La présidente de la "Coordination rurale", Véronique Le Floc'h, était l'invitée de BFMTV ce mercredi pour évoquer la colère des agriculteurs, alors que la FNSEA et les "Jeunes agriculteurs" appellent à "une reprise des actions à partir du 15 novembre" pour protester notamment contre l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur.
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00:00Nous sommes avec Véronique Leflocq, bonsoir, présidente de la coordination rurale, éleveuse laitière vous-même, vous sortez d'un rendez-vous avec la nouvelle ministre de l'agriculture, comment ça s'est passé ?
00:13Eh bien écoutez, ce rendez-vous n'avait pas pour objet la crise agricole, ce rendez-vous aura lieu ce soir et en présence du Premier ministre.
00:21Ah bon, vous avez parlé de quoi alors ?
00:22Alors nous étions là pour justement parler de l'organisation des élections chambres.
00:26D'accord, rien à voir.
00:27Ils sont au référendum.
00:28Et ce soir à 19h, vous voyez Michel Barnier.
00:31Tout à fait et donc nous allons évoquer la nécessité d'un vrai plan de sauvetage de l'agriculture parce que tout ce que vous évoquez…
00:38Attendez, pardon, je vous interromps tout de suite mais je croyais que ce plan avait été mis en place puisqu'on se souvient de l'an dernier, c'était il y a quelques mois, des engagements pris par à l'époque le Premier ministre Gabriel Attal sur une botte de foin entourée d'agriculteurs, une loi était prévue, enfin tout ça n'a pas eu lieu ?
00:55Alors concernant la loi, la loi a débuté en septembre 2022, deux ans après il n'y a rien.
01:01Ça va repartir fin d'année début 2025.
01:05Cette loi de toute manière ne prévoyait rien comme amélioration pour les jeunes même si elle parlait du renouvellement des générations.
01:12Quelqu'un qui s'installerait aujourd'hui ou après cette loi n'avait pas, il n'y avait pas de différence.
01:19Par contre des fonds d'urgence ont été débloqués.
01:22270 millions, c'est beaucoup mais qui en a bénéficié ? 30 000 agriculteurs.
01:2830 000 agriculteurs, 30 000 exploitations sur 400 000 exploitations.
01:32Sur quels critères ?
01:34Alors sur quels critères ?
01:36Des producteurs bio, on a 60 000 exploitations bio en France, environ 10 % ont été bénéficiaires.
01:43On a aussi des viticulteurs qui ont touché une partie des fonds à hauteur de 6-7 000 euros.
01:50Et là on nous annonce un plan pour de l'arrachage.
01:53Donc on n'a pas solutionné le problème et on va solutionner le problème en enlevant le problème, en enlevant la vigne.
01:59Ensuite on a eu les problèmes sanitaires, les problèmes sanitaires c'est là encore 7-8 000 producteurs par rapport à la maladie hémorragique.
02:07Et aujourd'hui on voudrait nous faire croire qu'on a sauvé et que tout ce qui avait été promis avait été mis en place.
02:14On vous a aussi promis, si je me souviens bien, de mettre fin à certaines normes,
02:18puisque vous plaignez régulièrement d'être assommés par ces règlements,
02:22alors européens mais souvent franco-français, ces normes qui vous empêchent de travailler.
02:27Est-ce que de ce côté-là il y a du progrès ?
02:29Alors on a eu des annonces ponctuelles pour pouvoir déposer nos dossiers de la politique agricole commune.
02:35Ça concernait les jachères, ça concernait les prairies, mais le problème il n'est pas réglé, ça c'était du ponctuel.
02:40On a aussi fait évoluer la loi par rapport aux fossés et au curage,
02:45où avant on était sous des régimes d'autorisation qui prenaient au moins 8 mois.
02:49Et là ça va plus vite ?
02:50Là c'est 2 mois, mais quand vous voyez les fossés qui sont pleins...
02:52D'accord, mais c'est déjà mieux alors, il y a quand même du mieux.
02:54Mais c'est trop tard.
02:55Parce qu'on a l'impression que tout est négatif.
02:56En fait c'est trop tard, on voit, ça aurait dû être entamé cet été.
03:00Là il pleut, ça fait un an qu'il pleut.
03:03Et il y a des inondations.
03:04Et voilà, il y a des inondations.
03:06Parce que les fossés ne sont pas curés.
03:07Et donc ça déborde par-dessus les routes.
03:09Les animaux sont dans les champs, alors qu'on devrait les laisser dehors.
03:12On avait des dates d'épandage, il aurait fallu épandre nos lisiers, nos fumiers.
03:16On est hors délai.
03:17Mais le ministre Barnier, Premier ministre, nous a accordé un délai.
03:21Mais c'est même pas sûr qu'on puisse continuer à aller dehors.
03:24C'est même pas sûr qu'on puisse récolter.
03:26Alors parmi aussi les raisons de la colère,
03:28et la date d'ailleurs de cette nouvelle mobilisation n'a pas été choisie au hasard,
03:32puisqu'on parle de mi-novembre, parce qu'il y a l'accord sur le Mercosur.
03:36Ça fait 20 ans qu'on négocie avec plusieurs pays,
03:40notamment les pays sud-américains, d'un accord de libre-échange
03:45sur, par exemple, des produits tels que la viande.
03:48Et l'accord pourrait être annoncé, Gaëtane Mélin,
03:52lors du sommet du G20 qui a lieu au Brésil à Rio de Janeiro,
03:55les 18 et 19 novembre prochains.
03:57Les agriculteurs français sont au ventre debout.
03:58Oui, tout à fait.
03:59Et d'ailleurs, c'était l'objet aussi de la colère paysanne en février dernier.
04:04Et les agriculteurs français, mais pas qu'eux,
04:07puisqu'il y a des agriculteurs européens qui s'opposent aussi à cet accord de libre-échange,
04:12avaient obtenu un délai, en tout cas que les négociations reprennent,
04:17sur une base qui soit plus favorable finalement à l'agriculture française, mais aussi européenne.
04:23En gros, on demandait, et notamment le président de la République,
04:26des clauses miroirs.
04:27C'est-à-dire que tous les produits qui seraient importés de ces pays
04:31répondent aux mêmes normes que celles imposées dans les autres pays européens,
04:37et notamment en France.
04:39Sur quels produits, par exemple ?
04:40Par exemple, on va prendre la viande blanche.
04:44On sait très bien que dans ces pays, on utilise notamment de la javel,
04:49on utilise des antibiotiques pour toute cette volaille,
04:54ce qui est interdit dans les pays européens.
04:57Est-ce qu'on a avancé là-dessus ?
04:58Est-ce que la France, puisque Emmanuel Macron s'était engagé,
05:00a porté en quelque sorte la parole de la résistance ?
05:03Est-ce qu'il a obtenu des choses ?
05:04Non, pas vraiment.
05:05La seule chose qu'on a obtenue, c'est un fonds de compensation pour les agriculteurs.
05:10Bien évidemment, c'est très insuffisant.
05:12On ne sait pas quelle est la position aujourd'hui, très clairement, de la France.
05:15On ne sait pas si la France s'opposera encore une fois à la signature de cet accord,
05:20mais en tout cas, la France aura besoin de l'aide d'autres pays européens,
05:24puisqu'encore une fois, s'il y a une majorité de pays européens qui votent cet accord,
05:29il sera tout simplement enterriné.
05:31Alors certes, ensuite, il faudra encore l'aval de chacun des pays européens
05:36pour le mettre en place dans son propre pays,
05:38mais en tout cas, on aura fait un sacré bond en avant.
05:41Donc voilà, toute la question est de savoir quelle est la position de la France,
05:45et puis surtout, quels sont les pays européens qui soutiendront ou pas cet accord Mercosur.
05:52– Gisèle Denis, est-ce que politiquement, on a bien géré cette crise agricole ?
05:56Dans un instant, on va voir avec François Gapillon les images fortes,
05:59les moments forts de cette crise agricole qu'on a fait vivre aussi sur BFM TV.
06:02On se souvient, on allait aussi sur ce point de blocage.
06:06Écoutez la parole des agriculteurs.
06:09Est-ce qu'on a bien géré depuis cette crise agricole ?
06:11Emmanuel Macron qui voulait être du côté des « gentils » des paysans français,
06:16est-ce qu'il a tenu son rôle ?
06:18– Moi je vous dirais qu'en tout cas, la crise agricole qui a eu lieu l'année dernière
06:22n'a pas été sous-estimée.
06:23Elle a ponctué la campagne des élections européennes,
06:26ça a même lancé d'une certaine manière la campagne des élections européennes,
06:29obligeant les différents candidats à se positionner par rapport à cela,
06:33et le débat a eu lieu.
06:36Le problème c'est qu'il y a eu ensuite une loi d'orientation
06:38qui n'est aujourd'hui pas appliquée, parce que la crise politique finalement a rattrapé.
06:42– La dissolution ?
06:43– La dissolution a tout stoppé, si vous voulez.
06:45On avait promis des choses aux agriculteurs,
06:47avec effectivement une pression politique qui a été montée à son maximum à l'époque.
06:51– Depuis on a changé de ministre, c'est la Niger maintenant.
06:53– On a changé de ministre, et comme dans d'autres domaines,
06:56depuis qu'on a demandé à Gabriel Attal de quitter Matignon
07:00et qu'on a dissous le Parlement,
07:02on se trouve avec des décrets d'application qui ne sont pas signés.
07:05– Oui, il y a eu des semaines d'attente d'un nouveau gouvernement.
07:07– Voilà, et par exemple je pense aux prêts à taux zéro qu'on avait promis aux agriculteurs,
07:11ça ne peut pas être mis en place.
07:13– La loi Egalim.
07:15– Donc cette crise politique a rattrapé la crise agricole,
07:18et puis en parallèle, on réalise effectivement cette espèce de mirage
07:23auquel il ne fallait pas croire,
07:25mais quand Emmanuel Macron, depuis un an,
07:27dit qu'avec ses gros muscles et sa volonté,
07:31il va convaincre Bruxelles ou la communauté internationale
07:35de reculer sur le Mercosur,
07:39on voit qu'il arrive au G7 dans quelques jours,
07:42avec absolument aucune possibilité de faire bouger les lignes,
07:47parce qu'il faut aussi se rendre compte à quel point la France,
07:50en tant que telle, n'est pas assez puissante,
07:52et en plus…
07:53– Même si c'est la première puissance agricole européenne.
07:55– On a la même réputation en ce moment d'avoir une direction politique
07:59qui navigue à vue, et que donc ça affaiblit la voie de la France.
08:02– Alors on va se souvenir de ce qui s'est passé, Véronique Leflocq,
08:05l'année dernière, ces images très fortes,
08:07et François Gapillan, bonsoir, a ressorti pour nous
08:10quelques-unes des séquences les plus marquantes de cette crise du début d'année.
08:14– Et je commence avec une journée dont on se souvient tout particulièrement,
08:18qu'Emmanuel Macron, en premier lieu, n'est clairement pas prêt d'oublier.
08:23Nous sommes le 24 février 2024,
08:26le président se rend au 60ème salon de l'agriculture, en pleine crise,
08:31résultat sans surprise, ça ne se passe pas très bien,
08:33la visite est chaotique, rappelez-vous.
08:37– On serait… non mais s'il vous plaît,
08:44si on s'était rencontrés deux heures plus tôt,
08:46on ne serait même pas là.
08:47– Mais quoi, deux heures plus tôt ?
08:48– Mon papa, il est où ?
08:52– Il est avec vous.
08:54– Il est avec moi ?
08:56– Oui.
08:57– Il est où ?
08:58– Il est là.
08:59– Monsieur le Président.
09:00– Elle a du mérite, hein.
09:02C'est ce qu'elle finit, un bon bordel.
09:05– Un mois plus tôt, fin janvier, autre lieu, autre ambiance,
09:08le Premier ministre d'alors, Gabriel Attal,
09:10se rend, vous le voyez, en Haute-Garonne,
09:12l'un des foyers de la crise qui va crescendo à ce moment-là,
09:15d'abord dans une exploitation, où Gabriel Attal promet un sursaut
09:18pour l'agriculture en annonçant des mesures de simplification
09:21et l'annulation de la hausse du prix du gazole non routier.
09:25Quelques heures plus tard, l'image est assez frappante,
09:29le chef du gouvernement s'affiche avec Jérôme Bail,
09:34l'une des figures de proue du mouvement,
09:37sur le barrage de Carbone, sur la 64, la même,
09:42où la contestation est née.
09:44Certaines actions ont marqué les esprits,
09:47comme celle menée le 24 janvier à Agin,
09:50comme il l'avait promis la veille.
09:52Les manifestants de la coordination rurale
09:54ont laissé leur colère déferlée sur la préfecture du Lot-et-Garonne,
09:58du lisier, brûlant des pneus, etc.
10:11Une fois que tout le monde a vidé,
10:13qu'on revienne bien entendu à l'autoroute,
10:17on ne part pas !
10:19L'autoroute bien sûr, parce que c'est bien l'image
10:21qui symbolise ce mouvement du début d'année des fils ininterrompus
10:25de tracteurs sur différentes autoroutes de France.
10:28Merci François Gapillon.
10:30Véronique Leflocq, on va revivre ça dans les semaines et mois qui viennent ?
10:33Je voudrais vous rappeler que le déclin de l'agriculture
10:36ne date pas d'hier, ça fait 30 ans qu'on est en train de sombrer.
10:40Et ça s'est accentué avec la crise du Covid,
10:43ensuite on a eu la guerre en Ukraine,
10:46on a eu l'inflation des charges de l'énergie,
10:48on a eu cette concurrence déloyale avec des céréales venant d'Ukraine,
10:52et pas de chance, on avait tous les événements sanitaires
10:55auprès de nos animaux qui touchaient tous les animaux,
10:57les bovins, la volaille, aujourd'hui les ovins,
10:59la fièvre porcine qui est à notre porte.
11:02On a tous les incidents climatiques qui ont touché les céréales,
11:05nos cultures pour nos animaux, les vergers, les vignes.
11:08Donc on est à un stade où plus personne n'a rien à perdre.
11:12Et moi qui fais le tour de France,
11:14je suis à près de 50 départements visités en quelques mois.
11:18Mais c'est un désastre, c'est un agricide.
11:21Et je pense que nos ministres, nos politiques,
11:26n'ont pas conscience de l'ampleur de cette crise.
11:30Pourtant Michel Barnier a été ministre de l'Agriculture.
11:33Tout à fait, tout à fait.
11:35Il connaît bien le dossier.
11:36Oui, et c'est pour ça que je pense qu'on n'attendra pas
11:39le 15 novembre pour être dans la rue.
11:41Le 15 novembre c'est beaucoup trop tard.
11:43Le 15 novembre c'est quelques jours.
11:44Le mi-novembre c'est la date qui a été fixée par votre concurrent la FNSA.
11:49Vous, vous allez vous mobiliser avant ?
11:50En fait ça continue, donc ça va s'amplifier.
11:52Le 15 novembre, pourquoi c'est trop tard ?
11:54Les discussions, sauf s'il y avait le 49.3 sur le budget,
11:58si on ne se fait pas entendre, on ne saura pas,
12:00l'argent pour le ministère de l'Agriculture ne sera pas réparti
12:03pour aller là où il est nécessaire.
12:05Ensuite, c'est trop tard par rapport au Mercosur.
12:09Le Mercosur, il y a quand même le Brésil.
12:11Le Brésil fait partie des BRICS.
12:12Le BRICS avec le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine,
12:16c'est quand même 42% de la population mondiale.
12:19C'est le marché du soja, le marché des céréales.
12:22Mais c'est aussi un marché qui s'ouvre aussi davantage
12:24pour les produits français.
12:25Ça marche dans les deux sens.
12:26Non, c'est un marché surtout qui pourrait nous écraser.
12:29Ils sont très forts, ils sont très puissants,
12:31ils font tous partie de l'OMC.
12:32Donc nous, à la coordination rurale,
12:34quand on défend l'exception agricole, agriculturelle,
12:37ce qu'avait annoncé Gabriel Attal en pleine crise,
12:41c'était un bon début.
12:42Revenir à une situation d'avant 1994
12:45où les agricultures, quel que soit le pays, sont protégées.
12:49On n'a pas à aller faire du dumping en Afrique.
12:51On n'a pas à se perturber le marché.
12:53D'accord, mais quand on signe un accord,
12:54ça permet aussi de fixer des règles.
12:55Parce qu'aujourd'hui, on importe des produits de ces pays-là
12:58sans règles.
12:59Le Mercosur, c'est aussi l'occasion de fixer un cadre.
13:02Donc ça peut être positif pour l'agriculture française.
13:05L'agriculture n'a pas à rentrer en échange,
13:08en contrepartie d'autres produits.
13:10On le voit bien, on est à chaque fois la cible.
13:13Si on regarde la Chine, ce qu'elle est capable de faire
13:16par rapport au cognac.
13:17Alors que ce sont les voitures qui sont concernées,
13:19les voitures électriques.
13:20Donc à chaque fois, c'est l'agriculture.
13:22C'est-à-dire que quand on ne veut plus les voitures électriques chinoises,
13:24les Chinois nous disent qu'on n'achète plus de cognac.
13:26Tout à fait, ou on le taxe.
13:28Donc, quelque part, on a bien vu,
13:30quand ça a été le problème des Airbus,
13:31ça a été encore les vins et fromages français.
13:34Truc du Aldeny.
13:36En fait, il y a quand même trois raisons selon moi
13:38pour lesquelles il faudrait s'inquiéter très fortement
13:40de la mobilisation sociale.
13:41Elle peut vraiment être plus explosive encore
13:43que celle de l'année dernière ?
13:44Je vois trois raisons pour lesquelles elle peut être
13:46au moins aussi explosive.
13:47La première, vous l'avez mentionnée tout à l'heure,
13:49c'est quand même l'étendue des dégâts
13:51concernant les récoltes cette année.
13:53Je pense que tous les Français se sont rendus compte
13:55du temps pourri qu'on a eu.
13:56Et les agriculteurs, effectivement, en premier lieu,
13:58ont raconté tout à l'heure que, en ce moment,
14:00l'arrachage des betteraves se fait dans des conditions
14:03atroces, avec des sols complètement détrempés.
14:05Et donc, ça va faire partie...
14:07C'est une mauvaise année pour les fruits et légumes.
14:08Une mauvaise année pour le tour de sol aussi.
14:10Parce que beaucoup d'agriculteurs étaient partis
14:11sur le tour de sol, et malheureusement,
14:13il n'y a pas eu assez de soleil.
14:14Bref, une année horrible pour les agriculteurs,
14:17ce qui n'était pas vraiment le cas il y a un an.
14:21La deuxième raison, c'est que, contrairement
14:24à l'année dernière, effectivement,
14:26vous parliez de votre concurrent, la FNSEA,
14:28en parlant de la Confédération paysanne.
14:30On se souvient que la FNSEA avait eu un petit retard
14:32à l'allumage l'année dernière, un peu débordé
14:34par sa base, un peu débordé par la Confédération paysanne.
14:37Cette année, on voit que Arnaud Rousseau
14:39prend le taureau par les cornes dès le début
14:41avec les jeunes agriculteurs.
14:43On a reproché à Arnaud Rousseau d'avoir topé,
14:45si j'ose dire, un peu trop rapidement
14:47avec le gouvernement de l'époque.
14:49Moi, je ne sais pas s'il a topé trop rapidement.
14:51En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'apparemment,
14:53c'était un mouvement l'année dernière,
14:54je parle sous votre contrôle évidemment,
14:56mais qui venait plus des territoires
14:58que de la centrale syndicale.
15:02En revanche, il y a eu énormément de discussions
15:07et il y a eu quand même beaucoup de choses
15:09obtenues dans la loi d'orientation
15:11dont on parlait tout à l'heure.
15:12Mais là, cette année, sur la question de la mobilisation,
15:14je ne suis pas sûr qu'il y ait des centrales syndicales
15:16qui aient intérêt à ce que ça parte en retard
15:19et qu'effectivement, le gouvernement
15:21sera pris à la gorge tout de suite
15:22et peut-être la rue aussi.
15:24La troisième raison, c'est effectivement…
15:25– Je voudrais qu'on donne la parole aussi à Jean-Baptiste Moreau
15:27parce que c'est un agriculteur, mais il était aussi
15:29ancien député macroniste, il a été proche
15:31d'Emmanuel Macron.
15:32Jean-Baptiste Moreau, bonjour.
15:34Le lent déclin de l'agriculture française est-il inéluctable ?
15:39– Alors, je ne suis plus agriculteur,
15:42mais je suis encore proche du président Emmanuel Macron
15:44et je suis au Parlement européen à Strasbourg aujourd'hui
15:46justement pour essayer de tirer les sonnettes d'alarme
15:48auprès des députés européens notamment,
15:50même s'ils n'ont pas vraiment leurs mots à dire
15:52dans la ratification du maire possure,
15:54ou dans l'assiduature puisque c'est la commission européenne
15:57qui devrait l'annoncer clairement avant la fin de l'année.
15:59Tous les bruits convergent dans ce sens-là
16:01et ça va être effectivement une catastrophe
16:04parce que c'est aujourd'hui, pour vous donner une idée,
16:0699 000 tonnes de viande bovine qui vont rentrer
16:09à droits de douane réduits et notamment les morceaux
16:11les plus nobles, c'est-à-dire ceux qui sont les mieux valorisés
16:14qui vont faire chuter les cours en France et en Europe.
16:16Donc c'est une hémorragie à prévoir dans le secteur
16:18de l'élevage bovin et notamment de l'élevage bovin extensif
16:21tel qu'on peut le pratiquer dans le massif central d'où je viens.
16:23– Donc il faut refuser Mercosur.
16:27Mais bon, si la commission européenne, si l'Europe,
16:29si tous nos partenaires sont pour ?
16:31– Je m'étais opposé dès 2019, y compris contre l'avis
16:34du président de la République à l'époque
16:36qui n'avait pas d'avis tranché sur la question
16:38parce que déjà en 2019, on avait annoncé une signature
16:41proche du Mercosur et j'avais dit que cet accord-là,
16:44à partir du moment où il y avait l'agriculture dedans,
16:46ça ne pouvait être qu'une catastrophe pour l'Union européenne.
16:48On a des pays qui sont en ligne avec nous,
16:50on a la Pologne notamment qui est très inquiète,
16:52elle sait plus sur la viande de volaille
16:54qui va inonder le marché français alors que la Pologne
16:57est aujourd'hui un des principaux producteurs européens de volaille.
17:00– Donc Emmanuel Macron ne doit pas signer cet accord ?
17:03– Il l'a redit la semaine dernière, la France est opposée à cet accord
17:06mais le problème c'est que la France est très minoritaire en Europe
17:08aujourd'hui sur cette position et la voix de la France
17:11est moins forte qu'elle a pu être en passée depuis un certain temps.
17:14– Pour qu'on comprenne bien Jean-Baptiste Moreau, comment ça fonctionne ?
17:16C'est-à-dire que même si la France est contre,
17:18mais si les autres pays européens signent cet accord,
17:20il s'appliquera ? Il s'appliquera en France ?
17:23– Mais oui, en France, la France peut toujours s'opposer à son application sur son sol,
17:27mais les effets de la signature du Mercosur
17:29vont être sur tout le continent européen
17:31et donc la France sera de toute façon impactée
17:33quand bien même elles ne veuillent pas appliquer pour elles l'accord du Mercosur
17:36parce que ça veut dire que le prix de la viande
17:38va globalement chuter au niveau de l'Union Européenne,
17:40c'est absolument une catastrophe et moi j'alerte depuis longtemps
17:44à la fois le gouvernement, les gouvernements précédents
17:46et les députés européens et tous ceux que je peux alerter,
17:49c'est un facteur d'inflammable puissance 10
17:54par rapport à ce qu'on a connu l'hiver dernier
17:57avec des agriculteurs qui vont être remontés comme des pendules
18:00et qui risquent d'aller sur des actions hyper violentes
18:02parce que c'est vraiment un marqueur vraiment fort et hostile
18:06vis-à-vis de l'agriculture française et européenne.
18:08– Gatine Mélin ?
18:09– Il faut, pour que cet accord s'applique au niveau de l'Union Européenne,
18:14il faut que 45% des États qui représentent 35% de la population
18:18dans l'Union Européenne signent cet accord.
18:21Mais encore une fois, si c'est signé au niveau européen,
18:25la France peut ne pas signer cet accord au niveau français
18:29mais effectivement ça fera chuter les cours des céréales
18:33mais aussi de la viande bien évidemment.
18:35– De la viande, oui.
18:36– Dernier Cléfloque ?
18:37– En fait il n'y a pas que la viande bovine qui sera touchée,
18:39toutes les viandes seront touchées et même en France.
18:42Je prends la production porcine.
18:45– Au moment où la consommation de viande baisse aussi en France.
18:47– Elle se maintient quand même mais on a surtout une balance commerciale
18:51qui au niveau de la viande bovine par exemple chute.
18:54On est arrivé à plus de…
18:55– C'est l'industrie agroalimentaire effectivement.
18:57– C'est catastrophique l'évolution de la balance commerciale.
19:00– Comment ça se fait ? Pardon, je ne comprends pas
19:02parce qu'avant l'agriculteure française était une agriculteure qui s'exportait.
19:06Aujourd'hui on n'arrive même plus à nourrir les Français avec notre agriculture.
19:09Qu'est-ce qui s'est passé ?
19:10– Eh bien écoutez, le déclin je ne sais pas quand a eu lieu la bascule
19:15mais si on prend 10 ans en arrière, en 2014, la balance commerciale de la France
19:20avec le restant de l'Europe c'était 5 milliards d'euros positives.
19:24– Donc on vendait plus que ce qu'on achetait.
19:25– Tout à fait. Aujourd'hui avec l'Europe on est à moins 2,3 milliards pour 2023.
19:30Et parmi les trois premiers produits qui font la balance commerciale positive de la France
19:36on a les céréales, les vins et on a les produits laitiers.
19:39Produits laitiers, positives à peu près de 2,5 milliards
19:43mais un déficit de près de 700 millions d'euros avec l'Europe pour les produits laitiers.
19:49Parce qu'il y a des phénomènes qui sont durs à expliquer
19:53mais qui relèvent certainement de l'évasion fiscale
19:57qui consiste à exporter des produits pas chers pour l'importer cher.
20:02Et là il y a un vrai souci qui pénalise nous autres agriculteurs
20:06et c'est pour ça qu'on doit aller chercher la valeur chez les industriels
20:09pour les ramener dans nos fermes.
20:11– Que peut vous dire Michel Barnier ce soir à 19h pour vous convaincre
20:15de ne pas vous mobiliser à nouveau ?
20:17– Eh bien écoutez, un vrai plan de sauvetage serait un plan
20:21qui ne serait pas perturbé par justement ces accords de libre-échange.
20:26Il faudrait qu'il se batte au niveau européen.
20:30– Donc il doit dire non au Mercosur et d'ailleurs mettre en place
20:33un plan de sauvetage qui doit être appliqué très vite.
20:35– Mais non aux accords de libre-échange,
20:38il doit engager tous les autres pays européens.
20:41– Vous lui donnez une chance pour lui laisser le temps de mettre ça en place
20:43il vient d'arriver ?
20:44– Eh bien écoutez, ce qui nous a fait défaut avec le précédent gouvernement
20:47c'était de ne pas obtenir de preuves de ce qui était fait.
20:51Quand je vous avais parlé tout à l'heure des prêts garantis pour les jeunes,
20:55pour leur installation, c'était une enveloppe de 2 milliards d'euros.
20:59On avait alerté dès le départ qu'il leur fallait l'accord de l'Europe,
21:03du fonds européen d'investissement.
21:05Cet accord, ils ne l'ont toujours pas.
21:07– Faites attention à ces promesses qu'on ne peut pas tenir.
21:09– Voilà, et donc ces prêts-là pour nos jeunes et pour les éleveurs,
21:12l'enveloppe des 400 millions, c'est uniquement le premier trimestre 2025.
21:15– Un mot, tu dois le donner, est-ce qu'on peut imaginer que Michel Barnier
21:19et sa ministre, Annie Gennevard, tous les deux,
21:22et l'air, cette droite qui a toujours été du côté des exécuteurs,
21:26ces deux-là vont pouvoir, ce tandem,
21:28vont pouvoir quand même se battre pour les exécuteurs français ?
21:31– J'ajouterais même que Michel Barnier avait laissé plutôt un bon souvenir
21:34aux agriculteurs de son passage au ministère de l'Agriculture.
21:37Le problème de Michel Barnier, c'est qu'il est en train de faire voter un budget.
21:40Donc il ne peut pas faire grand-chose sur le plan législatif pour le moment
21:44concernant les agriculteurs.
21:45Sur le Mercosur, effectivement, et puis quand on sait l'étendue
21:48de son réseau international et de son poids au niveau européen,
21:52il peut effectivement participer aux discussions
21:54et essayer d'inverser le rapport de force.
21:56En revanche, de ce que je sais, c'est que Matignon prépare des choses
21:59pour les agriculteurs, mais en 2025, c'est-à-dire une fois que le budget,
22:02ça termine et donc à court terme, je ne crois pas malheureusement
22:04qu'il pourra faire grand-chose.
22:05– Merci à tous, on parlait de Michel Barnier,
22:07c'est vrai qu'il est très occupé par ce budget.