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Transcription
00:00Pour en parler avec nous, Eric Danault, ancien ambassadeur de France en Israël, bonjour.
00:05Bonjour.
00:06Vous êtes d'accord avec Benyamin Netanyahou et le président du CRIF que l'on vient d'entendre
00:11on ne peut dater la création d'Israël du plan de partage de la Palestine mandataire par l'ONU en 1947 ?
00:21Juridiquement parlant, la résolution en question est...
00:25La résolution 181.
00:27Oui, la résolution 181 du 29 novembre 1947, c'est une recommandation faite aux Britanniques
00:39qui étaient à l'époque évidemment en puissance mandataire, d'adopter et de soutenir le plan de partage.
00:49Ainsi d'ailleurs la demande est faite, la recommandation est faite à tous les autres pays.
00:55Et donc d'un point de vue strictement juridique, l'ONU ne crée pas des pays, elle reconnaît,
01:05elle les reconnaît et cette reconnaissance fait que ces pays deviennent membres des Nations Unies.
01:12Oui.
01:13Alors on peut dire pour certains qu'on joue sur les mots, mais en l'occurrence sur des sujets aussi sensibles,
01:21il faut évidemment faire très attention aux mots.
01:24Vous comprenez que se référer à 1947 ait choqué les Israéliens qui considèrent eux qu'Israël s'est construit,
01:32bâti dans l'adversité dès la guerre finalement que lui ont déclaré ses voisins arabes dès sa création en 1947 et 1948 ?
01:40On peut évidemment comprendre la réaction, ce d'autant plus qu'une fois la guerre d'indépendance 48-49 terminée,
01:51Israël s'est construit comme nation malgré les Nations Unies et pas grâce aux Nations Unies.
01:59Israël a été le pays sans doute le plus attaqué par les Nations Unies depuis sa création.
02:05Oui mais justement, est-ce parce qu'Israël a tant de mal à se conformer aux résolutions ultérieures de l'ONU,
02:10celles qui suivirent la guerre des Six Jours, la guerre de Kippour et jusqu'à la guerre du Liban des années 70-80,
02:15qu'aujourd'hui elle ne veut pas être d'une certaine manière ramenée à 1947 et à cette résolution originelle ?
02:23Alors c'est plus que ça. Bien sûr qu'il y a toujours eu une relation très compliquée entre Israël et l'ONU,
02:33y compris d'ailleurs, vous vous souvenez, en 1975 avec la résolution qui assimilait le sionisme au racisme,
02:42résolution qui, heureusement, a sauté en 1991. Mais ce n'est pas ça le vrai sujet.
02:50Le vrai sujet, c'est que la création d'Israël, elle vient à la fois d'une histoire longue qui est celle du peuple juif,
02:57qui existe au moins d'après les Juifs eux-mêmes depuis 5780 ans, elle vient d'un...
03:05Pardonnez-moi, vous comprenez bien que l'État français ne peut pas se référer à des prétentions,
03:13qu'elles soient religieuses ou communautaires, sur une terre. Il y a un acte juridique qui est fondateur.
03:19Absolument. Et alors si on part de l'acte juridique, alors il y a une erreur juridique dans la phrase du Président de la République.
03:26Donc, en réalité, c'est vouloir ignorer la complexité d'un processus qui vient évidemment de très loin,
03:34par exemple qui prend aussi en compte la Shoah pendant la Deuxième Guerre mondiale,
03:39qui prend en compte toute l'histoire juive, et qui prend en compte le combat après d'Israël
03:45pour survivre parce que qui n'a pas respecté la résolution du plan de partage,
03:51si ce n'est les pays arabes qui l'attaquent immédiatement. La difficulté, c'est que si on se place sur le plan du droit,
03:58ce sont les pays arabes qui n'ont pas accepté la partition.
04:02D'ailleurs, ils votent contre, pour la plupart d'entre eux, contre la résolution de 1947.
04:07Et après, ils n'ont de cesse que de faire la guerre à Israël.
04:10Donc, on est dans un système d'accusations réciproques et qui montre la complexité à la fois de la situation
04:17et le côté passionnel de toute cette affaire.
04:21Donc, on peut très bien comprendre les uns et les autres.
04:24Ce que le président de la République, avec cette phrase, que je considère évidemment plus que malheureuse,
04:31je ne pense pas qu'il ait voulu mettre en cause la légitimité même d'Israël.
04:37Je pense qu'il a voulu rappeler simplement qu'Israël, étant un pays démocratique,
04:42ça serait bien qu'il prenne en compte dans sa politique l'ensemble de ce que l'ONU a fait
04:48en matière de droit international et de construction juridique.
04:53Mais encore une fois, il faut bien voir que c'est extrêmement difficile,
04:57parce qu'en Israël, les gens considèrent, et c'est vrai, que c'est le pays le plus attaqué à l'ONU depuis sa création,
05:05avec des résolutions sur les droits de l'homme qui sont plus nombreuses pour Israël seule
05:10que la totalité des résolutions en matière de droits de l'homme sur l'ensemble de tous les pays du monde,
05:15y compris l'Iran, la Corée du Nord…
05:17Par sa déclaration, vous pensez qu'Emmanuel Macron revient sur à la fois les déclarations de solidarité,
05:23y compris de l'État français, y compris avant 1947, en faveur de la création d'un État juif,
05:29suivant cela la déclaration Balfour, et par la suite, la dotation par Israël de l'arme nucléaire,
05:36grâce là aussi au concours de la France ?
05:39Absolument, et vice versa d'ailleurs, dans l'histoire.
05:42Mais bon, oui, je pense qu'il n'y a aucune remise en cause, mais profondément, je pense vraiment très profondément,
05:48il n'y a pas de remise en cause de l'existence ni de la légitimité d'Israël pour le président de la République.
05:55Il y a une forme d'exaspération dans la manière dont Netanyahou conduit sa guerre,
06:00et il y a un dépit de voir que Netanyahou ne suit aucune injonction de pays autres qu'Israël,
06:09et aucune injonction des Nations Unies.
06:12Mais c'est une vieille histoire, ça a toujours été comme ça.
06:15Ben Gurion ne suit pas De Gaulle en 1967.
06:19Alors la situation va jusqu'aujourd'hui à l'interdiction de stand israélien à un salon de défense ici en France,
06:25le salon Euronaval, vous le comprenez ?
06:27Vous comprenez que ça choque en Israël, on parle de honte ?
06:30Oui, je comprends tout à fait parce que le président de la République fait cela au nom d'une cohérence
06:36qui, à mon avis, n'est pas la bonne.
06:38La cohérence du président, c'est de dire que nous voulons assesser le feu à Gaza,
06:41donc il ne faut plus qu'il y ait d'armes vendues à Israël.
06:45Je pense que c'est une cohérence, certes humaniste, mais c'est une cohérence d'ONG.
06:50La vraie cohérence pour nous devrait être la cohérence géopolitique.
06:54Nous avons un ennemi commun qui, en France, est l'ennemi principal,
06:58c'est-à-dire l'islamisme djihadiste radical et violent.
07:03Netanyahou lutte contre ceci au Proche-Orient.
07:08Nous avons donc une convergence sur le fait que nous devons ensemble lutter contre cet ennemi.
07:16Voyez-tu la même définition de l'ennemi, notamment au Liban ?
07:20Oui, mais après cela, oui, c'est-à-dire le Hezbollah en l'occurrence,
07:25donc les proxys, c'est-à-dire le Hamas, le Hezbollah…
07:28Oui, mais le Hezbollah, sa branche politique est considérée comme un interlocuteur par la France.
07:33Ce n'est pas le cas pour Israël, même si tous deux condamnent la branche militaire du Hezbollah.
07:38Oui, tout à fait, et donc nous, c'est dans la condamnation militaire,
07:42c'est-à-dire dans les actes violents, dans le fait que le Hezbollah
07:46bombarde Israël depuis un an en solidarité avec le Hamas.
07:51Il ne s'agit pas là de la branche politique, mais bien de la branche militaire.
07:54Et on se trompe, à mon avis, en empêchant par des embargos divers Israël de faire ce travail-là.
08:01Que après ça ? On critique la manière qu'a Netanyahou de faire la guerre.
08:06Ça, c'est tout à fait possible.
08:08D'ailleurs, il est très critiqué.
08:09En Israël même, à titre personnel, je pense qu'on peut faire la guerre différemment de ce qu'il fait.
08:15Mais dire, par cohérence, nous allons faire en sorte qu'Israël ne puisse plus recevoir des armes de l'extérieur
08:24parce que ça va dans le sens d'un cessez-le-feu,
08:27je pense que ce n'est pas du tout conforme à nos intérêts les plus profonds.
08:31Merci Eric Danon, ancien ambassadeur de France en Israël, d'avoir été avec nous sur France 24.

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