E. Lévy : "On a expliqué aux cyclistes qu’ils étaient moralement supérieurs, c'est un problème"

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Transcript

00:007h46 sur Sud Radio, l'édito avec vous, Elisabeth Lévy, bonjour Elisabeth.

00:07Bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:09Alors ce matin, un sujet qui a été beaucoup commenté, à la fois parmi la population,

00:16mais également par les politiques avec une surenchère quasiment de décision, c'est le meurtre.

00:22C'est un véritable meurtre puisqu'il y a une enquête d'un cycliste par un automobiliste la semaine dernière à Paris

00:28qui suscite donc beaucoup aussi d'émotions.

00:31Alors c'est un meurtre présumé pour l'instant parce que l'enquête devra établir s'il y a eu ou pas intention homicide,

00:38même si les témoins semblent le dire.

00:41Alors évidemment l'émotion est légitime, on la partage tous, une vie fauchée, une famille endeuillée,

00:46une autre détruite, une mort tellement absurde Patrick.

00:50Alors est-ce qu'il faut pour autant donner le nom de Polvary à un lieu parisien

00:56comme voudrait le faire madame Hidalgo qui sait d'ailleurs mettre du kitsch dans toutes les tragédies ?

01:00Ça signifie que pour elle, Polvary, ça n'est pas la victime d'un crime donc présumé odieux,

01:06mais le héros d'une cause plus grande que lui.

01:09Allez, ça pose évidemment la question inévitable après toute tragédie, vous le savez,

01:13est-ce que c'est un fait divers ou un fait de société ?

01:16Alors il y a des tragédies de droite et des tragédies de gauche, visiblement.

01:20Celle-là est de gauche parce que madame Hidalgo n'aurait pas proposé de baptiser une rue philippine,

01:26ce qui d'ailleurs ce n'est pas du tout ce que je souhaite.

01:29Donc pour la gauche, la mort de Polvary, quoiqu'exceptionnelle,

01:33eh bien ça n'est pas un événement isolé, d'où les rassemblements et les revendications

01:38qui arrivent évidemment dans la foulée, que font les pouvoirs publics,

01:41ils demandent des mesures, le monde dénonce le déni de la violence cruautière,

01:46moi j'ai l'impression qu'on en parle beaucoup, mais enfin bon,

01:48c'est en tout cas l'occasion de prêcher la bonne parole pour tous ces gens,

01:52la voiture c'est mal, le vélo c'est bien, la voiture tue, surtout les SUV,

01:56il faut donc interdire les grosses voitures,

01:59clame Yann Brossin, conseil municipal à Paris,

02:02et en plus c'est macho, d'ailleurs les mêmes qui voudraient que Mazan soit le procès de la masculinité,

02:08eh bien ce sont qui nous disent que la voiture tue et que ce sont les hommes qui les conduisent,

02:12donc interdisons les hommes et les voitures et tout ira bien.

02:15– Oui mais Elisabeth, vous ne pouvez pas plaisanter avec la mort quand même d'un jeune homme.

02:19– Eh bien je ne le fais pas, je ne plaisante pas avec la mort de Paul Barry,

02:22je le répète, j'ai beaucoup de compassion pour sa famille,

02:25mais je me moque des raisonnements qu'elle a su citer,

02:28ça s'est autorisé me semble-t-il,

02:30ce n'est pas un camion qui a tué Annie ce 14 juillet 2016,

02:34ce n'est pas un SUV qui a tué Paul Barry, ni une idéologie, c'est un homme.

02:40Alors cependant, là où je divergerais peut-être d'autres personnes,

02:45c'est que je ne crois pas que ce soit complètement un fait divers,

02:49ça n'est pas un fait divers, ça dit quelque chose sur notre société,

02:52mais tout autre chose que les gentils vélos contre les méchantes autos,

02:57qui est un peu ce qu'on nous sert depuis une semaine.

03:00Alors ça nous dit quoi ? D'abord l'intolérance de certains, la frustration,

03:03vous savez c'est tous mes dieux, l'autre n'existe pas,

03:06c'est pas propre à la voiture, c'est aussi, je frappe mon prof, j'insulte la police,

03:11alors c'est vrai, c'est aggravé par le fait que chez certains,

03:15la voiture est un prolongement érotique, si ça se trouve cher Patrick,

03:19le vélo aussi, il y a de la violence chez l'homme, même à vélo.

03:24La question qui se pose avec ce genre de choses, d'affaires comme on l'a vu,

03:29c'est de ce genre de réactions complètement folles,

03:31et bien c'est la répression des instincts,

03:35c'est-à-dire la civilisation qui ne se porte pas très bien.

03:38Et puis ça nous dit autre chose, ça nous dit que la cohabitation des mobilités,

03:42comme on dit dans la novlangue parisienne, est de plus en plus tendue,

03:46et dans beaucoup d'autres villes aussi.

03:48Parlez à un taxi ou à un cycliste, parlez à un chauffeur de taxi ou à un cycliste,

03:52et bien vous aurez des récits parfaitement irréconciliables.

03:56La terreur des chauffeurs de taxi et de bus, c'est de renverser un cycliste.

04:01Et franchement à Paris, d'expérience, c'est pas scientifique,

04:04mais je peux vous dire que beaucoup ne respectent pas les règles,

04:07même si je reconnais que ça s'améliore un peu.

04:10Mais cependant, s'ils ne respectent rien, pour beaucoup, pas tous,

04:14ces cyclistes, ce n'est pas de leur faute.

04:17Parce qu'évidemment le problème, ce n'est pas qu'on demande aux automobilistes

04:20de partager la ville avec des vélos, c'est comme ça,

04:23c'est tout à fait normal de le faire.

04:26Le problème, c'est qu'on a expliqué aux cyclistes qu'ils étaient moralement supérieurs

04:30et ces ligots ont fini par le croire.

04:33Ça suscite, j'imagine, des réactions de votre côté.

04:37Vous êtes d'accord avec ce que vient de dire Elisabeth Lévy ou pas d'accord ?

04:41Vous avez la parole. 0 826 300 300, nous en parlons dans un instant.

04:45Tiens, je poserai une question à Stéphane Troussel tout à l'heure,

04:47mon invité politique à 8h30, qui est président de Seine-Saint-Denis.

04:55Il est 7h50, bon réveil.

04:58On se retrouve dans un instant avec vos réactions et tout à l'heure le journal de 8h.

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