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Dans son édito du 30/04/2024, Gauthier Le Bret revient sur les coulisses du débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella.

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00:00 Gabriel Attal va débattre avec Jordan Bardella.
00:03 C'était une demande du président du Rassemblement national,
00:06 toujours refusée jusqu'ici, par le Premier ministre.
00:09 Mais finalement, Gauthier Lebret, Matignon a changé d'avis.
00:12 Comment ça s'explique ? Quand vous l'expliquez ?
00:15 La pression d'Emmanuel Macron, la pression éliséenne.
00:18 Vous allez voir dans un instant ce qu'on dit hier,
00:20 ce que m'ont confié les entourages à la fois du président de la République
00:24 et du Premier ministre.
00:25 On est très enthousiastes à l'Élysée, à l'idée de ce débat,
00:27 beaucoup moins à Matignon.
00:29 C'est de fait un revirement de Gabriel Attal.
00:32 Le Premier ministre refusait jusqu'ici de débattre avec Jordan Bardella,
00:36 son meilleur rival en âge, en popularité, etc.
00:40 Une ministre influente dans la majorité me confiait la semaine dernière
00:43 que ça n'aurait qu'en effet faire monter le président du RN.
00:46 Pourquoi débattre avec lui, je la cite, et pas avec tous les autres ?
00:49 Et puis, ça ne serait pas bon pour l'image de Valérie Hayé,
00:51 la tête de l'East Renaissance, qui sera ce soir-là, le soir du débat,
00:54 de fait sur le banc de touche.
00:57 Et si cette envie de débat ne venait pas de Matignon, mais de l'Élysée ?
01:00 Emmanuel Macron reproche depuis plusieurs semaines à Gabriel Attal
01:05 de ne pas s'impliquer, voire de trop se cacher dans la campagne des européennes.
01:09 Il a fait le meeting de lancement à l'île de Valérie Hayé, et puis plus rien.
01:13 Il va donc descendre dans l'arène, contraint et forcé, après le feu vert du président,
01:18 qui, comme je vous le disais, est sans doute beaucoup plus enthousiaste que lui,
01:21 à l'image de leur entourage.
01:23 Dans la garde rapprochée d'Emmanuel Macron, on se félicitait hier de cette initiative.
01:26 Je cite l'un de ses proches.
01:28 « Je serai Jordan Bardella ? Je n'irai pas. Je pense qu'il va se défiler.
01:31 Il faut l'attaquer d'entrée à la hache, le démasquer, montrer qui il est vraiment.
01:36 Gabriel va le plier. »
01:38 Ce n'était pas du tout le même enthousiasme à Matignon hier.
01:41 « Aucune confirmation », me disait-on.
01:43 Comment ça, aucune confirmation ?
01:44 L'Élysée explique qu'il y a eu un feu vert.
01:46 L'entourage du Premier ministre forçait de reconnaître.
01:48 On fera un débat. Mais le moment venu ?
01:50 Bref, à Matignon, ce n'est pas la joie.
01:52 Donc Gabriel Attal, si je vous suis, serait contraint d'y aller.
01:56 C'est l'Élysée qui le pousse.
01:58 Exactement, bien dans le dos.
01:59 Ce qui est sûr, c'est qu'il s'y était toujours refusé,
02:02 expliquant, il est vrai, qu'il n'était ni chef de parti, ni tête de liste.
02:06 Ça lui permettait aussi de ne pas trop s'exposer,
02:09 parce qu'il voit bien le scorpe potentiel de Valéry Hayé, qui n'est pas bon.
02:12 C'était sans compter sur la volonté présidentielle.
02:14 Au RN, ce très proche de Jordan Bardella, jubile.
02:18 La fébrilité de Gabriel Attal se révèle au grand jour.
02:21 Après des mois de débats que la Matignon, et une candidate qui ne décolle pas,
02:24 il y a eu zéro effet Attal, encore moins d'effet Hayé.
02:27 Et on prévient le Premier ministre, il s'engage dans la campagne.
02:30 Il faudra qu'il en tire toutes les conclusions.
02:32 C'est un nouveau fusible pour Macron.
02:34 On est ravi, on est ravi au RN, beaucoup moins à Matignon.
02:36 C'est justement ce que voulait éviter le Premier ministre avec ce débat.
02:39 Gauthier, Jordan Bardella a plus à y gagner que le Premier ministre.
02:43 Alors personnellement, c'est très clair, c'est plutôt favorable pour le président du RN.
02:48 Les deux hommes ont déjà débattu ensemble à plusieurs reprises
02:50 pendant la campagne présidentielle.
02:52 Ça a toujours été plutôt match nul, un par tous.
02:55 Ça va renforcer de fait le statut de Jordan Bardella.
02:58 Il est du niveau d'un Premier ministre puisqu'il peut débattre avec lui.
03:01 À l'Elysée d'ailleurs, on note son changement de style très chiracien.
03:05 Je cite, "le message c'est je suis présidentiable".
03:08 Et dans les couloirs du palais, certains lui prédisent une candidature dès 2027.
03:13 Donc pour son image, c'est formidable.
03:14 Et ce n'est pas pour rien si c'est lui qui demandait ce débat depuis plusieurs semaines.
03:18 Un conseiller du président souligne,
03:20 il doit composer avec le statut de favori.
03:22 Je parle, je risque de perdre des voix, je me tais, je crains l'effritement.
03:26 Et c'est ce qu'on lui reproche depuis plusieurs semaines
03:28 de ne pas répondre aux questions des journalistes,
03:31 de ne pas accepter l'ensemble des débats.
03:34 Alors Gabriel Attal n'a rien à y gagner personnellement,
03:36 mais il peut améliorer la situation de son camp.
03:39 C'est bien pour ça qu'Emmanuel Macron l'envoie.
03:42 L'écart se creuse en plus entre Jordan Bardella et Valérie Hayé.
03:45 Ce débat va éclipser tous les autres candidats,
03:48 dont le tant redouté Raphaël Glucksmann.
03:50 L'objectif est double pour la majorité et Gabriel Attal,
03:53 affaiblir Bardella et invisibiliser Glucksmann,
03:57 récupérer les électeurs sociodémocrates.
04:00 Alors Gabriel Attal, vous l'avez compris, ira à reculons à ce débat,
04:03 mais il ira se faisant une raison et peut-être en comprenant
04:07 que son destin est aussi lié au score de Renaissance le 9 juin prochain.
04:11 [Musique]
04:14 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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