• il y a 22 heures
Chaque année, 6 000 patients, adultes comme enfants, retrouvent l'espoir et une vie normale grâce à une greffe salvatrice.

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Personnes
Transcription
00:00L'ogne, en Seine-et-Marne.
00:04Gâteau sans gluten,
00:06lait concentré sucré.
00:08Marie-Françoise, 43 ans.
00:10T'as besoin d'ailleurs ?
00:12Oui, je les avais préparés à ce près.
00:14Et Jonathan, 40 ans, son mari,
00:16prépare l'anniversaire de la petite dernière.
00:20Tu vas en casser quatre.
00:22Je lui ai dit tout à l'heure
00:24qu'elle allait avoir un cadeau.
00:26Un petit cadeau ?
00:28Je lui ai dit mais tu vas avoir un gâteau.
00:30Elle n'a pas en avoir qu'un de cadeau.
00:32Un anniversaire,
00:34pas comme les autres.
00:36C'est l'anniversaire de ses six ans de greffe.
00:38Je lui ai dit ce matin
00:40c'est l'anniversaire de ton petit foie et tout.
00:42Elle me dit bidou.
00:44Elle est super contente d'avoir un cadeau en fait.
00:46Elle va faire la fête,
00:48elle a dit je vais faire la fête et tout.
00:50Elle a commencé à faire ses pousses.
00:54Je trouve qu'il est bien aussi
00:56de fêter cette première greffe
00:58parce que c'est par le don et par le cadeau
01:00d'une personne, cette générosité
01:02que Juliette a vécu
01:04qu'elle est là.
01:0816h30,
01:10Juliette, 7 ans,
01:12la vedette du jour, rentre de l'école.
01:20Si la petite fille a du mal
01:22à verbaliser ce qu'elle ressent,
01:24c'est parce qu'elle a des troubles autistiques.
01:28Bon anniversaire à ton petit bidou.
01:30Oulala, c'est l'anniversaire de qui ?
01:32Du bidou de ?
01:34Bidou.
01:36Allez hop !
01:40On va le mettre.
01:42C'est trop bon, c'est un bien bien.
01:44Il est beau ou il n'est pas beau ?
01:46Malgré une première greffe à ses 11 mois,
01:48la petite Juliette est en attente d'un nouveau foie,
01:50celui d'un enfant décédé.
01:52Pour un bonheur.
01:54La famille.
01:58Une vie en suspens,
02:00où à chaque instant, un simple appel de l'hôpital
02:02peut tout faire basculer.
02:06Chaque année en France,
02:08plus de 26 000 personnes
02:10sont en attente d'une greffe.
02:12Tous les Français, âgés de plus de 13 ans,
02:14sont considérés comme donneurs potentiels,
02:16sauf s'ils expriment le souhait inverse
02:18auprès de l'agence de biomédecine.
02:20Près de 6 000 patients par an
02:22ont la chance de revivre normalement,
02:24grâce à un nouvel organe.
02:26Ils sont adultes,
02:28mais aussi enfants.
02:30Leurs besoins de greffe résultent d'une maladie ou d'un accident.
02:36Nathalie fait partie des chanceux.
02:38Il y a 4 mois,
02:40elle a reçu le cœur d'un inconnu.
02:42Un cadeau inestimable,
02:44une renaissance,
02:46qui lui permet de continuer à profiter de ses proches.
02:48A ma seconde chance !
02:52Si cette mère de famille est aujourd'hui en reconstruction,
02:56Juliette, elle, a 7 ans,
02:58attend déjà sa seconde greffe de foie.
03:02Comment vivre au quotidien
03:04en attendant le coup de téléphone qui peut lui changer la vie ?
03:06On a un premier appel.
03:08Si on décroche pas, il y a un deuxième appel.
03:10Mais après, il passe
03:12au patient suivant,
03:14parce que le temps est compté.
03:16Mais il n'y a pas que le décès d'un anonyme
03:18qui peut sauver une vie.
03:20Depuis 1982,
03:22le don d'organe d'une personne vivante
03:24s'est généralisé en France.
03:26Élis s'apprête à offrir un rein à son grand frère.
03:28Des années de vie supplémentaires
03:30et sans dialyse,
03:32pour Dominique, atteint d'insuffisance rénale chronique.
03:36C'est évident, c'est mon frère,
03:38s'il faut que je lui donne mon souffle de vie,
03:40je vais lui donner, sans hésiter,
03:42pour une seule seconde.
03:44Quelles épreuves traversent
03:46les donneurs et receveurs d'organes ?
03:48Quel est leur parcours avant la greffe ?
03:50Et comment se reconstruisent-ils
03:52avec ce trésor
03:54d'une valeur inestimable ?
04:00A Hattis-Mons, dans l'Essonne.
04:04Dominique, 39 ans,
04:06est une petite star.
04:08Votre sourire, monsieur.
04:10Dernière fois que vous allez nous voir.
04:12Vous êtes content ?
04:14Vous allez me moquer, docteur.
04:16Dominique fait partie
04:18des près de 10% de Français
04:20souffrant de maladies rénales.
04:22Depuis un an, il a dû cesser son travail
04:24de gérant d'une société de sécurité.
04:26En arrêt maladie,
04:28il vient trois fois par semaine ici
04:30pour effectuer ses dialyses.
04:32L'infirmière qui s'occupe de lui
04:34aujourd'hui, c'est Lydia.
04:36Douleur, pas douleur ?
04:38Non, ça va.
04:40La dialyse aide
04:42à débarrasser le corps
04:44de tous les déchets
04:46que le rein débarrasse habituellement.
04:48Ce que nous, nous faisons
04:50de façon naturelle tous les jours
04:52sans même nous en rendre compte,
04:54nous demande à son corps
04:56de faire ça, mais en quatre heures du temps.
04:58Quand je sors de dialyse, j'arrive à la maison,
05:00je cherche pas à comprendre, je m'allonge.
05:02Je m'allonge.
05:04Il arrive des fois même
05:06que je dorme jusqu'à 21h, 22h.
05:08Des longues siestes.
05:10Puis voilà, on s'y fait après.
05:12On prend l'habitude, on embête un peu le personnel,
05:14on va passer le temps, tout ça.
05:16Et puis voilà.
05:18Comme 25% des hommes en France,
05:20Dominique fait de l'hypertension artérielle,
05:22ce qui a considérablement
05:24endommagé ses reins.
05:26Mais il est chanceux.
05:28Ce matin, c'est sa dernière séance.
05:30J'espère qu'après la grève, ça va...
05:32Normalement, après la grève,
05:34vous repartez comme jadis.
05:36Si l'infirmière se veut particulièrement rassurante,
05:38c'est parce que dans deux jours,
05:40Dominique recevra le rein de son frère.
05:42Je commence à me stresser un peu.
05:44Sinon, on va savoir.
05:46C'est stressant pour l'un comme pour l'autre.
05:48Moi, je stresse plus pour lui.
05:50D'un autre côté, c'est normal de stresser pour lui
05:52parce qu'on croise les doigts
05:54en espérant qu'il lui arrivera rien.
05:56C'est vraiment ça.
05:58On a un peu cette petite culpabilité
06:00qui peut se mettre en place.
06:02Le risque zéro n'existe nulle part.
06:04Je pense que toutes les garanties ont été faites
06:06pour que lui aussi soit en sécurité.
06:08Il n'y a pas de souci.
06:10En tout cas, Lydia, merci pour toi
06:12d'avoir pris soin de moi toute cette année.
06:14Ne revenez pas, si ce n'est pour nous dire bonjour
06:16et nous emmener des petits cadeaux,
06:18des petits chocolats, des choses comme ça,
06:20des bonbons. Moi, je n'aime pas le chocolat.
06:22C'est plutôt des fruits.
06:24Je passe ma commande.
06:26Allez, Dominique !
06:28Au revoir !
06:30Au revoir !
06:32Merci pour tout !
06:34En espérant pas vous revoir,
06:36mais merci en tout cas, c'était gentil.
06:38Et votre bonne humeur.
06:40À très bientôt.
06:42Allez, courage.
06:44Épuisé comme à chaque fois,
06:46Dominique rentre se reposer.
06:48De son côté...
06:50Il faut que je passe au local récupérer des affaires
06:52pour Dom.
06:54Son petit frère Eli, 34 ans,
06:56est lui plein d'énergie.
06:58Je m'inscris à quoi comme sport ?
07:00Aujourd'hui, une seule question trotte dans sa tête.
07:02Je suis en train de réfléchir.
07:04Je vais faire quoi comme sport ?
07:06Parce que là, mon quotidien, c'est quoi ?
07:08Je fais ma journée, après, je vais à la boxe.
07:10Ah, du ping-pong !
07:12T'étais bon, à l'époque !
07:14Ping-pong, c'est le pire sport,
07:16parce que juste avant, quand j'étais petit,
07:18où je me suis fait mal ?
07:20La table, elle est là.
07:22J'ai voulu rattraper ce match-là.
07:24On fait comment ?
07:26Il s'est blessé au ping-pong.
07:28Toutes ces interrogations surviennent
07:30car Eli est donneur,
07:32mais pas n'importe lequel.
07:34Comme lui, près de 600 personnes
07:36choisissent de donner un organe de leur vivant.
07:38Dès 2015,
07:40il participe à la course du coeur,
07:42un relais de 4 jours et 4 nuits
07:44entre Paris et les Alpes
07:46pour sensibiliser aux dons d'organes.
07:48J'avais ma carte de donneur,
07:50mais je pensais que j'allais donner
07:52après que je sois mort.
07:54Et quand les médecins m'ont dit que ton frère,
07:56j'ai dit que je suis donneur.
07:58Vous voyez tout de suite si je suis compatible.
08:00C'est comme ça qu'on a commencé les démarches.
08:04Pour tester sa compatibilité avec son frère
08:06et éliminer tout risque lors de la greffe,
08:08Eli réalise une batterie de tests.
08:12J'ai fait un milliard d'examens,
08:14des IRM, des scanners,
08:16des échographies.
08:18Je ne savais même pas qu'il existait l'échographie.
08:22Le donneur n'est pas au bout de ses surprises.
08:24À l'aspect médical, s'ajoute l'aspect éthique.
08:26Après tous les examens,
08:28tu passes devant l'agence
08:30de la biomédecine.
08:32Et eux, ils sont témoins de ton consentement.
08:34Tu signes, c'est pas fini.
08:36Tu vas au tribunal, tu vas passer devant un juge.
08:38Le juge lui aussi va voir si vraiment
08:40t'es pas en train de vendre ton rein,
08:42quand t'es pas forcé.
08:44Au bout de 7 mois d'examens et de procédures,
08:46le verdict tombe.
08:48On croit que le juge a validé ce verre.
08:50Y'a plus de frein, c'est parti.
08:54Eli est un grand sportif.
08:56Football, footing et, 5 fois par semaine,
08:58de la boxe dans son club d'Argenteuil,
09:00en banlieue parisienne.
09:06Ce soir, son entraînement
09:08a une saveur particulière.
09:10C'est fini, vous, avec la boxe ?
09:12C'est fini ?
09:14C'est mon dernier entraînement de boxe
09:16parce que les médecins, depuis, ils m'ont dit
09:18« Tu fais du sport ? Oui. Tu fais beaucoup de sport ? Oui. Tu fais quoi comme sport ?
09:20Course à pied ? C'est bien.
09:22Un peu de ceci, un peu de cela. De la boxe.
09:24De la boxe ?
09:26Oublie. Comment ça, oublie ?
09:28Pendant quelques mois ? Non, je vais me reposer
09:30quelques mois, bien et tout. Je vais me refaire une bonne ceinture abdominale
09:32et tout. Et après, vas-y, je vais...
09:34Je vais repartir mettre les gants.
09:36T'as pas compris ?
09:38Que ce soit dans 6 mois, 1 an, 1 an et demi,
09:402 ans, oublie la boxe.
09:42C'est terminer les combats que tu manges un coup,
09:44il te reste un rein, tu dois en prendre son...
09:46Ce passionné pratique la boxe depuis ses 13 ans.
09:48Mais ce soir,
09:50il rencontre malgré lui son dernier combat.
09:54J'ai juste une question.
09:56On pourra toujours faire la bagarre toi et moi.
09:58T'en veux plus ? J'en peux plus.
10:00C'est mon dernier entraînement.
10:12C'est ça que je débute.
10:14C'est exactement ça.
10:16Félicitations.
10:18Félicitations forçatoires, mon frère.
10:20Merci.
10:22Franchement, je trouve ça honorable de sa part.
10:24Honnêtement, franchement,
10:26c'est remarquable.
10:28C'est là qu'on voit l'amour d'un frère.
10:30Parce que c'est quelqu'un qui a un grand coeur,
10:32qui est toujours là pour les gens quand il en a besoin.
10:36Dans moins de 24 heures,
10:38la vie de ce grand sportif va prendre un autre tournant.
10:46Kochi à la tour,
10:48dans le Pas-de-Calais.
10:54Avec ses deux sacs,
10:56Nathalie, 51 ans, ne rentre pas des courses.
10:58Elle s'apprête à remplir son pilulier
11:00pour la semaine.
11:02Une nouvelle discipline qui s'est inscrite bien malgré elle
11:04dans son quotidien.
11:06J'ai un ordre de préparation de mes piluliers.
11:08Du plus important au moins important.
11:10Je commence toujours par mes antirejets.
11:12Ces médicaments ont pour but
11:14de prévenir un rejet par le corps
11:16d'un organe qui n'est pas le sien.
11:18Ils sont indispensables,
11:20mais pas sans conséquences.
11:22Effet d'étremblement,
11:24je ne le vise pas très bien.
11:28Tout le monde n'a pas forcément ces effets secondaires-là.
11:30Moi, je les ai hérités, malheureusement.
11:32Mais ça entraîne d'autres effets.
11:34J'ai un gonflement du visage.
11:36Je ne suis pas comme ça habituellement.
11:38Je ne suis plus creusée.
11:40Mais bon, là, forcément, les gens disent que j'ai bonne mine.
11:44Cette infirmière, actuellement en convalescence,
11:46prend 25 médicaments par jour.
11:48J'ai de l'acide folique.
11:52J'ai du Bactrim.
11:54Ça, c'est le lundi, le mercredi, le vendredi.
11:56Celui-là, c'est un statin.
11:58C'est pour le cholestérol.
12:00Ça, c'est des vitamines.
12:02Je prends du magnésium aussi.
12:04Tout va bien.
12:08À cela s'ajoutent deux autres contraintes.
12:10La prise de tension quotidienne.
12:12Je suis à 12,7.
12:14C'est très bien.
12:16Et pour vérifier une éventuelle infection des poumons,
12:18la mesure de l'oxygène dans son sang.
12:20On doit, en général,
12:22être au-dessus de 95.
12:24Moi, là, je suis à 98 %.
12:26Donc, c'est très bien.
12:28Si Nathalie s'impose cette discipline,
12:30c'est parce que sa santé est encore fragile.
12:32Il y a 4 mois, elle a frôlé la mort
12:34en faisant 2 arrêts cardiaques
12:36en moins de 24 heures.
12:38Depuis, son mari David
12:40cadre dans une usine de sucre.
12:42Fatigue.
12:44Reste vigilant.
12:50Je fais toujours attention.
12:52Toujours attentif.
12:54Le moindre effort de la vie quotidienne, c'est compliqué.
12:56Donc, moi, forcément,
12:58je m'inquiète, je me demande si ça va.
13:00Il faut prendre du temps.
13:02Début août,
13:04la famille part avec ses 4 enfants
13:06dans le sud de la France.
13:08C'est un moment difficile
13:10de pouvoir souffler,
13:12car depuis 2 mois,
13:14elle a été promue infirmière référente
13:16au sein d'une unité de soins continus.
13:18Un poste qu'elle a accepté,
13:20mais qui lui génère beaucoup de stress.
13:22Dès les premiers jours,
13:24des symptômes l'alertent.
13:26J'ai des problèmes gastriques dans la nuit.
13:28J'avais vomi, j'avais eu des diarrhées.
13:30On est allé au restaurant,
13:32je m'étais dit, c'est tout,
13:34j'ai mangé quelque chose qui n'est pas passé.
13:36J'ai eu cette douleur,
13:38cette oppression.
13:40Et là,
13:42j'ai su que je faisais un infarctus.
13:44J'ai appelé David
13:46et je lui ai dit, appelle le 15.
13:48Et ça a été tellement brutal,
13:50j'ai cru que j'allais mourir.
13:52Dans ma tête, j'allais mourir.
13:54Nathalie est alors transportée
13:56dans 2 hôpitaux différents.
13:58Mais son coeur est trop endommagé.
14:00On l'a transfert au CHU de Toulouse,
14:02le plus grand de la région.
14:04L'infarctus a laissé de gros dégâts.
14:08C'est à Toulouse
14:10où tout s'est déclenché.
14:12J'ai fait une tamponade.
14:14Une tamponade, c'est-à-dire
14:16qu'il y a tellement de sang autour du coeur
14:18que le coeur ne peut plus fonctionner.
14:20Et quand ils ont voulu fonctionner,
14:22j'ai fait un arrêt cardiaque.
14:24Et quand ils ont voulu
14:26me réanimer, le coeur
14:28a explosé,
14:30simplement dans ma poitrine.
14:32Quand je suis arrivé à Toulouse,
14:34on m'a expliqué ce qui lui est arrivé
14:36sur la table d'opération,
14:38qui a été maintenu par une machine.
14:40On m'attendait un peu au pire.
14:42C'était compliqué pour moi
14:44parce que je ne savais pas quoi faire,
14:46quoi dire.
14:48Avec un pronostic vital engagé,
14:50Nathalie est placée en superurgence
14:52sur la liste d'attente des receveurs d'organes.
14:54Elle est prioritaire.
14:56Après 4 longs jours d'attente
14:58et une vie suspendue à une machine,
15:00Nathalie France.
15:02Et puis à 22h, on a eu
15:04cet appel.
15:06Donc là, c'était la jour.
15:08On était forcément contents.
15:10Donc ils nous ont expliqué
15:12qu'il y en avait jusqu'à au moins
15:146h d'opération.
15:16Donc nous, on est repartis
15:18à l'hôtel, on a essayé de dormir.
15:20C'était très compliqué, c'était une nuit horrible.
15:22Et à 9h du matin,
15:24on a eu un appel
15:26pour me dire que ça s'était bien passé.
15:28Quelques semaines plus tard,
15:30Nathalie rentre chez elle
15:32dans les Hauts-de-France avec son nouveau coeur.
15:34S'en suivent
15:36de longs mois de rééducation
15:38avec des séances de sport fastidieuses
15:40mais indispensables.
15:42Dans quelques heures,
15:44l'infirmière doit passer
15:46un test d'effort pour clore ce chapitre
15:48de sa vie.
15:50À des centaines de kilomètres,
15:52une autre personne est dans l'attente.
15:54C'est la petite Juliette.
15:58En Seine-et-Marne,
16:00dans la région parisienne.
16:06Il est 18h30.
16:08Chez Marie-Françoise et Jonathan,
16:10c'est tous les soirs le même rituel.
16:12On va faire le médicament important, ma chérie.
16:14Malgré son jeune âge,
16:16Juliette doit elle aussi prendre
16:18de nombreux traitements pour permettre
16:20à son greffon de tenir le plus longtemps possible.
16:22Là, je prépare
16:24l'anti-rejet du soir de Juliette.
16:28Du coup, qu'elle a 18h30
16:30et elle en a un autre tous les matins
16:32à 6h30 dans son sommeil.
16:34Hein, petite mémère,
16:36tu le prends bien
16:38dans ton sommeil.
16:42Mais bon, maintenant, ça fait longtemps que tu le prends.
16:44Ça fait 6 ans.
16:46Depuis ses 11 mois, Juliette prend
16:48ses traitements sous forme liquide, dans une pipette.
16:50Et c'est bon. C'est tout bon.
16:52Yes ?
16:54Dès qu'on lui présente une seringue,
16:56elle ouvre la bouche.
16:58Et elle le prend sans aucune difficulté.
17:00Elle fait la grimace, mais elle dit jamais...
17:02Enfin, on lui court pas après
17:04pour les médicaments. Voilà.
17:06Chose que je faisais avec mes autres enfants,
17:08mais pour elle, c'est tellement
17:10inscrit dans ses habitudes
17:12qu'elle râle pas.
17:14Elle râle pas.
17:16Juju, tu viens prendre une seringue d'eau ?
17:18C'est un jour très spécial pour elle.
17:20Il y a 6 ans,
17:22elle recevait le foie d'un petit inconnu.
17:24La famille tient à célébrer
17:26la chance qui lui a été offerte.
17:28Ce soir, Juliette va être gâtée.
17:30Dessin animé,
17:32atelier coloriage
17:34et son plat
17:36préféré, des pizzas.
17:38Les pizzas !
17:40Les pizzas !
17:42Et voilà, ça, c'est pour Juliette.
17:44Même sa soeur
17:46et ses frères, nés d'un premier mariage
17:48de Marie-Françoise, sont venus pour l'occasion.
17:50Armand n'avait que
17:5216 ans lorsque Juliette a commencé
17:54à tomber malade.
17:56C'est sûr que quand
17:58on se dit que notre soeur peut mourir,
18:00forcément, ça fait prendre conscience
18:02de plein de choses.
18:04L'objectif, c'est de lui faire
18:06vivre le maximum de bons moments.
18:08On va continuer même après,
18:10mais qu'elle se rattache
18:12à ça, parce que c'est très important
18:14d'avoir
18:16de bons souvenirs, de vouloir
18:18revoir ses frères et soeurs,
18:20sa chambre, pouvoir aller
18:22à la forêt.
18:24Juliette n'était censée vivre que 2 ans
18:26avec ce foie. Cela fait pourtant 6 ans
18:28qu'il résiste dans son organisme.
18:30Joyeux anniversaire !
18:32Joyeux anniversaire !
18:34Joyeux anniversaire !
18:36Malgré tout, depuis plusieurs mois,
18:38l'organe commence à montrer
18:40quelques signes de défaillance.
18:42La petite fille va devoir subir
18:44une nouvelle greffe.
18:46Joyeux anniversaire !
18:48Ouais !
18:50Bravo !
18:54Tu veux une glace ou le gâteau ?
18:56Glace. Elle veut une glace, voilà.
18:58Je suis contente, surtout quand
19:00elle me demande une glace.
19:02Après, ça aurait été
19:04difficile de mettre la bougie
19:06sur une glace, mais bon.
19:08L'année prochaine, on tentera la bougie
19:10sur une glace. Juliette est une habituée
19:12des établissements de santé,
19:14mais certains vont devoir s'y habituer.
19:18...
19:20Anguin-les-Bains,
19:22dans le Val d'Oise.
19:24...
19:26...
19:28À quelques heures du départ
19:30pour l'hôpital, Elie et Dominique
19:32se sont donnés rendez-vous.
19:34Malgré les sacrifices engendrés,
19:36le donneur reste déterminé
19:38à améliorer la vie de son frère.
19:40Le plus gros changement,
19:42au final, c'est qu'il retrouve une vie normale,
19:44qu'il retrouve sa santé,
19:46qu'il puisse retourner travailler,
19:48s'occuper de ses enfants, avoir une activité sportive,
19:50parce qu'il a pas de vie.
19:52Moi, quand je suis là, je suis assis, je suis là,
19:54je pense à mes problèmes, je pense à lui.
19:56J'ai plus de problèmes. Et lui, il fait rien.
19:58Il va à la dialyse,
20:00il sort de la dialyse, il m'appelle.
20:02Il rentre chez lui, il dort,
20:04il se réveille, c'est le soir. Le lendemain,
20:06c'est mardi, il se repose un peu.
20:08Mercredi, il repart à la dialyse,
20:10il sort de la dialyse, zombie.
20:12Ça va prendre un an, quand même.
20:14C'est passé...
20:16Un an. Il est quelle heure ?
20:18Midi et demi.
20:22Ça veut dire dans 24 heures, normalement,
20:24j'ai un rein.
20:26Si tout se passe bien.
20:28Ça va bien se passer.
20:34Là, j'étais quand même un peu stressé, là.
20:36Je me sens... Je me souviens.
20:38Cela fait seulement deux mois
20:40qu'Eli a appris sa compatibilité
20:42avec son frère.
20:44Avant de réaliser ses analyses,
20:46le milieu médical lui était totalement inconnu.
20:48Moi, je n'aime pas l'hôpital.
20:50Je ne suis pas allé trop à l'hôpital dans ma vie.
20:52Je suis rodé.
20:54Toi, t'es rodé.
20:56T'es venu avec ta valise, t'étais prêt.
20:58Moi, je suis venu comme un aventurier.
21:00C'est à 3h du matin, j'ai fait ma valise.
21:02J'ai pris des choses, on dirait que je vais en week-end.
21:04Je ne suis pas habitué, moi, en fait.
21:06Qu'est-ce que je dois prendre que je n'oublie pas ?
21:08Il y a des dentifrices, là ?
21:10En fait, je crois que c'est une toilette.
21:12Sinon, c'est tout...
21:14C'est parti.
21:16C'est l'heure du grand départ.
21:18Les deux frères
21:20prennent la direction de l'hôpital Henri-Mondor
21:22dans le Val-de-Marne.
21:26Un établissement au service
21:28de transplantation rénale particulièrement
21:30réputé.
21:32A peine arrivé, Eli garde son sens de l'humour
21:34pour détendre l'atmosphère.
21:36Je suis un joueur du PSV Eindhoven
21:38et je dois signer au Real Madrid.
21:40Je vais faire ma visite médicale.
21:46Mais une fois à l'intérieur,
21:48Eli prend la mesure de l'enjeu.
21:52On est à l'hôpital, là, ça y est.
21:54Y a plus de demi-tour, là.
21:56Y a plus de marche arrière, ça y est.
21:58On est arrivé, enfin.
22:00Ça y est, c'est bon.
22:02C'est le grand jour.
22:04Dans cette étape importante,
22:06ils peuvent compter sur le soutien
22:08indéfectible de leur grand frère Henri.
22:10J'attends qu'ils sortent,
22:12parce qu'après leur sortie,
22:14je prends trois billets pour Dubaï.
22:16T'as dit quoi ?
22:18Ils savent très bien que je vous aime beaucoup
22:20tous les deux. Surtout le petit Bondji.
22:22Et ça, c'est mon bras droit.
22:24Lui, c'est le petit frère.
22:26On laisse un peu de force de l'écarter,
22:28mais quand c'est des missions un peu compliquées,
22:30on l'appelle. Je t'aime beaucoup, Eli.
22:32Henri peut être rassuré.
22:34Le rein est l'organe le plus greffé en France,
22:36avec environ 3500
22:38transplantations par an.
22:40Bonjour.
22:42Monsieur Mayombo.
22:44Les Mayombo.
22:46Dominique, du coup.
22:48Dans la famille, y a pas d'autres problèmes
22:50de rein en particulier ? Y a personne qui a eu besoin
22:52de faire de la dialyse ? Non.
22:54Tu peux écouter les poumons ?
22:56C'est pas pareil.
22:58Avancez-vous un petit peu.
23:00Respirez bien fort.
23:02Un nephrologue effectue une dernière visite
23:04et vient rassurer son patient.
23:06C'est cas d'hypertension artérielle
23:08un peu sévère, d'autant que vous êtes jeune.
23:10Parfois, c'est des causes génétiques
23:12qu'on essaye de rechercher.
23:14C'est bien de le savoir, parce qu'on se dit
23:16que ça ne récidivera pas sur le rein.
23:18Le fait d'avoir un rein
23:20de meilleure qualité, ça va probablement
23:22améliorer aussi la tension.
23:24L'attente de la greffe varie généralement
23:26de 18 mois à 5 ans.
23:28Mais en se déclarant lui-même d'honneur de son vivant,
23:30Eli réduit considérablement cette durée.
23:32Grâce à son don,
23:34son frère n'aura patienté que 9 mois
23:36avant l'opération.
23:38Tu vas courir grave vite.
23:40Mon rein, c'est un V8 biturbo.
23:42T'inquiète.
23:44On verra comment il part en courant.
23:46Tu verras.
23:48Tu vas voir.
23:50Derniers examens. Dans quelques heures,
23:52les deux frères partiront au bloc.
23:54Quelles seront les suites de l'opération ?
23:56Dominique espère ne pas
23:58faire partie des 5 % de greffés
24:00dont le corps rejette l'organe.
24:08A Lognes,
24:10en région parisienne.
24:12Allez, 1, 2, 3, hop là,
24:14voilà.
24:16Juliette est toujours en attente d'un foie.
24:18On va regarder les photos, ma chérie ?
24:20On va regarder les photos, ouais.
24:22À 7 ans,
24:24la petite fille a déjà un long parcours médical
24:26à l'URL.
24:28Ça, c'est quand t'étais bébé.
24:30Toute petite.
24:32Née prématurément,
24:34l'hôpital est très vite devenu sa 2e maison.
24:36C'est bébé Juliette.
24:38C'est bébé Juliette.
24:40Mais rapidement,
24:42des symptômes alertent ses parents,
24:44Marie-Françoise et Jonathan.
24:46Quand elle est née,
24:48elle avait déjà ce qu'on appelle l'ictère,
24:50le fond de l'œil qui était un peu
24:52trou, pas complètement jaune.
24:54J'ai parlé à mes autres enfants,
24:56ils avaient déjà eu une jaunisse,
24:58et qu'elle était très mate.
25:00On se disait, ça perdure un petit peu,
25:02mais voilà.
25:04Je suis partie faire mon rendez-vous
25:06chez le gynéco à un mois.
25:08Il me dit,
25:10elle a une jaunisse.
25:12Je lui dis, bah oui, oui,
25:14elle est née avec une jaunisse.
25:16Mais on aurait dû tiquer à ce moment-là.
25:18Juliette souffre d'un dysfonctionnement du foie,
25:20appelé atrésie des voies biliaires.
25:22Après plusieurs interventions chirurgicales,
25:24l'état de santé de la petite fille
25:26ne cesse de se dégrader.
25:28Regarde, tu vois là, ma puce ?
25:30Donc au début, ça faisait pas tout.
25:32Ça faisait que ça. Tu te souviens ?
25:34Cette première cicatrice ?
25:36Je me rappelle au début, d'ailleurs,
25:38on avait peur de la prendre.
25:40Nous on dit, non, là,
25:42elle est en train de se dénutrir,
25:44il va falloir l'agréfer.
25:46À 11 mois,
25:48Juliette est placée en superurgence.
25:50Elle remonte tout en haut
25:52de la liste des receveurs d'organes.
25:544 jours plus tard,
25:56Jonathan reçoit un appel.
25:58Monsieur Devred,
26:00il y a un foie pour votre petite,
26:02est-ce que vous acceptez ?
26:04Oui, il n'y a pas de choix.
26:06Et moi, je me rappelle, du coup,
26:08je t'ai appelé en me disant,
26:10bon, bah là, il faut que tu viennes
26:12tout de suite parce que
26:14Juju part à la greffe.
26:16J'ai senti à ta voix, là,
26:18que tu faisais pas la maline.
26:20Ah non, je faisais pas la maline.
26:22Là, d'habitude, je rigole, mais là...
26:24Ça, c'était avant la greffe, du coup.
26:26Elle est en Batman, elle est préparée,
26:28elle est lavée.
26:30Elle est prête à affronter la greffe.
26:32C'est Batman, super-héros.
26:34Ça a duré 12 heures ?
26:36La greffe a duré 12 heures,
26:38effectivement, ouais.
26:4012 heures qui étaient en plus interminables.
26:42On a essayé de faire la sieste,
26:44mais on n'y arrivait pas.
26:46Pendant les 12 heures,
26:48on a le ventre qui se retourne.
26:50On a vraiment cette angoisse.
26:52On se dit, non, ça va bien se passer.
26:54Mais au fond de nous,
26:56on sait que ça peut mal se passer.
26:58Et après, au terme des 12 heures,
27:00on se dit qu'on nous appelle.
27:02Franchement, on a plupé quand ils nous ont appelés.
27:04On a peur qu'on nous dise
27:06qu'elle est décédée sur la table.
27:08Après des heures d'attente,
27:10on a enfin l'appel du chirurgien.
27:12Ça s'est bien passé.
27:14Mais par contre, ils ont été très honnêtes
27:16en nous disant, écoutez,
27:18tout s'est bien passé,
27:20le foie est excellent, il a l'air en très bon état.
27:22Le seul petit hic,
27:24c'est les 2 fines voies biliaires qui sont courtes.
27:26On nous a dit,
27:28on lui donne 2 ans au foie.
27:30Aujourd'hui, il a 6 ans.
27:32Donc on est très reconnaissants.
27:36À 7 ans,
27:38avec les fibroscopies, les biopsies,
27:40les greffes et leurs complications,
27:42Juliette a déjà subi 40 anesthésies générales.
27:44Mais elle est loin d'en avoir terminé.
27:46Il y a 6 mois,
27:48le foie de la petite fille a de nouveau montré
27:50quelques défaillances avec des infections
27:52à répétition.
27:54Les médecins l'ont donc remis sur liste d'attente
27:56pour recevoir un nouvel organe.
28:02À 230 km de là,
28:04dans le Pas-de-Calais.
28:08On est paré.
28:10Nathalie, elle, est greffée du coeur
28:12depuis 4 mois.
28:14Avec son mari David,
28:16ils ont rendez-vous à 40 minutes de chez eux.
28:18Ça me fait bizarre de ne pas y aller en ambulance.
28:20Ce trajet, elle le connaît bien.
28:22En fait, j'appréhende un peu.
28:24Elle l'a empruntée pendant 2 mois
28:26pour aller en rééducation.
28:28À 9h, je commence jusqu'à midi.
28:30Donc c'est un enchaînement,
28:32en fait,
28:34de gym, douce,
28:36de vélo
28:38ou de tapis de marche,
28:40et ensuite de marche dans le parc,
28:42ce qui est très agréable quand il fait beau.
28:44Quand il pleuvait,
28:46on faisait simplement des montées d'escalier
28:48et des descentes d'escalier.
28:50Ça, j'aimais beaucoup moins.
28:54Pour limiter les risques de rejet,
28:56les médecins lui ont imposé une activité physique régulière.
28:58Ici,
29:00Nathalie retrouve ses habitudes.
29:02Regarde, il y a
29:04mon ambulancier.
29:06Bonjour.
29:08C'est là que je faisais la gym,
29:10dans la salle là-bas.
29:12Aujourd'hui,
29:14elle doit réaliser un test d'effort déterminant.
29:16Si elle échoue,
29:18elle devra reprendre le chemin de la rééducation.
29:20Nathalie
29:22appréhende le résultat.
29:26Bonjour, madame.
29:28Bonjour, docteur.
29:30Première étape,
29:32consultation avec sa cardiologue.
29:34J'ai cru entendre en arrivant,
29:36depuis 15 jours, il fait tout moche,
29:38tout pourri, on est dans le Nord.
29:40Qu'est-ce que vous faites de vous ?
29:42Quand j'ai un éclairci, je vais marcher.
29:44Mais quand il ne fait pas beau,
29:46je fais de la gym.
29:48C'est ce qu'on a appris ici.
29:50Et puis,
29:52je monte et je descends
29:54les escaliers.
29:56Et du coup, j'ai entendu un vélo...
29:58Dans un tapis de marche, oui.
30:00Plutôt tapis, vous êtes plus dans la marche.
30:02Va investir.
30:04Est-ce que vous pouvez me redonner
30:06vos facteurs de risque cardiaque ?
30:08Il y avait l'hérédité familiale,
30:10forcément. Mon papa, mon grand-père
30:12qui ont fait des infarctus à l'âge de 50 ans.
30:14Tout à fait.
30:16J'avais du cholestérol.
30:18Non traité.
30:20Le stress.
30:22Forcément, avec mon changement de poste.
30:24OK.
30:26On y va ?
30:28C'est parti.
30:30Allez, salle de torture.
30:34Nathalie part pour son test d'effort.
30:36Pendant 10 minutes,
30:38elle va pédaler à différentes intensités.
30:42Comme d'habitude,
30:44vous nous dites tout ce que vous ressentez
30:46et vous allez le plus loin possible.
30:48Allez !
30:50Résistance physique,
30:52rythme cardiaque ou encore tension artérielle,
30:54rien n'est laissé au hasard.
30:56Allez, on ne lâche rien !
30:58La particularité chez le greffé,
31:00c'est que quand vous faites un effort,
31:02votre coeur s'accélère.
31:04Ce qui n'est pas le cas chez les transplantés cardiaques
31:06parce qu'il n'y a pas encore
31:08une réinnervation parfaite du coeur.
31:10C'est pour ça qu'on insiste chez les patients greffés
31:12pour qu'ils aient un entraînement régulier
31:14et sur le long cours.
31:16Plus elle va s'entraîner,
31:18plus elle va faire sien
31:20avec le greffon.
31:22Le greffon va de mieux en mieux comprendre
31:24ce qu'elle est en train de faire
31:26et s'adapter en termes de fréquence cardiaque.
31:28C'est pas mal, hein ?
31:30Tout doucement,
31:32tranquillement.
31:34Vous pouvez ralentir
31:36tranquillement et vous arrêter complètement.
31:42C'est bon, vous avez récupéré ?
31:44Oui.
31:46Là, j'ai les jambes qui flageolent un peu.
31:50Mais sinon, ça va.
31:52Contente de voir que vous avez progressé, quand même ?
31:54Oui, quand même. Heureusement.
31:56C'est bien.
31:58Vous avez fait deux fois mieux aujourd'hui
32:00que ce que vous faisiez en arrivant après votre grève.
32:02Donc, il faut tout continuer
32:04sur le long cours.
32:06Si la marche à vous va, marchez, marchez, marchez.
32:08Mais surtout, ne vous arrêtez pas.
32:10Le test d'effort validé,
32:12Nathalie peut tourner la page de sa rééducation
32:14dans l'établissement.
32:16On a bien progressé, votre épouse, monsieur.
32:18De quoi elle nous a parlé
32:20d'investissement dans un tapis de marche,
32:22ça me semble être une bonne idée.
32:24Je pense qu'il ne faut pas s'arrêter à la météo
32:26pour bouger.
32:28T'as réussi ?
32:30Mais sans effort physique de son côté,
32:32il faudra tout recommencer.
32:34Nathalie parviendra-t-elle
32:36à s'astreindre à ce nouveau rythme de vie ?
32:42Anguin les bains,
32:44dans le Val d'Oise.
32:47Elie se remet doucement
32:49de son dent de rein
32:51à son frère Dominique.
32:53J'arrive pas
32:55à rester debout
32:57normalement plus de 5 minutes, je pense.
32:59Sans me tenir à quelque chose.
33:01Et même quand je me tiens,
33:03j'ai trop mal aux lombaires.
33:10Ça commence en bas, là.
33:12Ils m'ont fait 6 petits points
33:14et après ils m'ont mis du gaz,
33:16ça m'a gonflé le ventre.
33:18Donc les petits points sont devenus des gros trous.
33:20Ils ont opéré,
33:22ils ont sorti le rein,
33:24ils l'ont nettoyé.
33:265 minutes, je crois,
33:28ils l'ont mis directement dans mon frère
33:30et après ils l'ont refermé.
33:3610 jours après l'intervention,
33:38Elie, le donneur, est encore en souffrance.
33:40À l'hôpital Henri-Mondor,
33:42le greffet, lui,
33:44se porte comme un charme.
33:48Bonjour, docteur.
33:50Bonjour.
33:52Ça y est, c'est le grand jour.
33:54Pour Dominique,
33:56l'hospitalisation se termine.
33:58Il va enfin pouvoir sortir.
34:00Là, vous remarchez bien.
34:02Le rein fonctionne bien.
34:04Les examens, tout est au vert.
34:06Donc là, il n'y a plus qu'à être assis du cou.
34:08C'est ça.
34:10Le rein d'Elie, là, c'est...
34:14Ça m'inspire.
34:16Tous les 10 minutes,
34:18il faut que j'aille évacuer.
34:20Mais je me sens déjà...
34:22Je le sens déjà,
34:24mais je me sens mieux.
34:26C'est l'exemple parfait.
34:28On le voit quand même assez fréquemment
34:30avec les greffes d'honneur vivant.
34:32On a assez peu de complications.
34:34Et après, c'est des patients
34:36qui vont quand même inciter ça.
34:38J'espère que vous allez relayer le message aussi.
34:40Je pense que c'est important.
34:42Bonne continuation.
34:44Dominique reçoit un autre visiteur
34:46sorti 4 jours plus tôt.
34:48Hola.
34:50Bonjour, c'est l'infirmière.
34:52Oh.
34:54C'est bon, tu peux quitter ?
34:56Ouais.
34:58T'as encore mal ?
35:00J'ai mal.
35:02Il faut que je marche.
35:04Les deux patients sont assentis
35:06et découvrent leur nouveau corps.
35:08T'as pas mal quand tu bouges ?
35:10Non, j'ai pas mal.
35:12T'as pas de douleur au dos et tout ?
35:14Je regarde que son ventre depuis tout à l'heure.
35:16Il a un truc de moi dans lui.
35:18Tu sens un truc qu'ils ont rajouté ?
35:20C'est dans le dos.
35:22Ils m'ont le mis là.
35:24Quand je me regarde dans le miroir,
35:26c'est gonflé.
35:28Touche là.
35:30T'as rien dans la poche ?
35:32Ça, c'est ton rein.
35:34On dirait ton cloque.
35:36Comme de nombreux receveurs,
35:38Dominique conserve ses reins d'origine.
35:40Une opération supplémentaire pour les retirer
35:42serait inutile.
35:44Les chirurgiens greffent alors le nouvel organe
35:46là où il gêne le moins,
35:48le bas du ventre.
35:50Trois reins.
35:52C'est le petit frère.
35:54J'ai pris le rein de mon petit frère
35:56à dire que je peux même pas m'amuser,
35:58à faire n'importe quoi,
36:00à déconner.
36:02Non, il gêne de vie, c'est correct.
36:04J'ai peur que demain,
36:06il peut...
36:08Je me suis sacrifié pour toi,
36:10tu déconnes,
36:12c'est pas bon.
36:14Si vous avez besoin d'organes,
36:16je suis disponible.
36:22J'aime pas comment tu marches vite.
36:24J'aime vraiment pas.
36:26Un soldat reste un soldat.
36:30Cauchy à la tour,
36:32dans les Hauts-de-France.
36:36Cela fait maintenant plusieurs semaines
36:38que Nathalie, greffée du cœur,
36:40a passé son test d'effort.
36:46Faut pas que je le demande quatre fois.
36:48Fini les allers-retours
36:50dans son centre de rééducation,
36:52mais à une seule condition,
36:54faire travailler son nouveau cœur.
36:56Nathalie a mis en place
36:58les techniques apprises dans l'établissement.
37:00Monter et descendre l'escalier.
37:02Et comme elle l'avait promis
37:04à sa cardiologue,
37:06Nathalie a investi
37:08dans un tapis de course.
37:10L'effort, maintenant,
37:12j'arrive à le contrôler.
37:14Au début, on force, on force,
37:16et puis c'est compliqué après
37:18de pouvoir reprendre son souffle.
37:20Mais maintenant, je connais mes limites.
37:22Et je sais quand je dois m'arrêter,
37:24quand je dois faire une pause.
37:26Et voilà, maintenant,
37:28j'arrive, avec la respiration,
37:30à rétablir aussi un rythme cardiaque
37:32qui redescend, tout doucement,
37:34mais qui redescend.
37:36Son cœur, elle compte en prendre soin pour elle,
37:38mais aussi pour son donneur anonyme.
37:40C'est vraiment un geste
37:42d'amour d'une personne que je ne connais pas.
37:44Grâce à sa famille
37:46qui a accepté de donner le cœur,
37:48mes enfants puissent encore
37:50profiter de moi.
37:52Je sais que c'est pas le cas de cette personne,
37:54et je la remercie forcément de tout mon cœur.
37:56De tout son cœur aussi, forcément.
38:00Et j'espère bien aller
38:02au moins jusqu'à 90 ans.
38:06En plus d'entretenir sa forme physique,
38:08Nathalie doit aussi surveiller
38:10son alimentation.
38:12Interdiction pour elle de prendre
38:14le moindre risque.
38:16Désormais, l'infirmière mange plus sainement
38:18et veille à ne surtout pas reboucher
38:20ses artères.
38:22Les papéros se résument
38:24à des tomates cerises,
38:26deux, trois chips.
38:28Là, les gougères, je vais pouvoir en manger,
38:30mais c'est pareil, modérément.
38:32Dans sa reconstruction,
38:34le mental joue également un rôle
38:36primordial. Aujourd'hui,
38:38Nathalie a tenu à réunir sa famille.
38:42Autour d'elle, Simon, son fils,
38:46Manu et Lucie, les enfants de David,
38:48et Samuel,
38:50le petit dernier que le couple a eu ensemble.
38:58Elle peut aussi compter sur le soutien de Lydie,
39:00la sœur de David, présente à Toulouse
39:02au moment de la greffe.
39:04On va trinquer ?
39:06Alors, il y a six mois,
39:08je faisais mon accident, mon infarctus,
39:10et je suis encore là, aujourd'hui.
39:12Depuis sa greffe,
39:14Nathalie voit les témoignages d'affection
39:16se multiplier.
39:20J'ai l'impression que je suis
39:22contradictrice par rapport à toi, tu sais.
39:24Et moi, quand on parle de toi,
39:26même si j'en parle encore,
39:28je suis encore sur l'émotion, c'est dingue.
39:30Je lui avais jamais dit,
39:32on ne se dit pas qu'on s'aime,
39:34même à ses enfants,
39:36on le dit quand ils sont petits,
39:38puis après, ils grandissent,
39:40et puis on n'en parle plus.
39:42Et maintenant, je trouve que
39:44ce n'est pas grand-chose de dire je t'aime.
39:46Avant, ce n'était pas tabou,
39:48mais on avait moins tendance à se le dire.
39:50On essaie de se voir dès qu'on peut
39:52pour en profiter au maximum,
39:54parce qu'on sait que la vie est courte
39:56et un drame, ça arrive du jour au lendemain.
39:58L'année dernière,
40:00grâce à une greffe cardiaque,
40:02près de 400 personnes ont pu continuer
40:04à vivre des moments privilégiés
40:06avec leurs proches.
40:10À Bretigny-sur-Orge,
40:12dans l'Essonne,
40:14un mois après l'opération,
40:16Elie, Dominique et ses deux fils
40:18se rendent à un événement sportif.
40:20Je vais mettre un kimono.
40:22Même si les deux frères
40:24se déplacent désormais sans boîter,
40:26la reprise du sport n'est pas pour tout de suite.
40:28Je dois voir le chirurgien.
40:30C'est lui qui doit me donner le feu vert
40:32pour que je puisse reprendre le sport.
40:34J'ai envie de courir.
40:36J'ai envie de courir,
40:38mais on ne peut pas reprendre le sport tout de suite.
40:40Je suis en manque total.
40:42À défaut de pouvoir pratiquer
40:44une activité physique,
40:46les deux frères sont venus soutenir Kaina,
40:48la fille de Dominique, pour une compétition de judo.
40:50T'as fait ta pesée ?
40:52Combien de kilos t'as pesé ?
40:5415.
40:56Elie, toujours à la recherche
40:58d'une nouvelle discipline depuis l'arrêt de la boxe,
41:00y voit une opportunité.
41:02Je suis venu affronter Teddy Riner.
41:04Je crois qu'on devrait, je vais essayer le judo.
41:06Moi, j'aime bien en plus.
41:08Depuis cette greffe,
41:10les deux frères sont plus liés que jamais.
41:14C'est un soulagement.
41:16On a toujours ce lien de famille.
41:20C'est vrai que ça nous a un peu plus rapprochés.
41:22C'est fort.
41:24Je traîne trop avec lui en ce moment.
41:26Je le vois trop.
41:28Tous les jours qu'on se parle.
41:30Avant, on ne se parlait pas tous les jours.
41:32Là, tous les jours.
41:34Dominique éprouve encore quelques difficultés
41:36à s'approprier son nouvel organe.
41:38Il ne se rend pas compte.
41:40Je te jure, à chaque fois qu'il me parle,
41:42il me dit, ton rein,
41:44il marche fort, ton rein.
41:46C'est pas mon rein.
41:48C'est plus mon rein.
41:50Moi, j'ai plus rien à voir avec le rein.
41:52Tu en es responsable maintenant.
41:54Ce qui va en devenir,
41:56tout est ta responsabilité.
41:58Si demain, il tombe en panne,
42:00c'est ta responsabilité.
42:02Je te l'ai donné. C'est un don.
42:04Pour acter ce nouveau départ,
42:06Eli souhaite se lancer avec son frère
42:08dans un tout autre projet.
42:10La dernière fois, j'étais chez moi.
42:12Je regarde la télé.
42:14M6 maintenant.
42:16Casting de Pékin Express.
42:18Je l'ai appelé.
42:20J'ai dit, envoie-moi une photo de toi.
42:22On va faire un casting.
42:24C'est pour quoi ? T'inquiètes.
42:26Envoie une photo de toi, on va faire Pékin Express.
42:28Bloc 45 jours à la fin de l'année.
42:30On va nous donner 2 sacs à dos rouges.
42:32Vas-y, on y va. On va marcher jusqu'à Pékin.
42:34Ou jusqu'à Bangkok.
42:36Ou je sais pas où.
42:38Comment ça, tu sais pas de quoi je parle ?
42:40On va y aller. De toute façon, c'est trop tard.
42:42C'est un challenge ?
42:44C'est une bonne aventure.
42:46C'est bon.
42:48Là, c'est bon.
42:50T'as vu ? Là, t'as validé.
42:52T'as confirmé.
42:54Ah, vas-y.
42:56Les 2 frères auront-ils
42:58les reins assez solides
43:00pour participer à cette aventure ?
43:06Dans le Val-de-Marne,
43:08en région parisienne.
43:10Tu viens, Chouquette ? Allez, allez.
43:12Et c'est parti !
43:14Les vacances d'hiver ont commencé.
43:16Où est-ce qu'on va ?
43:18À la ferme Fillon.
43:20Où est-ce que
43:22la ferme Fillon ?
43:24Jonathan et Marie-Françoise ont trouvé
43:26un endroit pour divertir Juliette.
43:28On va aller voir les animaux.
43:30On va leur donner à manger.
43:32On va essayer de les approcher.
43:34Les parents ont choisi une ferme
43:36à 10 minutes de chez eux en voiture.
43:40La contrainte, actuellement,
43:42c'est qu'on peut pas s'éloigner
43:44trop du domicile.
43:46On peut pas trop
43:48s'éloigner non plus de l'hôpital.
43:50Il faut qu'on soit disponible
43:52dans les 2-3 heures
43:54pour les appels.
43:56On se retrouve à des petits moments
43:58où on va voir les animaux,
44:00on va voir les oiseaux,
44:02on va au musée,
44:04profiter, s'aérer,
44:06lui donner plein de bons souvenirs
44:08avant la greffe.
44:10Cette attente peut durer plusieurs semaines
44:12comme plusieurs mois.
44:14Dans l'incertitude,
44:16il faut s'organiser en conséquence.
44:18On a un premier appel.
44:20Si on décroche pas,
44:22il passe au patient suivant
44:24parce que le temps est compté.
44:26Dès qu'on entend le téléphone,
44:28que ce soit un prospecteur
44:30ou quoi que ce soit,
44:32ça nous frustre un peu,
44:34mais on est toujours à l'affût
44:36de l'appel.
44:38Impossible pour eux de se retrouver
44:40dans une zone sans réseau.
44:42Il y a des endroits
44:44où ça capte pas.
44:46Là, on est à 2 bars de 5G.
44:48Nickel.
44:50Oui!
44:52Après ses 2 premières années
44:54de vie passées à l'hôpital
44:56et avant d'y retourner,
44:58Juliette savoure les moments au grand air.
45:00Tu lui dis coucou?
45:02Coucou!
45:04Être à l'air libre, c'est super important
45:06parce qu'avec tout le temps qu'elle a passé
45:08à l'hôpital,
45:10on se dit...
45:12C'est super important
45:14qu'elle sente
45:16ne serait-ce que les saisons,
45:18sa peau, le soleil...
45:20Et puis elle, elle adore.
45:22Si elle pouvait passer ses journées dehors,
45:24elle ferait que ça.
45:26Voilà, c'est super important.
45:28Juliette, photo!
45:30Ouais!
45:32Là, maintenant,
45:34ce qu'on attend, c'est l'appel.
45:36Pas trop vite.
45:38Et que ce soit le bon.
45:40Voilà.
45:42Allez, on y va?
45:44Oui!
45:46Coucou!
45:48Comme Juliette,
45:50chaque année, des milliers de malades
45:52attendent l'appel qui changera leur vie.
45:54Un espoir,
45:56mais une réalité problématique.
45:58Actuellement en France,
46:00il existe 5 fois plus de personnes sur liste d'attente
46:02que de donneurs.

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