Dans son édito du 23/09/2024, Gauthier Le Bret revient sur les futurs manœuvres politiques du gouvernement de Michel Barnier.
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00:00Il a aussi utilisé le mot de fracture au sujet de l'immigration.
00:03Mais quand on regarde le casting gouvernemental et le nombre de macronistes
00:07et le nombre de macronistes qui ont obtenu un ministère important,
00:11on a l'impression effectivement qu'on est plutôt dans la continuité que dans la fracture.
00:15Même si Michel Barnier le promet, sur l'immigration, il va y aller franco avec Bruno Rotaio,
00:21dont on connaît aussi les positions.
00:24Mais le problème, c'est toujours pareil, c'est de conjuguer l'aile gauche
00:29et l'aile droite désormais avec Les Républiques, puisque Bruno Rotaio, il est très clair,
00:33il veut une nouvelle loi immigration et ça a fait partie des discussions
00:37avant la nomination du gouvernement et avant la répartition des postes ministériels.
00:41Pourquoi ? Parce que l'aile gauche de la Macronie, encore une fois,
00:44avait pourri l'avis de Gérald Darmanin au moment de la précédente loi immigration
00:49et n'acceptera pas celle de Bruno Rotaio.
00:52C'est pourquoi ça ne va pas être facile de mettre une vraie fracture sur le terrain de l'immigration.
00:58Donc on est plutôt sur une droitisation du macronisme, mais la droitisation n'a pas encore eu lieu.
01:03Et puis, il y a des paradoxes.
01:05Quand vous voyez que Didier Migaud, ancien président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique,
01:10ancien député PS, qui avait voté contre les peines planchers de Nicolas Sarkozy.
01:15Aujourd'hui, elles sont réclamées, le retour des peines planchers est réclamé
01:18par Les Républicains et le Rassemblement national.
01:20Vous avez quelqu'un qui va prendre la suite d'Éric Dupond-Moretti,
01:24qui était contre, farouchement contre, quand il était député PS.
01:27Donc comment vous faites pour avoir une fracture à ce moment-là ?
01:31Et vous voyez bien que Gabriel Attal essaye de jouer l'ambiguïté et d'attaquer Michel Barnier
01:36de manière assez gratuite quand il lui demande des gages sur la PMA,
01:40l'IVG dans la Constitution et le mariage pour tous.
01:43Hier, Michel Barnier a dit qu'il n'y a aucune ambiguïté.
01:45Évidemment que je ne vais pas revenir sur ces lois-là.
01:48Mais vous voyez bien la petite musique qui essaye d'instiller l'aile gauche.
01:51Et même, Gabriel Attal, en disant ça, en gros, c'est un gouvernement de conservateurs
01:56et ils vont s'en prendre aux avancées que les macronistes et les précédents ont mises en place.
02:00Mais non, ce n'est pas du tout ce que veut faire Michel Barnier.
02:02C'est également un gouvernement sans personnalité,
02:04a priori avec des ambitions pour la prochaine présidentielle,
02:07si tant est qu'elle ait lieu en 2027.
02:11Je vous parlais de Gabriel Attal et de Michel Barnier.
02:13On connaît leurs désaccords, on sait comment l'ambassation de pouvoir s'est passée.
02:18S'ils ont eu un terrain d'entente, c'est là-dessus.
02:20Ni l'un, ni l'autre, ni le Premier ministre actuel, ni le précédent
02:24ne voulaient des figures fortes dans ce gouvernement.
02:26Vous n'avez pas Laurent Wauquiez, vous n'avez pas David Gisnard,
02:28vous n'avez pas Xavier Bertrand, vous n'avez pas Gérald Darmanin.
02:32Les deux figures fortes, disons-le, c'est Bruno Retailleau et Rachida Dati.
02:35Pour le reste, il y a un nombre d'inconnus,
02:37mais d'inconnus total des Français très, très conséquents.
02:41Je ne vais pas faire la liste, mais personne ne sait, c'est vrai,
02:43et ce n'est pas leur faire offense, qui est Antoine Armand,
02:45le nouveau ministre de l'Économie et des Finances à Bercy.
02:50Personne ne sait qui est Anne Gendet, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale.
02:54Donc, il y a vraiment de vrais inconnus.
02:58Et pourquoi ça a été mis en place ?
03:00Déjà, évidemment, pour ne pas transformer tel ministère en arme pour 2027.
03:04Laurent Wauquiez à l'intérieur, ça faisait peur, on le sait, à l'Élysée notamment.
03:08Et pour, c'est ce que dit Michel Barnier,
03:10pleinement se concentrer sur l'action à mener pour les deux prochaines années,
03:14sans penser à autre chose que la politique à mener.
03:17Parce que Michel Barnier, oui, vous l'avez bien entendu,
03:18compte rester deux ans à Matignon.
03:21Il ne voulait pas gérer les égaux,
03:22s'embarrasser avec des problèmes d'égo des uns et des autres.
03:25Comment le Rassemblement national pourrait ne pas censurer ?
03:30C'est toute la question.
03:30Parce que quand je vous disais qu'il n'y avait pas de véritable fracture
03:34avec un gouvernement très macroniste,
03:35avec un homme de gauche à la chancellerie, Place Vendôme, au ministère de la Justice.
03:40Et puis, il y a quelque chose qui n'a pas du tout plu au Rassemblement national.
03:44C'est la nomination d'Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'Écologie,
03:48qui a refusé de serrer la main du Benjamin Hérène de l'Assemblée nationale
03:52au moment du vote pour la présidente de l'Assemblée, Yael Brown-Pivet.
03:56On se souvient comment Marine Le Pen a mis un veto, par exemple, sur Xavier Bertrand,
03:59parce qu'elle avait considéré que Xavier Bertrand n'avait eu de cesse d'insulter les électeurs Hérène.
04:04Donc au Hérène, on se dit mais ils n'ont pas compris.
04:06Notre premier critère, c'était une demande d'un casting sans personne
04:10pour nous insulter avec des ministres qui nous respectent.
04:12Et là, il y a Agnès Pannier-Runacher qui refuse de nous serrer la main,
04:15qui nous traite comme des pestiférés.
04:17Donc ça ne passe pas au Rassemblement national.
04:19Michel Barnier, il a une chance.
04:20Marine Le Pen, elle est concentrée sur une chose en ce moment,
04:22sa défense pour son procès dans l'histoire des assistants parlementaires.
04:25Donc ça pourrait évidemment reculer le risque de censure.
04:29Mais vous le savez, Marine Le Pen, elle l'a bien montré depuis deux ans,
04:31elle est adepte des coups de théâtre à l'Assemblée.
04:34Donc elle peut faire croire à tout le monde qu'elle ne va pas censurer
04:36et au dernier moment voter la motion de censure déposée par le nouveau Front populaire.