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Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, était l’invité du Face-à-Face ce vendredi 29 novembre sur BFMTV et RMC. Il a notamment été interrogé sur les tarifs de l'électricité, sur le budget de Michel Barnier, sur la volonté du Premier ministre de baisser "sensiblement" le panier de soins pris en charge par l'AME mais aussi sur l'altercation à l'Assemblée nationale entre un député Modem et deux députés NFP.

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Transcription
00:00Il est 8h32 sur BFMTV et RMC, mon invité ce matin, le coordinateur de la France Insoumise, Manuel Bompard.
00:16Bonjour à vous. Merci d'être avec nous ce matin. Beaucoup de questions à vous poser sur le budget, sur la censure, sur la réforme des retraites ou encore l'aide médicale d'État.
00:26Je voudrais commencer, Manuel Bompard, par ce recul de Michel Barnier sur l'une des taxes sur l'électricité qui se traduira concrètement par une baisse plus importante des factures pour les Français.
00:36Elles devaient baisser de 9%, elles baisseront de 14% et le RN revendique ce matin une victoire.
00:43Pour autant, est-ce que pour vous, Manuel Bompard, ça reste une bonne nouvelle pour le portefeuille des Français ?
00:48D'abord, il faut dire la vérité, c'est-à-dire que contrairement à ce que dit M. Barnier, cette décision n'est pas une annulation des augmentations prévues de la taxe sur l'électricité.
00:59C'est une partie de l'augmentation qui est annulée ?
01:01Effectivement. Et donc, ce n'est pas vrai de dire que ça va se traduire pour les Françaises et les Français par une baisse de l'électricité.
01:07Ça dépend pour qui en vérité, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui sont aux tarifs réglementés, il y a des gens qui ne le sont pas.
01:11Les gens qui ne le sont pas vont voir précisément le prix de l'électricité augmenter.
01:15Donc, ce n'est pas une bonne nouvelle ?
01:17Non, je ne dis pas que ce n'est pas une bonne nouvelle. Je préfère que ça augmente moins que ce qu'il était prévu d'augmenter dans le budget de Michel Barnier.
01:23Mais ça fait deux fois que M. Barnier nous fait ça. M. Barnier, c'est un peu Joe Lambrouille.
01:27Il vous fait croire que finalement, les taxes sur l'électricité ne vont pas augmenter, mais finalement, elles vont augmenter un peu.
01:31Puis, il vous fait croire que les pensions de retraite vont être revalorisées.
01:35Et puis, vous vous rendez compte quand vous regardez dans les détails que ce n'est pas aussi clair que ça.
01:38Joe Lambrouille, dites-vous, Manuel Bompard.
01:39Oui, bien sûr, parce que je pense qu'il a une manière de présenter des avancées,
01:44alors que c'est lui-même qui a proposé de dégrader la situation sur un certain nombre de sujets.
01:48Il vous fait croire à une grande victoire, alors qu'en vérité, il continue quand même à impacter le pouvoir d'achat des Françaises et des Français.
01:53Non, non, je vais vous dire les choses.
01:54Franchement, dans la discussion budgétaire à l'Assemblée nationale, à notre initiative,
01:58nous, les députés insoumis du Nouveau Front Populaire, nous avions proposé tout simplement de supprimer l'intégralité de l'augmentation des taxes sur l'électricité.
02:05Et vous l'aviez obtenue lors du vote en première lecture à l'Assemblée nationale.
02:08Donc pourquoi le Rassemblement national dit « c'est grâce à nous », vous pourriez vous aussi revendiquer une victoire ?
02:12Mais moi, je revendique effectivement une partie de cette victoire.
02:15Mais sauf que cette victoire, elle serait vraiment une victoire si M. Barnier renonçait totalement à augmenter le prix de l'électricité.
02:23Ce n'est pas ce qu'il fait.
02:24De la même manière qu'il ne renonce pas à reporter la revalorisation des pensions de retraite, puisqu'il le fait en deux temps.
02:29Donc voilà, moi, je vous dis que ce budget reste en l'état, même après les dernières annonces de M. Barnier,
02:36un budget qui va impacter le pouvoir d'achat des Françaises et des Français,
02:39un budget qui va se traduire par des coupes dans la dépense publique et donc dans les budgets d'un certain nombre de ministères.
02:45C'est un budget qui va se traduire par, par exemple, 4 000 postes d'enseignants en moins.
02:48Ça, ça demeure en l'état et que donc, ce budget en l'état est inacceptable.
02:53Et que donc, si M. Barnier sans tête a essayé de le passer par 49-3, alors effectivement, nous déposerons une motion de censure et nous obtiendrons la censure.
03:00Et je reviendrai, M. Bonpart, sur la motion de censure.
03:02Juste d'un mot, un dernier mot sur la taxe sur l'électricité, la partie de la taxe qui est supprimée.
03:08Est-ce que pour vous, M. Barnier le fait pour vous tendre la main, pour discuter avec vous ?
03:13Est-ce que c'est un signe de bonne volonté à l'égard de l'ensemble des oppositions ?
03:17Ou est-ce que vous y voyez un geste plus particulièrement à destination de Marine Le Pen ?
03:20Quand on regarde les autres annonces qu'a faites M. Barnier hier, on voit bien qu'il se tourne vers le Rassemblement national,
03:28comme depuis le début, parce qu'il faut quand même rappeler...
03:30Vous évoquez l'aide médicale d'État notamment, dont il a annoncé hier sensiblement baisser le panier de soins pris en charge pour les sans-abri.
03:38Je veux quand même rappeler que sans le Rassemblement national qui a laissé M. Barnier s'installer, M. Barnier ne serait pas aujourd'hui Premier ministre.
03:45Je vois Mme Le Pen critiquer le budget de M. Barnier, mais la vérité, c'est que si Mme Le Pen avait été cohérente,
03:52c'est-à-dire que si les députés du Rassemblement national avaient voté pour la motion de censure que nous avons déposée au mois de septembre,
03:57alors M. Barnier ne serait pas là et le budget qui est sur la table aujourd'hui n'existerait pas en l'État, c'est un autre budget qui existerait.
04:04Quant à la décision sur l'aide médicale d'État, soyons clairs, M. Barnier a choisi le déshonneur pour éviter la censure.
04:12En vérité, il a le déshonneur et il aura demain la censure. C'est une honte de s'attaquer à l'aide médicale d'État.
04:18Et moi je m'adresse aux députés...
04:20Juste pour expliquer pour ceux qui nous écoutent, l'aide médicale d'État, c'est le mécanisme de prise en charge des soins urgents destinés aux étrangers en situation irrégulière.
04:27Marine Le Pen dit qu'il faut drastiquement baisser le budget de cette aide médicale d'État, mais la droite sénatoriale, il y a un an, réclamait la même chose,
04:35par la voix de Bruno Retailleau, devenu entre-temps ministre de l'Intérieur de ce gouvernement.
04:40Vous avez raison.
04:41Au final, M. Barnier parle à tous ceux qui la réclament, pas simplement à Marine Le Pen.
04:45Très bien, mais ce n'est pas pour ça que c'est une bonne disposition.
04:48Que les choses soient claires, l'aide médicale d'État, aujourd'hui, s'a remise en cause.
04:52Elle est contestée par exemple par à peu près l'ensemble du corps médical.
04:55Pour une raison simple que les gens qui nous écoutent doivent comprendre.
04:58C'est qu'une personne qui est malade, quand elle a un virus, le virus ignore bien de savoir si la personne à côté a des papiers ou un n'en a pas.
05:07Et donc c'est un désastre sanitaire de remettre en cause la prise en charge des soins urgents, parce que c'est à ça que sert l'aide médicale d'État.
05:13Ce n'est pas ce que dit M. Barnier, il dit qu'il faut revoir le panier de soins.
05:16Dans quelle disposition ? Quel panier de soins ?
05:19Il n'est pas précis. Je vous l'accorde sur ce point, il est extrêmement flou.
05:22Mais revoir le panier de soins, c'était l'une des préconisations du rapport Stefanini-Evin, avec un homme de droite, Patrick Stefanini, un homme de gauche, Claude Evin, qui est socialiste,
05:30qui disait tous deux qu'il fallait encourager le resserrement des critères d'éligibilité pour cette aide médicale d'État
05:36et élargir les prestations soumises à un accord préalable de l'assurance maladie.
05:40Écoutez, madame, la vérité, c'est que depuis des mois et des mois, on assiste à une campagne de désinformation sur cette question de l'aide médicale d'État.
05:47C'est-à-dire qu'on fait croire qu'il y aurait des soins qui ne sont pas des soins vitaux ou des soins urgents qui seraient pris en charge par l'aide médicale d'État.
05:54Est-ce que vous savez, par exemple, que la prise en charge par l'aide médicale d'État pour un certain nombre de prestations et de nécessités médicales, elle n'est que partielle ?
06:02Or, on parle de gens qui n'ont pas de mutuel, donc évidemment qu'il n'y a pas d'effet d'aubaine sur l'aide médicale d'État.
06:07Et c'est aussi ce que dit le rapport Évin de Stéphanie, qu'il n'y a pas d'effet d'aubaine et que ce n'est pas un appel d'air.
06:12Il n'y a aucun effet d'aubaine sur ce sujet, y compris d'un point de vue budgétaire et financier.
06:16On parle d'une dépense qui est estimée, je crois, à un milliard d'euros.
06:20C'est de ça dont on est en train de parler.
06:22Ce n'est même pas un pour cent du budget de la Sécurité sociale.
06:25Or, si vous ne soignez pas des gens au début de la maladie, alors à la fin, la maladie va s'aggraver.
06:31Et donc la prise en charge, à la fin, aussi ce que disait ce rapport, va coûter plus cher.
06:35Parce que quand la personne va arriver à l'hôpital aux urgences, sa pathologie se sera aggravée.
06:40Donc c'est un non-sens économique, c'est un non-sens sanitaire et c'est une honte morale.
06:45Et l'argument du Rassemblement national et de la droite, c'est de dire que si des efforts sont demandés à tout le monde, il faut aussi demander des efforts à ceux qui bénéficient de l'aide médicale d'État.
06:52Curieusement, M. Barnier ne demande pas des efforts à tout le monde, ce n'est pas vrai.
06:55Puisque dans la discussion budgétaire, quand nous avons réussi à faire voter un amendement pour mettre à contribution les 147 milliardaires,
07:01ça, je pense qu'on pouvait se dire que 147 personnes qui ont plus d'un milliard d'euros de patrimoine, on peut peut-être les mettre un petit peu à contribution.
07:09Cet amendement, il a été refusé.
07:11Et j'observe que quand Michel Barnier dit qu'il va faire des pas, bizarrement, il ne fait pas ce type de pas.
07:16Donc M. Barnier a choisi que ce budget était un budget qui allait frapper l'ensemble des Françaises et des Français,
07:22plutôt que de concentrer les efforts sur ceux qui ont les moyens de faire les efforts dans une situation budgétaire difficile.
07:28Emmanuel Bompard, considérez-vous qu'à l'heure où on se parle, Michel Barnier est l'otage de Marine Le Pen ?
07:32Je considère que Michel Barnier est surtout en sursis.
07:35C'est-à-dire que je pense que Michel Barnier, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
07:39essaye de se sauver et que pour ça, il ne recule devant aucun déshonneur et qu'en vérité, il aura perdu son honneur.
07:46Mais il sera quand même censuré la semaine prochaine.
07:49M. Barnier va tomber. C'est ça la réalité.
07:51Vous n'avez aucun doute là-dessus ?
07:53Pour vous, dans une semaine pile, vendredi prochain, il n'est plus Premier ministre.
07:56C'est effectivement ce que je crois.
07:58Et d'ailleurs, j'observe qu'il a beau dire qu'il fait des gestes, des pas, en face, Mme Le Pen continue à mettre des lignes rouges.
08:06Donc si Mme Le Pen et les députés du Rassemblement national ne censurent pas le gouvernement de Michel Barnier,
08:11ils auront à nouveau trahi les Françaises et les Français.
08:14Emmanuel Bompard, précisément, puisqu'on parle du Rassemblement national,
08:16quand vous les voyez s'attribuer des victoires dans le cadre des discussions budgétaires,
08:19est-ce que vous avez une forme de regret ?
08:21Est-ce que vous vous dites, nous aussi, on aurait peut-être pu obtenir quelque chose ?
08:24Ou est-ce que pour vous, le dialogue avec Michel Barnier était de toute façon impossible ?
08:28Et j'anticipe un peu votre réponse parce que vous l'avez évoqué en parlant de cette taxe sur les milliardaires.
08:34Pour vous, il n'y avait aucune possibilité de dialogue, d'inflexion de la part de Michel Barnier envers la gauche ?
08:40C'est ce que je constate. Monsieur Barnier ne fait aucun pas, aucun geste, ne reprend aucune des dispositions.
08:46Alors quand même, que je veux préciser, nous sommes dans une démocratie parlementaire.
08:50Ce que je veux préciser, c'est que les amendements dont je suis en train de vous parler ont été votés par une majorité de députés.
08:55L'inflexibilité ne vient pas de votre part ? Vous dites que ça repose sur les épaules de Michel Barnier ?
08:59Évidemment. Écoutez, nous, on a accepté quand même un exercice et qu'on est parti de la copie budgétaire de Michel Barnier,
09:04et y compris des contraintes budgétaires qu'il a émis sur la table. Il a dit qu'il fallait faire 60 milliards d'euros d'économies.
09:10Qu'est-ce qu'on lui a proposé ? On lui a proposé un budget dans lequel on faisait rentrer 75 milliards d'euros de recettes nouvelles.
09:16C'est ça la proposition à la fin du débat budgétaire. 75 milliards d'euros de recettes nouvelles.
09:21On avait les 60 milliards d'euros d'économies et il nous restait 15 milliards d'euros pour faire les investissements dont on a besoin
09:27dans la transition écologique, dans le développement des services publics.
09:30M. Barnier et Mme Le Pen, à l'époque quand même, il faut le dire, à l'Assemblée nationale, ont balayé tout ça d'un revers de la main
09:36et sont têtes à faire passer un budget qui fait payer la facture des efforts à faire à tout le monde, à tous les Français, à toutes les Français.
09:44C'est eux qui vont payer le prix de ce budget. Et en plus, ce budget est un désastre économique à venir.
09:48Il y a un rapport de l'OFCE, qui est l'Observatoire des Conjectures Économiques, qui dit que ce budget se traduira
09:55par une baisse de la croissance de la moitié, de 0,8 point.
09:59Les questions de l'économie, on les a déjà, Emmanuel Bompard, avec la CGD qui anticipe 250 plans sociaux en préparation
10:05et jusqu'à 200 000 emplois menacés. Est-ce que, précisément dans ce contexte, un gouvernement faible, un gouvernement démissionnaire,
10:11un gouvernement censuré, pas de budget, est-ce que ça ne fragilise pas encore davantage l'économie française ?
10:18D'abord, vous avez raison de dire qu'on a des annonces et des plans de suppression d'emplois aujourd'hui qui se multiplient
10:24et ce sont des dizaines de milliers d'emplois qui sont menacés. Et qu'à chaque fois, on est à peu près dans les mêmes cas de figure.
10:31Ce sont des entreprises qui font des bénéfices, qui versent des dividendes aux actionnaires, qui ont touché de l'argent public
10:37et qui licencient des salariés. Maintenant, je voudrais quand même corriger, parce que depuis le début de la semaine,
10:42on assiste, comme d'habitude, à des discours catastrophistes. Si le gouvernement de Michel Barnier tombe, son budget tombe aussi.
10:50Mais il y a tout à fait la possibilité d'avoir un nouveau gouvernement avec un nouveau budget.
10:54Un nouveau gouvernement par Lucie Castex ?
10:57Pourquoi pas ? Un gouvernement du Nouveau Front Populaire.
10:59Vous y croyez encore, Emmanuel Macron appelant Lucie Castex et lui confiant les clés de Matignon ?
11:04Je vois bien que M. Macron est prêt à peu près à tout, sauf à nommer le Nouveau Front Populaire.
11:09Mais je vous dis que le respect du résultat des dernières élections législatives dans lesquelles le Nouveau Front Populaire
11:14et la coalition qui est arrivée en tête devraient effectivement conduire à nommer un gouvernement du Nouveau Front Populaire.
11:19Et la candidate que le Nouveau Front Populaire a choisi pour cela, c'est Mme Castex.
11:23Mais tout le monde n'est plus d'accord sur ce point. Emmanuel Bompard vous en convenait.
11:25Olivier Faure dit ne pas être sûr que le président appellera Lucie Castex. François Hollande dit ça n'existe plus.
11:30François Hollande hier, si vous l'avez écouté, il considère même, il va plus loin.
11:35François Hollande, il n'y a pas de majorité pour qu'un Premier ministre issu des rangs du Nouveau Front Populaire puisse être désigné.
11:41J'ai bien vu.
11:42Il est plus lucide que vous, François Hollande ?
11:44Non, je crois que François Hollande a réussi pendant quelques semaines à faire mine qu'il portait le programme du Nouveau Front Populaire.
11:52Et de mon point de vue, il revient et il remet en cause les engagements qu'il a pris devant les électrices et les électeurs.
11:58Mais il va faire de la censure.
11:59Oui, mais je trouve ça problématique d'un point de vue démocratique.
12:02Vous ne pouvez pas défendre pendant une campagne électorale.
12:04C'est une trahison ?
12:05En tout cas, je crois que c'est une trahison du mandat que les électrices et les électeurs de sa circonscription lui ont donné.
12:11Maintenant, oui, je vous dis, je pense qu'il y a la place pour un autre gouvernement, un gouvernement du Nouveau Front Populaire,
12:16qui mettra en place une autre politique.
12:18Et cette autre politique, on en a fait la démonstration pendant le débat sur le budget à l'Assemblée nationale,
12:23qu'elle est sérieuse, qu'elle est crédible, qu'elle est financée et qu'elle nous permettrait enfin de répondre aux grandes priorités qu'on a devant nous.
12:29Je voudrais dire un mot là-dessus quand même.
12:31Le budget de Michel Barnier, il se traduit aussi par des coupes, par exemple, dans les budgets consacrés à la rénovation thermique des logements,
12:38à l'écologie de manière générale.
12:40On a besoin, on devrait être en train de parler de ça.
12:43On devrait être en train de parler de savoir comment notre pays fait face à ce qui est le défi majeur du 21e siècle.
12:48On ne parle pas de ça.
12:49Et à la place, on a un budget qui va encore s'en prendre aux Françaises et aux Français.
12:53C'est aussi un budget qui prévoit des mesures pour l'installation des agriculteurs, pour les retraites agricoles,
12:58qui prévoit l'évolution du barème de l'impôt sur le revenu.
13:01Et donc, sans ce budget, on sait que plus de personnes modestes vont devoir payer l'impôt sur le revenu.
13:06C'est aussi un budget qui prévoit des recrutements de policiers et de magistrats.
13:09Il y a aussi cela dans le budget.
13:10Par exemple, est-ce que vous savez que dans le budget, c'est 5000 postes dans la police judiciaire qui vont être supprimés ?
13:17Est-ce que vous le savez ?
13:18Donc, vous voyez, vous avez M. Retailleau qui dit qu'il y a un problème dans la lutte contre la criminalité organisée.
13:24C'est vrai, il y a un problème dans la lutte contre la criminalité organisée.
13:27Ceux qui sont en charge de la lutte contre la criminalité organisée, c'est en particulier les policiers et la police judiciaire de manière générale.
13:34Et les agriculteurs qui se mobilisent en ce moment, Manuel Bompard, qui rappelle encore à des rassemblements les 9 et 10 décembre.
13:40Parlons des agriculteurs.
13:41Si vous voulez, les agriculteurs se mobilisent en particulier sur deux sujets.
13:45Faire en sorte qu'ils ne soient pas livrés à une concurrence déloyale.
13:48Ça, c'est le Mercosur.
13:49Oui, le Mercosur, mais on a de multiples accords de libre-échange qui ont été votés par les macronistes, par la droite, parfois même par l'extrême droite.
13:56Et de l'autre côté, ils demandent d'avoir un revenu décent, c'est-à-dire la possibilité de vivre de leur production.
14:01Je vous rappelle que l'année dernière, à l'Assemblée nationale, nous avons réussi à faire adopter une proposition de loi pour imposer et instaurer des prix planchers pour les agriculteurs.
14:08Pour ne pas que la grande distribution vienne acheter en dessous du prix de production.
14:12Même Emmanuel Macron avait dit qu'il faudrait des prix planchers.
14:15Et on en est où ?
14:16Ça, ce n'est pas dans le budget.
14:17Vous êtes d'accord ?
14:18Il a la trousse.
14:19Pourtant, c'était il y a un an.
14:20Pourquoi ça n'a pas bougé sur ce sujet ?
14:22C'est malhonnête de venir nous dire que c'est ce budget qui va répondre à la crise agricole.
14:27Pas de votre part.
14:28J'ai entendu le ministre du budget venir nous dire que si vous n'acceptez pas ce budget, à la fin, ça va être la catastrophe.
14:35Je pense que si on accepte ce budget, à la fin, ça va être la catastrophe.
14:39Manuel Bompard, j'aimerais qu'on revienne sur ce qui s'est passé hier dans les travais de l'Assemblée nationale avec deux députés qui ont failli en venir aux mains.
14:44Qu'est-ce qui s'est passé précisément ?
14:47On a entendu tout depuis hier les collègues de ce député dire que c'est parce qu'il subit un harcèlement et qu'il reçoit des menaces jusqu'à son propre domicile.
14:55Vous accusant d'ailleurs aussi un peu d'électriser les débats, de tendre les discussions à l'Assemblée au point que certains craquent.
15:02Écoutez, ce qui s'est passé, je crois que vous êtes en train de le passer à l'antenne.
15:06Il y a une vidéo qui vous montre les choses précisément.
15:08Ce qui s'est passé, c'est qu'un député...
15:10Vous étiez dans l'hémicycle.
15:11Oui, un député du Modem, soutien du gouvernement, a essayé de s'en prendre physiquement.
15:16D'abord un député socialiste et puis après un député insoumis.
15:20Voilà ce qui s'est passé.
15:21Et cette violence physique s'est inscrite dans une journée qui a été marquée effectivement par la violence sociale.
15:28On a entendu des propos de la part de députés macronistes disant que quand on a 64 ans, on n'est pas fatigué et qu'on peut continuer à travailler.
15:37C'est une journée où a été examinée votre proposition d'abroger la réforme des retraites.
15:42On a eu des ricanements quand des députés de mon groupe évoquaient des exemples, des gens qu'ils avaient rencontrés,
15:48qui arrivent à 60 ans, à 62 ans, alors qu'ils sont fatigués, qui sont malades et qu'ils ont envie de partir à la retraite.
15:52On a eu de la violence démocratique, antidémocratique, devrais-je dire,
15:57puisque alors qu'il y avait une majorité à l'Assemblée nationale pour abroger la réforme des retraites,
16:01on en a fait la démonstration hier.
16:02Il y a eu un vote que les macronistes ont essayé de supprimer le premier article de notre proposition de loi.
16:06Ils ont été très largement battus.
16:08Donc il y avait une majorité pour abroger la réforme des retraites.
16:11Et vous avez des députés macronistes qui ont tout fait pour empêcher le vote,
16:15qui ont multiplié les provocations, les incidents, jusqu'à cette tentative d'agression physique que vous avez pu voir sur ces images.
16:21C'est tout simplement scandaleux.
16:22Et l'Assemblée a échoué par conséquent à abroger la réforme des retraites.
16:26Est-ce que vous considérez avoir perdu une bataille ou une guerre ?
16:28En gros, si je pose la question différemment, vous allez continuer à tenter d'abroger cette réforme ?
16:32Évidemment que nous allons continuer à abroger cette réforme.
16:34Hier soir, jusqu'à minuit, nous avons cherché à faire retirer les amendements de blocage, d'obstruction qui avaient été déposés par les députés macronistes.
16:42Mais hier, nous avons fait, comme je vous le disais, la démonstration que cette réforme est minoritaire à l'Assemblée nationale,
16:46comme elle est minoritaire dans le pays.
16:48Et ce que je peux vous dire, c'est que tôt ou tard, cette réforme sera abrogée.
16:51Et de ce point de vue-là, d'ailleurs, le vote qui va avoir lieu la semaine prochaine sur la censure sera aussi un vote contre la retraite à 64 ans.
16:59Puisque certains disent que nous n'aurions pas pu l'abroger dans ce cadre-là,
17:05alors ça veut dire que ce gouvernement s'opposera par tous les moyens à l'abrogation de la réforme des retraites d'Emmanuel Macron.
17:10Et donc, il faut le faire tomber.
17:12Si le gouvernement tombe, vous en appelez vous, les insoumis, et vous, Manuel Bompard, à la démission au départ d'Emmanuel Macron.
17:19Vous aviez d'ailleurs même lancé une procédure de destitution à l'été qui est un peu enlisée, je ne vais pas revenir dessus.
17:25Ce matin, vous adressez une lettre à Bruno Retailleau, qui est le ministre de l'Intérieur, qui organise les élections.
17:30Vous lui demandez d'informer les forces politiques des modalités d'organisation d'une présidentielle anticipée.
17:35Est-ce que vous ne mettez pas la charrue avant les bœufs, Manuel Bompard ?
17:38Parce que pour l'instant, ô témoin d'un doute, mais à aucun moment, Emmanuel Macron n'a esquissé le début de commencement de scénario où il démissionne.
17:46Écoutez, moi, j'ai vu cette semaine en particulier se multiplier des prises d'opposition, pas uniquement issues de mes rangs, d'ailleurs.
17:52Jean-François Coppé à droite, Charles de Courson aux chants.
17:55J'ai entendu Charles de Courson dire la seule solution pour sortir d'une situation de blocage que le président de la République lui-même a constitué
18:02en prenant la décision de dissoudre l'Assemblée nationale, c'est son départ.
18:05À partir de ce moment-là, il est normal que les forces politiques, qui ont un rôle reconnu dans la Constitution,
18:10la Constitution dit les forces politiques concourent à l'expression du suffrage.
18:13Il est normal que les formations politiques soient informées de quels seraient le calendrier, les modalités d'une élection présidentielle anticipée.
18:21J'ai demandé à Bruno Retailleau de vous dire comment ça se passe si...
18:24La Constitution, elle dit une chose très simple sur ce sujet.
18:26Elle dit qu'une élection présidentielle anticipée doit se tenir si elle se tient dans un délai entre 20 et 35 jours.
18:32Je lui demande comment ça se passe.
18:33Comment ça se passe pour la recherche des 500 parrainages qui sont nécessaires pour présenter des candidats ?
18:37Comment ça se passe pour informer les électrices et les électeurs ?
18:40Est-ce qu'il sera possible dans ce cas-là de s'inscrire sur les listes électorales ?
18:44Je lui pose un certain nombre de questions précises.
18:46Il me semble normal que...
18:47Pourquoi je le fais à M. Retailleau ? Parce que c'est le ministère de l'Intérieur en France qui est chargé de l'organisation des élections.
18:52Il est normal que le ministre de l'Intérieur informe les formations politiques de comment ça se passe dans ce cas-là.
18:58Vous lui demandez au fond de savoir s'il sait organiser une présidentielle anticipée.
19:02Je lui demande de savoir si ses services travaillent déjà sur cette hypothèse
19:05puisque manifestement cette hypothèse monte en puissance,
19:08que c'est une hypothèse qui sans doute va encore se renforcer si le gouvernement de Michel Barnier
19:13est, comme je le crois, censuré la semaine prochaine.
19:16Alors oui, ce sujet va être posé sur la table et on ne va pas nous prendre par surprise.
19:20Vous êtes prêt s'il y a une présidentielle anticipée ? Vous avez un candidat ?
19:23Nous avons effectivement la possibilité très rapidement d'avoir un candidat, nous avons un programme.
19:28Laissez-nous décider.
19:30J'ai déjà dit que si l'élection présidentielle anticipée devait se tenir dans les prochains jours, dans les prochaines semaines,
19:36il me semble évident que Jean-Luc Mélenchon est la personnalité la mieux placée pour être candidat.
19:40Ce serait le candidat de la France Insoumise ou de la gauche ?
19:42La France Insoumise pourrait proposer que ce soit le candidat de toutes les formations politiques
19:46qui veulent porter une candidature commune à l'élection présidentielle.
19:49On a un programme commun, le programme qu'on a défendu ensemble, y compris aux dernières élections législatives.
19:56Donc on a tout à fait la possibilité de présenter ensemble un même programme.
19:59Et Jean-Luc Mélenchon c'est le mieux placé, c'est lui qui a fait 22% des voix à la dernière élection présidentielle
20:04qui était il y a un tout un petit peu plus de deux ans.
20:07Donc je pense qu'effectivement il serait le mieux placé pour cela.
20:09Mais oui, bien sûr, nous sommes prêts, en tout cas nous y travaillons,
20:12et c'est aussi la raison pour laquelle je demande à M. Retailleau ses précisions.
20:168h52 sur RMC-BFM TV, merci Manuel Bompard d'être venu à ce micro ce matin.
20:20Une prophétie, Michel Barnier ne sera plus Premier ministre la semaine prochaine,
20:23ce que vous nous avez dit il y a quelques instants,
20:25et une annonce courrier pour demander aux ministres de l'Intérieur
20:27comment ils préparent une présidentielle anticipée si celle-ci devait avoir lieu.
20:31On est pour l'instant dans la politique fiction.
20:33C'est important de se préparer à une élection présidentielle, c'est un rendez-vous démocratique majeur.
20:37Il faut qu'on sache comment ça pourrait se passer.
20:39Manuel Bompard, merci beaucoup, bonne journée à vous, et bonne journée à tous.

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