Dr Claude Bronner, président de l'union régionale des médecins libéraux dans le Grand Est

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00:00Allez, 8h moins le quart, le moment d'échanger sur l'actualité et ce matin sur France Bleu Alsace,
00:05on se concentre sur la grande question de l'accès aux soins dans nos villes et dans nos campagnes.
00:09Oui, c'est pour cela que France Bleu a lancé une grande consultation en partenariat avec make.org.
00:14Vous êtes plus de 50 000 à avoir répondu à cette question.
00:17Comment mieux se soigner en France ?
00:19Parmi les propositions qui ressortent, il y a celle pour la lutte contre les déserts médicaux.
00:23On en parle avec vous ce matin, Claude Brenard.
00:25Vous êtes le président de l'Union régionale des médecins libéraux dans le Grand Est.
00:29Bonjour. Bonjour.
00:30Alors, la question qu'on pose à nos auditeurs sur France Bleu Alsace,
00:33c'est faut-il obliger les médecins à s'installer dans la campagne ?
00:36Les auditeurs semblent dire oui. Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
00:39Si j'étais auditeur et patient, je me dirais que c'est une bonne solution.
00:44Malheureusement, ça ne marche pas.
00:46Pourquoi ?
00:47Mais tout simplement parce que les médecins ont beaucoup, beaucoup de possibilités pour travailler
00:54et donc ils choisissent en fonction de ce qu'il y a.
00:58Et si on les oblige, on va encore déstructurer plus le système.
01:02Il faut en fait le revoir complètement.
01:04Mais ce n'est pas en obligeant et surtout pas en obligeant les jeunes qu'on va arriver à quoi que ce soit.
01:09Parce que là, vous dites qu'il y a déjà pas mal de solutions qui sont mises en place.
01:13On a notamment pas mal de communes qui créent des maisons médicales.
01:17Il y a des personnes qui proposent de payer les loyers, etc. pour les médecins.
01:21Pour autant, ça ne fonctionne pas complètement.
01:24Il reste toujours des déserts médicaux.
01:25Qu'est-ce qu'on peut faire de plus pour ça ?
01:27Oui, c'est bien la preuve que ça ne fonctionne pas bien.
01:30C'est-à-dire des possibilités d'installation.
01:33Il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup.
01:35Et souvent, les médecins ne les prennent pas.
01:39On a créé un site qui s'appelle Mon Cabinet Grand Est.
01:42Il n'y a pratiquement rien qui bouge.
01:45Mais parce qu'il y a une offre énorme,
01:48et donc il faut absolument donner envie aux médecins d'aller au plus près de la population
01:54et il faut arrêter de les ennuyer comme ça se fait.
01:58Il y a vraiment des pressions énormes, par exemple, sur les arrêts de travail.
02:01Ce sont des choses qui font peur.
02:03Et il faut être bienveillant avec les médecins, déjà pour commencer.
02:10Comment on fait pour leur donner envie ?
02:12Parce que par exemple, on a des communes comme l'Auterbourg où il y a des collèges,
02:15il y a des activités sportives qui sont mises en place.
02:17Il y a une vie, en fait.
02:19Et pourtant, ils ont du mal à trouver un remplaçant pour l'ordre de leur médecin.
02:22C'est vrai et malheureusement, il faut réfléchir à d'autres solutions.
02:26Entre autres, si vraiment ils veulent habiter dans la grande ville, qu'ils habitent dans la grande ville,
02:31mais qu'ils aillent travailler plus loin.
02:33Il y a des délais de transport qui sont tout à fait raisonnables.
02:38Il faut raisonner sur une autre organisation du territoire en tenant compte des professionnels.
02:44La médecine, ce n'est pas la gendarmerie ou l'éducation nationale.
02:47Si on voulait faire un système de santé nationalisé,
02:50ça pourrait s'envisager, mais il faudrait investir beaucoup plus que ce n'est fait.
02:55Et donc, ce n'est pas possible, surtout dans cette période où c'est plutôt l'argent qui manque.
03:00Donner envie et ne pas obliger.
03:02C'est votre message ce matin, Claude Bronner, invité de France Bleu Alsace.
03:07Et on vous pose la question.
03:09Comment lutter contre ces déserts médicaux ?
03:11Est-ce qu'il faut obliger les jeunes à s'installer dans les zones rurales ?
03:14Ce n'est pas votre point de vue, mais c'est celui de Jean-Charles que l'on accueille depuis Massevaux.
03:17Bonjour Jean-Charles.
03:18Oui, bonjour.
03:19C'est une bonne chose pour vous ?
03:21Ce serait une bonne chose d'obliger les jeunes à aller en zone rurale ?
03:24Déjà une, on ne devrait même pas poser la question, on devrait le faire d'office.
03:28Depuis le temps que ça traîne qu'il n'y a plus de médecins généralistes en campagne,
03:32je ne vois pas pourquoi on n'obligera ces gens-là à venir en campagne
03:35alors que les maires des communes sont prêts à faire des gestes pour les accueillir,
03:39pour avoir un médecin, parce qu'il y en a du boulot en campagne.
03:42Aujourd'hui, il y a encore des médecins qui sont en retraite,
03:46ils ne sont pas remplacés, mais comment faire ?
03:48Moi je dis qu'il faut obliger.
03:50J'entends Monsieur dire qu'il faut trouver une autre solution.
03:53Laquelle solution ?
03:54Alors si j'entends Monsieur, il ne faut rien dire, il faut laisser faire.
03:57Mais ça va traîner des années encore comme ça.
03:59Et aujourd'hui, tout le monde va être dans le besoin d'un médecin.
04:02On n'aura plus de médecin.
04:03Pourquoi on n'oblige pas ces jeunes à venir en campagne ?
04:06Alors que, comme je disais, les maires des communes, je suis sûr,
04:08sont prêts à accueillir un médecin ou deux de compte une,
04:12un qui travaille à mi-temps et tout ça pour se relayer la journée,
04:16comme il y a tellement de patients, on en a besoin.
04:18Tout est fait, on l'entend Jean-Charles.
04:20Si on laisse faire, on n'aura personne.
04:23Jean-Charles, on entend votre colère, on entend aussi vos arguments,
04:27à savoir que, oui, l'installation des jeunes médecins dans les zones rurales
04:32est favorisée par quelques dispositifs mis en place par les municipalités.
04:36Jean-Charles, je vous remercie de votre appel, on vous remercie de votre appel,
04:39on ne vous entend pas très bien, mais le message en tout cas a été clairement passé.
04:42Je pense que le docteur Bronner veut vous répondre.
04:45Alors, je rejoins Jean-Charles sur certaines choses, effectivement.
04:48D'abord, il a raison quand il dit mais qu'est-ce qu'il faut faire ?
04:52On ne fait rien, ça ne bouge pas.
04:54Et là-dessus, il a raison, il faut revoir notre organisation du système de santé, ça c'est clair.
04:59Il faut donner un rôle de patron du soin sur le territoire aux médecins
05:05et ça demande du courage politique, ça demande des idées,
05:09et c'est ce qui manque le plus.
05:11Après, on le voit bien, ce n'est pas parce qu'on dira
05:14toi tu dois t'installer à cet endroit-là que ça va résoudre le problème.
05:17Parce que quand il va s'installer à cet endroit-là, il ne sera pas à côté.
05:21C'est ça le fond du problème.
05:23Donc, ce n'est pas en obligeant à installer qu'on résoudra le problème,
05:27mais là où je suis d'accord, il faut vraiment qu'on se bouge et c'est un chantier énorme.
05:32Par exemple, on a un nombre de pharmaciens obligatoires dans chaque territoire.
05:36Est-ce que ce n'est pas quelque chose qu'on peut calquer sur le modèle des médecins ?
05:40Alors les pharmaciens, c'est l'inverse pour le moment encore.
05:43C'est-à-dire qu'on les limite dans leur droit à s'installer
05:48et donc ils sont répartis sur le territoire.
05:51Mais pour les médecins, il y a tellement de possibilités d'avoir d'autres tâches,
05:58d'avoir d'autres métiers que celui d'être installé au plus près des patients,
06:03que ce n'est pas opérationnel. Il faut le comprendre ça.
06:06On cherche des médecins partout.
06:08Donc ce n'est pas en rêvant aux médecins qui vont arriver dans 10 ans qu'on résoudra le problème.
06:15C'est maintenant qu'il faut s'en occuper et on ne peut pas le faire avec l'obligation.
06:20Et vous parliez de courage politique.
06:22Le Premier ministre Michel Barnier a dit que le système de santé serait sa priorité.
06:26Qu'est-ce que vous attendez tant sur le long terme que sur le court terme ?
06:30Alors c'est ce qu'on dit depuis maintenant 20 ans.
06:33Je suis un peu sceptique, mais on a de l'espoir peut-être que devant vraiment le besoin extraordinaire,
06:44peut-être qu'on va finir par se bouger, mais on n'en sent pas du tout les prémices.
06:48Et qu'est-ce qui pourrait déjà être fait rapidement, concrètement,
06:52pour justement essayer d'avoir cette petite impulsion déjà ?
06:56Je crois qu'il faut vraiment faire une concertation nationale avec les concernés,
07:02les patients mais aussi les médecins, pour dire qu'il faut vraiment changer le système.
07:08Qu'est-ce qu'on peut faire ?
07:10Merci beaucoup Claude Brunner.
07:12Je rappelle que vous êtes le président de l'Union régionale des médecins libéraux dans le Grand Est
07:17et vous nous avez répondu sur la question des déserts médicaux.
07:20Merci d'avoir été avec nous sur France Bleu Alsace.
07:22Vous pouvez aller voir la consultation qu'on a lancée sur France Bleu Alsace.
07:25Il y a 50 000 participants et plus de 1000 propositions.
07:28Avant de vous quitter, j'aimerais qu'on accueille rapidement Florence qui nous appelle d'Île-Furt.
07:32Florence, bien le bonjour.
07:34Florence, nous entend-elle ?
07:36Florence, une fois, ce serait dommage.
07:38Florence, êtes-vous avec nous ?
07:39Oui, oui, oui. Bonjour tout le monde.
07:41Dites-nous votre proposition à vous pour lutter contre les déserts médicaux.
07:44Moi, je dis simplement qu'actuellement, il faudrait peut-être en amont changer les choses.
07:51Moi, j'ai une fille qui a fait une première année de médecine, 14 de moyenne.
07:55Il prenait qu'à partir de 17, pas suffisamment d'étudiants.
07:59Donc, M. Bruner, je crois, disait qu'ils ont trop de possibilités.
08:06Eh bien, s'il y avait peut-être un peu plus de médecins en amont et qu'on en prenait donc plus
08:16et que la fac de médecine, ce n'était pas ce qu'il en est actuellement parce que c'est un peu une honte,
08:23surtout sur Strasbourg, ça irait beaucoup mieux.
08:27Je pense qu'il y aurait plus de médecins.
08:29Je me permets de synthétiser, c'est le numerus clausus que vous souhaitez, peut-être moins drastique.
08:34Oui, mais ce n'est plus vraiment un numerus clausus.
08:36Soi-disant, ce n'est plus un concours.
08:38Mais bon, ça a tout l'air d'être quand même un concours déguisé.
08:41La sélection en amont, donc, pardonnez-moi Florence, n'a plus beaucoup de temps.
08:44La sélection en amont serait plus grande et on aurait peut-être plus de facilité d'avoir des médecins
08:50qui aillent en compagne parce qu'il y aurait moins de possibilités.
08:53Merci Florence de votre appel.
08:55Rapidement, docteur Bonner.
08:56Le raisonnement se tiesse.
08:58Tiens, s'il y a plus de médecins, ça peut aller un petit peu mieux.
09:01Mais le problème, c'est qu'il faut aussi les former.
09:03Et le numerus clausus est en train de monter à toute allure.
09:06Mais derrière, il faut arriver à les former.
09:08C'est donc un problème en fait extrêmement complexe et il n'y a pas de solution simple.
09:13francebleu.fr Alsace, pour vos propositions, vous pouvez encore les faire sur notre site Internet.
09:19Ici Matin, sur France Bleu Alsace.
09:22Site sur lequel vous retrouvez cet échange.
09:24Docteur Bonner, merci beaucoup.

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