Alors que l'Etat annonce qu'il va entrer au capital de la filiale de Sanofi, qui produit le Doliprane, la députée insoumise Clémente Guetté se dit "sceptique" et demande à ce que la nationalisation de l'entreprise soit étudiée.
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00:00Il est 7h49, Sonia De Villers, votre invitée, est députée RFI-NFP du Val-de-Marne et vice-présidente
00:09de l'Assemblée Nationale.
00:11Bonjour Clémence Guettet.
00:12Ce soir débute l'examen du projet de loi de finances à l'Assemblée Nationale, après
00:17un week-end déjà très musclé sur le sujet.
00:19Vous venez d'entendre Dominique Seux, nous allons en parler ensemble évidemment.
00:22D'abord, d'abord, un accord a été trouvé hier soir, l'État va entrer au capital d'Opéla,
00:28la filiale de Sanofi qui commercialise le Doliprane afin de s'assurer qu'il n'y aura
00:32ni casse sociale, ni rupture du stock.
00:34Qu'en pensez-vous ?
00:35Je suis très sceptique et j'attends de voir, on va voir les détails de l'accord dans la
00:39journée mais comme les syndicats, on craint que ça soit accompagné d'un plan social
00:43énorme.
00:44Ce fonds américain d'ailleurs qui va reprendre cette filiale, c'est un spécialiste des plans
00:49sociaux, je rappelle qu'il a repris Butte, Conforama et qu'il y a eu des milliers d'emplois
00:53supprimés.
00:54En matière de souveraineté sanitaire, je pense qu'on n'a vraiment pas tiré les leçons
00:58du Covid, on s'est quand même retrouvés démunis pour faire des vaccins, pour faire
01:02des traitements.
01:03On voit que depuis des mois, il y a des pénuries de médicaments sur des médicaments absolument
01:06essentiels pour les Français.
01:07Donc on est extrêmement inquiets, il y aurait autre chose à faire en cette matière.
01:11C'est-à-dire la nationalisation intégrale de Sanofi ?
01:15Il faudrait l'étudier parce que ça coûte évidemment extrêmement cher, c'est un gros
01:19groupe.
01:20La capitalisation boursière aujourd'hui de Sanofi, c'est autour de 130 milliards d'euros.
01:28Dans les caisses de l'État, est-ce qu'il y a 130 milliards d'euros ?
01:32On peut aller en chercher une grande partie, mais je sais qu'on va en discuter juste après
01:36dans cette matinale.
01:37Il n'empêche qu'on sait aussi qu'avec le changement climatique, les pandémies elles
01:40vont se multiplier.
01:41Et qu'on doit s'armer pour pouvoir faire face à ça, et notamment la recherche médicale
01:47est absolument fondamentale pour les années à venir.
01:50Donc il y a autre chose à faire en matière de souveraineté industrielle.
01:53Et dans un texte publié hier dans la Tribune Dimanche, trois députés Renaissance, dont
01:57Gérald Darmanin, suggèrent de céder des participations dans des entreprises cotées.
02:02L'État en détiendrait autour de 180 milliards.
02:06Et ces députés disent qu'il suffit d'en vendre 10% et plus la peine de hausse d'impôts,
02:12plus la peine d'augmenter les charges qu'ils estiment contre-productives.
02:17C'est pas une piste, parce que Bercy s'y est dit pas tout à fait opposé.
02:20J'ai aucune surprise là-dessus que la droite ne soit pas opposée au fait que l'État
02:25brade absolument tout, puisque c'est ce qu'on fait depuis 40 ans en France.
02:28On a bradé des services publics essentiels, on a privatisé des entreprises sur lesquelles
02:34on avait la main, les aéroports, bref.
02:36Ce sont des vieilles recettes.
02:37Et en fait, je suis atterrée qu'on continue de nous présenter cette pensée dominante
02:43qui nous a menées dans le mur budgétaire qu'on voit aujourd'hui, comme la solution.
02:48Et nos propres solutions, c'est-à-dire un autre système de partage des richesses, des
02:53nationalisations, comme des solutions aberrantes.
02:56Je pense que les grands génies de la finance qui sont aux manettes depuis 40 ans, en appliquant
03:01les recettes néolibérales, devraient faire preuve d'un tout petit peu d'humilité.
03:05D'Armanin en premier lieu, je rappelle quand même, ils veulent céder des participations
03:12de l'Etat.
03:13C'est-à-dire qu'ils veulent affaiblir l'Etat dans un moment où il faudrait faire absolument
03:16l'inverse.
03:17Que l'Etat reprenne des marges de manœuvre.
03:19Parce qu'on a devant nous l'urgence sociale, on connaît la situation de pauvreté des
03:23Français aujourd'hui, après cet an de macronisme, et on a devant nous le changement climatique
03:27et la nécessité de faire la bifurcation écologique.
03:29Et je veux dire une autre chose, Tavares, 36 millions d'euros par an, il y a un moment,
03:35l'Etat devrait faire quelque chose en matière de souveraineté industrielle, il en a les
03:38moyens et les macronistes veulent faire la masse.
03:40Vous voulez aussi privatiser l'industrie automobile.
03:45Bon, alors, venons-en au budget, on l'a dit, examin de la première partie de la loi de
03:49finances pour 2025, celle qui concerne les recettes, c'est-à-dire les impôts, les taxes,
03:54les prélèvements.
03:55La France Insoumise va-t-elle maintenir sa motion de rejet ?
03:57En tout cas, on va la présenter et on va dire ce qu'on a à dire sur ce budget.
04:02Même le Rassemblement National a déjà dit qu'il ne la voterait pas.
04:05Mais le Rassemblement National fait ce qu'il veut, ça fait quelques mois qu'il a décidé
04:09de sauver M.Macron, qu'il a décidé de valider le gouvernement de M.Barnier de droite, qu'il
04:16a décidé de valider le budget austéritaire, le fait que M.Barnier est pour la retraite
04:21à 65 ans.
04:22Je veux dire, il y a une chose de l'enseignement qu'on peut tirer de cette commission des finances
04:26qui s'est passée la semaine dernière, c'est qu'il y a maintenant une alliance qui est
04:29très claire, que les Français doivent absolument comprendre, qui va de la macronie en passant
04:33par la droite jusqu'à l'extrême droite pour faire les poches de toujours les mêmes personnes,
04:37c'est-à-dire le grand nombre.
04:38C'était ça le budget initial qui nous était présenté et qu'on a amendé.
04:41Vous l'avez dit à la fin, il y a eu un vote contre, ce que vous avez appelé un sursaut
04:46sans doute de bonne conscience en dernière minute.
04:49C'est l'édito de Dominique auquel vous faites référence.
04:51Exactement, ce qui veut dire que le RN a validé le budget austéritaire, permet au
04:56gouvernement Barnier de continuer de faire les poches des Français.
04:58C'est quand même une question, c'est-à-dire 60 milliards d'euros de prélèvements supplémentaires
05:04qui ont été rejetés finalement samedi.
05:07Est-ce que c'était une bonne idée d'y aller aussi fort sur le choc fiscal ? Puisque finalement
05:13ça ne conduit qu'à une chose, au rejet Michel Barnier a dénoncé un concours lépine
05:17fiscal, le ministre des Comptes publics a parlé d'un « enfer fiscal » en France,
05:21le député Ensemble David Damiel a parlé de « boucherie fiscale », de « budget
05:26Frankenstein ».
05:27Non mais là encore un petit peu d'humilité, aujourd'hui avec les macronistes il y a
05:31eu 1000 milliards de dettes supplémentaires, il y a 200 milliards d'aides aux entreprises
05:36qui profitent largement aux grands groupes, sans contrepartie sociale, sans contrepartie
05:39écologique.
05:40Ça c'est les recettes magiques de la macronie qui nous mettent dans cette situation aujourd'hui.
05:45En plus ça fait des semaines que le gouvernement dit « nous on va présenter un budget mais
05:50très simplement et puis les parlementaires pourront amender ». Parce qu'en fait c'est
05:52notre rôle.
05:53Pourquoi 60 milliards ? Parce qu'en fait c'est le chiffre miroir de ce que Barnier
05:58veut faire comme coupe dans les budgets.
06:00Les budgets c'est pas n'importe quoi, c'est les ministères, donc l'État, c'est
06:04quasiment 2 milliards de moins pour l'écologie, c'est 4000 profs de moins dans le pays,
06:09c'est les budgets des collectivités alors qu'elles sont déjà à l'os et qu'elles
06:11n'arrivent plus à faire face à tout ce qui leur est demandé, c'est le budget
06:15de la sécurité sociale.
06:16Donc nous on est allé chercher 60 milliards de recettes supplémentaires et pas n'importe
06:20où.
06:21Je veux vraiment faire entendre qu'il y a eu une suraccumulation des recettes.
06:24Laurent Saint-Martin, le ministre des Comptes publics, répond justement à ces amendements
06:30nés en commission de finances et dit que c'est un matraquage fiscal qui toucherait
06:34tous les Français.
06:35Les économies de toute une vie, des PME familiales, des successions, des transmissions,
06:40des assurances-vie, des épargnes, des résidences principales.
06:43Lui il dit que ces hausses impacteraient tous les Français de la classe moyenne comme
06:47les petites entreprises.
06:48Il ment.
06:49C'est leur budget initial qui avait cet effet-là et c'est justement ce qu'on
06:52lui reprochait.
06:53C'est-à-dire de taper tous azimuts sur tous les Français, y compris sur ceux qui
06:56n'ont plus les moyens aujourd'hui de payer.
06:58Par exemple, la taxe sur l'énergie qu'ils avaient prévue initialement.
07:03Ça agissait indifféremment sur tous les Français.
07:05D'accord les gros consommateurs d'énergie, mais aussi n'importe qui, les petits ménages,
07:10pour leur consommation quotidienne.
07:12Nous on a voté au contraire le fait que la TVA puisse être amoindrie pour les premiers
07:16kilowattheures, c'est-à-dire ceux qui sont indispensables à la vie.
07:20Donc c'était leur budget qui créait cet effet-là, indistinct, on tape sur tout
07:23le monde, etc.
07:24Eux ils proposaient 19 milliards de prélèvements, vous vous en proposez 60 de plus.
07:29Oui, mais principalement sur les plus riches, une nouvelle fois, les super profits, les
07:33super dividendes des entreprises, les bénéfices des très grandes entreprises qui sont effectivement
07:37réalisés en France.
07:38Ça va se finir par un 49-3 à votre avis Clément Segueté ?
07:40Je pense que c'est possible, en tout cas la Macronie installe déjà la petite musique
07:45de la violence démocratique qui va s'abattre sur nous, parce qu'il raconte à la fois
07:48qu'on peut amender.
07:49Et en fait ils refusent absolument le fait démocratique en France, ils ont refusé le
07:53résultat des élections.
07:54Je rappelle quand même que le Nouveau Front Populaire, notre programme, celui qu'on a
07:58défendu en commission et celui sur lequel on a gagné au fur et à mesure de ce budget
08:01jusqu'à ce que le RN sauve la peau de la Macronie à la fin, je rappelle que c'est
08:05ce programme-là qui est arrivé en tête, ce n'est pas l'autorité de M.
08:08Barnier.
08:09Donc il va y avoir un 49-3 à votre avis cette semaine ?
08:10Moi je ne suis pas macroniste, mais visiblement ils n'ont pas l'intention de laisser le parlement
08:13être souverain des décisions pour la France.
08:15Dans dix jours, le RN va proposer son texte abrogeant la réforme des retraites.
08:22Aymeric Caron, affilié insoumis, se dit qu'après tout, il faudrait peut-être voter à leur
08:30côté, il faudrait peut-être voter aux côtés du RN, parce qu'il n'y a pas de raison
08:35de laisser la bataille sur les retraites au RN.
08:39Est-ce que vous vous seriez prête à voter un texte du RN ?
08:42La première chose que je veux redire, je l'ai dit très rapidement, mais quand le RN valide
08:47le gouvernement Barnier, il valide la retraite à 65 ans.
08:50C'est ça leur projet, le projet de la Macronie.
08:52Deuxième chose, ils ne sont pas allés dans la rue quand 93% des Français étaient opposés
08:56à cette réforme.
08:57Mais est-ce que les insoumis vont voter un texte du RN ? Ce serait un virage, un vrai
09:02virage.
09:03Clémence Guété, est-ce que les insoumis vont voter un texte du RN ?
09:06Je vais vous répondre, ne vous inquiétez pas, nous l'avons déjà dit, nous allons
09:09prendre notre décision en réunion de groupe.
09:11Je ne vais pas vous cacher que nous en débattons.
09:13Parce qu'en fait, l'objectif, ça ne se fissure pas, il y a du débat, ça se passe
09:17comme ça souvent à gauche et donc on discute.
09:19Mais ce que je veux dire aussi, c'est que nous, la proposition de loi du RN, elle n'a
09:24pas d'avenir dans la navette parlementaire.
09:25Un mois plus tard, c'est la niche de la France insoumise, la niche parlementaire, le jour
09:28où on choisit les textes, il y aura, en premier texte, l'abrogation de la réforme à 64 ans
09:33et ensuite la navette.
09:34Clémence Guété.
09:35Merci.
09:36Et merci Sonia De Villers.