• il y a 6 mois

Tous les samedis de 10 heures à 11 heures autour d'Eliot Deval, Philippe de Villiers brosse l'actualité de la semaine en compagnie d'un invité. Aujourd’hui, il revient notamment sur l'actualité internationale, le projet de loi sur la fin de vie et sur les funérailles de Victor Hugo.
Retrouvez "Face à Philippe de Villiers " sur : http://www.europe1.fr/emissions/face-a-philippe-de-villiers

Category

🗞
News
Transcription
00:00 *Musique*
00:02 *Musique*
00:03 *Musique* "Face à Philippe Devilliers"
00:05 *Musique*
00:06 *Musique* "10h-11h sur Europe 1"
00:08 *Musique*
00:09 *Musique* "Eliott Deval"
00:10 *Musique*
00:11 Bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour "Face à Philippe Devilliers" sur Europe 1 de 10h à 11h.
00:17 Cher Philippe, bonjour.
00:18 Bonjour Eliott. Bonjour Geoffroy.
00:20 Monsieur le directeur général. Bonjour Geoffroy Lejeune, directeur...
00:25 Il se moque tout de suite.
00:26 Non, mais au contraire. Félicitations cher Geoffroy Lejeune.
00:29 Merci monsieur le détend-chef.
00:30 *Rires*
00:31 Directeur général du journal du dimanche et du JDD mag, c'est ça ?
00:36 En fait c'est un journal qui va apparaître dans quelques mois, le JD News, qui sera l'hebdomadaire du JDD.
00:41 Ne me dites pas que c'est un spoil.
00:43 Alors vous avez fait un petit spoil, vous avez un peu avancé en avance.
00:46 Je savais ce que... Un ami m'a dit. Non.
00:49 Il s'est abonné au JDD, il y a deux semaines, et il m'a dit "C'est ma prière du dimanche matin".
00:58 Amen.
00:59 Geoffroy Lejeune, continuez.
01:01 Je ne peux rien dire après ça. C'est la formule extraordinaire.
01:04 Effectivement, je crois qu'il y a...
01:06 C'est passionnant. C'est un journal passionnant.
01:09 Tous les dimanches, c'est votre rituel ?
01:12 Oui.
01:13 Le matin, vous allez récupérer le JDD ?
01:16 Je récupère le JDD et là je dépiaute, je le lis et j'y passe du temps.
01:25 En fait, c'est ça un bon journal.
01:28 Le Figaro, c'est un bon journal. Pourquoi ?
01:30 Parce qu'on se dit "ça, il faut le lire, ça, il faut le lire, ça, il faut le lire".
01:34 Les mauvais journaux, ceux que je ne cite pas, en fait, on tourne les pages.
01:39 Et parfois, vous prenez la plume.
01:41 Dimanche dernier, par exemple, vous avez rendu hommage à Marie-France Garot.
01:45 Je peux dire un mot là-dessus ou pas ?
01:47 Evidemment, je crois. Allez-y.
01:49 C'est quasiment la fin de la saison, on a le droit de se faire plaisir.
01:52 Pardon Philippe, s'il vous plaît. En fait, Philippe De Villiers a cette...
01:55 On travaille ensemble, on fait cette émission ensemble, etc.
01:58 On est amis.
01:59 Philippe De Villiers a cette capacité, au-delà de tout ça,
02:02 à sublimer absolument tout ce qui est dit.
02:05 Et c'est ça qui est exceptionnel, c'est que, en fait,
02:07 tout le monde a rendu hommage à Marie-France Garot dans la semaine.
02:10 Et son hommage du dimanche, j'ai trouvé, pardon, mais que c'était le meilleur.
02:13 Vous avez été, Philippe, pardon, extraordinaire.
02:16 Parce que vous la connaissez, parce que vous savez tirer la sève des êtres.
02:20 Et j'ai trouvé cet hommage absolument inouï.
02:23 Alors moi, je vais vous dire une chose.
02:25 Je propose au JDD et à son directeur général
02:29 la création d'une société d'auto-éblouissement mutuel à 50/50
02:34 entre Geoffroy Lejeune et Philippe De Villiers.
02:37 Alors oui, vous vous moquez, mais en fait,
02:39 est-ce que je peux encore avoir un peu d'admiration pour les gens avec qui je passe du temps ?
02:42 Est-ce que c'est possible ?
02:44 Il y a eu deux hommages extraordinaires, vous avez entièrement raison,
02:46 celui de Philippe De Villiers.
02:48 Et Philippe De Villiers lui-même m'a alerté, et je l'ai lu également, Henri Guénaud.
02:53 Henri Guénaud, je l'ai même appelé, on s'est appelé.
02:56 Ah bon ?
02:57 Oui, bien sûr.
02:58 Vous regardez, c'est le secret des...
02:59 J'aime beaucoup Henri Guénaud.
03:00 Voilà.
03:01 Bon.
03:02 Je voudrais simplement dire que je me méfie des lauriers parce qu'ils précèdent les cris en thème.
03:05 Oh, tout le...
03:07 Le pessimisme...
03:08 C'est clair !
03:09 Du samedi matin, faisons-nous plaisir.
03:11 Surtout que ça va tellement vite.
03:12 Je le dis aux auditeurs,
03:14 toutes les émissions sont à réécouter sur Europe1.fr.
03:18 Face à Philippe De Villiers, c'est également en podcast,
03:21 on est ensemble jusqu'à 11h.
03:23 J'avais absolument pas prévu de commencer par ça,
03:25 parce que je voulais rappeler également que le partenaire historique de Roland Garros,
03:30 c'est Europe1, Philippe De Villiers.
03:32 Cette semaine, j'étais à Roland Garros.
03:34 Vous aimez Roland Garros, Philippe ?
03:36 C'est une folie, oui.
03:37 Bien sûr, je regrette de ne pas pouvoir y aller, mais...
03:40 On dit que maintenant, les spectateurs sont un peu indisciplinés.
03:45 Vous avez vu ce qu'on a décidé désormais ?
03:47 Terminer l'alcool dans les gradins.
03:49 C'est fini.
03:50 Oui.
03:51 Eh bien, dis donc.
03:52 Oui, mais...
03:54 Vous voyez, le gars qui va à Roland Garros pour boire un coup,
03:58 je me demande s'il joue pas au tennis dans sa cave.
04:02 Donc là, il y a une inversion.
04:04 Bon, Philippe De Villiers,
04:07 pour filer la métaphore Roland Garros,
04:10 vous m'envoyez une balle compliquée pour que je puisse vous relancer.
04:13 On va trouver le moyen de revenir à des actualités un peu plus lourdes,
04:18 puisque l'actualité internationale est même brûlante,
04:21 aux portes de l'Europe, comme au Proche-Orient ou encore en Asie.
04:24 On parlera dans un instant du feu vert accordé à l'Ukraine par les États-Unis,
04:27 la France et l'Allemagne à frapper la Russie,
04:30 mais à l'échelle planétaire, le monde, Philippe De Villiers,
04:32 est bloqué entre trois plaques tectoniques,
04:34 l'Ukraine, Gaza, Taïwan, qui peuvent bouleverser le globe à tout instant.
04:39 Pourquoi, Philippe De Villiers, l'Occident est pris au piège ?
04:42 Parce que nous avons changé de monde,
04:48 et les gens ne le comprennent pas.
04:51 Je vais vous expliquer en quoi nous avons changé de monde.
04:55 En fait, j'ai vécu le 9 novembre 1989,
05:00 je l'ai déjà dit, mais je le répète, la chute du mur de Berlin.
05:03 Et là, j'ai vu les élites dirigeantes de tout l'Occident
05:07 qui ont pensé qu'elles allaient pouvoir toucher
05:13 ce que Laurent Fabius, l'impayable Laurent Fabius,
05:17 allait appeler les dividendes de la paix.
05:21 C'est-à-dire que nos élites dirigeantes se sont mises à lire et à relire Fukuyama,
05:28 l'historien, qui disait "l'histoire est finie,
05:31 c'est la paix perpétuelle par le doux commerce,
05:34 les chaînes de valeurs globales vont rendre les relations
05:40 entre les nations inextricables et donc éloigner la guerre."
05:45 Et, selon un mot heureux de Hubert Védrine,
05:51 l'accélération des échanges de la mondialisation
05:57 va éliminer les identités récalcitrantes, faisant sauter les frontières,
06:02 comme de vulgaires calculs rénaux.
06:05 Et ça s'est passé comme ça, du moins à la crue.
06:10 Et puis, patatra, depuis quelques années, depuis quelques mois,
06:17 tout a basculé.
06:19 La tectonique des plaques se déplace au profit du sud global,
06:25 un phénomène essentiel à observer, les brix.
06:28 Qu'est-ce que c'est les brix ?
06:30 C'est l'idée d'un nouvel ordre mondial post-occidental
06:34 qui unit les pays du sud.
06:38 C'est, alors là encore, l'idée de la revanche.
06:42 Et qu'est-ce que ça donne ?
06:44 Ça donne trois pièges qui s'ouvrent,
06:46 et qu'on appelle, dans la polymologie, les spécialistes de la guerre,
06:52 les pièges de Thucydide.
06:55 Souvent, on parle d'un piège de Thucydide, mais il y en a trois en réalité.
06:59 Et je réponds au cœur de votre question.
07:02 Thucydide, c'est l'historien qui avait observé la guerre du Péloponnèse
07:07 et qui avait dit ceci,
07:09 il y a un chasse-écroisé entre puissances.
07:12 Et quand il y a un chasse-écroisé entre une puissance dominante,
07:16 mais déclinante, et une puissance montante et agressive,
07:21 les deux ont envie de se faire la guerre.
07:23 C'est ce qui s'est passé avec Sparte, les lacets demoniens, et Athènes.
07:28 Et si on applique cette loi,
07:31 elle colle parfaitement avec ce qui se passe aujourd'hui.
07:34 C'est pour ça qu'on est dans un monde très dangereux.
07:36 D'abord, il y a le piège de Thucydide entre l'Amérique et la Chine.
07:41 L'Amérique, puissance dominante, encore dominante, mais déclinante,
07:47 et la Chine, puissance montante et agressive,
07:51 avec un régime, pour le moins, totalitaire.
07:55 Ensuite, il y a le deuxième piège de Thucydide,
08:00 qu'on ne voit pas, mais que je veux nommer.
08:03 C'est entre l'Europe et l'Eurasie.
08:05 L'Europe a réussi ce tour de force de créer l'Eurasie,
08:08 alors que l'Europe est l'isme de l'Eurasie, comme disait Paul Valéry.
08:12 L'Eurasie, c'est-à-dire la Russie et la Chine, qui sont ensemble.
08:16 Et puis le troisième piège, il est au Moyen-Orient,
08:20 le troisième piège de Thucydide, c'est entre Israël et l'Iran.
08:23 Israël, puissance dominante, mais dont on s'est aperçu récemment
08:28 que son territoire n'était plus inviolable,
08:31 et l'Iran, au régime millénariste,
08:35 et qui veut, selon ses propres termes, supprimer l'entité sioniste.
08:40 Et donc là encore, on a un piège de Thucydide,
08:43 et là, il y a le sablier qui coule,
08:49 et dans le sablier, l'uranium enrichit.
08:51 Et donc Israël peut être tenté de régler le problème de l'Iran
08:56 avant qu'il ne soit trop tard, parce que c'est ça, à chaque fois,
08:58 le piège de Thucydide, c'est la puissance dominante qui se dit
09:01 "avant qu'il ne soit trop tard, il faut faire quelque chose".
09:03 Et c'est comme ça qu'arrivent les guerres.
09:06 La France, historiquement, depuis Louis XIV et bien avant,
09:12 la France est une puissance d'équilibre.
09:14 La France, il ne faut pas qu'elle tombe dans les trois pièges,
09:17 or c'est ce qu'elle est en train de faire.
09:19 Parce qu'elle choisit à chaque fois un camp.
09:24 Non, la France, elle n'a pas à choisir un camp.
09:26 Elle doit être au-dessus de ça, elle doit surplomber.
09:29 Mais que devrait dire la France, du coup, dans ces conflits ?
09:31 Elle devrait, aujourd'hui, favoriser,
09:37 comme autant de Richelieu et de Mazarin, l'ordre des nations.
09:44 Saint-Thomas d'Aquin disait "la paix, c'est la tranquillité de l'ordre".
09:48 Et c'est devenu une maxime française de Richelieu.
09:52 La tranquillité de l'ordre.
09:54 Quand vous avez la tranquillité de l'ordre, vous avez la tranquillité et vous avez l'ordre.
09:58 Mais l'ordre passe par le respect des nations, c'est-à-dire le respect des peuples,
10:02 de leurs inspirations, de leurs traditions.
10:05 Et ce n'est pas ce que dit la France.
10:07 Philippe de Villiers, juste après la publicité sur Europe 1,
10:10 on continue de parler de cette question internationale.
10:13 De parler du conflit ukrainien, à savoir ce feu vert qui a été accordé à Kiev
10:19 par Washington, Paris et Berlin,
10:22 qui autorise Kiev à frapper la Russie sur son sol.
10:25 Quelles seront les conséquences ?
10:27 On voit cela dans un instant pour Face à Philippe de Villiers sur Europe 1.
10:39 De retour sur Europe 1 pour Face à Philippe de Villiers avec Philippe et Geoffroy Lejeune.
10:43 Bien sûr, messieurs, nous parlions en ouverture de l'émission de Washington, Paris et Berlin
10:48 qui ont autorisé l'Ukraine à frapper la Russie sur son sol.
10:52 Malgré d'ailleurs les menaces de Vladimir Poutine cette semaine,
10:55 je le cite, voilà ce qu'avait dit le chef du Kremlin,
10:58 "En Europe, en particulier dans les petits pays,
11:00 ils doivent réfléchir à ce avec quoi ils jouent.
11:03 Ils doivent se souvenir qu'ils sont bien souvent des États
11:06 ayant un petit territoire et une population très dense."
11:10 Philippe de Villiers, comment qualifiez-vous ce nouveau pas dans la guerre ?
11:15 Nous sommes près de la guerre mondiale.
11:20 C'est incroyable ce qui se passe.
11:25 Ça ne fait pas un sujet de la presse ce que je dis.
11:29 Il y a eu une interview il y a deux jours de Nicolas Sarkozy
11:36 qui était remarquable, où il dit "Attention aux conséquences".
11:43 Alors, j'explique ce que je veux dire.
11:48 Il y a deux verrous qui viennent de sauter.
11:56 Le premier verrou, c'est "No boots on the ground".
12:05 C'était la position des États-Unis qui commandent l'OTAN,
12:09 pas de troupes au sol.
12:11 Pourquoi ? Parce qu'on aide les Ukrainiens,
12:15 mais on ne veut pas être partie prenante de cette guerre,
12:20 qui n'est pas la nôtre.
12:22 C'est la position de l'OTAN, la position des États-Unis.
12:26 Et voilà que le 27 février, vous vous en souvenez, on avait parlé ici,
12:30 Emmanuel Macron, lui, dit "On va envoyer les troupes au sol".
12:36 C'est un risque insensé.
12:39 D'ailleurs, il était seul à l'époque.
12:41 Sauf que depuis, il a gagné des parts de marché, si l'on peut dire,
12:47 et il a décidé d'envoyer des instructeurs.
12:52 Et c'est ça qui a déclenché Poutine.
12:54 Parce qu'à partir du moment où il envoie des instructeurs,
12:57 on change la qualification de la France,
13:02 sans d'ailleurs aucun vote du Parlement.
13:05 Mais là, on entre en guerre avec les instructeurs.
13:09 Et deuxièmement, et c'est plus grave encore,
13:13 le deuxième verrou, c'était "Ni l'OTAN, ni la Russie".
13:20 C'est-à-dire, on neutralise les deux territoires.
13:24 L'OTAN ne frappe pas la Russie,
13:27 et la Russie ne frappe pas le territoire de l'OTAN.
13:31 Et voilà que Macron, une fois de plus, explique
13:37 qu'il faut autoriser l'Ukraine à utiliser les armes de l'OTAN,
13:44 les scalpes, les missiles, pour frapper la Russie.
13:48 D'où la phrase de Poutine.
13:51 Alors comment qualifier cette nouvelle situation,
13:53 maintenant que ces deux verrous ont sauté ?
13:56 Ça s'appelle la co-belligeance.
13:59 Qu'est-ce que ça veut dire la co-belligeance ?
14:01 Ça veut dire qu'on a quatre puissances nucléaires qui s'observent
14:06 et qui sont maintenant, ou qui vont être en guerre.
14:11 C'est-à-dire la Russie, l'Angleterre, la France,
14:15 et naturellement l'OTAN, les États-Unis.
14:18 Et comme l'a très bien dit Nicolas Sarkozy,
14:20 qui a une grande expérience internationale,
14:22 qui avait réglé le problème de la géologie en son temps,
14:28 on marche sur des allumettes.
14:32 Pourquoi ?
14:34 Je vais essayer d'expliquer pourquoi.
14:36 D'une phrase.
14:38 Il y a une grande différence entre les démocraties occidentales,
14:42 et spécialement la démocratie macraonienne,
14:46 et Poutine qui est un chef d'État.
14:49 C'est que lui, il prend au pied de la lettre ce qu'on lui dit.
14:54 Il est dans l'action.
14:57 Et nous, on est dans les éléments de langage, comme disent les diplomates.
15:01 Donc on croit que le verbe se suffit à lui-même.
15:04 Mais lui, il prend le verbe au premier degré,
15:07 Vladimir Poutine.
15:09 Et donc c'est en cela que c'est extrêmement dangereux
15:12 de voir l'OTAN et la Russie se mettre du persil sous le nez.
15:18 Là, on est dans un équilibre instable,
15:21 avec maintenant l'idée qu'on passe à la belligérance.
15:25 C'est extrêmement dangereux.
15:27 Cette inquiétude que nous avions traitée il y a un peu plus d'un mois,
15:31 puisque c'est cette déclaration d'Emmanuel Macron,
15:33 le 29 avril dernier, pour nos confrères de The Economist,
15:36 si les Russes devaient aller percer les lignes de front,
15:39 s'il y avait une demande ukrainienne, ce qui n'est pas aujourd'hui le cas,
15:42 on devrait légitimement se poser la question de l'envoi des troupes au sol.
15:46 Quelques minutes avant la publicité,
15:48 parlons de l'actualité intérieure, Jean-Luc Mélenchon, de la France insoumise.
15:53 Il y a dans les conflits internationaux,
15:55 certains qui viennent s'importer jusque dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
15:59 Le député de la France insoumise, vous avez dû voir cette image,
16:02 Sébastien Delogu, qui a brandi un drapeau palestinien cette semaine,
16:05 sanctionné immédiatement, exclu 15 jours de l'Assemblée.
16:09 De nombreuses manifestations ont été organisées,
16:11 dont une jusqu'au pied de la tour TF1, à l'appel de Rima Hassan,
16:15 parce que nos confrères de TF1 ont interrogé Benjamin Netanyahou.
16:18 Tout cela rejoint peut-être une idée mûrement pensée, réfléchie,
16:21 par le grand chef de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon,
16:25 qui appelait à tout conflictualiser, c'était en 2012.
16:29 Écoutez.
16:30 La conquête de l'hégémonie politique a un préalable.
16:34 Il faut tout conflictualiser.
16:36 Tout conflictualiser.
16:38 Si vous laissez passer, les choses passent avec la grammaire et la syntaxe,
16:42 le consentement à l'ordre.
16:44 Tout doit être interpellé.
16:47 Tout doit être conflictualisé dans un premier temps.
16:49 C'est ça les leçons.
16:50 Comment croyez-vous qu'on transforme un peuple révolté en peuple révolutionnaire ?
16:54 Comment sa conscience peut-elle s'éveiller ?
16:57 Par les discours, bien sûr, mais par la pratique de la lutte.
17:01 Par l'observation consciente des agressions de l'adversaire.
17:05 Voilà ce qui se passe.
17:07 Comme l'a dit Chavez, reprenant une phrase de Trotski.
17:10 La révolution avance sous le fouet de la contre-révolution.
17:15 Chaud froid le jeune.
17:16 Cher Philippe, cet extrait est très éloquent.
17:18 Est-ce que vous pensez que Jean-Luc Mélenchon est en train de gagner ce pari ?
17:21 Alors, il faut décrypter le pari.
17:25 Parce qu'il y a deux paris alternatifs.
17:29 C'est pour ça que sa stratégie est redoutable.
17:32 Je pense que Jean-Luc Mélenchon promène dans l'air du temps
17:38 deux projections imaginaires.
17:41 La première projection imaginaire,
17:44 c'est la créolisation des urnes.
17:48 C'est-à-dire qu'il mise sur le nouveau peuple,
17:50 les banlieues, le nouveau peuple élu,
17:53 le nouveau peuple créolisé,
17:55 auquel s'adjoindront le jour venu
17:57 tous les Kerenskis du hoquisme
18:00 qui seront plus tard balayés,
18:02 c'est-à-dire la jeunesse, les banlieues, la jeunesse.
18:05 Il a compris que la démocratie, c'est le nombre.
18:09 Et donc, il faut être plus nombreux.
18:12 Et donc, il mise sur 2027.
18:15 Créolisation des urnes.
18:17 Et deuxième projection imaginaire,
18:19 c'est l'apocalypse insurrectionnel.
18:22 C'est-à-dire qu'il mise sur la victoire de Marine Le Pen
18:26 en disant qu'il y aura des troubles
18:29 et à ce moment-là, en prenant le pouvoir.
18:31 En fait, il a deux stratégies.
18:33 Une, 1958, l'autre, 1848.
18:36 En 1958, je serai, pense-t-il,
18:40 le fondateur de la Nouvelle République,
18:42 comme de Gaulle,
18:44 et 1848, je serai la Martine sur les barricades.
18:47 Voilà ce qu'on pouvait dire sur la conflictualisation
18:51 théorisée par Jean-Luc Mélenchon.
18:54 Juste après la publicité sur Europe 1,
18:56 nous allons revenir sur un échange
18:58 entre Marion Maréchal et Sonia De Villers,
19:02 la journaliste de France Inter.
19:04 Un échange qui a fait polémique cette semaine
19:06 et qui nous renvoie à une séquence
19:08 que vous avez peut-être vécue, cher Philippe De Villiers,
19:10 je mets "peut-être" parce que c'est une archive extraordinaire
19:13 que j'invite les auditeurs à écouter attentivement
19:16 juste après la publicité sur Europe 1.
19:18 A tout de suite.
19:19 De retour pour "Face à Philippe De Villiers".
19:30 On est ensemble, je le rappelle aux auditeurs,
19:32 jusqu'à 11h, avec Geoffroy Lejeune également.
19:35 Philippe De Villiers, on va parler d'une étude
19:38 absolument passionnante,
19:39 relayée par nos confrères de Figaro Magazine
19:41 le week-end dernier sur l'audiovisuel public.
19:44 Le rapport qui accuse, voilà la une du magazine,
19:48 fruit d'une étude de l'Institut Thomas More
19:50 qui a décortiqué fin février
19:52 trois chaînes et trois stations du service public
19:55 passant au crible près de 600 intervenants.
19:58 Résultat des courses, la gauche est surreprésentée,
20:01 la droite est marginalisée,
20:03 article et dossier contesté par Radio France.
20:07 Que vous inspire Philippe De Villiers cette enquête ?
20:09 Quand une société s'éloigne de la vérité,
20:17 disait Orwell,
20:19 elle pourchasse tous ceux qui la disent.
20:23 Et donc en fait, pour le progressisme,
20:28 il n'y a qu'une sorte de pluralisme,
20:30 c'est le pluralisme interne au progressisme.
20:33 Donc entre l'extrême gauche et l'ultra gauche.
20:36 Et ils font ça très bien.
20:39 Pourquoi ? Parce qu'en fait, il y a deux camps
20:42 pour le progressisme.
20:44 Il y a le camp du bien et le camp du mal.
20:46 Alors le camp du bien,
20:48 c'est le ministère de la vérité d'Orwell,
20:50 c'est le service public
20:52 qui est doté quand même de 4 milliards d'euros
20:57 pris dans nos poches, la poche du contribuable,
20:59 qui a donné, vous pourrez le dire mieux que moi,
21:06 avec Europe 1, 4 000 émetteurs
21:09 contre 700 pour Europe 1.
21:12 Et en fait, c'est l'Arkham qui distribue les fréquences
21:16 conformément à la loi,
21:18 avec un droit de préemption pour France Inter.
21:20 Donc ils sont tout puissants.
21:22 Et Delphine Arnot a défini le pluralisme et le progressisme.
21:26 Donc il ne faut pas être tôt honnête, ce rapport.
21:28 Elle a dit "Nous ne cherchons pas à dire ce que la France est,
21:32 mais ce qu'elle doit être."
21:34 Elle a dit ça au Monde dans une interview récente,
21:37 il y a quelque temps.
21:39 Alors le camp du mal, c'est simple,
21:41 c'est la bête immonde.
21:45 Ce qui enfante la bête immonde,
21:47 le ventre fécond qui enfante la bête immonde.
21:49 Voilà.
21:50 Et cette semaine, Marion Maréchal a été, par exemple,
21:53 l'invité de la matinale de France Inter,
21:56 interrogée par la journaliste Sonia Devilleur.
21:59 Et une question en a choqué plus d'un,
22:01 je vous permets de voir cet échange,
22:04 et je vais vous le dire,
22:06 quelle différence y a-t-il entre la défense de la famille
22:08 que vous proposez et celle que proposait le maréchal Pétain ?
22:10 Voilà la question de Sonia Devilleur.
22:12 Réponse de Maréchal,
22:14 quand j'entends cette question, je me rappelle pourquoi j'ai envie
22:16 de privatiser le service audiovisuel public
22:18 et faire 4 milliards d'économies.
22:20 L'attaque de Sonia Devilleur ne vient-elle pas confirmer,
22:23 ce qui est présenté dans cette étude Thomas More,
22:25 à savoir, en quelque sorte, un biais idéologique,
22:28 dirait certains, à France Inter ?
22:31 Imaginons ensemble qu'à la place de Marion Maréchal,
22:34 il y ait Jean-Luc Mélenchon, puisqu'on parlait de lui.
22:37 Et imaginons que Sonia Devilleur, et non pas Devilleur,
22:41 lui dise "Monsieur Mélenchon, soyez le bienvenu,
22:47 je vais vous poser une question simple.
22:49 Quelle est la différence entre vous et les terroristes du Hamas,
22:55 du 7 octobre ?
22:57 Et là, Mélenchon dit...
22:59 Et j'ai une autre question,
23:01 quelle est la différence entre vous et Robespierre ?
23:03 Et j'ai une autre question,
23:06 quelle est la différence entre vous, Staline, Lénine et Trotsky,
23:09 dont vous vous réclamez, qui ont fait 100 millions de morts ?
23:12 Vous voulez faire le même bilan ?
23:14 Et à mon avis, quitte le studio, vous voyez ?
23:16 Voilà.
23:17 Voilà ce qui s'est passé.
23:18 Ça s'appelle "L'académisme des fausses fenêtres".
23:21 Et je le disais avant la publicité,
23:24 il y a 32 ans, Philippe,
23:27 il y a quasiment 32 ans, jour pour jour,
23:29 puisque c'était le 24 mai 1992,
23:32 vous êtes l'invité de l'émission "L'heure de vérité".
23:36 Et en face de vous, il y a un journaliste...
23:39 - Ma première heure de vérité. - 92.
23:42 À l'époque, il y avait l'émission "Phare",
23:44 l'émission politique "Phare".
23:46 Il s'avère que le 24 mai, donc il est l'invité,
23:48 il est interrogé par Yvan Levaille,
23:50 qui était à l'époque directeur de la rédaction de Radio France.
23:55 Et écoutez cet échange.
23:57 - Pourquoi vous distinguez-vous du maréchal ?
23:59 - Alors, nous y sommes. - Et de ses valeurs ?
24:02 - C'est extraordinaire. - Et de ses valeurs ?
24:04 - Voilà. Alors, M. Levaille, regardez-moi bien.
24:08 Comme ça, ce sera la dernière fois que vous me posez la question.
24:12 Combats pour les valeurs.
24:14 Combats pour les valeurs.
24:16 Puise à la double source de la résistance française
24:21 et de la résistance spirituelle de l'Est,
24:23 des pays qui se sont libérés du communisme.
24:26 C'est-à-dire que si un jeune,
24:29 qui me posait la question encore tout à l'heure,
24:31 me demandait "Qu'est-ce qu'il faut lire ?"
24:33 Je dirais Tocqueville pour avoir le sens de l'épaisseur historique,
24:36 Hayek pour avoir le sens de la propriété du marché,
24:39 Solzhenitsyn pour avoir le sens de la vérité,
24:42 et Vaclav Havel pour avoir le sens de la conscience
24:45 et de la liberté politique.
24:48 Quant à la résistance, à l'esprit de résistance,
24:52 mes références familiales
24:55 s'accordent avec mes références intellectuelles
24:57 et celles de tous mes amis.
24:59 Pour rejeter tout ce qui peut de loin ou de près ressembler
25:04 à l'antisémitisme, au racisme, à l'intolérance,
25:08 à toutes les formes d'exclusion,
25:10 mes deux grands-pères sont morts enveloppés
25:13 dans le drapeau tricolore en chantant "La Marseillaise".
25:15 Pardon de vous dire ça, il y a un homme qui s'appelle Jean-Marie Le Pen
25:18 et qui exploite un fonds de commerce politique
25:21 qui est basé sur la peur, l'inquiétude, la fermeture.
25:25 Et le maréchal Pétain a exploité aussi ce type de valeurs.
25:29 Qu'est-ce que vous faites pour ne pas vous sombrer dans ces dérives-là ?
25:34 Qu'est-ce que vous allez faire ?
25:35 Je dois dire aux Français qui nous regardent en ce moment,
25:37 nous sommes devant un cas d'école où certains mots nous sont interdits.
25:43 Et je vais dire aux Français qui nous regardent
25:46 ce que m'a dit un jour Vito Tass Lansbergis.
25:48 Il m'a dit que pendant 70 ans, le communisme s'est maintenu
25:54 parce qu'on nous a interdits certains mots.
25:56 On n'osait plus les prononcer.
25:58 Le mot "famille", le mot "charité", le mot "nation",
26:02 le mot "moral", le mot "racine", le mot "foi".
26:07 Et il ajoutait ceci, monsieur Levalle,
26:10 à chaque fois qu'il prononçait un mot comme celui-là,
26:14 il était très vite soupçonné, puis accusé, puis condamné.
26:19 Et on disait "c'est un anticommuniste primaire, c'est un fasciste".
26:24 Alors moi, je voudrais qu'on en sorte.
26:27 Je comprends votre question quand vous parlez des dérives.
26:32 Il faut toujours faire attention à prononcer les mots les uns avec les autres.
26:36 Quand un mot est tout seul, il devient un slogan.
26:38 Geoffroy Lejeune.
26:40 Alors, déjà, je veux saluer la mémoire de Patrick Buisson
26:44 qu'on a vu dans cet extrait, qui était un des penseurs de la droite
26:46 qui est décédé récemment.
26:48 Il y avait Marie-France Garot, il y avait Jimmy Goss Smith,
26:50 et il y avait Alain Delon qui était là.
26:52 Et on pense à ceux qui nous ont quittés.
26:56 Ça, c'est la première chose.
26:58 La deuxième chose, c'est...
26:59 J'avais une question, mais avant tout,
27:01 est-ce que vous improvisez cette réponse ou est-ce qu'elle est préparée ?
27:03 Et la deuxième question, c'est...
27:05 En fait, c'est vrai que Elliot a raison, bravo Elliot,
27:07 d'ailleurs l'archive est exceptionnelle, c'est la même question
27:09 que cette semaine avec Marion Maréchal.
27:12 Pourquoi est-ce qu'on vous pose cette question ?
27:15 Alors justement, je réponds en improvisant,
27:19 c'est ma première horde vérité, je suis désemparé.
27:21 Et en fait, après coup, maintenant, je me dis
27:24 j'aurais pas dû faire comme ça, j'aurais dû quitter le plateau.
27:27 Comme, vous savez, Maurice Clavel qui avait dit
27:29 "Bonsoir les censeurs".
27:31 Et en fait, c'est le même procédé qui est toujours...
27:36 C'est une actualité brûlante.
27:38 C'est-à-dire, en fait, c'est le journalisme insinuateur.
27:44 Les journalistes, ils ont compris
27:47 qu'il y a un point commun entre la première question,
27:50 la question qu'ils posent, et l'atome.
27:52 C'est la première frappe, en fait, qui vous salit.
27:56 Vous avez beau avoir une deuxième frappe, c'est fini.
27:58 Parce qu'à la sortie, le gars se dit
28:00 "Ouais, mais quand même, c'est pas net."
28:02 Parce que quand même, le journaliste lui a quand même dit
28:04 "Néofasciste, nazi, pétainiste, etc."
28:07 Et c'est comme ça qu'il procède, le journalisme insinuateur.
28:11 Deuxième point, qu'est-ce qu'il fait le Vaille ?
28:15 Il fait ce qu'ont fait les Orangers de 68,
28:18 c'est-à-dire "D'où parles-tu, camarade ?"
28:21 Donc, le Vendéein, le Vicomte, etc.
28:25 Il est de droite, donc il ne peut pas être progressiste,
28:28 donc il ne peut pas être pour la générosité, pour le peuple, etc.
28:31 Et je voudrais simplement dire qu'à la fin de cette émission,
28:35 François-Henri de Vérieux, qui était le rédacteur en chef,
28:39 m'indique un livre d'or dont je dois m'approcher,
28:45 il me donne un stylo, et en direct, j'écris une phrase.
28:49 Et j'ai écrit une dédicace à Yvan Le Vaille,
28:54 "Ne mentez plus sur le géné de Signe."
28:58 C'était il y a 30 ans, quasiment jour pour jour, 24 mai 1975.
29:03 Mais vous voyez...
29:05 Mais ça vous marque encore quand vous en parlez.
29:07 Non, mais je vais vous dire, ce qui m'émeut,
29:09 c'est que je pensais à mourir comme ça,
29:12 comme un paria, parce que j'étais un paria après.
29:16 Et grâce à vous, ça me touche profondément.
29:23 En montrant ces séquences,
29:25 beaucoup de gens se disent, finalement,
29:27 Philippe de Villiers, ce n'était pas le paria qu'on a cru.
29:31 Et toute la semaine, j'ai des gens qui viennent me voir,
29:33 qui disent, "Non, on ne savait pas ça."
29:37 Donc je me suis fait massacrer.
29:40 Et c'est pour ça que quand je vois Marion Maréchal,
29:44 qui est une fille de conviction,
29:48 qui ne triche pas, qui est un vase de cristal,
29:51 je me dis, c'est scandaleux de procéder comme ça.
29:54 Vous vous rendez compte ?
29:55 Elle arrive dans le studio, on lui dit "Pétain, c'est vraiment horrible."
29:59 J'espère que les gens vont s'en souvenir le 9 juin.
30:01 Ce qui est extraordinaire, Philippe de Villiers,
30:03 avec ces archives, c'est qu'on arrive,
30:06 30 ans après, à faire un trait d'union
30:10 entre ce que vous avez pu vivre
30:12 et ce qu'il se passe aujourd'hui.
30:14 C'est pourquoi ces archives sont extraordinaires.
30:17 Je vous propose de respirer un petit peu la publicité.
30:20 On revient dans un instant sur Europe 1
30:22 pour la dernière partie de Face à Philippe de Villiers.
30:24 A tout de suite sur Europe 1.
30:26 La suite de Face à Philippe de Villiers,
30:38 avec Philippe, bien sûr, et Geoffroy Lejeune.
30:40 Dans l'actualité, cette semaine, le projet de loi sur la fin de vie
30:44 qui est examiné à l'Assemblée nationale par tous les députés.
30:48 On le sait, de nombreux garde-fous ont sauté.
30:52 Je vous propose, avant de vous poser quelques questions,
30:54 d'écouter la ministre de la Santé et des Solidarités, Catherine Vaudrin.
30:58 On ne peut légiférer sur de tels sujets
31:00 qu'avec une main tremblante, comme nous y invitait Montesquieu.
31:03 Équilibre entre la solidarité que nous devons apporter
31:06 aux personnes les plus vulnérables
31:08 par le développement des soins d'accompagnement,
31:11 le respect de l'autonomie individuelle,
31:13 en ouvrant l'accès à une aide à mourir.
31:15 Équilibre entre l'ouverture d'une aide à mourir
31:18 et des conditions strictes et claires d'accès que nous y fixons.
31:21 Trouver ce juste équilibre est un impératif éthique et sociétal
31:25 pour ce texte sensible.
31:27 Notre responsabilité est grande.
31:29 Répondre aux souffrances sans brusquer les consciences.
31:33 Entre le choix de ne rien faire et la tentation de trop en faire,
31:37 il existe un chemin pour bien faire.
31:40 Geoffroy Lejeune.
31:42 On a beaucoup entendu le mot "équilibre"
31:45 dans le propos de la ministre de la Santé.
31:47 C'était la promesse d'Emmanuel Macron.
31:49 Au vu de tout ce qui s'est passé ces derniers jours, ces dernières semaines,
31:53 qu'est-ce que vous espérez de ce qui va se passer dans les semaines qui viennent ?
31:56 La prise de conscience des Français
32:01 de ce qui est en train de se passer.
32:04 Parce que c'est un moment historique
32:08 sur le plan de la rupture anthropologique.
32:12 Alors, Emmanuel Macron, je reprends votre mot,
32:17 avait promis une loi d'équilibre.
32:19 Comme si la mort administrée et le suicide
32:22 étaient les deux plateaux de la balance pour faire l'équilibre.
32:28 Et qu'est-ce qu'on a eu ?
32:32 Avec la fameuse commission spéciale,
32:36 tous les verrous sautaient, là aussi.
32:39 Le premier verrou, c'était le pronostic vital à moyen ou court terme, il a sauté.
32:45 Le deuxième verrou, c'était le délai de réflexion avant la piqûre létale, il a sauté.
32:55 Et le troisième verrou, c'était la collégialité de la décision,
32:59 verrou, qui a sauté.
33:02 Mais ça va plus loin.
33:04 On a instauré, là je demande l'attention des téléspectateurs
33:09 et des auditeurs d'Europe qui nous regardent et qui nous écoutent.
33:13 On a instauré un délit d'entrave à l'aide à mourir.
33:22 C'est-à-dire que quelqu'un qui fera demain la promotion des soins palliatifs,
33:30 quelqu'un qui dit du mal de la mort administrée,
33:35 quelqu'un qui dit "je suis contre le suicide",
33:38 il risque 15 000 euros d'amende, le délit est prévu,
33:43 et un an de prison.
33:46 Jusqu'à présent, le suicide n'est pas recommandé,
33:51 demain, quelqu'un qui dira du mal du suicide,
33:54 ira en prison. Est-ce que vous imaginez ce qui est en train de se passer ?
34:00 Donc en réalité, il faudrait requalifier cette loi.
34:04 Premièrement, c'est la fin des soins palliatifs,
34:07 parce qu'à partir du moment où on explique que les soins palliatifs
34:10 et l'aide à mourir c'est la même chose,
34:12 c'est simplement une question de nuance sur le cheminement,
34:16 les gens qui vont aller en soins palliatifs vont avoir peur.
34:20 Deuxièmement, c'est le suicide légal,
34:24 c'est la première fois dans l'histoire de l'humanité.
34:28 Et troisièmement, pire encore, c'est le meurtre légal sur ordonnance.
34:34 On pourra tuer.
34:37 Et donc, conclusion,
34:41 on va passer à une société de la suspicion,
34:44 la triple suspicion.
34:47 La suspicion du patient avec le soignant,
34:52 qu'est-ce qu'il a dans la main ?
34:54 C'est quoi la piqûre ? Vitamine ou piqûre létale ?
34:59 Qu'est-ce qu'il est en train de me dire ?
35:01 Je vais vous aider à vivre ou à mourir.
35:03 Deuxièmement, c'est le lien, la relation entre le pensionnaire et l'EHPAD.
35:12 Véronique Besse, qui est une députée brillante,
35:16 spécialiste du grand âge, me disait récemment
35:19 qu'elle rencontre beaucoup de médecins dans les EHPAD qui lui disent
35:23 "Bon, ils sont en train de régler le problème des EHPAD."
35:26 Donc les personnes âgées qui nous regardent dans les EHPAD,
35:29 vous comprenez ce que je suis en train de vous dire.
35:33 C'est horrible.
35:35 Ils vont régler le problème économique de cette manière,
35:37 et ils le savent très bien, et les Français ne l'ont pas compris.
35:41 Et enfin, la troisième relation, c'est le pire,
35:45 c'est l'intérêt entre les parents et les enfants.
35:47 Il y a intérêt à être bien avec ses enfants,
35:49 il y a intérêt à être bien avec ses parents, etc.
35:52 Et quand j'entendais M. Falorni chez Laurence Ferrari hier,
35:58 il expliquait tout doux, tout doux,
36:00 "Oui mais non, c'est l'aide, en fait c'est l'aide à vivre, c'est l'aide à mourir."
36:04 Et je me disais, c'était un démocrate chrétien, c'est le modem,
36:08 c'est typiquement la démocratie chrétienne,
36:11 qui me fait penser au mot de Nicolas Gomez Davila,
36:17 "Le diable ne pourrait rien réussir
36:24 sans la collaboration étourdie des vertus."
36:29 Voilà pour le projet de loi sur la fin de vie,
36:33 qui est discuté dans l'hémicycle,
36:36 avec de nombreuses alertes du côté des médecins, des soignants,
36:39 et donc votre position, Philippe Devilliers,
36:43 que vous avez longuement expliquée dans cette émission.
36:46 On va revenir sur une date qui a marqué l'histoire de France,
36:50 le 1er juin 1885,
36:53 le peuple français se retrouve à Paris
36:55 pour rendre un dernier hommage à celui qui apportait la culture populaire à la française.
36:59 Philippe Devilliers, racontez-nous les funérailles de Victor Hugo.
37:04 Alors je vais vous emmener avec moi à l'Arc de Triomphe.
37:07 L'Arc de Triomphe, depuis quelques instants,
37:10 abrite une sorte de chapelle ardente.
37:14 Le corps est exposé toute une journée, toute une nuit,
37:19 pour permettre au peuple de Paris de venir s'y recueillir.
37:25 La décoration de l'Arc de Triomphe a été confiée à l'architecte de l'Opéra, Charles Garnier.
37:33 Et tous les candelabres de la place soutiennent des petits drapeaux
37:42 qui portent le nom des œuvres du défunt.
37:47 Et le défunt est un auteur qui, depuis son enfance,
37:54 s'en allait répétant "je veux être Châteaubriand ou rien".
38:00 Est-il encore besoin, pour lui, de s'identifier à un autre écrivain ?
38:09 Bien sûr que non, puisqu'il va entrer dans la postérité dans quelques instants
38:15 avec son nom et son prénom, Victor Hugo.
38:18 Toute la France pleure, l'affluence est immense.
38:25 La cérémonie commence avec les 21 salves tirés depuis l'Hôtel des Invalides.
38:34 La foule suit, on se presse, on se bouscule,
38:39 et il y a deux millions de Français qui sont venus s'agglutiner pour l'hommage à l'écrivain.
38:49 Nous sommes le 1er juin 1885.
38:53 Deux millions de Français pour un poète.
38:57 Comment est-ce possible ?
38:59 Un poète qui a parlé d'eux, un poète qui leur a parlé,
39:04 un poète qui a su accorder l'âme d'un peuple et l'imaginaire d'un vieux pays.
39:13 En fait, les gens qui sont là pour le dernier adieu,
39:20 ce sont ces personnages.
39:24 Il les avait choisis dans la rue, il les rend à la rue.
39:31 On aperçoit Jean Valjean au premier rang.
39:35 Il course avec Javert, ils font la paix, la paix des cimetières.
39:41 Et juste derrière, accroché à un réverbère,
39:44 il y a Quasimodo qui fait la grimace, c'est sa manière d'hommage.
39:50 Et puis, sur les marches du Panthéon,
39:55 pensant d'un pied sur l'autre, il y a Gaboche.
40:00 Il se redonne.
40:02 "Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire,
40:06 le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau."
40:10 En fait, ce sont les obsèques d'un monde, d'un monde révolu,
40:16 d'un temps, d'une époque où la littérature française
40:20 entre dans toutes les chaumières et jusque dans le cœur du petit peuple.
40:26 Les funérailles de Victor Hugo, Sonne-Logar,
40:31 de la France de la culture populaire,
40:35 de la France où la culture est populaire,
40:38 quand les fracs de Saint-Germain voisinaient avec les haillons de Montmartre
40:44 et reprenaient en chœur sur le pont Mérabeau,
40:47 c'est l'heure tranquille où les lions vont boire.
40:52 Et à l'heure tranquille où les lions viennent boire,
40:58 le cercueil entre au Panthéon.
41:02 Et là, sur le côté, humblement,
41:06 deux jeunes femmes s'agenouillent, Esmeralda et Cosette,
41:10 et elles récitent ensemble "Je viens à vous Seigneur, Père auquel il faut croire,
41:16 je vous porte apaisés, les morceaux de ce cœur tout plein d'autres gloires
41:20 que vous avez brisés, Victor Hugo."
41:24 Merci cher Philippe Devilliers, car le temps de cet apologue,
41:28 nous avons vécu ensemble, revécu une page de notre histoire,
41:32 à savoir les funérailles de Victor Hugo à Paris.
41:35 Merci Eliot, merci Geoffroy.
41:37 On se retrouve bien évidemment samedi prochain à la même heure sur Europe 1,
41:41 de 10h à 11h pour Face à Philippe Devilliers.
41:44 Dans un instant, c'est Laurent Mariotte pour la table des bons vivants.
41:48 Cher Laurent, quel est le menu ce samedi matin ?
41:51 Bonjour Eliott, ce samedi matin on s'intéresse au beau métier de traiteur.
41:55 Quels sont les plats les plus demandés en ce moment ?
41:58 Vous aurez la réponse, et puis Calogéro viendra partager
42:01 une cocotte de navarin d'agneau avec nous.
42:03 Il est pas beau le menu ? A tout de suite !
42:05 *Musique*

Recommandations