32:59Et moi, j'étais couvert de
33:01lauriers et la gauche caviar me portait
33:03comme une icône.
33:05À un moment donné, je dis stop, on arrête parce que
33:07il y a une ambiguïté quelque part.
33:09Mais si j'avais voulu être de gauche,
33:11moi j'aurais réussi.
33:15Et donc Vive la crise.
33:17Il y a longtemps qu'est venu ensuite Le Puy du Fou, il m'a raconté
33:19les dessous
33:21de l'émission, c'est tordant,
33:23et alors il y avait Libération
33:25qui a fait un numéro spécial
33:27à la gloire du Puy du Fou, etc.
33:29Pourquoi je vous raconte cette histoire ?
33:31Pas simplement pour l'anecdote qui est drôle,
33:33mais aussi parce que
33:35Mitterrand a dit
33:37il faut que le filigrane
33:39de l'émission s'assoie, on ne peut plus rien
33:41pour vous, l'État ne peut plus rien
33:43pour vous, il faut accepter
33:45la globalisation libérale.
33:47Donc c'est la fin du socialisme national,
33:51il faut accepter la globalisation libérale.
33:53Ça veut dire quoi ?
33:55Ça veut dire que le protectionniste
33:57est déclaré pécamineux
34:01par les démocrates chrétiens
34:03de l'ultralibéralisme, du mondialisme,
34:05de l'or, Kansu et tous les autres,
34:09et l'ouverture est une vertu.
34:11C'est la première de toutes les vertus.
34:13Ça donne quoi ?
34:15Ça donne
34:17l'hémorragie
34:19des délocalisations,
34:21donc la fin
34:23de la classe ouvrière
34:27et la nécessité de trouver
34:29une clientèle de substitution.
34:31Et c'est le coup de génie de Mitterrand,
34:33le deuxième coup de génie après l'émission,
34:35il convoque ses proches
34:37avec plus
34:39Bernard-Henri Lévy et quelques
34:41arc-comptes
34:43du système
34:45et leur dit
34:47« Je veux qu'on épingle
34:49dans toutes les écoles de France,
34:51à toutes les boutonnières
34:53de tous les élèves de France,
34:55une petite main jaune. »
34:57En d'autres termes,
34:59la petite main jaune va remplacer l'étoile jaune.
35:01La petite main jaune va
35:03succéder à l'étoile jaune.
35:05Désormais,
35:07les migrants sont
35:09les nouveaux juifs.
35:11Le migrant
35:13va devenir le nouveau prolétaire
35:15puisque les anciens prolétaires sont livrés
35:17à la mondialisation sauvage, sans aucun scrupule.
35:19Le peuple
35:21migrant devient le peuple élu,
35:23le nouveau peuple élu.
35:25Et donc,
35:27il y a une nécessité vitale
35:29pour la gauche
35:31d'avoir une immigration massive,
35:33pour avoir une clientèle qui compense la perte
35:35de clientèle du monde ouvrier
35:37qui a été liquidée par la mondialisation sauvage.
35:41Vous terminez votre livre par un message
35:43d'espoir, Philippe Devilliers.
35:45Quel est ce message d'espoir
35:47qui se dégage à travers ce livre ?
35:49D'abord, je voudrais dire que
35:51le pays s'approche de l'abeillance,
35:53de la désaffiliation en général.
35:55Je me souviens
35:57de plus en plus souvent
35:59de Pierre Chaunut
36:01qui me
36:03disait
36:05« Pourquoi l'enfant est la ligne
36:07de flottaison de l'espoir d'une société ? »
36:09Parce que, ajoutait-il,
36:13quand il n'y a plus assez de transmetteurs,
36:15la transmission
36:17se perd
36:19et
36:21de manière physiquement
36:23irrémédiable.
36:25Cela préfigure
36:27un mouvement
36:29centrifuge
36:31de décivilisation. Nous y sommes.
36:33Homme d'un autre temps,
36:35je me sens devenir
36:37étranger à celui-ci.
36:39Je sais que
36:41quand je partirai,
36:43j'emporterai avec moi un monde aboli.
36:45Le pire exil, c'est l'exil intérieur
36:47quand on ne retrouve
36:49plus le pays qu'on a aimé.
36:51Mais
36:53depuis ma tendre enfance,
36:55j'ai appris quelque chose au contact de mes parents
36:57et de mes proches.
36:59C'est qu'il ne faut jamais
37:01demeurer dans le premier
37:03sentiment et apprendre
37:05à toiser les météos
37:07brumeuses.
37:09J'ai pris
37:11la mesure de l'étymologie
37:13d'un mot au fil du temps.
37:15Le mot conservateur
37:17qui veut dire sauveur.
37:19Un conservateur, c'est quelqu'un qui divise
37:21sa journée en deux.
37:23Ça, c'est mon père qui m'a appris ça.
37:25Le matin, au réveil,
37:27il est un imprécateur
37:29pour ne
37:31pas perdre sa lucidité
37:33face au réel.
37:35Et l'après-midi,
37:37il se mue en un sauveteur
37:39pour vider sa poche d'amertume
37:41et être dans l'action.
37:43Un mot
37:45d'indignation le matin
37:47pour deux mots
37:49de création l'après-midi.
37:51Et j'ai forgé à 18 ans
37:53une devise qui m'a sauvé dans la vie.
37:55Une société se sauve
37:57non pas par des mises en garde,
37:59mais par des réalisations
38:01qu'on accrochait contre pente.
38:03Au fil de l'histoire de France,
38:05de la longue histoire de France,
38:07il y a un mot qui revient tout le temps.
38:09C'est le mot,
38:11on l'a prononcé ici plusieurs fois,
38:13tout est perdu.
38:15Mais ce mot, il est tout de suite flanqué
38:17et démenti par un autre mot.
38:19Tout est sauve.
38:21Rarement accolé,
38:23ces deux mots marchent ensemble.
38:25Ce sont deux millénaires
38:27de sémantiques
38:29du relèvement.
38:31On s'affaisse,
38:33on se perd,
38:35on coule,
38:37culbute,
38:39puis on se rétablit.
38:41Ce livre,
38:43je l'ai écrit
38:47pour les minoritaires.
38:49Pour tous ceux qui se sentent minoritaires,
38:51qui se pourraient
38:55qu'ils fussent aujourd'hui majoritaires.
38:57Les minoritaires,
38:59ce sont les gens qui
39:03ont le sentiment d'avoir été volés.
39:05On leur a volé leur paysage,
39:07on leur a volé leurs souvenirs,
39:09on leur a volé leur voisinage,
39:11on leur a volé leur ferveur,
39:13on leur a volé
39:15leur amour de la France.
39:17On leur a volé
39:19tout ce qui fait le sel de la vie.
39:21C'est pour ces réchappés,
39:23ces rescapés,
39:25pour ces combattants survivants,
39:27pour les croisés des pérennités françaises
39:29que j'ai écrit ce livre.
39:33Pratiquant la survie,
39:35ils en
39:37apprendront
39:39les réflexes et la culture.
39:41Et ils projetteront leur hadeine
39:43sur le pays tout entier.
39:45Quant aux
39:47morts vivants du système,
39:49ils seront balayés
39:51par le feu ardent
39:55de
39:57ces esprits
39:59rétifs
40:01qui développeront les nouvelles intentions
40:03françaises,
40:05à l'abri des anciennes peurs
40:07censitaires et bourgeoises.
40:09Et un jour, on verra,
40:11j'en suis convaincu,
40:13la génération est peut-être déjà là.
40:15On verra les jeunes français
40:17des hautes nefs immémoriales
40:19la lampe
40:21allumée derrière
40:23la porte. Et on
40:25apercevra le petit rayon de lumière
40:27que
40:29nous attendons.
40:31Tout est perdu, tout est sauf.
40:33Tout est perdu, tout est sauf.
40:35Un grand merci, Philippe
40:37de Villiers, pour cette nouvelle émission,
40:39cette nouvelle heure passée ensemble.
40:41Merci Eliott, merci Geoffroy.
40:43Mémoricide aux éditions
40:45Fayard, vous pouvez déjà
40:47le retrouver dans les librairies.
40:49À la semaine prochaine sur Europe 1
40:51pour un nouveau numéro
40:53de Face à Philippe de Villiers.

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