• il y a 3 mois
Lundi 30 septembre 2024, SMART TECH reçoit Patrick Vuillermoz (directeur général, Polymeris) , Quentin Amsellem (spécialiste en bio-inspiration, Bioxegy) , Olivier Iteanu (responsable du pôle Défense et fondateur, Iteanu Avocats) et Bernard Benhamou (Secrétaire Général, Institut de la Souveraineté Numérique)

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00:00Bonjour à tous ! Responsabilité des plateformes, l'Union Européenne a-t-elle pris le sujet par le bon bout ?
00:15Ce sera le sujet, nous, à la Une de Smartech aujourd'hui.
00:18On aura aussi rendez-vous avec le biomimétisme.
00:21Vous savez, c'est comment la nature inspire l'innovation.
00:24On va s'intéresser plus particulièrement à la structure du pollen.
00:27Mais d'abord, trois questions sur les start-up industriels.
00:30C'est tout de suite dans Smartech.
00:37Pour parler des start-up industriels, j'ai convoqué ce matin, mais à distance, Patrick Villermos.
00:42Bonjour ! Merci beaucoup d'être connecté avec nous.
00:46Vous êtes le directeur général de Polyméris qui est un pôle de compétitivité en Bourgogne-Franche-Comté
00:51dédié aux caoutchoucs plastiques et composites en France et à l'international.
00:55Je dois dire que c'est même le seul pôle en France sur les polymères et matériaux avancés.
00:59Il y a quelques jours se tenaient dans votre région à Dijon les assises nationales des start-up industriels.
01:05Ma première question, très simple, peut-être pas si simple que ça finalement, mais
01:10qu'est-ce qu'on appelle une start-up industrielle et est-ce que c'est différent des autres start-up ?
01:17Il y a différentes typologies, mais il y a des sociétés nouvelles,
01:21comme les sociétés de high-tech ou de deep-tech qui sont en création et qui portent des technologies,
01:26mais c'est aussi couvert par des sociétés plus anciennes qui sont sur des phases,
01:32des nouveaux axes de recherche et développement et des relais de croissance
01:37et qui ont investi dans la R&D pendant un certain temps
01:42et sont sur des phases vraiment d'industrialisation et d'accès à leurs marchés ou à des marchés nouveaux.
01:51Donc ce que vous appelez une start-up industrielle, c'est pour son industrialisation à elle
01:56ou c'est parce qu'elle travaille pour l'industrie ?
01:59Parce qu'elle va développer des produits ou des services qui exigent de maîtriser des moyens industriels
02:07qui sont de natures diverses, qui peuvent faire l'objet de partenariats, de sous-traitances, d'investissements divers,
02:14qui exigent des fonds, des financements, des savoir-faire,
02:20et qui, au-delà des savoir-faire dans des phases amont de profs de concept,
02:28c'est dans ces phases-là qu'effectivement il y a un verrou à traiter sur le volet financier,
02:37mais aussi sur le volet des moyens de ces entreprises pour répondre aux attentes de leurs clients.
02:43Mais là on a l'impression que vous nous parlez de deep tech,
02:46ou alors plus tellement de start-up finalement, d'entreprises qui sont en phase de devenir des ETI, des PME peut-être ?
02:55Tout à fait, mais ça peut concerner les sociétés qui sont déjà anciennes,
03:00mais vraiment sur des domaines nouveaux, on le constate dans le secteur que vous évoquiez tout à l'heure,
03:05des sociétés qui sont historiquement sur des domaines plutôt traditionnels, dans l'automobile, dans l'emballage,
03:10et qui aujourd'hui travaillent avec nous sur les grands enjeux de la transition numérique, de la transition écologique,
03:16sur le recyclage, sur des développements de nouveaux matériaux, sur des solutions pour l'électrification, sur l'hydrogène par exemple.
03:26Donc c'est vraiment des mutations qui peuvent concerner des entreprises qui étaient préexistantes,
03:33ou des start-up très récentes qui elles sont plutôt sur des innovations de rupture.
03:39Et alors quels enseignements vous tirez de ces assises qui se sont tenues à Dijon ?
03:45Je dirais que c'est très instructif de voir qu'on avait les mêmes constats que l'on a fait nous dans d'autres secteurs,
03:55des secteurs de l'aéronautique, des secteurs du médical,
03:59dont les entreprises butent dans les mêmes situations, les mêmes verrous.
04:06En particulier un des points qui a été largement débattu c'est le phasage entre la stratégie de ces entreprises,
04:15de ces nouvelles entreprises ou de ces entreprises en mutation,
04:17et leurs partenaires financiers qui n'ont pas toujours les mêmes vocabulaires, les mêmes temps caractéristiques si vous voulez.
04:26Et il faut arriver à combiner ces deux intérêts croisés pour mettre en place ces projets nouveaux.
04:34Et vous avez le sentiment que ça évolue dans le bon sens ?
04:37Comment est-ce que vous voyez les choses se profiler pour les mois qui viennent ?
04:42Alors il y a une prise de constance, c'est vrai, dont on se félicite de la part du pouvoir public, de l'État et des régions,
04:49en particulier dans le cadre de France 2030 où les start-up industrielles ont été identifiées comme un axe majeur pour l'industrie française et pour l'économie française.
04:59Donc on a des outils qui sont disponibles et qu'on active dans notre cas.
05:05Et puis d'autre part on a la communauté des investisseurs privés, du monde du capital de développement,
05:12qui commencent à constater que c'est des domaines et des domaines industriels qui sont des temps plus longs que, comme vous disiez, de la deep tech ou de l'industrie numérique par exemple,
05:27mais qui sont pertinents pour elles aussi.
05:30Et donc il y a un alignement qui se fait progressivement, pas du point de vue privé que public.
05:36Merci beaucoup Patrick Villemoz de nous avoir permis d'avoir cet éclairage sur les start-up industrielles.
05:41Je rappelle que vous êtes le directeur général de Polymeris.
05:44Merci encore.
05:45On enchaîne nous dans Smartech avec notre débat sur les plateformes et l'Union Européenne.
05:55C'est parti pour notre débat.
05:56L'Europe a-t-elle pris le sujet de la responsabilité des plateformes par le bon bout ?
06:01Autrement dit, avec ces règlements, l'Union Européenne réussira-t-elle à faire plier ces grands géants du numérique,
06:07notamment sur le respect des données personnelles, la transparence des algorithmes, la libre concurrence, la protection des consommateurs
06:15et puis la lutte contre la haine, les trafics ?
06:18Alors on a bien aujourd'hui des textes pour tout ça.
06:21Mais sont-ils applicables ?
06:23Que peut faire le politique finalement face à la position de force, autant économique, technologique que sociétale, de ces plateformes ?
06:31Pour en parler en plateau avec moi, Bernard Benhamou.
06:33Bonjour Bernard.
06:34Bonjour Lucie.
06:35Secrétaire général de l'Institut de la Souveraineté Numérique.
06:38Vous avez exercé les fonctions de délégué interministériel aux usages de l'Internet auprès du ministère de la Recherche et du ministère de l'Économie et des Numériques, 2007-2013.
06:48Vous savez ce que c'est en politique d'adresser ces sujets du numérique ?
06:52Disons que c'est devenu beaucoup plus important ces dernières années, mais oui, déjà.
06:56Et Olivier Itéanu, maître Itéanu, bonjour.
07:00Bonjour.
07:01Responsable du pôle défense et fondateur d'Itéanu Avocat, cabinet dédié aux droits des nouvelles technologies et de l'information.
07:08Et puis l'auteur de plusieurs livres.
07:09On peut citer le dernier, Quand le digital défie l'état de droit paru chez Erol.
07:14On est en plein dans notre sujet.
07:16Je voulais commencer par vous faire réagir par un mème, le mème cet été, publié par Elon Musk, que je n'ai pas trouvé particulièrement drôle, personnellement.
07:26En fait, c'est une insulte qui vise directement Thierry Breton, qui était encore commissaire européen, il faut le rappeler, à l'époque.
07:34Tout en disant qu'évidemment, il n'oserait jamais faire quelque chose d'aussi grossier.
07:38Il publie ce mème où l'on peut lire, Go fuck your own face, qui peut dire, allez vous faire voir.
07:46C'est une référence, évidemment, comme tous les mèmes.
07:49Très bien, donc on peut trouver ça drôle.
07:51Mais enfin, c'était quand même à la suite d'un rappel à l'ordre du commissaire européen sur le respect nécessaire des plateformes aux règlements.
08:00Le DSA, le Digital Services Act, qui est entré en vigueur le 17 février 2024.
08:06Alors, est-ce que cette réponse d'Elon Musk montre que finalement, les plateformes peuvent outrepasser nos règlements ?
08:15Ou, bon, c'est la provoque d'un Elon Musk qu'on connaît et qui ne veut pas dire grand chose, finalement.
08:20Qu'en pensez-vous ?
08:22Écoutez, d'abord, c'est un problème qu'on traîne avec nous depuis l'arrivée d'Internet dans le grand public.
08:27Il faut savoir que la première décision qui n'a jamais été rendue par un tribunal sur Internet a été aux Etats-Unis.
08:34C'est la Cour suprême qui l'a rendue et qui a annulé un texte de loi de Bill Clinton qui s'appelle le Decency Act.
08:40C'est le premier texte. Donc, on traîne avec nous ce problème-là depuis, maintenant, bientôt 30 ans.
08:45Et je vous donne simplement un rappel que tout le monde a entendu, c'était le hashtag unbonjuif sur Twitter.
08:52Lorsque les organisations antiracistes ont simplement demandé à la justice de faire injonction à Twitter de les aider à identifier les auteurs de contenus manifestement illicites,
09:03Twitter a refusé, au motif que son serveur était basé en Californie.
09:06Donc, on a ce problème-là. C'est simplement la redondance de ce comportement qui avait tendance un peu à diminuer, mais qui existe toujours.
09:16On peut se dire qu'on n'avait pas forcément les bons outils, justement, face à ces plateformes, alors que là, on se sentait armés, équipés de nos DMA, DSA.
09:25On avait des outils, mais par exemple, le fait qu'une entreprise comme Twitter ou une plateforme comme Twitter ou d'autres refusent de coopérer avec la justice,
09:35c'était un an de prison et 75 000 euros d'amende en 2013.
09:38Et donc, on avait la possibilité d'agir, on ne l'a pas fait. Pourquoi ça ? Je le demande encore.
09:43Donc, c'est une question de volonté. Les outils étaient là. Ils sont bien meilleurs aujourd'hui avec le DSA, il faut le dire, grâce à Thierry Breton.
09:50Mais il va falloir quand même faire preuve de volonté. Et c'est ça, la question, aujourd'hui.
09:54C'est la volonté politique. Bernard, comment vous avez réagi, vous ?
09:57Alors, d'abord, malheureusement, en ce qui concerne Elon Musk, plus rien ne nous surprend.
10:01C'est-à-dire les outrances des textes, et on a encore vu récemment pour Taylor Swift, des textes, mais d'une vulgarité, d'une bassesse,
10:08qui sont, j'allais dire, d'inspiration trumpienne évidente.
10:12Mais fondamentalement, j'allais dire, on vient de parler de droit, et notre excellent Olivier a eu l'occasion, effectivement, d'en parler.
10:20Je crois qu'il y a d'abord de la politique. C'est-à-dire que le rapport de force politique, c'est ce qu'a tenté de faire Thierry Breton durant son mandat,
10:27trop, malheureusement, trop rapidement écourté, puisque son départ n'augure pas de bonnes choses par rapport à ces questions dans les temps à venir,
10:34montre qu'il s'agit d'un rapport de force politique. C'est-à-dire, peut-on imposer à ces plateformes des choses, avec comme ultime recours,
10:43ce que l'on a vu d'ailleurs pour Telegram, des menaces quasiment physiques ? Avec là, en l'occurrence...
10:48Une arrestation, finalement.
10:50Une arrestation, une assignation à résidence, avec tous les risques que ça comporte.
10:54Et en allant même au-delà, et on l'a vu aux Etats-Unis pour TikTok, c'est-à-dire la possibilité d'interdiction.
10:59Sachant que, politiquement, vous vous doutez bien, quand il s'agit de TikTok aux Etats-Unis, c'est 300 millions d'utilisateurs, je crois.
11:05Enfin, non, pardon, 150 millions d'utilisateurs, donc un Américain sur deux, quasiment.
11:09On voit bien, effectivement, que c'est prendre un risque de retour de flamme politique qui n'est pas évident.
11:15En France, même chose, quand il est question, effectivement, d'interdiction ou de blocage de tel ou tel site.
11:20On a vu les réactions, justement, pour la Nouvelle-Calédonie, quand on a bloqué TikTok.
11:24Mais c'est ça, c'est qu'aujourd'hui, c'est cette puissance sociétale, aussi, des plateformes qui jouent contre le politique, finalement.
11:30Ils ont une force de frappe politique du fait de leur empreinte sur les sociétés occidentales, dont ils profitent, dont ils abusent.
11:37Je parlais de TikTok. Moi, j'ai eu l'occasion de le dire, encore récemment, lors des états généraux de l'information,
11:42je suis favorable à une interdiction de TikTok, au vu des risques de manipulation politique de la plateforme.
11:47En Europe, pas simplement en France, un peu comme pour RT et Spoutnik, qui l'ont été au niveau européen pour des canaux de télévision,
11:54je pense, effectivement, qu'il y a un moment où nous, démocratie, devrons nous défendre réellement.
11:59Et il est clair, effectivement, que l'application des textes dont on parlait, des SA, des MA, AIA pour l'intelligence artificielle et d'autres,
12:05il y en a beaucoup d'autres encore, partiront d'une volonté politique.
12:11Et jusqu'où ira-t-on, sachant que les textes, eux, permettent, effectivement, d'aller, entre guillemets, vers les extrêmes,
12:17jusqu'où ira-t-on ou pas, dépendra d'une volonté politique.
12:20— Alors après, la question de l'interdiction, on sait très bien, dans le numérique, comme ça peut ne pas être efficace du tout.
12:26Mais je voulais vous interroger sur la partie juridique quant à l'arrestation, justement, de Pavel Durov, le patron de Télégramme,
12:35qui dit, enfin, qui a jugé que c'était tout à fait absurde de l'arrêter, que c'était pas la bonne personne, finalement.
12:43Est-ce qu'effectivement, est-ce qu'il est responsable de ce qui est publié sur son réseau ?
12:50— Alors, Télégramme n'est pas responsable, comme toutes les plateformes et tous les services, je dirais, de plein pied.
12:56Il n'est pas responsable. Mais par contre, à partir du moment où il a connaissance d'un contenu manifestement licite,
13:02ça veut dire pédophilie, ça veut dire trafic de drogue, ça veut dire tout ce qui est attentatoire à la loi,
13:07dès qu'il en a connaissance, il doit agir promptement pour le retirer.
13:11Donc, l'Europe a donné un avantage à toutes ces plateformes en façonnant, en construisant un système de responsabilité limité.
13:19Ils ne sont pas responsables directs, mais s'ils ont connaissance, ils doivent retirer.
13:24Et surtout, il y avait un deal qui a été fait avec les plateformes.
13:27On vous donne une responsabilité limitée. En échange, vous devez coopérer avec notre système judiciaire, c'est-à-dire avec notre état de droit,
13:34c'est-à-dire là où se trouvent des débats. Parce qu'avant d'interdire, il y a un débat devant un juge.
13:40Or, le problème de Télégramme, c'est qu'il refuse la coopération judiciaire. Et ça, c'est inadmissible.
13:45Et un état de droit, une démocratie comme la nôtre, comme le sont tous les pays européens, ne peuvent pas accepter ça.
13:51Donc oui, il fallait faire... On a parlé de Twitter à l'instant...
13:53Mais lui, à titre individuel, est directement responsable.
13:57Il est responsable, oui, bien sûr. J'ai parlé d'un an de prison et de 75 000 euros d'amende, ça s'adresse à lui.
14:03Et ce n'est pas l'entreprise qui fera de la prison, c'est bien lui à titre personnel.
14:07Donc c'était ce qu'il fallait faire. Et c'est ce qu'il fallait faire il y a 20 ans ou 30 ans.
14:11Et l'autre problème, si vous me permettez, en deux mots, Bernard parle de rapport de force et de raison politique.
14:16Moi, je dis qu'on pâtit aussi de l'absence de solutions alternatives.
14:20Quand les plateformes qui sont affaires au public, c'est YouTube, Google, c'est Facebook, Etats-Unis, et c'est TikTok, Chine, et on peut ajouter Twitter, où sont les européens ?
14:29Et c'est ça notre problème aujourd'hui.
14:31Donc aujourd'hui, d'une certaine manière, les mots sont forts, il ne faut peut-être pas l'utiliser trop fortement, mais il y a une prise d'otages possible.
14:38Vous voulez pas de nous ? Mais qu'est-ce qui va se passer avec les millions et les millions d'européens qui sont sur nos services ?
14:43Là, c'est un problème.
14:44On l'a vu avec le Brésil, et Twitter, enfin X, X Twitter, Elon Musk a bombé le torse, a dit même pas mal, et au final il est revenu au Brésil, et il a suivi les injonctions de la justice brésilienne.
14:57Donc d'une certaine manière, je suis entièrement d'accord sur l'idée que l'absence de compétition européenne est une lacune grave, et que la meilleure façon de nous protéger, y compris dans nos droits humains, c'est d'avoir une politique industrielle.
15:10C'est pas une chose évidente, vous savez, pour le politique, de comprendre que c'est pas le droit qui protège les individus, leur liberté, mais c'est aussi une compétition industrielle, donc effectivement une politique de développement européen.
15:21Ce que vient de dire Mario Draghi, très justement dans son rapport remarquable, que je vous invite à tous à lire, sur le fait de financer à hauteur de 800 milliards par an les industries de pointe européennes,
15:33en lieu et place, effectivement, de quelques mesures de saupoudrage telles qu'on a pu les connaître, et j'en sais quelque chose pour avoir été au contact régulièrement de la commission et des instances européennes,
15:43on voit bien qu'il n'y avait pas de politique industrielle. Quelque part il y avait un laisser-faire sur le mode, le privé se débrouillera.
15:49Non. Les Américains, les Chinois financent massivement leurs entreprises de manière directe et indirecte, les lois américaines sur l'Inflation Reduction Act, sur le CHIPS Act,
16:02tout ça a pour but d'aider à développer, par de l'argent public, les entreprises américaines. Nous n'avons pas voulu faire la même chose, nous avons été les beunés de la classe ultralibérale, nous le payons.
16:13Il est temps de revenir vers une vision un peu plus keynésienne de l'économie, qui protégera aussi nos libertés.
16:19Créer un réseau social, aujourd'hui, ce qui est compliqué, c'est quand même de ramener sa communauté. On a un réseau social français, d'ailleurs, Biryol, qui marche très bien, à l'international, je vais citer celui qui est le plus connu.
16:31Mais, bon, je ne sais pas, Elon Musk, par exemple, il est allé par un chemin beaucoup plus court, il a racheté Twitter.
16:37Bon, alors, il faut avoir aussi les moyens. Est-ce que c'est par là que ça passe ? Moi, je voulais quand même qu'on se recentre aussi sur cette réglementation, sur ces textes qu'on a aujourd'hui.
16:48Est-ce qu'on est quand même pionniers, non, en matière de réglementation et de tentative de régulation du marché du numérique ?
16:56Il y en a qui vous diront ça, on a trop de réglementations.
16:59C'était ma question.
17:00Non, mais sur le DSA, moi, je salue le DSA. Je salue le DSA, parce que la situation, elle est celle-là. On n'a pas de plateforme européenne.
17:10Dans le livre que vous avez cité, que j'ai écrit le dernier, quand Digital défie l'état de droit, je dénonce un système qui a été mis en place pour éviter notre système juridique.
17:18Et je termine, le dernier mot du livre, c'est le mot paix. La paix. Parce qu'on est dans une société qui est agitée, où on peut diffamer un jurier, et tout ça a des conséquences sur le fonctionnement de la société.
17:31Donc, le DSA est un bon texte. Je ne sais pas s'il sera appliqué à la lettre avec le départ de Thierry Breton, mais la première chose qu'ils ont faite, c'est qu'ils ont identifié 17 plateformes.
17:43Grandes plateformes en ligne. Vous avez donc de TikTok jusqu'à...
17:47On en a 25 aujourd'hui, je crois, qui sont considérées comme étant...
17:49Et en plus, effectivement, il y a eu d'autres qui ont été décidées, et puis il y a deux moteurs de recherche que tout le monde connaît, Google, Google Search et Bing.
17:55Et on va réguler, ils vont réguler ces plateformes. Ça va se faire dans des bureaux, dans des débats, peut-être pas devant les juridictions.
18:04Et puis il y a une sanction jusqu'à 5% du chiffre d'affaires annuel mondial. Donc ça, ils comprennent. Ce rapport de force-là, ils comprennent.
18:11Mais le droit ne peut pas tout. C'est l'avocat qui le dit. Le droit ne peut pas tout. Il faut une politique publique.
18:16Il faut une politique publique. La commission Barroso a une énorme responsabilité.
18:20Peut-être ce qui nous aiderait, c'est pour ça que je vous lance l'idée de pionnier en matière de réglementation, peut-être ce qui nous aiderait, c'est que d'autres prennent le même chemin.
18:28Parce que si ces réglementations et cette tentative de régulation s'appliquent aussi au niveau plus international, aux Etats-Unis, est-ce que là, on ne peut pas commencer à avoir des effets ?
18:40Deux choses. D'une part, on a déjà des lois extraterritoriales. Nous nous plaignons des lois extraterritoriales américaines quand il est question de surveillance avec la loi FISA.
18:46Mais nous avons des lois extraterritoriales. Le RGPD a déjà une portée bien au-delà des frontières de l'Union européenne, voire même d'inspiration de plein de textes, enfin de beaucoup de textes, dans près de 34 pays et territoires dans le monde au-delà de l'Union.
19:01Donc on a déjà cela. Sachant que plusieurs autres dispositifs européens s'appliquent, y compris pour des entreprises qui veulent fusionner aux Etats-Unis.
19:09Donc le fait de le vouloir, c'est ce que disait très bien Olivier, on verra qui est à même d'aller jusqu'au bout.
19:15Est-ce que l'absence de Thierry Breton sera déterminante ou pas dans les poursuites antitoises ?
19:19Vous avez vu récemment Google apporter effectivement une action devant la Commission européenne contre Microsoft pour abus de position dominante.
19:25On voit bien effectivement qu'il faudra effectivement que ces sujets soient suivis et donnent lieu effectivement à une action déterminée.
19:33Mais sans, et j'y reviens, sans la possibilité de développement de technologies alternatives, en particulier pour l'IA, puisque je suis d'accord,
19:40aujourd'hui recréer from scratch, pour parler en mauvais français, des réseaux sociaux ou des plateformes telles qu'elles existent n'a pas de sens.
19:47On l'a vu dans le passé, les tentatives de recréer qui ? Des moteurs de recherche, qui ? Des réseaux sociaux, ex nihilo, n'existaient pas.
19:53Non, il faut que sur les prochaines générations de technologies, nous ne soyons pas entièrement dépendants.
19:58Et c'est le problème, de recréer une situation de duopole, comme on risque de la voir avec Google, Microsoft, autour de l'IA, serait pour nous dévastateur sur les 20 ou 30 ans qui viennent.
20:09Paradoxalement, on a besoin des plateformes aussi quand même. Vous avez besoin des plateformes pour faire respecter la loi.
20:15Bien sûr.
20:16Pour parler de leur coopération nécessaire.
20:18Bien sûr. D'ailleurs, ça a été mis en place par le DSA. Ce qui est demandé aux plateformes, c'est de mettre en place des formulaires électroniques qui vont être gérées,
20:25vers lesquelles les éventuelles victimes de contenu illicite pourront se tourner pour signaler les plateformes.
20:31Nous, depuis que le DSA a été entré en vigueur début 2024, on a procédé, sur le fondement de l'article 16 du DSA, à ces notifications.
20:39Et ça semble marcher avec les très grandes plateformes.
20:41Les autres, pour l'instant, j'ai l'impression qu'il y a une position d'attente pour savoir si ça...
20:46Mais ça semble... Pourquoi ? Parce qu'il y a la menace de la sanction financière qui est derrière.
20:51Mais je ne crois pas du tout que, malheureusement, les Etats-Unis évoluent. C'est dans leur constitution, le free speech.
20:57Bon, Donald Trump, s'il est élu, a dit que lui, c'était le champion de la liberté d'expression.
21:04Je n'ai pas l'impression que le camp démocrate en a envie de faire évoluer les choses non plus.
21:08Mais c'est cette attitude qui est complètement déraisonnable et irresponsable qui fait partir les jeunes en Syrie quand ils voient des vidéos sur YouTube.
21:18Nous, on le sait, ça. Parce que ça, c'est notre croyance. C'est qu'entre la pensée, la parole et l'acte, et en particulier la parole publique, il y a un passage très facile.
21:27Et donc, à partir où la parole publique est une parole haineuse, il ne faut pas s'étonner qu'on a des actes haineux contre des personnes ou des groupes.
21:35Mais cette opposition, liberté d'expression et responsabilité des plateformes, elle occupe complètement le débat aujourd'hui.
21:41Complètement. Complètement.
21:43Mais le problème, c'est qu'elle ne l'occupe pas par hasard. Il y a un point qu'on n'a pas encore soulevé.
21:48Et ce sera le dernier, d'ailleurs.
21:49Et ce sera le dernier. C'est que ces plateformes sont l'objet d'une guerre, on parle maintenant de guerre hybride ou de guerre cognitive, animée par des entités ou des Etats hostiles.
22:00Et quand on voit effectivement des propos qui, auparavant, n'auraient été vus que par quelques personnes, quelques centaines de personnes, qui peuvent être amplifiés artificiellement vers des centaines de millions,
22:10ça fait partie intégrante des guerres auxquelles nous avons à répondre aujourd'hui.
22:14Nous ne sommes pas... Nous sommes la proie et la victime.
22:17Et donc, à un moment donné, soit nous faisons en sorte de nous en rendre compte et de combattre ces entités et les différents outils qu'elles utilisent,
22:25soit nous considérons que le principe des Etats démocratiques aura une date de péremption.
22:31Ce n'est pas exactement le souhait que je peux espérer pour nous tous.
22:35Merci beaucoup.
22:36Merci à vous.
22:37On arrive à la fin de ce débat, mais évidemment, il va continuer.
22:40Je vous réinviterai avec grand plaisir Bernard Benhamou, secrétaire général de l'Institut de la Souveraineté Numérique,
22:45et maître ITANU, qui est responsable du pôle défensé et fondateur du cabinet ITANU Avocat.
22:52Merci encore.
22:53Merci à vous.
22:55Merci à vous.
23:01C'est notre rendez-vous avec la nature, comment la nature est source d'innovation.
23:05On en parle tout de suite avec Quentin Hamsalem.
23:07Bonjour, Quentin.
23:08Bonjour.
23:09Ravi de vous retrouver en plateau.
23:10Ingénieur projet chez Bioxégie.
23:11Aujourd'hui, ce qui va nous intéresser tout particulièrement, c'est le pollen.
23:14C'est le pollen et la vitamine B9.
23:17Alors, il n'y a pas vraiment... Il n'y a pas grand-chose qui les lie, finalement, ces deux choses.
23:22Mais il faut partir d'un problème.
23:24C'est celui de la vitamine B9.
23:26C'est une vitamine qui est très fragile.
23:28Pourtant, on en a besoin pour la croissance de nos tissus, pour la croissance générale des enfants, par exemple.
23:34Or, c'est une vitamine qui est très fragile.
23:36C'est-à-dire que, sous l'UV, sous des hautes températures, sous certains environnements acides, elle va être détruite.
23:42Donc, comment faire en sorte de réussir à ce que notre corps l'assimile ?
23:46C'est ça toute la question.
23:47Et c'est là que va intervenir le pollen.
23:49D'accord. Et alors, qu'est-ce qui est...
23:51Il y a une structure particulière qui va nous permettre de résoudre ce problème de la vitamine B9 fragile ?
23:56Exactement. Et cette structure, on va la trouver dans le pollen.
23:59Pourquoi ? Parce que, finalement, le pollen, son objectif, son rôle, c'est de transporter de l'information génétique de la plante.
24:07C'est finalement une gamète mâle.
24:08C'est elle qui va venir féconder les cellules reproductrices femelles.
24:14Et ces informations génétiques-là, il faut les protéger.
24:18Et c'est justement la structure du pollen qui va protéger ces informations des agressions extérieures,
24:23qui sont exactement les mêmes que la vitamine B9.
24:26C'est l'UV, c'est la température, et c'est certains polluants.
24:30D'accord. Et alors, comment elle est faite, cette structure ?
24:32Comment elle est faite, cette structure ?
24:33C'est là, finalement, tout notre métier chez Buxégie, c'est de faire des liens entre des mécanismes biologiques et un besoin industriel.
24:40Et on s'est rendu compte que le pollen avait une structure très intéressante, en plusieurs couches.
24:44Chacune avait des rôles particuliers.
24:46La première couche, l'intin, elle a un rôle bien particulier pour la germination.
24:52Il y a une deuxième couche qui s'appelle l'exin, qui a un rôle mécanique, de protection mécanique et de protection contre les UV.
25:00Et c'est ça qui va nous intéresser.
25:02Et c'est assez incroyable, mais l'exin est composé d'un biopolymère qui est très performant mécaniquement,
25:07quasiment aussi performant que le bois.
25:09On s'en rend compte quand même.
25:12Et le but du jeu, c'est d'utiliser cette couche protectrice du pollen.
25:17Alors, on a deux façons de le faire.
25:18Soit on s'intéresse au matériau et à sa structure et on essaye de faire la même chose, soit on va l'utiliser carrément.
25:25C'est-à-dire qu'on va vider le pollen de son information génétique et on va utiliser sa coque vide, finalement,
25:32sa peau extérieure, pour protéger notre vitamine B9 et faire en sorte que, quand elle va être protégée dans le pollen,
25:38elle arrive à résister à l'UV et aux environnements acides de notre estomac pour qu'elle puisse être libérée dans le sang
25:47et qu'on arrive à profiter de la vitamine B9 qui aura été protégée.
25:52Ça veut dire que c'est un enrobage qu'on retrouve aujourd'hui ?
25:55Exactement, c'est un enrobage qu'on appelle dans l'industrie encapsulation.
25:58Donc on va encapsuler la vitamine B9 dans la couche extérieure du pollen
26:04qui ne sera plus du tout problématique en termes d'allergie ou quoi, parce qu'il n'y a plus de protéines,
26:09il y a uniquement une couche de biopolymère qui va être détruite par le sang et comme ça va pouvoir libérer dans le sang,
26:18là où on veut, les vitamines B9 et éviter les carences qui peuvent être assez problématiques
26:23puisqu'elles peuvent créer des maux de tête, même parfois des dépressions, des anémies.
26:26Donc on a trouvé une solution industrielle à cette fragilité naturelle de la vitamine B9
26:32et ça on peut l'utiliser dans plein plein d'industries, dans la pharmaceutique, donc on vient d'en parler,
26:38mais aussi dans l'industrie agroalimentaire.
26:40Si on veut réussir à transporter des compléments alimentaires par exemple jusqu'aux intestins
26:46et les faire passer par l'estomac et un environnement assez acide,
26:49on va pouvoir faire ça, que ce soit l'alimentation humaine ou animale.
26:53On pourrait même penser à la cosmétique d'ailleurs, c'est exactement la même chose.
26:56Donc voilà, on voit des débouchés industriels énormes sur cette solution bio-inspirée.
27:01Et donc là on est encore au stade de la recherche.
27:04Même plus que ça, il y a des articles scientifiques qui décrivent très bien ces phénomènes,
27:08mais il y a aussi une entreprise qui s'appelle Soropomex de mémoire
27:11qui propose ce service-là d'encapsulation d'eau-substance grâce à des grains de pollen.
27:17Donc c'est quelque chose qui est mature et qui est industriel aujourd'hui et qu'on peut utiliser.
27:22Super intéressant, merci beaucoup Quentin.
27:24Merci à vous.
27:25Quentin Mssalem, je rappelle que vous êtes ingénieur projet chez Bioxégie.
27:28Et puis merci à vous de nous suivre avec fidélité sur la chaîne Bsmart4Change.
27:33Vous pouvez aussi nous suivre en podcast et puis nous regarder en replay
27:37si vous n'avez pas pu attraper cette édition à la télé.
27:41A très bientôt pour de nouvelles discussions sur la tech.