Infrarouge S15E17 : L'aventure Alzheimer - Comprendre et soutenir face à la maladie

  • il y a 7 heures
Cet épisode d'Infrarouge aborde la maladie d'Alzheimer à travers une perspective à la fois humaine et scientifique. Diffusé le 22 septembre 2020, le documentaire explore les défis auxquels sont confrontés les patients, leurs familles et les professionnels de la santé. À travers des témoignages poignants et des analyses d'experts, cette vidéo met en lumière les avancées dans la recherche, les traitements possibles et l'importance du soutien psychologique pour ceux touchés par cette maladie. "L'aventure Alzheimer" vise à sensibiliser le public et à promouvoir une meilleure compréhension de cette condition complexe.
Transcription
00:00:00Je connais ce couloir. Pendant trois ans, je l'ai parcouru pour rendre visite à mon père, atteint de la maladie d'Alzheimer.
00:00:31Dans cette chambre où il est mort, ce sont aujourd'hui de nouveaux objets, de nouvelles photos accrochées au mur, d'autres personnes qui vivent ici comme ailleurs cette maladie.
00:00:42Pour l'instant, c'est très bien. J'ai l'impression qu'ils ont retrouvé ta chaussure, maman.
00:01:01Elle était neuve, mais dis donc, ils l'ont retrouvée. C'est formidable.
00:01:08Et il y a qu'une chose qui cloche un peu, c'est le pantalon. Pas l'impression qu'il soit à toi.
00:01:23C'est le pantalon d'un monsieur. Est-ce que tu veux qu'on change, que je remette le tien?
00:01:30C'est peut-être le même que celui-ci.
00:01:34Normalement, je t'en ai acheté pas mal.
00:01:40On pourrait mettre celui-là.
00:01:45On mettrait celui-là tout à l'heure?
00:01:50Ça c'est mieux, non?
00:01:54Qu'est-ce que tu en penses?
00:01:56Moi, je m'en fiche.
00:01:58On fera ça tout à l'heure.
00:02:01On va dans la salle de bain.
00:02:09T'as pris ton petit déjeuner?
00:02:12Oui.
00:02:18J'avais plus qu'une pantoufle, maman l'a retrouvée ce matin.
00:02:22T'as maman qui l'a retrouvée ce matin?
00:02:24Je sais pas si c'est maman.
00:02:27C'est super.
00:02:30Vous mettez pas ça dans le journal?
00:02:33Non.
00:02:42Parfait.
00:02:54Monsieur Nicolas.
00:02:57Bonjour.
00:02:59Bonjour.
00:03:01Bonjour.
00:03:03Bonjour.
00:03:05Bonjour.
00:03:08Monsieur Nicolas.
00:03:21Pour les mots, comment ça se passe?
00:03:24Est-ce que vous avez l'impression qu'il y a une évolution?
00:03:27Votre fille me dit qu'il y a quelque chose de plus compliqué pour trouver des mots.
00:03:33Je pense que oui.
00:03:36On va chercher des mots.
00:03:38Comment ça s'appelle?
00:03:40Cette partie du bras.
00:03:42Le.
00:03:44Entre l'avant-bras et la main.
00:03:47C'est le.
00:03:49Le poids.
00:03:51Un poignet.
00:03:53Ici, le.
00:03:55Pousse.
00:03:57Je le connais pas.
00:03:59L'un.
00:04:01Le troisième.
00:04:03Le mât.
00:04:05Un effort.
00:04:07Le mât.
00:04:09Le majeur.
00:04:11Les doigts de la manche.
00:04:13Le petit.
00:04:15Je connais le petit.
00:04:17Ici, comment ça s'appelle?
00:04:19Le menton.
00:04:21Très bien.
00:04:23Sourcils.
00:04:25L'animal qui a une poche devant et qui saute.
00:04:27Un kangourou.
00:04:29C'est pas mal.
00:04:31L'évolution.
00:04:33L'évolution de la maladie, ça fait quoi?
00:04:36Ça va progresser, mais très lentement.
00:04:38Vous connaissez un peu la vitesse de croisière maintenant de votre maladie.
00:04:41Elle évolue pas très vite.
00:04:43Oui, mais ça fait quoi en allant plus loin?
00:04:46Vous avez de plus en plus du mal à trouver des mots et à comprendre certains mots.
00:04:50Pour l'instant, c'est assez bien préservé un corps.
00:04:53C'est bien.
00:04:58Qu'est-ce que tu dis?
00:05:00Tu chuchotes?
00:05:02Aïe, aïe, aïe.
00:05:04Je suis toujours aussi maladroit, moi, pour ça.
00:05:13Aïe, je t'ai fait mal?
00:05:23Et voilà.
00:05:25Tiens, mets tes lunettes.
00:05:28J'avance, je mets le bleu.
00:05:30C'est dimanche.
00:05:45Attends, j'en ai pas pris beaucoup, là.
00:05:49Qu'est-ce que tu dis?
00:05:53Et puis, c'est assorti à ton pull, c'est élégant.
00:05:59Joyeux anniversaire.
00:06:02Joyeux anniversaire.
00:06:06Joyeux anniversaire, Marie.
00:06:12Joyeux anniversaire.
00:06:22Maman?
00:06:25Maman?
00:06:27Regarde ce que j'ai fait.
00:06:30Il n'y a rien à faire.
00:06:32Ça m'intéresse pas.
00:06:39Un, deux, trois.
00:06:42Allez.
00:06:46Bravo.
00:06:48T'es contente?
00:06:50Oui.
00:06:52Là, maman, l'ouvre.
00:07:08Non, quand même pas.
00:07:10Non, non, non.
00:07:12Oh, un petit livre.
00:07:14Tu aimes ça?
00:07:16C'est comme les enfants.
00:07:20Les petits préfèrent l'emballage que ce qu'il y a dedans.
00:07:29Ça te plaît, ça?
00:07:31Ça te plaît, ton petit jouet?
00:07:33Ça fait du bruit.
00:07:35Pourquoi toi, t'es là?
00:07:47Ah, tu vois, c'est pas bien, ça.
00:07:49Arrête.
00:07:50Hé, Elisabeth.
00:07:52Qui c'est le bûcheron?
00:07:56Qui c'est le bûcheron au cef?
00:07:58Hein?
00:08:00En fait, normalement, ce qui brûle, c'est ces brindilles, là.
00:08:04T'as vu toutes les feuilles qu'il y a par terre?
00:08:07Je sais.
00:08:08Hein?
00:08:09Donc là...
00:08:10Tout ça, Jean-Marc, tout ça.
00:08:12C'est pas la peine de traîner ces dossiers, là, qui ont 20 ou 30 ans.
00:08:16C'était quoi?
00:08:17Des dossiers d'accident.
00:08:19D'accident de vélo, une fois, un chien qui m'a fait culbuter,
00:08:22donc c'est déclaré un accident, un accident de voiture.
00:08:26Ah oui, ça, oui.
00:08:27En 87.
00:08:28Bon, on va pas revenir dessus.
00:08:31Et mon père, il a dû déménager aussi, à cause de la maladie.
00:08:34Ah bon?
00:08:35Il était en maison, enfin, il était dans une maison avec votre maman, c'est ça?
00:08:40Oui.
00:08:41Et après, il est parti...
00:08:42Il pouvait plus s'en occuper.
00:08:44Oui.
00:08:45Et il est...
00:08:46Après, ils ont déménagé, dans un appartement aussi, comme vous.
00:08:50Et votre mère est restée avec son mari, quand même?
00:08:53Oui.
00:08:54Jusqu'à la fin?
00:08:55Hum.
00:08:56Et son mari, après?
00:08:57Votre père, il est...
00:09:00Ben, après, ça a évolué, la maladie a évolué, et puis, on sait pas trop comment.
00:09:05Et puis, après...
00:09:06Et c'était quoi comme maladie?
00:09:07Alzheimer, oui?
00:09:08Alzheimer.
00:09:10Moi, je l'ai, hein.
00:09:11On m'a dit que je l'avais, hein.
00:09:13Je me regarde, je me regarde l'île.
00:09:17Mais...
00:09:18On peut rien faire, de toute manière, c'est même pas la peine.
00:09:21Mais moi, j'avais jamais entendu parler de ça, du temps de nos mamans.
00:09:27Ma mère, je...
00:09:28Ma mère, je sais même pas de quoi elle est morte.
00:09:30Si, on a mis un nom dessus.
00:09:31En 1900, elle était plus petite.
00:09:32Hé, Jean-Marc!
00:09:33Maman, elle a eu cette maladie?
00:09:34Oui.
00:09:36Tu le savais comment?
00:09:40Jean-Marc?
00:09:41Le médicament.
00:09:43Tu le savais?
00:09:44Le médicament qu'elle prenait.
00:09:45C'est de l'aricept.
00:09:47C'est ce qu'on traite.
00:09:48C'est avec ça qu'on traite Alzheimer.
00:09:50Aricept, Exelon.
00:09:53Exelon.
00:09:57Et vous, vous voyez comment, vous, Elisabeth?
00:09:59Moi, je me regarde pas trop.
00:10:01Je me regarde pas trop, je veux dire...
00:10:03Je...
00:10:04Je suis gentille un peu avec moi, quand même.
00:10:07Non, mais ça paraît bête, ce que je dis, hein.
00:10:09Mais j'ai pas envie de...
00:10:13Car le plan de l' Θ
00:10:15Le plan de l' Θ
00:10:18Le plan de l' Θ
00:10:20Le plan de l' Θ
00:10:22Le plan de l' Θ
00:10:31Oui, oui, oui.
00:10:33On ne peut pas faire ça.
00:10:35On ne peut pas faire ça.
00:10:37C'est bête, hein.
00:10:39Oui, c'est ça.
00:10:40C'est ça.
00:10:41Qu'est-ce que tu fais ? Quoi ? La merde ! Qu'est-ce que tu fais ? De la merde ! Pourquoi ? Montre-moi !
00:10:56Ouvre ton billet s'il te plaît Alain ! Non ! Non ! Mais pourquoi tu ne veux pas l'ouvrir ?
00:11:03Ça c'était quand ?
00:11:06Ça, normalement c'était avant 2018.
00:11:09Oui.
00:11:10Puisque j'ai marqué 2018 ici.
00:11:11Oui, mais là encore ça va à peu près.
00:11:17Là c'était... Tu vois la différence ? Regarde aujourd'hui, est-ce que tu écris bien par rapport à là ?
00:11:22C'est quand même mieux ça non ?
00:11:26Oui.
00:11:27Tu peux lire ça non ?
00:11:29Je peux le lire, oui.
00:11:30Vas-y, tu essaies de le lire non ? Tu nous lis.
00:11:34Bon, un peu d'écriture pour aujourd'hui.
00:11:38Le plus dur d'aujourd'hui, trouver un papier et un stylo.
00:11:46T'es gonflé quand même, il y en a partout des papiers et des stylos dans le bureau.
00:11:50Un stylo qui marche c'est un peu dur, c'est vrai.
00:11:54Et après ?
00:11:56Un stylo.
00:11:59Puis ?
00:12:02L'inspiration.
00:12:04T'as toujours de l'inspiration toi.
00:12:06C'était hier que tu l'as fait ça ? Ou avant-hier, je ne me souviens plus.
00:12:12Bon, matin il ne me reste plus qu'à faire à Akiri.
00:12:15Je me pose des questions sur l'orthographe.
00:12:18Bon, va falloir l'améliorer.
00:12:20Merci pour tes avis et conseils.
00:12:24Et pour me donner un objectif à atteindre.
00:12:27Voilà, c'était pas mal ce que tu avais écrit.
00:12:30Surtout que tu l'avais fait quand même spontanément.
00:12:34Aujourd'hui tu n'es pas du tout inspiré ?
00:12:36Ah non, pas du tout.
00:12:38Non, tu ne veux pas ?
00:12:40Ah non.
00:12:42Qu'est-ce qui te déplaît dans ce que tu fais ?
00:12:44Là ?
00:12:45Dans l'écriture, oui.
00:12:46C'est le manque d'inspiration ?
00:12:48Le manque d'inspiration.
00:12:50Et puis ?
00:12:51Avoir l'air de passer pour un con ?
00:12:56Je te laisse à ton inspiration, à ton moment.
00:13:01Alors, regardez.
00:13:02Voyez cet arbre ?
00:13:04C'est un châtaignier.
00:13:05Châtaignier.
00:13:06Il n'arrive pas que vous le dites.
00:13:07Non, moi je n'aurais pas reconnu si je n'avais pas cherché un châtaignier.
00:13:11Bref, c'est un arbre.
00:13:13Et ce que je voudrais, c'est qu'on lui donne un peu plus de vie,
00:13:17un peu plus d'épaisseur, de consistance.
00:13:20Qu'on lui donne un peu d'épaisseur.
00:13:22D'accord ? C'est facile.
00:13:24C'est un jeu d'enfant, vous allez voir.
00:13:26En fait, on ne va pas prendre que du verre, on ne va pas s'embêter.
00:13:29On va faire hop, hop.
00:13:31Et le mélange, il va se faire tout seul, comme dans la nature.
00:13:33Il suffit de tapoter.
00:13:35Oh là là, la couche.
00:13:37Ah oui, oui, on va faire de l'épaisseur, il faut faire du feuillage.
00:13:40Là, il était chez mes parents.
00:13:43Ah, vous aviez un arbre comme ça, chez vos parents ?
00:13:46Oui, chez vos parents.
00:13:47Et il a disparu.
00:13:48Non, pas encore.
00:13:49Parce qu'on a eu un second arbre qui a été remis tout de suite après.
00:13:53Ah oui, je vois.
00:13:55Oui, il y a de quoi faire une belle charpente, là, quand même.
00:14:00Alors, je vous donne ça.
00:14:02Et puis, regardez, je vous guide, c'est tout simple.
00:14:05On tapote.
00:14:06Oui, on tapote.
00:14:07Voilà, on tapote.
00:14:08On tapote, ça veut dire on pose une touche.
00:14:10Je suis une tapoteuse.
00:14:11Voilà.
00:14:12Alors le jaune, ça va être l'endroit où, alors réfléchissez pas trop,
00:14:15mais où le soleil va éclaircir un peu le feuillage.
00:14:19Nous sommes avec un chêne.
00:14:21Et un chêne, on ne triche pas avec son feuillage.
00:14:28Exactement.
00:14:29Et il a son feuillage et il faut le prendre tel qu'il est.
00:14:34Surtout qu'il est en fin de vie, là.
00:14:38Il est en fin de vie.
00:14:39Alors si on veut le faire, tu dis quoi ?
00:14:42Il est comme moi, il est en fin de vie.
00:14:45Du coup, je vais vous proposer de repasser à madame Lepénèque
00:14:50et je vais venir en réchanger, si tu veux bien.
00:14:52Vous pouvez pas me lâcher un peu ?
00:14:54Bon, je vais vous proposer.
00:14:56Vous me dites si ça vous tente.
00:14:58Non, ça me tente pas.
00:14:59Moi, ce qui me tente, c'est une balade avec un monsieur.
00:15:02Ah !
00:15:03On pourrait faire une petite balade en groupe, là, si vous voulez.
00:15:06Ah non, pas en groupe.
00:15:08Pas de témoin.
00:15:09Un chêne, ça a une personnalité qui est pesante.
00:15:13Qu'on le veuille ou non, mais qui est pesant.
00:15:15Mais on tape pas du poing sur la table, pour autant.
00:15:17Mais si, c'est jouindre le geste à la parole.
00:15:20Madame Lepénèque, vous aviez dit le chêne et le roseau, c'était quoi, déjà ?
00:15:24C'est ce que j'avais appris, mais je l'ai oublié.
00:15:27Ah, moi aussi.
00:15:29Qu'est-ce que c'était le chêne ?
00:15:30Je me rappelle même pas de la première phrase.
00:15:32On risque, à vouloir restituer la personnalité,
00:15:36de donner un aperçu qui n'est pas conforme à la réalité.
00:15:41Donc, on reste dans la simplicité.
00:15:43Vous avez dit aussi la simplicité.
00:15:45C'est ce que je dirais aussi.
00:15:47Écoutez, moi, je trouve que, tel qu'il est là, je lui trouve pas beaucoup de défauts.
00:15:54Il est vivant, la vie.
00:15:56Il fallait que, dès le départ, tu aies le souci de la faire apparaître.
00:16:01C'est peut-être le hasard, mais elle apparaît.
00:16:05Bon, alors, c'est très bien.
00:16:12Bonjour, chère madame.
00:16:14Bonjour.
00:16:15Comment allez-vous ?
00:16:17Moyen.
00:16:18Moyen ?
00:16:20Expliquez-moi un peu ce qui ne va pas.
00:16:25Je sais pas.
00:16:26À vrai dire, en ce moment, ça va pas bien.
00:16:28Mais je sais pas pourquoi.
00:16:29C'est le temps, peut-être.
00:16:34Quand je me réveille, je suis...
00:16:38Quand je me réveille, je suis...
00:16:41Mais très, très, très...
00:16:44Crispée.
00:16:46Au niveau de...
00:16:47Mais ça peut durer après une heure, deux heures.
00:16:51Avant que je me décrive.
00:16:53Et puis, les doigts aussi, pas comme ça.
00:16:57Crispée.
00:16:59Et votre morale ?
00:17:01Là, quand on s'est vus, il y a à peu près deux mois,
00:17:04vous m'aviez parlé d'idées noires.
00:17:08Par moments, vous aviez des idées de suicide, même.
00:17:14Est-ce que c'est quelque chose qui est toujours d'actualité ?
00:17:18J'ai pas d'idées de suicide.
00:17:22J'ai juste décidé à quel moment je veux plus vivre.
00:17:28Mais pour moi, c'est pas une idée noire, c'est...
00:17:32C'est mon but.
00:17:35Je veux plus vivre quand il faudra que quelqu'un me lave.
00:17:39C'est assez impossible.
00:17:41Et quand je serai obligée de mettre des couches.
00:17:44C'est à ce moment-là que je veux que ma vie s'arrête.
00:17:48Je veux que mon entourage me voie encore en état.
00:17:54Et moi, de toute façon, ça va faire du bien pour la sécurité sociale.
00:18:01Voilà.
00:18:03J'ai pas de religion.
00:18:07Donc pour moi, c'est facile, quelque part.
00:18:11Il faut juste trouver l'endroit où je peux le faire légalement.
00:18:16Mais c'est pas un suicide pour moi, c'est arrêter la vie.
00:18:21Comme je le veux. Je suis un être humain, je sais ce que je veux.
00:18:26Un animal, quand il souffre, on le pique, il n'a plus de douleur.
00:18:32Un être humain, on le laisse vivre jusqu'au je-sais-pas-quoi pour je-sais-pas-quoi.
00:18:38Donc moi, j'ai...
00:18:41C'est violent peut-être pour certaines personnes, mais c'est doux pour moi.
00:18:45J'entends. Je comprends.
00:18:47Aujourd'hui, on va reconduire l'antidépresseur.
00:18:52Voilà, chère madame.
00:18:54Merci beaucoup.
00:18:56Je vous souhaite d'excellentes fêtes.
00:18:58Moi aussi, profitez.
00:19:00Profitez de la vie.
00:19:02Merci.
00:19:04Et des bons moments qui nous seront offerts.
00:19:07En sortant, vous allez prendre un rendez-vous dans deux mois environ.
00:19:13Et vous préviendrez votre mari s'il peut se joindre à vous.
00:19:17D'accord.
00:19:19On fait comme ça ?
00:19:21Merci beaucoup.
00:19:27Une cuillère.
00:19:33Deux.
00:19:38Trois.
00:19:43Quatre.
00:19:50Cinq.
00:19:54Quatre.
00:19:58Cinq.
00:20:02Trois.
00:20:06Deux.
00:20:10Un.
00:20:14Trois.
00:20:19Vous n'avez pas besoin de lui raconter votre journée ?
00:20:21Non. Je ne suis pas très bavard.
00:20:23D'accord. Même avant ?
00:20:26Avant, si.
00:20:28Mais comme elle ne me répond pas, je n'y trouve pas trop besoin.
00:20:43Six fois.
00:20:46Vous avez besoin de réponses pour parler ?
00:20:49Oui, c'est bien.
00:20:58Allez. Petit effort.
00:21:02C'est déjà pas mal, la remarque.
00:21:08Je vous dis deux mots.
00:21:11Vous essayez d'abord de me donner leur catégorie.
00:21:15Et après, vous m'en donnez deux autres.
00:21:18Mais dans cet ordre-là.
00:21:20La catégorie d'abord, et deux autres ensuite.
00:21:23Rose, tulipe.
00:21:26Des fleurs.
00:21:28C'est rose et tulipe.
00:21:32Mais vous devez m'en donner deux autres.
00:21:35Rose et tulipe.
00:21:38Dahlia et marguerite.
00:21:41Très bien.
00:21:42Haricots ou céleri ?
00:21:44Haricots et céleri sont des légumes.
00:21:48Qu'est-ce qu'il faut vous dire ?
00:21:50Qu'est-ce que vous devez me dire ?
00:21:52La catégorie, et ensuite ?
00:21:56Deux autres.
00:21:59Ça, c'est déjà le départ.
00:22:02Il est mangé.
00:22:06Deux autres légumes.
00:22:15Petits pois et carottes, non ?
00:22:17Voilà, exactement.
00:22:18Vous vous rappelez la date aujourd'hui ?
00:22:20On est vendredi.
00:22:22Vendredi, mais...
00:22:24Vous diriez le combien ?
00:22:27Au début, au milieu, à la fin ?
00:22:29À la fin.
00:22:30Oui ?
00:22:3523...
00:22:37De quel mois ?
00:22:38Novembre.
00:22:39Oui, novembre. Très bien.
00:22:4123 novembre.
00:22:42La semaine prochaine, on sera donc...
00:22:48Vendredi...
00:22:514 décembre.
00:22:534 décembre, non ?
00:22:56Non, pas encore.
00:22:57Pas encore.
00:22:58Donc c'est le 30...
00:23:00Voilà, le 30.
00:23:01Vous êtes au vendredi 30 ?
00:23:03Oui.
00:23:04Est-ce que 15h30, ça irait ?
00:23:07Oui, mais t'es bien que c'est moi.
00:23:09Et 15h, regardez.
00:23:11Il manque pas quelque chose ?
00:23:14Je vous ai dit, 15h...
00:23:1630.
00:23:17Oui.
00:23:19Voilà.
00:23:23Bon, c'était bien ?
00:23:25J'étais encore pire que l'an dernier.
00:23:28La semaine dernière, vous voulez dire ?
00:23:30Non.
00:23:31Pas l'an dernier ?
00:23:32Non, mais...
00:23:33La semaine dernière.
00:23:35D'accord.
00:23:37On s'est vus quand même l'an dernier.
00:23:39Oui, mais depuis l'an dernier, on s'est vus plusieurs fois.
00:23:43Oui, mais...
00:23:44Vous parlez de la séance de la semaine dernière ?
00:23:46Non, mais disons que...
00:23:49Vous avez trouvé ça plus difficile aujourd'hui ?
00:23:52Non.
00:23:53C'est pareil, à chaque fois, c'est la même chose.
00:23:56Oui, mais l'an dernier, c'était différent, je trouve.
00:24:00C'était plus facile.
00:24:02D'accord.
00:24:03Je dois être plus mauvais.
00:24:05Non, au contraire, c'est parce que vous progressez.
00:24:08J'ai pas l'impression que ça soit le cas.
00:24:14On remet votre chouchou ?
00:24:16On remet votre chouchou.
00:24:20Et on va prendre sa compagnie.
00:24:28On s'occupe de vous.
00:24:42Quelle couleur vous imaginez la galette ?
00:24:44Quelle couleur la galette ?
00:24:45J'ai pas toujours pareil.
00:24:47Vous la voyez dans la boulangerie, derrière sa belle vitrine.
00:24:50Quelle couleur elle est ?
00:24:56La pâte feuilletée ? Quelle couleur vous imaginez la pâte feuilletée ?
00:24:59Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
00:25:01Ça, on fait...
00:25:03Oui, alors comment on fait ?
00:25:05Regardez là, il y a eu des trucs de mix, c'est pas des pommes.
00:25:09Mais vous, vous pouvez par exemple, avec du rouge ou de l'orange,
00:25:12vous faites une pomme.
00:25:14Une pomme là, un peu plus grosse que l'autre, qui a une petite queue.
00:25:18Mais c'est dur, hein, parce que ça sera pas...
00:25:21Ça sera pas complètement...
00:25:23Une pomme avec une queue.
00:25:25Elle est comme mon mari, alors.
00:25:34Les...
00:25:36Les hauts...
00:25:41C'est incroyable.
00:25:44Les hauts-taux, A-U-D.
00:25:47Les hauts...
00:25:51Hauts-taux...
00:25:54A-U...
00:26:01Ah, c'est les hauts-taux, c'est ça.
00:26:04Mais c'est fou, ça, je savais plus l'écrire.
00:26:06Oh là là, dans six mois, je vais plus savoir comment je m'appelle.
00:26:13Ça vous énerve, le micro ?
00:26:15Non, je trouve ça marrant, moi, j'aime bien.
00:26:17Vous savez, j'étais faite pour être...
00:26:19Pour être comédienne.
00:26:21J'aurais bien aimé.
00:26:23Et vous allez pas me croire, j'ai rien fait pour,
00:26:26parce que j'avais pas envie de...
00:26:28Comment dire ?
00:26:31D'apprendre les...
00:26:33D'apprendre les tirades et tout ça.
00:26:35J'avais pas envie de...
00:26:37Mais sinon, s'il y avait pas eu de tirades,
00:26:39c'était juste pour...
00:26:41Pour rien dire, oui.
00:26:43J'aurais bien aimé.
00:26:47On va commencer l'atelier, c'est un atelier...
00:26:50Ah, merci, Jaline !
00:26:52On est là pour le thé...
00:26:54Pour le théâtre.
00:26:56Pour l'amour du théâtre.
00:26:58Voilà, pour l'amour.
00:27:00Et puis pour être ensemble, aussi.
00:27:02On est d'accord, c'est quand même sympa
00:27:04de se retrouver tous les lundis,
00:27:06de nous retrouver toutes les semaines, quand même.
00:27:08C'est aussi ça qui est sympa.
00:27:10On va commencer par des petits exercices
00:27:12sur les différentes émotions.
00:27:14On va faire le tour, d'accord ?
00:27:16Jaline, est-ce que vous pouvez me faire
00:27:18un A de colère ?
00:27:20Ah !
00:27:22Super !
00:27:24Jaline, disons qu'il faut pas la mettre en colère.
00:27:26Elle a du coffre.
00:27:28Jean-Louis, à vous.
00:27:30Un A de colère.
00:27:32Ah, j'adore !
00:27:34Super !
00:27:36Christiane, est-ce que vous pouvez nous faire
00:27:38un A de colère ?
00:27:40Ah, j'aurais du mal, hein.
00:27:42J'essaye.
00:27:44Si vous voulez vous lever,
00:27:46si vous voulez prendre l'espace,
00:27:48prendre des accessoires,
00:27:50prier un personnage...
00:27:52Voilà.
00:27:54Ça sera plus haut.
00:27:56Oui, ça aide beaucoup de faire ce que vous faites, là.
00:27:58Alors, qu'est-ce que je dois dire ?
00:28:00Un A de colère.
00:28:02Vous pouvez dire un mot avec, si vous voulez.
00:28:04Bien sûr.
00:28:06Oh !
00:28:08Comment voulez-vous ?
00:28:10Oh ! Il faut tout avoir rangé.
00:28:12Qu'est-ce que je peux dire de plus ?
00:28:14C'est très bien !
00:28:16C'est parfait !
00:28:36...
00:28:48...
00:29:02...
00:29:12...
00:29:22...
00:29:24Général Bond, le fermeur du ménage !
00:29:26Tu l'as fait pendant 60 ans !
00:29:28Non, mais c'est vrai
00:29:30que le médecin dit
00:29:32que ça serait quand même bien
00:29:34d'avoir quelqu'un pour, justement,
00:29:36éviter d'être...
00:29:38Oui, je sais, tu fais la vaisselle, toi.
00:29:40Et le marché.
00:29:42Enfin, bon, moi, je me rends compte
00:29:44qu'il faudrait que je me calme un petit peu aussi
00:29:46parce qu'il y a des moments, tu vois,
00:29:48je lui range son armoire, je reviens,
00:29:50il y en a dans tous les sens, c'est...
00:29:52Je supporte pas d'avoir trouvé...
00:29:54Oui, mais après, t'es pas sa maman.
00:29:56Le matin, il me demande où sont ses caleçons
00:29:58alors que normalement, c'est quand même
00:30:00quelque chose que tu dois avoir à portée de main
00:30:02et tu sais pas pourquoi, c'est enfoui derrière
00:30:04ou je sais pas trop où...
00:30:06...
00:30:08Non, ça te fait rire, mais c'est vrai.
00:30:10Et quelques fois, moi, la dernière fois,
00:30:12je me suis dit, bon, allez, maintenant, tu te lèves
00:30:14parce que sinon, j'allais encore exploser.
00:30:16Alors que ça sert à rien, je le sais bien.
00:30:18Mais Alain, tu es bien d'accord que t'es malade, quand même ?
00:30:20Que j'étais malade ? J'étais bien portant.
00:30:22Tu es bien d'accord maintenant
00:30:24que tu es malade ?
00:30:26Bon, ben, ça commence doucement
00:30:28et puis après, ça va.
00:30:30Ça se dégrade. Tu te rends compte, quand même,
00:30:32que...
00:30:34T'as quand même perdu des choses, là, maintenant.
00:30:38Oui.
00:30:40Un petit peu. T'en es pas vraiment conscient, aussi ?
00:30:42Ben, si.
00:30:44Enfin, moi, ça m'inquiète, quelque part.
00:30:46Il y a plusieurs choses qui m'inquiètent
00:30:48parce que je me dis...
00:30:50Bon, s'il m'arrive quelque chose, n'importe quoi.
00:30:52Je peux avoir un accident, je peux même
00:30:54me casser le bras, je peux n'importe quoi.
00:30:56Ou si je suis hospitalisé,
00:30:58ou si, au pire, je meurs,
00:31:00votre père, du jour au lendemain,
00:31:02il peut pas rester. A l'heure actuelle,
00:31:04même maintenant, il peut pas rester tout seul.
00:31:06C'est pas possible. Moi, je me rends bien
00:31:08compte que tout seul, c'est pas possible.
00:31:10Alors, l'autre problème, c'est que je sais pas du tout
00:31:12comment ça fonctionne par rapport aux EHFAD.
00:31:14Je sais pas du tout
00:31:16combien ça coûte.
00:31:20Moi, je sais pas si je pourrais garder
00:31:22l'appartement pour payer les charges
00:31:24plus les impôts, plus le truc.
00:31:26Je me vois pas si c'est un truc
00:31:28à 5 000 euros.
00:31:30Et s'il y a aucune prise en charge, je sais pas du tout
00:31:32comment ça fonctionne. Et il y a personne pour te le dire.
00:31:34Mais,
00:31:36enfin, je repense à...
00:31:38En fait,
00:31:40je crois que je pense pas à toi, papa,
00:31:42comme un malade d'Alzheimer
00:31:44en premier.
00:31:46Enfin, quand je...
00:31:48Tu penses à moi comme un père chiant
00:31:50qui n'a pas arrêté d'être chiant.
00:31:52Mais non, mais je...
00:31:54Voilà, la maladie, elle est là.
00:31:56Sans doute, ensuite, ça va devenir
00:31:58peut-être compliqué.
00:32:00De toute manière, les choses, elles deviennent...
00:32:02Je plaisante.
00:32:04Avant, c'était toi le leader qui nous guidait
00:32:06à travers la Pampa.
00:32:08Je descends avec ma femme
00:32:10au village.
00:32:12Oui, mais avant, c'était lui.
00:32:14Donc, quand je dis, est-ce que c'est toujours...
00:32:16C'est plus lui qui guide.
00:32:18Oui, c'est pas important,
00:32:20mais je dis juste que, du coup, pour moi,
00:32:22c'est plus papa.
00:32:24Là, tu racontes des conneries.
00:32:26Je raconte des conneries, c'est ce que je ressens.
00:32:28Ça veut dire qu'elle te voyait en grand-chef.
00:32:30Oui, c'est vrai.
00:32:32Et là, moi, maintenant, je sais plus faire
00:32:34parce que c'est vrai qu'avant, tu m'appelais.
00:32:36Et depuis...
00:32:38Je pense que c'est un peu...
00:32:40Oui, depuis la confirme. Enfin, ça se dégrade.
00:32:42C'est plus au téléphone.
00:32:44Je viens, moi.
00:32:48Et c'est sûr que j'arrive plus à parler avec toi
00:32:50parce que quand on discute,
00:32:52maintenant, tu racontes des choses
00:32:54qui ne se sont jamais passées
00:32:56ou en tout cas pas avec moi.
00:32:58Et du coup, je sais pas comment réagir.
00:33:00Et je m'en fous parce que c'est un petit peu égoïste,
00:33:02mais je pense que
00:33:04tu t'en rends même pas compte.
00:33:06C'est ça qui est lâche de ma part.
00:33:08Mais c'est vrai que je sais plus comment me faire
00:33:10parce que tu me racontes des sous
00:33:12dire qu'ils se sont pas passés.
00:33:14Et moi, je sais pas...
00:33:16Je sais pas comment réagir.
00:33:18Et je m'en veux.
00:33:20Et je me dis que tu dois être triste.
00:33:22Je sais même pas comment tu le vis.
00:33:24Moi, je crois qu'il oublie au fur et à mesure.
00:33:26Mais je sais. Je me console comme ça,
00:33:28mais c'est un peu triste.
00:33:30Je crois qu'il y a des choses qui se passent
00:33:32et que tu les oublies au fur et à mesure.
00:33:34Ouais, ouais.
00:33:38Un minute, j'arrive.
00:33:40Ah, ah, ah...
00:33:42Ok, tu vas?
00:33:44Bonjour, madame et monsieur,
00:33:46Marc Romain de la brigade criminelle.
00:33:48Nous cherchons votre fille.
00:33:50Encore une fois.
00:33:52Encore une fois.
00:34:02Allez-y, allez-y, allez-y.
00:34:04On pénalise.
00:34:06Allez, le contraire.
00:34:08Le contraire.
00:34:14Bravo.
00:34:16Pardon, pardon, mon petit pépé.
00:34:18Mon petit pépé.
00:34:20Vous étiez où, avant?
00:34:22Avant d'être à Brolles, on était à Chahy.
00:34:26Chahy-Ambière.
00:34:28Avant du Carrefour, c'est ça?
00:34:32Là, il y a une maison assez grande.
00:34:34Là, il y a une maison assez grande
00:34:36avec 3000 m de terrain.
00:34:40Et après, je suis tombé malade.
00:34:42Elisabeth aussi.
00:34:44Quasiment au jour le lendemain,
00:34:46j'ai arrêté les travaux de jardin.
00:34:48J'ai chopé Parkinson.
00:34:503000 m², il faut y aller.
00:34:52C'est vrai que je n'ai pas encore...
00:34:56Je suis visualiste, tu sais.
00:34:58Pendant que tu parlais,
00:35:00je ne me rappelais pas.
00:35:02Evidemment que si.
00:35:04Mais comment c'était?
00:35:06Comment c'était quoi?
00:35:08Là où on habite maintenant.
00:35:10À Bois-le-Roi?
00:35:12Et puis ça y est, c'est revenu.
00:35:14Il y a un couloir,
00:35:16il y a une entrée.
00:35:18Trois chambres à gauche.
00:35:20Trois chambres?
00:35:22Même l'aménagement, c'est pas facile non plus.
00:35:24L'aménagement, c'est Loïc et Anne.
00:35:26Les deux petits qui ont tout fait.
00:35:28Avec les deux filles aînées.
00:35:30Nos deux petites filles aînées
00:35:32se sont occupées de ranger
00:35:34les maillots de corps,
00:35:36les chemises, les machins.
00:35:38Clarisse et Jeanne.
00:35:40Et Jeanne?
00:35:42On est arrivés là-bas, c'était tout cali, tout rangé.
00:35:44On s'est installés là-dedans.
00:35:46C'est gentil quand même.
00:35:48Elles ont quel âge? Neuf ans?
00:35:50Clarisse va avoir 19 ans.
00:35:52Moi c'est février, il faut y penser.
00:35:56Et comment elle s'appelle?
00:35:58Jeanne, elle a 12 ans.
00:36:0012-13 ans.
00:36:02C'est mignon.
00:36:04Donc à ce niveau-là,
00:36:06on n'a eu aucun souci.
00:36:08On se croit toujours éternels.
00:36:10Les jours où tu tombes dans les pommes
00:36:12et puis tu te retrouves à l'hosto.
00:36:14On se rend compte que...
00:36:16On se rend compte qu'on n'est pas grand-chose.
00:36:18C'est bien.
00:36:28Elle te fait penser à quoi cette photo?
00:36:30Avec les deux doigts.
00:36:34C'est moi qui l'ai faite.
00:36:36Pour moi il y a deux significations.
00:36:38Il y a le signe de la paix.
00:36:40Il y a toi et moi.
00:36:44Toi et moi.
00:36:46Toi et moi.
00:36:48Ça c'est la suite.
00:36:50Ça c'est on se prend le pied.
00:36:52C'est nos pieds en mêlée.
00:36:54C'est super.
00:36:58C'est moi qui ai pris cette photo.
00:37:02Et l'autre aussi, c'était moi.
00:37:06Bague à part.
00:37:08Un enfant s'éveille à la vie.
00:37:12Je fais le sens inverse.
00:37:14Je pars dans l'autre sens.
00:37:18Tu perds au fur et à mesure tes capacités.
00:37:20Oui, c'est ça.
00:37:22C'est exactement ça.
00:37:32Et puis tu ne peux pas sans arrêt
00:37:34demander à quelqu'un
00:37:36que ce soit
00:37:38à Marc ou à mes enfants
00:37:40tu ne peux pas leur demander sans arrêt quelque chose.
00:37:42Chacun a sa vie.
00:37:44Et moi j'ai une vie
00:37:46qui est dans un autre monde.
00:37:48Qu'ils ne peuvent pas comprendre.
00:37:58C'est dur.
00:38:00C'est dur parce que
00:38:06je ne suis plus dans leur monde.
00:38:08Je ne suis plus dans le monde que j'ai connu.
00:38:12Je suis ailleurs.
00:38:16Je suis ailleurs.
00:38:22Je ne le fais pas voir.
00:38:26J'évite en tout cas.
00:38:28Des fois ça craque.
00:38:32Le truc le plus horrible c'est
00:38:34je fais du mal.
00:38:38Quand j'accumule
00:38:40quelque chose
00:38:42que je n'arrive pas à faire
00:38:44je pars en vrille.
00:38:46Je me mets à crier,
00:38:48à hurler.
00:38:50Il y a une raison pour moi
00:38:52mais pas pour celui
00:38:54qui est en face de moi.
00:38:58Quand ça part, ça part.
00:39:00Je ne peux pas faire autrement.
00:39:02Ça fait partie de la maladie.
00:39:04Je le sais.
00:39:06Je voudrais que ça n'arrive pas.
00:39:08Les choses arrivent et elles n'arrivent pas.
00:39:10Il faut les gérer. Je les gère.
00:39:12Je gère le truc. C'est tout.
00:39:14Quand tu piques une crise,
00:39:16tu le sais très bien. Je ne t'en veux pas.
00:39:18Excuse-moi.
00:39:20De quoi ?
00:39:22Excuse-moi.
00:39:24Non.
00:39:28Excuse-moi quoi ?
00:39:30D'être devenue comme ça.
00:39:32Excuse-moi.
00:39:34Tu n'as pas à t'excuser.
00:39:36Je ne peux rien y faire.
00:39:38Merci.
00:40:04Parle plus fort.
00:40:08Parle plus fort.
00:40:38Parle plus fort.
00:40:40Parle plus fort.
00:41:04Parle plus fort.
00:41:08C'est pas extraordinaire, mais c'est le début, c'est le début.
00:41:19C'est bon, j'en mange, moi j'ai fini, mais non, mais c'est pas la peine.
00:41:47J'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai
00:42:10fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai
00:42:34fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai
00:42:53fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai
00:43:15fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai
00:43:23fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai
00:43:30fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai
00:43:32fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini,
00:43:33j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini, j'ai fini,
00:43:33Je voudrais que tu te changes s'il te plaît, il faut te changer, il faut retirer les pantalons
00:43:49et mettre un pyjama pour la nuit, est-ce que tu viens ? Non je reste là, tu montes là ? Non parce que je voudrais que t'ailles t'allonger après,
00:44:05que je parte, peut-tu défaire ton pantalon, c'est dur défaire une heure, une heure et demie comme ça,
00:44:14enlève ton pantalon s'il te plaît, enlève ton pantalon, il est fatigué, il a quand même une maladie depuis 2001,
00:44:29vous en êtes occupé depuis ce temps là ? ça va faire 67 ans, le 26 avril qu'on est marié,
00:44:3667 ans ? oui oui il faut le faire toujours avec le même, peut-être que là il pense aux 67 ans de
00:44:44mariage, non ? Non il ne pense plus à rien du tout, et vous lui parlez parfois, vous lui parlez parfois ?
00:44:54Oui je lui parle mais ça dépend, ah oui je veux, je veux bien entendre, tu veux entendre mais t'as tes oreilles pour entendre,
00:45:02mais je voudrais bien que tu te laisses faire et mettre ton pyjama s'il te plaît, c'est comme ça ?
00:45:09Non pas comme ça, on ne dort pas sur un lit avec un pantalon, bonjour madame Trochesec,
00:45:16vous m'entendez bien, bonjour madame,
00:45:28le réveil a peut-être été difficile ce matin ? Non parce qu'elle était réveillée avant de se lever,
00:45:40d'accord, il y a un mois qu'elle ne chuchote plus facilement, il faudrait simplement de temps en
00:45:50temps des sourires, souvent fugitifs, très bref, la communication se limite à ça,
00:45:58j'aimerais maintenant vous parler d'autre chose monsieur Trochesec, peut-être qu'il serait plus
00:46:06simple qu'on puisse se voir tous les deux, donc on va peut-être faire patienter votre épouse un petit
00:46:13peu en salle d'attente, et puis pour aborder d'autres éléments de son accompagnement, vous en
00:46:19êtes d'accord ? Oui tout à fait, madame Trochesec, on va vous faire patienter un petit peu en salle
00:46:28d'attente, vous vous réveillez doucement, on va vous dresser, peut-être que j'aurais aussi le
00:46:38dossier, c'est bon, vous pouvez l'installer juste là-bas, il consulte dans le box 3 au fond à droite,
00:47:02la maladie évolue très vite, donc on est dans une situation compliquée, en l'espace de deux ans,
00:47:10elle est devenue totalement gravataire, on arrive un peu à la reverticaliser, c'est vrai qu'il y a
00:47:15eu ce malheureux épisode sous neuroleptique qui a aggravé la situation, mais maintenant on voit
00:47:22quand même que la maladie c'est une maladie rapidement évolutive, là on arrive dans une
00:47:26zone de risque assez élevée, parce que je pense qu'elle n'a pas tout à fait les calories dont
00:47:32elle a besoin, et probablement aussi, mais ça on va le voir avec le résultat de la prise de sang,
00:47:36parce qu'on est en retard sur l'hydratation qu'on doit lui prodiguer, donc autrement dit, on est dans
00:47:41une phase qui n'est pas une phase terminale, bien sûr, mais elle est exposée à des complications
00:47:48qui sont quand même importantes. Vous trouvez que c'est un petit peu difficile à entendre,
00:47:54ou un peu brutal ce que je vous dis ? Oui c'est difficile à entendre, bien sûr, surtout que
00:47:59j'étais content qu'elle soit apaisée, ça c'est sûr, alors après les dégâts collatéraux évidemment
00:48:11sont quand même très importants, parce que ce que je qualifie de dégâts collatéraux sont très
00:48:16importants, j'ai toujours espéré que l'arrêt du neuroleptique allait lui redonner un peu
00:48:24de vigueur, de stabilité, que je puisse la sortir de chez moi par exemple quand il va faire beau,
00:48:39enfin dans le fauteuil sûrement, mais bon, j'ai fait installer un monte-escalier pour sortir de
00:48:45chez moi, je l'ai peut-être fait pour rien, je ne sais pas, mais j'étais dans cet esprit-là.
00:48:50Là je crois que le plus important c'est déjà savoir si vous avez, c'est la première fois
00:48:58qu'on parle de sa fin de vie, de sa mort, et comment on pourrait l'accompagner dans ces
00:49:04derniers instants. Déjà il faut vous projeter, savoir si vous l'imaginez à la maison,
00:49:10oui la réponse est oui, avec tout ce que ça peut comporter, tout ce qui peut être difficile dans
00:49:18cette période. Si c'est oui, il faut commencer à le prévoir tout doucement. On prévoit un rendez-vous
00:49:26à ce moment-là ? Oui, oui. S'il arrive quelque chose à Jean-Marc, je me ferai inscrire avec,
00:49:35quelque part, comment ça s'appelle ? Pour avoir un hébergement. Pour avoir un hébergement. Une
00:49:42résidence. Voilà, une résidence. Mais il y a des listes d'attente, ça ne se fait pas comme ça.
00:49:46C'est pour ça qu'on anticipe et qu'on se dit, vous n'allez pas aller en résidence, pour l'instant
00:49:51on maintient un domicile et c'est pour ça qu'on fait venir un maximum d'intervenants, mais aussi
00:49:56un pied dans l'accueil de jour, parce que l'accueil de jour sera, lui, propice à vous recevoir. Si
00:50:04il y en a un qui est défaillant, pour ne pas vivre seul, on a nos entrées, on est prioritaire. Aujourd'hui
00:50:09il y a des listes d'attente pour rentrer, c'est pour ça qu'on est obligé d'anticiper quand on
00:50:13devient vieux. Je suis désolé, j'ai un peu te vexé. Toi et du soir au lendemain, dans ces conditions-là,
00:50:24seul, tu n'y arriveras pas. C'est pour ça qu'on a mis tout en place, c'est pour ça qu'on a déménagé
00:50:29Chahy, pour vous mettre en sécurité tous les deux. Alors là, concrètement, qu'est-ce qu'il faut
00:50:37faire ? Je trouve que tout ce qu'on a mis en place, après, c'est ma vision des choses, je suis
00:50:42votre fille, j'ai besoin d'être rassurée sur à la fois votre état physique et psychologique.
00:50:49Donc pour moi, tout ce qu'on a mis en place, ça me paraît déjà être une bonne solution. Après, vous
00:50:54vivez mal les choses chacun à votre manière. Papa, il se retrouve enfermé ici, sans son grand jardin.
00:50:59Il le gère comme il peut, mais il le gère, il essaye en tout cas. Et puis on fait
00:51:10venir les infirmières le matin, le soir, et puis on va faire venir la femme de ménage, et on a mis
00:51:16en place, c'est ce qui est prévu, pour vous aider. Oui, mais moi, je suis quand même...
00:51:23Dès qu'on parle de tout ça, tu es réfractaire à tout ça. Non, Anne, arrête de dire ça, parce que sinon, je me tais.
00:51:28Non, au contraire, il faut qu'on soit dans l'échange. Je ne suis pas réfractaire. Mais alors, quand je te dis femme de ménage, pourquoi tu fais la même ?
00:51:34Parce que je n'ai jamais aimé avoir une femme de ménage chez moi. Je la regarde, et puis
00:51:39j'attends qu'elle passe. Oui, mais votre maison, elle doit être propre. Les vitres, les sols, tout ça,
00:51:45ce n'est pas vous qui allez le faire. On fait ce qu'on peut. Voilà, mais donc pourquoi ne pas vous faire aider ?
00:51:50Mais vous le faites, ça, Élisabeth ? Je le fais ? Le sol, ce matin, t'as passé un coup sur les carreaux.
00:51:57Et sinon, le sol, il n'a pas vu de serriettes mouillées, de serpillères, depuis qu'on est là.
00:52:04Mais c'est normal qu'à votre âge, vous avez les moyens d'avoir quelqu'un qui intervienne. Moi, j'en ai eu une, femme de ménage.
00:52:10Mais oui, parce que si j'ai une femme de ménage, je ne travaille plus, je ne sors pas, qu'est-ce que je vais faire ?
00:52:16J'ai au moins quelque chose à... Le problème, c'est que dans les conversations, c'est très compliqué,
00:52:21parce que j'ai envie de dire des choses pour aller au bout, mais je ne veux pas t'abîmer.
00:52:25Oh, vas-y, abîme-moi, je ne suis pas abîmable. Non, mais clairement, moi, le ménage, il n'est pas fait comme il faut, ici.
00:52:31Alors, ce n'est pas un reproche pour toi, ce n'est pas un reproche pour papa, vous êtes de petits vieux malades.
00:52:36En quoi c'est une honte de faire intervenir une femme de ménage ? Je veux que vous soyez dans le propre, je veux que vous soyez propre,
00:52:41je veux que vous soyez dans le confort. Donc, on met en place tout ça pour le maintien à domicile.
00:52:45Bah oui ! Bah oui ! Mais alors, pourquoi ? Pourquoi c'est si compliqué, alors ?
00:52:49Mais pas tant, il faut qu'on fasse notre... Tu peux dire, Jean-Marc, tout ce que tu penses, toi.
00:52:53Ce que je pense ? Des fois, je ne préfère pas le dire. Je le dis après.
00:52:59C'est moi, c'est contre moi.
00:53:05Il faut que tu nous laisses tous les deux ensemble dans notre vie, quand même.
00:53:08C'est bien ce que j'ai l'intention de faire, en fait. Parce qu'il faut que je m'occupe de la mienne, en fait. Je prends conscience de ça, en ce moment.
00:53:13Oui, t'as raison. Oui, t'as raison. Mais je ne te dis pas ça d'une façon méchante.
00:53:18Mais, quand on est... Moi, j'ai que Jean-Marc pour être dans la vie, là.
00:53:25Il m'a, moi. On fait notre vie comme ça.
00:53:28Et alors, que tu nous fasses des reproches, t'as raison, si c'est...
00:53:32Moi, je vais m'atteler à autre chose. Ça va être beaucoup mieux. Beaucoup plus propre, et tu sais, tu verras.
00:53:37Tout est parfait, alors.
00:53:39On peut savoir à quoi tu vas t'atteler ?
00:53:42Je vais essayer de faire plus proprement les choses.
00:53:47Voilà. Parce que moi, ça ne me dérange pas. J'aime bien, presque.
00:53:52Mais que ce soit fait...
00:53:57Que ce soit fait et tout, mais moi, je ne veux pas...
00:54:02Tu ne veux pas quoi ?
00:54:04Je ne veux pas aller ailleurs. Ma vie va finir avec Jean-Marc.
00:54:10Mais il ne s'agit pas d'aller ailleurs, justement.
00:54:22Les gens vont croire que je suis réellement un petit vieux, là.
00:54:26À la vitesse à laquelle on marche.
00:54:31Alain Gros.
00:54:33Donc, c'est vous.
00:54:3573 ans, marié depuis la nuit des temps.
00:54:383 enfants, 7 petits-enfants de 24 à 4 ans.
00:54:42Retraité depuis une bonne dizaine d'années, ma femme travaillait encore.
00:54:46Au début, c'était pour moi les grandes vacances.
00:54:48Et alors après, vous mettez un mais.
00:54:50Trois petits points.
00:54:52Mais, à un moment donné, nous sommes allés, ma femme et moi,
00:54:55faire un bilan médical, social et neurologique.
00:54:59En fait, si j'ai bien compris,
00:55:01c'est parce que Françoise commençait à avoir quelques inquiétudes.
00:55:05Le diagnostic est tombé.
00:55:07J'étais atteinte de la maladie d'Alzheimer.
00:55:09Je n'ai rien vu.
00:55:11Je n'ai rien vu.
00:55:13J'étais atteinte de la maladie d'Alzheimer.
00:55:15Je n'ai rien vu venir.
00:55:17Je ne sais pas comment évoluera ma maladie,
00:55:19ni à quelle vitesse.
00:55:21Mon meilleur moyen de lutter contre elle,
00:55:23c'est de faire des activités.
00:55:25Comment je vis le stade ultime ?
00:55:27J'ai peur que ma femme parte avant moi.
00:55:34Vous êtes gaie, hein ?
00:55:36C'est pas le pied d'avoir bougé,
00:55:38de raconter cette histoire.
00:55:40C'est votre histoire.
00:55:42C'est votre histoire.
00:55:48Vous vous soulignez en rouge, là ?
00:55:52C'est vous qui avez...
00:55:54Ça vous rend triste ?
00:55:56Je vais pas dire chic-chic.
00:55:58Non.
00:56:05Vous vous faites pleurer.
00:56:08C'est moi qui vous fait pleurer ou c'est ce que vous avez...
00:56:10Je vous lis ?
00:56:12Oui, vous oubliez.
00:56:18Sur un bout de papier, il pleure pas.
00:56:20Quand on l'entend, c'est autre chose.
00:56:31Je me dis que c'est pas mal que je lis ça
00:56:33et que t'écoutes ce texte.
00:56:35Oui.
00:56:37Je dis plus rien, maintenant.
00:56:40T'écoutes.
00:56:44Les médecins font leur consultation,
00:56:46me disent si la maladie évolue ou pas.
00:56:48Ils me font faire des tests
00:56:50mais je ne vois pas l'humain derrière tout ça.
00:56:52On s'intéresse peu à l'état du patient
00:56:54sur sa propre évolution.
00:56:56Le médecin regarde les domaines
00:56:58de la capacité cognitive
00:57:00mais pour moi, l'important,
00:57:02c'est que je n'arrive plus à écrire.
00:57:04Cette maladie, je l'appelle
00:57:06la maladie invisible,
00:57:08c'est quelque chose du quotidien
00:57:10à faire comme s'habiller, parler,
00:57:12découper de la viande deviennent impossibles.
00:57:14Je ne dis pratiquement jamais
00:57:16aux autres que je suis malade.
00:57:18Je n'ai pas envie d'en parler.
00:57:20C'est mon secret à moi
00:57:22car les gens ne comprendraient pas.
00:57:24Je ne sais pas quels sont les effets
00:57:26de l'orthophonie, de l'ergotherapie,
00:57:28de toutes ces spécialités dédiées à cette maladie.
00:57:30Je ne sais pas trop à quoi ça sert.
00:57:32Je ne veux surtout pas vivre
00:57:34en étant indépendante.
00:57:36J'ai toujours été libre dans mes choix,
00:57:38dans ma façon de vivre et veux le rester
00:57:40jusqu'à la fin.
00:57:45C'est très bien résumé.
00:57:47C'est tout à fait ça.
00:57:49Mais c'est toi qui dis ça.
00:57:51Je ne m'en souvenais pas.
00:57:53C'est moi qui ai écrit ça.
00:57:55Je ne m'en souvenais pas.
00:57:57Je lis là tes mots.
00:57:59Si c'est mes mots,
00:58:01c'est ça.
00:58:03Tout à fait.
00:58:05Oui.
00:58:09Avec l'évolution
00:58:11qui a continué.
00:58:13Sinon, c'est tout à fait ça.
00:58:15J'ai Alzheimer.
00:58:17Il y en a
00:58:19qui ont autre chose.
00:58:21J'aurais pu avoir autre chose,
00:58:23plus jolie.
00:58:25C'est comme ça.
00:58:27C'est moche.
00:58:29Ça ne fait mal nulle part.
00:58:31Sauf à l'ego.
00:58:33En fait,
00:58:35c'est une maladie
00:58:37intellectuelle.
00:58:42Je prends ça comme ça.
00:58:46T'as mal nulle part.
00:58:48Par contre,
00:58:50quand tu cherches quelque chose
00:58:52ou que tu dis quelque chose à quelqu'un,
00:58:54qu'est-ce que c'est ?
00:58:56Où ça va ?
00:58:58C'est la panique.
00:59:00Mais ça ne fait mal nulle part.
00:59:03Voilà.
00:59:05Par contre, intellectuellement,
00:59:07je pense que ça risque...
00:59:09Je m'en fiche, j'ai plus besoin
00:59:11de trouver du boulot.
00:59:13Je pense que ça détruit tout ça.
00:59:17Vous en parlez bien, de cette maladie.
00:59:19Quand vous dites que ça ne fait mal nulle part,
00:59:21mais que ça détruit l'ego.
00:59:23C'est ça.
00:59:27Si j'étais plus jeune,
00:59:29je ne serais sans doute pas aussi cool.
00:59:31Mais là, maintenant,
00:59:33j'ai 78 ans.
00:59:3578 ans, non ?
00:59:3773.
00:59:39J'en ai encore à voir.
00:59:4173 !
00:59:4373 ans !
00:59:45Je croyais que j'en avais 60.
00:59:47Ah, 60 !
00:59:49Il y en a une qui se cache
00:59:51pour rire.
00:59:53Elle rigole dans la caméra.
00:59:55Bonne nuit.
00:59:57Bonne soirée.
01:00:07Messieurs, dames,
01:00:09bonne soirée et je m'en vais me coucher.
01:00:11Parce que
01:00:13j'ai beaucoup travaillé aujourd'hui.
01:00:15J'ai passé un beau repos.
01:00:17Bonne nuit
01:00:19et à demain.
01:00:21Parfait pour demain.
01:00:23Si je n'ai pas mon sac,
01:00:25ça ne va pas aller.
01:00:27Ça colle.
01:00:29Chaque fois que je suis assise sur cette chaise,
01:00:31ça colle.
01:00:33Parce qu'elle est plastiquée.
01:00:35Oui, c'est ça.
01:00:37Un peu plus, je prenais l'affaire.
01:00:39Ah non.
01:00:41Vous vous retrouvez où demain ?
01:00:43Le jeune homme, tu la tiens bien.
01:00:45Je vous ai demandé de vous retrouver où demain ?
01:00:47Où je pourrais, parce que
01:00:49si ça se trouve, je ne peux pas me coucher là.
01:00:51Je n'ai pas d'hôtel.
01:00:53Je n'ai pas d'argent, je n'ai pas de sac à main.
01:00:57Il faut une collègue pour moi.
01:00:59Sinon, je vais dormir là à côté.
01:01:03Mais je suis peureuse.
01:01:05Je ne peux pas dormir toute seule.
01:01:07Vous n'avez pas de chambre ici ?
01:01:09Non, j'en ai une toute petite.
01:01:11Il faut que je me ratatine
01:01:13sur moi-même pour dormir.
01:01:17Mais bon, j'ai une chambre.
01:01:20Non.
01:01:24Interdit.
01:01:26Privé ?
01:01:28Oui, c'est privé.
01:01:30Il y a quelqu'un qui a oublié ses chaussons.
01:01:32J'étais un jour de la semaine
01:01:34et
01:01:36je ressentais le même
01:01:38petit filet d'air.
01:01:40Comment tu veux dire ?
01:01:42Ben oui.
01:01:44Le petit filet.
01:01:46Et j'avais froid.
01:01:48Oui.
01:01:50C'est évidemment pas
01:01:52l'objectif recherché.
01:01:54Une bonne nouvelle.
01:01:56Venez avec moi, s'il vous plaît.
01:01:58Dans votre chambre.
01:02:00À quoi ?
01:02:02La couture.
01:02:04Tout le monde va entendre.
01:02:06C'est un secret.
01:02:08Venez avec moi, s'il vous plaît.
01:02:10On y va ?
01:02:12Oui.
01:02:14Je t'entends.
01:02:16Pas trop longtemps.
01:02:20Comment ?
01:02:22Pas trop longtemps.
01:02:24Deux minutes, il irait bien.
01:02:26C'est un cadeau, ça ?
01:02:28Oui, c'est vrai.
01:02:30On y va, monsieur ?
01:02:32Le geste auguste.
01:02:34On y va.
01:02:46Vous pouvez rentrer.
01:02:48Bien.
01:02:50Il est chaud là.
01:02:52On le voyait bien
01:02:54d'ici.
01:02:56Du centre de la salle.
01:02:58Cette grande salle
01:03:00superbe.
01:03:02Le soleil dans l'arbre.
01:03:04Comme il est beau.
01:03:06C'est pas ordinaire.
01:03:08Ça a beaucoup d'allure.
01:03:10C'est très très bien.
01:03:12Tellement d'allure
01:03:14qu'à mon avis
01:03:16c'est un peu vain
01:03:18de chercher autre chose.
01:03:34Allez.
01:03:36Un petit tour
01:03:38de ménage.
01:03:40Un petit tour de ménage.
01:03:42Je vais me décontacter.
01:04:10...
01:04:12...
01:04:14...
01:04:16...
01:04:18...
01:04:20...
01:04:22...
01:04:24...
01:04:26...
01:04:28...
01:04:30...
01:04:32...
01:04:34...
01:04:36...
01:04:39...
01:04:41...
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01:06:03Un jour,
01:06:05Alors que je rendais visite à mon père, dans l'institution où il vivait,
01:06:09je l'ai trouvé agenouillé dans un coin du couloir, semblant chercher quelque chose.
01:06:15« Ça va, papa ? Qu'est-ce que tu fais ? » lui ai-je demandé.
01:06:19Dans sa réponse, j'ai compris le mot « clou ».
01:06:23Sa main cherchait sur le sol l'objet invisible.
01:06:26Puis il me l'a tendu, et je l'ai rangé soigneusement dans ma poche, en lui disant « Merci, papa ».
01:06:35Je me suis rendu compte qu'il n'y avait plus qu'une seule chose à faire.
01:06:40Je me suis rendu compte qu'il n'y avait plus qu'une seule chose à faire.
01:06:44Je me suis rendu compte qu'il n'y avait plus qu'une seule chose à faire.
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01:06:56Je me suis rendu compte qu'il n'y avait plus qu'une seule chose à faire.
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