Lundi 27 janvier 2025, SMART TECH reçoit Romain Bonenfant (directeur général, Fédération Française des Télécoms) , Jaques Poléni (délégué général, Cercle Crédo) , Alexandre Zapolsky (président, LINAGORA) et Cosimo Prete (fondateur et président, Crime Science Technology)
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00:00Bonjour à tous. Qu'en est-il de la résilience de nos infrastructures numériques face aux crises climatiques ?
00:13Nous ferons notamment dans cette édition un point sur le rétablissement des communications à Mayotte
00:17après le ravage destructeur et meurtrier du cyclone Chido.
00:21Et puis j'interrogerai les opérateurs, la filière fibre optique sur les mesures techniques, politiques à prendre
00:28pour rendre nos télécoms plus résilients.
00:30Climat résilient, ce sera donc à la une de Smartech aujourd'hui.
00:34Nous prendrons également des nouvelles d'une entreprise liloise spécialisée dans la sécurisation des documents d'identité
00:39qui propose une alternative à la biométrie.
00:41Mais d'abord, je propose de revenir sur un sommet, un sommet pas comme les autres,
00:45c'est un sommet de l'IA Open Source et tout de suite l'ouverture de Smartech.
00:49Le Paris Open Source AI Summit s'est déroulé le 22 janvier rassemblant de nombreuses personnalités
01:00autour de ces défis liés à l'intelligence artificielle open source
01:04avec cette idée que le logiciel libre peut apporter une autre voie, une troisième voie possible pour le numérique
01:09en alternative à des solutions qui viennent des géants américains et chinois.
01:14Bonjour Alexandre Zapolsky.
01:15Bonjour Delphine.
01:16Je rappelle que vous êtes le président fondateur de l'INAGORA et à l'initiative de ce sommet, comment ça s'est passé ?
01:22Très très bien. On avait beaucoup de monde, il y a eu plus de 450 inscrits.
01:28On l'a fait dans un lieu d'exception, l'Institut de France, au siège des cinq académies françaises.
01:34D'ailleurs Cédric Villani qui est un des académiciens fameux nous a fait l'honneur de venir inaugurer notre journée.
01:44Et on avait tout au long de la journée des intervenants vraiment de très grande qualité
01:48et qui sont venus un peu partout d'Europe.
01:51Et je pense qu'on a réussi à démontrer que cette IA open source française européenne existait réellement,
02:01qu'il y avait une communauté extrêmement forte.
02:03C'était un véritable pari quand on a lancé la communauté Open LLM France il y a maintenant près de deux ans.
02:09Elle est forte de près de 900 membres cette communauté Open LLM France.
02:14Elle a été saluée par la secrétaire d'état au numérique d'ailleurs Clara Chappaz il y a quelques jours.
02:19Vous êtes une fine observatrice de ce qui se passe sur internet Delphine.
02:23Mais ça me permet de faire une transition.
02:25Parce qu'on est en attente de l'arrivée de ce grand sommet de Paris sur l'IA
02:30qui doit rassembler le monde entier autour d'action pour une intelligence artificielle au service de tous.
02:37En tout cas c'est la promesse qui est faite.
02:39Vous, vous aviez envisagé ce sommet IA open source comme un tremplin finalement vers ce sommet de Paris.
02:45Vous deviez partager des recommandations, vous dites actionnables.
02:50Alors qu'est-ce qu'il en est sorti ?
02:52Qu'est-ce qu'il en est sorti ?
02:54L'idée qu'il faut continuer à investir dans les moyens de calcul.
02:59Indépendamment d'ailleurs des grands programmes d'investissement qui peuvent avoir lieu ailleurs dans le monde.
03:05Le fameux Stargate américain.
03:07Il faut que la France, l'Europe continue à investir dans ces data centers publics et privés.
03:14On a besoin absolument de data sets open source.
03:19Il y a une chose dont on ne manque pas en Europe, ce sont des administrations publiques et des agences publiques.
03:26Elles produisent tous énormément de data.
03:29Il faut que ce sommet soit l'occasion, le sommet IA Action Summit,
03:33d'une prise de décision collective pour mettre à disposition ces data sets de la communauté qui fait l'IA open source.
03:40Et puis troisième élément, l'idée qu'il ne faut pas faire en franco-français et il ne faut pas faire en publico-public.
03:49Je m'explique, il devrait y avoir une grande fondation pour l'IA qui devrait être annoncée au moment de l'IA Action Summit.
03:57L'idée c'est que nous, le message qu'on passe aux autorités, c'est surtout ne faites pas ça uniquement dans la sphère publique, entre vous, qu'avec de la recherche publique.
04:08Associez s'il vous plaît la société civile et les entreprises. Il n'y a que comme ça qu'on va y arriver.
04:14On en est où aujourd'hui ? Vous avez commencé à évoquer un peu les chiffres de la communauté open source.
04:20Elle représente quoi en France, en Europe, dans les développements de l'IA ?
04:25On ne l'a pas encore quantifié. Le Paris Open Source AI Summit, c'était la première fois qu'il y avait un événement physique qui avait lieu pour réunir cette communauté, cette dynamique.
04:37Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a déjà un grand nombre d'entreprises.
04:41Hier, on avait vraiment le plaisir d'accueillir nos co-compétiteurs, les gens de Playas, les gens d'Opsy, les gens de Croissant LLM.
04:50On voit bien qu'il y a une émulation qui est en train de se mettre en place.
04:58Et puis surtout, il y a la même chose au niveau européen. Dans chacun des pays européens, il y a le même type de dynamique qui est en train de se créer.
05:06Les Espagnols étaient là hier, par exemple, pour partager ce qui se passe en Espagne.
05:12Et puis on est en train de s'apercevoir que tout un tas de pays dans le monde, y compris des très grands comme la Chine, ont compris que l'open source était le moyen, y compris pour eux, d'être capables de changer la donne et d'être capables de rivaliser par rapport aux IA commerciales américaines.
05:31Justement, comment est-ce que vous réagissez face aux annonces ? Vous avez parlé de Stargate, c'est au moins 500 milliards de dollars sur des projets de data center sur quatre ans aux États-Unis.
05:43Comment est-ce que vous réagissez face à l'actualité américaine ? Comment se positionne la communauté open source ? Vous avez prononcé combien de fois le mot « souveraineté » en gros dans le sommet hier ?
05:53On l'a prononcé un certain nombre de fois. Mais ce qui est intéressant, ce qui ressort du Paris Open Source AI Summit, c'est que dans le fond, on est nous une communauté qui n'a pas peur.
06:05Je pensais effectivement qu'il allait y avoir les sempiternels messages d'inquiétude, etc. Et je n'ai pas du tout senti ça. Gilles Babinet, par exemple, a fait un grand plaidoyer pour qu'on réapprenne le goût du risque en Europe.
06:24Et moi, j'ai trouvé son intervention tout à fait remarquable. Et il y avait un véritable élan. Guillaume Avrin, qui est le coordinateur français en matière d'IA, se voulait aussi très offensif.
06:35Et donc, il nous a appelés à ne pas passer de notre temps à regarder ce qui se faisait du côté des États-Unis. Certes, il y a de l'investissement, mais c'est de l'investissement aux États-Unis sur des technologies américaines.
06:47Alors bien sûr, ça va profiter aux entreprises américaines. Le vrai sujet, c'est qu'il faut que nous, on agisse en européen pour les Européens. Le vrai sujet, c'est de faire en sorte qu'il y ait des moyens, il y ait des budgets qui soient consacrés en Europe pour investir dans l'IA européenne. C'est ça, en fait, notre vrai sujet.
07:03Donc, il nous faut notre feuille de route. Oui. Et puis, en même temps, il faut que les grands comptes européens, parce qu'on a des très grandes entreprises européennes, il faut que ces grandes entreprises européennes fassent confiance à l'IA européenne et en particulier l'IA open source et investissent finalement dans nos technologies. Il n'y a aucune fatalité.
07:21Merci beaucoup, Alexandre Zapolsky. Un excellent mot pour terminer votre interview. Je rappelle que vous êtes le président fondateur de l'Inagora. Merci encore.
07:29Juste, on retrouve Lucie qui a été annoncée hier sur lucie.chat et n'importe qui peut venir tester et évaluer Lucie pendant un mois. C'est gratuit.
07:40Voilà, LLM open source. Merci beaucoup. On enchaîne avec notre débat sur climat et résilience des infrastructures numériques.
07:47Débat aujourd'hui sur la résilience des infrastructures numériques face aux crises climatiques. On en parle avec Jacques Polheny. Bonjour, Jacques. Bonjour, Delphine. Je vous en prie, délégué général du Cercle Credo qui rassemble des experts, mais aussi les acteurs de la filière de la fibre optique depuis plus de 30 ans.
08:09Oui. Et parmi vos contributions, en juin dernier, vous avez publié un guide technique sur la résilience des réseaux FTTH, autrement dit fibre optique. Romain Bonenfant est avec nous également. Bonjour, Romain. Bonjour, Delphine.
08:21Je rappelle que vous êtes le directeur général de la Fédération française des télécoms. Je n'ai pas tellement besoin de présenter ce que vous faites, mais ce qui m'intéresserait, c'est peut-être de démarrer tout de suite avec un point sur la situation à Mayotte et le rétablissement finalement des communications. On en est où ?
08:36Les opérateurs sont à pied d'œuvre. Les communications ont été rétablies pour une part très importante de la population, plus de 90%. Néanmoins, il y a un certain nombre d'infrastructures qui ont été durement touchées. Il y a des pylônes mobiles qui ont été détruits, en plus sur une situation où la couverture mobile à Mayotte n'était déjà pas optimale.
08:52Donc, il faut reconstruire le réseau et il faut aussi l'adapter aux besoins de la population. Donc, il faut reconstruire, mais il ne faut pas reconstruire à l'identique. Il faut reconstruire en mieux.
08:59Et pour ça, on a besoin d'un certain nombre de dispositions. En ce moment, il y a une discussion au Parlement sur le projet de loi pour la reconstruction de Mayotte. Et dans ce cadre-là, on a défendu un certain nombre de propositions pour faciliter cette reconstruction.
09:11Mais c'est un problème de budget ou c'est vraiment une question de choix technologique ?
09:16En fait, c'est des questions extrêmement pratiques. Pour savoir reconstruire, il faut avoir les autorisations administratives nécessaires. Ce sont des processus qui peuvent prendre un peu de temps et on a besoin d'aller beaucoup plus vite pour reconstruire.
09:27Ce n'est pas le moment de tirer de la fibre optique, par exemple, à Mayotte ?
09:32Il va falloir tirer de la fibre optique à Mayotte, mais il faut le faire plus vite que d'habitude. Il faut aussi reconstruire les pylônes mobiles plus vite que d'habitude.
09:39Le temps moyen d'installation d'un pylône en France, c'est à peu près 24 mois. C'est beaucoup trop long. Donc, évidemment, il faut aller beaucoup plus vite.
09:45Et puis, par ailleurs, on a des problématiques qu'on a également dans l'Hexagone sur la capacité à bien déployer sur le littoral.
09:52En moyenne, les littoraux sont quand même moins bien couverts parce qu'il y a des contraintes d'urbanisme particulières qui sont liées à la loi littoral.
09:58On ne peut pas construire dès lors qu'on s'éloigne de l'urbanisation existante. Donc, il y a de bonnes raisons. Il faut protéger les paysages, mais ça empêche d'avoir la meilleure couverture.
10:07Et donc, à Mayotte, cette problématique est très prégnante et on cherche à avoir des assouplissements pour reconstruire plus vite et mieux.
10:13Sur la fibre optique, la filière est engagée à Mayotte aussi ?
10:18Je pense qu'elle l'est et elle va l'être encore plus tout en sachant que Mayotte était un des départements français le moins couvert en fibre optique.
10:27Il y avait un plan d'investissement qui était prévu en 2024 qui a été stoppé avec les événements que nous connaissons.
10:36Et normalement, il y a un plan d'urgence qui est mis en place pour pouvoir fibrer Mayotte.
10:44Mais ça reste un projet pertinent selon vous ? Parce qu'en urgence, on a dû faire appel à Starlink d'Elon Musk.
10:54Aujourd'hui, est-ce qu'on peut rétablir des communications rapidement, autrement qu'en faisant appel à Starlink ?
11:02Je sais que ça a pas mal contrarié du côté de chez Orange cette annonce soudaine, mais c'est une vraie question.
11:09Évidemment, il faut faire face à l'urgence et pour faire face à l'urgence, on utilise les moyens qui sont immédiatement disponibles et qui permettent d'amener de la connectivité.
11:16Et dans ce cadre-là, le satellite était une solution pertinente. Le sujet, effectivement, c'est qu'est-ce qu'on fait à moyen et long terme.
11:22Et pour ça, il faut reconstruire. Les opérateurs sont déjà sur le terrain. Encore une fois, sur le mobile, on a déjà bien rétabli la situation.
11:29Mais clairement, on n'est pas dans la situation pérenne. Il faut aller beaucoup plus loin.
11:33Le satellite, ce n'est pas une solution pérenne aujourd'hui ?
11:37En tout cas, sur la solution Starlink, effectivement, il y a des sujets de pérennité, de souveraineté.
11:44Bien évidemment, est-ce qu'on a envie que toutes les communications électroniques de Mayotte, de la France plus généralement, transitent par des satellites qui sont détenus par Elon Musk ?
11:54On voit un certain nombre d'agitations sur différents sujets. Est-ce qu'on veut dépendre des positionnements d'Elon Musk dans la durée ?
12:00Je pense que ce ne serait pas raisonnable. C'est pour ça qu'on a besoin de penser au long terme avec des infrastructures qui sont de qualité, des infrastructures qui sont souveraines
12:09et qui vont permettre de répondre dans la durée aux besoins de la population dans un cadre qui est sécurisé.
12:13Sur ce sujet du satellite, Jacques, on a l'impression que ça arrive comme une alternative de plus en plus intéressante à des chantiers qui sont pharaoniques quand on parle de fibre optique.
12:29Complètement. Après, je mettrais juste un petit bémol par rapport à Starlink par rapport aux performances techniques.
12:35Si tout le monde bascule sur Starlink, ça va être un goulot d'étranglement et le résultat ne sera pas là puisque la connectivité sera réduite, les bandes passantes seront réduites, etc.
12:47On peut aussi faire du satellite en dehors de Starlink ?
12:50Oui, bien sûr. Les opérateurs Seattle et Orange travaillent aussi dessus avec Telsat. Le sujet, c'est qu'on voit Starlink arriver. On connaît tous le problème sur le mobile avec les zones blanches.
13:06Sur le très haut débit, on a aussi des zones blanches. Starlink peut être la solution. On voit aujourd'hui, on en discutait encore avant-hier...
13:18Parce que notre sujet, c'est la résilience. On n'est pas sur les sujets de couverture. Sur le sujet de la résilience, est-ce que le satellite aujourd'hui s'impose comme une solution qu'il faut absolument mettre en place, pousser, investir ?
13:30Parce que les crises climatiques ne vont pas s'arrêter demain. Aujourd'hui, on dépend d'un opérateur américain pour ses solutions. Est-ce qu'on ne doit pas accélérer nous aussi ?
13:43Non, je ne pense pas. Le satellite, oui. Dans le cadre de la résilience, oui, c'est une solution qui existe et qu'il faut utiliser dans des cas comme à Mayotte, par exemple, rétablir rapidement des communications.
13:58Remonter un pylône, Romain le disait, ça ne se fait pas en 2 jours. Rétablir des communications. Parce que quand on parle de résilience, on peut dire qu'il n'y a pas de télécom, mais il n'y a pas de télécom, il n'y a pas d'énergie non plus.
14:12Donc s'il n'y a pas d'énergie, il n'y a pas de télécom. Donc tout ça, il y a une interdépendance des réseaux dans le cadre de la résilience qui fait que les réponses ne sont pas simples. Il y en a plusieurs. Le satellite en est une.
14:26Alors justement, Romain, si on regarde, on sort un peu de Mayotte, on regarde plutôt la big picture. Quels sont aujourd'hui les points de vulnérabilité des infrastructures numériques ?
14:36Alors on vient de parler effectivement de l'énergie. Les télécoms, ça dépend de l'énergie. Quand il n'y a pas d'électricité, on n'a pas de télécom de manière générale. On a des moyens de secours. On a un certain nombre de générateurs électriques autonomes.
14:48Mais ce n'est pas capable de faire tourner l'ensemble du réseau. Donc on peut protéger de manière importante, par rapport au risque électrique, des grands points de réseau. Quand on va vers le diffuse, c'est beaucoup plus difficile.
14:57Donc c'est pour ça que la dépendance à l'énergie, on voit que c'est quelque chose d'absolument essentiel. En automne 2023, on a eu les tempêtes Kiaran, Domingos qui ont frappé durement l'ouest de la France.
15:07Il y a eu des vents à plus de 140 km heure. Il y a 1,3 milliard de dégâts estimés. Donc c'est des tempêtes qui étaient extrêmement importantes. Donc ce sont des événements climatiques majeurs.
15:15On en a fait le bilan de manière très approfondie avec nos membres. Et on voit que sur les réseaux mobiles, globalement, 97% des indisponibilités étaient tout simplement liées au fait qu'il n'y avait pas d'alimentation électrique.
15:26Et quand l'alimentation électrique revient, globalement, le réseau fonctionne dans la plupart des cas de manière quasi automatique.
15:32Donc parfois, il faut faire venir un technicien pour réorienter une antenne. Parfois, il faut redémarrer un équipement. Mais ces cas étaient quand même globalement marginaux.
15:39Donc je pense que ce qu'on tire de cet événement climatique, c'est que d'abord, nos réseaux sont quand même résilients parce qu'il n'y a pas eu de site mobile détruit à l'occasion de cette tempête qui était pourtant, encore une fois, tout à fait majeure.
15:50En revanche, il faut vraiment réfléchir à cette interdépendance avec l'énergie, d'autant plus que la gestion de crise pour les réseaux énergétiques nécessite également des communications qui fonctionnent, de manière tout à fait évidente.
16:02Donc il y a une forme d'interdépendance entre les deux. Et aujourd'hui, cette interdépendance, elle n'est pas bien cadrée dans le droit.
16:07C'est-à-dire qu'évidemment, il y a une coopération sur le terrain entre les équipes d'Enedis, les équipes des opérateurs, tout le monde se parle.
16:13Mais aujourd'hui, tout ça, ce n'est pas bien construit. Les hôpitaux auront un certain nombre de dispositions qui les concernent pour qu'en cas de coupure d'électricité, ils soient d'abord protégés parce qu'ils ont des moyens de secours et puis rétablis le plus rapidement possible.
16:26Cette notion d'être rétabli le plus rapidement possible, ça se fait dans la gestion de crise, ça se fait sous la houlette des préfets, etc., mais ce n'est pas quelque chose qui est systématisé.
16:35Et on aurait vraiment besoin de ça.
16:38On n'a pas donné la définition de la résilience et je sais que Jacques la possède parce qu'on a travaillé ensemble sur un des événements de Credo. Petite interrogation.
16:48Je ne l'ai plus en tête complètement. Pour le cercle Credo, et je reviendrai après au propos de Romain pour le compléter.
17:01Pour nous, un réseau résilient, à la base, il doit être résistant. Je crois que c'est important parce que si on n'a pas un réseau résistant, et j'expliquerai après pourquoi, on ne peut pas parler de résilience.
17:12Ça, c'est le premier point. Et ensuite, c'est la capacité de ces réseaux à rétablir un service, même dégradé, le plus rapidement possible.
17:23Ça, c'est le contenu. Pour compléter, quand on parle de résilience par rapport aux événements climatiques, je crois que le sujet est très vaste et il y a mille réponses à apporter.
17:35L'énergie en est une. Ça dépend des types d'événements climatiques que l'on a. La réponse n'est pas la même si c'est un ouragan, une inondation, un incendie, une avalanche, des choses comme ça.
17:51L'énergie, c'est le point numéro un. Là-dessus, il n'y a pas de question. Après, quand on regarde les points de fragilité des réseaux, quand il y a des ouragans, il y a des tempêtes, on le voit sur Mayotte, c'est toutes les infrastructures aériennes.
18:11Les infrastructures aériennes sont très résistantes parce qu'il y a des règles, des normes de construction d'ingénierie de ces lignes aériennes. On le voit souvent quand il y a des ouragans, les supports aériens tombent, mais ça continue de fonctionner.
18:31L'autre, c'est toutes les problématiques chutes d'arbres et la gage. C'est quelque chose que l'on pourrait anticiper pour essayer de minimiser l'impact d'une tempête ou des coups de vent. On a entendu parler d'Irma, d'Alex où il y avait des vents à 200 km heure.
18:52Ça veut dire quoi ? C'est l'enfouissement de ces lignes ?
18:55Non. L'enfouissement, c'est avec parcimonie. C'est dans des zones vraiment très impactantes, très impactées, où là, c'est vraiment stratégique, où s'il y a des services d'urgence ou des choses comme ça, on ne va pas enfuir partout.
19:11On ne peut pas parler de résilience, par exemple, dans une zone de montagne isolée qui a des lignes aériennes par rapport à une zone urbanisée. La zone urbanisée devra être priorisée par rapport à une zone isolée où là, on ne va pas aller enfuir puisqu'il n'y a pas de risque derrière.
19:25Quelles sont les actions qui sont mises en place aujourd'hui par les opérateurs pour travailler ce sujet de la résilience ?
19:32On est en train de vraiment penser les différents temps de la crise. On vient de le dire, il faut anticiper, donc déjà se projeter sur les risques réels dans une zone donnée.
19:39Effectivement, il n'y a pas de réponse homogène. Il y a eu un peu ce débat et des fausses idées qui consistent à dire qu'il suffit d'enfuir, il suffit de mettre un milliard d'euros dans l'enfouissement et on va tout résoudre.
19:48Tout sera protégé comme ça ?
19:50On parlait de Mayotte. Dans les zones soumises à des risques de cyclone, dans les outre-mer de manière générale, il y a eu des programmes d'enfouissement très importants et c'est très pertinent parce que là, effectivement, par rapport au risque cyclonique, l'enfouissement peut être une solution.
20:01En revanche, dès lors qu'on a des inondations, c'était le cas dans le Pas-de-Calais il y a un peu plus d'un an, il y a eu des inondations très importantes, il vaut mieux avoir de l'aérien qu'effectivement des infrastructures en fuite, c'est plus résistant.
20:12Il faut bien cartographier la zone, avoir une bonne vision des risques pour bien adapter les infrastructures. Il faut ensuite penser la gestion de crise. Là aussi, je pense qu'on a beaucoup progressé ces dernières années.
20:24Le monde de la fibre évolue. Vous le savez bien, avant il y avait France Télécom qui gérait tous les réseaux. Dans la fibre optique, il y a différents opérateurs d'infrastructures. Il faut que ces opérateurs soient des acteurs de la gestion de crise, qu'ils soient dans les cellules de crise organisées par les préfectures, etc.
20:37Il y a eu pas mal de progrès qui ont été faits à cet égard ces dernières années. Et puis la résilience, ce n'est pas être imperméable à toutes les crises. Je pense que ce serait présomptueux avec le changement de climatique de dire on va se protéger de tout.
20:47On va traverser la crise en étant totalement indemne. Donc la résilience, il y a aussi un troisième temps qui est reconstruire. Et reconstruire, c'est être capable d'aller vite. Pour ça, il faut faire un peu de créativité et peut-être se libérer d'un certain nombre de contraintes administratives.
20:59C'est ce qu'on est en train de faire sur Mayotte. Et ce n'est pas toujours facile parce qu'il peut y avoir des résistances, notamment sur tout ce qui peut concerner les règles d'urbanisme. Sur Mayotte, ça a bien progressé au Parlement.
21:09Donc voilà, on a besoin de cette facilité pour aller reconstruire le plus vite possible.
21:13Les infrastructures de télécommunication sont des infrastructures essentielles ?
21:17Ce sont, de notre point de vue, des infrastructures essentielles. C'est le cadre qui devrait nous permettre d'avoir la bonne qualification juridique et être priorisé par exemple au rétablissement de l'électricité.
21:26Aujourd'hui, elles ne sont pas dans ce cadre de rétablissement de l'électricité. Elles ne sont pas considérées comme des infrastructures essentielles.
21:35Il y a également un autre point qui est important dans la préparation des opérateurs, c'est la redondance des réseaux.
21:40Quand on remonte dans le réseau, c'est-à-dire pas quand on est près de l'habitant, mais quand on remonte sur les nationales ou les autoroutes, entre guillemets, des réseaux de télécommunication, il y a différents chemins possibles.
21:50Et ça participe de la résilience des réseaux. La résilience a toujours été présente dans les télécoms. Les télécoms, c'est une infrastructure essentielle au sens où on en a vraiment besoin pour des services qui sont extrêmement critiques.
22:00C'est pas des risques climatiques, mais quand il y a eu des sabotages pendant la période des Jeux Olympiques sur des infrastructures majeures de télécommunication, l'impact sur les populations a été tout à fait réduit, voire quasi nul, à l'aval de la plupart des points concernés. Pourquoi ? Parce qu'il y avait différents chemins.
22:18Qu'est-ce que ça veut dire pour les opérateurs qui sont sur le terrain et qui posent cette fibre optique partout en France ? Qu'est-ce que ça veut dire de travailler sur la résilience, mais vraiment dès la conception ? Qu'est-ce que ça change en fait ?
22:32Ça change beaucoup de choses. Je dirais que ça change beaucoup de choses parce que le constat que l'on a fait, et Delphine tu le précisais avant, sur la notion de réseau essentiel.
22:43Toutes les infrastructures que nous connaissons, que les opérateurs ont déployées, Orange et SFR Bouygues, sont des réseaux essentiels. Ils ont été conçus à la base avec ces aspects de redondance, de maillage, pour pouvoir, en cas d'incident, rerouter le trafic et fonctionner.
23:03Donc ça c'est sur toute la partie transport. Sur le réseau d'accès, on va parler dans le cadre du plan France Très Haut Débit, cette notion essentielle n'a pas été intégrée au départ. On a déployé ces réseaux-là et aujourd'hui on peut se féliciter d'avoir cette couverture à 90% de la population française, d'avoir un réseau en Europe, le premier réseau fibre optique en Europe, donc ça c'est très bien.
23:25Par contre, dans la conception de l'ingénierie, on n'a pas pensé à ces opérations de maillage, premier point. Deuxième point, on est allé très vite et quand on est allé très vite, on a peut-être fait abstraction de tous les aspects qualité, performance, respect des normes.
23:42Quand on parle de la résilience, on pense surtout aux ouragans, aux tempêtes, mais ça peut être aussi problématique de froid, de neige, de givre et autres. Et donc les contraintes que l'on a sur les câbles, qui peuvent être de l'élongation ou de l'étirement, si on a des câbles qui ne sont pas conformes aux spécifications, on en a les conclusions.
24:03Donc il faut profiter justement de ces incidents que l'on a comme à Mayotte, de reconstruire, de ne pas reconstruire à l'identique, mais de penser résiliente quand on fait ces opérations d'évolution ou de reconstruction.
24:14Merci beaucoup Jacques.
24:16Juste pour ajouter que c'est aussi important chez les opérateurs d'avoir des équipes importantes sur le terrain. C'est pour ça que l'économie des opérateurs doit être saine pour qu'ils soient capables d'entretenir des équipes qui sont capables de réagir.
24:26C'est ce qu'on a vu sur toutes ces crises, les hommes et les femmes des opérateurs sont là sur le terrain pour reconstruire et ça c'est absolument essentiel.
24:32Oui, c'est important de le rappeler. Merci beaucoup Romain Bonenfant, directeur général de la Fédération française des télécoms et Jacques Polheny, directeur général du Cercle Credo. Merci encore.
24:41Merci.
24:49Pour terminer cette édition, j'invite Cosimo Prêté, bonjour.
24:52Vous êtes un ancien expert de la police scientifique, président fondateur de Crime Science Technology, entreprise lilloise qui propose aux Etats, aux grands industriels des technologies qui servent à sécuriser les documents d'identité.
25:05Je vous ai déjà reçu dans Smartech il y a quelque temps, je voulais justement qu'on fasse un point ensemble.
25:11Vous avez créé un plastique fiduciaire, qui est une innovation mondiale je crois, qui permet justement de fabriquer des documents d'identité sécurisés et c'est en alternative à tout ce qu'on voit aujourd'hui comme solution de sécurité autour de la biométrie.
25:25Peut-être que vous pouvez nous rappeler rapidement comment ça fonctionne.
25:27En deux mots en fait, quand on parle de papier d'identité aujourd'hui, c'est un abus de langage. On devrait dire plastique d'identité, il n'y a qu'à regarder votre nouvelle carte d'identité.
25:35Ce plastique n'a rien de sécurisé en soi intrinsèquement. Contrairement au papier, on pense souvent au papier habillé de banque et nous on a redonné toutes ces lettres de noblesse au plastique,
25:43en créant le premier plastique sécurisé au monde et les encres de sécurité nouvelle génération qui y vont avec.
25:48Très simplement, le support, que ce soit le plastique ou l'encre, va changer de couleur en fonction de l'angle d'observation et des conditions d'éclairage.
25:55D'un simple geste, en moins de trois secondes, sans formation spécifique, de jour comme de nuit, n'importe quel citoyen, y compris votre enfant, sera capable de dire si le document qu'il a entre les mains est un vrai ou un faux.
26:04Et on ne peut pas reproduire ce plastique chez soi, avec son imprimant ?
26:08C'est extrêmement complexe et ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les autorités, en particulier les experts européens de la police de Frontex,
26:15mais également l'instance internationale qui légifère sur toutes les normes de sécurité des documents de voyage, qu'on appelle l'OACI, suite aux attentats du 11 septembre,
26:24qui a fait le dernier état de l'art des meilleures sécurités au monde, un état de l'art trénal, et on est très heureux de faire partie de cet état de l'art,
26:29ainsi que de l'état de l'art qui a été réalisé par Frontex.
26:32Ce n'est pas moi de 52 brevets délivrés dans 30 pays et 15 références à travers le monde entier.
26:39En 2021, vous nous disiez, la carte nationale d'identité qui va arriver, la ICNI, la carte électronique, elle n'est pas suffisamment sécurisée.
26:49Est-ce que vous avez été entendus au niveau de l'État ?
26:52On a fait un petit bout de chemin, et les gens ont commencé à prendre conscience qu'on avait une avance technologique considérable.
26:58Malheureusement, nul n'est prophète en son pays, et le niveau d'exigence est particulièrement élevé en France, et c'est un moyen aussi de nous challenger.
27:05On la retrouve où, votre technologie, alors ?
27:08Justement, fort dans nos références, notamment en Allemagne, et ce n'est pas un accident, puisque l'Allemagne nous a fait confiance pour sa carte d'identité,
27:13mais aussi pour son nouveau passeport biométrique, qui nous a valu les honneurs d'accompagner le président Emmanuel Macron en visite d'État à Berlin,
27:19où il est très très fier de me vanter l'excellence de notre procédé.
27:22Mais c'est également des références comme la Lettonie, qui s'est validationnée le prix du meilleur passeport sécurisé au monde en 2024,
27:28et également l'Australie en 2023, mais c'est des références aussi en Mongolie, au Mexique, au Cameroun également, en Éthiopie,
27:36donc on est vraiment aux quatre coins du monde.
27:38Bon, mais bientôt en France alors, parce que quand même, derrière tout ça, il y a les enjeux de souveraineté dont on parle, les maîtrises technologiques.
27:44Là, vous êtes une entreprise lilloise, soutenue par des fonds français également ?
27:48Oui, alors soutenue par des fonds français, on a le bonheur d'accueillir à notre capitale C4 Industries, dont le fondateur est Pascal Cagny,
27:56l'ancien président d'Apple Europe, qui avait été recruté par Steve Jobs.
28:00Oui, qui est à Business France aujourd'hui.
28:02Oui, dont toute l'attention a été retenue justement par la deep tech que nous sommes, la GovTech, si on veut être un peu plus précis,
28:07qui a des références dans le monde entier. Forcément, ça a piqué sa curiosité.
28:10On s'est rencontrés avec ses équipes, en particulier Michel Sassano, qui siège à notre conseil d'administration, qui est le monsieur tech de C4,
28:16ainsi que les autres operating partners, parce que C4 Industries, c'est une véritable plateforme entrepreneuriale qui a dit
28:21« Voilà, ce que vous faites, c'est extraordinaire. On a un vrai succès historique à la française et on veut aller plus vite et plus loin et accélérer avec vous. »
28:27Et je suis très heureux de vous annoncer que notre ambition internationale est en train de se concrétiser,
28:32puisqu'on a été sélectionné pour participer au programme Select USA, pour partir à la conquête du marché américain.
28:37Eh bien, félicitations, on vous souhaite le meilleur.
28:39Merci d'être revenu dans Smartech pour nous faire un point.
28:42Je rappelle que vous êtes le président fondateur de Crime Science Technology, je le dirais en français, CST.
28:48Merci encore. Merci à tous de suivre Smartech.
28:52Vous nous suivez sur la chaîne Bsmart4Challenge, mais également, je sais, en podcast et sur les réseaux sociaux.
28:56Je vous dis à très vite pour de nouvelles discussions sur la tech.