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00:00D'abord, cette question explosive. Y a-t-il eu une infiltration israélienne au sein de l'unité d'élite des gardiens de la révolution en Iran ?
00:08Le mystère s'épaissit autour du sort d'Ismail Kani, le chef des forces Al-Qods.
00:13Il est soupçonné, selon plusieurs médias, d'avoir informé Israël sur les déplacements d'Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne au Liban.
00:21On va justement revenir sur la puissance du renseignement avec vous, Gilbert Achkar.
00:26Bonjour à vous. Vous êtes professeur de relations internationales à l'université de Londres.
00:31Peu d'informations ont fuité sur la riposte israélienne promise après l'attaque de missiles lancées le 1er octobre par Téhéran.
00:40Riposte qui se fait attendre. Comment interpréter cette attente ?
00:46Bonjour. Cette attente du côté israélien, elle est d'une part liée au rapport avec les États-Unis.
00:58On sait qu'il y a eu quelques développements à ce niveau-là, que le ministre de la Défense israélien devait se rendre à Washington,
01:05qu'il en a été empêché par le Premier ministre Netanyahou, qui a tenu à négocier directement avec le président américain.
01:16Je crois que tout se tient aujourd'hui dans ces rapports entre les États-Unis et Israël, et du côté israélien également.
01:28On sait qu'il y a des débats dans les instances dirigeantes israéliennes sur que faire exactement.
01:38La grande question, bien sûr, c'est celle du nucléaire iranien. C'est la cible qui s'impose.
01:46Si l'on prend toute la trajectoire politique et idéologique de Netanyahou, toute la campagne qu'il a pu mener sur cette question,
01:53il serait perçu comme un aveu de faiblesse de sa part de ne pas saisir cette occasion pour s'y prendre.
02:05Donc attendons, attendons de voir.
02:08Le chef de la diplomatie iranienne affirme à la mi-journée, je cite,
02:11ne pas avoir de ligne rouge pour la défense de son peuple et ses intérêts. Que faut-il comprendre ?
02:19Oui, tout à fait. Du côté israélien, il n'y a plus de lignes rouges et ça on le sait depuis longtemps.
02:26Du côté iranien cette fois, la question que je vous posais, c'était le chef de la diplomatie iranienne qui tient ses propos.
02:35Oui, là c'est beaucoup.
02:40Disons que ceux qui proclament qu'ils n'ont pas de lignes rouges en ont en fait,
02:46et ceux qui ne le proclament pas, dans le cas des israéliens, n'en tiennent pas compte.
02:54C'est une guerre des nerfs finalement ?
02:58C'est une guerre des nerfs. Maintenant la balle est dans le camp d'Israël.
03:03Les nerfs qui sont en ce moment éprouvés sont ceux des iraniens, n'est-ce pas ?
03:09Mais cette façon de dire qu'on n'a pas de lignes rouges, c'est un message qui ne s'adresse pas à Israël,
03:16parce qu'Israël sait très bien qu'il n'y a pas de lignes rouges de ce point de vue-là du côté iranien,
03:21mais c'est plutôt un message qui s'adresse aux États-Unis pour dire,
03:25écoutez, nous pouvons nous en prendre à vos alliés dans la région du Golfe,
03:31aux monarchies pétrolières arabes, nous pouvons nous attaquer à ces installations,
03:38créer une crise grave sur le marché pétrolier mondial et donc dans l'économie mondiale.
03:47Bon, il y a des menaces de ce type qui visent à dissuader, à forcer ou à pousser les États-Unis
03:59à faire pression réelle sur Israël pour une limitation de ce qu'Israël peut faire.
04:05Mais le plan de riposte a déjà été arrêté par Israël selon Benyamin Netanyahou,
04:10donc est-ce que les États-Unis peuvent vraiment encore peser dans la balance ?
04:15D'abord, je ne sais pas de quoi il en retourne, quel est ce plan de riposte ?
04:21Bon, il a dit cela, il a dit cela peut-être simplement parce qu'il veut précisément ne plus faire l'objet de pression,
04:32mais quel est ce plan ? On n'en sait rien.
04:36En tout cas, les États-Unis ne font que lâcher du lest en permanence,
04:43enfin lâcher l'abri est plutôt une meilleure métaphore ici à Israël de plus en plus.
04:51Là, vous voyez sur le Liban par exemple un recul de l'administration américaine
04:55qui il n'y a pas longtemps avec la France a appelé à un cessez-le-feu de 21 jours
04:59et ne fait plus la même demande.
05:04Donc il y a une tendance de l'administration Biden, mais cela on l'a vu depuis le 8 octobre,
05:13à accompagner Israël dans ce que fait Israël,
05:16accompagner le gouvernement Netanyahou dans ce qu'il fait,
05:19plutôt que d'essayer d'exercer un pouvoir de restriction, de limitation sur ce gouvernement.
05:29Israël qui joue avec les nerfs de Téhéran ou un vent de paranoïa souffle depuis la mort d'Assad Nasrallah.
05:36Selon plusieurs sources au Middle East Eye, Ismail Kani, le chef des forces Al-Quds,
05:40serait actuellement détenu et interrogé en Iran sous la supervision directe de l'ayatollah Khamenei.
05:47Comment le doute est-il né autour de cette éventuelle trahison ?
05:53Il est né immédiatement après l'assassinat du chef du Hezbollah, du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
06:05Et comme vous savez, dans la même frappe israélienne,
06:11avait assassiné un commandant haut placé des gardiens de la révolution iranienne,
06:18chargé de la zone de la Syrie et du Liban.
06:24Et c'est dans la foulée de ce double assassinat que vous avez eu une polémique qui s'est installée en Iran même,
06:36sur l'infiltration des institutions iraniennes par Israël, par le Mossad israélien.
06:44Une personne qui a été clé dans cette polémique a été l'ancien président de la république iranienne, Ahmadinejad,
06:54qui a fait une déclaration expliquant que les institutions sont très fortement infiltrées,
07:05et qu'au point que le contre-espionnage et que le chef de la force qui était censé traquer le Mossad en Iran,
07:19s'était avéré être lui-même un agent du Mossad.
07:24Bon alors évidemment ça a fait beaucoup de bruit,
07:28et c'est parti dans une guerre d'accusations mutuelles.
07:34Chacun soutient l'autre au sommet du pouvoir iranien.
07:40Et Israël attise cette paranoïa.
07:43L'hypothèse d'une infiltration israélienne dans les plus hautes sphères de l'appareil sécuritaire iranien
07:50est-elle crédible très rapidement selon vous, compte tenu du niveau de renseignement d'Israël ?
07:55Evidemment qu'elle est crédible, elle est plus que crédible, elle est certaine je dirais.
08:01Un des atouts principaux d'Israël, mais ça a été le cas depuis la fondation même de l'État d'Israël,
08:07c'est le Mossad, c'est son équivalent militaire,
08:12ces services de renseignement qui peuvent s'appuyer sur le fait qu'en Israël même,
08:16vous avez beaucoup d'Israéliens originaires de l'ensemble de ces pays du Moyen-Orient.
08:22Ce qui facilite énormément l'infiltration, les contacts, l'osmose si vous voulez,
08:29avec ces pays-là.
08:31Gilbert Hachecart, professeur de relations internationales à l'université de Londres,
08:35merci beaucoup à vous pour votre analyse.