Dans son édito du 10/12/2024, Gauthier Le Bret revient sur l'instabilité du gouvernement.
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00:00Rendez-vous compte, depuis le début du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron,
00:04même depuis le début de l'année, on est à quatre premiers ministres.
00:08Elisabeth Borne, elle est restée jusqu'à janvier.
00:11Gabriel Attal, il a fait huit petits mois.
00:13Michel Barnier a fait 90 jours.
00:14Et on cherche le quatrième premier ministre de l'année.
00:18Depuis la réélection d'Emmanuel Macron, il a épuisé six ministres de l'Éducation nationale en deux ans.
00:24Quatre ministres des Affaires étrangères.
00:26Ça, ça sera quand on aura trouvé le successeur.
00:28S'il y a un successeur à Jean-Noël Barreau et à Anne Jeantet.
00:31Donc, c'est une instabilité qui n'arrête pas de faire des ravages.
00:35Et le péché originel, on le dit depuis plusieurs jours,
00:39c'est évidemment d'avoir remplacé Elisabeth Borne en janvier dernier, alors que ça n'avait aucun intérêt.
00:44Il aurait dû épuiser sa première ministre jusqu'aux Européennes et la limoger à ce moment-là
00:48pour ne pas griller une cartouche et pourquoi pas nommer Gabriel Attal.
00:52Ça nous aurait évité le péché de la dissolution,
00:56qu'on continue de payer et qu'on va payer au moins jusqu'à la prochaine
01:00et qu'Emmanuel Macron va peut-être payer jusqu'à la fin de son quinquennat
01:04et qui, résultat, donne cette instabilité où les premiers ministres s'enchaînent.
01:09On a l'impression d'être revenu sous des airs de quatrième République.
01:12Sauf que si l'instabilité continue comme ça,
01:14la petite musique de la démission d'Emmanuel Macron va monter crescendo.
01:19Jean-Luc Mélenchon était encore en meeting hier.
01:21Il a dit le but, c'est de faire partir Emmanuel Macron sous le poids des événements.
01:26Alors pour le moment, il y résiste, le chef de l'État, il dit hors de question.
01:29Les institutions sont faites ainsi et j'ai un mandat de cinq ans.
01:33Sauf qu'il les a mises très à mal, les institutions.
01:36Quand on jugera le deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron,
01:40on aura un regard, à mon avis, beaucoup plus critique sur la dissolution d'Emmanuel Macron
01:43que sur celle de Jacques Chirac, parce qu'au moins celle de Jacques Chirac,
01:46elle avait donné une majorité absolue aux socialistes et pendant cinq ans,
01:49il y avait eu la stabilité de Lionel Jospin.
01:52Là, ce n'est absolument pas le cas.
01:54Il n'y a pas de majorité absolue et qui dit que demain,
01:57s'il y a une nouvelle dissolution, il y aura une majorité absolue.
02:00Peut-être qu'on va repartir dans le même cas de figure.
02:02Alors là, l'instabilité sera de nouveau au rendez-vous
02:06et la pression sera maximale sur l'Élysée.
02:08Alors Emmanuel Macron refuse en réalité de donner à nouveau au Rassemblement national
02:13son pouvoir de vie ou de mort sur le gouvernement avec la censure.
02:17Sauf que c'est les Français qui ont décidé que le Rassemblement national
02:19pouvait avoir le pouvoir de vie ou de mort sur un gouvernement.
02:23Alors il y a une solution, c'est d'écrocher les socialistes du Nouveau Front populaire
02:26et leur dire vous ne votez pas la censure avec un accord de non-censure.
02:30Personne n'y croit.
02:31Il y a toute une liste de clauses pour que les socialistes ne votent pas la censure.
02:35La dernière clause, Bruno Rotailleau.
02:37Il ne faut pas que Bruno Rotailleau soit ministre de l'Intérieur
02:39parce que si il est ministre de l'Intérieur, les socialistes votent la censure.
02:42Donc c'est une vaste blague.
02:43Ça n'a aucune chance d'aboutir.
02:45Aujourd'hui, il fait une réunion, Emmanuel Macron.
02:47Il décide de ne pas inviter le Rassemblement national.
02:50Jordan Bardella voulait pourtant être reçu.
02:52Et la France insoumise, au moins les fils ne voulaient pas venir.
02:55Donc ça a une logique.
02:57Mais le Rassemblement national, Jordan Bardella en tout cas,
02:59Marine Le Pen, c'est moins clair, mais Jordan Bardella voulait y être.
03:03C'est les Français qui ont décidé de la répartition de l'Assemblée nationale.
03:08De quel groupe peut peser et décider de censurer un gouvernement et de le renverser ?
03:13Emmanuel Macron veut sortir de là.
03:15Sauf que la solution miracle n'existe pas.
03:17L'accord miracle n'existe pas.
03:18Le gouvernement d'intérêt général n'existe pas.
03:22Et donc on va simplement perdre du temps jusqu'à la prochaine nomination du prochain Premier ministre.
03:25Bon, en quelques mots, il y a une solution qui existe ou pas ?
03:28C'est la solution du socle commun.
03:30C'est-à-dire que vous n'avez pas, pour le moment, de parade au socle commun.
03:33C'est-à-dire LR, macroniste, avec oui, le pouvoir de censure du Rassemblement national.
03:37Vous n'allez pas réussir en deux heures de réunion à mettre d'accord des socialistes et des républicains
03:42alors que le clivage gauche-droite existe depuis la nuit des temps.
03:45On ne va pas gommer les différences et être d'accord sur les thèmes migratoires,
03:49sécuritaires et budgétaires en deux heures de réunion.
03:51Donc la solution dans ce socle commun, et c'est ce pourquoi plaide Nicolas Sarkozy,
03:56information du Figaro qu'on peut confirmer ce matin, c'est Sébastien Lecornu à Matignon et Bruno Rotailleau.
04:02Pourquoi pas propulser numéro deux du gouvernement qui resterait ministre de l'Intérieur ?
04:06On resterait dans ce socle commun.
04:08Sébastien Lecornu connaît Marine Le Pen.
04:10Ils ont déjà dîné ensemble.
04:11Il la traitera avec plus d'égard, sans doute, que Michel Barnier.
04:15Et puis Marine Le Pen, même si elle dit le contraire, elle n'a pas intérêt à faire une nouvelle motion de censure tout de suite.
04:21Elle vient de perdre une législative partielle.
04:23Les agriculteurs sont très en colère et viennent s'en prendre au permanence du Rassemblement national.
04:28Donc on n'a pas encore l'effet de cette censure sur l'électorat RN.
04:31Est-ce que c'était une bonne idée ? Est-ce que c'était une mauvaise idée ?
04:33Marine Le Pen n'a pas intérêt à faire retomber un gouvernement tout de suite.
04:37Donc la solution, c'est celle du socle commun.
04:39La formule magique pour en sortir n'existe pas.