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Retrouvez "On marche sur la tête" sur : http://www.europe1.fr/emissions/on-marche-sur-la-tete

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Transcription
00:00On a Stéphane en ligne avec nous, Stéphane qui est professeur, qui est dans le sud-ouest. Bonjour Stéphane !
00:05Bonjour Cyril, et bonjour à toute votre équipe.
00:07Merci d'être avec nous Stéphane, sur Europe 1, il est 17h14 et c'est vrai que vous allez regarder certainement bien ce documentaire sur C8, sur Samuel Paty, ce sera le 16 octobre prochain, mercredi 16.
00:19Et c'est vrai que vous vous sentez en insécurité Stéphane, en tant que professeur. Vous faites professeur dans quelle classe ?
00:26Je suis dans le secondaire, au niveau collège, et mon affaire revêt les mêmes paramètres que l'affaire de Samuel Paty.
00:38Vous êtes professeur dans quelle matière ?
00:40Histoire géographique.
00:41Histoire géographique, pareil. Aujourd'hui vous y pensez à chaque fois que vous allez y renseigner ou pas ?
00:46J'y pense à peu près tous les matins depuis 4 ans.
00:49Incroyable !
00:50Donc tout est parti, si vous voulez, d'un différent avec une mère de famille de confession musulmane, à propos d'un devoir dans lequel j'avais mis une mauvaise note.
01:01Devoir qui comportait des questions sur les persécutions de la communauté juive en Allemagne dans les années 30.
01:10Elle avait rendu copie blanche, je l'avais mis à zéro, et j'avais demandé une explication.
01:15La mère a exigé de me rencontrer, et je sortais d'une séquence dans laquelle j'avais honoré la mémoire de mon collègue Samuel Paty.
01:25J'étais attardé longtemps sur cette séquence-là, sur la liberté d'expression, sur la laïcité, sur la culture française et l'histoire de France en matière de caricature.
01:38Notamment celle de Charlie Hebdo.
01:40Et ça considérablement dépluait cette mère de famille, qui je pense est venue spécialement pour me menacer.
01:45Elle m'a menacé directement au cours de la rencontre par un professeur.
01:50Elle vous a dit quoi Stéphane ?
01:53Elle m'a accusé d'islamophobie, d'en avoir trop fait sur l'affaire de Samuel Paty, que j'étais raciste.
02:01Et puis après le ton est très très vite monté.
02:03Vous répondez quoi à ça Stéphane ? Vous répondez quoi à ça quand elle vous dit ça ?
02:07Alors je garde mon calme, parce que c'est important de rester dans la calme.
02:10D'accord.
02:11Et de noter tout ce qui se dit.
02:13Alors j'avais deux collègues qui étaient témoins de l'autre côté, qui ont tout entendu de la conversation.
02:18Je lui ai dit de poursuivre, allez-y.
02:21Je lui ai laissé parler.
02:23Et au bout d'un moment, il faut quand même réagir.
02:27Donc j'ai contesté toutes les paroles qu'elle avait dites évidemment.
02:32Et vous avez senti un soutien de la part des autres professeurs ou pas ?
02:36Alors, si vous voulez, il y a trois groupes qui se sont formés.
02:40D'accord.
02:41Il y a un groupe majoritaire qui s'en foutait complètement.
02:45D'accord.
02:46Qui ne se sentait pas du tout concerné par ça.
02:49Un groupe qui était très hostile à mon égard.
02:53Ah oui ?
02:54Principalement les syndicats islamo-gauchistes, qu'on connaît.
02:59Bien sûr.
03:00Et un tout petit groupe, mais très restreint, de gens qui m'ont aidé, qui m'ont soutenu.
03:05Mes collègues témoins notamment, mes deux collègues témoins qui étaient présents dans la salle.
03:09Et puis l'administration qui était contre moi, parce que mon chef d'établissement ne m'a absolument pas soutenu.
03:15D'ailleurs, il a reçu cette mère de famille par la suite, toute seule, sans moi.
03:20Et je suis sorti en état de choc pour porter plainte au commissariat de Cognac, parce que c'est arrivé à Cognac.
03:27Et excusez-moi, parce que je suis un peu ému.
03:34Cette femme m'a menacé de me faire connaître comme une soeur que Samuel Paty.
03:40Incroyable.
03:41Et elle a été poursuivie, cette femme ?
03:43Alors j'ai porté plainte, évidemment.
03:47Le dossier a été transféré au parquet dans le Goubelin, mais quatre mois après.
03:52Et entretemps, je devais tous les matins me rendre dans ce collège de Cognac,
03:57dans un quartier difficile qui comprend de nombreux fichiers S pour radicalisation.
04:02Vous imaginez un peu l'état dans lequel je me trouvais.
04:06Et par-dessus le marché, comme cela ne suffisait pas, j'ai recevu de temps en temps des menaces téléphoniques.
04:10J'ai jamais su comment...
04:12Stéphane, c'était quand ça ? C'était il y a combien de temps ?
04:14Ça remonte exactement... Les faits sont datés du 16 décembre 2020,
04:19c'est-à-dire huit semaines après l'assassinat de Samuel Paty.
04:23Et pendant plus de six mois, j'ai continué à faire mon travail,
04:26tout le premier semestre de 2021, dans des conditions que vous n'imaginez même pas.
04:32Et Stéphane, quatre ans après, c'est vrai qu'on vous sent extrêmement ému.
04:35Qu'est-ce que vous avez fait ? Parce que vous faites quoi aujourd'hui ?
04:39Vous êtes toujours professeur ?
04:40Je suis toujours professeur.
04:41Je suis d'ailleurs, je pense, être le seul professeur qui parle à visage découvert en plus.
04:47Parce que j'ai fait l'objet d'articles de presse dans Charlie Hebdo, dans Valeurs Actuelles.
04:51Et vos confrères de CNews ont fait une enquête sur moi.
04:54Il faut leur montrer qu'on n'a pas peur.

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