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Flavie Flament reçoit Guillaume Farde, professeur à Sciences Po, pour répondre à la question : fugitifs, comment organisent-ils leur cavale ?

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Transcription
00:00Bonjour Guillaume Fard, merci d'être là. Vous êtes professeur affilié à Sciences Po, vous êtes spécialiste de la grande criminalité.
00:06Julien l'a rappelé il y a un instant, 5 mois de cavale pour Mohamed Amra. 5 mois, on peut parler quoi d'une cavale longue durée ?
00:14En tout cas, il commence à arriver à certains records. Si on parle de celle d'Antonio Ferrara, vous savez qu'on avait appelé l'as de l'évasion qui avait notamment braqué plusieurs fourgons blindés,
00:26ou celle de Redouane Faïd, là c'était en 2018, plus proche de nous Ferrara, c'était 2003. Ça avait duré aussi quelques mois, de mars à juillet pour l'un, de juillet à octobre pour l'autre,
00:35et là c'est vrai que c'est depuis le mois de mai, donc forcément on s'interroge un peu.
00:39Voilà, et Redouane Faïd effectivement qui s'est exprimé en disant que la mouche, puisque c'est ainsi qu'on appelle Mohamed Amra, était un as de la cavale, le roi de la belle.
00:49La mouche, Chemou, Moa, il y a plusieurs surnoms. Après, il est passé dans différents lieux de détention, donc ça multiplie les surnoms.
00:58Alors, on parle ici d'un dispositif quand même exceptionnel, 350 policiers qui sont mobilisés pour retrouver le fugitif. Comment est-ce que ça se fait qu'il passe encore sous les radars ?
01:09En fait, vous avez deux façons de rechercher quelqu'un. Soit vous recherchez quelqu'un à la façon dont on a recherché les frères Kouachi, c'est-à-dire qu'il y a la tuerie à Charlie Hebdo,
01:16on est le 7 janvier 2015, il n'y a pas vraiment de plan de fuite, donc vous tracez un périmètre, vous considérez qu'ils sont logiquement dans le périmètre,
01:25vous concentrez des moyens et vous les trouvez, c'est assez mécanique. Ça, c'est une première façon de faire. Deuxième façon, vous avez des gens qui ont prévu la suite,
01:32et c'est sans doute le cas de Mohamed Amra et ses complices, et ceux-là, ils ne vont pas rester dans le périmètre de recherche, et donc vous devez mobiliser des moyens
01:40qui sont les moyens de l'enquête judiciaire un peu classique, c'est-à-dire vous partez des traces et indices et vous essayez de remonter tout ce qu'il y a pu se passer pour retrouver la personne que vous cherchez.
01:48Et là, ça veut dire des heures et des heures de vidéoprotection, parce qu'il y a celle de l'autoroute là où il y a eu effectivement sur ce péage l'attaque à proprement parler,
01:58mais il y a aussi en amont, en aval, différents itinéraires, il y a les véhicules qui ont été retrouvés calcinés, il faut les faire parler, il y a les armes.
02:05Il y a eu beaucoup d'armes qui ont été utilisées, ces armes ont un passé, donc il y a de l'expertise balistique, puis il y a les témoignages,
02:12les témoignages de la famille de Mohamed Amra, des co-détenus de Mohamed Amra, de sa compagne, ex-compagne en tout cas, vous savez qu'il a eu un enfant,
02:19ça fait beaucoup de gens à entendre, et donc avec toutes ces méthodes cumulées, on doit arriver logiquement à le localiser.
02:25– Logiquement, on verra dans quel délai, pour l'instant on ne sait pas, il y a combien de fugitifs en France aujourd'hui ?
02:31– Le nombre de fugitifs, on n'a pas le chiffre précis, on sait qu'on a un fichier des personnes recherchées,
02:36alors là-dedans il y a 640 000 fiches, ça peut paraître beaucoup, mais après il y a les débiteurs du Trésor, il y a des mineurs fugueurs,
02:42il y a les évadés, il y a les fameux fichiers S, mais en tout cas il y a raisonnablement plusieurs milliers de personnes qui sont recherchées.

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