• il y a 11 heures
Le ministre de l'Europe et des Affaires Etrangères Jean-Noël Barrot est l'invité de France Inter, au lendemain de la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, possible tournant dans le conflit à Gaza.

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Transcription
00:00Et le grand entretien ce matin avec Marion Lourdes, nous recevons le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
00:06Vos questions, réactions, chers auditeurs au 01 45 24 7000 ou sur l'application France Inter.
00:14Bonjour Jean-Noël Barraud.
00:15Bonjour.
00:15Et bienvenue, beaucoup de questions à vous poser, évidemment de très nombreux dossiers et de très nombreux dossiers
00:21qui exigent de la France une clarification et probablement aussi des réactions pour qu'on comprenne.
00:29Jean-Noël Barraud, hier soir, le gouvernement israélien annonçait avoir éliminé le chef du Hamas, Yair Yassinouar.
00:34C'était la cible ultime de l'armée israélienne.
00:37Il était à l'origine de l'attaque terroriste du 7 octobre.
00:40On entendait Pierre dire l'importance de ce fait de guerre.
00:46Quelle est votre réaction ce matin ?
00:48Benhamin Netanyahou disait que la mort du chef du Hamas marquait, je le cite, le début de la fin de la guerre à Gaza.
00:55Comment entendre cette expression, le début de la fin ?
00:58Yair Yassinouar, c'était l'architecte du pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah.
01:03Ce matin, j'ai évidemment une pensée pour les 1200 victimes de cette attaque terroriste odieuse à nos 48 compatriotes
01:11qui sont morts ce jour-là en Israël, aux otages qui sont morts en captivité,
01:15aux deux otages français qui sont encore retenus dans les tunnels de Gaza, au Fer Calderon, au Had Yalomi.
01:23Cette mort, ce doit être un tournant, ce doit être le moment de tourner la page de la guerre à Gaza.
01:30Libération des otages, cesser le feu inconditionnel, acheminement sans entrave et massif dans l'enclave de Gaza.
01:37Et ça doit être l'occasion de faire cheminer la région vers la paix.
01:40Qu'on comprenne très bien, juste, simplement, Benhamin Netanyahou dit que l'éradication du chef du Hamas était le but de guerre
01:47avec la mort de Sinoir. Est-ce que ce but de guerre d'éliminer le Hamas est atteint ?
01:56Vous l'avez dit, c'était un but ultime que s'était fixé le gouvernement israélien.
02:01Je crois que désormais que ce but est atteint, il appartient, c'est la responsabilité et c'est dans l'intérêt d'Israël
02:07que la guerre à Gaza s'arrête, que la colonisation en Cisjordanie s'arrête
02:11et que soit enfin discutée cette solution à deux états avec un état de Palestine aux côtés d'un état d'Israël qui vivent en paix et en sécurité.
02:19Mais justement, est-ce qu'on peut réellement parler de tournant comme le fait le président de la République ?
02:23Parce que même Benhamin Netanyahou ne dit pas c'est la fin, il dit c'est le début de la fin.
02:28Donc ça n'a pas fini de finir.
02:30Je constate une inflexion dans le discours de Benhamin Netanyahou qui, hier, annonçait que la guerre allait continuer
02:36et qui un peu plus tard, ou dans les premières heures du jour, a annoncé qu'il y avait là un moment important, la fin, le début de la fin.
02:44Le début de la fin.
02:45Moi je souhaite que ce soit le moment de la fin de la guerre à Gaza et le moment où la région s'engage résolument dans la direction de la paix.
02:53Mais en la matière, on a quand même l'impression que quels que soient les chefs d'organisation qui sont tués,
02:58ils sont remplacés par d'autres tout aussi extrêmes, est-ce que ça va vraiment changer les choses ?
03:03C'est ce que nous souhaitons, c'est ce que nous plaidons et c'est ce que nous plaidons depuis, en réalité, le 7 octobre.
03:09Puisque nous sommes indéfectiblement attachés à la sécurité d'Israël, nous l'avons démontré.
03:15Nous croyons aujourd'hui que cette sécurité ne peut durablement être obtenue, ne peut être garantie qu'à condition que le dialogue et la diplomatie prennent le pas sur la force.
03:27Vous avez demandé directement au Premier ministre israélien d'arrêter les combats, de rejoindre la volonté française d'un cessez-le-feu.
03:37Il y a cette question qui est très compliquée.
03:40La situation diplomatique entre la France et Israël est très tendue et encore plus depuis les propos qu'on prête au Président de la République cette semaine sur Benyamin Netanyahou,
03:50qui, je cite, « ne devrait pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU ».
03:55Je ferme les guillemets.
03:56Réponse immédiate du Premier ministre israélien dans un communiqué.
04:00Il affirmait que l'état d'Israël était né de la victoire de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l'Holocauste.
04:06Est-ce qu'il y a aujourd'hui une rupture, une véritable rupture irréconciliable entre la France et Israël ?
04:12Je ne crois pas.
04:13Je ne veux pas faire l'exégèse de propos qui ont été extraits de leur contexte et déformés.
04:17Je voudrais néanmoins condamner l'instrumentalisation coupable qui en a été faite par certains pour alimenter leur propagande antisémite qui est intolérable et qui est illégale.
04:32Mais je voudrais vous répondre sur le fond.
04:34Si la France se tient toujours du côté du droit international, c'est parce que la seule alternative au droit international, c'est la loi du plus fort.
04:43Et parce qu'aucun pays ne peut indéfiniment demeurer le plus fort, tous les pays du monde ont un jour ou l'autre besoin de se placer sous la protection du droit international.
04:53C'est vrai d'Israël et c'est vrai de tous les pays.
04:55Et c'est pourquoi la France...
04:56Mais que nos auditeurs comprennent, monsieur le ministre, est-ce que vous estimez que certains, qui sont ces personnes que vous visez,
05:04ont instrumentalisé justement cette déclaration du président de la République et cette passe d'armes avec Benjamin Netanyahou ?
05:10Certains ont voulu prétendre en déformant cette...
05:14Certains qui habituellement, et notamment à l'extrême gauche, s'en sont pris à Israël dans des termes qui ne sont ni conformes avec ce qu'est la France,
05:22ni conformes avec la loi et le droit.
05:26Mais je ne veux pas passer toute la matinée sur ce sujet.
05:30Ce que je voudrais vous dire sur le fond, c'est que la France dénonce systématiquement toutes les violations au droit international.
05:38A Gaza par Israël, en Israël par le Hamas, au Liban par Israël, en Israël par le Hezbollah, au Soudan par les forces armées,
05:47en Afghanistan par les talibans, en Irak et en Syrie par les bourreaux des yézidis, en Ukraine par la Russie ou encore en Arménie par l'Azerbaïdjan.
05:55Nous sommes toujours du côté des opprimés et nous sommes toujours du côté du droit international et de la justice.
06:02Mais qui a créé Israël ?
06:04C'est une décision de l'ONU ou c'est les combattants héroïques israéliens dont la plupart étaient rescapés de l'Holocauste ?
06:10Je ne veux pas me lancer dans cette explication historique que chacun a bien en tête.
06:14Ce qui est clair, c'est que Israël, comme tous les pays du monde, aura besoin, à un moment ou à un autre dans son histoire,
06:22de se placer sous la protection du droit international et des Nations Unies.
06:26C'est la raison pour laquelle nous devons tout faire aujourd'hui pour défendre les Nations Unies.
06:32Et c'est pourquoi, alors même que nous sommes si attachés à ce pays d'Israël où nous avons 180 000 ressortissants qui vivent un cauchemar depuis un an,
06:40ce n'est pas faire offense au peuple d'Israël et au peuple juif que de dire au gouvernement d'Israël aujourd'hui
06:48de laisser entrer massivement l'aide humanitaire à Gaza, de cesser de coloniser la Cisjordanie,
06:55de s'abstenir de prendre pour cible les casques bleus et tout simplement de s'engager dans les discussions de paix.
07:00Défendre les Nations Unies, ça veut dire qu'elles sont attaquées aujourd'hui ? Par Israël ?
07:05Benjamin Netanyahou a démontré, lorsqu'il s'en est pris directement à des responsables d'agences des Nations Unies
07:13ou même au secrétaire général des Nations Unies, lorsqu'il porte atteinte aux casques bleus de la finule au Liban,
07:20qu'il déconsidérait les Nations Unies.
07:23« Porte atteinte », c'est quand un char israélien, par exemple, ouvre le feu sur des casques bleus de la finule.
07:28Bien sûr, entre dans des emprises, fait des blessés parmi les contingents de la finule.
07:33Je rappelle que nous avons 700 soldats français.
07:35Donc la finule est une cible de l'armée israélienne ?
07:37Elle a été touchée par des tirs de l'armée israélienne, ce qui est absolument intolérable.
07:42C'est accidentel ou c'est volontaire ?
07:43Vous savez, les casques bleus, ils ont un casque bleu précisément pour être vus de loin.
07:47Donc il est difficile de ne pas les détecter dans le paysage.
07:50C'est pourquoi nous l'avons dénoncé, c'est pourquoi nous avons amené les Européens à le dénoncer
07:55et c'est pourquoi nous avons amené les Nations Unies à dénoncer ces agissements.
07:59Et c'est pourquoi la France, qui est garante de cet ordre international, dont elle est l'un des membres fondateurs,
08:06continuera de le faire inlassablement.
08:08Vous êtes allé deux fois dans la région ces dernières semaines.
08:11Est-ce que la France a encore la moindre influence sur ce qu'il se passe là-bas ?
08:15Je crois qu'elle en a, puisque si je reprends votre question précédente,
08:18lorsque le Président de la République a tenu des propos qui, sortis de leur contexte et déformés,
08:25ont été entendus jusqu'en Israël, c'est le Premier ministre israélien lui-même !
08:29C'est le Premier ministre israélien lui-même qui lui répond
08:32et c'est la même chose qui s'était produit il y a huit ou dix jours.
08:34C'est bien que la voix de la France est attendue et qu'elle est entendue.
08:38Et c'est vrai, dans la région, c'est vrai singulièrement au Liban,
08:41pays cher à la France, pays ami de la France, pays si fragile.
08:45Et ce n'est pas un hasard si le 24 octobre prochain,
08:47c'est à Paris que se tiendra la grande conférence internationale de soutien au Liban.
08:51Une conférence pour quoi faire alors que le pays est toujours sous les bombes ?
08:54Est-ce qu'il est déjà temps de reconstruire ou est-ce que c'est uniquement pour
08:58demander à Israël de permettre l'arrivée d'une aide humanitaire
09:01qui n'arrive pas à accéder dans certaines régions du Liban ?
09:04Vous avez raison, l'aide humanitaire est acheminée de manière très difficile dans le sud du Liban
09:09et c'est inacceptable. Mais le but de cette conférence, c'est d'abord de rallier
09:13le plus grand nombre possible de pays à l'aide humanitaire dont le Liban a besoin.
09:18Des milliers de blessés, des milliers de morts, dont des femmes et des enfants,
09:23dont deux de nos compatriotes, des dizaines de milliers de blessés,
09:26plus d'un million de personnes déplacées, un pays au bord du gouffre.
09:30Donc de l'aide humanitaire d'abord.
09:32Ensuite, le renfort que nous souhaitons apporter aux forces armées libanaises
09:36qui, avec la finule dans le sud du Liban, auront un rôle central à jouer
09:40pour garantir les conditions de la paix, c'est-à-dire l'intégrité et la souveraineté du Liban d'un côté
09:46et la sécurité d'Israël de l'autre.
09:48Et puis ce sera également l'occasion de parler de l'avenir institutionnel du Liban
09:52qui n'a toujours pas de président de la République depuis deux ans.
09:55Si on en croit le figaro Jean-Noël Barraud, l'Iran serait prêt à négocier avec la France
10:00pour un cessez-le-feu au Liban.
10:02C'est en tout cas ce que laisse entendre le président du Parlement iranien.
10:05Est-ce que vous avez connaissance de ce changement de position de Téhéran ?
10:09Lorsque les conditions sont réunies, la France parle à tout le monde.
10:12Et lorsque nous avons, il y a trois semaines, proposé une formule de trêve pour le Liban
10:19suivie d'un cessez-le-feu durable, nous avons échangé avec l'Iran
10:24qui est un acteur important de la région.
10:28Qui finance le Hezbollah, la milice chiite libanaise.
10:31Absolument, et qui avait, si l'on peut dire, ou qui méritait d'être consulté
10:37pour que cette proposition puisse être crédible.
10:39J'accueille favorablement cette réaction de la part de l'Iran qui appelle à son tour
10:45d'une certaine manière au cessez-le-feu.
10:47Maintenant, il faut que les propos soient suivis des actes.
10:51Vous êtes optimiste ?
10:52Si vous voulez, quand on est diplomate, on ne se demande pas si on est optimiste
10:56ou si on est pessimiste.
10:58Et je le dis en rendant hommage à nos ambassadeurs et aux agents dans nos postes dans la région
11:03qui œuvrent du matin au soir sans certitude que leurs efforts porteront.
11:07Mais avec le souhait et la détermination de faire avancer les choses.
11:11Hier, le Premier ministre britannique, Kerst Armer, a annoncé devant les membres du Parlement
11:16étudier la piste de sanctions visant les ministres israéliens ultranationalistes
11:20Ben Gvir, Smotrich.
11:22Est-ce que l'Union Européenne devrait suivre le mouvement et faire la même chose ?
11:26Ce qui se passe en Cisjordanie est une atteinte brutale qui fragilise très directement
11:33la perspective d'un État de Palestine vivant en paix et en sécurité aux côtés d'un État d'Israël.
11:39C'est pourquoi la France a pris à titre national des sanctions à l'encontre de 28 colons extrémistes et violents.
11:48Là, on parle de membres du gouvernement israélien.
11:50Tout à fait. Et c'est pourquoi la France a, au niveau européen, entraîné ses partenaires
11:53à prendre deux trains de sanctions à l'encontre d'individus et d'entités complices ou coupables
11:59de faits de colonisation.
12:01Et c'est pourquoi aujourd'hui, nous continuons de travailler pour qu'un troisième train de sanctions
12:05puisse, une nouvelle fois, rappeler, si je puis dire, ces mouvements à l'ordre.
12:11Car aujourd'hui, il travaille contre toute perspective de paix.
12:15On entend, Jean-Noël Barraud, vos propos assez durs à l'égard d'un certain nombre de personnes en Israël.
12:21A la fois ce train de sanctions dont vous parlez, à la fois le fait que certains casques bleus auraient pu être pris pour cible.
12:28Et en même temps, le président de la République dit, je le cite, que la France n'a jamais fait défaut à Israël.
12:35Comment elle est tenable cette position ?
12:37La France se tient aux côtés d'Israël et notamment pour sa sécurité.
12:41Lorsqu'Israël est la cible d'une attaque balistique inédite et brutale de la part de l'Iran,
12:48la France mobilise ses moyens militaires pour aider Israël à la parer.
12:51Ça a été le cas au mois d'avril. Ça a été, une nouvelle fois, le cas au mois d'octobre.
12:55Lorsque la sécurité d'Israël est menacée par le programme nucléaire iranien,
12:59la France est en première ligne des efforts internationaux pour faire échec à ce programme.
13:03Et lorsque Israël subit sur son sol le pire pogrom de notre histoire depuis la Shoah,
13:09c'est encore la France qui entraîne les Européens à prendre des sanctions à l'encontre des dirigeants du Hamas.
13:13Mais aujourd'hui, la sécurité d'Israël, cette sécurité à laquelle nous sommes si attachés,
13:19elle passe par la diplomatie et par le dialogue.
13:22Et la force doit céder la place à la négociation.
13:25Pour le moment, la garantie d'Israël, la garantie de la sécurité d'Israël,
13:28elle a été obtenue par la force.
13:31Et par la force de l'armée israélienne.
13:34Je crois que les Nations Unies, le droit international sont de manière dura parce qu'il naît de paix.
13:41Vraiment, malgré les propos de Benyamin Netanyahou contre le secrétaire général des Nations Unies par exemple.
13:46Mais vous savez, les Nations Unies, elles ne sont pas parfaites.
13:48Et l'ordre international, il mérite d'être renforcé.
13:50C'est pourquoi, au même moment où nous dénonçons toutes les violations aux droits internationaux
13:55et toutes les atteintes aux Nations Unies, nous proposons aussi des réformes des Nations Unies
13:59pour faire rentrer dans ce conseil de sécurité l'Inde, le Japon, le Brésil, l'Allemagne.
14:05Pour donner toute la force dont ces institutions ont besoin pour faire respecter le droit et la justice partout dans le monde.
14:10Autre sujet important, c'est le conseil européen qui se tient en ce moment à Bruxelles
14:15avec l'immigration comme thème majeur de discussion entre les 27 qui ont du mal à s'accorder.
14:23Certains ont parlé d'urbanisation des esprits en Europe en référence à Viktor Orban.
14:29L'Italie, on l'a vu cette semaine, a demandé au gouvernement albanais d'accueillir des migrants
14:35interceptés par la marine ou par les gardes-côtes italiens.
14:39L'Allemagne a l'air intéressée.
14:41Est-ce que ce modèle italien pourrait être une inspiration pour la France ?
14:45Michel Barnier et Bruno Retailleau, ce n'est pas un hasard, sont attendus à la frontière italienne aujourd'hui.
14:50Vous me parlez du modèle italien.
14:53Sa caractéristique principale, si je regarde les faits, c'est la décision qui a été prise par Madame Mélanie au mois de décembre 2023
15:00d'attribuer 452 000 titres de séjour, visa de travail à des étrangers.
15:09Je ne peux pas m'empêcher de relever que nous avons voté une loi au mois de janvier de cette année 2024 en France
15:15qui permet de faciliter l'accès au travail de ceux qui arrivent sur notre sol.
15:20Je crois qu'il serait heureux que nous puissions l'appliquer.
15:22Mais vous oubliez aussi l'autre volet de la politique Mélanie qui est le transfert de migrants, pour le coup, dans des pays tiers.
15:28Vous me parlez de 16 personnes qui ont été transférées en Albanie.
15:31Je vous parle de 452 000 personnes que Georgia Mélanie entend faire entrer en Italie.
15:37Et par ailleurs, je voudrais simplement pour faire le lien peut-être dans une transition inversée avec les sujets précédents.
15:43Où se joue l'avenir des flux migratoires de l'Europe aujourd'hui ?
15:48Eh bien, il se joue au Liban.
15:49Parce que si nous ne faisons rien, le Liban demain ressemblera à la Syrie aujourd'hui,
15:54c'est-à-dire un foyer d'émigration massive de civils innocents qui fuient les persécutions en Europe.
16:00Sur ce sujet de l'immigration, il y a eu une demande quand même en conclusion du Conseil européen hier des 27
16:05qui ont demandé d'urgence une nouvelle loi contre l'immigration irrégulière.
16:10Il y a vraiment urgence quand on voit que les flux de migration ont baissé de 42% sur les 9 premiers mois de cette année par rapport à l'an dernier ?
16:17Justement, vous savez, cette question des migrations en Europe, elle est née en 2015,
16:22avec l'afflux en Europe des réfugiés syriens qui fuyaient la guerre et les persécutions.
16:28Ça a mis 10 ans, et on a enfin réussi à sortir ce qu'on appelle le pacte sur l'immigration et l'asile qui est adopté,
16:37mais qui est tellement ambitieux qu'il va mettre encore deux ans pour s'appliquer pleinement.
16:42Et c'est pourquoi nous soutenons l'application la plus rapide possible, la plus anticipée possible de toutes ces dispositions.
16:47Et pourquoi demander une nouvelle loi ?
16:48Est-ce qu'il faut aller plus loin ?
16:49C'est possible, parce que dans le droit européen, il y a des choses qui sont anciennes et qu'il faut revoir.
16:53Mais il y a aussi des choses que nous pouvons faire au niveau national,
16:56s'agissant de la reconduite à la frontière des étrangers en situation irrégulière.
16:59Je voudrais vous donner un exemple.
17:01Un exemple avant de passer à l'Ukraine.
17:02Un exemple, c'est celui des retours aidés.
17:04Vous savez, quand on veut reconduire un étranger en situation irrégulière à la frontière,
17:08on peut soit le faire de manière forcée, un retour forcé, dont on parle beaucoup,
17:12soit de manière aidée, un retour aidé, dont on parle beaucoup moins.
17:15Beaucoup moins alors qu'en 2022, nous en avons fait 5000 en France.
17:18C'est cinq fois moins que l'Allemagne.
17:22Pardon, oui, c'est cinq fois moins que l'Allemagne,
17:24alors que ça coûte cinq fois moins cher que les retours forcés.
17:28Et je crois que nous pourrions utilement mobiliser plus volontairement ce levier.
17:35Bientôt les questions des auditeurs, Jean-Noël Barreau.
17:38Il y a évidemment le sujet ukrainien qui est toujours très sensible.
17:42Volodymyr Zelensky vient de présenter ce qu'il appelle un plan de la victoire,
17:46qui ressemble surtout à un plan pour mettre fin à la guerre.
17:49C'est un plan pour permettre à l'Ukraine de négocier en position de force.
17:54Est-ce que ce plan est soutenu par la force ?
17:56Est-ce qu'il faut déjà, dès aujourd'hui, commencer à discuter avec Vladimir Poutine ?
18:02Ou est-ce qu'il faut d'abord donner les moyens aux Ukrainiens
18:05de prendre la main pour négocier en position de force ?
18:10Il faut d'abord donner aux Ukrainiens les moyens de négocier au moment
18:14où ils le choisiront en position de force.
18:16C'est ce que nous faisons avec les transferts d'équipements militaires depuis deux ans et demi.
18:21Il faut aussi préparer la paix.
18:23Et dans le cadre du plan de paix proposé par le président Zelensky,
18:27j'ai accueilli hier à Paris une conférence sur la sûreté et la sécurité nucléaire en Ukraine.
18:34Parce qu'aujourd'hui, elle est en jeu.
18:36Mais aussi parce que demain, il faudra, pour que l'Ukraine puisse se reconstruire,
18:39que la centrale de Zaporizhia, qui est la plus puissante des centrales nucléaires en Europe,
18:44puisse réouvrir.
18:45Ce sont ces deux chantiers que nous menons en parallèle.
18:49Pas question de discuter dès aujourd'hui avec Vladimir Poutine, comme le souhaite Olaf Scholz ?
18:55Les Ukrainiens ont souhaité que lors du prochain sommet de paix
18:57qui devrait s'organiser avant la fin de l'année, la Russie puisse être invitée.
19:02Nous accueillons favorablement cette initiative.
19:05Mais encore faut-il que la Russie de Vladimir Poutine change sa grammaire,
19:09qu'elle adopte la grammaire du droit international,
19:11qu'elle y intègre l'intégrité territoriale, la souveraineté de l'Ukraine.
19:15Sans quoi nous aurons des difficultés, sans doute, à nous entendre.
19:18Mais là, on change quand même de discours, Jean-Noël Barraud,
19:20parce que jusqu'ici, il n'était pas question de négocier avec la Russie,
19:22c'était l'envahisseur, c'était l'attaquant.
19:25Aujourd'hui, on s'assoit à la même table et on discute.
19:27C'est toujours l'envahisseur, c'est toujours l'attaquant, c'est toujours l'agresseur.
19:30Et nous l'appelons toujours à se retirer de l'Ukraine.
19:34Et on peut discuter avec un envahisseur et un attaquant ?
19:37Depuis le début, notre position, c'est aux Ukrainiens de décider,
19:41du moment à partir duquel les discussions de paix peuvent se tenir,
19:45c'est l'Ukraine qui est agressée.
19:46Si, lors de ce prochain sommet de paix,
19:48les conditions sont réunies pour que la Russie soit invitée,
19:50très bien, pour ma part, je veillerai attentivement
19:52à ce que la Russie ait adopté un autre langage,
19:55qui est celui du droit international que nous défendons.
19:57Question aussi vieille que la Vème République, Jean-Noël Barraud.
20:00Est-ce qu'il y a un domaine réservé du président de la République
20:03en matière de politique étrangère ?
20:05Vous, par exemple, est-ce que vous rendez des comptes
20:06à Michel Barnier ou à Emmanuel Macron ?
20:09Vous savez, je suis ministre du gouvernement de Michel Barnier.
20:13Le président de la République, comme chef de l'État,
20:16a une responsabilité imminente en matière d'affaires étrangères
20:19et tous les Français le savent.
20:20Et donc, nous travaillons tous les trois, je travaille à leur côté
20:24pour que la voie de la France soit forte.
20:27Et vous la portez, la voie de la France, à l'étranger ?
20:29Je disais que vous étiez au Proche-Orient, vous partez tout à l'heure ?
20:32En Ukraine.
20:32En Ukraine, justement, pour porter le message du président de la République
20:36ou de Michel Barnier ?
20:37Je me rends en Ukraine pour porter la voie de la France.
20:40Pour rappeler que la France ne se détourne d'aucune crise.
20:43Pour dire que ce qui se joue en Ukraine, c'est la sécurité de notre continent.
20:47Sécurité, y compris alimentaire et énergétique.
20:51Que ce qui se joue là-bas, c'est aussi une catastrophe humanitaire.
20:54Et je consacrerai une partie de ce déplacement
20:56au sort des enfants de l'Ukraine et notamment les enfants kidnappés
20:59et déportés par milliers par le régime russe.
21:01Ce sera aussi l'occasion, une nouvelle fois, de réaffirmer que si l'Ukraine tombait,
21:05ce serait la consécration de la loi du plus fort.
21:07Et que cela, nous ne pouvons l'accepter.
21:08Mais dans la presse aujourd'hui, il y a des analystes qui font un diagnostic
21:11d'un désengagement américain en Ukraine.
21:14En gros, les Etats-Unis laisseraient le dossier à l'Union européenne.
21:17Est-ce que l'Europe a les moyens de se charger de ce dossier-là ?
21:20L'Europe vient d'avancer en s'accordant sur un prêt
21:27allant jusqu'à 35 milliards d'euros fondés sur les revenus d'Aubaine
21:31tirés des actifs russes gelés, des actifs russes sanctionnés.
21:34C'est une étape importante parce qu'avec 35 milliards d'euros,
21:37c'est autant de force que nous pouvons donner aux Ukrainiens.
21:39Je disais qu'il y avait énormément de dossiers à aborder avec vous.
21:42Et tiens, Dominique, bonjour et bienvenue sur Inter.
21:45Vous avez une question pour le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
21:48Oui, j'aurais savoir tout simplement
21:51si la France va donner accès à la demande d'asile politique de Paul Watson.
21:57Merci, Dominique, pour votre question.
21:58Elle a le mérite d'être simple et claire.
22:00Paul Watson, qui est en prison au Groenland et qui risque les traditions vers le Japon.
22:06Merci beaucoup, Dominique.
22:08C'est une situation que nous suivons très attentivement
22:10jusqu'au président de la République lui-même.
22:14Nous analysons la demande qui a été faite.
22:16Je crois qu'en principe, une demande d'asile ne peut être faite que sur le sol français.
22:20Là encore, un lien avec les sujets que nous abordions tout à l'heure.
22:24Et dans ces conditions, il serait difficile de lui répondre.
22:27Donc, il n'est pas question pour le moment de lui accorder le droit d'asile ?
22:30Nous examinons cette demande, mais en principe,
22:33une demande d'asile doit être faite sur le sol du pays dans lequel on demande l'asile.
22:38Je rappelle Paul Watson, qui est à la tête de Sea Shepherd,
22:41cette ONG qui lutte contre les baleiniers et qui essaye de protéger les mammifères marins.
22:47Donc, il y a énormément de questions à vous poser,
22:49beaucoup de questions auxquelles vous devrez encore répondre.
22:52Merci infiniment, Jean-Noël Barraud, d'avoir été l'invité de France Inter ce matin.
22:57Et on vous laisse filer directement vers l'Ukraine en sortant de ce studio.

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