Escapade dans le Marais poitevin - Comment va la planète

  • le mois dernier
Avec Morad Aït-Habbouche, fondateur de la plateforme 2 degrés de plus.
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##COMMENT_VA_LA_PLANETE-2024-07-07##

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Transcript
00:00Sud Radio, comment va la planète ?
00:04On est ravis de retrouver Maurad Haïtabouche, bonjour Maurad !
00:08Bonjour Clément !
00:09Je rappelle que vous êtes réalisateur et producteur de la série « Sale temps pour la planète », c'est sur France 5.
00:15Et ce matin je vous vois avec un grand sourire, alors qu'est-ce qui vous donne ce sourire ?
00:19Quelle balade ou rencontre vous avez fait ?
00:21Exactement Clément, ce qui m'a donné, ce qui me donne la patate cette semaine, c'est une belle escapade dans le Marais Poitvin.
00:29On est en dehors du monde.
00:31Pour vous situer les lieux, c'est entre terre et océan, eau douce et eau salée.
00:36Et pour nous accompagner, le champ des oiseaux.
00:39Nous sommes dans un territoire à cheval sur trois départements, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime et la Vendée.
00:49Et celui qui a la chance de profiter de ce coin paradisiaque, c'est Richard.
00:54On embarque, c'est parti, c'est lui qui rame.
00:57Moi je regarde et surtout j'écoute.
01:00C'est un paradis à toutes les saisons.
01:02Et il offre des ambiances et des couleurs absolument fantastiques d'une saison sur l'autre.
01:07Là on pourrait se dire, en plein hiver, il n'y a pas une feuille, ça va être triste.
01:11Ben non, on va avoir des lumières qui vont être différentes, on va avoir la brume qui va venir sur les canaux sur lesquels on se trouve.
01:18Et à ce moment-là, les paupiers se mirent dans l'eau et on ne sait plus où est la limite du ciel et de la terre.
01:26Il est 8h du matin, le soleil se lève à peine.
01:29Et là, je vous le garantis, on se tait.
01:32Ce sont des moments suspendus.
01:34On a du mal à interrompre le chant et le balai des oiseaux qui peuplent les lieux.
01:38Richard est l'un des agents qui veillent sur le marais Poitvin.
01:42Un marais qu'il connaît par cœur.
01:44C'est pourtant, je peux vous le garantir Clément, un labyrinthe de canaux.
01:49Seul, aucune chance de s'y retrouver.
01:52Alors que lui, il y va les yeux fermés.
01:54Le marais, c'est notre bureau, il est à multiples visages.
01:57Il y a plusieurs pièces dans un grand ensemble.
02:00C'est ça qui fait le côté fantastique du marais Poitvin.
02:03Là, on navigue sur une voie d'eau, elle a été creusée par l'homme.
02:06Tous les arbres qu'on voit sur les bords, ils ont été plantés par l'homme.
02:09Donc on a cette impression de nature, mais en réalité, c'est un immense jardin cultivé
02:15qui est le fruit d'aménagements qui ont pris des siècles.
02:18Et aujourd'hui, nous, on a un trésor.
02:20C'est aussi un travail de titan.
02:22C'est surtout, vu d'en haut, une sculpture végétale assez incroyable.
02:27Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Richard.
02:29Alors, il y a de temps en temps, des spectacles qui sont exceptionnels.
02:33C'est lorsqu'on est en cru.
02:34Là, vous imaginez tous ces paysages avec plus de 80 centimètres d'eau sur les prairies.
02:39Et là, le marais, il change complètement de physionomie
02:42puisqu'on n'a plus ce labyrinthe aquatique.
02:45On a un immense lac.
02:47Et les maraîchers disent, le marais est blanc.
02:51Ce marais est immense.
02:53Il représente, après la Camargue, la plus grande zone humide de France.
02:57Cette partie du marais reçoit toutes les eaux du bassin versant.
03:01Et lorsqu'elles ne peuvent pas s'évacuer, on assiste à ce qu'on appelle des inondations.
03:06Quelques coups de rame et les fossés, les canaux disparaissent.
03:10On entre alors dans une sorte de lac.
03:12C'est vital pour le marais.
03:14Dans le pays, on les appelle les évailles.
03:18Mais comment ça marche ?
03:20Dès les premières pluies d'hiver, ces zones agissent comme des éponges.
03:24Des réservoirs d'eau qui permettent aux terres agricoles, aux alentours, de rester au sec.
03:29Mais ce n'est pas tout.
03:31Ça marche aussi pour les villages qui se trouvent dans les marais.
03:34C'est le village de la Garette.
03:36Il est très caractéristique parce que, comme on l'a compris,
03:39dans le marais, il n'y a pas d'habitation puisque c'est une zone inondable.
03:42On voit même encore quelques traces de crues.
03:44C'est cette boue-là qui reste.
03:46Tous les habitants se sont accrochés sur les bords du marais.
03:49La partie habitation et la rue est du côté de ce qu'on appelle la plaine.
03:53Ensuite, toutes les structures agricoles viennent s'accrocher en bordure du marais.
03:58Sachant que lorsqu'on va travailler dans le marais, on prend toujours la barque.
04:01Il n'y a pas de chemin.
04:03Là, je vous l'ai dit, nous sommes seuls au monde.
04:06Mais dès les premiers jours de l'été, c'est évidemment de la folie.
04:10850 000 touristes débarquent.
04:13Forcément, on l'a dit, on est dans un petit paradis.
04:16N'ayons pas peur des mots, c'est même une petite Venise.
04:20Le terme Venise verte, ça date du siècle dernier.
04:23C'était la grande période romantique.
04:25C'est que dans le marais, il y a plein d'armes partout.
04:27Et puis, à certaines périodes de l'année, on a aussi ce qu'on appelle la lentille.
04:31Les écrivains qui sont venus dans le secteur,
04:33voyant tous les gens se déplacer en barque sur ce tapis vert,
04:36voilà, on est tombés sur la Venise verte.
04:40C'est pondé sous pied au-dessus ?
04:43Non, il y a effectivement quelques petites passerelles
04:47qui se sont construites pour de nouveaux usages.
04:51Ça relie quelques résidences secondaires, c'est ponctuel.
04:54Mais comment parler du marais Poitvin sans évoquer les anciens ?
04:59L'intelligence de nos anciens.
05:01Dans le marais, ils étaient très prudents.
05:03Leur maison était adaptée aux colères de la nature.
05:06Ici, pourtant, quand ça gronde, ça gronde.
05:13La partie résidentielle est plutôt en hauteur,
05:16parce qu'on a des maisons qui s'accrochent,
05:18et le bas correspondait à la grange, l'écurie.
05:21Et aujourd'hui, ce sont les remises, et l'eau rentre très très peu.
05:26Parce que quand on dit une crue, il y a les crues qui sont régulières.
05:29Il y a les crues trentenaires, et puis il y a les crues cinquantenaires,
05:32et puis les crues du siècle.
05:34Et la crue du siècle...
05:36Oui, là, ça va nous bouleverser un peu, je pense, quand même, nos références.
05:40Alors, pourquoi ? Parce qu'on a une eau qui va arriver différemment,
05:44on le sent bien, et déjà, elle arrive plus vite.
05:47Et on peut avoir des concentrations de périodes de pluie
05:50qui peuvent être plus importantes que par le passé.
05:53On n'a pas encore le recul, il ne faut pas être alarmiste,
05:55mais vraisemblablement qu'on aura des modifications à ce niveau-là.
05:59Un peu plus loin, on découvre l'abbaye de Maïzès.
06:02C'est là où tout a démarré avec les moines
06:05qui, au XIe siècle, ont façonné ces marais.
06:08Vous savez, quand on dit que la foi peut déplacer des montagnes,
06:11c'est ici l'exemple parfait.
06:14Le génie de l'homme, c'est d'avoir asséché une partie des marécages
06:17pour les transformer en terres agricoles.
06:20Richard nous emmène à pied, cette fois-ci, dans un lieu stratégique,
06:24à la frontière entre les deux univers du marais Poitvin.
06:28Alors là, nous sommes sur une digue.
06:30C'est une vraie frontière qui va séparer, de ce côté-là,
06:33les marais desséchés, de l'autre côté, les marais mouillés.
06:36Alors comment est-ce qu'on a construit cette digue ?
06:38Elle a été faite par les moines, aidés des populations locales
06:41qui avaient besoin de se protéger des eaux qui vont s'étaler dans le marais mouillé.
06:45À partir de là, on pouvait mettre en culture les marais desséchés,
06:48donc y faire de l'élevage, cultiver des céréales.
06:51Et c'est ce type de paysage qu'on va rencontrer
06:54lorsqu'on s'en va vers la faute, la tranche, bref, vers l'océan.
06:57On a ces grands paysages ouverts.
06:59Finalement, autour de ces parcelles, on n'a pas besoin de se protéger des crues,
07:04donc on plante peu d'arbres.
07:06Et puis, bien entendu, plus on se rapproche de l'océan,
07:08plus on aura les vents qui vont contrecarrer la pousse des arbres.
07:12Il y a aujourd'hui, Clément, plus de 60 000 hectares de terres fertiles,
07:16maïs, blé, tournesol.
07:18Mais ces terres sont situées en dessous du niveau de la mer.
07:21C'est le talon d'Achille de ces terres,
07:23surtout avec le dérèglement climatique en cours.
07:26Saletons pour la planète !
07:28Merci, Maurade, pour cette belle balade dans le marais poids de vin.
07:32Maurade, je rappelle que vous êtes réalisateur et producteur
07:35de la série Saletons pour la planète sur France 5.
07:38Et puis, félicitations, parce que je crois que vous avez reçu un prix.
07:42Un label d'utilité publique par les temps qui courent, c'est important.
07:46Pour un documentaire sur la Corse.
07:48Exactement.
07:49Et si on veut le revoir, ça se passe sur...
07:51En replay sur France TV.
07:52Eh bien, merci beaucoup, Maurade.
07:54À la semaine prochaine.

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