• il y a 2 mois
Mercredi 2 octobre 2024, SMART IMPACT reçoit Emmanuel Bergeret (Chercheur et professeur, Unversité Clermont-Auvergne) , Jean-François Déchant (cofondateur, Elicit Plant) , Gil Doat (Directeur déploiement conseil, Eco CO2) et Emmanuel Ranc (Directeur des nouvelles technologies te de l'IoT, Linxens)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif, et voici notre sommaire du jour.
00:15Mon invité, c'est Gilles Daute, directeur déploiement, conseil et formation chez EcoCO2.
00:21Il nous présentera l'atelier Whatline, à la fois ludique et collaboratif pour sensibiliser les salariés, mais aussi les élèves,
00:29à la sobriété énergétique. Notre débat, il portera sur l'internet des objets, comment concevoir un IoT responsable.
00:37On va découvrir un nouveau laboratoire qui associe recherche publique et entreprises privées pour inventer des objets à la fois intelligents,
00:44connectés et moins énergivores. Et puis, dans notre rubrique start-up, vous découvrirez Élicite Plante, ses solutions pour rendre les plantes
00:52plus résilientes face aux changements climatiques, notamment le stress hydrique. Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer, c'est parti.
01:07L'invité de Smart Impact, c'est Gilles Daute. Bonjour.
01:11Bonjour.
01:12Bienvenue, vous êtes directeur déploiement, conseil et formation chez EcoCO2.
01:16On va parler de sensibilisation à la sobriété énergétique. Mais d'abord, présentez-nous EcoCO2.
01:22EcoCO2, une entreprise qui a été créée il y a 15 ans. Comme le nom l'indique, à l'époque, c'était surtout pour réduire le CO2,
01:30réduire les émissions de gaz à effet de serre, aider les entreprises là-dessus. On s'est très vite orienté sur des programmes environnementaux
01:36avec le ministère de la Transition écologique et l'ADEME. Et depuis maintenant 4-5 ans, on se déploie très largement sur les sujets climat.
01:45Dernièrement, les sujets RSE, ESG, l'AC, SRD. Et un très fort sujet également sur toute la partie formation, animation, sensibilisation.
01:55Alors justement, vos métiers, on va beaucoup parler de formation, de sensibilisation, mais c'est aussi du conseil ?
02:00C'est aussi du conseil, absolument, tout à fait.
02:02Donc c'est accompagné d'une évolution des modèles, notamment ?
02:05Une évolution des modèles, alors une évolution des modèles pour les entreprises, une évolution des comportements également pour les individus.
02:11C'est important aussi d'avoir ce double enjeu.
02:14Et donc, vous avez lancé l'an dernier, 2023, un atelier qui s'appelle l'atelier Whatline, qui doit être monté en puissance depuis. De quoi il s'agit ?
02:24Alors en fait, on est parti du principe de se dire, au moment de vraiment le focus sur la RSE, la responsabilité sociale des entreprises,
02:34il y a toujours un impact à se dire, les entreprises, c'est bien, ont un rôle à jouer de manière globale, mais les individus aussi.
02:41Donc l'idée de Whatline, c'est de partir sur une responsabilité sociale des individus, en se disant que l'un ne va pas sans l'autre,
02:48et que pour qu'une entreprise puisse vraiment s'approprier tous les enjeux, chaque personne doit aussi pouvoir agir de son côté.
02:56Donc l'idée, c'est de se poser, nous tous, des questions sur la sobriété énergétique au bureau, quand on travaille.
03:04On part du sujet que la technologie ne sera pas la seule à nous sauver.
03:09C'est-à-dire qu'on ne doit pas remplacer tous les appareils que l'on a par des appareils moins énergivores, mais aussi changer nos comportements.
03:15L'atelier Whatline est un atelier de formation et de sensibilisation sur le thème du jeu,
03:22où on a des cartes que l'on propose à tous les participants, pour qu'ils puissent les placer.
03:32Là, vous êtes venu avec des cartes. Allez, j'adore jouer.
03:36Montrez-les assez haut pour qu'on les voit.
03:40Donc là, par exemple, cette carte, laisser la lumière allumée toute la journée.
03:45Donc en fait, il y a un plateau de jeu, que je n'ai pas avec moi ici.
03:49Mais l'idée, c'est de se dire que c'est la première, donc on va la placer sur le plateau.
03:55Ensuite, on peut discuter. Il y a toujours des informations à discuter sur ce point-là.
04:00Et on voit que laisser la lumière allumée toute la journée, c'est 0,15 kWh en termes de consommation.
04:05Et ensuite, il y en a une deuxième. Et les participants, un peu à l'image du jeu Timeline, doivent le placer à droite ou à gauche.
04:10Est-ce que c'est plus ou moins énergivore ?
04:13Exactement.
04:14Et en fait, chacune des cartes aussi a l'avantage d'avoir une explication, un détail, et donc favorise les échanges avec tous les participants.
04:22Et donc, il y a des surprises, j'imagine.
04:26Et vous, en préparant cet atelier, qu'est-ce qui vous surprend le plus ?
04:30Vous dites finalement, je vais dire n'importe quoi, la photocopieuse.
04:34Qu'est-ce qui est en bout de ligne et sur lequel on peut le mieux agir ?
04:39Ce qui est intéressant, ce sont les idées reçues que les gens ont et qu'ils vont exprimer.
04:44Et ensuite, de s'apercevoir que finalement, ça c'est moins énergivore, ça c'est très énergivore.
04:48Et ce sont parfois des petites choses qui permettent justement d'améliorer le quotidien, de mettre en place une politique des petits pas.
04:54De se dire finalement, chaque carte peut avoir un impact là-dessus.
04:58Et si on met en place la globalité, et ce qui est surtout très intéressant là-dessus, c'est favoriser l'échange entre tous les participants.
05:04En général, on a entre 10 et 12 participants, c'est très improductif, pour favoriser tout ça et dire, moi je ne pensais pas.
05:14Et puis voilà, il y a toujours un petit côté ludique qui est très intéressant.
05:18Comment vous vous situez par rapport à d'autres ateliers qui existent ?
05:22La fresque du climat évidemment, dont on parle souvent, l'atelier d'automne, vous êtes concurrent, complémentaire ?
05:27Pas du tout, c'est très complémentaire.
05:29On a aussi des ateliers où on propose des fresques du climat, où on propose des ateliers d'automne aussi.
05:34On a nos experts qui connaissent bien et qui sont animateurs de ces sujets-là.
05:39Tous ces outils-là sont très complémentaires, parce qu'ils adressent des enjeux différents.
05:45L'intérêt pour nous en fait, c'est que ça vienne alimenter toute la partie conseil de notre entreprise aussi.
05:51Quand on coach des entreprises, quand on améliore, que ce soit sur des stratégies climatiques,
05:55que ce soit sur du carbone, que ce soit sur la RSE au sens général,
06:02ce sont des outils qui viennent en plus et qui quelque part accrochent aussi nos clients.
06:07Et je vous avoue qu'ils aiment beaucoup se dire, on va faire un atelier pour tous nos collaborateurs.
06:14Parce que souvent, quand on coach une entreprise, on va s'adresser à une, deux, trois, dix personnes maximum.
06:19Mais là, ça permet de démultiplier les actions aussi.
06:22Il faut forcément que ce soit ludique.
06:24Parce que là, tout de suite, je me suis dit, c'est un jeu super, on va jouer aux cartes.
06:29C'est la bonne réaction.
06:31Mais est-ce qu'on apprend bien quand on joue ?
06:34En fait, c'est ça la question.
06:35On apprend beaucoup quand on joue. On apprend beaucoup mieux quand on joue.
06:38Parce que chez certains, il y a la finalité d'apprendre, mais chez certains autres, il y a la finalité de jouer.
06:44En fait, il y a des mécanismes psychosociaux qui rentrent en ligne de compte et qui font qu'on apprend beaucoup plus.
06:49On a créé ces jeux-là avec des docteurs en sciences humaines, justement, pour apporter cette connaissance en plus de ce côté jeu.
06:59Il y a aussi un autre enjeu dont on parle assez souvent dans cette émission,
07:03plus avec des spécialistes de la communication, du marketing, de la publicité, mais c'est le récit.
07:09Quel récit on propose aux citoyens, aux salariés sur le changement climatique, la transformation environnementale et sociétale ?
07:18Vous avez le sentiment d'y participer à l'écriture d'un nouveau récit ?
07:23C'est exactement ça.
07:24D'ailleurs, il y a une fresque qui s'intitule la fresque des nouveaux récits qui permet d'aller là-dedans,
07:31mais de se dire qu'on vient d'un modèle de 70 ans où l'énergie, au sens large, apparaissait comme quelque chose de pas cher et d'inépuisable.
07:43On ne s'est jamais posé la question de remettre en question nos comportements vis-à-vis de l'énergie.
07:50Aujourd'hui, on passe à un autre niveau et effectivement, il faut construire des nouveaux récits.
07:55Nous, là où on essaie d'appuyer sur ces nouveaux récits, c'est de dire toujours la finalité.
08:00Ce n'est pas, même si ça existe, de respecter telle ou telle réglementation.
08:05Ce n'est pas l'idée d'être punitif, mais ce qu'on essaie de mettre en place, en tout cas à travers le jeu, à travers tout le coaching que l'on fait, c'est la création de valeur pour les entreprises.
08:13À quoi ça va leur servir ? Comment est-ce qu'ils vont pouvoir valoriser tous ces éléments-là auprès, soit de leur marché, de leurs clients, afin d'élargir la base,
08:23soit auprès de leurs collaborateurs, parce qu'on s'aperçoit aussi de plus en plus des sondages qui démontrent qu'un collaborateur est surtout intéressé par rentrer dans une entreprise qui a ses enjeux environnementaux,
08:32soit auprès également des institutions financières qui sont de plus en plus intéressées par mettre des filtres sur les entreprises dites responsables. Et ça fait partie.
08:41Vous évoquiez tout à l'heure le... Alors là, on a passé du temps à parler de cet atelier White Line, mais la dimension conseil, c'est-à-dire à quel point des entreprises viennent vous voir en disant
08:53« On veut vraiment réfléchir à notre modèle économique ». Est-ce que ça va jusque-là ?
08:58On veut vraiment réfléchir au sujet de la RSE et derrière, on les amène à se poser la question du modèle économique.
09:06C'est plutôt vous qui apportez...
09:08C'est plutôt dans ce sens-là.
09:10Les entreprises ne veulent pas remettre en question le modèle économique. On ne va pas non plus systématiquement dans cette direction aussi.
09:16L'idée quelque part... Je prends un exemple. J'étais avec un atelier, avec une grande entreprise dans un domaine industriel.
09:23À la fin du coaching, ils disaient « Bon, vous nous recommandez quoi ? De fermer ? ». Alors effectivement, si vous fermez, ça va arriver du tout.
09:30Mais si on tire le fil jusqu'au bout, si vous fermez, votre activité, elle va être reprise par quelqu'un d'autre parce que vous n'allez pas couper la source,
09:38c'est-à-dire le besoin client. Et ça va peut-être être repris par quelqu'un qui le fait de manière moins responsable.
09:43Donc en fait, il faut essayer vraiment de travailler la manière dont on peut rendre son activité, c'est-à-dire créer la valeur aussi,
09:49et que les clients entendent ça. Donc la solution n'est pas forcément de fermer toutes les entreprises.
09:56Ce n'est pas du tout. Ce n'est pas l'amour. Mais c'est plutôt d'essayer de se transformer. Parfois, ça peut être des transformations en profondeur.
10:04Parfois, ça peut être des transformations du modèle et de se dire d'orienter le modèle et le discours et le récit de l'entreprise.
10:11C'est toujours important de revenir sur ce sujet de récit, de raconter l'histoire de l'entreprise et de s'inscrire dans l'évolution.
10:18Merci beaucoup, Gilles Doat. Et à bientôt sur BeSmart for Change. On passe à notre débat.
10:23Comment concevoir, inventer des objets intelligents moins énergivores ?
10:30Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
10:34Le débat de ce Smart Impact consacré à l'IoT, l'Internet des objets. Je vous présente mes invités. Emmanuel Ranck, bonjour.
10:49Bonjour.
10:50Bienvenue. Vous êtes le directeur des nouvelles technologies et de l'IoT chez Linksense. Et Emmanuel Bergeret, bonjour.
10:55Bonjour.
10:56Vous êtes professeur à l'Université Clermont-Verne et chercheur en électronique et microélectronique.
11:01On va parler ensemble de ce laboratoire qui a été inauguré à la fin du mois de juin dernier,
11:06Laboratoire pour l'Internet des objets appliqués à l'environnement.
11:10Peut-être pour commencer, un mot de présentation de votre entreprise. Linksense, c'est quoi votre métier ?
11:17Tout à fait. Linksense, historiquement, c'est la microélectronique.
11:21Individu en mondial dans tout ce qui est capteur RFID et tout ce qui est microconnecteur de carte bancaire.
11:30Ce qu'on dit régulièrement, c'est que 80% de la population mondiale dispose d'une carte bancaire et donc d'un produit Linksense dans sa poche.
11:39Vous êtes au cœur de l'IoT, de l'Internet des objets ou c'est une petite partie de votre business ?
11:44Ce n'est pas le métier historique de Linksense, bien sûr, mais c'est vraiment une volonté de diversification
11:49et d'utiliser le savoir-faire historique de production pour développer des nouveaux capteurs.
11:56Effectivement. Et donc, on va se poser ces enjeux de sobriété énergétique de l'IoT.
12:02Peut-être pour commencer, un constat, Emmanuel Bergeret, ça pèse quoi en termes de consommation d'énergie ?
12:10À l'échelle planétaire, on estime à peu près qu'Internet et tout ce qui était connecté, ça représente la consommation du sixième pays.
12:21D'accord, ce serait en rang numéro 6. J'ai trouvé cible de plus de 40 milliards d'objets d'IoT prévus fin 2025, donc c'est là.
12:35Et en plus, c'est encore en train d'exploser. C'est-à-dire que là, avec la miniaturisation, la diminution de la consommation,
12:40on arrive à des chiffres qui vont être astronomiques. Je n'ai pas exactement les chiffres du nombre de...
12:45Mais la croissance est exponentielle, c'est ça qui est important.
12:48Et du coup, d'où l'importance de vraiment faire attention à la consommation de ces objets par la suite.
12:53Évidemment. On parle de quels objets, d'ailleurs ? Parce que c'est très, très vaste, mais on parle de quels objets ?
12:58Alors, dans ce qui nous intéresse ici, nous, on s'est focalisés sur nos travaux et ce qu'on a entrepris ensemble
13:05sur tous les objets connectés qui vont servir à monitorer l'environnement, puisque l'environnement, c'est une préoccupation assez importante
13:12pour beaucoup d'entre nous. Et on ne voudrait vraiment pas qu'on décide de mesurer, d'instrumenter.
13:18Ça coûte encore plus cher et ça dégrade encore plus la situation. Donc effectivement, nous, on se focalise un petit peu
13:24sur les travaux qu'on a entrepris ensemble avec Emmanuel, sur tout ce qui est IoT et appliqué à l'environnement.
13:30D'accord. Effectivement, soyons cohérents. Si on veut des objets connectés intelligents pour améliorer l'environnement,
13:35qu'ils soient les plus sobres possibles. Et puis ensuite, on peut imaginer que ça servira à l'ensemble des objets connectés.
13:41Vous venez donc de créer, c'était au mois de juin dernier, cette IoT AE Lab. Donc, je vais le dire en français,
13:48Laboratoire pour l'Internet des Objets Appliqués à l'Environnement. Déjà, on peut expliquer, Emmanuel Ranck, le principe.
13:55Donc, vous en êtes l'incarnation. C'est une collaboration publique-privée, c'est ça ?
13:59Exactement, oui. Donc, c'est vraiment quelque chose de très innovant et de très intéressant pour à la fois l'entreprise,
14:06en tant que développeur d'innovation, mais également l'organisme de recherche pour mettre en commun des savoir-faire,
14:13mettre en commun des technologies. Donc, nous, on est fabricants de sensors. Et ensuite, ça nous permet d'aller sur le terrain,
14:21de tester des innovations et de pouvoir les déployer dans des contextes, on dirait, mondiaux et parfois hostiles.
14:29Typiquement, on peut mesurer les taux de soufre sur les volcans. Il y a différentes façons d'aborder la mesure,
14:36tout en conservant cette notion de consommation énergétique et d'autonomie. C'est vraiment ces cadres-là qui sont intéressants.
14:45Et l'aspect modulaire aussi de l'électronique, on a un engagement aussi de réutilisation des objets et de ce qu'on appelle nous,
14:57voilà, sustainability. Et c'est vraiment très important pour nous de pouvoir réutiliser l'électronique, la rebrander dans d'autres contextes
15:09et être capable de...
15:10Qui finance ? Là aussi, c'est un financement public-privé ? J'ai vu qu'il y avait l'Agence nationale de la recherche qui était dans la boucle.
15:17Tout à fait. Donc, il y a un financement Lincense, un financement de l'ANR. Et ce qui nous permet, sur 4 années d'exercice,
15:25d'avoir nos propres personnels et de créer une équipe pour développer une stratégie très intéressante dans notre domaine.
15:33Et M. Bergeret, comment vous... Peut-être pourquoi 4 ans ? Ou alors c'est d'abord 4 ans et puis ensuite on verra ? C'est quoi l'idée ?
15:39Alors c'est d'abord 4 ans et puis après on verra. Mais on est déjà en train de préparer la feuille de route pour la suite.
15:45D'accord.
15:46Voilà sur ces choses-là. Et puis effectivement, comme vous l'avez dit, on voudrait démontrer des choses dans ce contexte spécifique d'objets autonomes
15:53en milieu compliqué. Et puis après, aller plus loin dans l'I.U.T. et puis explorer d'autres voies.
15:58Pourquoi l'association publique-privée est importante ?
16:01Alors parce qu'entre une idée et puis une réalisation et une fabrication, là on a besoin pour l'I.U.T. d'aller jusqu'à la fabrication.
16:07Oui.
16:08Il y a tout un tas de corps de métier, je dirais, de possibilités. Et voilà. En plus, il y a pas mal de mouvements en ce moment.
16:15On entend beaucoup parler de l'intelligence artificielle, des communications satellites. Il y a beaucoup de choses comme ça.
16:20Le travail du chercheur, c'est un petit peu de regarder un petit peu toutes ces idées, de réfléchir à tout ça et puis un petit peu se dire, tiens, on peut concevoir quelque chose.
16:27Après, travailler avec une entreprise privée qui a le moyen de dire, attention, là, ce que tu es en train de penser, il va falloir faire comme ça et tout ça,
16:33d'avoir les ingénieurs dernières, les chaînes de production. Et puis un groupe comme l'Incense, c'est aussi la possibilité d'avoir des capteurs un petit peu spécifiques,
16:40des choses qui viennent d'ailleurs. Et du coup, il y a besoin des deux pour réussir à aller jusqu'à l'objet concrètement depuis le début.
16:47Votre objectif, c'est vraiment de créer des nouveaux objets et de ne pas seulement être dans la recherche, je ne sais plus quel est le terme,
16:54élémentaire ou la recherche pure. C'est d'arriver à la création d'objets. Je vais poser la question qui fâche. À la fin, il y aura quoi ?
17:00Il y aura un brevet, un brevet commun ?
17:02Oui, ça peut passer par effectivement des notions de brevets. On a des objectifs clairs aussi de cas d'usage, ce qui est très important.
17:09Par exemple, la forêt et la détection d'incendies en autonomie complète. C'est un exemple. L'analyse de l'eau, l'enjeu de l'eau, on le connaît tous aujourd'hui,
17:18dans sa qualité, dans sa préservation. Il faut être capable demain d'apporter de l'instrumentation de mesure pérenne et qui ne consomme pas de l'énergie.
17:28C'est vraiment tous ces aspects qui sont importants.
17:31Je reste dans la dimension business, donc je reste plutôt avec vous. C'est une demande de vos clients ?
17:35Oui, bien sûr.
17:36D'avoir des objets connectés, moins énergivores, notamment dans ces environnements-là ?
17:41Bien sûr, parce que les applications qu'on va retrouver sur le terrain sont très accessibles sur l'application industrielle.
17:47L'IoT est beaucoup industrielle aujourd'hui, très orientée logistique, très orientée tracking, mais également mesure en milieu industriel.
17:55Et c'est vrai que tous ces savoir-faire qu'on va gagner aujourd'hui sur ce laboratoire vont nous permettre demain de proposer des innovations.
18:04Emmanuel Bergeret, j'aurais pu commencer par là. Qu'est-ce qui rend un objet connecté, un objet intelligent énergivore ?
18:13Parce que nous, on voit le capteur, on se dit que c'est tout petit, ça ne doit rien consommer.
18:17Qu'est-ce qu'il y a derrière ? C'est ça ce qu'il faut expliquer peut-être.
18:19Sur tout ce qui mesure l'environnement ou même les objets du Codicien qui font des mesures, on a tendance à remonter beaucoup d'informations.
18:26Qui dit beaucoup d'informations dit beaucoup de communications.
18:28Il faut savoir que la chaîne de communication, à la maison on pense beaucoup au Wi-Fi ou au téléphone portable ailleurs,
18:34c'est la communication sans fil qui coûte de l'énergie. Et plus il y a de données, plus elle coûte de l'énergie.
18:40C'est des serveurs qui tournent derrière ou ce n'est pas forcément ça ?
18:43Sans parler même du traitement, parce que l'énergie du traitement sur serveur n'est pas imputable directement sur la batterie de l'objet connecté.
18:52Mais effectivement, il faut la prendre en compte aussi.
18:54D'où aussi une des idées qu'on pousse, c'est de se dire l'intelligence qui est déployée à l'heure actuelle sur les serveurs,
18:59on va essayer de la déployer au niveau du nœud, vraiment l'intégrer cette intelligence-là pour traiter les données au plus près du nœud
19:05et minimiser la transmission de données, donc moins de coûts énergétiques sur la transmission sans fil
19:10et après moins de données à analyser au niveau des serveurs et donc besoin d'infrastructures beaucoup moins importantes pour traiter les données.
19:17Le nœud c'est quoi ? C'est l'objet lui-même ?
19:19Le nœud c'est l'objet lui-même.
19:20C'est l'objet lui-même. Donc le rendre plus autonome, c'est ce que je comprends ?
19:23Alors le rendre moins énergivore et plus intelligent et puis alors effectivement plus autonome.
19:28Un des aspects aussi qu'on va aborder, c'est la récupération d'énergie.
19:31C'est-à-dire qu'on pense à pas mal de systèmes, là on parlait des volcans,
19:35il y a la chaleur résiduelle dans le volcan, récupérons l'énergie-là,
19:38transformons-la en énergie électrique et en alimentons notre système connecté avec ça.
19:43Et vous vous donnez, ça démarre sur 4 ans, vous espérez déjà proposer au marché des objets dans 4 ans,
19:51avant, après, c'est très long, pour comprendre dans quelle longueur de démarche vous vous engagez ?
19:57Alors on est un peu dans une démarche agile, c'est-à-dire en gros on a une feuille de route bien sûr avec des objectifs
20:03mais qui sont très liés à des étapes de livraison intermédiaires,
20:08donc des modules, des cartes électroniques de mesure,
20:12on parlera aussi d'intelligence artificielle sûrement, mais c'est des sujets de ce type-là
20:18et régulièrement on va apporter des solutions de mesure à nos clients du laboratoire.
20:24Qui sont-ils ? L'Inrae est le bon exemple.
20:27L'Inrae a des besoins de mesure sur le terrain, sur des bassins versants,
20:32pour étudier tous les aspects liés à l'eau et aux bassins versants.
20:36Ils sont partenaires du laboratoire d'ailleurs.
20:38Donc il y a différents clients institutionnels, mais aussi on peut imaginer des clients privés
20:44qui peuvent avoir leurs propres besoins de mesure dans des contextes, par exemple agricoles.
20:49Il se trouve que sur notre territoire nous avons une entité qui s'appelle Limagrin,
20:53qui est un gros acteur français international et qui peut être un acteur qui va utiliser nos moyens.
21:01Ce laboratoire est basé en Auvergne-Rhône-Alpes.
21:05Ça veut dire que ça a un impact sur les entreprises qui vous accompagnent, l'écosystème, l'emploi local ?
21:11Il y a aussi cette dimension-là qui rentre en jeu ?
21:14Le gros point fort de l'aspect local, c'est que sur Clermont-Ferrand existait une fédération de recherche en environnement
21:20qui recouvrait beaucoup de laboratoires avec beaucoup de compétences.
21:23On a parlé de l'Inrae, mais il y en a différents autres.
21:26Et qui permet de s'appuyer sur une expertise à la fois sur l'analyse des données,
21:30mais aussi sur les besoins de terrain de collecte des données.
21:33Et ça, c'est un des grands points forts, avec un terrain d'expérimentation que c'est l'Auvergne.
21:38Vous avez un super terrain de jeu, si j'ose dire.
21:41Est-ce qu'il y a des initiatives similaires, concurrentes d'ailleurs, qui existent en Europe à votre connaissance ?
21:48En Europe, oui, je pense.
21:50Forcément, il y a beaucoup d'initiatives, je sais, aujourd'hui en Allemagne, sur tout ce qui concerne l'environnement.
21:57Mais c'est vrai que nous, en tout cas au niveau français, au niveau de l'ANR,
22:02nous sommes les premiers à proposer un projet autour de l'IoT.
22:07Ça n'avait jamais été fait.
22:09En France, est-ce qu'on a mis la charrue avant les bœufs ?
22:14Vous voyez ce que je veux dire.
22:16On s'est rendu, c'est des progrès, mais dépendant d'un certain nombre d'objets,
22:20sans se poser les questions que vous vous posez aujourd'hui.
22:22Oui, c'est vrai que c'est l'impression un petit peu que ça donne.
22:25C'est-à-dire qu'on a voulu connecter, remonter des données,
22:28et on n'avait même, je dirais, pas les moyens d'analyser la quantité de données qui arrivaient.
22:32Alors là, on a investi mal dans les serveurs, les choses comme ça.
22:34Mais finalement, on est allé très vite, alors c'est bien.
22:36Mais maintenant, on est dans la phase de réflexion et d'amélioration de ces choses-là.
22:40Il faut travailler sur la réflexion, sur ces aspects-là.
22:44Et c'est à ça que sert ce laboratoire pour l'Internet des Objets Appliqués à l'Environnement,
22:49basé à Clermont-Ferrand.
22:51Merci beaucoup. Merci à tous les deux d'être venus nous le présenter.
22:53On passe à notre rubrique consacrée aux start-up écoresponsables.
23:03Smart Ideas, la chronique de l'innovation écoresponsable avec Jean-François Deschamps.
23:07Bonjour.
23:08Bonjour.
23:09Bienvenue. Vous êtes le cofondateur d'Élicite Plante, entreprise charentaise créée en 2017.
23:13Avec quelle idée de départ ?
23:15L'idée de départ, c'est d'utiliser des phytostérols,
23:18qui sont des molécules spécifiques aux plantes, un peu l'équivalent des cholestérols,
23:23qui sont dans les parois cellulaires des plantes,
23:25et qui sont utilisées par les plantes pour réagir à des stress.
23:29Naturellement, elles utilisent ça pour réagir.
23:32En fait, la plante ne peut pas bouger.
23:34Donc, elle a des mécanismes de protection, de réaction au stress,
23:38et les phytostérols sont des molécules clés de réaction.
23:42Et donc, vous avez mis au point un procédé. Pourquoi ? Pour stimuler cette réaction ?
23:45Alors, ce qui est très intéressant, c'est que ces molécules étaient parfaitement connues des scientifiques
23:51depuis pratiquement plus de 30 ans,
23:53mais jamais personne n'avait réussi à les exporter en plein champ,
23:57parce que c'est des molécules, des lipides, donc grasses.
24:00Donc, vous voyez un petit peu, quand vous mettez une goutte d'huile dans de l'eau, ce que ça fait.
24:04Donc, c'est difficile à disperser sur les plantes.
24:06Et nous, le secret, le verrou que l'on a fait sauter, technologique,
24:09c'est de pouvoir pulvériser en plein champ, à grande échelle,
24:14ces molécules pour faire réagir les plantes en anticipation.
24:18Qu'est-ce qui se passe quand vous avez pulvérisé votre produit ?
24:22Comment réagit la plante ? Qu'est-ce qu'elle fait, en fait ?
24:24En fait, c'est un peu le même principe qu'un vaccin,
24:27puisqu'on introduit des quantités très faibles de ces phytostérols,
24:30mais comme pour un vaccin pour l'homme, cela déclenche une réponse métabolique dans la plante,
24:35qui permet de mieux résister à des plantes.
24:37Et ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que c'est préventif,
24:40mais que ça dure tout le cycle de vie de la plante.
24:43Et même pour des feuilles, par exemple, qui n'existent pas encore.
24:46Et c'est démontré à la fois parfaitement par la science,
24:51et en plein champ par les différents essais que nous avons menés.
24:55Ça permet aux plantes de se prémunir contre quoi ?
24:58Je parlais de stress hydrique dans les titres.
25:01Il n'y a que ça ou il y a d'autres possibilités, maladies éventuelles ?
25:05Tout à fait. Alors, très bonne question.
25:07En fait, ce qu'il y a de particulier avec les phytostérols,
25:09c'est qu'ils sont propres à chaque espèce de plante et propres à chaque stress.
25:13Donc, nous, notre première génération de produits,
25:15elle a été plutôt focalisée sur les grandes cultures,
25:19donc maïs, soja, tournesol, et plutôt pour des stress hydriques,
25:24donc un peu le manque d'eau.
25:26Mais là, on est en train de développer des nouvelles générations
25:28pour plus de cultures et tout stress climatique.
25:31D'accord. Donc, ça pourra concerner de plus en plus de plantes
25:35et pour plusieurs types de défenses.
25:38Vous venez de recevoir le trophée des futurs licornes remis par nos confrères de Challenge.
25:42Bravo, félicitations.
25:44Au-delà du coup de projecteur médiatique,
25:48vous êtes dans un moment où tout le travail qui a été fait
25:52est en train d'éclore puisqu'on parle de plantes ?
25:56Oui, c'est fantastique ce qui nous arrive
25:58parce que ce type de business, c'est quand même compliqué
26:02parce qu'on est sur de la science du vivant.
26:04On est sur des temps longs parce qu'il n'y a qu'une ou deux saisons en agriculture.
26:08Au Brésil, il y a deux voire trois saisons,
26:10mais en Europe, il n'y a plutôt qu'une saison.
26:12Donc, tout ça prend énormément de temps.
26:14Il y a une réglementation qui est très stricte,
26:16qui est différente d'un continent à un autre,
26:19qui évolue.
26:21Donc, pour mettre au point un produit comme le nôtre,
26:24il faut en général une dizaine d'années
26:27et pouvoir le commercialiser.
26:29Ce qui s'est passé depuis un an,
26:31c'est qu'on a obtenu des autorisations de mise sur le marché.
26:34Dans un premier temps au Brésil, puis dans toute l'Europe.
26:37Initialement, on avait France et puis Ukraine.
26:39Et donc là, on est en phase de commercialisation à grande échelle
26:42sur tous ces pays.
26:44Avec une levée de fonds dans les tuyaux, c'est ça ?
26:46Voilà, on est en train de finaliser une levée de fonds
26:48pour accélérer notre développement à l'international
26:50avec l'objectif de faire une centaine de millions d'euros
26:53de chiffre d'affaires assez rapidement.
26:55Votre entreprise est labellisée Lucy 26000,
26:58qui est un label de quoi ?
27:00Des co-responsabilités, on peut dire ça comme ça ?
27:02C'est le pendant d'une certification ISO 26000,
27:05qui a une responsabilité sociétale et environnementale
27:08pour la société.
27:11Notre fierté, c'est dans notre business model,
27:14c'est qu'on reverse trois fois plus de valeurs créées
27:18aux agriculteurs.
27:20C'est-à-dire que quand on gagne 100,
27:22l'agriculteur, il gagne 300.
27:24Et ça, c'est très important
27:26parce que les agriculteurs sont les premiers exposés
27:29aux impacts du changement climatique sur la planète.
27:31Et ça, c'est vrai partout sur la planète,
27:33en France, dans les pays de l'Est,
27:35mais aussi au Brésil, en Chine, aux États-Unis.
27:37Merci beaucoup, Jean-François Deschamps,
27:39et à bientôt sur The Smart for Change.
27:41Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:44Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
27:47Je vous dis à demain pour une nouvelle émission.