Le rapporteur général du budget, Jean-François Husson (ex-LR), s'est exprimé devant la presse au Sénat, ce 4 septembre 2024.
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00:00La Direction générale du Trésor chiffre à près de 57 milliards d'euros. Dès 2025, l'effet de l'absence de mise en œuvre effective des mesures d'économie annoncées dans le programme de stabilité en avril,
00:17Imaginez-vous ce montant colossal. C'est, à titre de comparaison, l'équivalent de tout le budget de la Défense de la France. Alors autant le dire, personne n'est dupe.
00:31Un tel montant d'économie n'a d'abord jamais existé. Et la trajectoire présentée par le gouvernement en avril était – disons-le – totalement irréaliste.
00:42J'avais d'ailleurs estimé lors de notre débat sur le programme de stabilité qu'il était légitime de se demander si l'exécutif lui-même y croyait ou se contentait d'une opération de communication.
00:55Force est de constater que nous avons désormais la réponse. Comme nous le disons, depuis des mois, seul un projet de loi de finances rectificative aurait permis de commencer à redresser les comptes publics.
01:08Le gouvernement a fait le choix assumé de ne pas en présenter et donc de laisser se dégrader les comptes publics. De cette conjonction de recettes, plus faible qu'attendue,
01:20et d'une dépense qui dérive dangereusement, eh bien il résulte une dégradation historique, historique encore une fois, des comptes de la nation.
01:30Le solde public serait, d'après la direction générale du Trésor, de 5,6% du PIB en 2024 au lieu de 5,1% lors du programme de stabilité en avril.
01:44Et je le rappelle, de 4,4% dans le cadre de la loi de finances initiale adoptée par la précieuse du 49-3. C'était il y a longtemps. C'était il y a 9 mois.
01:569 mois pour une telle dérive. Et on nous annonce, la même note de la direction générale du Trésor, 6,2%. C'est-à-dire, si on regarde 4,1% dans le PESTAB pour finir en 2025 à 6,2%,
02:13ça voudrait dire 60 milliards et 50% d'augmentation de la dérive. Excusez du peu. Cet écart entre le 6,2% et le 4,1%, qui – je le répète – date d'avril, c'est donc 60 milliards.
02:30Et pour mémoire, pour un peu resituer les choses, à la sortie du Covid en 2021, le déficit public était de 6,6%. Nous nous rapprochons donc sans aucune raison objective, sans aucune raison extérieure,
02:46sans crise des niveaux de déficit que nous avons connus lors de la crise sanitaire. Autant vous le dire, c'est inacceptable. Et c'est peut-être et sûrement insupportable pour notre pays.
02:59Je n'hésite donc pas à qualifier la politique budgétaire du gouvernement de catastrophique, d'autant que ces chiffres sont peut-être encore un peu optimistes,
03:08puisque tous les facteurs de risque listés dans les notes de l'administration pour la fin de l'année peuvent pour certains se réaliser.
03:19Les ministres insistent dans leur courrier de transmission sur le fait que ces prévisions ne constituent pas une prévision du gouvernement, car celui-ci,
03:29en tant qu'organe politique, prévoit d'adopter ou de faire adopter des mesures qui auraient un impact sur le sol. Mais le gouvernement, c'est des ministres démissionnaires,
03:40c'est un gouvernement démissionnaire. Il est dépourvu de légitimité démocratique. Il expédie les affaires courantes. Il ne prendra donc aucune mesure. Autant le dire, c'est de l'esbrouf.
03:51Ces chiffres doivent donc être vus comme un état des lieux de la situation des finances publiques, laissés au prochain gouvernement – je le mets au singulier – avec un déficit abyssal.
04:02Alors, je rappelle qu'en 2017, la majorité nouvelle d'alors, avec le nouveau président de la République, a hérité d'un déficit à 3% du PIB.
04:14Nous pensons donc, avec mon collègue le président Claude Reynaud, que le moment est venu, à l'heure de la prise de fonction d'un nouveau gouvernement,
04:23de mettre l'accent sur la nécessité d'adopter – je dirais même d'adopter enfin – une politique budgétaire crédible et sérieuse.
04:32Quand je dis « crédible », je parle d'une politique budgétaire qui sera autre chose que des annonces sans lendemain, non suivies des faits.
04:39Je parle donc d'une trajectoire budgétaire qui serait respectée et de compte public enfin tenue, enfin bien tenue, l'inverse de ce qui se passe jusqu'à présent
04:52et depuis plusieurs années. Et il est donc temps, grand temps, d'arrêter d'utiliser le Covid ou l'inflation pour se cacher derrière les réalités
05:00où son petit doigt... Enfin c'est plutôt une main, maintenant. La situation financière catastrophique de notre pays est de la responsabilité exclusive
05:09de l'exécutif – je dirais – du gouvernement, des gouvernements successifs sortant. Petite précision. Depuis 2017, deux personnes sont en responsabilité constante.
05:21Le président de la République élu et réélu au suffrage universel et le ministre de l'Économie et des Finances. Tous les pays ont subi les mêmes crises.
05:31Mais la France est 24e sur 27 en matière de déficit public en Europe. Nous laissons derrière nous l'Italie, la Hongrie et la Roumanie.
05:39Et il n'y a plus, s'agissant des dettes publiques, que l'Italie et la Grèce en Europe pour avoir une dette publique plus importante que la nôtre.
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