Dans son édito du 04/10/2024, Gauthier Le Bret revient sur le clash entre Gérald Darmanin et Michel Barnier.
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00:00Le clash Gérald Darmanin-Michel Barnier. Gérald Darmanin juge l'augmentation des impôts inacceptables donc qui ne peut pas être acceptée.
00:09Et cette nuit, Gauthier Lebrecht, le ministre, l'ancien ministre de l'Intérieur, en a remis une couche sur Twitter.
00:14Oui, puisque vous le savez, Michel Barnier était sur le service public hier et donc il a affirmé les contours de cette augmentation d'impôts.
00:21Il a confirmé que ça serait 0,3% des ménages, ce qui touche donc 500 000 euros par an et plus.
00:28Et puis il a parlé des entreprises. Il a dit que cette hausse des impôts concernerait 300 entreprises qui font le plus de profits en France.
00:35Aussitôt Michel Barnier avait-il terminé de parler, l'ancien ministre de l'Intérieur a pris son téléphone portable et a fait un très très très long message sur les réseaux sociaux.
00:45Vous le voyez, on n'en a mis qu'une partie. Là, c'est 3 points sur 5. Et il explique pourquoi il ne faut surtout pas augmenter les impôts.
00:55Alors je peux vous en dire quelques-uns. Pourquoi il ne faut pas augmenter les impôts ? Car cela ferait augmenter le chômage.
01:01Il explique aussi que les riches du nord de la France, puisqu'il est lui-même de Tourcoing, partiraient en Belgique, que ça serait un frein à la croissance, que ça entraverait les entreprises.
01:11Donc vraiment, il assène qu'il ne faut surtout pas augmenter les impôts. Et vous l'avez entendu hier, il a dit « Augmentation d'impôts, je ne vote pas le budget ».
01:19Alors ça n'aura pas des conséquences folles puisque Michel Barnier a ouvert plus qu'ouvert la porte aux 49.3. Il n'y a pas de majorité absolue.
01:28Comme il y a Elisabeth Borne avant lui qui avait multiplié les 49.3 qui sont illimités en matière budgétaire, Michel Barnier va être obligé de faire adopter son budget par 49.3.
01:39Alors là, ça veut dire, Gérald Darmanin, parce qu'après le 49.3, on peut censurer un gouvernement. Est-ce qu'il irait jusqu'à censurer un gouvernement dans lequel son camp a une majorité de ministères ?
01:48On ne peut pas l'imaginer honnêtement.
01:50Ce n'est pas la première fois que Gérald Darmanin marque ses différences avec le nouveau Premier ministre.
01:54Eh bien non, parce que souvenez-vous, la première chose qu'on apprend quand Michel Barnier est à Matignon et que son gouvernement n'est même pas encore formé,
02:00la première mesure qui fuite dans la presse, c'est cette fameuse hausse d'impôts. Et qui est derrière la fuite dans la presse ? Gérald Darmanin.
02:08Et le lendemain, ça sort dans Le Parisien, et le lendemain, il fait une interview dans une matinale. Le gouvernement n'est pas formé.
02:14En disant, s'il y a une augmentation d'impôts, hors de question qu'on entre au gouvernement.
02:18Gabriel Attal se dit, on va aller voir Michel Barnier. Et là, il débarque à plus de 7 à Matignon.
02:25Et Michel Barnier dit, non, non, non, les autres sont venus à 3, hors de question que je vous prenne à 7.
02:29Et il annule la réunion. Et donc là, il y a eu un grand moment de tension parce que ça a failli faire tout capoter.
02:34On disait, est-ce que Michel Barnier va tenir ? Est-ce qu'il va aller au bout ? Est-ce qu'il va réussir à former un gouvernement ?
02:39Et donc là, Michel Barnier a mis la pression à tout le monde. Vous voulez mettre la pression ? Moi aussi, je vais vous la mettre.
02:43Soit on se met d'accord aujourd'hui, soit je démissionne et je m'en vais. Et finalement, il y a eu un gouvernement.
02:47Mais donc, c'est le deuxième épisode où Gérald Darmanin part quelque part un peu en guerre face à Michel Barnier.
02:52Gérald Darmanin qui a un allié de circonstance, Gabriel Attal.
02:56Alors, les deux hommes sur le papier au départ, c'était deux concurrents pour reprendre la tête du groupe.
03:01Darmanin et Attal, oui.
03:02Darmanin et Attal pour prendre la tête du groupe Ensemble pour la République Anciennement Renaissance, le groupe de l'ancienne majorité présidentielle.
03:08Sauf qu'ils ont un ami, un ennemi commun. Il s'appelle Michel Barnier. Gérald Darmanin parce qu'il n'a pas voulu de lui au quai d'Orsay.
03:14Il lui a annoncé, je ne vous garderai pas au gouvernement. Gérald Darmanin a d'ailleurs dit il y a quelques jours qu'il serait bien resté au gouvernement.
03:20Mais que s'il n'était pas resté, c'était la volonté de Michel Barnier.
03:23Donc ça, Gérald Darmanin, il ne le digère pas très bien.
03:26Et puis, vous avez Gabriel Attal. Gabriel Attal, il en a un peu marre de se faire humilier un jour sur deux.
03:31Il y a eu la passation de pouvoir, évidemment, où Michel Barnier l'a humilié parce qu'il a eu la sensation que Gabriel Attal lui faisait la leçon en lui disant
03:38il y a des dossiers sur votre bureau, vous n'avez qu'à reprendre les dossiers et puis les appliquer.
03:41Et puis, il y a eu cet épisode cette semaine à l'Assemblée Nationale où Michel Barnier, en deux temps, avec un petit flagme anglais, lui dit
03:49merci pour vos propositions en matière de réduction des dépenses pour réduire le déficit que vous m'avez laissé.
03:54Et ça, ça ne passe pas. Ça ne passe pas. D'ailleurs, Gérald Darmanin a défendu hier Gabriel Attal en disant que ce n'était pas nécessaire.
04:00Les cadres de l'ancienne majorité présidentielle expliquent que ce n'est pas comme ça qu'on trouve des compromis en humiliant le chef du principal groupe
04:08de la majorité relative de Michel Barnier. Il faut comprendre que le numéro un de cette majorité relative, en dehors de Matignon, c'est Gabriel Attal.
04:15Et on a dit aussi que Gabriel Attal, sur la polémique, vous savez, Antoine Armand qui avait dit je ferme ma porte au Rassemblement National,
04:21le nouveau locataire de Bercy, avait fait monter l'aile gauche au créneau pour critiquer Michel Barnier, ce que dément l'entourage de l'ancien Premier ministre.
04:28Mais donc, vous avez d'un côté Darmanin, Attal, de l'autre Michel Barnier et ça va se clasher. Ça va se clasher très sévèrement et on verra jusqu'où.
04:38Franchement, la France, vu l'état dans lequel est le pays, la France mérite mieux que ces enfantillages.
04:45Et Michel Barnier, il a simplement rappelé à Gabriel Attal, merci beaucoup pour vos conseils pour réduire le déficit.
04:52Mais enfin le déficit, c'est vous qui l'avez laissé sur mon bureau.
04:54On va dire c'est de bonne guerre, mais j'espère qu'il parle un peu plus de la France et des Français plutôt que de s'envoyer.
05:00Mais c'est passionnant ce que vous venez de nous raconter.
05:02C'est toutes les coulisses et ça compte. C'est des histoires d'hommes aussi la politique.
05:05Vous avez raison. Mais franchement, j'espère que le pays va...
05:10Oui, on a l'impression que l'intérêt général ne passe pas en priorité dans ces cas-là.