Anton Krupicka l'ovni de l'ultra-trail - Documentaire L'Équipe Explore (2015)

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En 2015, L'Équipe Explore dressait le portrait d’Anton Kupricka, ovni de l’ultra-trail. Un statut qu'il doit à son riche palmarès mais surtout à l'image clivée qu'il véhicule. Celle d'un coureur aux allures d'homme des bois, d'un inclassable au style de vie minimaliste, entièrement tourné vers la montagne, pourtant devenu au fil des ans un hipster malgré lui, objet marketing autant que phénomène populaire. Une gageure dans le petit monde de l'ultra trail. Reportage d’Aurélien Delfosse et Régis Croizer.

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Transcription
00:00En allant à l'extérieur, utiliser mon corps, c'est ce que c'est pour moi.
00:30Donc j'ai structuré ma vie pour que ça soit la priorité.
00:33Parce que ça me rend le plus heureux et intégré en tant qu'humain.
00:50C'est nous !
00:51Ouais.
00:52Un mur de 700 mètres de haut, avec 55 degrés d'inclinaison, qu'il faut avaler sans cordes
01:02et sans aucune sécurité.
01:03Un début de journée ordinaire pour l'américain Anton Krupika.
01:08C'est un scramble très modéré, donc je le fais la plupart des jours.
01:12Je connais tous les trous que je prends sur la route.
01:17Ça semble compliqué si tu n'as pas de cordes, non ?
01:20C'est moins compliqué si tu n'as pas de cordes.
01:39Je suis assez confortable sur la roche.
01:41C'est une expérience plus libre sans la corde.
01:43Et tu peux bouger plus rapidement.
01:45Donc ça va mieux dans la course que de s'arrêter et de s'accrocher.
01:50La sensation du mouvement est beaucoup plus enthousiastique qu'en courant.
01:54Et tu montes dans une très belle formation.
02:09Courir, parfois plusieurs heures et en bas déjà, se lancer dans l'ascension suivante.
02:14Ces entraînements, Anton Krupika les aime copieux.
02:17Et perché sur des arêtes.
02:39Le fait que je suis né en Nebraska, dans une partie très rurale de l'État, sur une ferme,
02:44m'informe sur la façon dont je m'approche de courir aujourd'hui.
02:53C'était une façon de sortir sur la terre, dans le monde naturel.
02:56Et c'est le rôle qu'il me remplit maintenant, dans ma vie actuelle.
03:01C'est l'interaction avec le monde naturel.
03:03C'est plus facile de courir si tu n'as pas beaucoup de choses à porter.
03:05Et c'est plus amusant.
03:07Et c'est plus pur et satisfaisant.
03:12Je pense que Tony est une excellente représentation du style américain.
03:17Juste aimer les montagnes.
03:26C'est une vie simple, vivante jusqu'au maximum.
03:29C'est amusant de pousser toi-même et de tester tes limites pour voir
03:32à quel point tu peux atteindre le haut des montagnes.
03:34Mais tu dois l'apprécier.
03:36Et si tu n'apprécies pas ce que tu fais,
03:38c'est inutile de le faire.
04:03C'est mon appartement à Boulder.
04:05Comme tu peux le voir, c'est un appartement studio très petit.
04:11Un grand appartement n'est pas important.
04:13Il s'en vient pour chercher les choses que je me sens plus satisfaites.
04:17J'aime le lieu.
04:19Il a une magnifique vue vers les montagnes.
04:24C'est affordable.
04:25Ça suit mes besoins.
04:28Je ne sais pas.
04:29C'est ma base de maison quand je ne suis pas dans la voiture.
04:32Les chaussures sont mes outils principaux.
04:34J'ai un tas de chaussures ici.
04:37Un tas de chaussures au centre de la salle.
04:39Les chaussures que j'utilise actuellement.
04:41Des boîtes et des boîtes de chaussures.
04:43Pour l'avenir.
04:44En haut.
04:47Et quelques-unes en dessous.
04:50J'en ai un tas ici aussi.
04:54Chaque couverture a des chaussures.
04:56J'ai des assiettes ?
04:58Voici une.
04:59Des assiettes.
05:01Je n'en ai pas vraiment.
05:02J'en ai quelques-unes.
05:05Ce sont mes casseroles.
05:07Mon café le matin.
05:10C'est tout ce que j'ai besoin.
05:11C'est suffisant.
05:13Des livres, des chaussures.
05:15C'est tout.
05:20Tu sais combien de chaussures tu utilises par an ?
05:24Des dizaines.
05:25Je ne les porte pas toujours jusqu'à ce qu'elles soient complètement vêtues.
05:30Je ne sais pas combien de kilomètres j'ai dans chaque chaussure.
05:33Parce que j'utilise tellement de chaussures différentes.
05:36Dans une semaine, je porte 3 ou 4 chaussures différentes.
05:41Ça dépend.
05:43Probablement 30 ou 40 chaussures par an.
05:45Ça peut être un peu haut.
05:4620 ou 30.
05:49Je les garde beaucoup.
05:52Parce qu'elles ont un sens sentimental.
05:56Je les ai vêtues ou quelque chose comme ça.
06:00C'est un peu compliqué pour moi.
06:09Ça prend du temps.
06:11Oui, c'est compliqué pour moi.
06:30C'est mon cinquième Saint-Anne si on y va.
06:32Vraiment ?
06:33Oui, c'est le Saint-Anne là-bas.
07:00Chaque fois que je sors de la montagne, je me sens sûrement méfieux.
07:04Je le sens l'expérience la plus confortable des montagnes.
07:07et samples integrée avec beaucoup de landscape.
07:09C'est un montant très puissant,ơn c'est une portion très contente et c'est ce qui m'a valorisé.
07:22Je ne sais pas si je raffiner d'Asie.
07:24dans les montagnes et intégrée dans le paysage.
07:28C'est une sensation très puissante et compétitive
07:31qui m'empêche de revenir.
07:55C'est mon travail, mais c'est aussi ma passion.
07:58Il y a une certaine façon dont je veux faire des choses.
08:01Je suis assez opinionné et stupide.
08:03Et avoir ce groupe de gens
08:08qui me dictent ce que je devrais faire
08:11au quotidien, ça ne fonctionnera jamais.
08:15Est-ce que tu t'améliorerais si tu avais un entraîneur ?
08:18Oui, peut-être.
08:20Peut-être, presque certainement.
08:22Mais pour moi, ma meilleure performance
08:25n'est pas mon objectif dans ce sport.
08:27C'est plus de la réalisation personnelle et de l'exploration
08:31et de l'apprentissage et de l'évolution.
08:46T'aimes la musique ?
08:47J'aime la musique, oui.
08:49J'aimerais...
08:51J'aimerais apprendre à jouer un instrument musical.
08:54J'ai joué la trompette à l'école,
08:56mais j'aimerais jouer le piano ou la guitare.
09:01J'écoute beaucoup de musique, j'aime bien.
09:08C'est la gauche de Pearl Street, à Boulder.
09:11On va aller à Triton Bookstore & Café.
09:16C'est un endroit où je vais beaucoup,
09:19lire des livres, boire du café.
09:24Mes parents m'ont instillé des valeurs.
09:26L'une d'entre elles, c'était l'éducation.
09:29Grandir en tant qu'homme et apprendre
09:30du monde et de soi-même,
09:32différentes cultures et idées,
09:34c'est quelque chose que mes parents m'ont instillé
09:36à un jeune âge et qui m'ont encouragé à lire
09:39et qui m'ont modélisé comme une activité importante.
09:42La plupart du temps que je lis, c'est de la fiction,
09:45des livres, de la littérature, je suppose.
09:47C'est pour mon plaisir personnel,
09:49pas pour le running, typiquement.
09:55Le lien entre la littérature et le running,
09:59c'est qu'ils sont deux formes différentes
10:01de l'apprendre, plus sur le monde,
10:03et plus sur soi-même.
10:05L'une, c'est la vie,
10:07et l'autre, c'est l'éducation.
10:09Une des meilleures façons de grandir en tant qu'homme
10:11est d'être exposé à d'autres idées.
10:15C'est généralement ce que les livres sont.
10:20En plus, le café est bon aussi.
10:39En plein mois d'août au cœur du Valais suisse,
10:41à une cinquantaine de kilomètres de Chamonix,
10:43Anton Krupika parcourt le monde
10:45pour participer aux courses d'Ultra Trail
10:47les plus prestigieuses de la planète.
10:51Il vient ici pour l'Ultra Trail du Mont Blanc,
10:53une sorte de championnat du monde de la discipline,
10:55son objectif numéro un.
10:59Il effectue ce jour-là son dernier entraînement,
11:01tout à son image.
11:03C'est le début du processus.
11:17Je vais prendre une douche.
11:19Est-ce qu'on va faire
11:21un petit tour de lacets ?
11:23T'es dégoûté ?
11:25Oh mon Dieu ! C'est horrible !
11:33Anton est presque un ovni
11:35dans le monde du trail.
11:41Il marque son temps
11:43par sa façon d'être,
11:45aussi simple et aussi pur
11:47que ça peut l'être.
11:53Et puis le côté babbe,
11:55tranquille.
12:03Je pense que c'est son cheveu.
12:07Le cheveu sur son poitrine
12:09qu'il montre si souvent.
12:13Mon poitrine était sauvage
12:15et sa tanne.
12:17Je pourrais être aussi populaire,
12:19je ne sais pas.
12:23Il a un aspect.
12:25Les gens trouvent ça romantique,
12:27ce style de vie,
12:29et il est un symbole de ça.
12:33Je pense que moi-même,
12:35je n'aurais pas pu le prendre.
12:37J'ai certainement été inspiré
12:39par Anton,
12:41je l'adore.
12:43Son style,
12:45d'être relax,
12:47d'aller dans les montagnes tous les jours
12:49et de le faire aussi simple que possible.
13:03Il faut satisfaire à la vérification
13:05du sac, du matériel,
13:07au contrôle antidopage.
13:09Et ici, Anton Krupika
13:11ne passe pas inaperçu.
13:21C'est une personne qui est vraie
13:23et qui représente
13:25ses valeurs,
13:27qui représente sa pratique
13:29d'une certaine manière.
13:32Je pense que c'est avec ça
13:34que les gens s'identifient.
13:36On le voit courir torse nu,
13:38donc on adore.
13:40Il a plein de fans ici.
13:42Il est très beau.
13:44Ce n'est pas nécessairement
13:46ce qu'il dit,
13:48mais c'est le fait qu'il soit authentique.
13:50Et ça, c'est quelque chose
13:52que tu ne peux pas vraiment inventer.
14:02Tu es prêt pour l'étape ?
14:04Je devrais être prêt !
14:06C'est parti !
14:14J'apprécie énormément
14:16que les gens soient intéressés par ce que je fais.
14:18D'un autre côté, il y a quelque chose
14:20d'alienant sur le fait
14:22que tu es mal porté
14:24dans les médias.
14:26C'est pareil quand tu rencontres
14:28des gens qui veulent juste prendre une photo.
14:30C'est quelque chose d'alienant.
14:44Je ne me moque pas,
14:46car je sais que
14:48en tant qu'athlète sponsorisé,
14:50il faut avoir
14:52une sorte d'appel.
14:54Tu fais partie de la division de marketing.
15:001, 2, 3, go !
15:10Le début de l'UTMB est
15:12comme n'importe quel autre événement.
15:14C'est la sensation de 25 000 corps
15:16derrière toi.
15:18L'énergie de tout ce
15:20entraînement accumulé
15:22et la préparation pour ce moment.
15:24Je dirais que le premier demi-kilomètre
15:26est la partie la plus effrayante
15:28de toute la course.
15:59C'est un mythe,
16:01mais c'est aussi un challenge
16:03qui est amusant.
16:05Il y a un nombre de randonneurs
16:07qui font ça en 9, 10, 15 étapes
16:09pendant des jours de repos.
16:11Nous, on s'amuse à le faire en une fois.
16:13Je pense que le but du jeu
16:15de tout le monde au départ,
16:17c'est d'essayer de rallier l'arrivée.
16:29Il veut y laisser son empreinte.
16:33Mais il sait aussi
16:35qu'avec un départ donné à 17h,
16:37l'Ultratrail du Mont-Blanc
16:39débute par une plongée dans un univers hostile.
16:45On est soumis à des changements climatiques,
16:47à des changements de terrain,
16:49à des pierres qui sont un peu partout,
16:51des racines de la forêt.
16:53C'est un terrain mental,
16:55des sentiers qui sont assez petits.
16:59Il y a certainement un appel à ça
17:01parce que vous prouvez
17:03à vous-même que vous êtes fort suffisamment.
17:12Il vous transporte à un endroit différent
17:14où nous ne passons plus
17:16dans notre vie quotidienne
17:18dans la société moderne.
17:20Sur ces très longues distances,
17:22chaque Ultratrailer évolue en semi-autonomie
17:24et dispose d'une assistance
17:26lors de points ravitaillement.
17:28C'est un fonctionnement similaire
17:30à un passage au stand sur une course automobile
17:32avec des arrêts courts
17:34et un point éventuel sur la stratégie à suivre.
17:36A ce moment de la course,
17:38il reste à parcourir pour ces coureurs d'élite
17:40près de 80 km.
17:42A ce moment de la course,
17:44il reste à parcourir pour ces coureurs d'élite
17:46près de 80 km.
18:12C'est au milieu de la nuit
18:14à 2h du matin
18:16que l'on cerne la popularité de l'Américain.
18:18Il est alors en cinquième position
18:20et ce moment de respiration
18:22se passe pour lui en apnée
18:24devant une dizaine de caméras.
18:26Un paradoxe
18:28dans le petit monde de l'Ultratrail.
18:42Au revoir !
19:13La plupart des coureurs
19:15portent dans ces conditions extrêmes
19:17un coup de vent et une combinaison.
19:19Rien à voir avec l'Américain Anton Krupika
19:21qui préfère lui rester léger.
19:23En débardeur au sommet de l'Ultratrail du Mont Blanc,
19:25l'Américain va coincer,
19:27tomber malade,
19:29pris de vomissements comme trahi par son corps
19:31qui refuse de s'alimenter.
19:33Lorsqu'il réapparaît enfin,
19:35c'est plongé dans un état second,
19:37incapable de tenir debout.
19:39Il dit adieu à tout rêve de victoire.
19:41Mais il est surtout au bord de l'abandon.
20:12Désolé, les choses sont difficiles.
20:25Tu dois décider avec ton esprit
20:27que tu vas continuer,
20:29parce que ce n'est plus facile.
20:34Tu es à la base
20:38de continuer à avancer
20:40et de continuer d'avancer.
20:42C'est une expérience
20:44qui devient
20:46un peu plus simple
20:48que ce que tu n'as pas
20:50dans les événements plus courts.
21:10Dans ces courses vraiment longues,
21:12on fait du mieux qu'on peut.
21:14Quand on arrive à la fin,
21:16c'est très satisfaisant,
21:18peu importe la place
21:20à laquelle on est arrivé.
21:41Un accueil de vainqueurs,
21:43six heures après l'arrivée des meilleurs.
21:45Suivre une course d'Anton Krupika
21:47est une expérience déroutante.
21:49Le public, qui avait déserté la ligne d'arrivée,
21:51est revenu spécialement pour l'applaudir.
21:53Et ça, le coureur y est particulièrement sensible.
21:55C'est très spécial de courir 26 heures
21:57et que les gens l'apprécient.
21:59Merci beaucoup.
22:06C'est un personnage que les gens connaissent,
22:08et donc les gens ont beaucoup d'attentes
22:10sur sa performance,
22:12sur sa participation à l'IPMB.
22:14Je pense que ça a plu
22:16qu'il aille au bout,
22:18parce que c'est aussi quelque chose
22:20avec lequel on peut s'identifier.
22:27Il porte une forme de drapeau,
22:29et ce drapeau-là,
22:31il n'est pas forcément toujours simple à porter,
22:33mais il le porte plutôt pas mal.

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