FACE AUX TERRITOIRES François Hollande 10-10-24

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00:00Générique
00:12Bonjour à tous et bienvenue sur TV5MONDE pour Face au Territoire ce matin depuis les studios de TV5MONDE à Paris.
00:19Bonjour François Hollande.
00:20Bonjour.
00:21Merci d'être notre invité aujourd'hui.
00:22Vous êtes bien sûr ancien président de la République et nouveau député de la première circonscription de Corrèze.
00:27Merci d'être avec nous.
00:28Et vous publiez le défi de gouverner aux éditions Perrin.
00:31On va en revenir tout à l'heure avec Stéphane Vernet sur ce livre.
00:35Mais je voudrais vous rappeler votre présence sur ce plateau devant moi le 25 novembre 2021.
00:40C'était ici et vous disiez ceci.
00:43On vous regarde.
00:44On vous a beaucoup entendu en critique du président de la République.
00:46Mais je pense qu'il y a des critiques qui peuvent lui être adressées et qu'elles sont partagées par les Français.
00:51Que vous lui adressez dans le privé quand vous le voyez ?
00:53Je ne le vois pas donc je n'ai pas pu lui dire directement.
00:56Est-ce que vous le voyez maintenant le président de la République plus ?
00:59Est-ce qu'il vous consulte mieux ?
01:00Non mais je l'ai vu à l'occasion de cette consultation qu'il organisait pour la décision qu'il devait prendre pour un Premier ministre.
01:10Ce que je lui ai dit n'a visiblement pas été retenu.
01:13Quelles sont les relations maintenant personnelles avec lui ?
01:16Il a été votre collaborateur.
01:17Chacun le sait.
01:18Secrétaire général adjoint de l'Élysée.
01:19Ça s'est un peu pacifié.
01:21Il y a une relation politique, une relation personnelle qui est restée ou qui a disparu ?
01:26Je n'ai jamais placé ma relation avec Emmanuel Macron, quand il est devenu président de la République,
01:31sur un mode personnel ou sur un mode de revanche ou de rancune.
01:37J'ai considéré qu'il avait été élu président de la République.
01:40C'était à lui maintenant d'assurer cette fonction et moi de faire en sorte de pouvoir éclairer,
01:46s'il en avait besoin, ce qu'il avait à faire.
01:49Il n'en a pas eu besoin et donc ma parole est libre et la sienne engage la France.
01:54Je fais attention de respecter les institutions.
01:57Stéphane Vernet, directeur de la rédaction parisienne de Ouest-France, est sur ce plateau dans un instant.
02:05Bonjour Stéphane Vernet.
02:06Ce livre, Le défi de gouverner, aux éditions Perrin de François Hollande.
02:09On le voit d'ailleurs, le livre, à l'antenne.
02:11Bonjour Monsieur le Président.
02:12Le défi de gouverner, de l'affaire Dreyfus à nos jours.
02:16La gauche au pouvoir de l'affaire Dreyfus à nos jours.
02:19J'ai même envie de dire à vos jours, puisque vous terminez le livre par votre quinquennat.
02:24Vous faites le constat qu'en 100 ans, la gauche a été effectivement au pouvoir à 8 reprises
02:29pendant à peu près une trentaine d'années.
02:31Ce n'est pas beaucoup finalement.
02:32Il y a comme une espèce de malédiction ou d'ambiguïté entre la gauche et le pouvoir en France.
02:37Elle la veut, elle fait tout pour l'avoir et puis elle a du mal à le garder,
02:41elle a du mal à s'entendre, à le conserver.
02:44Oui, la gauche, c'est pour ça que je remonte à l'affaire Dreyfus,
02:48a mis du temps avant de comprendre qu'il fallait qu'elle aille au pouvoir.
02:52Et elle y est venue dans des circonstances qui pouvaient être tragiques.
02:58En l'occurrence, au moment où le pays se déchirait sur l'affaire Dreyfus
03:01et où un socialiste est arrivé pour la première fois dans un gouvernement.
03:06Elle y est arrivée aussi dans des périodes qui étaient très compliquées.
03:10Le cartel des gauches, 1924, c'est le centenaire,
03:14le front populaire quand il y avait la montée de l'extrême droite.
03:17Et puis, elle n'y restait que quelques mois et elle s'effaçait.
03:21Puis ensuite, après, il y a eu une longue période où la libération,
03:25elle a été en rayonnement, la gauche, mais divisée entre le PS et le parti communiste.
03:32Et puis ensuite, la Vème République, avec François Mitterrand,
03:36lui a permis de gouverner dans la durée.
03:38Et c'est ça l'enjeu, comment non seulement accéder au pouvoir,
03:42mais être capable d'être au pouvoir sans être soupçonné,
03:47toujours par l'autre gauche, de trahir.
03:49– Alors, on en est où aujourd'hui ?
03:50Qui domine la scène à gauche, l'autre gauche,
03:52la gauche de gouvernement, la gauche révolutionnaire ?
03:54– Eh bien, depuis 7 ans, c'est la gauche radicale qui a été la plus influente
03:58et qui a empêché donc la gauche tout court de venir au pouvoir.
04:01Donc, si l'on veut qu'il y ait de nouveau cette perspective
04:05d'accéder à une responsabilité, on l'a vu ces derniers mois,
04:07eh bien la gauche de gouvernement, je n'aime pas beaucoup cette expression
04:11parce que toutes les gauches finalement veulent gouverner,
04:14mais pas de la même manière.
04:15Donc, il faut que la gauche réformiste, socialiste soit la première.
04:18– Mais ça tient aux hommes aussi, M. le Président, ça tient aux hommes.
04:20– Il y a toujours un besoin d'accord.
04:22– Beaucoup, beaucoup, la personnalité de Jean-Luc Mélenchon,
04:24on le voit bien, est éruptive, vous êtes quelqu'un de…
04:27enfin, ce n'est pas une injure de vous dire ça,
04:29beaucoup plus calme et beaucoup plus réfléchi.
04:30– J'espère, oui.
04:31– Donc, comment vous allez concilier ces problèmes-là ?
04:34Politiques, certes, idéologiques ?
04:36– Elle est forcément partie prenante d'une perspective politique,
04:42mais l'incarnation ne suffit pas, il faut avoir un programme, un projet,
04:45et puis il faut avoir une stratégie avec qui s'allier.
04:48Et l'incarnation, elle a toujours existé,
04:50y compris quand les deux gauches se confrontaient,
04:52Jaurès contre Gued, puis ensuite Blum contre Torres,
04:58puis après Mitterrand face à Georges Marchais,
05:01Chospas face à des gauches multiples, et on en a payé le prix.
05:05Et moi-même avec Jean-Luc Mélenchon, donc il y a toujours des incarnations.
05:10Mais ensuite, il faut que les personnalités puissent aussi convaincre le pays.
05:15Le problème…
05:16– Ce n'est pas le cas aujourd'hui ?
05:17– Ce n'est pas le cas.
05:18– Notamment au Parti Socialiste, lundi, vous avez évoqué l'idée
05:21qu'il faudrait qu'il y ait un congrès l'année prochaine,
05:23mais ça c'est dans les statuts, c'est normal, du PS,
05:26et vous demandez à ce qu'il ait lieu dès le début de l'année, 2025,
05:29et vous remettez en cause finalement la gouvernance d'Olivier Faure.
05:32– Je pense que le Parti Socialiste a vécu des épreuves,
05:35et je comprends très bien qu'il y ait eu des difficultés pour Olivier Faure,
05:41mais le PS s'est redressé avec les élections européennes,
05:45Raphaël Glucksmann, puis les élections législatives,
05:47grâce aussi au nouveau Front Populaire qu'on vend aux ans.
05:50Et donc maintenant, il faut donner une orientation,
05:53c'est pour ça que je demande un congrès.
05:54Il ne faut pas que le débat soit à l'extérieur,
05:56il l'est beaucoup en ce moment, place publique,
05:59ce que fait Carole Delga, Karim Bouamrade, Bernard Cazeneuve.
06:03Bon, c'est bien qu'il y ait ces réflexions-là,
06:05mais elles doivent se faire à l'intérieur d'une grande famille politique
06:09qui doit reprendre toute sa place.
06:10Précisément parce que quand il y a une grande force politique,
06:13à ce moment-là, l'alternance devient possible.
06:15– Mais vous souhaitez aussi une alternance à la tête du parti ?
06:17– Je pense qu'il ne s'agit pas de refaire une revanche par rapport au congrès,
06:21moi je n'y étais pas, de Marseille où ça s'est fait à quelques voix,
06:24je pense qu'il y aura besoin d'unités, de rassemblements.
06:27Bon, après, il y a le choix des militants, donc ce n'est pas moi qui décide,
06:31mais c'est vrai que ce serait bien que pour cette nouvelle phase,
06:34il y ait du rassemblement, donc une espèce de paix interne,
06:38et de l'ouverture, aller chercher Raphaël Buxman, Bernard Cazeneuve,
06:43leur faire comprendre que c'est dans cette nouvelle famille politique
06:46que doit se faire la préparation de la présidentielle.
06:48– Vous allez jouer ce rôle de catalyseur, de parrain, entre guillemets.
06:52– Oui, ce n'est pas toujours un très beau terme, parrain,
06:56mais je ne veux pas du tout donner l'impression que c'est ma personne
06:59qui devrait être en cause, moi j'essaye d'aider,
07:01franchement je le fais dans l'esprit, et avec l'expérience que je peux avoir,
07:06qu'il n'y a pas de préparation de l'élection présidentielle,
07:09qui est quand même maintenant dans deux ans et demi,
07:12et même d'une éventuelle échéance législative qui pourrait arriver,
07:15s'il n'y a pas une réflexion au préalable, des débats internes
07:19qui donnent envie aux citoyens d'aller vers une formation politique.
07:22– Alors vous êtes pour l'union de la gauche pour aller aux élections,
07:25parce que c'est le seul moyen pour que la gauche puisse l'emporter la prochaine fois,
07:28qu'il y ait à nouveau une alternance, mais quel candidat unique,
07:31comment le choisit, comment le désigne ?
07:33– Ah non, je ne suis pas du tout pour une candidature unique à l'élection présidentielle,
07:37ça n'a jamais fonctionné depuis que la Vème République
07:41a prévu l'élection du président au suffrage universel.
07:43– Ce n'est pas le seul moyen pour que la gauche revienne à l'Élysée ?
07:47– Le seul moyen c'est d'avoir une candidature portée par une grande force politique
07:52qui arrive à convaincre non seulement toute la gauche de venir au premier tour,
07:56au deuxième tour en l'occurrence, et d'élargir.
07:59La gauche elle est minoritaire en France,
08:01et donc il ne suffit pas de dire on va faire une candidature unique pour gagner,
08:04il faut être capable de trouver des électrices et des électeurs
08:07qui ont envie de faire confiance à la gauche.
08:09Alors on sait que Jean-Luc Mélenchon va être candidat à l'élection présidentielle,
08:13il n'en fait pas mystère et ses amis non plus,
08:15soit il faut une autre candidature à gauche,
08:18la gauche précisément réformiste, socialiste,
08:21qui va être la plus large possible pour être au second tour,
08:25appelée à l'union puis ensuite à la victoire.
08:28– Sauf que deux ou trois candidats de la gauche
08:30et des écologistes différents au premier tour ça ne marche pas,
08:32vous voyez bien, personne ne passe la barre du second tour.
08:36– On ne peut pas savoir ce qui va se passer avant que l'élection ait lieu.
08:39Je rappelle que quand François Mitterrand a été élu la première fois en 1980,
08:43il devait y avoir cinq ou six candidats de gauche,
08:45ça ne l'a pas empêché de l'emporter moi-même.
08:48– C'est une autre époque.
08:49– Sans doute, et moi-même c'est pas une autre époque, c'est pas si loin.
08:53Quand j'ai été élu en 2012, il y avait déjà Jean-Luc Mélenchon,
08:57il y avait une candidature écologiste et une candidature d'extrême gauche,
09:00je ne dis pas que c'est ça qu'il faut faire,
09:02mais ce qu'il faut c'est d'abord créer la dynamique pour que les électeurs…
09:05on sait bien que le vote utile il est déterminant,
09:07il faut que le vote utile puisse être en faveur du candidat social-démocrate.
09:11– Vous vous voyez redevenir Président de la République ?
09:13– Non, je ne vais pas du tout entrer dans ce processus,
09:16parce que si on commence à parler des personnes,
09:18on empêche le regroupement de se faire.
09:20Moi je veux que toutes les personnes, y compris celles qui veulent être
09:23légitimement candidates, viennent pour travailler ensemble
09:27et pour porter le moment venu la meilleure des démarches possibles
09:31autour de la meilleure des personnes.
09:33– La grande actualité du jour c'est le budget qui sera présenté
09:36au Conseil des ministres ce soir, on rentre dans une période de 70 jours
09:40où les débats vont être intenses à l'Assemblée,
09:42je pense que vous allez prendre largement votre part à ces débats.
09:45On parle de la nécessité de soulever, de lever à nouveau de l'impôt,
09:4920 milliards d'impôts, on parle de choc fiscal,
09:53un choc fiscal sans revenir à la politique de François Hollande,
09:57qu'est-ce que ça vous inspire ?
09:59– D'abord, comment on est arrivé là ?
10:01Comment on a pu constater qu'il y avait une dérive
10:05à ce point préoccupante des finances publiques ?
10:08Là il y a vraiment eu des manquements,
10:10on parlait de la présidence d'Emmanuel Macron
10:13et des gouvernements qui se sont succédés,
10:15il y a une responsabilité, il faut maintenant redresser,
10:19je fais partie de ceux qui pensent que nous ne pouvons pas vivre
10:23avec des déficits excessifs et un endettement…
10:25– Est-ce que ce n'est pas aussi un échec de la politique de l'offre ?
10:27– Non, c'est un échec de la baisse d'impôts qui a été accélérée
10:32à partir de 2017 avec la suppression de l'impôt sur la fortune,
10:35l'impôt sur la fortune, la flat tax,
10:37les impôts de production qui ont baissé,
10:38l'impôt sur les sociétés qui ont baissé.
10:40Quand il y a des baisses d'impôts qui atteignent ce niveau-là,
10:43après 60 milliards, on découvre quelques années plus tard
10:46qu'il manque 60 milliards.
10:47Alors aujourd'hui il faut rétablir des impôts, c'est vrai,
10:51toute la question politique va être,
10:53quels impôts, sur qui et sur quoi ?
10:56– La Une de Ouest-France, Stéphane Vernet.
10:58On parle de la tempête Kirk et les dégâts dans l'Ouest.
11:00– Bien sûr, très grosse tempête.
11:03Merci de vous rester avec nous.
11:04Nous partons, François Hollande, maintenant pour Lille
11:07où Guillaume Desplanques qui est le rédacteur en chef d'informations de WEO TV.
11:11WEO TV c'est la chaîne du groupe Procell, c'est La Voix du Nord,
11:13le courrier Picard a une question à vous poser depuis Lille.
11:16On écoute tout de suite Guillaume Desplanques.
11:19– François Hollande, bonjour.
11:21Le 13 octobre 2023, le professeur de français Dominique Bernard
11:24était assassiné à Arras dans le Pas-de-Calais
11:27par un jeune terroriste islamiste.
11:29Une minute de silence est prévue le lundi.
11:31Ce lundi, dans les collèges et les lycées,
11:33prendre hommage à Dominique Bernard mais aussi à Samuel Paty.
11:36La précédente minute de silence, le 17 octobre 2023,
11:40plus de 350 perturbations et contestations étaient recensées.
11:44François Hollande, la bataille pour la laïcité à l'école est-elle perdue selon vous ?
11:49– Non, elle doit être menée et elle doit être remportée.
11:53Il y a encore eu un incident à Tourcoing.
11:57Donc nous avons des chefs d'établissement,
12:00des enseignants qui font preuve de courage,
12:03qui font preuve de ténacité et qui doivent être soutenus.
12:06Et aucune liberté prise avec la laïcité ne doit être tolérée.
12:13Donc les sanctions doivent être prononcées
12:16et des exclusions, si c'est nécessaire, décidées.
12:19– Voilà, c'est cette jeune fille qui a soupçonné d'avoir viflé une enseignante,
12:22lui ayant demandé d'enlever son voile.
12:25Deuxième question depuis Lille, Guillaume Desplanques.
12:28– Le député du Nord et ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
12:32proposent des pistes pour faire des économies
12:34et surtout pour ne pas augmenter les impôts.
12:37Parmi elles, la fin des 35 heures.
12:40Les 35 heures, vous le savez, réforme socialiste menée par Martine Aubry
12:44entre 1998 et 2000.
12:46En 2016, alors que vous êtes président de la République,
12:49vous aviez reconnu que les 35 heures n'étaient plus, pour vous,
12:52un totem à défendre.
12:55– Oui, j'avais fait voter une loi qui a créé une certaine mobilisation,
13:01il faut bien le reconnaître, la loi El Khomri,
13:03qui permettait non pas de supprimer les 35 heures,
13:05mais de faire une adaptation du temps de travail
13:08par des accords d'entreprise qui devaient être signés
13:12par une majorité de salariés représentés par des organisations syndicales.
13:16– On se rappelle les tensions à l'Assemblée.
13:18– Oui, mais c'est une loi qui existe encore.
13:20Quand Gérald Darmanin parle de réformer encore les 35 heures,
13:23là, il fait un combat d'arrière-garde.
13:25Il y a déjà eu beaucoup d'assouplissement,
13:27aussi bien pour les cotisations sociales
13:29que pour l'organisation même dans l'entreprise.
13:32Et je crois que ça ne sert à rien d'exhumer ce débat
13:35en laissant penser que ça va faire des économies.
13:37Des économies pour qui ? Et une compétitivité pour quoi ?
13:40Ce n'est pas vrai.
13:41Les 35 heures ont permis d'avoir des organisations de travail
13:44bien plus performantes qu'il n'y en avait précédemment.
13:48– François Hollande est notre invité ce matin,
13:49l'ancien président de la République
13:51et député de la 1ère circonscription de Corrèze.
13:54Cette émission est réalisée avec la participation
13:56et la coproduction de West France, de Rosselle France,
13:59c'est d'ailleurs la Voix du Nord, le Coépicard,
14:01Oéotv, c'est la chaîne des Hauts-de-France.
14:0320 minutes qui appartient à West France et à Rosselle
14:07et également le groupe Hébras.
14:09Ces neuf journaux de la presse quotidienne régionale,
14:11vous les connaissez Monsieur le Président,
14:12Le Républicain, Lorrain, L'Est Républicain,
14:14Le Bien Public, Vosges Matins, le journal de Saône-et-Loire,
14:16Le Progrès de Lyon, les DNA, c'est l'Alsace,
14:19l'Alsace également et le Dauphiné.
14:21Voilà, c'est François Hollande qui est avec nous dans un instant,
14:23Tom Benoît de Géostratégie sur ce plateau.
14:26Bonjour Tom Benoît. – Bonjour.
14:31– Merci d'être avec nous, vous dirigez la rédaction
14:32de Géostratégie magazine et on va parler de la loi
14:35sur la séparation bancaire de François Hollande.
14:37– Absolument, donc on se souvient tous du discours du Bourget,
14:40mon ennemi c'est le monde de la finance, c'est la finance
14:43et vous aviez proné la séparation des activités
14:45de détail, des activités de dépôt pour les banques,
14:49ce qui était finalement plutôt une bonne idée tendre à dire
14:52quand on connaît la situation.
14:53Pourquoi est-ce que ça n'a pas totalement abouti finalement ?
14:57– Ça a quand même permis qu'on sépare, comme vous l'avez rappelé,
15:00tout ce qui était activité spéculative, c'est-à-dire que les banques
15:04investissaient pour leurs propres comptes.
15:06– Sur les CDS précisément.
15:08– De l'activité de dépôt, c'est-à-dire lorsque nous nous mettons
15:11notre argent dans la banque pour qu'elle ne soit pas utilisée
15:14et qu'ensuite on ait des déconvenus.
15:16Ensuite il y a eu un complément par la régulation européenne,
15:20c'est d'ailleurs M. Barnier qui était commissaire européen
15:23qui s'y est attaché et qui a permis d'éviter un certain nombre
15:27de phénomènes spéculatifs.
15:29– Donc bon point pour Michel Barnier à l'époque.
15:31– Bon point pour la Commission européenne et il avait mené ce travail
15:34et on l'avait fait d'ailleurs en bonne intelligence la France
15:36et la Commission européenne.
15:37Et puis néanmoins il y a encore des activités spéculatives
15:40qui ont pris d'autres formes avec d'autres produits
15:42et donc le combat n'est pas terminé.
15:43– Voilà mais comment se fait-il finalement que vous n'ayez pas,
15:45vous ne soyez pas allé au bout de ce chantier-là ?
15:47– Ça aurait été quoi le bout ?
15:49– De séparer totalement les activités, qu'il n'y ait plus de banques
15:52qui soient à la fois des banques d'affaires et des banques de dépôt.
15:54Ce qui était l'idée.
15:56– Ce qui est très difficile c'était de faire éclater
15:59des établissements bancaires avec des risques pour le personnel
16:03et donc d'avoir là une restructuration qui aurait pu être mal comprise
16:08dans un contexte.
16:10Je ne suis pas sûr qu'il faille aujourd'hui séparer d'une manière administrative,
16:15c'est-à-dire d'une manière…
16:17– Catégorique les activités des banques.
16:19– Mais ce qu'il faut c'est qu'il y ait une étanchéité.
16:21– Y compris si nous venons à avoir de grandes banques européennes
16:24ce qui est plutôt dans l'idée aujourd'hui.
16:26– Ce qui serait souhaitable d'ailleurs.
16:27– Vous êtes d'accord.
16:28– Oui, un des problèmes que l'on a au niveau européen
16:31c'est que l'épargne des Européens va financer des investissements
16:35aux Etats-Unis ou ailleurs.
16:37Donc ce que nous avons aujourd'hui à l'esprit
16:40c'est de pouvoir créer une union des marchés de capitaux
16:43pour que nous puissions mobiliser davantage d'épargne
16:46pour des grandes banques européennes pour investir en France
16:50et en Europe.
16:51– Précisément j'ai une question à ce sujet puisque vous parlez de ça.
16:54L'union des marchés de capitaux qui a été rebaptisée
16:56l'union de l'épargne et de l'investissement justement
16:58vise à créer un produit d'épargne vers lequel on inciterait les épargnants
17:02à se diriger pour finalement rendre leur épargne illiquide en quelque sorte
17:06et qu'elle puisse servir de collatéral pour que l'Europe s'endette.
17:09C'est bien ça ?
17:10– Pas que l'Europe en termes d'institution,
17:13pour que les entreprises et les Etats puissent trouver sur ce marché des capitaux
17:19de l'épargne bon marché et durable, c'est-à-dire
17:23qu'ils ne soient pas précisément attachés à un profit ou à une plus-value rapide.
17:29– Ça n'existe pas aux Etats-Unis parce qu'aux Etats-Unis
17:31l'endettement se fait d'une façon traditionnelle
17:33et ce qui est particulier aux Etats-Unis, je fais une digression,
17:35c'est qu'il y a des entrées de capitaux à long terme par la bourse également.
17:38– Oui, le fait que les Etats-Unis soient une première puissance économique
17:42fait que beaucoup de capitaux viennent s'investir en Europe
17:46à travers des systèmes de marché que vous venez de décrire ou à travers des banques
17:50et c'est là notre souci quand même.
17:53Le rapport Draghi est très clair là-dessus, il vient d'être publié
17:56en disant si on veut rattraper notre retard de compétitivité avec les Etats-Unis
18:01et bien il faut qu'on ait une puissance financière
18:04qui apporte à nos entreprises les moyens de…
18:06– Et 800 milliards d'endettement annuel
18:08mais qui serait de l'endettement public pour des entreprises privées,
18:11pour du soutien privé, pour de l'industrie.
18:13– Ah non, je ne crois pas qu'il faille faire une transformation,
18:16ce ne sont pas les Etats qui vont emprunter pour prêter ensuite aux entreprises,
18:20ça doit se faire directement.
18:22Néanmoins les Etats ont besoin aussi, vous parlez du déficit financier,
18:25ont besoin… – Ça c'est un vrai problème, voilà.
18:27– Et que ces capitaux ne se substituent pas
18:30à ceux qui doivent aller vers les entreprises.
18:32– Est-ce que vous comprenez François Hollande que les Français maintenant
18:34s'intéressent de très près à tout ça, car ils ont vu la fragilité de leur épargne,
18:38la fragilité économique de nos puissances,
18:41neuvième ou septième ou neuvième, je ne sais pas, puissance du monde.
18:44Et on voit, et Tom Benoît et GéoStratégie le font remarquer
18:47dans leur publication et maintenant sur son site fort bien fait internet,
18:50qu'il y a une préoccupation des Français sur ces questions-là qui n'existaient pas,
18:53j'allais dire presque à votre époque.
18:55– Je la comprends cette préoccupation parce que les placements qu'on appelle à taux fixe
19:00rémunèrent peu l'épargneur.
19:03– Et c'est de la date, l'épargneur ne le sait pas bien souvent mais lorsqu'il a des…
19:07– C'est pour financer la dette de l'État.
19:09Donc l'État n'a pas intérêt à ce que ce coût de l'argent soit élevé.
19:13Et donc il y a une partie de l'épargne, une grande partie de l'épargne des Français
19:17qui est assez peu rémunérée, alors que sur un certain nombre de placements financiers
19:22et des marchés de capitaux, ceux qui ont des informations
19:25ou ceux qui ont des moyens très importants vont avoir des plus-values élevées
19:30sur leurs placements en actions.
19:32C'est pour ça qu'il faut essayer de mutualiser.
19:35L'épargne doit être mieux rémunérée pour les Français, c'est ça l'objectif.
19:38– Et vous qui étiez l'ennemi de la finance justement, vous qui avez pour ennemi la finance,
19:42est-ce que vous n'avez pas peur que les marchés prennent totalement le contrôle
19:45et finalement que les banquiers centraux notamment perdent le contrôle
19:48et que ce soit les taux longs, les taux de marché qui dirigent totalement ?
19:52– La finance, il faut la regarder en face.
19:54Il y a une bonne finance, celle qui permet de couvrir les besoins d'investissement
19:58des entreprises et aussi des dettes de l'État.
20:03Mais il ne faut pas que la finance s'empare précisément
20:07de ce qui est le contrôle de l'économie.
20:10Et à cet égard, la Banque Centrale Européenne, puisqu'on en parle,
20:13elle a donné beaucoup d'argent, beaucoup de liquidités à la finance.
20:16– Absolument, le fameux quantitative easing.
20:18– Exactement, et les banques ou la finance…
20:20– Vous étiez contre très rapidement ou pour le quantitative easing ?
20:23C'était sous Mario Draghi, il fallait le faire.
20:25– Non, il fallait le faire tout de suite.
20:26On l'a fait sans doute trop longtemps, donc il y a eu trop de liquidités.
20:29– Sinon les taux longs se seraient envolés pour des États comme la France.
20:31– Oui, mais ce qui explique que les marchés d'action ont connu des cours très importants.
20:36– Principalement aux États-Unis.
20:38– Aux États-Unis mais aussi en Europe.
20:40Et donc des gens se sont enrichis sur cette liquidité qui a été mise à disposition.
20:44– Une dernière question.
20:45– Très vite.
20:46– Oui, très vite.
20:47Vous avez sauvé la Grèce, c'est ce que vous avez déclaré sur LCP,
20:49ça a fait beaucoup parler, qu'est-ce que ça voulait dire exactement ?
20:52– C'est l'ancien ministre des Finances qui vous a répliqué en disant…
20:55– Lui il l'avait plombé, il l'avait plombé la Grèce,
20:58donc il est un des responsables, il n'est pas le seul,
21:02mais d'ailleurs il n'est pas resté jusqu'au bout,
21:04et Tsipras a été très courageux.
21:06Je veux dire, celui qui a sauvé la Grèce, parlons très franchement,
21:09c'est Tsipras qui, par des décisions extrêmement audacieuses et tenaces,
21:15a permis à la Grèce d'avoir la confiance des Européens.
21:18Et j'ai contribué à ce que cette confiance puisse être accordée à la Grèce.
21:21– Donc rectification légèrement.
21:22– Non, je crois qu'il faut se méfier de ces proclamations,
21:24mais néanmoins, si la France, on va dire, si la France, si je n'avais pas été là,
21:29je ne suis pas sûr que l'Europe aurait gardé la Grèce au sein de la zone euro.
21:33– François Hollande est avec nous ce matin à la une de Géostratégie
21:36avec le Qatar et des révélations.
21:38Absolument, au nexe de la DGSE, un agent secret, un ancien député européen,
21:42dénonce la corruption du Qatar et notamment en condamné à mort
21:46Tayeb Ben Abderrahman qui était associé avec le patron du PSG
21:49et qui est condamné à mort au Qatar.
21:52Et il y a un silence absolu autour de ça.
21:54Est-ce qu'il y a une corruption du Qatar sur la France ?
21:57Est-ce que vous l'avez vu avancer, ce poids du Qatar dans les institutions
22:01par rapport à 2010 et 2020 ?
22:03– Très vite, pardon, excusez-moi.
22:04L'influence du Qatar, oui, je l'ai vu, elle était déjà engagée largement
22:08avant que je n'accède à la présidence de la République.
22:11Mais savoir s'il y a eu des corruptions, non.
22:14Moi je n'ai pas eu de témoignages.
22:16– Vous-même comme président de la République,
22:17vous n'aviez pas la preuve que des choses se passaient.
22:19– Non, qu'il y ait des moyens financiers très importants développés par le Qatar,
22:23bon pas simplement par…
22:25– C'est l'Obs qui dévoilait un dossier il y a une année à ce sujet.
22:28– Par les contrats de gaz et de pétrole et puis aussi le sport.
22:33Mais voilà, le Qatar a une influence,
22:35il faut absolument être vigilant par rapport à cette influence
22:38et les moyens qu'elle utilise.
22:39– Merci Tom Benoit, directeur de la rédaction de Géostratégie magazine.
22:42Dans un instant, Denis Caron est en direct et en duplex de Nice.
22:45– Merci.
22:46– Bonjour Denis Caron, vous êtes en direct et en duplex de votre rédaction de Nice
22:53et vous dirigez les rédactions du groupe Nice Matin,
22:55c'est-à-dire Varmatin, Nice Matin et Monaco Matin.
22:58– Oui, bonjour M. le Président.
23:00Le week-end dernier, un adolescent de 14 ans a abattu froidement un chauffeur VTC à Marseille.
23:06Face à ces drames qui se multiplient sur fond de narcotrafic,
23:10le ministre de la Justice, Didier Migaud,
23:14n'exclut pas d'atténuer l'excuse de minorité.
23:17Est-ce que vous y êtes favorable ?
23:19– D'abord, sur le constat, oui, il y a aujourd'hui le narcotrafic,
23:26qui a pris une ampleur, une dimension, une place
23:31qui est extrêmement menaçante pour l'équilibre de notre pays.
23:36La preuve, je vous l'avais évoqué,
23:38que ces trafiquants qui font des argents considérables sur le trafic
23:43puissent utiliser des enfants, ce sont des enfants en l'occurrence,
23:46des adolescents, pour tuer.
23:48Et nous avons des règlements de compte à peu près partout,
23:52pas simplement à Marseille.
23:53– 14 ans, je rappelle.
23:55– Les villes où il y a, justement, l'organisation de ces mafias.
23:59Alors, ensuite, est-ce qu'il faut changer la loi,
24:02faire que ces adolescents puissent être punis
24:05dès lors qu'ils ont commis des crimes aussi atroces ?
24:08Oui, sans doute, il faut les punir.
24:10Mais je regarderai très précisément
24:12ce que va être la levée de l'excuse de minorité,
24:14parce que c'était un point fondamental
24:16de ce qu'on appelle l'ordonnance de 45 sur la jeunesse.
24:19Il y a des tribunaux pour enfants qui existent.
24:22Mais c'est vrai que quand on est devant ce type de crime,
24:24il y a une prise en compte
24:26de ce qu'est d'abord l'organisateur, le commanditaire,
24:29et puis de ce qu'est la dérive de ces enfants.
24:31Comment on en arrive là ?
24:33Et aussi la responsabilité des parents dans ce type d'événements.
24:38– Tony Caro.
24:42– En arrivant à Place Beauvau,
24:43le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau
24:45a mis en garde contre un droit à l'inexécution des peines.
24:49François Hollande,
24:50est-ce que la justice de notre pays est laxiste ?
24:54– Moi j'invite tous ceux qui le pensent
24:56à venir devant des juridictions
24:58qui organisent des comparutions immédiates
25:01et ils verront combien la justice est sévère.
25:04Le problème, c'est qu'il y a un temps qui est trop long
25:07entre le moment où la condamnation est prononcée
25:11et le moment où elle est exécutée.
25:12Elle est exécutée mais parfois trop tard.
25:15Donc là il y a un vrai souci qui doit être à mon avis réparé,
25:19c'est-à-dire qu'il faut que dès que la sanction
25:22est prononcée par un tribunal,
25:24il doit y avoir, si c'est un emprisonnement
25:27ou si c'est une sanction alternative,
25:29qu'il soit prononcé.
25:30C'est très important.
25:31– Mais c'est polémique avec les syndicats de police.
25:33– Par ailleurs, Didier Migaud a rappelé
25:35que le taux d'exécution, lui, c'est-à-dire
25:37le fait que les peines soient bien exécutées
25:39est très élevé en France.
25:40Enfin, les prisons sont plus que saturées.
25:43Ça veut dire que la justice est condamnée.
25:45– Mais cette polémique entre les syndicats de police
25:47et les syndicats de magistrats,
25:48les policiers reprochent aux magistrats
25:50d'être trop laxistes.
25:51Vous la vivez comment ?
25:52– J'ai toujours entendu ça.
25:54Ce que disent les policiers, je crois que ça,
25:56il faut les entendre.
25:57Ils disent, quand on appréhende un individu,
25:59qu'on le présente devant un juge,
26:01il n'y a pas tout de suite la condamnation.
26:03Pas la faute de la justice, c'est sans doute
26:05faute de moyens et de procédures.
26:08Mais il faut que, lorsqu'il y a eu finalement
26:11une intervention de la police
26:13et une élucidation d'une infraction,
26:17que le procès puisse avoir lieu le plus rapidement possible.
26:24– François Hollande, sur un autre sujet,
26:26on se souvient que vous aviez souhaité
26:27être un président normal.
26:29Est-ce que vous êtes aujourd'hui, de retour à l'Assemblée,
26:31un député normal ?
26:33Je crois que vous avez ouvert récemment
26:35votre permanence à Atul.
26:37Et pour compléter cette question,
26:40est-ce que ce n'est pas un peu curieux
26:43que vous vous retrouviez aujourd'hui, le week-end,
26:45dans les commisses agricoles,
26:46alors que vous avez présidé aux destinées de la France ?
26:49– Valéry Giscard d'Estaing avait fait le même parcours que vous.
26:52– Je ne suis pas le premier.
26:54Et je pense que je devais le faire.
26:56Au moment où il y a eu la dissolution,
26:58je me suis posé cette question.
27:00Quelle est ma responsabilité face à ce que j'estimais être un risque,
27:04une extrême droite extrêmement puissante,
27:06et par rapport à ce que je pensais être la situation de la gauche,
27:09nécessiter de rééquilibrer cette gauche
27:13avec un parti socialiste plus fort ?
27:15Je me suis remis…
27:17– Ça ne dévalorise pas la fonction présidentielle.
27:19– Je vais y venir.
27:20La fonction présidentielle, quand elle a été exercée,
27:23elle confère une expérience à celui, demain, à celle qui l'a exercée.
27:29Mais ça n'a pas privé la personne de son engagement,
27:32de ses idées, de sa volonté de changer le pays.
27:36Et la question c'est, est-ce que je suis un député normal ?
27:39Sûrement pas au lieu de…
27:41– Elle vous a attribué un plus grand bureau,
27:43plusieurs égards différents, etc. C'est vrai ?
27:45– Non, j'ai repris le même bureau que celui que j'avais en 2012.
27:49Mais c'est vrai que je ne suis pas un député comme les autres, je devrais dire.
27:54Mais je suis un député qui veut être pleinement parlementaire.
27:59C'est-à-dire faire des permanences, aller dans les commissariats,
28:01mais c'est ça la politique.
28:03C'est parce qu'elle s'est éloignée des citoyens
28:05qu'elle a perdu de son aura et du respect qu'elle inspire.
28:09Je vais, et je le fais déjà depuis maintenant plusieurs mois,
28:13faire ce que je faisais autrefois, c'est-à-dire être en relation avec les citoyens,
28:17les écouter, les comprendre et faire remonter un certain nombre de situations au plus haut niveau.
28:23– Nous allons tout de suite regarder la Une de Nice matin.
28:26Denis Carreau, votre Une à vous.
28:31– La Une de Nice matin, l'inquiétude autour des trains du quotidien
28:34avec le coup de gueule du président de la région sud, Renaud Muselier.
28:38Merci beaucoup. Dans un instant, Florelle Hernandez,
28:40le rédacteur en chef de 20 minutes est sur ce plateau.
28:46Bonjour Florelle Hernandez, rédacteur en chef de 20 minutes, partenaire de cette émission.
28:49– Bonjour Cyril, bonjour François Hollande.
28:51– Bonjour.
28:52– Cet été, on a vu apparaître de nouveaux visages à gauche,
28:54notamment celui de Lucie Castex.
28:57Vous avez de ces nouvelles ?
28:59– Je sais qu'elle est une experte puisqu'elle a travaillé avec les deux groupes,
29:06tous les groupes de gauche d'ailleurs, aussi bien à l'Assemblée nationale qu'au Sénat.
29:09Je pense que c'est sa place d'être une experte.
29:12Il n'est plus candidat pour être Premier ministre.
29:15Michel Barnier qui était choisi par le Président de la République
29:18n'a pas été censuré parce que le Rassemblement national ne l'a pas voulu.
29:22Et à partir de là, écoutez, chacun revient à sa position.
29:25– Elle pourrait être dans le casting de la présidentielle ?
29:28– Pour ce qui me concerne, je suis pour qu'il y ait une candidature
29:32socialiste ou social-démocrate à la présidentielle.
29:34Je ne pense pas que Lucie Castex s'inscrive dans cette démarche.
29:37– Quel avenir politique on peut lui promettre ?
29:40On l'a vu pour Matignon, elle a été imaginée pour Matignon.
29:45Finalement, elle n'est plus à la ville de Paris aujourd'hui.
29:48– Qu'est-ce qu'elle faisait avant ?
29:51C'était une militante associative.
29:53Elle avait un mouvement sur les services publics qui était tout à fait respecté.
29:57Elle peut porter des idées, elle peut contribuer, c'est ce qu'elle a fait.
30:02Après, peut-être s'engagera-t-elle dans un parti, c'est son affaire.
30:05Mais elle n'est plus en position d'occuper une responsabilité au sein de l'État.
30:10Puisque, je vous ai dit, c'était un autre choix qui a été fait
30:13par le Président de la République.
30:15Et maintenant, nous devons, pour ce qui est de l'opposition,
30:18faire passer des amendements, essayer de travailler dans le cadre du budget.
30:21– C'est-à-dire passer à autre chose en fait ?
30:22– Passer à une autre étape, oui.
30:24– On vous a vu récemment pour le lancement du mouvement
30:27« La France humaine est forte » de Karim Boumram,
30:30qui est un visage, alors qu'il n'est pas très connu non plus,
30:33mais qui est un élu de terrain puisqu'il est maire de Saint-Ouen.
30:36Qu'est-ce qu'il apporte le maire de Saint-Ouen
30:38avec ce nouveau mouvement dans les débats au PS ?
30:42– D'abord, c'est un élargissement.
30:44J'étais donc au Stade Boer, que je connais pour venir voir le Red Star.
30:50Mais il y avait des personnes qui étaient là,
30:53qui sans doute ne seraient jamais venues à un meeting politique,
30:56ou ne seraient jamais venues dans un parti.
30:58– Et qui venaient pour lui ?
30:59– Et qui venaient pour lui, pour ce qu'il représente,
31:01pour le discours qu'il tient.
31:03Et c'est ça qui me paraît être la bonne démarche.
31:05C'est-à-dire qu'il y a des personnalités,
31:07on a cité Raphaël Bussman, Karim Boumram, Carole Delga,
31:11d'autres, Bernard Cazeneuve, qui s'adressent à des citoyens
31:15qui ne sont pas aujourd'hui, ou qui ne sont plus au PS,
31:19mais qui doivent revenir vers une force commune.
31:22Donc ce que je dis à toutes ces personnes,
31:24et c'est pour ça que je veux un congrès du PS pas trop lointain,
31:27pour que toutes ces personnes puissent revenir au PS,
31:31ou élargir le PS, pour en faire une force de gouvernement.
31:34– Alors, est-ce que vous, vous pouvez être ce rassembleur
31:37de ces différentes énergies, de ces différents mouvements,
31:40ou plutôt un tuteur pour certains de ces élus ?
31:43– Un tuteur, ce serait désagréable pour eux,
31:45parce que ça veut dire qu'ils sont des fleurs qui ont besoin d'être tenues.
31:48Un rassembleur, il faut toujours rassembler.
31:52Mais moi, j'essaie, contre toute l'expérience qui était la mienne,
31:55à la fois j'ai été très longtemps Premier secrétaire du PS,
31:58Président de la République, de leur dire, soyez ensemble.
32:02Ensemble, on est forcément plus fort.
32:05Voilà ce que je leur dis dans une image un peu sportive.
32:07Donc voilà, entraîneur, c'est peut-être entraîneur.
32:10– Quand Emmanuel Macron vous a consulté sur cette affaire,
32:13de nommer un Premier ministre, vous lui avez dit quoi sur Bernard Cazeneuve,
32:20sur Lucie Castet, sur éventuellement Raphaël Bouchman ?
32:23– Alors Lucie Castet, j'ai considéré que c'était une étape qui avait été écartée par lui.
32:26– Sur Bernard Cazeneuve, on dit que vous n'avez pas été si favorable à Bernard Cazeneuve.
32:29C'est ce qui s'est dit et écrit. Vous démentez ?
32:32– Je sais ce que j'ai dit à Emmanuel Macron sur Bernard Cazeneuve,
32:37j'ai dit, il faut une personnalité politique.
32:39Vous n'avez pas voulu prendre Lucie Cazeneuve
32:42et faire que l'Assemblée puisse se prononcer, soit c'est derrière nous.
32:46Là, vous êtes en train d'hésiter parce qu'il y avait une proposition
32:49qui commençait à fleurir, c'était celle d'un gouvernement technique avec…
32:54– Thierry Baudet, le président du Conseil économique, social et environnemental.
32:58– Personnalité tout à fait estimable et qui aurait sûrement été tout à fait à l'aise
33:05avec cette fonction, mais sauf qu'il n'avait pas forcément l'assise politique pour y parvenir.
33:11Donc j'ai dit, voilà, Bernard Cazeneuve me paraît être la bonne personne
33:15et surtout, si vous devez faire un gouvernement,
33:18soyez sûr que la plupart des députés socialistes ne censureront jamais Bernard Cazeneuve.
33:22– Vous ne vous voyez, le président, quand vous vous voyez en tête à tête ?
33:25– Non, non, mais je le fais devant vous pour maintenir le caractère institutionnel.
33:30Parce que c'est le président de la République, c'était lui qui devait décider
33:33et il n'y avait pas de familiarité entre nous.
33:36– Donc pas de nuage avec Bernard Cazeneuve aujourd'hui ?
33:38– Non, aucun, je défendais cette position pour dire aussi au président de la République
33:42que les sociétés que je connais bien ne se seraient pas opposées à Bernard Cazeneuve.
33:45– Florian.
33:46– Vous avez cité le terme d'entraîneur, vous avez cité le stade Bauer,
33:50je vais juste faire un petit incise, ce soir il y a Israël-France en foot,
33:55donc c'est un match politiquement en tout cas qui peut avoir un impact,
33:59puisque la situation au Proche-Orient,
34:02la déclaration d'Emmanuel Macron sur l'armement pour Israël,
34:06vous avez connu aussi des moments difficiles dans des stades,
34:10comment vous voyez ce match, vous en plus amateur de football ?
34:14– Il est en Israël.
34:16– Il est à Budapest, il est sur terrain neutre.
34:19– En Israël ça aurait été quand même difficile de l'organiser,
34:22donc je pense que c'est bien que le sport, ça a été le cas pour les Jeux Olympiques,
34:28puisse être un facteur de paix et de message aussi de soutien et de solidarité.
34:35– Vous êtes écouté en Israël 1, TV5MONDE comme vous le savez,
34:38une antenne très importante au Proche-Orient.
34:40– Je souhaiterais que ce match puisse avoir lieu
34:42et que les joueurs de l'équipe de France se mettent dans ce match amical.
34:48– Vous allez y aller ?
34:50– Non, je ne vais pas aller à Budapest, dans une démarche d'amitié.
34:53– Merci Floreal Hernández, rédacteur en chef de 20 Minutes, partenaire de Face au Territoire.
34:57Merci, dans un instant, Sébastien Georges qui dirige
35:00et qui coordonne les rédactions du groupe ÉBRA sur ce plateau.
35:03– Bonjour Sébastien Georges et bienvenue dans Face au Territoire,
35:08vous êtes nouveau partenaire avec le groupe ÉBRA et on rappelle que vous êtes 9 quotidiens régionaux
35:13dont l'Est Républicain dont vous dirigez également la rédaction.
35:16– Tout à fait, Monsieur le Président, je voulais vous parler de ruralité.
35:19Vous êtes un député d'un département rural, aujourd'hui on est en face d'une ruralité
35:26qui est ce sentiment d'abandon sans cesse renforcé.
35:30On le voit dans les différents départements qu'on peut avoir sur notre zone,
35:33on en a 23 dont plusieurs qui sont à l'image de la Creuse
35:37et je voulais voir un petit peu comment vous, aujourd'hui, vous vivez ça
35:41et qu'est-ce que les propositions vous allez faire pour éviter et renforcer
35:48et annuler ou réduire en tout cas ce sentiment d'abandon ?
35:52– Je connais bien la ruralité, j'en suis l'élu et j'ai voulu précisément
35:58revenir le plus possible auprès de ceux qui vivent sur nos territoires.
36:03– D'où l'intérêt d'ouvrir une permanence, hein ?
36:05– Oui, d'écouter et puis d'aller au contact.
36:08Dans la ruralité, il y a à la fois ce qui va le mieux dans une société
36:13et ce qui est le plus douloureux.
36:15Ce qui va le mieux, il y a énormément d'innovation, de créativité,
36:18d'engagement, d'entreprise et pour les agriculteurs,
36:22d'efforts pour se mettre au service du bien nourrir et du bien alimenter.
36:30Et puis il y a une crise profonde liée à une déprise,
36:35c'est-à-dire des territoires qui sont abandonnés,
36:38des commerces qui disparaissent, des services publics qui peuvent s'effacer
36:43et puis l'idée que la ruralité a, c'est que ceux qui vivent
36:47dans les métropoles ne les comprennent pas.
36:49C'est ça l'enjeu, c'est de faire admettre à ceux qui vivent dans les villes
36:55que ceux qui sont à la campagne, comme on dit,
36:58ceux qui sont dans la ruralité, ils veulent garder un mode de vie,
37:02ils ne veulent pas être tout le temps montrés du doigt ou oubliés tout simplement.
37:06Et donc, ce que je dis aussi à ceux qui vivent dans la ruralité,
37:09regardez comment vivent aussi ceux qui sont dans les métropoles,
37:11ce n'est pas toujours simple, mais il y a cette coupure aujourd'hui
37:14que je ressens.
37:15– La France d'en bas ?
37:16– Non, c'est une forme de deux France, la France qui vit dans les grandes villes
37:21et qui s'habitue peut-être à un certain nombre de situations,
37:24et puis une France rurale, qui est la France qu'on appelait province d'ailleurs,
37:29qui se dit, on n'est pas compris, on nous impose toujours des règles,
37:34des comportements, on nous met en cause parce qu'on va trop vite en voiture,
37:38parce qu'il y a la chasse qui est à un moment mise en cause,
37:42parce que les agriculteurs pollueraient,
37:44donc même si c'est pour une partie une caricature.
37:46– Ça illustre aussi un problème de vivre ensemble.
37:48– Le vivre ensemble, vous avez tout à fait raison,
37:50c'est ça qu'il faut essayer de rapprocher, comprenons-nous les uns les autres.
37:54– Et donc le Rassemblement exploite ça.
37:57– Exploite ça, c'est-à-dire en disant, puisqu'ils ne vous aiment pas,
38:00vous voyez, votez pour ceux qui vous connaissent,
38:02ils ne les connaissent pas du tout,
38:04ce sont souvent des candidatures totalement parachutées,
38:06des candidatures qui sont totalement décalées par rapport à la vie du monde rural,
38:10mais ils exploitent ce sentiment, puisque vous êtes invisibilisés,
38:14nous on vous regarde, moi je le dis depuis longtemps,
38:17heureusement je vais saluer tous les élus locaux,
38:19parce que c'est les élus locaux qui font le travail aujourd'hui,
38:22que l'État ne fait plus.
38:23– Les élus locaux aujourd'hui sont réunis dans les Alpes
38:26pour parler de la montagne et notamment des élus
38:30qui sont liés à des stations de montagne,
38:33puisque aujourd'hui l'environnement qui touche aussi la ruralité,
38:37on voit le changement climatique, etc.
38:39Et comment on concilie aujourd'hui économie et changement climatique
38:44à l'image de ces stations dans les Vosges, dans le Jura et dans les Alpes,
38:47qui ferment les unes derrière les autres en moyenne montagne
38:50et qui ont du mal à se réinventer ?
38:54– Pour le changement climatique, il n'y a plus besoin quand même d'en dire la réalité.
38:58– On l'a vu hier soir.
38:59– On vient de vivre en temps…
39:00– Mais il ne pleuvait pas quand vous êtes arrivé ce matin ?
39:02– Non, non, mais il a beaucoup plu hier, donc les gens se demandaient où j'étais.
39:05Donc là on ne peut plus nier l'évidence, et ce n'est pas simplement en France,
39:11ce n'est pas simplement en cet instant, c'est partout, toujours.
39:15Donc il faut prendre en compte que nous aurons moins de neige,
39:18il y aura sans doute plus de difficultés pour les stations de sport d'hiver,
39:23mais qui sont en train de se reconvertir complètement.
39:25– Oui, une économie possible.
39:26– Il y a une économie touristique toute l'année,
39:28il y a des équipements qui sont installés,
39:32il y a une préservation de la nature,
39:34parce que tous ces élus de montagne savent bien
39:37que leur patrimoine c'est le paysage, c'est la nature,
39:40ils n'ont pas envie de le dénaturer justement.
39:42– Mais par rapport aujourd'hui à la montagne,
39:44aujourd'hui certains acteurs des stations mettent des canons à neige ultra-puissants, ultra-nouveaux,
39:50les écologistes sont complètement vendebout contre ça, votre position à vous ?
39:53– Il faut des canons à neige quand il n'y a pas de neige,
39:57dans certaines périodes je trouve ça tout à fait légitime, sinon…
40:01– Vous skiez vous-même ?
40:02– Oui, mais si toutes les stations fonctionnent avec que des canons à neige,
40:07ce n'est plus le sport d'hiver, c'est le sport des canons à neige,
40:10donc c'est autre chose.
40:11– La lune de Vosges-Matin et du Dauphiné libéré, on va passer les deux.
40:14– Justement on passe les deux sujets, la lune de Vosges-Matin consacrée à une crise,
40:18on a commencé par l'hôpital qui est dans le rouge aujourd'hui,
40:22c'est aussi le lien avec la ruralité,
40:24puisque les investissements dans les hôpitaux et l'accès à la santé,
40:27et puis le deuxième c'est sur le Dauphiné libéré,
40:29aujourd'hui on consacre un dossier sur ces stations
40:32et comment on peut sauver les stations fragiles.
40:35– Avec une économie qui se décide.
40:37– Avec une économie qui se décide, et une interview de la ministre du Tourisme.
40:40– Il n'y a pas que l'hôpital, il y a aussi la médecine de ville comme on dit,
40:44c'est-à-dire l'accès aux soins,
40:46quand on met 7 mois pour avoir un rendez-vous chez le dentiste,
40:49quand on habite une petite commune,
40:51on se dit que la République n'est pas au rendez-vous.
40:55– Sébastien Georges, rédacteur en chef de l'Est Républicain,
40:58du Républicain Lorrain et de Vaugematin,
41:00et également coordinateur des rédactions du Républicain Lorrain,
41:03l'Est Républicain, le Bien Public, Vaugematin,
41:05le journal de Saône-et-Loire, le Progrès de Lyon,
41:07DNA c'est les dernières nouvelles d'Alsace,
41:09l'Alsace et le Dauphiné, merci d'être avec nous ce matin.
41:12Dans un instant, nous partons, M. le Président,
41:14pour Fort-de-France en Martinique,
41:16c'est Cyril Boutier, le directeur des rédactions du groupe France Antique,
41:19qui a une question à vous poser, on l'écoute depuis Fort-de-France.
41:21– Bonjour François Hollande,
41:25en janvier 2013 précisément, vous expliquiez dans une interview
41:29que payer les produits alimentaires, la téléphonie,
41:32les services financiers plus chers dans les Outre-mer que dans l'Hexagone,
41:35était une injustice.
41:37Malgré les déclarations d'intention,
41:39qu'est-ce qui, selon vous, fait que les gouvernements successifs
41:43n'ont pas réussi dans ce dossier ?
41:45– Vous vous rappelez que j'avais fait voter une loi,
41:49la loi Lurel, qui permettait justement d'écarter ces procédures
41:55ou ces mécanismes monopolistiques
41:57qui faisaient que tout coûtait plus cher,
41:59tout coûte encore plus cher en Outre-mer qu'en métropole.
42:03Il y a une autre loi qui a été votée à l'initiative d'Erica Barretz,
42:07justement pour que les salaires puissent également,
42:11dans les Outre-mer, pouvoir faire face à cette inflation.
42:15Eh bien, je dois reconnaître qu'à partir de 2017, tout ça s'est perdu,
42:18et les manifestations qui ont lieu en ce moment en Marquis,
42:21ce sont des manifestations de pouvoir d'achat.
42:23C'est-à-dire que ce n'est pas possible d'avoir des salaires qui ne montent pas
42:26et des prix qui sont beaucoup plus élevés.
42:28On parle toujours du transport aérien,
42:30ça c'était une facette, ou de la téléphonie,
42:32mais là moi je vais parler des prix alimentaires.
42:34C'est l'alimentation qui coûte plus cher dans les Outre-mer.
42:38– Mais c'est une poudrière.
42:40– Et aussi parce qu'il y a un problème d'approvisionnement.
42:42– Mais c'est une poudrière cette affaire.
42:44Les monopoles de distribution prennent des produits qui sont en métropole
42:48pour les faire distribuer en Outre-mer.
42:52Donc par exemple, ça coûte plus cher.
42:54– Mais le politique peut-il quelque chose à ça ?
42:56– Mais oui, on peut casser les monopoles d'importation.
42:59– Vous ne l'avez pas pu le faire vous-même ?
43:00– Si, on l'a fait pour partie, ça a eu des résultats pendant toute une période,
43:04mais il faut continuer parce que c'est ce qu'on appelle les défauts de concurrence.
43:08Ce qui se passe en Outre-mer, c'est un manquement grave à la concurrence.
43:12Il n'y a pas de concurrence.
43:13Donc les prix sont à la disposition d'un certain nombre de groupes industriels
43:18ou alimentaires qui contrôlent.
43:20– Il y a une de France Antille ce matin également qu'on voit,
43:24et la vie chère.
43:25– Ah oui.
43:26– Qu'attendre de ces tables rondes ?
43:27Il y a des tables rondes localement organisées.
43:30Ça compte quand même les territoires d'Outre-mer,
43:32c'est partie prenante de notre pays.
43:34– D'abord ça compte plus de 2,5 millions d'ultramarins,
43:38ça compte parce que beaucoup vivaient aussi ici en métropole.
43:41Et parce qu'on est sur tous les continents.
43:43Et que ça nous donne une influence considérable.
43:45Et qu'il y a une innovation là aussi, c'est comme dans la ruralité.
43:48Il y a plein d'innovations dans l'Outre-mer.
43:50– Merci François.
43:51Alors on reste avec nous dans un instant,
43:53Demet Korkmaz de la rédaction de TV5MONDE pour les questions internationales.
43:56– Bonjour Demet Korkmaz.
44:00– Bonjour.
44:01– Je réalise à la rédaction internationale de TV5MONDE
44:03avec évidemment Le Proche-Orient.
44:04– Absolument.
44:05Je voudrais commencer par cette mise en garde de Benyamin Netanyahou.
44:08Le Liban pourrait subir les mêmes destructions et les mêmes souffrances qu'à Gaza aujourd'hui.
44:13Quelles sont vos craintes pour la région ?
44:15– Ma crainte c'est celle-là.
44:17C'est-à-dire que le Liban qui a été touché par une guerre civile,
44:21vous vous en souvenez, il y a très longtemps,
44:24pourrait revivre non plus la guerre civile mais tout simplement la guerre.
44:29Et donc qu'Israël ait voulu à un moment intervenir
44:33pour faire que le Hezbollah ne puisse plus envoyer de roquettes,
44:36c'était ce qu'on pense être la légitime défense.
44:39Qu'Israël veuille aller au-delà, c'est-à-dire aller chercher le Hezbollah,
44:44pour ce qu'il en reste d'ailleurs, au sud Liban et peut-être au-delà du sud Liban,
44:49c'est un risque majeur et je pense que…
44:51– Israël n'a plus d'argument aujourd'hui vous voulez dire ?
44:54– Tant que le Hezbollah lui-même continue d'envoyer des roquettes,
44:57ça donne finalement l'argument pour Israël d'aller plus loin.
45:01Donc ce qu'on vient de faire c'est de demander à l'Iran,
45:03parce que l'Iran et le Hezbollah c'est pareil.
45:05Demander à l'Iran de cesser toutes les actions que le Hezbollah engage
45:09et exiger de Netanyahou, du gouvernement israélien,
45:13d'arrêter son opération dès lors qu'elle n'aurait plus finalement de prétexte.
45:17– 24 000 Libanais disposent d'un passeport français,
45:21est-ce que la France pourrait accueillir ces Français sur son territoire ?
45:26– La France est très liée au Liban et en plus il y a des ressortissants,
45:31s'ils sont français, qui ont forcément le droit d'être ici
45:35et nous de devoir les accueillir.
45:37Donc moi je considère que nous avons une responsabilité particulière au Liban.
45:41– Olaf Scholz va accueillir ce samedi un sommet
45:44avec les présidents Biden, Macron et Britannique Keir Starmer.
45:49Est-ce que vous pensez qu'il peut y avoir un front commun
45:53Etats-Unis, Europe face à Israël ?
45:57– Oui, il le faut et c'est bien qu'il y ait cette réunion,
46:00mais qu'est-ce que, finalement, les protagonistes du conflit ?
46:03C'est aussi bien l'Iran, le Hamas et le Hezbollah donc,
46:07qu'Israël, ils attendent l'élection américaine.
46:11C'est ça qui explique qu'il n'y ait toujours pas de cessez-le-feu.
46:15Parce que si c'est Kamala Harris, ils savent bien qu'à ce moment-là
46:19il y aura une pression beaucoup plus forte qui s'exercera,
46:21mais que si c'est Donald Trump, bien que du côté d'Israël
46:24et peut-être même du côté de l'Iran s'il veut engager un conflit
46:28et une confrontation avec lui.
46:30– Vous craignez Donald Trump ?
46:31– Bien sûr que je le crains, mais c'est les États-Unis qui vont décider,
46:33ce n'est pas nous.
46:34Mais c'est vrai que c'est un risque sérieux de confrontation.
46:38– Emmanuel Macron a assez récemment prononcé en faveur de l'arrêt
46:41de livraison d'armes pour Israël.
46:43Vous pensez que même Kamala Harris serait d'accord
46:45pour stopper les livraisons d'armes ?
46:48– En tout cas, elle n'aurait pas dit cette phrase avant le 7 octobre
46:53et ensuite, je pense que la pression,
46:56ce n'est pas simplement sur les livraisons d'armes,
46:58c'est de dire que le gouvernement des États-Unis,
47:01financièrement, politiquement, ne va pas pousser Netanyahou,
47:06si c'est toujours Netanyahou, à aller plus loin.
47:08Qu'à un moment, les États-Unis vont avoir…
47:10C'est les seuls qui ont vraiment cette influence,
47:13précisément aussi parce qu'il y a des livraisons d'armes,
47:15qui ont les capacités pour faire entendre Israël.
47:19Et ce n'est pas facile parce qu'il y a Netanyahou,
47:21la société israélienne, elle a été traumatisée par le 7 octobre,
47:26donc elle est derrière aussi les opérations.
47:28Et quand il y a encore des requêtes qui tombent,
47:31aussi bien venant du Hamas que venu du Hezbollah,
47:34eh bien elle fait bloc derrière son gouvernement.
47:36– Après l'Ukraine, après Gaza, maintenant le Liban,
47:38peut-être demain l'Iran, est-ce qu'aujourd'hui
47:41la diplomatie internationale est bloquée,
47:44plus qu'il y a quelques années ?
47:46– Oui, les Nations Unies sont bloquées,
47:49le Conseil de sécurité n'est plus en mesure de prendre la moindre résolution,
47:52le secrétaire général des Nations Unies est rejeté par la partie israélienne,
47:57comme il est rejeté par la partie russe pour le conflit ukrainien.
48:01La diplomatie peine parce qu'elle n'a pas de moyens,
48:05les sanctions ne sont pas utilisées.
48:07– C'est la justice du plus fort aujourd'hui ?
48:09– Ce qui s'est passé, ce qu'il faut bien comprendre,
48:11l'acte majeur c'est quand, et j'étais président de la République,
48:15quand Bachar el-Assad a mis des armes chimiques sur sa propre population
48:19et que nous n'avons rien fait, même si…
48:22– Responsabilité du président Obama.
48:25– Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ?
48:27Il y a eu une ligne rouge qui avait été…
48:29– La ligne rouge avait été fixée, la ligne rouge a été franchie,
48:31rien ne s'est produit, Vladimir Poutine a parfaitement interprété,
48:36et donc ça a été l'intervention.
48:38– À cause de qui ? Rien ne s'est produit ?
48:40– Parce qu'Obama, parce que les Britanniques, parce que les Européens,
48:44parce que tout le monde a pensé qu'on pouvait, une fois encore, fermer les yeux,
48:48qu'est-ce qui s'est produit ? C'est la loi du plus fort.
48:50Aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe à l'échelle du monde ?
48:52C'est la loi du plus fort.
48:54Et la Chine peut être tentée d'utiliser cette loi du plus fort,
48:56on le voit bien en mer de Chine,
48:58on voit bien ce qui se passe en Birmanie, au Soudan,
49:01où c'est, hélas, la guerre qui l'emporte sur toute autre logique.
49:05– Vous avez bien connu Joe Biden, il était vice-président des États-Unis
49:08lorsque vous étiez président de la République française.
49:10Vous pensez quoi de sa colistière actuelle ?
49:13Enfin, la vice-présidente Kamala Harris, vous.
49:16– J'ai connu aussi Kamala Harris, je pense qu'elle a l'autorité nécessaire,
49:21et ce qu'il lui faut, c'est avoir les électeurs suffisants
49:24pour devenir plus que les électeurs, parce qu'elle peut être majoritaire en voix
49:28et perdre à l'élection présidentielle.
49:30– François Hollande, votre parcours politique actuel à gauche,
49:33tentant de concilier LFI, centre gauche, en passant par les écologistes,
49:39ne va-t-il pas, au fond, empêcher d'avoir, que vous ayez un rôle historique
49:45d'aider Michel Barnier dans ce moment où la France a besoin
49:50d'un Premier ministre, d'un gouvernement fort et de faire des réformes ?
49:53Est-ce que vous ne vous sentez pas décalé ?
49:55Vous êtes un homme d'État, vous avez exercé les plus hautes responsabilités.
49:58Est-ce que ce n'est pas problématique d'être coincé dans ce rôle très politique,
50:02vous l'avez expliqué, de parrain, de la gauche,
50:04et de ne pas pouvoir aider ce Premier ministre qui en a besoin
50:07et qui a dit qu'il ne serait pas candidat à l'élection présidentielle ?
50:09– La politique du pire, ça n'a jamais été la bonne ou la meilleure des politiques.
50:14Donc, ce que je vais faire avec les socialistes, qui sont prêts,
50:18c'est présenter des amendements, essayer de corriger un certain nombre de choses,
50:22appuyer ce qui peut l'être, venant du gouvernement Barnier,
50:25pour que les Français puissent ne pas souffrir.
50:28– Mais vous courrez avec, j'allais dire, une gauche aussi, plurielle,
50:32c'est le cas de le dire, de LFI aux écologistes, là vous parlez des socialistes,
50:36vous voyez, dans votre langage, ce n'est pas innocent,
50:38vous ne parlez pas des autres, vous ne parlez pas de la gauche.
50:40– Je parle de ceux que je connais et avec lesquels je travaille,
50:44mais ce que je veux vous dire, c'est que le sens des responsabilités…
50:47– Parce que les socialistes, ils représentent un élément important,
50:50à gauche, mais pas toute la gauche.
50:51– Oui, mais on ne peut pas…
50:52– Vous qui voulez fédérer tout le monde, est-ce que vous pouvez fédérer
50:55pour aider ce gouvernement ?
50:56– Oui, mais pour aider, faut-il qu'il accepte d'être aidé ?
51:00– Ce n'est pas le cas ?
51:01– Non, je ne crois pas, s'il préfère satisfaire les demandes
51:04du Rassemblement National ou de l'aile la plus droitière de sa majorité.
51:08– Vous parlez avec lui, directement, vous, ancien président,
51:10avec le Premier ministre actuel ?
51:11– Je n'ai pas eu l'occasion, depuis qu'il est nommé Premier ministre,
51:13mais bien sûr que je le connais bien et qu'il y aura des occasions
51:17où nous pourrons nous parler, mais tout ce qui ira dans le sens
51:20de l'intérêt des Français, je l'appuierai.
51:22– Merci François Hollande d'avoir été notre invité ce matin
51:24en face au territoire, avec les groupes de quotidien des quotidiens régionaux.
51:28Merci Démetre Cormaz.
51:30Cette émission a été réalisée grâce à Brice Lettier, le rédacteur en chef,
51:33Éric Chevalier le réalisateur, Nicolas Renard et Pascal Quentin à la production.
51:36Merci à tous, à jeudi prochain, même heure, même adresse.
51:39Merci François Hollande.
51:40– Merci à vous.
51:41– Sous-titrage ST' 501

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