• il y a 2 mois
Après 34 jours de bombardements, le Liban est en partie démoli. Le 14 août 2004, Israël et Hezbollah acceptent la résolution 1 701 de l’ONU qui met fin aux hostilités. C'est à la demande du Liban, que la France envoie 1 700 hommes en renfort de la Force Intermédiaire des Nations Unis Libanaise, la FINUL.
À de nombreuses reprises, les troupes de l’ONU ont été menacées par les groupes radicaux Islamistes. La FINUL renforcée a reçu pour mission d’accompagner et d’aider l’armée libanaise, implantée au sud du Liban. Le but étant d’interdire toute arme dans la zone frontalière avec Israël.
En arborant le béret bleu, les soldats deviennent soldats de l’ONU. Les Casques bleus possèdent des armes de dissuasion avec l’artillerie lourde : chars blindés Leclers, et de l’armement.
Ils retrouvent ainsi leur véritable autorité de soldats de la paix. Mais les véritables ennemis de ces soldats, ce sont les mines, répandues par l’armée israélienne. Malgré les menaces omniprésentes et les risques d’attentat, ces hommes et ses femmes sont déterminés à accomplir leurs missions.
Réalisateur : Géraud Burin des Roziers

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Personnes
Transcription
00:00...
00:21Eté 2006.
00:22Le Liban est en partie défiguré
00:24par 34 jours de bombardements israéliens.
00:271200 civils libanais ont été tués.
00:29...
00:32Le 14 août, Israël et l'ESBOLA
00:34acceptent la résolution 1701 de l'ONU,
00:36qui met fin aux hostilités.
00:38...
00:42La France décide d'envoyer 1600 hommes
00:44en renfort de la Finule,
00:46la force intérimaire des Nations unies
00:48présente au Liban depuis 28 ans.
00:50...
00:53...
00:59...
01:01...
01:04Quartier Valmy, à Olivet, près d'Orléans.
01:06Le 6e, 12e régiment de cuirassiers.
01:09...
01:12250 soldats s'apprêtent à partir avec leur char Leclerc
01:15destination Liban.
01:17...
01:19...
01:23Tu vois, tu tiens les deux poignées,
01:25et là, c'est pour tirer.
01:26T'actionnes, tu vises.
01:28Paf ! Paf ! Paf ! Comme ça.
01:31Aujourd'hui, le régiment ouvre ses portes.
01:33L'occasion pour le lieutenant Frédéric Saint-Saëns
01:36de faire découvrir à sa famille ce qui fait toute sa fierté.
01:38C'est le même char que papa.
01:40C'est la dernière version de la série 21.
01:43...
01:44Laisse-toi tomber dans le trou.
01:46Tu t'assoies là où t'es debout.
01:47Frédéric a été désigné pour servir au sud de Liban
01:50comme casque bleu.
01:53C'est le dernier week-end avec ses deux filles.
01:55...
01:58Hola ! Hola !
02:01L'aînée Aniline a 10 ans.
02:03Sa petite sœur Axelle, 7 ans.
02:06...
02:15C'est génial, avant le départ,
02:16de passer une journée en famille,
02:18dans son environnement professionnel,
02:20et de pouvoir leur faire vivre tout ce que je vis au jour le jour.
02:26...
02:28A quelques kilomètres du régiment,
02:30un petit lotissement où vivent plusieurs familles de soldats.
02:33Frédéric ne veut rien changer à ses habitudes avant le départ
02:37pour préserver le moral de sa jeune troupe.
02:39On part pour très longtemps.
02:41Pour une famille, ça représente 6 mois.
02:43Une mission qui peut être difficile ou périlleuse,
02:45mais ça, on évite d'y penser, car on y est prêts,
02:49parce que ça fait partie de notre préparation opérationnelle.
02:52Et puis, de toute façon, c'est pas le moment, en famille,
02:54d'être dans les derniers jours, d'évoquer ce genre de soucis
02:57qui pourraient arriver aux échéants, là-bas.
02:59...
03:00Cri de joie
03:02Frédéric veut profiter de chaque instant qui lui reste
03:05pour être au plus près de ses filles.
03:07Il sait trouver les mots qui encouragent, qui rassurent.
03:09...
03:11Alors, elle est comment ?
03:13Elle est bien, mais elle parle trop fort.
03:16Elle parle trop fort ? T'aimes pas le bruit.
03:18Va falloir t'adapter. T'es au 1er rang ou au fond ?
03:20Au 1er rang.
03:21Bon.
03:22Faudra faire avec, si elle parle fort,
03:24pour que les enfants, au fond, l'entendent bien.
03:26Sinon, c'est bien. La maîtresse, elle écrit bien.
03:28C'est bien, ton travail. Donc, t'as pas à aller contre.
03:31...
03:33D'accord ? Comme ça, vous aurez des images de papa.
03:37Je vous écrirai sur la messagerie de maman.
03:39D'accord ?
03:40...
03:45Papa, il a dit que s'il était, par exemple, dans son char,
03:50ça craignait rien, mais s'il était dans une autre voiture
03:53et qu'on lui tirait dessus, c'était dangereux.
03:55C'est...
03:56...
04:04Il part, et puis...
04:06...
04:09Ça fait presque plus rien, maintenant, parce que...
04:13Ça fait plein de fois qu'il est parti.
04:16...
04:21Qu'est-ce qu'il y a, Néline ?
04:23Qu'est-ce qu'il y a ?
04:24Ben, si, tu pleures. C'est pas normal.
04:26Pourquoi tu pleures ? Parce que je m'en vais.
04:30Comme l'autre jour, où tu m'as dit que t'avais peur pour mon départ.
04:34C'est ça ? Et t'as peur de quoi ?
04:37Faut me dire, pour que je te donne des réponses.
04:41Tu redescends voir la télé, Arcel ?
04:43Ouais.
04:45T'as peur de quoi ?
04:47Comme l'autre jour.
04:49Mais l'autre jour, tu m'as dit que t'avais peur pour mon départ.
04:52Ben oui, c'est tout.
04:54Ben, tu sais que je pars six mois,
04:57tu sais que tu passeras pas encore une fois Noël avec papa,
05:00comme l'année dernière, mais ça, c'est pas grave.
05:02Ça empêche pas le Père Noël de venir, ça.
05:05Tu te vois rassurée ou t'as encore des questions ?
05:10Parce que moi, il faut pas que je parte avec Anine qui pleure.
05:13Hein ?
05:16Et voilà, elle est repartie. C'est une madeleine.
05:18Mmh.
05:20Elle pleure facilement.
05:22Hein ? Oui.
05:24Faut pas que tu t'en inquiètes, hein ?
05:26Allez.
05:31Christelle a l'habitude de ses départs.
05:33Cela fait 15 ans qu'elle partage la vie de Frédéry.
05:36Ensemble, ils ont appris à faire front
05:38pour aider leurs enfants à supporter les séparations.
05:44Ah ben, on a des moments de...
05:46Des moments de solitude, des moments d'inquiétude.
05:48Euh... Des moments de...
05:50De pleurs aussi, oui, effectivement.
05:52Euh...
05:54Mais ça, c'est normal.
05:56Comme je vous l'ai dit, je suis quelqu'un de normal.
05:58Pas... Pas exceptionnel. Je suis pas un surhomme.
06:01Et... Ben oui, c'est normal, je...
06:03Je ris, je pleure avec mes filles.
06:05Et puis... Et puis voilà.
06:07C'est... C'est la vie.
06:08C'est la vie. Et puis j'ai mon métier à Paris, à côté.
06:11Un petit chat ?
06:12Ouais.
06:23800 soldats de la 2e brigade blindée d'Orléans
06:26sont attendus au Liban dans les jours qui viennent.
06:29Les 4 chars de Frédéric sont prêts au départ.
06:34Il vit cette mission comme la consécration de sa carrière.
06:38Cela fait 15 ans qu'il sert dans les chars.
06:40Il sait qu'au Liban, son engagement et celui de ses hommes
06:43devra être sans limite.
06:44Il faut penser au pire, c'est-à-dire la situation de combat...
06:48Euh...
06:49Entre guillemets, totale,
06:51où on est confronté à, ouais, à du combat,
06:53ce qu'on appelle, nous, dans notre jargon,
06:55le combat haute intensité, où là, ben,
06:57je commande le feu de mes 4 chars.
06:59De toute façon, c'est la mission de l'exige.
07:02Et on le fera, on le fera, on remplira la mission.
07:10Le Leclerc,
07:11un monstre de 54 tonnes d'acier et de technologie.
07:15Les spécialistes le jugent comme le meilleur tueur de chars actuel,
07:19capable de tirer en roulant à 50 km heure dans toutes les directions,
07:23avec une précision redoutable.
07:28Les chars vont être convoyés par le train jusqu'à Toulon.
07:31Un bateau les y attend pour être transportés jusqu'à Beyrouth.
07:35La mission, elle a commencé au moment de l'alerte,
07:37au moment où mon capitaine m'a appelé pour partir au Liban,
07:40pour me préparer le départ et partir au Liban.
07:43Mais je me sentirai vraiment, vraiment dedans
07:45au moment où je monterai dans le bateau.
07:47Il est prévu d'arriver de très bonne heure,
07:49mercredi matin, à Toulon.
07:57Musique intrigante
07:59...
08:07Dans six jours,
08:09les 13 chars de l'escadron seront au Liban.
08:11...
08:15Arsenal militaire de Toulon.
08:17La foudre, un transport de chalans de débarquement
08:20de la marine française, va appareiller dans quelques heures.
08:23Aurore a 26 ans.
08:25Elle est sergent au sein du 121e régiment du train de Montlhéry.
08:29Engagée depuis 8 ans,
08:31elle a déjà participé à une opération extérieure en Côte d'Ivoire.
08:34Mais c'est la 1re fois qu'elle embarque
08:37sur un bâtiment de la marine.
08:38...
08:44A ses côtés, une centaine de soldats spécialistes de la logistique.
08:48...
08:50C'est là qu'on loge ? Je vais lui montrer avant qu'il y ait...
08:53Ah oui, là, c'est un labyrinthe complet.
08:55...
08:59Personne toute nue, là ?
09:00Donc, voilà, nous, on va dire que par rapport aux hommes,
09:03on est un peu mieux lotis, on est 12 en tout.
09:06Rires
09:08Donc, on est dans notre chambre.
09:11C'est là où on va passer les 5 jours sur le bateau.
09:14Là où on va dormir.
09:15Donc, comme vous pouvez voir, il y a 3 couchettes.
09:18Moi, je suis là-haut.
09:20Et il y a les 3 mêmes de l'autre côté.
09:23Oui, bon, ils sont avec leur papa, quand même.
09:25Et puis, bon, il y a la famille autour.
09:27Si on les laisse, c'est que, bon, on part serein.
09:29Certes, ils vont nous manquer, mais on part serein, quoi.
09:32On sait qu'ils vont être bien choyés.
09:35Il y a pas de problème.
09:36Après, on va manquer des trucs.
09:38Moi, je loupe la rentrée scolaire de mon fils.
09:41C'est important, il rentre au CP.
09:42Je vais vous montrer un photo de mon fils, s'il vous plaît.
09:45Voilà, c'est mon petit garçon.
09:47Il s'appelle comment, le petit garçon ?
09:49Il a quel âge ?
09:50Il a 6 ans.
09:51En plus, je peux la voir au téléphone.
09:53Donc, je lui parle, il comprend.
09:55Et puis, bon, il a l'habitude.
09:57Il est né dans un environnement de militaires.
09:59On est tous les 2 militaires, mon ami et moi.
10:01Donc, forcément, il a l'habitude.
10:04Musique douce
10:05C'est l'heure de larguer les amarres.
10:07...
10:16Au moment de dire adieu,
10:17Aurore réalise qu'elle ne reverra son fils Brian que dans 6 mois.
10:21Ah oui, là, c'est pas évident.
10:23Mais bon, ça va passer.
10:27Moi, je suis contente de partir, même si je suis un peu triste.
10:30Parce que, bon, je quitte ma famille,
10:31mais pour un certain temps, après, je sais que je les reverrai,
10:34mais il y a toujours un petit moment d'émotion.
10:37...
10:42Conseil de sécurité a voté une résolution à l'unanimité.
10:46La résolution 1701.
10:48Les soldats sont vite mis dans l'ambiance.
10:50Leur mission à Beyrouth, organiser l'accueil
10:53et l'installation du 1er bataillon français
10:55de renforcement de la Finule.
10:56Le colonel Saint-Faurichon est leur chef de détachement.
10:59...
11:02Donc, nous allons servir sous mandat des Nations unies
11:06en portant le béret bleu, le casque bleu.
11:10Musique douce
11:11Le béret bleu, l'emblème du soldat de la paix.
11:14Les Français partent au Liban
11:15pour servir au sein de la force d'interposition.
11:18Mission, contrôler la cessation des hostilités
11:21entre Israël et le Hezbollah.
11:22...
11:27Moi, c'était un peu mon rêve,
11:29parce que je me suis engagée à l'époque,
11:31c'était les premiers conflits en Bosnie,
11:33donc de voir les casques bleus à la télé,
11:35c'était vraiment pour ça que je m'étais engagée.
11:37Et de savoir que je vais porter un béret bleu, c'est fierté.
11:40Moi, par exemple, je vois dans mon sac,
11:42j'ai le béret bleu de mon ami qui l'a déjà porté.
11:45Donc, pendant un mois, il m'a donné le sien.
11:47Il m'a dit que je le ferais voyager encore une fois.
11:49Je vais être contente de mettre le sien.
11:51...
11:52Il y a quelques jours, les troupes de l'ONU ont fait l'objet de menaces
11:55de la part de groupes radicaux islamistes, tels que Al-Qaïda.
11:58Durant la traversée, les séances d'instructions se succèdent.
12:02Quand l'ONU va parler de désarmement du Hezbollah,
12:05il faut faire attention, il faut faire la part des choses.
12:08Désarmer le Hezbollah, c'est-à-dire le type avec sa kalachnikov,
12:11c'est inconcevable.
12:12C'est comme si on le castrait.
12:14C'est-à-dire qu'intellectuellement, pour les gens au Liban,
12:19ça se fait pas.
12:20Par contre, le désarmement du Hezbollah,
12:22lui enlever les missiles, le désorganiser cette défense,
12:25c'est ce que veut Israël.
12:26Il y a un problème de vocabulaire.
12:28Le désarmement du Hezbollah, on parle bien de l'armement lourd.
12:32Au Liban, la menace terroriste est très forte.
12:34Les Français y ont déjà payé un lourd tribut.
12:37Un pays déchiré par la guerre depuis plus de trois décennies.
12:42Il y a 23 ans, les parachutistes français,
12:45partis à Beyrouth au sein de la force multinationale de sécurité,
12:48s'étaient retrouvés pris au piège.
12:53Drakkar, une vision de cauchemar.
12:57Le dimanche 23 octobre 1983, à 6h20,
13:00deux explosions secouent Beyrouth.
13:04Deux camions bourrés d'explosifs
13:06percutent le QG des marines américains
13:08et le Drakkar, l'immeuble des soldats français
13:10du 6e Régiment d'Infanterie Parachutiste.
13:17241 marines et 58 parafrançais y laissent la vie.
13:29Sur ce bateau, tous les soldats connaissent la tragédie du Drakkar.
13:32C'est arrivé quand j'étais enfant.
13:34Je me souviens parfaitement des images, ça reste à ma mémoire.
13:38Et c'est vrai qu'aujourd'hui,
13:42de cette expérience,
13:44on a tiré des savoir-faire,
13:47notamment pour la protection de tous nos sites,
13:49de façon à éviter des pertes de ce type-là.
13:55À mort, c'est toujours une catastrophe.
13:58Toujours.
13:59Et le souci permanent de tout chef,
14:02c'est de revenir à la maison
14:04avec tous les hommes qui l'ont accompagné sur la mission.
14:09Après cinq jours de traversée,
14:11la foudre arrive au large de Beyrouth.
14:14Le colonel Saint-Faurichon donne les dernières recommandations
14:17avant de débarquer.
14:20Alors là, j'insiste là-dessus.
14:22Beret sur la tête.
14:24Je n'ai pas fait porter le beret sur la plateforme à cause du vent.
14:27La tenue doit être impeccable, nous représentons l'armée française.
14:30Ensuite, pas de gadget.
14:31Le couteau Schlass, là, de Rambeau au ceinturon,
14:36avec 36 dents pour découper le sanglier.
14:39Non.
14:40On évite les lunettes de soleil de zozo,
14:44le machin avec pointu de couleur rose.
14:46Sachant qu'au minimum, il y a les lunettes qui ont été perçues
14:49dans les régiments qui font partie du pactage Outre-mer.
14:52Bon, elles ne sont pas très sexies,
14:54mais ça protège du soleil, c'est ce qu'on leur demande.
14:57C'est ma fierté, c'est ma fierté.
14:59C'est mon truc à moi, c'est mon petit bout.
15:01J'ai pris l'écho aussi.
15:06Oui.
15:07Il n'y a pas de toilettes.
15:09Mais les toilettes, c'est nous qui les avons avec nous.
15:11Les toilettes chimiques, normalement, il y a un contrat
15:13qui a été passé avec les Libanais.
15:15Est-ce qu'on les a ce soir ?
15:16Est-ce qu'on les aura demain ? Est-ce qu'on les aura dimanche ?
15:19Donc, il faut faire le maximum avant de débarquer.
15:21Excusez-nous, mais bon, ça ne se contrôle pas, mon agent-chef.
15:26En plus, on parle de rien n'importe où.
15:28Oh là là, mais vous, ça va, vous n'aurez pas de problème.
15:30Nous, on va avoir un peu plus de mal.
15:31Si vraiment, il y a des soucis, on a des bâches, on tire une bâche.
15:35Ah bah, c'est clair, je pense qu'on va faire ça comme ça.
15:39Enfin, moi, j'en ai une, deux bâches, au pire.
15:41Moi, j'ai des piquets, j'ai la bâche et j'ai la corde.
15:43Pas de problème, on fait des toilettes.
15:46À l'arrivée à Beyrouth, l'excitation se fait sentir.
15:50Le rythme s'accélère.
15:51La centaine de soldats de la logistique
15:53va devoir monter en trois jours
15:55un camp capable d'accueillir le gros de la troupe.
15:57Il y en a 200 qui vont se pointer.
16:00Eh, apparemment, il est climatisé, le truc.
16:04Je ne la sens pas, moi, la climatisation.
16:06Ah ouais, c'est...
16:07Aurore et ses camarades rejoignent ce qu'ils appellent dans leur jargon
16:10la ZRA, la zone de regroupement et d'attente.
16:13Dans ce hangar géant, ils doivent monter en quelques heures
16:16plus de 1 000 lits de campagne pour accueillir les soldats qui arrivent.
16:30Les bombardements israéliens ont détruit massivement les routes
16:33et plus d'une centaine de ponts.
16:37Nous sommes à Nahameh, à une vingtaine de kilomètres au sud de Beyrouth.
16:42La France a été la première à agir sur le terrain.
16:44C'est l'opération Balliste,
16:46un accord direct avec le Liban dans un but humanitaire.
16:50Le 2e Régiment étranger de génie de la Légion étrangère
16:54a reçu la mission de construire cinq ponts du nord au sud du pays.
16:57Des ponts métalliques d'urgence, les ponts Belay.
17:04Le sergent Vladimir Souarchi, 5 ans de service.
17:06Eh, Babesse, vas-y, viens, Babesse.
17:10Il est chef de groupe.
17:12C'est lui qui choisit ses hommes et commande sur le pont.
17:15Levez !
17:16Attention.
17:33Dès première lueur du jour, à la tombée de la nuit,
17:36ces légionnaires accomplissent un travail de forçat,
17:38dans la poussière et la chaleur étouffante du bitume.
17:42De toute façon, regardez.
17:45Pour chaque pont, 40 tonnes de fer à transporter, à assembler,
17:49comme un immense mécano.
17:58C'est fatigant.
17:59C'est fatigant parce que les pièces sont lourdes, c'est 250 kg.
18:03C'est difficile.
18:04C'est pas grave, regardez, ils sont tous...
18:06Cousteux et fort, hein ?
18:08L'un des deux tabillets du pont a été détruit par une bombe.
18:11L'autoroute est coupée en deux.
18:13Il faut rétablir la circulation le plus vite possible.
18:18Depuis 4 jours, la section de Sapeur a engagé une course contre la montre.
18:33Il y en a tous les deux pièces qui sont là.
18:36Il y en a tous les deux pièces qui sont en place, serrées à fond.
18:41Sur le chantier, Vladimir commande à la voix.
18:43Il hurle pour se faire entendre.
18:46Préparez les griffes, là-bas.
18:54Vous voyez, c'est très difficile, parce que c'est un grand divert.
18:57Montez, Pano, à l'avant, parce que c'est haut.
19:00C'est haut.
19:04Un travail d'équipe où chaque geste est coordonné,
19:07maîtrisé avec rigueur, une précision implacable.
19:10La moindre faute d'inattention peut être fatale.
19:21Un légionnaire a été victime d'un accident.
19:23Il a reçu une poutre sur le pied.
19:25Il est aussitôt évacué sur le Sirocco,
19:27le navire hôpital de la Marine française.
19:31Dès que vous voyez que ça ne va pas, stop ! Arrêtez !
19:34Arrêtez sur place.
19:36Il vaut mieux prendre une pause,
19:38et stopper 15 minutes ou une heure.
19:40On arrête toute la matinée, on ne travaille pas,
19:42que de faire comme un mongol,
19:44et on aura trois cassés, quatre cassés.
19:47Ce n'est pas le but.
19:48Eh, les gars, deux déjà. Deux !
19:51Alors, soit vous travaillez intelligemment,
19:54soit on va vous changer.
19:56Croyez-moi, vous allez monter la gare.
19:58Il y aura les autres sections qui vont faire le chantier.
20:01Vers midi, quand la température dépasse les 45 degrés,
20:04les légionnaires retournent sur leur campement.
20:07On travaille pour les hommes, quoi.
20:09Pour les hommes, pour les vrais hommes.
20:11Parce que, dommage, dans le monde moderne,
20:14il y en a beaucoup de hommes modernes, comme on s'appelle.
20:17Surtout les nouvelles générations de Sony Playstation.
20:21On ne peut pas planter deux clous, quoi.
20:24Déjà, les hommes, ils sont là,
20:26c'est comme ça, maintenant.
20:30Vladimir est d'origine russe.
20:33Après des études d'informatique et des petits boulots,
20:35il a voulu changer d'horizon, donner un sens à sa vie.
20:38Il s'est engagé dans la Légion.
20:43Bienvenue.
20:44Pour cette mission, il est logé avec le reste du détachement
20:47dans une école toute neuve,
20:49et pour la première fois, il a été engagé dans la Légion russe.
20:52Pour cette mission, il est logé avec le reste du détachement
20:55dans une école toute neuve, épargnée pendant les bombardements.
20:58Il s'estime choyé.
20:59Lors de sa dernière opération en Côte d'Ivoire,
21:02il avait passé 5 mois dans la jungle, sous la tente.
21:05Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi t'es pas content ?
21:07Je cherche, je suis comme bâtard.
21:09Voilà, la section, elle est logée ici.
21:12Pas mal.
21:13Un petit peu trop serrée, mais c'est en même temps un magasin,
21:17un armory.
21:18Le sergent Souarchi veille sur chacun de ses hommes.
21:22Avec eux, c'est la 1re fois qu'il construit un pont en situation réelle.
21:25C'est très utile, je trouve,
21:27parce qu'on aide la population civile
21:30qui soit victime de guerre.
21:35Surtout la 1re ponte qu'on a construite ici, c'était trop vite,
21:38parce qu'ils en étaient intéressés, parce que c'était la 1re ponte.
21:42Et après, ça devient difficile, ça devient la routine, même pour moi.
21:47Je fais déjà ça.
21:48Vous comprenez, la 1re fois, c'est comme faire l'amour.
21:52La 1re fois, c'est intéressant, c'est difficile, c'est...
21:56Oui, après, oui, nous avons plus d'expérience.
22:01Mais ça donne autant de joie de construire un pont pour la 1re fois
22:04que de faire l'amour pour la 1re fois ?
22:11Mais c'est comme ça.
22:13Maintenant, il faut être impliqué, il faut écouter bien.
22:17Il faut bien exécuter les ordres et tout dure bien.
22:20Mais vous voyez, ils dorment tous, parce qu'ils sont fatigués,
22:24parce qu'il est...
22:26Et ça demande beaucoup d'efforts physiques.
22:31C'est bon, ils se portent. De toute façon, ils n'ont pas de choix.
22:34Ils ont signé leur contracte, ils sont engagés, voilà.
22:39Le pont a basculé de l'autre côté de la brèche.
22:44Il faut le tracter, le pousser, c'est toute la section qui fait bloc.
22:48Vladimir dirige la manoeuvre.
22:50C'est bon ? C'est bon, là-bas ?
22:55Poussez !
22:57Poussez !
23:03Poussez !
23:05Poussez !
23:08Poussez !
23:13On a bien avancé, à Jouy.
23:15Il ne reste que de poser le pont sur la plaque d'appui.
23:20Demain, vers 14h, on va terminer, si tout va bien.
23:25Vous êtes contents ?
23:26Ça va, j'aime bien travailler. C'est un petit peu chaud, mais ça va.
23:32Hé, attends ! Souleve, là-bas !
23:35C'est fini, c'est bon, descendez.
23:39Tu restes ici, qui attache, et les autres...
23:42C'est bon, l'âme ! L'âme !
23:44Descendez.
23:45Ah, oui, fin de journée.
23:48On rentre, bonne douche.
23:51On mange, on dort.
23:52Demain, à 18h, comme aujourd'hui, nous sommes sur le chantier.
23:56Il est bon, ce pont, vous avez compris.
23:59Il est bon, ce pont, vous avez compris.
24:01Ça va. Je pense qu'il est pas mal.
24:16Retour à Beyrouth.
24:17Les chars Leclerc sont arrivés,
24:19le fer de lance du contingent français de la Nouvelle-Finule.
24:23Avec eux, c'est tout un arsenal militaire,
24:26de l'artillerie lourde, des radars Cobra, des missiles solaires.
24:29900 hommes qui arrivent par vagues successives.
24:32Ils vont rejoindre la zone de regroupement et d'attente,
24:36séjourner quelques jours à Beyrouth avant d'être déployés au sud.
24:41Les soldats ne sont pas machistes,
24:43et l'exception faisant la règle, c'est Aurore,
24:46qui se retrouve de corvée de linge.
24:48Depuis le départ, c'est la 1re machine qu'on arrive à faire.
24:52On y met tous du bon coeur.
24:54On lave le linge de tout le monde.
24:56Il y a beaucoup de sacs, donc on y a passé la journée,
24:59mais là, ça y est, c'est le dernier, là, celui-là.
25:02Après, c'est fini. Demain, ça sera quelqu'un d'autre.
25:06On va voir.
25:07On va voir.
25:08On va voir.
25:09On va voir.
25:10On va voir.
25:11C'est quelqu'un d'autre.
25:15Chef ?
25:16Chef ?
25:17Viens voir.
25:22Il y en aura 200 de plus, ce soir.
25:24Ça fait beaucoup, hein ?
25:26Donc, tout ça, c'est les soldats qui viennent d'arriver.
25:29Ils vont prendre leurs consignes.
25:31Après, ils vont rester quelques jours avec nous,
25:33le temps de faire leur papier, feindre leur véhicule.
25:36Donc, on va vivre avec eux, ils vont manger avec nous.
25:39Il y a du monde, il y a du monde.
25:44J'ai un peloton qui tourne tout seul,
25:46et je n'ai pas besoin de m'occuper de mes affaires.
25:49C'est du grand luxe, même si ça paraît...
25:51Même si ça paraît un peu pénible d'habiter tous les uns à côté des autres.
25:55Les 1 000 lits sont occupés.
25:58Dans ce camping géant,
25:59Aurore a réussi à aménager son petit coin.
26:01Là-bas, au fond, à gauche.
26:04Et finir les inventaires...
26:06Jusque là, c'est chez moi, parce que là, le sac, ici,
26:09et là, à la limite, c'est le miroir.
26:11Normalement.
26:12Je crois que le T-shirt, c'est le mien.
26:14J'ai dépassé ma limite, je vais changer.
26:17Rires
26:21On est obligés de se mélanger.
26:23On se met avec des personnes de confiance,
26:25on sait qu'il n'y aura aucun problème.
26:27Nous, on change dans la moustiquaire.
26:29Je veux dire...
26:30On ne se déshabille pas comme même là,
26:32mais il n'y a pas de problème, eux, c'est des gens sérieux.
26:36C'est pour ça qu'on est avec eux,
26:37parce qu'on sait qu'on n'aura aucun problème.
26:40Le quartier général de la Finule est installé au sud de Liban,
26:44à Nakoura, tout près de la frontière israélienne.
26:47La résolution 1701 de l'ONU a autorisé le déploiement
26:52de 15 000 casques bleus dans une zone tampon, en bleu,
26:56située entre le fleuve Litani et Israël.
26:58La Finule renforcée a reçu pour mission d'accompagner
27:03et d'appuyer les forces armées libanaises implantées au sud.
27:06Le but est d'interdire toutes les armes dans la zone bleue.
27:11Le général français Alain Pellegrini
27:14commande la Finule depuis presque 3 ans.
27:16Vous allez où, là, mon général ?
27:19Je vais là, à la réunion opérationnelle.
27:22Comme chaque matin, le général Pellegrini assiste
27:24à la réunion de son état-major multinational.
27:27Une dizaine de nations y sont représentées.
27:29Le patron de la Finule est face à un problème,
27:33le manque de terrain pour loger les milliers de casques bleus
27:36chaque semaine.
27:40L'un de ses adjoints lui annonce que pour loger le contingent italien,
27:44les autorités libanaises proposent une décharge à ordures.
28:06Pour la deuxième vague,
28:10c'est clair qu'on ne peut pas accepter
28:12plus d'un contingent avant le mi-octobre.
28:17C'est clair ?
28:19D'accord. Est-ce qu'il y a quelque chose à ajouter ?
28:21Au revoir. Merci, mesdames et messieurs.
28:26Ce n'est pas acceptable, mais ils vous proposent
28:30une décharge à ordures. Qu'est-ce que c'est ?
28:32Mais ce n'est pas vraiment ce qu'ils nous proposent.
28:34On s'est rendu là-bas et on s'est dit, est-ce que ce terrain est disponible ?
28:37C'est la nuance que je veux apporter,
28:39parce qu'on ne peut pas vraiment blâmer les autorités libanaises pour ça.
28:43On doit...
28:44C'est leur problème.
28:45Ils sont les nations responsables, d'accord ?
28:48S'ils nous veulent, ils doivent gérer.
28:50S'ils ne veulent pas, on part. C'est clair ?
28:54C'est leur travail.
28:55Mais ils n'ont pas assumé cette responsabilité.
28:58Ils n'ont pas été...
29:00Ils doivent.
29:01Ils doivent ?
29:02Oui, ils doivent.
29:04Ils doivent, on arrête.
29:06C'est à la demande du Liban que les casques bleus arrivent.
29:09Le général veut placer le gouvernement libanais
29:11devant ses responsabilités.
29:13Il dénonce un manque d'implication.
29:17Il faut qu'on nous donne de la surface pour pouvoir s'installer.
29:19Il faut planter nos tentes.
29:21Il faut poser nos containers.
29:23Il faut garer nos véhicules.
29:25On ne va pas rester au bord des routes pendant...
29:29On a un mandat qui est d'un an,
29:30mais d'un an qui sera peut-être renouvelé après.
29:32Donc il faut quand même s'installer pour durer.
29:36Ce n'est pas une petite installation provisoire.
29:39On est obligés, maintenant,
29:41de ralentir ou d'arrêter l'arrivée des contagions suivantes.
29:45On ne va pas s'empiler les uns sur les autres.
29:56A Beyrouth, les soldats continuent d'affluer.
29:59Le peloton de Frédéric doit percevoir les gilets pare-balles,
30:02les casques, les bérets et munitions.
30:04Le peloton, ça tombe bien que vous soyez là.
30:06Regroupez-vous. Tout le monde est là, d'entre ceux qui doivent être là.
30:09Je sais que la grande majorité d'entre vous avait déjà perçu une frague.
30:12Je veux qu'avant de partir d'ici, vous vérifiez tout.
30:14Que vous avez le cutter, les groupes sanguins,
30:16que les plaques sont dans le bon sens, etc.
30:19Petit, petit.
30:22Petit, petit.
30:26Chaque soldat vérifie son gilet pare-balles.
30:29Coupés de toute information radio ou télévisée,
30:32les soldats ne lisent que de rares articles affichés dans le camp.
30:36Nous, on a nos chefs, ils nous disent ce qui se passe
30:39et on leur fait confiance à eux.
30:41Les articles des journaux, on lit,
30:43mais nous, les bonnes paroles qu'on prend, c'est nos supérieurs.
30:47Après, les journaux, on raconte ce qu'ils veulent.
30:54Salade de pâte au saumon, j'ai choisi.
30:57Quand on a faim, on n'a pas le choix. Il faut bien manger.
31:01Mais bon, des fois, on imagine ce qu'on pourrait avoir dans notre assiette.
31:08Ça fait mal au cœur, des fois.
31:11Une bonne raclette, à Lourdes.
31:27En arborant le béret bleu, les soldats deviennent soldats de l'ONU.
31:37Ça a de la gueule. Effectivement, je pense.
31:40C'est le but, d'avoir de la gueule.
31:46Il faut le mouiller carrément plus. Il faut que tu le détrompes.
31:50Ensuite, tu le mets en forme et tu le laisses sécher.
31:53Tu l'enlèves proprement, comme le béret bleu marine qu'on a.
31:57Tu le poses et tu le laisses sécher.
31:59Il faut carrément le mouiller. Il faut le tordre, détremper,
32:03comme une serpillière. Il ne faut pas s'embêter.
32:06Je te laisse y aller. Je suis à la 3. Je repasse te voir après.
32:10Frédéric a été convoqué par son capitaine,
32:13qui lui réserve une bonne nouvelle.
32:19C'est mon peloton qui sera le premier de Leclerc à entrer au sud de Liban,
32:22comme ça a été mon adjoint, qui a été le premier à piloter un char
32:26qui a débarqué sur le sol libanais.
32:28Pour l'instant, le peloton a beaucoup de chance
32:31d'être le premier à débarquer et à descendre en zone sudée.
32:36Il ne reste plus que 24 heures à Frédéric et ses hommes
32:39pour préparer leur départ.
32:40Ce sera pour tous une plongée dans l'inconnu.
32:43Dernier moment de répit.
32:44J'attends mon tour pour aller à la douche.
32:48Je crois qu'ils ne sont pas pressés.
32:50Les ordres, c'est qu'on doit rester 4 minutes sous la douche.
32:53Là, apparemment, c'est un petit moment qu'il y est.
32:59On va voir.
33:02Il est bon ? Il est propre ?
33:04Hein ? C'est bon.
33:05C'est bien ?
33:07Vous avez un petit robinet ?
33:09La petite pochette pour le savon.
33:14La petite pochette pour le linge propre.
33:17Une claquette.
33:19Ah oui, c'est tout un arbre.
33:23Le petit bec pour les chaussures.
33:25Une douche d'alimentation.
33:26Une douche d'alimentation.
33:28Une douche d'alimentation.
33:29Merci.
33:41Le lendemain, à Nakoura, la journée de la paix.
33:44L'occasion de rappeler le lourd tribut payé par les soldats
33:48et les casques bleus ici, au Liban, depuis 28 ans.
33:51En juillet dernier, six membres de la Finul ont été tués,
33:5513 autres blessés sous les obus israéliens.
34:19Prêt ?
34:20Seul !
34:23Avec les nouveaux renforts, le général veut faire oublier l'ancienne Finul.
34:27Dans quelques jours, il possédera les armes de la dissuasion.
34:30Chars, blindés, armements et règles d'engagement.
34:34Personne ne pourra plus s'en prendre impunément aux soldats de la Finul.
34:37C'est une liste de règles, c'est le cas de Guire,
34:41qui vous disent, cas par cas,
34:45quand vous pouvez utiliser la force,
34:49quand vous ne pouvez pas l'utiliser
34:52et jusqu'à quel niveau vous pouvez l'utiliser.
34:55Un obstacle sur une route, on nous barre une route.
34:58On nous dit, maintenant, vous ne pouvez plus passer.
35:01On fera en sorte de passer.
35:04Le niveau...
35:07extrême, c'est le tir à tuer.
35:11À partir du moment où j'ai mes règles d'engagement,
35:13je n'ai pas besoin de demander à New York l'autorisation de les appliquer.
35:16Je veux dire qu'entre ici et New York,
35:20c'est un compte-rendu a posteriori, la plupart du temps.
35:24On règle d'abord le problème et après, on rencontre.
35:28Avec à leur tête un chef qui a les pleins pouvoirs,
35:31les Casques Bleus imposent à nouveau le respect.
35:33Ils retrouvent leur véritable autorité de soldats de la paix.
35:43Décollage pour Beyrouth.
35:45Le général va retrouver le 1er bataillon de Casques Bleus
35:48et accueillir le ministre français de la Défense.
36:02Général Pellegrini, courdon infime.
36:07J'ai obtenu
36:10que vos ordres soient précis.
36:14Que vos règles d'engagement soient robustes.
36:17Que vous puissiez opérer
36:20avec rigueur,
36:23vigueur et fermeté.
36:28Merci.
36:29C'est bon ?
36:31J'ai eu l'honneur.
36:32Allez.
36:33Je vous en prie.
36:34Le désarmement de Hezbollah,
36:36est-ce que ça, c'est une tâche principale pour des forces libanaises ?
36:39Le désarmement de Hezbollah n'est pas l'affaire de l'infini.
36:42Vous faites une fixation là-dessus.
36:44Nous, on ne la fait pas du tout.
36:45Nous, notre mission,
36:48c'est d'avoir une zone entre l'Italie et l'Union bleue
36:52où il n'y a aucune armée illégale
36:53et zone à partir de laquelle on ne puisse pas engager des actions hostiles.
36:59Sur le port de Beyrouth,
37:01les blindés aussi revêtent les couleurs de l'ONU.
37:0516 litres de peinture par char.
37:08Les 4 Leclerc de Frédéric,
37:09qui portaient les noms glorieux de la campagne de France,
37:12sont débaptisés,
37:13remplacés par un numéro matricule des Nations unies.
37:16Un coup dur pour les anciens de l'escadron.
37:20Les pilotes, vous vérifiez les VCH et les VTI,
37:22toute l'optique, qu'il n'y ait pas eu de peinture dessus,
37:24qu'on profite d'être ici avec les produits pour...
37:27Et là, par exemple, je vois, il reste une trace sur l'épiscope avant du tireur.
37:30Il ne faut pas hésiter à la faire.
37:31Il faut faire tout ce que vous pouvez faire maintenant,
37:33parce qu'une fois qu'on sera dans le sud,
37:34du diluant, on ne va pas en trouver sous une pierre.
37:36On trouvera plutôt des scorpions.
37:39Ça fait bizarre, car nous n'en avons pas l'habitude, forcément.
37:42Même si la première réaction a été de se dire,
37:44on n'est pas en blanc, on va être beaucoup plus vulnérable,
37:46parce que beaucoup plus visible.
37:48Là, au moins, si quelqu'un ouvre le feu sur un véhicule des Nations unies,
37:53que ce soit un véhicule léger ou un char,
37:55eh bien, ça aura été fait délibérément.
37:57Et quelque part, en fait, c'est une sorte de protection.
38:06On commence à retoucher au cœur du sujet,
38:08c'est-à-dire reprendre nos chars à nous
38:09et les préparer en vue du départ.
38:13Donc, oui, c'est un moment d'émotion.
38:15En plus, on va se déplacer en zone civile,
38:18entre deux parties du port.
38:20Donc, oui, c'est un moment d'émotion, de fierté,
38:22et une énorme sensation, une énorme sensation.
38:25Je me suis dit de penser pour mes deux filles,
38:26qui sont à ce temps-là, il est 13h10 en France,
38:29donc elles sont en train de se préparer pour retourner à l'école
38:33après avoir déjeuné avec leur maman.
38:34Et je pense qu'elles seront, elles aussi, très fières
38:36de savoir que c'est leur papa qui était la tête de ce flotto
38:39en déplacement en Beyrouth.
38:42C'est la première sortie des Leclerc dans Beyrouth.
38:45Un petit trajet d'un kilomètre
38:46entre le port et la zone de regroupement.
38:57Frédéric, entre fierté et appréhension,
39:00découvre les réactions de la population.
39:06Musique de tension
39:08...
39:15-"Qu'est-ce que t'entends, d'abord ?"
39:17...
39:20Les Leclerc vont maintenant être armés.
39:22Dans quelques heures, c'est le départ vers le sud-liban.
39:25Pour le radio, avec mes enfants effectués,
39:28je n'ai qu'une partie de mes enfants sur le réseau radio.
39:32Parlez.
39:33On a l'habitude d'utiliser ce terme
39:36pour parler de nos véhicules au sein du peloton.
39:41C'est-à-dire que mes 4 chars sont mes enfants,
39:43mes 2 VBL sont mes enfants.
39:47Frédéric rassemble son peloton.
39:50L'infirmier va donner les consignes en cas d'évacuation d'urgence.
39:53Les circonstances, c'est qu'est-ce qui s'est passé.
39:57Accident d'automobile ou de char,
39:59ou, enfin, accident de la voie publique,
40:02plaie par balle, mine, électrisation.
40:05Enfin, les circonstances de l'accident.
40:08Delta, le nombre de blessés.
40:11Eco, la nature des blessures.
40:13Donc là, ça va être, par exemple, traumatisme.
40:16Ça va être brûlure au niveau du visage.
40:21Arrachement de membre.
40:22Ce qu'il faut ajouter, c'est conscient-inconscient.
40:25Plaie par balle, au bras, conscient.
40:28Arrachement de membre, inconscient.
40:32D'accord ?
40:35Alors, je vous vois une parenthèse, comme ça, ça sera fait,
40:38sur demain matin.
40:39On est tous professionnels.
40:41Euh...
40:42Je vais pas demander à un marin chirurgique
40:45qu'il réveille tout le monde, etc., etc.
40:47A 3h30, tout le monde est au véhicule.
40:49Musique de tension
40:51...
40:53Il est 4h30. Le peloton est au complet.
40:56...
41:02...
41:07Roteur !
41:08...
41:16...
41:19La colonne blindée, plus de 60 véhicules
41:22quittent Beyrouth pour un raid de 90 km.
41:25...
41:28...
41:33L'heure matinale a été choisie
41:35pour éviter les encombrements dans la capitale.
41:37Direction le sud.
41:38...
41:437h de route pour rejoindre Derkifa,
41:45dans la zone bleue de la Finule.
41:47Passé le fleuve Litani,
41:49la colonne entre en zone opérationnelle.
41:52...
41:56Bienvenue au sud Liban.
41:58Chaque village esbola arbore les portraits de ses héros.
42:01...
42:06Les soldats découvrent l'ampleur des destructions.
42:09...
42:10Rien à côté.
42:11La traque contre...
42:13Bien nettoyée, certainement.
42:14Ils ont pas fait de détails.
42:16Ouais, c'est...
42:17C'est ce qu'on appelle précis.
42:19...
42:21...
42:26...
42:31...
42:35Frédéric comprend que les rues étroites des villages
42:38pourront à l'avenir représenter un obstacle pour ces chars,
42:41ou même un piège.
42:42...
42:47...
42:52...
42:57...
43:02Nous sommes actuellement en train d'arriver
43:06sur Derkifa, dans l'emprise de Derkifa,
43:08qui va être notre point d'arrêt pour quelques jours.
43:12...
43:13Donc, content que nous soyons tous arrivés.
43:16...
43:21...
43:25...
43:26En route !
43:27...
43:29Ces villages sont des endroits dangereux pour un peloton de chars.
43:32C'est facile d'arrêter un char dans un village avec une voiture,
43:36avec une personne qui passe devant, par exemple,
43:39une femme qui s'arrête, je vais pas l'écraser.
43:41Maintenant, à partir du moment où elle a arrêté le char,
43:44c'est à prendre en compte et à gérer dans le déroulement de la mission.
43:47...
43:51Certains soldats ont déjà effectué plusieurs missions au Liban.
43:54Tous ont été élevés dans le respect des aînés et du sacrifice.
43:57...
43:58Un baguette-chef a été mort ?
44:00C'était avec le RHP.
44:01C'était avec le RHP ?
44:02Donc, ça doit être juste avant ou juste après ?
44:04C'était juste...
44:06C'était de septembre, septembre 82 à...
44:10C'est le mandat d'avant.
44:11Janvier 85.
44:12Le 2 juin, ils ont pris un tir de mortier.
44:14Il y avait Gansard, trésorier au régiment, brigadier à l'époque.
44:17Mon premier chef de peloton a été brigadier aussi.
44:19Bref, ils ont pris tir de mortier sur tir de mortier.
44:23Il y a eu un mort à l'escalon.
44:25Comment on met ce trou de chez nous qui avait été vachement blessé ?
44:28Le caporal-chef Dauphin...
44:30On avait eu un mort chez nous à 4h30.
44:33...
44:37Le ministre de la Défense est venu saluer les héros du jour,
44:40les équipages des Leclerc.
44:42Comment ça va ?
44:43Je suis le chef de peloton de Charles Leclerc.
44:46Bien. Alors, la route ?
44:48La route s'est bien passée. Il a fait très chaud.
44:51Vous êtes sortis de Beyrouth sans problème ?
44:53Sans problème.
44:54Comment on vous a regardé ?
44:55J'étais en tête de colonne et les gens avaient un regard étonné.
44:58Selon qu'on avance de plus en plus dans le Sud,
45:00il y a certains gestes qui ont été relativement désagréables.
45:04Certains gestes désagréables ?
45:05Oui. Que je ne montre pas.
45:07On peut imaginer.
45:08Enfin, pas devant le ministre, c'est ça.
45:10On va s'en retourner.
45:12...
45:17Voilà.
45:18...
45:26Alors, justement...
45:27Allez !
45:29Tiens.
45:30Alors, content ?
45:31Heureuse.
45:32Embuscade.
45:33Content, Ciseaux ?
45:35Il se ploie.
45:36Ça n'aurait pas été pris en photo avec la ministre ?
45:39T'as l'habitude ?
45:40Oui.
45:41Vous savez où il est ?
45:42Le principal ennemi des casques bleus, ce sont les mines.
45:46Au moins 1 200 000 sous-munitions ont été répandues
45:49par l'armée israélienne lors des bombardements
45:51en juillet dernier dans le Sud-Liban.
45:53Une zone déjà truffée d'engins explosifs depuis 30 ans.
45:56...
45:58C'est pourri, ce côté-là.
45:59Toute la frontière, tous les mecs qui sont venus en 2000,
46:03ils disaient...
46:04Ils pissaient sur la clôture, t'as vu, ils me disaient qu'ils pédaillent.
46:07Putain.
46:09C'est miné de chibouris.
46:12Ah ouais, c'est pourri de chibouris.
46:16Mais ça ne m'étonnerait pas que...
46:18À l'intérieur des terres, il y en a aussi.
46:21On est conscients que ce n'est pas une tâche facile qu'on nous impose,
46:24mais on va la remplir.
46:26On est venus pour ça.
46:27J'ai envie de le voir romper.
46:29Voilà. On ne part pas le pied à l'aventure comme ça.
46:33Donc on s'informe.
46:35On doit être informé avant d'avoir un incident.
46:40Une mine, ça fait tellement de dégâts.
46:44La consigne principale, c'est de rester sur les axes.
46:47Ne pas s'écarter de l'axe
46:49si on ne va pas poser sa pêche en dehors de la route.
46:54On risque d'y laisser un pied, une main ou un membre.
46:57...
46:59Musique douce
47:03...
47:06...
47:28Derkifa,
47:29premier réveil en zone opérationnelle.
47:32Frédéric est déjà au pied de son engin.
47:40Il a été désigné pour effectuer une patrouille au sud de la position.
47:44Il prépare son itinéraire.
47:45Avec moi, par jaune 10, l'adjudant Denis, jaune 60, c'est bon, jaune 60, lieutenant.
48:01Donc par ce VBL et les deux VBL de tête qui sont positionnés ici.
48:04Le lieutenant Saint-Saëns ouvrira la route.
48:1610, colonne en avant, je suis en tête, à 50 mètres entre les véhicules, en avant.
48:26Ok, à droite, doucement, il y a une mobilette à gauche.
48:36Ok, en avant.
48:40On va jusqu'au prochain checkpoint.
48:42Doucement, comme la voiture.
48:50Moment tant attendu pour le lieutenant Saint-Saëns.
49:06En tête de la reconnaissance, il a la responsabilité de l'itinéraire.
49:11Tu regardes ton compteur, tu me dis quand t'as fait 4 km, normalement, on sera dans un gros village.
49:16Tous Saint-Saëns en éveil, ils scrutent chaque compartiment de terrain, guettent le moindre détail, ils entrent dans la mission.
49:22C'est mythique, formidable.
49:28Je dis que c'est mythique et formidable, et pas que la cheveux, à droite, je dis que c'est mythique et formidable, car je suis en tête de la première recours.
49:37J'éclaire donc la compagnie et j'ai eu un moment de joie personnelle dans ce cas.
49:49Tu roules pas trop vite pour qu'on trouve la piste qui part à droite.
49:54Frédéric va profiter de cette première sortie pour confronter sa carte avec la réalité du terrain.
50:00Non, non, avance, avance, avance.
50:02Il doit repérer chaque route, chaque piste et carrefour.
50:06Je te rappelle qu'on reste sur les axes, ok, poursuis.
50:09Dans les prochains jours, il va y engager ses chars.
50:14La menace, elle peut venir du sud, elle peut venir du Liban, elle peut venir de partout, de partout, de partout.
50:21C'est ce qui est imprévisible dans ce pays.
50:22On s'y prépare et on a des moyens qui nous permettent d'envisager les menaces avec sérieux et le sentiment qu'on peut y faire face.
50:38Quel pourrait être le pire?
50:43Faut jamais parler du pire.
50:44Deux jours après l'arrivée du contingent français au sud de Liban, une marée jaune à la couleur du Hezbollah déferle dans la banlieue sud de Beyrouth.
50:58A l'appel de leur idole, Hassan Nasrallah, ils sont venus fêter la victoire contre l'armée israélienne.
51:04Nasrallah, l'homme du parti de Dieu, considéré par les Israéliens comme le chef d'une organisation terroriste.
51:10Il refuse de parler du désarmement de sa milice.
51:14Il déclare être en possession de 20.000 roquettes.
51:18Une mise en garde à la communauté internationale.
51:23Un avertissement au casque bleu.
51:26Alors que Beyrouth s'endort au son des kalachnikovs, la mission périlleuse des soldats de la paix ne fait que commencer.

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