Dans son édito du 19/09/2024, Gauthier Le Bret revient sur la difficulté de Michel Barnier à constituer un gouvernement.
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00:00Michel Barnier va-t-il renoncer ?
00:03Il n'arrive pas à composer une équipe gouvernementale.
00:06Les tensions sont à leur paroxysme avec Emmanuel Macron,
00:09avec Gabriel Attal, avec Gérald Darmanin en cause,
00:12Gauthier Lebrecht, une possible hausse d'impôts
00:15et la surreprésentation des LR, des Républicains au gouvernement.
00:19Absolument. La petite musique était très forte hier après-midi.
00:22On entendait de plus en plus, y compris dans les ministères
00:26où évidemment chacun attend son sort,
00:28il va jeter l'éponge, il ne va pas y arriver, il va renoncer.
00:31C'est un peu retombé en fin de soirée hier.
00:34Michel Barnier a quand même l'habitude des négociations après.
00:37Je vous rappelle évidemment la négociation du Brexit.
00:39Ça a duré cinq ans.
00:40Là, le temps ne joue pas pour lui, mais contre lui.
00:43C'est quand même une grande différence.
00:45Dans les négociations du Brexit, le temps jouait contre les Anglais.
00:48Là, il joue contre Michel Barnier.
00:50Donc hier, on a quand même subi deux annulations.
00:53C'est-à-dire que Michel Barnier a annulé Gabriel Attal
00:56parce que Gabriel Attal demandait de venir avec huit personnes.
00:59Donc Michel Barnier a dit que c'est hors de question.
01:01Et ensuite, il a annulé les Républicains.
01:03Donc on me disait, dans l'entourage d'un ministre très puissant,
01:06il ne parle à plus personne.
01:08Il ne parle plus à ceux qui pourraient composer éventuellement sa majorité relative.
01:12Et ensuite, on a appris hier en fin de journée
01:15qu'il a proposé une première ébauche de gouvernement à Emmanuel Macron,
01:18à l'Élysée.
01:19Emmanuel Macron lui a dit que ce n'est pas du tout un gouvernement de rassemblement.
01:23C'est un gouvernement composé de beaucoup trop de figures, les Républicains.
01:28Et on rappelle toujours la même chose à Michel Barnier.
01:30Vous avez 47 députés à l'Assemblée nationale.
01:32Il faut évidemment aller chercher des gens dans la force centrale,
01:36la force macroniste.
01:38On me disait même, à un moment donné,
01:40y a-t-il un pilote dans l'avion ?
01:41Parce que plus personne ne répondait à Matignon.
01:43Ses communicants ne répondaient plus,
01:45n'ont plus répondu pendant deux à trois heures hier
01:48au moment où ça tanguait le plus à Matignon.
01:50Une éternité dans le monde médiatique.
01:52Une éternité dans le monde médiatique,
01:53surtout quand la petite musique va-t-il renoncer
01:56est de plus en plus puissante.
01:58Gérald Darmanin et Gabriel Attal se sont alliés
02:02contre Michel Barnier.
02:04C'est très clair.
02:05Ce sont aussi des concurrents,
02:06évidemment pour le leadership du groupe Renaissance,
02:10ensemble pour la République,
02:11évidemment, Gabriel Attal et Gérald Darmanin,
02:13mais des concurrents alliés également de circonstance.
02:16Ça arrive souvent en politique,
02:18pour des raisons différentes.
02:19Gabriel Attal a subi comme une véritable humiliation
02:22la passation de pouvoir.
02:23Vous vous souvenez, Gabriel Attal a fait un discours très long
02:25et puis Michel Barnier lui a dit
02:26« Vous m'avez fait la leçon et est-ce que je peux en placer une ? »
02:28Dans d'autres termes, mais c'était l'idée.
02:30Et Gérald Darmanin a compris que Michel Barnier
02:32ne voulait pas le garder au gouvernement,
02:34alors que lui, vous le savez,
02:35ambitionnait le quai d'Orsay,
02:36surtout avec le départ de Stéphane Séjourné à Bruxelles.
02:39Donc, les deux hommes se sont dit pour l'un
02:42« Il m'a humilié »,
02:43pour l'autre « Il ne veut plus de moi »,
02:45donc on va le déstabiliser,
02:46on va s'allier pour le déstabiliser.
02:48Et Michel Barnier a fait une faute politique
02:50pour les aider,
02:51c'est évidemment de laisser courir le bruit
02:53d'une hausse d'impôts sur les plus aisés,
02:56sans qualifier ce que sont les plus aisés,
02:58à partir de combien on est aisés,
02:594, 5, 6 000 euros par mois,
03:01et sur les entreprises,
03:03non pas sur les superprofits.
03:04Donc, en laissant courir le bruit
03:06et en ne démentant pas de manière claire,
03:07en disant « Non, c'est faux,
03:08il n'y aura pas de hausse d'impôts, évidemment,
03:10sur les classes moyennes et sur les entreprises,
03:12uniquement sur les superprofits »,
03:14il a alimenté lui-même cette polémique
03:17et il n'est plus maître de son récit.
03:19Et en politique,
03:20il faut toujours être maître de son récit.
03:23Bautier, que deviennent les Républicains ?
03:25On les voit moins.
03:26Si vous avez des nouvelles,
03:27ils ne répondent plus,
03:28on ne sait pas ce qu'ils pensent.
03:29En fait, ils sont gênés.
03:30Ils sont gênés parce qu'un gouvernement...
03:32La droite revient aux affaires depuis 2012
03:35et la première mesure qui sort,
03:36c'est une hausse d'impôts.
03:37Alors normalement,
03:38c'est des mesures fortes sur l'immigration,
03:40sur la sécurité,
03:41la baisse évidemment des dépenses publiques
03:43si on est en matière économique,
03:44certainement pas la hausse d'impôts.
03:46Et en plus, on apprend quoi ?
03:47Que certains LR seraient pour le retour
03:49de l'impôt sur la fortune supprimé par Emmanuel Macron
03:52que la droite n'a pas supprimé avant lui.
03:55Vous imaginez, pour l'électeur de droite,
03:57tout est brouillé,
03:58la brume, le brouillard est là.
04:00Donc c'est pourquoi les Républicains sont très discrets
04:02parce qu'évidemment,
04:03ils ne veulent pas torpiller Michel Barnier
04:04au moment où ils peuvent entrer au gouvernement.
04:06Mais en même temps,
04:07soutenir une hausse d'impôts
04:08pour ensuite se présenter
04:09à une future campagne présidentielle,
04:10quand on est LR, c'est très compliqué.
04:12Merci beaucoup Bautier.
04:16Sous-titrage Société Radio-Canada