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Le coordinateur de La France insoumise et député LFI-NFP des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard, était l'invité du Live Switek. Il a répondu à des questions sur le gouvernement de Michel Barnier, sur l'immigration et sur le Liban, entre autres. 

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00:00On y reviendra dans une seconde. Je vous le disais, vous faites peur, je voulais vous lire les confidences d'un ministre ce matin dans le Parisien, je ne sais pas si vous l'avez lu, voilà ce qu'il dit.
00:08Le risque pour cet après-midi, pour ce discours de politique générale, c'est que la France insoumise rende cette déclaration de politique générale complètement impossible à tenir,
00:16que le Premier ministre soit systématiquement coupé, qu'il n'arrive plus à lire son discours, qu'on ait des drapeaux palestiniens, des suspensions de séances.
00:22Est-ce que c'est ça l'accueil que vous allez résoudre, Michel Barnet ?
00:25Tout ça est ridicule. Je veux quand même dire que ce n'est pas un jeu, ce dont on est en train de parler, mais effectivement, il y a quelque chose de tout à fait incongru.
00:34Avoir un Premier ministre qui, en vérité, est un usurpateur du point de vue du résultat des élections législatives, tenir cet après-midi un discours de politique générale.
00:43Mais la réponse que nous apportons à cette usurpation, elle est par l'utilisation des moyens institutionnels à notre disposition.
00:51C'est la raison pour laquelle nous allons déposer une motion de censure. Ça sert justement à répondre à ce qui me semble être une usurpation.
00:57Et c'est la motion de destitution que nous avons déposée du Président de la République qui sera examinée demain en commission des lois.
01:03Et cette manière d'essayer de caricaturer la France insoumise, comme le fait ce ministre, ne correspond pas du tout à notre manière de faire de la politique.
01:10Mais donc, vous dites, vous nous dites, vous me dites ce matin à Laurent Neumann et à Amandine Attalaya que je salue et qui m'accompagnent ce matin,
01:16vous dites que cet après-midi, la France insoumise va se tenir à carreau.
01:19Mais la France insoumise, le sujet ce n'est pas qu'elle se tienne à carreau ou pas, la France insoumise, elle marquera bien évidemment sa désapprobation,
01:25son désaccord majeur avec le fait que M. Barnier, issu d'une formation politique qui a fait moins de 6% des voix à la dernière élection législative,
01:32soit aujourd'hui en charge de la politique de la nation. Et puis surtout, nous répondons sur le fond aux propositions qui seront faites par M. Barnier
01:42et dont certaines, je n'en doute pas, même si je ne connais pas la teneur du discours de politique générale à cet instant,
01:47ne manqueront pas d'avoir notre désapprobation.
01:49Mais est-ce que vous pourriez en approuver certaines ?
01:51Je reviens sur ce que disait Mathieu Koach à l'instant en direct de l'Elysée.
01:54D'après nos informations, hausse d'impôts sur les plus hauts revenus, une surtaxe sur les grosses entreprises, une taxe sur les rachats d'actions, une taxe sur les énergéticiens.
02:04C'est assez cosmétique.
02:06C'est gauche ça.
02:06Mais attendez, on verra, mais moi s'il y a une mesure qui va dans le bon sens, je ne vois pas pourquoi, je ne la reprendrai pas, donc ce n'est pas le sujet.
02:13Mais en l'occurrence, si j'en crois les pistes qui ont été évoquées dans la presse, la taxe sur les rachats d'actions, ça fait depuis des mois et des mois qu'on en parle.
02:20Si elle voit effectivement le jour...
02:22Il faut rappeler le principe, je vais volontairement caricaturer pour simplifier les choses, c'est une entreprise qui rachète ses propres actions d'une certaine manière pour les détruire
02:31et pour faire augmenter le cours en bourse et donc les dividendes de ses actionnaires.
02:36Exactement, ça fait quand même depuis plusieurs années qu'Emmanuel Macron avait promis une action contre les rachats d'actions.
02:41Je crois que si cette taxe voit le jour, si l'on croit les estimations qui ont été faites, on parle de 200 à 300 millions de recettes.
02:47Il faut quand même comprendre de quoi on parle en termes de volume.
02:49Le gouvernement a fixé un objectif de déficit pour 2025 autour de 4%, d'accord ?
02:55Nous sommes aujourd'hui, parce que les macronistes ont fait n'importe quoi, nous sommes aujourd'hui avec un déficit qui est à plus de 6%.
03:01Si vous voulez récupérer 2 points de PIB dans le déficit pour l'année prochaine, il faut faire 60 milliards d'euros d'économie, c'est de ça dont on parle.
03:09Donc on peut amuser la galerie avec une taxe sur les rachats d'actions de 200 à 300 millions d'euros, mais je crois que tout le monde aura…
03:15Il n'y a pas que ça, est-ce que vous citez ?
03:16Les hausses sur les plus hauts revenus, c'est 3 milliards, une surtaxe sur les grosses entreprises, ça pourrait être 8 milliards, enfin c'est pas…
03:22On va voir ce qu'il en est, mais là aussi, vous dites une surtaxe pour les entreprises, si j'en crois la piste qui a été évoquée,
03:30il s'agit de remettre le taux sur l'impôt sur les sociétés au taux auquel il était avant qu'Emmanuel Macron arrive au pouvoir,
03:36de manière exceptionnelle, pour un an, c'est de ça dont il s'agit.
03:40Donc d'abord peut-être qu'il faut se dire que s'il s'agit de le remettre, c'est que manifestement c'était une mauvaise décision de le baisser pour les grandes entreprises.
03:48Donc peut-être qu'à un moment, ce serait bien qu'on puisse faire un petit peu le bilan des décisions qui ont été prises.
03:52J'observe qu'il y avait eu plein d'annonces et plein de pistes qui avaient été évoquées, le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune par exemple,
03:58ou la hausse de l'impôt sur le revenu pour les plus hauts revenus, que tout ça a déjà été balayé d'un revers de la main.
04:03Mais surtout, je dis, une fois qu'on va avoir mis ces 6 ou 7 milliards d'euros de recettes supplémentaires, où le gouvernement a-t-il l'intention d'aller chercher les 50 milliards ?
04:10Je suis sûr que c'est la question que va vous poser Laurent Deman.
04:12Oui, parce qu'effectivement, il y a les hausses d'impôt d'un côté et il y a la baisse des dépenses publiques de l'autre.
04:18Or, à l'heure où on se parle, et c'est pour ça qu'on attend tous avec impatience le discours de politique générale de Michel Barnier, c'est que cet après-midi,
04:25le Premier ministre sort de l'ambiguïté. La baisse des dépenses publiques, est-ce que vous y êtes favorable ? Et si oui, lesquelles ?
04:31Je ne sais pas si vous avez des idées sur ce terrain-là. Moi, je ne connais pas celles de Michel Barnier à l'heure où on se parle.
04:36Je ne connais pas celles de Michel Barnier non plus. Et je ne crois pas une minute que vous allez faire 50 milliards d'économies dans les dépenses publiques,
04:44en supprimant quelques agences ou des doublons ou je ne sais pas quoi. La vérité, c'est que ce qui se prépare, et ça, les Français doivent le comprendre,
04:51c'est des coupes jamais vues dans les budgets d'un certain nombre de ministères. Ça a commencé cette année. Cette année, il y a déjà eu des crédits qui ont été gelés.
04:59Et le gel de ce crédit va se confirmer. Et pour être très concret, c'est l'enseignement supérieur et la recherche qui se voient amputés déjà d'une partie significative de son budget.
05:09C'est les Outre-mer. Quand on connaît la situation en Martinique, par exemple, ces derniers temps, autour des mobilisations contre la vie chère, c'est le ministère des sports.
05:17Il me semble que pendant les Jeux olympiques, on a dit « c'est super, il y a plein de jeunes qui vont vouloir faire comme Léon Marchand ».
05:22Sauf que le problème, c'est que quand vous aurez coupé les budgets du sport, il n'y aura pas de place dans l'économie du sport.
05:27Ça va être plus que l'austérité. Ça va être l'ultra-austérité. Ou alors, il ne va pas tenir les objectifs qu'il s'est lui-même fixés du retour à un déficit de 4 %.
05:36Et je veux quand même vous dire que les 60 milliards d'euros qu'il manque pour pouvoir tenir les objectifs de déficit, ça correspond exactement aux 60 milliards de recettes
05:46auxquelles Emmanuel Macron a renoncé depuis qu'il est arrivé au pouvoir en supprimant des impôts, l'impôt de solidarité sur la fortune, en faisant des cadeaux aux grandes multinationales.
05:55Donc maintenant, vous me posez la question de savoir si moi j'ai des idées. Je vous en donne une.
05:58Il y a plus de 200 milliards d'euros chaque année d'aides aux entreprises qui sont données sans aucun contrôle, sans aucune contrepartie,
06:05sans aucune vérification de si ça fonctionne ou si ça ne fonctionne pas, sans aucun ciblage entre les grandes entreprises et les petites et les moyennes entreprises,
06:12là où il y a beaucoup d'argent à aller chercher.
06:14– Bon, sur l'État de droit, parce qu'il y a eu ces propos hier, on attend aussi Michel Barnier là-dessus,
06:19évidemment, il y a eu ces propos de Bruno Rotailleau, le ministre de l'Intérieur,
06:22qui expliquait que l'État de droit, ce n'était pas sacré, que l'État de droit n'était pas intangible.
06:26Il y a un communiqué de presse qui tombe à l'instant du ministre de l'Intérieur, je vais vous le lire,
06:30le sujet de la protection et de la sécurité des Français est trop sérieux et trop grave pour être instrumentalisé par de faux débats.
06:35Il faut regarder la réalité en face, nous le devons aux Français, comme l'a rappelé Michel Barnier.
06:39Aujourd'hui, le droit ne protège pas suffisamment les Français, c'est ce que dit Bruno Rotailleau.
06:44Bien sûr qu'il ne peut y avoir de démocratie sans État de droit, sans que la puissance publique ne respecte le droit et les libertés.
06:49C'est là le fondement de notre République. Lorsque les textes en vigueur ne garantissent plus tous les droits,
06:54ils doivent évoluer dans le plein respect des institutions.
06:57C'est ce que nous demandent les Français, c'est ce que nous ferons sous l'autorité du Premier ministre.
07:00L'incident est clos ou pas ?
07:02Non, mais l'incident n'est pas clos.
07:04Moi, à un moment, il va falloir quand même que tout le monde sorte de l'hypocrisie.
07:08C'est-à-dire que depuis maintenant 15 jours, il y a eu un certain nombre de prises d'opposition de M. Rotailleau,
07:14dans la lignée d'ailleurs de ces prises d'opposition précédentes, qui sont tout à fait inacceptables.
07:18Et vous avez, dans le camp macroniste, des gens qui font un tweet par-ci, un tweet par-là.
07:22À un moment, il faut assumer ses convictions.
07:25Si on est en désaccord avec les positions qui ont été défendues par M. Rotailleau, c'est mon cas.
07:29Il y a une solution de l'exprimer, c'est voter la motion de censure qui va être déposée.
07:32Parce que les gens qui font des tweets...
07:34Donc vous dites aux députés macronistes...
07:36Je suis mal à l'aise, je ne sais pas tout à fait bien ses propos, etc., mais qui après rentrent à la maison, voilà.
07:40Donc moi, je leur dis aux députés macronistes qui sont mal à l'aise avec les positions de M. Rotailleau,
07:44allez au bout de vos convictions si vous en avez.
07:46Allez au bout de vos convictions, votez la motion de censure.
07:48Est-ce que pour vous, ça va au-delà des symboles, ce que dit Bruno Rotailleau ?
07:51Parce que ça peut aussi être une vision d'une sorte de ministère de la parole où il envoie des messages très forts,
07:56mais dans les faits, pour l'instant, il n'a pas annoncé de mesures extrêmement concrètes.
08:00Vous pensez qu'il pourra vraiment mettre des choses en place ?
08:03C'est vrai qu'il n'a pas annoncé de mesures concrètes.
08:05Mais les mots ont un sens, madame.
08:07Excusez-moi, quand vous dites qu'il y a des Français de papier,
08:10ça, peut-être que c'est qu'un symbole, mais c'est un symbole qui fait beaucoup de mal à notre pays.
08:14Quand vous, en gros, dénigrez l'immigration de manière générale,
08:18quand vous savez, par exemple...
08:20L'immigration n'est pas une chance pour la France.
08:21Quand vous savez, par exemple, qu'un emploi sur dix, aujourd'hui, en France, est exercé par un immigré,
08:26je peux vous dire, moi, les immigrés, plutôt de les stigmatiser de manière générale,
08:29on ferait mieux de les remercier et de les féliciter.
08:31Parce que sans eux, et souvent, ils occupent des emplois qui sont essentiels à la vie de la nation.
08:35Quand vous les pointez du doigt comme ça,
08:37quand vous dites que l'État de droit n'est pas une fin en soi,
08:39mais ça, est-ce que c'est l'État de droit ?
08:41C'est le fait qu'il y ait une justice indépendante,
08:44c'est le pouvoir, enfin, juste, c'est les bases de la démocratie.
08:46Et ceux qui, en Europe, ont remis en cause l'État de droit,
08:49on les trouve en Hongrie avec Monsieur Orban,
08:51on les a trouvés en Pologne,
08:52et franchement, ça s'est traduit par des attaques contre l'indépendance de la justice,
08:57par des remises en cause des libertés fondamentales.
08:59Et le ministre de l'Intérieur, c'est aussi celui qui est chargé de faire respecter nos libertés fondamentales.
09:04Mais qu'est-ce que vous craignez, pour cet après-midi, sur l'immigration ?
09:06Parce que, pour l'instant, on a eu les mots de Bruno Retailleau.
09:08Qu'est-ce que vous craignez comme mesure de la part de Michel Barnier ?
09:10Mais moi, je ne crains rien, j'attends de voir ce qui va être dit.
09:12Mais par exemple, s'il confirme sa volonté de remettre en cause l'aide médicale d'État,
09:18je voudrais quand même qu'on s'arrête un instant sur cette disposition.
09:23Tous les gens qui réfléchissent deux minutes sur ce sujet
09:26savent que c'est la pire idée qu'on ait jamais vue.
09:28Parce qu'on nous dit que ça permet de faire des économies.
09:31Tout le monde sait que ce n'est pas vrai.
09:32Parce que si vous ne soignez pas une pathologie dès qu'elle est détectée,
09:35vous êtes obligés de la soigner à la fin,
09:37et que la prise en charge va coûter plus cher,
09:39parce que la pathologie s'est aggravée,
09:41qu'il y a des risques de pathologie qui soient contagieuses.
09:44Les virus ne savent pas si vous avez des papiers ou si vous n'en avez pas.
09:48Donc une personne qui n'a pas de papiers, il vaut mieux la soigner tout de suite.
09:51Tous les médecins, les anciens ministres de la Santé,
09:53tout le monde vous dit que ça ne marche pas.
09:55Mais le RN propose ça, et pour envoyer un signal au RN,
09:58vous avez M. Barnier qui dit qu'il n'y a pas de tabou sur ce sujet.
10:01Si, il y a un tabou sur ce sujet, mais parce que ce n'est pas un tabou,
10:03mais parce que c'est ridicule.
10:05De votre côté, vous avez fait peur à certains Français cette semaine
10:08via les propos de Lucie Castet,
10:10quand elle a dit qu'elle souhaitait régulariser tous les sans-papiers.
10:13Lucie Castet a dit...
10:15Y compris ceux qui ne travaillent pas, répondait-elle dans cette interview
10:17face à Benjamin Duhamel.
10:19Vous êtes sur cette position ?
10:21Lucie Castet est d'accord avec la position du programme,
10:23parce que depuis elle a précisé ce qu'elle voulait dire.
10:25Mais la position que nous défendons,
10:27c'est d'abord le fait que oui,
10:29toute personne qui a un contrat de travail,
10:31parce qu'il y a une forme d'hypocrisie totale,
10:33qui paye des cotisations sociales,
10:35mais qui ne dispose pas, en quelque sorte,
10:37de la possibilité d'avoir droit aussi à la solidarité nationale.
10:41Donc oui, bien sûr...
10:43C'est intéressant d'ailleurs, si vous me permettez de vous interrompre.
10:45Vous êtes exactement sur la même ligne que Gérald Darmanin,
10:47qui a dit quoi ?
10:49Je résume ses propos.
10:51Le Rassemblement national est pour la préférence nationale.
10:53Moi, dit-il, je suis pour la préférence aux travailleurs,
10:56c'est-à-dire des papiers pour les étrangers qui travaillent en France.
11:02C'est exactement ce que vous venez de dire.
11:04Non, parce qu'il y a la suite de ma réponse,
11:06que vous ne m'avez pas laissé faire,
11:08mais je m'arrête un instant sur ce sujet.
11:10Si M. Darmanin est dorénavant pour la régularisation
11:12de l'ensemble des travailleurs sans papiers,
11:14puisque c'est ma position,
11:16peut-être qu'il aurait pu le faire quand il était ministre de l'Intérieur.
11:18Pour le reste, je pense que les régularisations,
11:20elles doivent aussi, comme Lucie Casté,
11:22concerner par exemple les parents
11:24qui ont des enfants qui sont scolarisés.
11:26Parce que quand vous avez un enfant qui est à l'école
11:28et que vous vous retrouvez avec les parents expulsés,
11:30je pense que tout le monde peut comprendre
11:32que c'est un problème.
11:34Je ne suis pas pour seulement la régularisation par le travail.
11:36Il doit y avoir d'autres critères aussi de régularisation.
11:38Je crois que c'est la position de Lucie Casté.
11:40En tout cas, c'est la mienne.
11:42Une précision.
11:44Il n'y aura pas de vote de confiance.
11:46Michel Barnier ne demandera pas la confiance de l'Assemblée.
11:48De toute façon, il n'y aura pas de majorité absolue.
11:50Donc, vous allez déposer une motion de censure.
11:52Ce sera fait dans la foulée ?
11:54Ce sera fait dans la foulée, oui.
11:56Dans les jours qui viennent, on verra précisément.
11:58Vous savez, en fonction du moment où vous déposez,
12:00c'est le moment auquel va avoir lieu le débat de la censure.
12:02Est-ce que vous ferez le tri
12:04dans ceux qui voteront cette motion de censure ?
12:06Est-ce que vous dites, y compris Horen, venez voter ?
12:08Je dis aux 577 députés,
12:10votez la motion de censure
12:12pour renverser le gouvernement, bien évidemment.
12:14Enfin, qu'est-ce que c'est ?
12:16Je me suis adressé au macroniste tout à l'heure.
12:18Je leur ai dit, si vous êtes vraiment dérangé
12:20par l'orientation macro-lepéniste
12:22de ce gouvernement...
12:24Non, parce que vous avez reproché au macroniste
12:26à un certain moment, justement,
12:28d'accepter les voix du RN.
12:30Non, mais moi, je n'ai pas le pouvoir de les accepter
12:32ou de ne pas les accepter. Je dépose une motion de censure
12:34et pour que cette motion de censure soit adoptée,
12:36il faut qu'elle soit votée par une majorité de députés.
12:38Donc, ça s'adresse aux 577 députés
12:40en leur disant,
12:42votez la motion de censure,
12:44faites tomber ce gouvernement de Michel Barnier
12:46et moi, je la dépose avec la volonté de rétablir la démocratie.
12:48Il n'y a pas une forme d'hypocrisie, là ?
12:50Parce qu'en gros, vous dites, si le RN dépose une motion de censure,
12:52nous, on ne la votera pas.
12:54J'en dépose une et vous appelez le RN à voter la vôtre.
12:56Mais Laurent Neumann, pardonnez-moi,
12:58nous sommes la coalition qui dispose
13:00du plus grand nombre de députés à l'Assemblée nationale.
13:02C'est quand même normal que ce soit nous
13:04qui déposions la motion de censure.
13:06Mais pour qu'elle marche, il faut que le RN la vote avec vous.
13:08Oui, très bien, mais qu'il la vote.
13:10Donc, vous ne voulez pas voter la leur,
13:12mais vous attendez qu'ils lui votent la vôtre.
13:14Ils ont déposé une motion de censure, le rassemblement national ?
13:16Par le passé, vous n'avez pas voté les leurs
13:18et demain, le Frati,
13:20vous ne la voteriez pas.
13:22C'est ce que j'observe.
13:24Si ils la déposent, qu'est-ce que vous allez faire ?
13:26Ce que j'observe, c'est qu'ils ne déposent pas de motion de censure.
13:28Mais vous n'excluez pas d'en voter une du RN s'ils en déposent une ?
13:30Attendez, ce qui devrait quand même intéresser,
13:32je crois, parce que c'est quand même le plus important,
13:34les électrices et les électeurs
13:36du rassemblement national,
13:38qui ont quand même voté pour le rassemblement national
13:40sur l'idée que voter pour Bardella
13:42et ses candidats, c'était
13:44permettre la rupture avec la politique d'Emmanuel Macron
13:46et qui, aujourd'hui, servent de béquille
13:48à la poursuite de la politique macroniste en France.
13:50Ça, c'est quand même, à mon avis,
13:52un peu plus important.
13:54C'est-à-dire que les électrices et les électeurs du RN,
13:56ils ont été trahis.
13:58Et je pense que ce serait bien qu'ils s'en rendent compte.
14:00Manuel Bonpart, l'actualité ce matin,
14:02ce sont ces combats violents en cours dans le sud du Liban
14:04entre l'armée israélienne, qui a pénétré sur le territoire
14:06libanais cette nuit, et l'ESBOLA.
14:08On a ces images en direct,
14:10images en direct de Beyrouth,
14:12pour le coup, à l'instant.
14:14Est-ce que vous reconnaissez, ce matin,
14:16le droit d'Israël à se défendre
14:18face au ESBOLA ?
14:20Il faut dire les mots.
14:22Ce qu'on a sous les yeux, ça s'appelle une invasion.
14:24On a franchi une frontière.
14:26Et franchir une frontière en droit international,
14:28c'est juste inacceptable et insupportable.
14:30Si vous voulez régler
14:32telle ou telle question, vous le réglez
14:34par la question du droit international.
14:36Vous ne le réglez pas en franchissant une frontière.
14:38Et moi, ce que je souhaite, c'est que la France condamne,
14:40dénonce ce que fait
14:42aujourd'hui l'armée israélienne,
14:44qu'elle se tienne aux côtés du peuple libanais,
14:46aux côtés de la nation libanaise,
14:48aux côtés de l'armée libanaise,
14:50parce que c'est l'armée libanaise qui a le droit de se défendre
14:52et d'empêcher cette invasion.
14:54L'armée libanaise est exsangue
14:56et particulièrement mal entraînée
14:58et particulièrement mal équipée.
15:00La FINUL, la force des Nations Unies,
15:02elle n'a rien fait
15:04ou quasiment contre le ESBOLA ces dernières années.
15:06Et Israël nous dit,
15:08ça fait un an, notamment, qu'on est bombardés
15:10quotidiennement par les roquettes du ESBOLA
15:12qui viennent de cette zone.
15:14Vous avez commencé par dire,
15:16quand je vous pose la question, est-ce que vous reconnaissez le droit d'Israël
15:18à se défendre contre l'ESBOLA, vous dites non, pas du tout.
15:20Je dis qu'envahir
15:22le territoire libanais,
15:24violer la souveraineté du Liban
15:26sur son propre territoire,
15:28ce n'est pas une manière de se défendre, c'est une manière d'attaquer.
15:30Donc il ne faut pas renverser la charge
15:32de la responsabilité. Si maintenant,
15:34vous voulez une solution qui permette d'obtenir
15:36le désarmement du ESBOLA,
15:38la possibilité et le respect de l'intégrité
15:40du territoire libanais, la fin de la colonisation,
15:42le retrait d'Israël
15:44des territoires libanais occupés,
15:46peut-être que vous ne le savez pas, mais il y a
15:48des territoires libanais aujourd'hui occupés
15:50par l'état d'Israël en violation de l'ensemble
15:52des résolutions du droit international.
15:54Si vous voulez obtenir ça, il doit y avoir un cessez-le-feu,
15:56cessez-le-feu au Liban, cessez-le-feu
15:58à Ghana et un processus politique avec
16:00le droit international.
16:02Pas je décide d'envahir une frontière,
16:04je massacre une population,
16:06il y a un million
16:08de Libanais qui sont déplacés aujourd'hui
16:10dans les 6 millions que contient la population
16:12libanaise, peut-être que ça devrait vous intéresser,
16:14il y a eu plus d'un millier de morts,
16:16il y a des enfants, il y a deux Français qui sont morts
16:18à Beyrouth.
16:20On en parle absolument tous les jours.
16:22Je ne vous dis pas que je n'en parle pas, je suis sûr que vous vous dites que c'est ça le sujet.
16:24Et donc la France, elle doit dire stop à Netanyahou.
16:26Sauf que vous vous dites que c'est ça le sujet, le sujet c'est aussi
16:28Israël qui reçoit quotidiennement
16:30les requêtes du ESBOLA depuis
16:32le 8 octobre, parce que l'ESBOLA a décidé
16:34d'être en solidarité avec le Hamas.
16:36Si tout ça s'arrête, qu'est-ce qu'il faut faire ?
16:38Qu'est-ce qu'il faut faire si vous voulez que tout ça s'arrête ?
16:40Vous devez avoir un processus politique,
16:42vous devez avoir la fin de la
16:44colonisation par Israël
16:46de la Cisjordanie, vous devez avoir
16:48la fin de l'invasion israélienne sur la bande de Gaza,
16:50vous devez avoir la fin.
16:52Et à ce moment-là, vous avez un processus de paix
16:54avec la possibilité pour Israël
16:56de vivre en sécurité, ce que je suis en train de répondre
16:58précisément à la question que vous allez me
17:00reposer, et la possibilité pour le peuple
17:02palestinien disposer d'un état.
17:04Mais moi, je défends la même position
17:06que la position qui est celle de la
17:08diplomatie française, peut-être que là aussi
17:10vous ne le savez pas. Est-ce que vous savez qu'Emmanuel Macron
17:12s'est rendu au Liban en 2020 et qu'il a rencontré
17:14le chef du groupe parlementaire du ESBOLA ?
17:16Est-ce que vous le savez ?
17:18Et quand on lui a posé la question
17:20de savoir pourquoi il rencontrait
17:22le chef d'un groupe parlementaire
17:24d'une organisation terroriste, le journaliste lui a
17:26posé cette question, il a dit mais
17:28l'ESBOLA fait partie de la démocratie
17:30libanaise, il dispose de députés,
17:32ils ont des ministres dans le gouvernement
17:34libanais, et il faut discuter avec tout le monde.
17:36Et donc vous reconnaissez que c'est aussi
17:38une organisation terroriste ?
17:40Mais je ne reconnais rien moi,
17:42je reste calé sur la position qui est la
17:44position de la diplomatie française,
17:46et la position de la diplomatie française...
17:48Ce qui n'est pas toujours le cas,
17:50la France insoumise n'est pas toujours alignée
17:52sur la position de la diplomatie française.
17:54Depuis un an, c'est surtout que la position de la diplomatie
17:56française est en rupture avec la position
17:58traditionnelle de la diplomatie française.
18:00Mais ça ne vous coûte toujours de dire que c'est une organisation
18:02terroriste, quand il y a eu les attentats
18:04du Drakkar, quand il y a eu Katy, la Rudren, etc.
18:06Mais ça ne me coûte rien,
18:08la branche, il faut prendre
18:10les termes tels qu'ils sont, la branche armée du ESBOLA
18:12est considérée par l'organisation,
18:14par l'Union Européenne comme une organisation terroriste.
18:16Mais il y a une branche politique du ESBOLA
18:18qui siège au gouvernement, que rencontre
18:20le Président de la République, donc si vous voulez,
18:22si ça vous amuse, vous pouvez dire que ce sont tous des terroristes,
18:24mais à la fin vous n'allez pas régler le problème.
18:26Et si vous voulez régler le problème, parce que
18:28quand même, il y a des gens qui sont victimes
18:30de ce qui est en train de se passer, et si vous voulez
18:32éviter l'embrasement général dans la région,
18:34et si vous voulez faire en sorte
18:36que le Liban, l'intégrité,
18:38la souveraineté territoriale du Liban soit
18:40préservée, que le peuple palestinien puisse disposer
18:42d'un État, et que l'État d'Israël puisse
18:44vivre en paix et en sécurité,
18:46si vous voulez obtenir toutes ces conditions-là,
18:48il n'y a pas d'autre solution que la diplomatie.
18:50Et pour obtenir la diplomatie, il faut forcer Netanyahou à
18:52revenir à la table des négociations, et donc il faut
18:54prendre des sanctions, et donc il faut décider
18:56d'un embargo sur les armes, et donc il faut suspendre
18:58les collaborations économiques, parce que
19:00pour l'instant, celui qui refuse de discuter,
19:02il s'appelle M. Netanyahou, et c'est lui qui,
19:04après avoir envahit la bande de Gaza,
19:06massacré des dizaines de milliers de personnes,
19:08après avoir multiplié et continué la colonisation
19:10aussi sur l'Arabie, est en train de s'attaquer,
19:12est en train de s'attaquer,
19:14est en train de s'attaquer.
19:16Mais je ne suis pas en train de vous parler du Hezbollah,
19:18mais je suis en train de vous parler aussi du Hezbollah.
19:20Le gouvernement libanais a dit hier
19:22qu'il fallait un cessez-le-feu, et qu'il appliquerait
19:24la résolution des Nations Unies qui prévoit
19:26le désarmement du Hezbollah.
19:28Sauf qu'il n'en a pas les moyens aujourd'hui.
19:30Mais enfin, c'est incroyable. Mais c'est vrai !
19:32Et donc, qu'est-ce que vous proposez ? Qu'on continue à massacrer tout le monde ?
19:34Non ! Bien sûr que non !
19:36Donc la France, elle doit faire ce qu'elle a à faire,
19:38elle doit faire la diplomatie, elle doit mettre la pression.
19:40Mais vous savez aussi que Benjamin Netanyahou n'écoute en ce moment
19:42personne, à commencer par les Etats-Unis.
19:44Madame, c'est précisément la raison pour laquelle
19:46je vous dis qu'il ne faut pas seulement parler
19:48et qu'il faut créer les conditions d'un rapport
19:50de force, sinon il n'écoutera personne,
19:52il va aller dans une fuite en avant avec encore plus de larmes,
19:54encore plus de douleurs, encore plus de souffrances.
19:56Et moi, pardonnez-moi, je m'indigne de ça.
19:58Et franchement, les petits débats pour savoir comment vous qualifiez
20:00les uns ou les autres n'ont rien à voir par rapport
20:02à la difficulté, à la cruauté
20:04de ce qui se passe là-bas.
20:06Merci Emmanuel Bompard d'avoir été notre amitié ce matin dans le live.

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