Avec Morad Aït-Habbouche, réalisateur de la série “Sale temps pour la planète”
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##COMMENT_VA_LA_PLANETE-2024-10-20##
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VoyagesTranscription
00:00Sud Radio, comment va la planète ?
00:03Bonjour Moradric Tabouche.
00:04Bonjour Jean-Marie.
00:05Réalisateur de la série Sale Temps pour la planète sur France 5, alors chaque semaine
00:09sur Sud Radio vous nous emmenez quelque part sur le front du changement climatique à la
00:12rencontre de ceux qui se battent aujourd'hui direction la Guadeloupe, c'est ça ?
00:16Exactement, j'espère que vous n'avez pas le vertige Jean-Marie car je vous emmène
00:20au bord de la falaise, on va marcher très très près du précipice, c'est parti, l'enfer
00:25au paradis.
00:27Vous l'avez compris, on est dans les Caraïbes, à Cap-Esther-Belleau en Guadeloupe, notre
00:32guide c'est Camille Donion, on arrête la musique car là on entre dans le vif du sujet
00:38qui n'a rien hélas de paradisiaque, Camille est retraitée et je peux vous le dire, il
00:43n'a pas le temps de chômer.
00:44Attention, nous allons arriver dans une zone très dangereuse.
00:49Camille est l'adjointe du maire de Cap-Esther en charge de l'urbanisme mais aujourd'hui
00:54son boulot c'est plutôt d'accompagner les propriétaires et les locataires qui
00:59vivent au plus près de l'abîme, du vide.
01:01Ici, on avance prudemment, hier il a plu, la terre c'est un peu de la gadoue, il ne
01:08faut pas glisser, on est, je vous l'ai dit, à flanc de falaise, à une quarantaine de
01:13mètres au-dessus du vide.
01:14On constate que ce sont les racines qui retiennent l'habitation donc c'est très dangereux
01:19puisque le sous-bassement est déjà à nu donc il y a urgence de faire déplacer ces
01:24personnes.
01:25Urgence, oui, car à chaque tempête, il y a le risque de voir sa maison sombrer 40 mètres
01:32plus bas, c'est déjà arrivé.
01:34On se rend un petit peu plus loin et sur le trajet, Camille nous montre les habitations
01:40les plus en danger.
01:41Nous sommes sur une maison qui est menacée sur le littoral et qui se trouve sur, on va
01:47dire une presqu'île parce qu'elle est considérée comme protégée mais elle fait
01:51partie des maisons aussi indélogées, c'est-à-dire on doit reloger ses propriétaires.
01:55On arrive devant la maison d'Erika, a priori depuis la rue, c'est une belle maison et
02:02on a du mal à comprendre pourquoi Camille nous emmène là.
02:05J'arrive en premier et madame va arriver après moi.
02:08Nous nous rendons en fait à l'arrière de la maison et ce que nous découvrons fait
02:13froid dans le dos.
02:14Pas la vue sur la mer bien sûr, Jean-Marie, depuis le balcon, elle est exceptionnelle
02:18évidemment.
02:20La terrasse, sa terrasse est quasi dans le vide, drôle d'impression je vous le garantis.
02:24Merci de m'accueillir dans le sous-sol d'une maison qui est au bord du précipice.
02:30Camille n'est pas surpris, il en a vu d'autres mais en avançant on se dit que la villa ne
02:35tient qu'à un fil, une tempête, des pluies, d'huiles huviennes et la maison peut s'effondrer.
02:40C'était pas comme ça avant monsieur, il y avait des arbres là, il y avait de la terre,
02:46c'est pas quelque chose qui est venu comme ça.
02:50Erika et sa mère vivent dans cette maison depuis près de 40 ans et chaque année la
02:54falaise recule.
02:55Ça va continuer, la Guadeloupe c'est un point entouré d'eau, donc si on ne fait rien pour
03:01consolider mais ça va continuer et c'est pas ma maison qui va disparaître mais c'est
03:06toute la Guadeloupe.
03:07Il faut aussi réfléchir à ça, on règle le problème quand il y a le problème mais
03:11on n'essaie pas de réfléchir en amont pour éviter le problème, on parle beaucoup mais
03:15quelles sont les actions qui sont concrètement menées, je ne sais pas.
03:19Dans 50 ans, dans 100 ans, elles ne sont pas toujours là, je ne sais pas.
03:23Pourtant, toute leur vie est là.
03:26Vous voulez partir vous madame?
03:27Mettez-vous un petit peu à ma place, j'ai toujours vécu ici.
03:32Des vies en équilibre sur un fil, il y en a des centaines dans l'archipel, plus de 500
03:37maisons et autant de familles qui sont aujourd'hui en danger.
03:40On quitte Camille pour rencontrer Ronny Saint-Charles.
03:43Nous avons la route du quartier qui est déjà menacée, qui tombe, on la voit bien ici.
03:48Il y a des morceaux d'asphalte qui sont tombés ici, là et là, il faudra la conforter pour
03:52protéger le quartier. Un travail d'occisif car il faut constamment restaurer cette route.
03:58Ronny Saint-Charles dirige l'agence gouvernementale des 50 pas du roi.
04:02Pourquoi ce nom? Facile.
04:07Ce sont les troupes de Louis XIV, à l'époque, elles devaient pouvoir débarquer
04:11n'importe où sur l'archipel.
04:1350 pas, c'est environ 81 mètres de large.
04:17Il y a donc une bande littorale de 81 mètres où il est normalement interdit de construire.
04:23Cette zone a été créée par la colonisation.
04:25Elle appartenait au roi pour protéger les colonies et aussi pour permettre à chacun de
04:29récupérer des matières premières.
04:31Il y a une occupation qui a été faite au fil des ans par les populations les plus pauvres,
04:34notamment à partir de l'abolition d'esclavage.
04:36Ils ont fait avec les moyens qu'ils avaient pour se protéger, simplement pour pouvoir
04:39s'habiter. Il y aurait des milliers de maisons sur cette bande littorale, la plupart en
04:44situation de grand danger.
04:46Les populations qui n'ont pas le choix investissent les lieux et bâtissent sans permis
04:50de construire des cabanes qui se transforment au fil du temps en maison.
04:54Mais avec les tempêtes ou les pluies diluviennes, la falaise s'effondre.
04:59On marche ici toujours très prudemment.
05:03Il y a eu de l'érosion ici.
05:04Faut faire attention maintenant.
05:05Tout ça s'en va aussi également.
05:09Cette maison abandonnée et on comprend pourquoi il faudra la déconstruire parce que
05:14cette maison, tant qu'elle est la construite, elle appuie sur la falaise et elle
05:17augmente l'érosion.
05:20En Guadeloupe, la nature reprend ses droits, un peu comme partout dans le monde.
05:23Et l'archipel est menacé de toutes parts.
05:26Les risques qui sont les plus importants, c'est la hausse cyclonique, le mouvement de
05:29terrain et l'inondation.
05:31C'est ça qui est pris en compte. Mais on peut rajouter le volcan, la séisme et les
05:34tsunamis. Ça fait beaucoup sur un petit, un petit territoire, oui.
05:37Mais on y vit depuis de nombreuses années, donc il faut faire preuve de résilience,
05:40mais en accompagnant les populations.
05:42Comment? Évidemment, Ronnie Saint-Charles n'a pas de baguette magique et les fonds
05:45publics à louer ne sont évidemment pas à la hauteur des enjeux.
05:49Nous sommes 30 mètres au dessus du sol, mais la maison va tomber si jamais on ne
05:53gère pas le dossier rapidement avec les politiques publiques.
05:57Avec ses équipes, il a déjà répertorié des centaines de maisons en urgence absolue.
06:02Nous sommes à 500 bâtiments normalement qui doivent faire l'objet de
06:05relocalisation par rapport à l'exposition des risques naturels, que ce sont la
06:10submersion marine, l'inondation et les mouvements de terrain.
06:13C'est ça, Jean-Marie, la réalité du dérèglement climatique.
06:16Il faut d'abord régler les questions les plus urgentes en trouvant des solutions
06:20pour éviter des drames humains de grande ampleur.
06:23Heureusement, en Guadeloupe, ils ont des solutions.
06:25On verra ça dans une prochaine chronique ou sur France 5, évidemment, très bientôt.
06:29Dans huit jours, précisément, ce sera le lundi 28 octobre sur France 5.
06:33Ce numéro de C'est le temps pour la planète avec vous, évidemment.
06:36Merci beaucoup, Morad.
06:37Merci beaucoup, Jean-Marie.
06:38On vous retrouve dimanche prochain.
06:39Attention, vous marchez quand même.
06:41C'est vrai.