Mouvements No Kids et baisse de la natalité en France

  • il y a 18 heures
Avec Marianne Durano, professeur de philosophie et auteur de "Naître ou le Néant : pourquoi faire des enfants en temps d'effondrement ?" éd. Desclée de Brouwer

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Transcription
00:00André reçoit Marianne Durano, professeure de philosophie et auteure de Naitre ou le Néant,
00:06Pourquoi faire des enfants en temps d'effondrement ?
00:10Alors j'aime beaucoup Marianne Durano, d'abord Naitre ou le Néant évidemment, hommage à Jean-Paul Sartre,
00:16au livre effectivement, Naitre et le Néant, c'était le livre qu'il a fait connaître en tant que philosophe.
00:24Et puis alors j'aime bien aussi que vous passez de Sartre à un langage assez cru, mais ce n'est pas du tout cru,
00:31c'est un livre honnêtement passionnant parce qu'il est bourré de références, et on va parler du sujet bien sûr,
00:38mais le sujet en fait c'est que vous posez la question, comment baiser sans niquer la planète ?
00:46C'est un peu la question fondamentale de votre livre.
00:50Vous avez dit vous-même d'ailleurs que c'est dans une tribune tendrement intitulée, mais c'est intéressant,
00:56c'est-à-dire qu'effectivement vous racontez d'ailleurs dès le début, vous dites mais qu'est-ce que vous allez écrire ?
01:01Enfin écoutez, vous faites des enfants, vous avez quatre enfants, c'est bien ça, quatre fils d'ailleurs, voilà.
01:06Et bien pourquoi ce petit, j'entends un oui légèrement, non ? Ça va ?
01:12C'est de la fierté, même simulée.
01:14Ah bon d'accord, non je me disais peut-être que vous aviez envie d'avoir une fille.
01:17On contrôle pas tout, on en reparlera.
01:21Et alors justement, on dit oui, mais enfin à ce moment avec la planète, vous en parlez très bien, voilà,
01:27quel monde laisserons-nous à nos enfants ? Donc il faudrait pas faire attention aux deux, ça suffit, encore, etc.
01:35On parlera aussi, vous parlez de tout, de ceux qui ne veulent pas d'enfants du tout, de ces couples, etc.
01:41Ce qu'on appelle les DIGS, Double Income No Kids, c'est-à-dire de salaire et pas d'enfant.
01:46Vous abordez absolument
01:49tous ces problèmes et c'est intéressant parce que
01:52philosophie oblige, agrégé de philosophie oblige, vous mettez sous l'égide de Marx, d'Aristote, de Hegel, d'Anna Arendt, de Hans Jonas,
01:59d'Épicure et de Rousseau, sans parler de la Bible et des textes sacrés, non, non, vous ne... Et alors justement,
02:07vous dites effectivement qu'aujourd'hui toute la, enfin une certaine doxa, qu'elle soit écologiste, qu'elle soit
02:13catastrophiste ou collapsiste, comme on dit, le collapsus, la terre est finie, le monde est fini, vous n'avez pas
02:21le, je veux dire, l'audace, l'impudence de vouloir faire des enfants dans ce monde-là, en même temps qu'on sait que
02:30dans divers pays de la planète, y compris en France, il y a des gens qui font 4, 5, 6, 7, 8 enfants, d'autres qui n'en font pas.
02:37Alors qu'est-ce qui d'abord...
02:39Et vous, vous avez une point de vue, au fond, très... vous avez un parti pris en disant, non, il faut faire des enfants,
02:45quelque part. C'est-à-dire, c'est la vie, vous parlez de la
02:49nécessité de l'élan vital.
02:52Alors, au fond, d'abord, qu'est-ce qui vous a amené à écrire ce livre, Marianne ?
02:57Déjà, je n'ai pas écrit ce livre pour convaincre absolument tous mes enfants d'avoir le maxi... tous mes enfants, tous mes lecteurs, pardon,
03:03d'avoir le maximum d'enfants possible, pas du tout.
03:06En fait, tout a commencé il y a quelques années, en marge d'un plateau radio, d'ailleurs. J'avais fait un débat avec un militant de démographie
03:13responsable, une association qui pense que la surpopulation
03:17est la cause du désastre planétaire. Et alors, en off, il vient me voir et il me dit, non, mais entre nous,
03:24un enfant, je comprends, c'est une expérience intéressante.
03:27Bon, deux, pour qu'ils se tiennent compagnie, pourquoi pas ? Mais plus, vraiment, je ne comprends pas, mais pourquoi ?
03:34Et ça m'était resté là, et en fait, entre temps, il y a plein d'autres personnes, en passant par ma mère,
03:39des amis d'enfance, qui m'ont posé la même question. Pourquoi autant d'enfants ?
03:44C'est ça. Et en fait, je me suis dit, il faut écrire un bouquin, quoi, pour leur répondre. Et moi, des formations
03:50professionnelles obligent, quand on me pose une question, je vais chercher dans la philosophie pour voir ce que je peux répondre, quoi.
03:56Et c'est comme ça qu'est né ce projet de livre. Donc, c'est d'abord, disons,
03:59c'est moins un plaidoyer qu'une défense, en fait, de dire, mais c'est vrai, qu'est-ce que j'ai à répondre à ces gens
04:05le plus honnêtement possible ? Et justement, je parle de cet article que j'avais écrit il y a dix ans. J'étais jeune, à l'époque,
04:12comment baiser sans niquer la planète ?
04:14Et à l'époque, c'était dans la Revue Limite, on était plutôt à travers un angle très politique, très décroissant,
04:21très justice sociale, et là, j'ai vraiment voulu faire une réponse plus personnelle, plus philosophique.
04:26Alors, justement, ce qui est intéressant, c'est que vous convoquez les mânes de ces très grands philosophes ou penseurs, etc.
04:34Et, vous savez, il y avait une question que les situationnistes
04:39Guy Debord et Van Eyck aiment, quand on disait, mais quel monde laisserons-nous à nos enfants ? Qui est des écologistes au décroissant,
04:48c'est le mantra, il disait, quels enfants laisserons-nous à ce monde ? Qui est une autre question qui n'est pas
04:55négligeable ? Mais pour vous, alors, effectivement,
04:59je voudrais que vous résumiez un peu cette chose. Et je rappelle, donc, ce livre, paru en édition des Clés de Brouwert,
05:05c'est vraiment un livre très complet à lire, parce qu'il y a, encore une fois,
05:09beaucoup d'éclairages qui sont très intéressants. Et qu'est-ce qui fait que vous, vous avez répondu, écoutez,
05:15moi, franchement,
05:16dire que c'est fini et qu'il ne faut plus rien faire parce que le monde va s'effondrer,
05:21ce n'est pas vraiment ma tasse de thé et je vous explique pourquoi. Alors, pourquoi ?
05:25Alors, en deux mots, déjà, je me suis rendu compte qu'il n'y avait que des mauvaises réponses à la question pourquoi faire des enfants ?
05:31Parce qu'à partir du moment où on essaie de répondre pourquoi, ça suppose qu'en fait l'enfant, il ne se justifie pas tout seul.
05:37Oui, on accepte de dire que les enfants, ça ne sert à rien. Un enfant, a priori, ça ne sert à rien
05:42que juste dire un enfant parce qu'il est là, que je l'aime et que, voilà, c'est beau d'exister, ça ne suffit pas manifestement. Et donc,
05:48il faudrait répondre par autre chose. Je n'en sais rien, moi, pour relever la France, pour que
05:54les enfants bâtissent un avenir meilleur ou je n'en sais rien, moi, pour solidifier mon couple ou pour me rendre heureuse.
05:59En fait, quelle que soit la réponse, c'est une mauvaise réponse. Et donc, je voulais vraiment déjà dire ça.
06:03La vie se justifie par elle-même et pas pour autre chose.
06:07Et après, en creusant un petit peu dans la tradition philosophique, j'ai trouvé plein d'autres choses.
06:12Donc, il y a cette idée, pour faire un résumé très rapide, avec Aristote, parce que nous sommes des êtres vivants.
06:18Et qu'eux, dit Aristote, le fait de se reproduire, de transmettre la vie, c'est ce qui nous fait participer, je cite, à l'éternité de la nature.
06:25C'est beau, quoi ! Donc, parce qu'on est vivant, parce qu'on défend le vivant.
06:29Avec Hannah Arendt et Hegel, pourquoi ? Parce qu'on est des êtres politiques. C'est-à-dire qu'on oeuvre, on agit pour les générations futures.
06:36L'oeuvre d'art la plus formidable, si il n'y a personne pour la contempler dans l'avenir, elle ne sert à rien.
06:44Avec Ancienaz, c'est parce que c'est quelque chose de moral, en fait.
06:48Le fait qu'il reste des êtres humains, que l'humanité, dans tout ce qu'elle a de digne, dans tout ce qu'elle a de grand, puisse perdurer,
06:55et perdurer dans des bonnes conditions, c'est un devoir moral.
06:59Après, on peut continuer, avec Rousseau.
07:02Rousseau, c'est plutôt, pour répondre à votre question, quels enfants laisserons-nous à la planète ?
07:05C'est-à-dire, une fois qu'on a dit ça, bon d'accord, mais comment est-ce qu'on les éduque, vu l'avenir un peu pourri qui leur est réservé ?
07:11Donc voilà, j'ai voulu vraiment m'appuyer sur des auteurs.
07:15Et après, j'ai aussi un chapitre plus politique avec Michel Foucault, où je me suis demandé, on en reparlera peut-être,
07:21en fait, cette espèce d'obsession qu'on a pour la démographie actuellement,
07:24que ce soit parce qu'on considère qu'on est trop nombreux, ou au contraire, avec M. Macron, qu'il faut se réarmer démographiquement,
07:30eh bien, ça a éveillé mes soupçons. Pourquoi est-ce que, d'un coup, la population devient
07:36la variable d'ajustement dans un système dont on ne veut pas remettre en cause le modèle économique, par exemple ?
07:42Alors, mais rentrons justement dans le vif du sujet.
07:44Je vous signale que Marie Foliot, qui fait l'émission avec moi, est mère de cinq enfants.
07:48Chapeau !
07:50Ah, comme quoi ?
07:52Et la fille, elle est où ?
07:54Elle est au milieu.
07:56Deux garçons, une fille, deux garçons.
07:58En fait, il y a deux ou trois choses, je dirais, vraiment, que vous pourriez, enfin, que vous disiez votre ressenti là-dessus.
08:05Il y a la thèse d'un certain nombre de globalistes, de mondialistes, qui disent, écoutez, qui disent, d'ailleurs,
08:10Yoval Yonah Harari, qui est le collaborateur de Klaus Schwab, vous savez, Davos, dit, écoutez, il le dit comme ça, hein,
08:19il dit, écoutez, dans ce monde, il y a 20% de gens utiles et 80% ne servent pas à grand-chose.
08:26Il ne dit pas qu'il faut les éliminer, il ne dit pas, attention, ce n'est pas l'eugénisme et ce n'est pas Hitler ou Mussolini,
08:32mais il dit, écoutez, c'est la thèse, vraiment, de plusieurs globalistes, hein, ils disent, oui, on ne va pas,
08:36mais, écoutez, il faut en faire des bons consommateurs, qu'ils soient là, qu'ils ne nous embêtent pas trop,
08:42et qu'on va travailler, comme on travaille un peu partout, avec les 20% des minorités agissantes.
08:47Et l'autre chose aussi, c'est qu'il y a tous les catastrophistes, les collapsistes, qui disent, de toute façon, on est fichus,
08:59il y a 5 degrés, la planète, on va avoir 5 degrés en 2100, 5 degrés de plus, on va crever, et les migrants, effectivement, du climat, etc., etc.
09:11Et vous avez quand même une convergence tout à fait étonnante, entre les mondialistes, je dirais, les super capitalistes, etc.,
09:18enfin, certains, certains, il ne faut pas mélanger, et les écolos de la fin du monde, qui disent, oui, écoutez, ça sert à quoi, ça a arrêté,
09:28déjà, défendons ce qu'il faut défendre, le vivant, regardez la surpopulation, on n'en peut plus, etc.
09:33Comment vous sentez cette espèce de convergence tout à fait étonnante, paradoxale, mais en même temps explicable, entre ces deux tendances, par exemple ?
09:43– Hyper intéressant, la convergence entre capitalisme et puis une certaine frange collapso.
09:48Déjà, le point commun, c'est que c'est une approche quantitative du monde,
09:52donc on va parler en termes de capacité de charge de la planète, combien de personnes peut supporter la planète,
09:57pour la petite anecdote, ça me fait penser à un de mes profs de philo, quand j'étais jeune, qui avait 7 ou 8 enfants, je ne m'en souviens pas,
10:04et il faisait que de dire, non mais, il y en a un de trop, il y en a un de trop, la question c'est lequel ?
10:08Et j'adore, je me dis, bon, ok, bon, il n'y a qu'à trouver, c'est des questions philosophiques,
10:12donc là, sur ce plateau, il y a peut-être une personne de trop qui se dévoue, quoi, enfin, bon, après, la petite blague à part,
10:19le fait de considérer les choses d'un point de vue quantitatif, pour moi, ça consiste à considérer la population,
10:26encore une fois, comme une variable d'ajustement dans un système,
10:29donc plutôt que de se poser la question du nombre de ressources qu'on a à notre disposition,
10:33et de la manière la plus juste de les partager, on va, au contraire, se dire qu'il faut adapter le nombre des personnes aux ressources qui nous sont disponibles.
10:43Et ça masque des inégalités terribles, ça, pour citer quelques chiffres, par exemple,
10:47les 3 milliards d'individus les plus pauvres de la planète sont responsables de ce...
10:52Enfin, soit 45% de la population mondiale, quand même, sont responsables de seulement 7% des émissions de gaz à effet de serre,
10:59alors qu'à contrario, les 7% les plus riches sont responsables de 50% des émissions de gaz à effet de serre.
11:06Donc là, moi, j'en sais rien, c'est lesquels qu'il faut éliminer, quoi ?
11:09Oui, mais attendez, attendez, attendez, Marianne, là, vous allez peut-être un peu vite en besogne,
11:14vous dites les plus riches, les plus pauvres, et vous s'en sortez Occident et les autres,
11:18parce que l'Inde n'est pas le pays le plus riche,
11:20or l'Inde, la Chine, qui est un pays riche d'un côté, mais vraiment, c'est pas le pays le plus riche,
11:27la Russie et autres émettent à elles seules 65% des émissions de gaz à effet de serre.
11:32Donc c'est pas une question seulement de riches, de pauvres, et puis alors, je vous répondrai, si j'étais pauvre,
11:36vous êtes bien gentils, mais vous, vous avez le frigo, vous avez le CO2, vous êtes contents,
11:39vous avez tout ce qu'il vous faut. Nous aussi, on a envie d'accéder à cela.
11:43Alors en fait, entre la pauvreté la plus crasse et le gaspillage auquel on se livre dans nos pays occidentaux,
11:49il y a quand même un juste milieu. Et justement, en fait, les individus, les célibataires extrêmement riches des pays occidentaux
11:57consomment dans des proportions qui n'ont rien à voir avec même la famille de la classe moyenne en France.
12:04Par exemple, j'aime bien, il y a un collectif qui s'appelle Méga Yachts CO2 Tracker,
12:09qui s'est amusé à traquer les milliardaires sur leur yacht en marge du festival de Cannes pour évaluer à peu près leur impact.
12:15Et donc, parce qu'il faut des noms, il faut citer des coupables,
12:18quelqu'un comme Thomas Leclerc, le fils du patron de Decathlon, en une seule journée sur son yacht,
12:22il a émis 3,7 tonnes d'équivalent CO2 en un jour.
12:27Oui, mais Marianne, attendez, je comprends ce que vous venez de dire.
12:29Non, mais commençons par légiférer sur les yachts et après on verra quoi.
12:32Non, mais attendez, non, non, parce que ça, vous faites l'arbre qui cache la forêt.
12:35Je ne suis pas d'accord du tout avec vous et je vous dis pourquoi.
12:37C'est très très joli, ah oui, ces milliardaires, absolument, qui consomment de CO2.
12:41Mais l'Allemagne, en rouvrant les entrailles à charbon, consomme 400 fois plus.
12:46Donc, attention, vous êtes obligés de raison et de relativité gardées.
12:49Là, vous parlez des milliardaires, ça fait très bien, c'est facile, c'est confortable,
12:52je ne défends pas les milliardaires, mais enfin, c'est facile.
12:55Vous voyez, pour moi, ça m'énerve.
12:57Ça, c'est le parti des écolos qui me font hurler de rire.
13:00Ils ne voient pas les vrais pollueurs, ils voient les yachts.
13:03Dites-moi, les containers, les métainiers qui amènent le gaz, vous savez combien de CO2 ?
13:07Écoutez, remettons donc simplement les proportions.
13:10Et ça, vous n'en parlez pas.
13:12Mais sauf que, si vous voulez demander aux Français moyens de faire un effort dans sa consommation...
13:16– Mais quel effort ? – Attendez, laisse-moi finir.
13:18Et a fortiori, si on leur...
13:20C'était pour répondre à ces gens qui disent qu'il y a seulement 20% de productives,
13:25que les autres, il faut qu'ils arrêtent de se reproduire.
13:26– Oui, mais ceux-là, c'est les crétins.
13:29– Ah oui, mais c'est à eux que je réponds, à la base.
13:31Et vous allez leur dire, bon, quand même, vous êtes pauvres et pas très productives,
13:35donc ce serait bien, au moins, de ne pas trop vous reproduire,
13:38de ne pas trop polluer, et puis, si possible, de ne pas trop exister.
13:42Donc vous leur demandez un effort considérable.
13:44Ou même, encore une fois, à l'auditeur moyen de Sud Radio qui vous écoute,
13:47on va lui dire, tu pollues trop, tes enfants polluent...
13:50– Mais c'est grot... – Mais attendez, je finis.
13:52– Jamais on leur dira. Allez-y.
13:54– Ce que je veux dire, c'est qu'il y a... – Mais dire que tu pollues trop un Français aujourd'hui,
13:57pardon, mais c'est très bien, on a eu une bonne discussion.
14:00Ça compte pour vous.
14:01La France est le pays d'Europe qui produit le moins de gaz à effet de serre.
14:07Vous comprenez ? Non, non, mais on se met dans une position masochiste de dire,
14:10ah là là, on pollue, on pollue, alors qu'il y a des problèmes.
14:13Alors que, pardon, je m'énerve, mais c'est vrai,
14:16les agriculteurs à 800 euros par mois qui se suivent d'une fois pour deux,
14:19à ça, les écolos, ils n'en parlent pas.
14:21Ah non, ça, c'est pas notre problème.
14:22Il est là, le problème.
14:24Quand vous voulez avoir des enfants, vous commencez à leur donner de quoi manger.
14:27Mais c'est vrai, c'est extraordinaire, cette espèce d'inversion des priorités.
14:33Les agriculteurs, ils n'en parlent pas.
14:36Non, non, c'est la nature, on s'en fout.
14:37D'ailleurs, les écolos, les agriculteurs, ils mettent des pesticides, c'est pas bien.
14:41Oh, c'est pas vrai, souvent, les écolos, ils défendent aussi une forme d'agriculture.
14:45Certains.
14:46Mais alors, attendez, revenons aux riches, si vous voulez bien.
14:49Il y a un devoir d'exemplarité.
14:51C'est-à-dire qu'en fait, il faut que les personnes les plus riches, les plus en vue,
14:55que ce soit les personnes ou les pays, soient exemplaires.
14:58C'est-à-dire, montre un autre idéal de bonheur possible.
15:02C'est-à-dire que tant que vous allez dire aux gens que pour être heureux,
15:05il faut polluer sur son yacht et que ça va être ça, l'idéal,
15:08déjà, vous ne leur permettez pas de trouver de bonheur ailleurs.
15:11Et deuxièmement, ça crée un sentiment d'injustice.
15:14Genre quoi ? Moi, je suis censée ne pas faire d'enfant parce que ça pollue.
15:17Et après, vous avez Thomas Leclerc sur son yacht qui pollue plus en une journée que moi en un an.
15:21Ce n'est pas juste.
15:22Donc, il y a une exigence de justice.
15:24Vous croyez que c'est ça la justice qui frappe les Français ?
15:26Oui, je pense que les super riches qui ne sont pas taxés et qui polluent
15:30et qu'ensuite, on vienne leur dire à la mère de famille dans sa banlieue pavillonnaire
15:34que c'est elle qui est responsable de l'effondrement de la biodiversité,
15:37je trouve que ce n'est pas juste.
15:39Après, attendez, on disait autre chose, je me suis perdue.
15:42Vous vous êtes énervé sur autre chose, là, juste avant ?
15:44Je me suis énervé sur le fait des priorités.
15:47Ah oui, les agriculteurs.
15:48Oui, les agriculteurs.
15:49Parlons-en.
15:50Effectivement, je pense que...
15:51À 800 euros par mois.
15:52Mais carrément, on est bien d'accord.
15:54Si on veut pouvoir continuer à avoir des enfants nombreux et puis à bien les nourrir,
16:00c'est important,
16:01qu'ils puissent grandir dans un pays où les vraies priorités sont respectées.
16:05C'est-à-dire avoir un toit sur sa tête, pas se suicider parce qu'on est en burn-out
16:09et puis manger correctement.
16:10Effectivement, il faut absolument investir dans une agriculture qui soit plus durable
16:15et puis qui soit plus juste pour les agriculteurs,
16:17dans l'éducation, dans les services de proximité, etc.
16:22Et c'est pour ça que, pour revenir à mon sujet,
16:24je pense que faire des enfants,
16:26mettre la natalité au centre des politiques publiques,
16:29c'est rappeler quels sont les vrais enjeux.
16:31Pourquoi ?
16:32Un, quand on a des enfants, on va se préoccuper mécaniquement de l'avenir des générations futures.
16:37Parce que ce ne sont plus les générations futures, c'est mes gosses.
16:39Donc je veux dire, là, il y a un enjeu politique
16:41et ça nous force à nous projeter sur le temps long, premièrement.
16:44Deuxièmement, ça nous force à se dire,
16:45en fait, qu'est-ce qui est vraiment important ?
16:47Quand on a des enfants, d'un coup, les priorités sont remises un petit peu à leur place.
16:51Qu'est-ce qui est vraiment important ?
16:52C'est qu'ils mangent,
16:53c'est qu'ils soient en bonne santé,
16:54qu'ils aient un toit sur leur tête.
16:56Qu'ils s'instruisent, etc.
16:58Oui, je suis prof, c'est pas...
16:59Mais troisièmement, d'un coup, quand vous avez des enfants,
17:01il y a des trucs que vous acceptiez
17:03et puis que vous n'acceptez plus.
17:05Par exemple ?
17:05Par exemple, on parle beaucoup des émissions de gaz à effet de serre,
17:09mais on s'en fiche.
17:10Enfin, on s'en fiche.
17:10C'est l'arbre qui masque la forêt, pour reprendre votre expression.
17:14Par exemple, prenons les pollutions.
17:15Tous les pesticides.
17:16Là, il y a des scandales.
17:17Récemment, une petite émie qui est morte à 11 ans,
17:19empoisonnée par les fleurs que sa maman manipulait en tant que fleuriste.
17:23D'un coup, ces pesticides-là,
17:25vous étiez prêts à prendre un risque pour vous,
17:27mais quand c'est vos enfants, vous n'êtes plus prêts.
17:29Ou des publicités obscènes.
17:31La violence, l'insécurité, etc.
17:33J'allais dire ça, les pubs sexistes, violentes, sexuelles.
17:36Vous fermez les yeux dans le métro quand vous êtes tout seul,
17:38puis quand c'est votre gosse qui les regarde,
17:40d'un coup, c'est un levier de changement.
17:42Et c'est ça que je veux dire dans mon livre.
17:45Et renoncer à avoir des enfants sous prétexte que le monde est pourri,
17:48pour moi, c'est renoncer à l'avenir,
17:50c'est renoncer à imaginer d'autres futurs possibles.
17:52Il faut se battre.
17:54Avoir des enfants, c'est aussi être guérier du futur.
17:56Vous n'avez pas trop de choix, quoi.
17:58D'accord. Très bien.
18:00On va continuer à en parler avec cette petite pause.
18:02Et si vous voulez réagir au débat,
18:04n'hésitez pas, vous avez un numéro,
18:06c'est le 0826 300 300.
18:08Notre antenne vous est ouverte.
18:10Sud Radio.
18:12Parlons vrai.
18:14Sud Radio, Bercov, dans tous ses états.
18:16Marianne Durano,
18:18Naître ou le néant,
18:20l'affaire des enfants en temps d'effondrement
18:22chez Desclés de Brouwer.
18:24Justement, Marianne Durano,
18:26vous disiez que j'ai voulu faire ce livre,
18:28et encore une fois,
18:30un livre que je recommande,
18:32parce que vous avez été très frappée par la question
18:34qu'on pouvait se poser.
18:36Mais moi, je vais jouer l'avocat,
18:38non pas du diable, mais de celle et de ceux
18:40qui vous disent, attendez, arrêtez avec vos enfants
18:42et parlez de faire des enfants.
18:44Trois choses qu'il y a eu.
18:461967, la pilule,
18:48Neuwirth, etc.
18:50C'est hier.
18:52Qui a découplé, effectivement,
18:54la sexualité de la procréation.
18:56Bien. Ensuite,
18:58et surtout, c'est pas tellement ça,
19:00c'est beaucoup de femmes,
19:02enfin moi j'ai eu vraiment beaucoup d'amis
19:04et de relations qui me disaient
19:06écoutez, oui, vous êtes bien gentils les enfants,
19:08mais alors là, vous voulez en fait, quelque part,
19:10vous les hommes,
19:12vous voulez retrouver le vieux schéma,
19:14la femme cuisine
19:16et les enfants
19:18et la procréation,
19:20comme d'ailleurs dans certaines civilisations,
19:22et puis l'homme qui travaille,
19:24alors que la femme, elle a envie d'être indépendance
19:26et l'indépendance commence par l'indépendance économique.
19:28On le sait depuis Simone de Beauvoir
19:30et même bien avant.
19:32Donc, comment effectivement
19:34concilier,
19:36parce que c'est ça le problème, en tout cas dans les pays avancés,
19:38qu'ils soient occidentaux ou pas,
19:40où la femme a envie, et c'est tout à fait légitime,
19:42d'avoir son autonomie,
19:44de gagner sa vie,
19:46et pas seulement dépendre de son mari,
19:48avec effectivement,
19:50à ce moment-là, parce que le travail,
19:52ça ne veut pas dire qu'on peut le faire d'enfant,
19:54ça veut dire qu'il faut s'en occuper,
19:56qu'il faut avoir les moyens de s'en occuper,
19:58avoir une nourrice, etc.
20:00Donc, comment en fait,
20:02vous voyez ce problème-là,
20:04qui est toujours posé encore ?
20:06– Alors, je tiens d'abord à dire que je ne suis pas en train
20:08de dire qu'il faut que mesdames,
20:10neuf enfants, ils restent à la maison
20:12pendant que monsieur fait des heures sub
20:14pour nourrir sa famille nombreuse, voilà, pas du tout.
20:16– Non, c'est clair. – En revanche,
20:18effectivement, c'est intéressant de revenir à la pilule,
20:20parce qu'à partir du moment où vous contrôlez,
20:22ou en tout cas, vous avez l'illusion que vous contrôlez
20:24votre fécondité,
20:26eh bien l'enfant, c'est vraiment l'enfant du choix,
20:28donc vous l'avez bien voulu cet enfant,
20:30donc un, vous êtes sommé de le réussir.
20:32– Pourquoi vous dites, pardon, l'illusion ?
20:34– Parce qu'on sait tous que parfois,
20:36l'enfant vient alors qu'on a tout fait
20:38pour qu'il ne vienne pas, ou au contraire,
20:40c'est l'enfant qui vient et qui ne vient pas,
20:42donc ça ne se contrôle pas complètement encore,
20:44cette histoire. Malheureusement,
20:46ceux qui font l'expérience du désir d'enfant
20:48ne le savent que trop.
20:50Mais pour qui ça marche ?
20:52Vous avez voulu votre enfant, maintenant il est là,
20:54donc un, vous êtes prié de le réussir,
20:56donc grosse pression quand même sur les épaules des parents,
20:58et deuxièmement, c'est vous, c'est votre choix,
21:00vous l'avez bien voulu, donc débrouillez-vous.
21:02On fait de l'enfant un projet individuel,
21:04c'est l'affaire de ses parents.
21:06Et je pense que c'est ça
21:08qui met les familles dans des situations
21:10extrêmement compliquées,
21:12parce qu'elles ne reçoivent plus
21:14l'aide dont elles auraient besoin
21:16de la part de leur entourage,
21:18ou le minimum de la part de l'État,
21:20puisque si l'enfant, c'est une affaire privée,
21:22et ce n'est plus
21:24quelque chose qui va être
21:26considéré comme un bien pour l'intégralité
21:28de la nation, on ne voit pas bien pourquoi
21:30on aiderait les parents. Je veux dire, c'est ton choix, débrouille-toi.
21:32Alors qu'au contraire,
21:34je pense que si on voit d'abord la vie
21:36comme quelque chose qu'on accueille,
21:38une responsabilité
21:40qu'on accepte,
21:42et qu'on va essayer de tenir
21:44aussi pour le bien de l'enfant, mais pour le bien
21:46aussi de la société dans laquelle on vit,
21:48on éduque des futurs citoyens,
21:50les parents, je pense qu'en termes de reconnaissance
21:52sociale, ils y gagneront,
21:54ils seront reconnus dans leurs efforts,
21:56peut-être qu'on les aidera plus, et qu'ils se mettront moins
21:58la pression, parce que c'est l'affaire de tous,
22:00de bien élever la génération qui vient.
22:02Donc après, on parle de patriarcat,
22:04je suis frappée effectivement
22:06de voir que comme on a fait de la famille une affaire privée,
22:08eh bien, rien n'est fait
22:10pour aider les parents, et en particulier les mères
22:12qui travaillent, pour vraiment concilier
22:14sereinement leur carrière et
22:16leur maternité. Donc par exemple,
22:18le schéma actuellement qui est valorisé, c'est
22:20on fait des études, puis entre 20 et 30 ans,
22:2225 et 35 ans,
22:24c'est-à-dire au moment où
22:26le corps féminin est le plus fait pour avoir des enfants,
22:28on vous demande de vous donner à fond pour votre carrière,
22:30et puis après, éventuellement,
22:32passés 40 ans, quand vous êtes bien installés
22:34dans la vie, on vous commençait à penser à éventuellement
22:36faire un enfant, mais quand ça devient
22:38de plus en plus compliqué. Mais ça, c'est
22:40extrêmement violent, c'est une violence qui est faite aux femmes.
22:42Donc je pense que replacer encore
22:44une fois la natalité, l'engendrement au cœur
22:46des politiques publiques, c'est aussi une mesure
22:48féministe, mais vraiment
22:50qui prend la femme dans son corps.
22:52Vous voulez dire, alors que
22:54c'est un phénomène très privé, vous dites
22:56il faut s'en occuper, d'ailleurs, c'est intéressant
22:58parce que, par exemple,
23:00dans des pays comme la Hongrie ou la Pologne,
23:02ils font une politique démographique.
23:04Maintenant, pour des raisons X et Y,
23:06ils disent, écoutez, arrêtez de ne plus faire
23:08d'enfance. Et d'ailleurs, il y a les primes
23:10qui sont faites, des réductions
23:12d'impôts, voire des
23:14réductions ou des
23:16complets arrêts d'impôts,
23:18etc. Mais pour revenir
23:20à ça, est-ce que pour vous,
23:22aujourd'hui,
23:24ce que vous sentez dans les gens que vous fréquentez,
23:26etc., sans parler
23:28des sondages, quand on parle
23:30justement, on en parlait avant,
23:32vous avez parlé de Macron dans votre livre aussi,
23:34Réarmement démographique, etc.
23:36Et d'ailleurs, c'est intéressant,
23:38je rappelle quand même, parce que vous commencez
23:40par cela, et il faut le dire,
23:42vous dites ceci,
23:44vous dites, l'année, et ça a été
23:46confirmé d'ailleurs,
23:48Marie m'a fait un dossier là-dessus, l'année 2023
23:50a ainsi enregistré le plus faible
23:52nombre de naissances depuis
23:54la Seconde Guerre mondiale, dans le monde.
23:56Voilà,
23:5830% des femmes
24:00en âge de procréer
24:02affirment en effet ne pas vouloir d'enfants,
24:0430% c'est quand même énorme,
24:06tandis que 30% des parents
24:08regrettent d'avoir eu
24:10davantage, curieux, parallèles.
24:12Alors, c'est quoi ça aujourd'hui ?
24:14Vous avez l'impression qu'on oscille entre
24:16ces deux tentations ?
24:18C'est vrai que je le
24:20constate vraiment autour de moi, alors la question de
24:22ne pas avoir d'enfants pour la planète,
24:24je vois bien que c'est un effet de génération,
24:26quand je parlais de mon sujet de livre
24:28à des personnes de l'âge de mes parents,
24:30je voyais bien que ça ne leur parlait pas du tout,
24:32alors que les plus jeunes, les vingtenaires,
24:34tout de suite, ils me disent tous, ah bah oui,
24:36c'est un vrai problème, donc question de génération,
24:38et le regret de ne pas avoir plus d'enfants,
24:40je le vois beaucoup autour de moi,
24:42dans les personnes que je fréquente, je vis dans un petit
24:44village dans la Loire, et en fait la famille
24:46nombreuse, ou en tout cas le fait d'avoir
24:48plusieurs enfants, il y en a plein qui me disent
24:50ah c'est bien quand même, ah moi j'aurais bien aimé,
24:52mais ceci, le travail, la maison,
24:54mon conjoint il n'est pas d'accord, et puis j'aurais
24:56peur de ne pas réussir, il y a plein
24:58d'angoisse, mais de fait,
25:00oui, je le vois vraiment, le coup du
25:0230% des parents qui regrettent de ne pas avoir
25:04eu plus d'enfants, ça c'est très intéressant,
25:06et puis ça montre aussi que
25:08il y a une conjoncture économique, ou en tout cas
25:10des politiques, qui peut-être sont un peu défaillantes,
25:12et que des gens aimeraient pouvoir
25:14avoir plus d'enfants. Ils se sentent précaires, ils se disent la précarité,
25:16si je fais trop d'enfants, comment je vais faire,
25:18etc, oui. Puis il y a quand même un modèle
25:20consumériste, qui nous
25:22fait croire que pour un enfant
25:24soit heureux, il faut qu'il ait tout un tas de gadgets,
25:26il y a toujours cette pression.
25:28Ses jeux vidéo, son iPhone,
25:30tout de suite, etc, etc.
25:32Oui, c'est clair, c'est clair.
25:34Je rappelle 0,826,
25:36300, 300, effectivement.
25:38Non, non, mais j'en parle parce que je suis sûr qu'il y a
25:40beaucoup, beaucoup de gens qui nous écoutent,
25:42et qui vous écoutent là,
25:44Marianne Durand. Alors, justement,
25:46moi je pensais qu'on, c'est très intéressant,
25:48parce que vous parlez de quelque chose, c'est une originalité
25:50de votre livre, vous dites, attendez,
25:52s'il n'y a pas de politique publique, ça ne peut pas marcher.
25:54Quelque part, je résume,
25:56je schématise,
25:58mais comment ces politiques publiques,
26:00par exemple pour un pays comme la France,
26:02vous seriez ministre de la Famille
26:04ou autre, et pourquoi pas ?
26:06Non, mais qu'est-ce qu'il y a
26:08à votre avis, qu'on vient de faire ou essayer
26:10de faire,
26:12par le vu de l'État, des collectivités,
26:14de la nation ?
26:16Déjà, évidemment, quand on est en responsabilité,
26:18j'imagine qu'on se rend toujours compte que les choses
26:20sont plus complexes, mais investir dans
26:22l'éducation, ça me semble la
26:24priorité. Il y a
26:26des questions autour du congé parental,
26:28du congé maternité.
26:30La France est vraiment très mal classée
26:32par rapport aux autres pays d'Europe, et même du monde,
26:34par rapport à la fois
26:36à la durée du congé maternité, du congé
26:38parental, et puis à sa rémunération. Quand on regarde
26:40dans les pays du Sud du Nord, par exemple,
26:42c'est beaucoup mieux. La question du
26:44temps de travail, je pense que le monde de l'entreprise
26:46a des efforts à faire pour s'adapter
26:48à la réalité des parents.
26:50Je place beaucoup d'espoir dans le télétravail,
26:52dans le fait que les horaires, ça s'assouplit un petit peu,
26:54qu'on n'est plus obligé de pointer
26:56jusqu'à 19h30 pour être un bon salarié
26:58aujourd'hui. Je pense
27:00qu'il y a beaucoup à faire en termes d'urbanisme,
27:02c'est-à-dire quelle place pour les enfants
27:04dans la ville, entre les enfants
27:06et les voitures. Il y a un moment où il faut choisir
27:08quels espaces
27:10sont faits pour eux, quelle place ils ont.
27:12Vous trouvez que c'est
27:14très sous-équipé pour le moment ?
27:16Votre sentiment ?
27:18L'environnement est
27:20de plus en plus dangereux pour les enfants,
27:22avec les voitures, les scooters
27:24partout. Je
27:26discutais encore récemment avec
27:28une personne qui avait l'âge de mes parents
27:30et qui me disait que, oui, quand elle était
27:32plus jeune, elle faisait 4 km
27:34à vélo dans la campagne
27:36pour aller chez sa copine, que maintenant
27:38ça semblerait inimaginable.
27:40Encore qu'à Paris, on a
27:42ouvert des pistes cyclables partout
27:44maintenant, et ça marche.
27:46Il y a de plus en plus de
27:48cyclistes, il faut le dire.
27:50Mais autre chose aussi,
27:52il faut parler dans certaines villes de France
27:54de l'insécurité aussi.
27:56Le sentiment violent,
27:58on parlait du narcotrafic dans l'émission.
28:00Moi j'ai une question
28:02à poser à Marie Foliot.
28:04Vous êtes mère de 5 enfants,
28:06c'est bien ça.
28:08Par rapport à ce que dit
28:10Marianne Durano,
28:12est-ce que
28:14vous aussi, vous avez l'impression que
28:16vous n'avez pas
28:18le même questionnement
28:20autour de vous et dans votre environnement, j'imagine.
28:22Pour vous, c'est quelque chose
28:24de tout à fait naturel, vous avez fait 5 enfants.
28:26Dans l'univers
28:28où vous vivez, vous le sentez comment ?
28:30Pour moi, c'est quelque chose de complètement naturel.
28:32Je ne suis pas déjà la même génération que Marianne,
28:34je suis un peu plus âgée, légèrement plus âgée, on va dire.
28:36Donc j'ai des enfants plus grands
28:38et c'est vrai que je pense que déjà,
28:40en ce laps de temps,
28:42de 25 ans à 19 ans,
28:44je pense que dans ce laps de temps,
28:46les mentalités ont déjà pas mal changé.
28:48Je le vois quand, il y a 20 ans,
28:50j'avais pas déjà 5 enfants, mais en tout cas,
28:52quand mes enfants étaient petits et que j'avais 5 enfants,
28:54il y avait un certain regard, les gens trouvaient ça super.
28:56Ou ils avaient des questions.
28:58Et aujourd'hui, c'est idiot, mais on est
29:00presque un peu plus gênés.
29:02Et j'ai beaucoup aimé ce que vous disiez en tout début
29:04où pourquoi répondre à cette question, pourquoi des enfants ?
29:06Et c'est vraiment, je trouve,
29:08un effondrement...
29:10Oui, mais je trouve ça triste.
29:12Je trouve ça vraiment triste.
29:14Parce qu'en fait, oui, il y a vraiment un peu
29:16ce côté, oui, la famille,
29:18aujourd'hui, pourquoi une grande famille, quelle horreur, etc.
29:20Donc il y a vraiment, pour moi,
29:22c'est la victoire de l'individualisme, en fait.
29:24Un peu. Alors ce que je peux comprendre,
29:26en effet, c'est que ça paraît être compliqué,
29:28comment s'organiser, etc.
29:30Mais ce pourquoi un peu méfiant, parce que c'est un peu ça,
29:32je trouve ça un peu dommage.
29:34Surtout que les enfants...
29:36C'est intéressant de voir l'évolution.
29:38Pour moi, c'est flagrant.
29:40Je crois qu'il y a Sylvie
29:42qui nous appelle de courbe-voix, c'est bien ça.
29:44Oui, c'est ça, bonjour.
29:46Bonjour Sylvie.
29:48Je voulais intervenir sur une réflexion.
29:50Je me suis déjà faite à plusieurs
29:52reprises, et votre émission me donne l'occasion
29:54d'aborder ce thème, sur la natalité.
29:56Je suis dans un quartier où il y a pas mal
29:58de mixité sociale.
30:00J'ai aussi beaucoup de cadres autour de moi,
30:02et dans ma famille,
30:04etc. Et je me rends compte que
30:06les familles qui sont
30:08d'origine africaine,
30:10comme on dit aujourd'hui,
30:12de la biodiversité, etc.,
30:14dans les logements sociaux notamment,
30:16hésitent beaucoup moins à avoir
30:18quatre, cinq enfants
30:20que des jeunes cadres...
30:24Je m'interroge et je me pose vraiment la question.
30:26Je vous dis,
30:28j'ai les jeunes cadres,
30:30moi et mes enfants sont plus grands,
30:32mais j'en ai fait que deux, pour les mêmes raisons,
30:34vraisemblablement.
30:36Mais est-ce qu'on se pose des attentes
30:38différentes, concernant,
30:40par rapport à nos responsabilités
30:42professionnelles, au coût d'une éducation ?
30:46Aujourd'hui,
30:48j'ai l'impression que les...
30:50Oui, qu'il y a des couches
30:52sociales différentes, et qui font
30:54besoin d'enfants.
30:56Je veux dire, personne n'envisage
30:58que son gosse fasse moins que 5 ans.
31:00Donc il y a aussi tout ça,
31:02qui joue la taille du logement.
31:06Ce que j'observe, en tout cas,
31:08c'est que les jeunes familles,
31:10les jeunes cadres que je vois autour de moi
31:12font moins d'enfants que les gamins
31:14qui sont
31:16issus de l'immigration.
31:18Les familles issus de l'immigration.
31:20Ça, c'est tout à fait documenté,
31:22sociologiquement, ce ressenti
31:24de votre auditrice, et je suis très contente qu'on parle de ça
31:26parce que ça a été aussi un des débuts de mon livre.
31:28Je veux se dire, mais pourquoi
31:30est-ce que les plus pauvres, que ce soit encore une fois
31:32à l'échelle de la France ou à l'échelle du monde,
31:34ont-ils tant d'enfants ?
31:36Est-ce que c'est seulement parce qu'ils ne réfléchissent pas ?
31:38Ou qu'ils n'ont pas accès à la contraception ?
31:40Non, évidemment que non. Par exemple, je cite dans le livre
31:42à Gaza,
31:44la bande de Gaza, l'indice synthétique
31:46de fécondité est à 7,7
31:48enfants par femme, alors même...
31:507,7 enfants, ouais.
31:52Alors même que c'est un lieu où les moyens de contraception
31:54sont très bien diffusés,
31:56parce qu'il y a plein d'ONG qui se sont dit, oulala, il faut faire quelque chose,
31:58et les femmes gazaouies sont plutôt
32:00parmi les plus éduquées du Moyen-Orient.
32:02Donc c'est pas une question d'ignorance.
32:04Et en fait, je me suis dit
32:06que peut-être qu'on a quelque chose à apprendre
32:08aussi
32:10de ces populations-là,
32:12qui sont peut-être moins angoissées que nous
32:14par rapport à l'enfance,
32:16et dans ce genre de...
32:18Et par rapport à l'environnement.
32:20Et en fait, il y a plusieurs choses. Déjà,
32:22je voudrais citer le cas d'une de mes amies
32:24qui avait fait du bénévolat dans un camp de réfugiés
32:26syriens au Liban, où les femmes,
32:28elles avaient plein d'enfants, elles étaient enceintes alors qu'elles étaient en pleine guerre,
32:30elles continuaient à avoir des enfants, et mon amie
32:32leur avait dit, mais pourquoi vous faites ça ?
32:34Et elle lui avait répondu, parce que
32:36les enfants, c'est tout ce qui nous reste. Donc il y a cette idée que
32:38vers prolétaire, proles,
32:40en latin c'est l'enfant, le prolétaire
32:42c'est celui qui n'a pour seule richesse que ses enfants.
32:44Donc il y a l'idée qu'en fait,
32:46pour les pauvres, l'enfant c'est la vraie richesse.
32:48Et peut-être qu'on a des critères moins élevés
32:50aussi de réussite ou de ce qu'il faut pour être
32:52heureux, parce que, c'est ce que disait votre auditrice,
32:54quand on est soi-même,
32:56qu'on a vécu une certaine
32:58précarité, qu'on est soi-même issu d'une famille
33:00nombreuse, on met peut-être la part un peu
33:02moins haut, et ça c'est assez documenté
33:04sociologiquement, je cite aussi des études
33:06citées par Michel Foucault,
33:08dès le XIXème siècle, en fait, on voit
33:10des logiques d'optimisation sociale
33:12qui sont mises en place dans la bourgeoisie,
33:14où la bourgeoisie va se dire, je vais limiter
33:16le nombre de mes descendants
33:18pour limiter
33:20la dispersion du patrimoine,
33:22pour investir dans mes enfants...
33:24C'était plutôt une logique
33:26d'ascension sociale, c'est-à-dire que si j'ai moins d'enfants
33:28je pourrais mieux investir dans leur éducation
33:30et ils réussiront mieux.
33:32Et moi je me suis dit, en même temps
33:34toute cette abondance, toute cette richesse qu'on a
33:36dans notre société,
33:38si elle nous empêche finalement
33:40d'avoir des enfants, si elle nous
33:42fragilise, nous fait peur de perdre
33:44notre confort, si ça nous rend
33:46plus timorés,
33:48est-ce qu'on n'a pas aussi à s'en libérer ?
33:50Et à apprendre un petit peu de l'audace
33:52de ces populations qui voient d'abord
33:54la richesse qu'est un enfant avant de voir le coût.
33:56Oui, mais c'est tout
33:58le problème justement
34:00du milieu social, de l'ascension sociale
34:02et des valeurs qu'on véhicule, parce que
34:04au fond c'est intéressant, parce que
34:06il y a ça,
34:08est-ce que vous dites
34:10par rapport à
34:12effectivement, les enfants
34:14c'est la seule richesse que nous avons
34:16et puis d'autres qui disent, oui mais
34:18quel est notre avenir ?
34:20Et ça leur pose des problèmes.
34:22On en parle tout de suite après une petite pause
34:24avec Marie-Anne Durano,
34:26Naître ou le Néant.
34:28D'ailleurs si Jean-Paul Sartre était encore là,
34:30lui qui n'a jamais eu d'enfant.
34:32C'est pas un apôtre de la natalité,
34:34Sartre.
34:36Et alors moi je rappelle qu'il y a toujours
34:38un numéro, si vous voulez nous appeler,
34:40le 0826
34:42300 300, Bercov dans tous ses états
34:44revient tout de suite.
34:46Et nous avons une auditrice
34:48encore, c'est une émission de femmes
34:50aujourd'hui, donc nous avons Marie-Françoise qui nous
34:52appelle de La Riège. Bonjour Marie-Françoise.
34:54Oui bonjour, bonjour
34:56Sud Radio.
34:58On vous écoute Marie-Françoise.
35:00Alors voilà, comme j'ai dit
35:02tout à l'heure, je ne suis pas de la première jeunesse
35:04puisque j'ai
35:0671 ans, mais
35:08je suis issue d'une famille
35:10nombreuse, 9 enfants.
35:12Bien sûr j'ai été élevée
35:14à la campagne, mais
35:16qu'est-ce qu'on était heureux.
35:18Et aujourd'hui je suis aussi
35:20heureuse, toujours dans ma
35:22même famille. Nous sommes très
35:24proches les uns des autres.
35:26Bien sûr
35:28ma maman est restée à la
35:30maison pour s'occuper de nous,
35:32et notre papa il allait en déplacement
35:34pour pouvoir
35:36subvenir à nos
35:38besoins.
35:40Personnellement,
35:42je n'ai qu'une fille
35:44puisque le bon Dieu, il a voulu
35:46m'en donner qu'une. Avant elle,
35:48j'ai attendu un enfant
35:50que j'ai perdu à 5 mois de grossesse.
35:52Après elle, j'ai perdu des faux jumeaux.
35:54Donc vous avez une fille,
35:56mais c'est bien.
35:58D'accord, et vous vous dites
36:00que vous étiez très heureuse à 9 enfants
36:02dans la famille où vous avez vécu.
36:04Et justement,
36:06ce que dit Marie-Françoise,
36:08là aussi une autre doxa et compagnie,
36:10pourquoi on condamne,
36:12on stigmatise
36:14les femmes qui restent à la maison ?
36:16Ah, mais ça c'est pas bien !
36:18Comme le reste,
36:20CO2 et compagnie. C'est-à-dire qu'il y a des schémas
36:22qui aujourd'hui...
36:24Femmes ou hommes d'ailleurs, pourquoi il n'y aurait pas des hommes qui sont à la maison ?
36:26Moi j'ai absolument rien contre
36:28qu'une femme travaille et qu'un homme s'occupe des enfants.
36:30Mais si vous voulez beaucoup d'enfants,
36:32il faut bien que quelqu'un s'en occupe.
36:34J'étais hyper émue par le témoignage de Marie-Françoise,
36:36parce que de fait, nous on essaye d'éduquer
36:38nos enfants à la campagne, on en parlera si vous voulez,
36:40on a rejoint un collectif de familles
36:42pour leur permettre
36:44d'essayer d'avoir cette enfance-là.
36:46J'étais très très émue
36:48par ce qu'elle disait. Et sur la question des femmes
36:50au foyer, moi je vais peut-être choquer vos auditeurs,
36:52mais je suis pour le retour
36:54des hommes et des femmes au foyer.
36:56C'est-à-dire que je pense qu'il faut réinvestir
36:58le foyer, c'est pas un gros mot,
37:00c'est un bon endroit. Et en plus, on parle
37:02d'écologie. Mais ce que je veux dire, c'est que si vous voulez
37:04être écolo, il y a un moment où il faut cuisiner,
37:06il faut être présent
37:08dans son foyer, vous voulez faire votre potager,
37:10il faut être là en fait. Donc il faut une présence
37:12au foyer. Et pour moi, c'est un vrai travail.
37:14C'est un travail qui est vraiment productif.
37:16Là, je suis sur cette antenne aujourd'hui,
37:18mais en termes de statut social,
37:20je suis femme au foyer en ce moment.
37:22Et d'ailleurs, pour l'anecdote,
37:24si je peux être là aujourd'hui, c'est parce que j'ai
37:26tout un village qui se relaie pendant deux jours
37:28pour garder mes enfants,
37:30pour que Marianne puisse être sur Sud Radio.
37:32D'ailleurs, si certains m'écoutent, je les salue.
37:34Et cette solidarité-là
37:36qu'on trouve beaucoup dans les campagnes,
37:38où en fait, les enfants, ils sont éduqués
37:40par un peu tout le monde.
37:42Ils peuvent aller gambader dans les prêts.
37:44C'est très important ce que vous dites là. Et très instructif.
37:46Et c'est beau, quoi. Et moi, je plains vraiment
37:48de tout mon cœur les familles qui sont toutes seules en appartement,
37:50qui doivent gérer leurs enfants.
37:52S'il y en a un qui est malade, c'est débrouille-toi.
37:54Effectivement,
37:56on ne peut pas...
37:58Et là, c'est vraiment tout le village ?
38:00Ils s'occupent, ils sont là...
38:02Il y a un passage de relais des enfants,
38:04minute par minute, pour leur permettre
38:06de continuer leur vie dans l'absence de maman.
38:08Et puis aussi,
38:10je salue ma maman à moi.
38:12Marie-Françoise disait qu'elle n'était pas de toute jeunesse.
38:14Il y a une importance énorme dans le rôle
38:16des générations précédentes.
38:18On crache beaucoup, justement, sur
38:20les baby-boom, les boomers, tout ça.
38:22En attendant, les boomers, qui sont nos parents,
38:24nos grands-parents, on a besoin d'eux
38:26pour nous permettre de continuer
38:28à avoir des enfants et à les éduquer
38:30du mieux possible, surtout dans une époque
38:32où il y a une rupture de transmission.
38:34Et eux transmettent, les parents et les grands-parents.
38:36Apprenez-nous à faire des confitures
38:38par pitié, quoi.
38:40C'est très joli. Je trouve,
38:42apprenez-nous à faire des confitures par pitié.
38:44Mais c'est vrai, ce que vous dites est très important.
38:46Et je crois que beaucoup de gens l'ont oublié.
38:48Et pour moi, ça me paraît
38:50fondamental de leur apprendre les savoirs.
38:52Les savoirs, il n'y a pas un savoir,
38:54il y a des savoirs. Il ne faut jamais oublier
38:56qu'un énarque ou un politicien peut être
38:58beaucoup plus crétin qu'un
39:00paysan de l'Ariège.
39:02Ne jamais oublier ça.
39:04Moi, j'ai fait des grandes études et la première fois
39:06que j'ai essayé de faire des conserves, ça a été
39:08un échec cuisant.
39:10Mais vous vous êtes rattrapée depuis.
39:12Voilà, je me suis améliorée.
39:14Très beau livre, lisez-le. Marianne Durano, Naitre ou le Néant.
39:16Pourquoi faire des enfants en temps d'effondrement ?
39:18C'est chez Desclés de Brouwer.

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