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Ce premier épisode de "Maman Est Malade" explore le parcours émotionnel et les défis liés à la maladie au sein d'une famille. À travers des témoignages poignants, ce documentaire met en lumière les impacts de la maladie sur la dynamique familiale, le soutien et les soins nécessaires, ainsi que les émotions souvent difficiles à exprimer. Les réalisateurs donnent la parole aux membres de la famille, révélant leurs luttes et leurs moments de tendresse, tout en sensibilisant le public aux réalités de la maladie. C'est un voyage intime et touchant qui rappelle l'importance du soutien familial en temps de crise.

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Personnes
Transcription
00:00Carine Jonca est heureuse de collaborer à cette émission.
00:09Je me présente Geneviève Éverelle, aussi appelée sous le nom de Miss Sushi.
00:16À l'aube de mon accouchement, je me suis découverte finalement d'un cancer du sein.
00:23J'ai examiné son sein et ça m'a quand même inquiétée.
00:26À l'échographie, c'est là qu'on a suspecté la tumeur.
00:30Il y avait comme une partie de moi qui ne voulait pas y croire.
00:31Je me disais « Ah ben non, on a trouvé une bonne étoile toutes les deux. »
00:35Ce n'est pas ça.
00:39Il y a des minutes où je n'y pense pas.
00:41Il n'y a personne qui réfléchit à ça, qui pense peut-être qu'il va y avoir un cancer du sein.
00:45On pense que c'est vraiment des changements normaux pendant la grossesse.
00:49Mon mal ne s'en va pas au ciel.
00:50Ben non, ben non, pas du tout.
00:53Ce que je trouve difficile, c'est de trouver les bons mots pour la réconforter.
00:57C'est comme si je me sentais mal d'avoir un petit être dans un corps malade.
01:06J'ai hâte de la tenir dans mes bras, c'est sûr.
01:09Mais après ça, ça va être d'embarquer dans le moins beau.
01:12Il va falloir que je vive avec le beau et le lait de cette aventure-là en même temps.
01:27Je croyais que j'avais une petite bosse dans mon sein gauche à cause de la grossesse.
01:32Je me disais, ben là, c'est sûr que ça travaille, les glandes.
01:36Ça agrossit quand même assez rapidement.
01:39J'ai demandé à ma docteure de suivi de grossesse gentiment, de juste regarder ça.
01:44Ben, j'ai malheureusement constaté rapidement dans son regard que ce n'était pas normal.
01:49Geneviève s'est présentée à son rendez-vous de 33 semaines de grossesse.
01:54Puis tout se passait bien pour la grossesse,
01:56mais elle avait une inquiétude par rapport à la masse au sein.
01:59Elle avait remarqué que ça avait grossi depuis quelques semaines.
02:03Donc, j'ai examiné son sein et ça m'a quand même inquiétée.
02:07Puis, à l'échographie, c'est là qu'on a suspecté la tumeur.
02:14Ici, on voit les images de la masse de Geneviève.
02:18Ça va suivre un peu la souris, la démarcation entre subnormal et anormal.
02:26Dès que j'ai reçu le rapport d'échographie, j'ai appelé Geneviève.
02:30Puis, dans le rapport, c'était écrit que c'était une forte suspicion de malignité.
02:35Je m'en rappellerai toujours.
02:36En fait, c'est le 19 janvier dernier pour me dire,
02:41moi, je le vois, ce qu'il y a à l'échographie de ton sein.
02:45Puis, c'est une masse maligne, cancéreuse et invasive.
02:52Donc, j'ai compris à ce moment-là que j'avais le cancer.
02:57Mais, on n'avait pas fait la biopsie encore.
02:58Ça fait qu'il restait un brin de lueur d'espoir.
03:01Donc, la semaine d'après, elle a eu une biopsie sous guidage échographique.
03:07Puis, quelques jours plus tard, malheureusement, le diagnostic est tombé de cancer du sein.
03:12Il n'y a personne qui réfléchit à ça,
03:14qui pense peut-être qu'il va avoir un cancer du sein.
03:16On pense que c'est vraiment des changements normaux pendant la grossesse.
03:20Et parce que c'est tellement peu fréquent, je dirais que c'est définitivement en bas de 1 %.
03:24Est-ce que c'est 0,1 % ou 0,2 %?
03:28Mais, c'est ça la problématique aussi.
03:30C'est parce que quand on est enceinte, les seins changent.
03:32Ils augmentent de volume.
03:34La forme change.
03:35Mais, ça peut arriver à toutes les femmes, un cancer du sein,
03:39même en bas de 20 ans, surtout avec une mutation génétique.
03:42Donc, si on a une masse au niveau du sein, la forme du sein change,
03:46il coule moins au niveau du mamelon.
03:48Il faut vraiment consulter.
03:54On veut traiter les patientes le plus vite possible.
03:57Pour ça, c'est important d'avoir une discussion avec le gynécologue
04:01et avec la patiente pour voir ses souhaits.
04:03Il y a des patientes qui veulent vraiment aller à terme.
04:06Puis, c'est correct, c'est un choix de la patiente.
04:09Mais, généralement, on va accoucher la patiente quelques semaines plus tôt.
04:12Pour être en mesure de commencer les traitements le plus vite possible.
04:15C'est correct?
04:16Oui.
04:17La découverte de la masse était à 33 semaines.
04:19Une fois qu'on a eu le diagnostic, le médecin était quand même rendu à 35 semaines de grossesse.
04:24Donc, les risques qui bénéficient pour le bébé par rapport à l'urgence du traitement,
04:31on a jugé avec son oncologue, l'équipe de concessaristes,
04:34que deux semaines de plus ou moins par rapport à sa maladie,
04:38ça n'allait pas vraiment changer son pronostic.
04:40Mais, ça pouvait quand même faire une petite différence pour son petit bébé.
04:43Chez Mme Avril, on s'entend que sa masse était vraiment d'un volume assez important.
04:49Puis, elle avait un ganglion aussi qui était métastatique.
04:52Quelqu'un qui peut-être a un plus petit cancer, on attendrait le 40 semaines.
04:57Mais, chez quelqu'un où on sait que ça prend de la chimiothérapie
05:01et la tumeur est vraiment un diamètre important avec des ganglions positifs,
05:06bien là, ça urge le traitement.
05:08Honnêtement, le mot cancer, c'est le mot probablement le plus effrayant du dictionnaire.
05:15Je veux dire, il y a des minutes, puis il y a des minutes, seulement des minutes,
05:19pas des heures, mais il y a des minutes où je n'y pense pas.
05:24Puis, il y a des minutes où je pense, puis je vais voir qu'est-ce que j'ai à faire.
05:39Quand on apprend qu'on a le cancer et qu'on est à la fois enceinte,
05:43souvent, en fait, ce qui se passe au plan psychique,
05:47ce que nous, on observe en tout cas, c'est que ça multiplie les pertes de contrôle.
05:52Il y a plein de questionnements qui viennent.
05:53Premièrement, est-ce que je continue ma grossesse ou pas?
05:55Ensuite, on a des questionnements aussi au niveau de qu'est-ce que cet enfant-là
05:59va pouvoir porter de ce traumatisme-là.
06:01Nous, comme professionnels, on veut surtout s'assurer, quand la grossesse continue,
06:06que l'attachement primaire, que c'est présent.
06:10Moi, je suis quand même quelqu'un de toujours un peu un éternel optimiste, un éternel positif.
06:14Fait qu'au début, on dirait qu'il y avait comme une partie de moi qui ne voulait pas y croire.
06:16Je me disais comme, ah ben non, ah ben non, on a trop une bonne étoile, toutes les deux.
06:20Ce n'est pas ça, ce n'est pas ça.
06:21On va attendre avant, on va attendre d'avoir le diagnostic très précis avant de s'en porter.
06:27Puis, finalement, ça va être ça.
06:29On dirait que là, j'ai fait OK, là, c'est moi qu'il faut qu'il remonte ses manches
06:32puis qu'il soit solide à travers tout ça.
06:35On va focusser sur le bébé puis rétablir ma maman le plus tôt possible.
06:53Vous connaissez ma première invitée ce matin.
06:56Bonjour Geneviève Éverelle.
06:57Allô.
06:57Salut Geneviève.
06:59Entrepreneur à succès derrière le nom, mais Sushi, autrice d'une douzaine de livres culinaires,
07:04dont le parcours de vie, Geneviève, a été jalonné de toutes sortes d'épreuves.
07:07Oui.
07:08Ma première question, évidemment, ce matin, c'est comment tu vas?
07:10J'y vais très bien, à l'aube d'être maman une deuxième fois.
07:14Dans trois jours.
07:15Oui, c'est fou de savoir qu'on a une date puis une heure précise à laquelle on va voir notre petit bébé.
07:21Donc, non, ça va super bien ce matin.
07:23Tu sais, je t'entends puis les gens t'entendent être très d'aplomb.
07:27Ici, il y a une équipe télé qui te suit, tout de suite, ton réflexe de vouloir documenter,
07:31de vouloir faire quelque chose avec ça.
07:33C'est-tu la femme d'affaires qui prend le dessus puis qui se met en mode c'est la solution
07:38parce que si tu ne faisais pas tout ça, les émotions te submergeraient?
07:43J'ai besoin de me mettre en action parce que je pense que c'est là où moi,
07:48ma personnalité à moi, ne pourrait pas survivre psychologiquement, si on veut.
07:53Donc, j'ai besoin de faire OK, on rend tout ça, on met un sens à tout ça.
08:04C'est rapidement très thérapeutique pour moi de partager une histoire.
08:09J'ai envie de poursuivre dans cette aventure-là, de partager ce nouveau pan de ma vie
08:15puis cette nouvelle histoire-là dans le but que jamais aucune femme humaine
08:21ne reçoive un diagnostic comme ça, toute seule.
08:24Tu veux le masquer?
08:25Oui, un peu comme ça.
08:26Ah, parfait.
08:27Si vous êtes monoparentale, si vous êtes enceinte, si vous avez peu d'entourage,
08:31pas beaucoup de famille, je me suis dit, au moins, j'espère que cette personne-là
08:37va se dire, « Ah, c'est vrai, Miss Sushi ou Geneviève Everelle, peu importe,
08:42elle l'a vécu puis je veux me rassurer. »
08:46En espérant être rassurante.
09:02C'est à partir de cette photo-là qui est quand même assez éloquente.
09:06Puis, c'est là qu'on a annoncé que j'ai décidé, moi, de prendre parole sur mes médias sociaux
09:11pour dire que j'allais vivre ça.
09:13Puis, ça en est déferlé une vague d'amour infinie.
09:17J'ai une armée de gens bienveillants, d'amis, de la famille, des connaissances même
09:23pour certaines personnes.
09:24Je suis à trois jours d'avoir ma fille, puis tout le monde est comme un peu sur la ligne de départ.
09:29On va s'adapter à travers le bébé, puis les traitements, puis j'ai confiance en eux
09:34parce qu'ils savent que je suis gourmande, puis ils sont bien venus de me porter des diplômes.
09:38Je ne suis pas quelqu'un qui demande, mais je sais que dans un autre sens,
09:41je suis quelqu'un qui va être là si j'ai des amis qui ont besoin.
09:45Fait que de savoir que là, bon, bien, de mettre un peu leur gueule de côté
09:49puis faire comme, « Eille, ça se peut que t'en aies besoin d'ailleurs. »
09:53C'est un peu comme ça.
09:55Devant n'importe quelle épreuve physique et psychologique dans la vie,
09:59les humains, on a vraiment besoin, quand on se sent vulnérable, de pouvoir s'appuyer sur les autres.
10:04C'est des gens qui nous permettent des fois de rebâtir nos ressources,
10:08ou quand on ne les a pas, bien c'est d'utiliser les leurs, en fait,
10:12pour vraiment essayer de restabiliser ce qui est en mouvant.
10:18Plus profond de mon aide, je veux t'aider.
10:21Plus profond de mon aide, je veux t'être là, je veux tout faire.
10:25Je ferais déjà tout pour elle. Ça, je pense qu'elle le sait.
10:29Mais c'est pas comme dans une autre sphère de la vie où tu fais comment.
10:33C'est d'aider dans du moins beau, si on veut.
10:37C'est ça que je trouve qui est difficile.
10:39C'est de trouver les bons mots, des fois, pour la réconforter.
10:41C'est de savoir comment agir.
10:43C'est des fois juste de ne pas parler, de faire genre une petite attention
10:47qui fait comme, « Eille, je suis là. »
10:49C'est ça que j'ai trouvé le plus difficile.
10:51Mais je sais que je vais y arriver.
10:56Je pense que quand on ne sait pas comment fonctionner,
10:58on peut tout simplement poser la question,
11:01« Qu'est-ce qui t'aiderait le plus?
11:03Est-ce que ça t'aide quand je te pose des questions sur ta maladie
11:06ou t'es mieux que je t'en pose pas notamment? »
11:08Pour ça, ça prend une communication active et fluide.
11:12On dirait que, symboliquement, je trouvais ça bizarre
11:14qu'elle ait des petits nuages sur sa tête.
11:16C'est des petits nuages.
11:18Ça te faisait quoi?
11:20Je ne sais pas. On dirait comme...
11:22Le ciel?
11:23Non, mais un petit nuage.
11:25Ah, OK!
11:26On a un petit nuage au-dessus de notre peau.
11:28À ce moment-là, ça n'en va pas au ciel?
11:30Bien non, bien non.
11:34Quand on n'a pas la chance d'avoir des proches autour de nous,
11:36on peut faire appel aux travailleurs sociaux
11:38qui sont vraiment là pour évaluer les besoins de toutes sortes.
11:42On retrouve chez une proportion des patients
11:44un besoin de se rallier à des gens qui vivent la même expérience
11:48pour aller chercher soit un soutien social,
11:51soit une compréhension sans trop parler
11:55de l'expérience qu'on peut être en train de vivre.
11:59Il y a des marraines de seins.
12:01Justement, il y a eu un des soeurs de seins plus tôt.
12:03Je pense que c'est quelqu'un sur qui s'appuyer,
12:06qui peut simplifier, comprendre, vulgariser
12:10avec peu de mots et peu d'énergie.
12:13On rêverait de se réveiller de ce cauchemar-là tous les matins.
12:16Si ça soit fini, c'est exactement ça.
12:18Mais on ne se réveille pas de ça.
12:20De se comparer à pire,
12:23des fois, ça peut nous encourager un petit peu.
12:25Je suis survivante d'un cancer du sein.
12:29Et je suis en rémission depuis maintenant quatre ans.
12:32J'ai eu un cancer du sein très similaire
12:35au profil de Geneviève.
12:37J'ai eu mon diagnostic à l'âge de 35 ans
12:40alors que j'étais enceinte de mon deuxième petit garçon.
12:43À partir du moment où tu es suivie et qu'il n'y a rien de dramatique,
12:46s'il y a quelque chose de dramatique,
12:48ils vont juste changer ta médication.
12:50Comme la plupart des épreuves dans la vie,
12:53tu ne peux pas vraiment bien comprendre
12:56ou bien ressentir ce que l'autre ressent
12:59tant que tu n'as pas un peu passé par là.
13:02J'ai vraiment l'impression
13:04de pouvoir adoucir un peu le parcours.
13:06Je fais souvent une comparaison
13:09avec la grossesse.
13:12Tu sais, quand on tombe enceinte,
13:15souvent, « Oh, mon Dieu, tu ne vas pas dormir.
13:18Oh, votre couple, vous aurez peu de vie. »
13:20Je trouve qu'avec le cancer,
13:22des fois, quand on s'en parle,
13:24on a un peu cette attitude-là entre nous.
13:26C'est toujours plein de bonne volonté
13:28et dans le souhait d'aider,
13:30mais en même temps, quelqu'un qui est complètement nouveau là-dedans
13:33et qui t'entend vivre une horreur,
13:35c'est très, très, très épeurant
13:37et personne ne le vivra peut-être pas.
13:39C'est ça que j'essaie de faire vraiment attention
13:41avec les personnes que j'accompagne.
13:53Honnêtement, là, on est en processus
13:56de déplacer le bureau ici.
13:58Ce qui arrive, c'est que ma directrice générale
14:00est aussi ma meilleure amie.
14:02Elle veut catiner, mais elle veut prendre les courriels,
14:04ce qui va être super pratique,
14:06c'est juste essayer de partager tout ça.
14:08J'espère tellement
14:10être joyeuse à travers ça.
14:12Puis là, vous allez me dire,
14:14bien là, oui, tu ne deviendras pas malheureuse,
14:17mais c'est vraiment comme ça que j'ai.
14:19Tu veux garder ta personnalité.
14:21J'espère tellement que
14:23tout ça ne va pas
14:25m'enlever ma personnalité.
14:27J'ai eu un vertige assez grand
14:29à l'annonce du diagnostic
14:31parce que c'est une des personnes les plus proches
14:33de moi dans ma vie.
14:35J'arrivais d'emblée pour un congé de maternité.
14:37Il y avait quand même un petit pas de recul
14:39qui avait déjà été pris,
14:41mais là, l'annonce de la maladie
14:43fait en sorte que là, c'est ça,
14:45de se projeter comme sur un an,
14:47ça risque d'être un petit peu plus complexe.
14:49Puis tu sais, c'est sûr que de prendre,
14:51mettons, en charge l'entreprise
14:53pendant que Geneviève n'est pas là,
14:55je sais aussi qu'il y a d'autres chapeaux
14:57qui vont venir avec ça.
14:59C'est quelqu'un qui a un petit peu
15:01de difficulté à décrocher,
15:03c'est ça, l'amour qu'elle porte
15:05assouchée à la maison.
15:07Effectivement, je pense que ça va être un bon défi
15:09d'avoir à prendre un pas de recul,
15:11mais en même temps, elle fait tellement confiance
15:13à l'équipe qui est en place
15:15que je suis assurée qu'elle va trouver
15:17un équilibre là-dedans.
15:22Là, la liste.
15:24Pyjama, Bobette.
15:28Papiers importants, carte associée à la maladie,
15:30plan d'accouchement, stylo, coquet,
15:32chargeur cellulaire.
15:34Ça serait un petit peu ma raison qu'on l'ait pas.
15:36C'est sûr que j'ai hâte de la voir,
15:38j'ai hâte de la sentir bouger,
15:40j'ai hâte de la tenir dans mes bras,
15:42mais après ça, ça va être
15:44d'embarquer dans le moins beau,
15:46dans les traitements,
15:48en espérant être capable de garder
15:50cette belle énergie-là
15:52pour le petit bébé.
15:54Ce qui me fait le plus peur,
15:56c'est de...
15:58La douleur, c'est une chose,
16:00mais je te dirais que
16:02c'est la forme d'invalidité
16:04qui vient avec la maladie
16:06qui me fait peur,
16:08puis là, je l'exagère complètement
16:10parce que j'ai bien compris
16:12qu'on pouvait continuer
16:14d'avoir une vie au travers
16:16les traitements,
16:18mais c'est la peur de pas être là
16:20parce que je suis toujours
16:22quand même active, présente.
16:24Ça, ça me fait vraiment peur
16:26de pas pouvoir exercer
16:29de l'énergie.
16:41À l'hôpital, quand ils vont
16:43la mettre sur moi,
16:45ça fait neuf mois
16:47qu'on rêve de ce moment-là.
16:49C'est sûr que je vais vouloir
16:51pas penser à d'autres choses,
16:53mais ça va vraiment être difficile
16:55parce que le lendemain,
16:57c'est l'aventure,
16:59c'est le vlog.
17:01Ça fait que je pense
17:03qu'il va falloir que je vive
17:05avec le beau puis le lait
17:07de cette aventure-là
17:09en même temps.
17:21J'ai accouché le 15 février
17:23dernier d'une petite croquette
17:25du nom d'Amélie-Love.
17:27Ça s'est bien passé, là.
17:29La chirurgie en tant que telle,
17:31je m'en allais pas me faire faire
17:33de quoi d'esthétique.
17:35Je savais que j'allais revenir
17:37de là avec un beau bébé.
17:39Pour le cancer du sein
17:41en particulier,
17:43il y a pas de modalité
17:45de naissance qu'on va favoriser
17:47plutôt qu'une autre.
17:49C'est-à-dire que la patiente
17:51peut avoir un accouchement
17:53par voie naturelle
17:55ou d'avoir une césarienne.
17:57La majorité du temps,
17:59on va viser au moins
18:01d'avoir une maturité pulmonaire
18:03pour le bébé à naître
18:05qui est suffisante.
18:07Donc, minimum 34 semaines.
18:09Sa césarienne a été faite
18:11au courant de la 37e semaine.
18:13Donc, dans le fond, Geneviève
18:15avait eu une césarienne
18:17à sa première grossesse.
18:19Puis, dans ce temps-là,
18:21on a pu se planifier.
18:23Puis, en évaluant sa situation,
18:25les risques-bénéfices,
18:27on avait déjà choisi,
18:29même avant le diagnostic
18:31de cancer du sein,
18:33qu'elle accoucherait par césarienne.
18:35J'avais déjà posé la question
18:37est-ce qu'il y a du danger
18:39pour mon bébé?
18:41On m'avait mentionné
18:43qu'il y avait peu de risques.
18:45Les métastases de cancer
18:47au placenta et au bébé
18:49sont plutôt avec des mélanomes
18:51ou des leucémies.
18:53De mémoire, j'en ai pas vu
18:55avec le cancer du sein.
18:57Mais on va quand même,
18:59par précaution, pour les mamans
19:01qui ont un cancer en grossesse,
19:03analyser de manière un peu plus
19:05poussée le placenta pour s'assurer
19:07qu'il n'y a pas de métastases.
19:09On a pu voir sa petite bouille
19:11même avant qu'elle arrive.
19:13On avait déjà une petite idée
19:15de à quoi elle ressemblait.
19:17C'est comme si je me sentais mal
19:19d'avoir un petit être
19:21dans un corps malade.
19:23J'ai rapidement exclu ça
19:25de ma tête.
19:27C'est pas tout mon corps qui est malade.
19:29Il y a une section qui est atteinte.
19:31Mais j'ai exclu le fait
19:33que j'avais mis mon bébé en danger
19:35et que c'était de ma faute
19:37parce que la vie est visiblement
19:39imprévisible.
19:41Quand j'ai reçu le rapport
19:43de pathologie du placenta de Geneviève,
19:45il avait fait des coupes spécialisées
19:47et ça ne notait pas
19:49de métastases au placenta.
19:51C'est un petit bébé!
19:53Allô?
19:59C'est fou,
20:01c'est qu'elle était dans mon ventre,
20:03j'en reviens pas.
20:11On fait toute cette jolie adaptation
20:13à la maison avec mon amoureux
20:15et on est complètement
20:17« in love » avec mes « loves ».
20:19Rêve de ses voyages futurs.
20:23Je voulais la chatouiller.
20:27J'ai rien à faire.
20:29Elle dort bien dur.
20:33Ça me fait beaucoup peur
20:35parce que j'ai l'impression
20:37que le cancer du sein
20:39part avec une partie de sa féminité.
20:41J'ai décidé de me raser les cheveux
20:43parce que j'avais l'impression
20:45que je cohabitais avec un ex
20:47qui allait anyway s'en aller.
20:49Pour vous, c'est comme le top.
20:51On ne peut pas aller faire mieux
20:53que ça n'importe où au monde.
20:55C'est unique dans une vie,
20:57dans le sens où on se rappellera
20:59le jour où on va se faire
21:01attendre à la chimio.
21:03J'ai vraiment l'impression
21:05qu'effectivement,
21:07il n'y a rien qui arrive pour rien.
21:09Est-ce que la vie nous envoie
21:11les épreuves qu'on s'est surmontées?
21:15Semble-t-il.
21:17Merci pour celle-là.
21:19Je savais que j'étais capable
21:21d'en prendre, mais il y a toujours
21:23bien des limites.
21:25C'est sûr qu'il n'y a rien
21:27qui arrive pour rien,
21:29puis on va trouver
21:31c'est quoi ça.
21:39Sous-titrage Société Radio-Canada

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