• il y a 2 mois
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00:00Bienvenue dans les 4V, Bernard Guetta. Alors ce matin, Israël continue de bombarder le Liban. Hier soir, c'est la banlieue sud de Beyrouth qui a été massivement visée.
00:10Visiblement, la cible, c'était le QG du Hezbollah et son chef, Hassan Nasrallah. Comment vous réagissez ce matin à ces nouveaux bombardements ?
00:18Il y a deux manières de voir les choses. La première, c'est celle de Netanyahou qui dit, écoutez, depuis un an, le nord de mon pays, le nord d'Israël
00:28est systématiquement bombardé, pas jour et nuit, mais systématiquement par le Hezbollah. Le Hezbollah, c'est quoi ? C'est un État dans l'État du Liban
00:37contrôlé et financé par l'Iran. C'est l'organisation des chiites... Enfin, une des organisations des chiites libanais. Eh bien, l'establishment israélien,
00:48les dirigeants israéliens et là, véritablement, tous partis confondus disent, ben écoutez, nous sommes attaqués, nous ripostons.
00:55Seconde façon de voir les choses ? Seconde façon de voir les choses, c'est une question. Monsieur Netanyahou, quel est votre but de guerre ?
01:02Très bien, vous allez détruire le Hezbollah. Parfait. Mais après, que proposez-vous aux Palestiniens ? Qu'allez-vous faire des Palestiniens ?
01:11Comment allez-vous régler, si possible sur le long terme et non pas à 48 heures, cette guerre qui dure depuis un siècle ?
01:22Pour vous, quel est le but de guerre de Netanyahou, par exemple, au Liban ?
01:26Il veut détruire le Hezbollah, c'est très clair. Non seulement il veut détruire le Hezbollah, mais il fait tuer systématiquement tous les cadres militaires de ce mouvement.
01:35Et il a essayé cette nuit, vous le disiez très bien, de faire tuer dans ce bombardement ciblé le numéro 1 du Hezbollah.
01:43Les autres pays de la région, bien sûr, réagissent. C'est une escalade qui change les règles, a dit l'Iran hier. Qu'est-ce que cela signifie ?
01:52Écoutez, en vérité, pas grand-chose, parce que, et c'est là la force, l'avantage de Netanyahou, l'Iran est aujourd'hui très faible.
02:00L'Iran pourrait difficilement voler au secours du Hezbollah. Et c'est pour ça, d'ailleurs, que...
02:07Enfin, c'est une des raisons pour lesquelles Netanyahou s'attaque si durement au Hezbollah.
02:15Il pense que l'Iran ne pourra pas intervenir directement contre lui. Et en vérité, on peut même se demander si Netanyahou ne se dit pas...
02:25Mais écoutez, si finalement l'Iran commettait la folie de vouloir venir protéger le Hezbollah, ça pourrait me donner une raison d'aller bombarder les installations atomiques de l'Iran.
02:36Cela veut dire qu'il n'y a pas de risque d'embrasement général, d'après vous, d'après ce que vous nous dites sur...
02:42Je préférerais... Il me semble que le mot dégradation générale serait plus juste que le mot embrasement général.
02:52Parce qu'embrasement général, c'est une guerre des États contre les États.
02:56Qui, aujourd'hui, attaquerait Israël ? Qui, aujourd'hui, riposterait à Israël comme État ? A priori, on ne le voit pas.
03:03Que peut faire la communauté internationale et l'Europe, notamment, face à cela ?
03:07On a le sentiment d'une impuissance totale face à Benyamin Netanyahou.
03:10Mais vous savez, ni les États-Unis, ni l'Europe, ni personne ne peut faire quelque chose. Pourquoi ?
03:16Parce que les Occidentaux sont partagés entre deux réactions possibles.
03:22Un, ils se disent qu'ils ne veulent pas que l'Iran et ses alliés puissent gagner cet affrontement.
03:30D'un autre côté, ils veulent qu'Israël, ce gouvernement de droite et d'extrême droite, arrête son offensivité.
03:38Dans cette mesure-là, s'ils disent à Netanyahou, arrête sans arrêter leur soutien militaire, économique et politique,
03:51Netanyahou peut leur dire non, je continue. Et c'est ce qu'il fait.
03:54Autre conflit, la guerre qui continue d'opposer l'Ukraine à la Russie.
03:58Joe Biden, le président américain, a annoncé hier une augmentation de l'aide financière américaine à l'Ukraine,
04:04ainsi que de nouvelles munitions longue portée. Est-ce que c'est suffisant pour battre la Russie ?
04:09Non. Les Américains, là encore, ont deux injonctions contradictoires.
04:14D'une part, ils ne veulent pas que l'Ukraine perde et que les troupes de M. Poutine entrent à Kiev
04:20et finalement réannexent l'Ukraine à la Fédération de Russie.
04:24Ça, c'est non. Mais d'un autre côté, ils ont très peur d'une défaite totale de la Russie.
04:33Pourquoi ?
04:34Pour une raison très simple, c'est qu'on oublie trop souvent que la Russie, la Fédération de Russie,
04:39est le pays le plus étendu du monde, composé de peuples très différents, de républiques très différentes,
04:46qui sont totalement inféodées à Moscou. Mais formellement parlant, c'est une fédération.
04:51Et si ce pays, qui est la deuxième puissance nucléaire du monde,
04:55demain était précipité dans le chaos par une défaite humiliante et totale,
05:01eh bien les Américains, comme le monde entier en vérité, se demandent ce qui se passerait à Moscou.
05:06L'ancien président et candidat républicain à la Maison de Blanche, Donald Trump,
05:10a rencontré hier le président ukrainien Zelensky. Il promet, je cite, de « résoudre le conflit ».
05:16Est-ce que vous y croyez ?
05:17Oui. Pourquoi ? Parce que la solution trumpienne de cette guerre est très simple.
05:25Il dit aux Ukrainiens « mais donnez aux Russes le territoire que vous voulez et puis après il y aura la paix ».
05:30Ça s'appelle comment ? Ça ne s'appelle pas la paix, ça s'appelle une rédition devant l'agression.
05:34Kamala Harris ou Donald Trump à la Maison de Blanche, qu'est-ce que ça change fondamentalement sur le plan international ?
05:39Il y a de très grandes différences ? Ou pas tant que ça ?
05:42Non, il y a peu de différences. Entre Kamala et Trump ou Kamala et Biden ?
05:46Entre Kamala Harris et Donald Trump.
05:48Ah oui, totale, totale, évidemment. Trump ne veut plus d'intervention militaire ou même de soutien militaire américain à quiconque.
06:00C'est l'Amérique d'abord, l'Amérique toute seule. Deuxièmement, c'est la guerre économique et éventuellement la guerre tout court avec la Chine.
06:11Mais certainement plus la protection de l'Europe, mais certainement plus la pérennité de l'alliance atlantique.
06:17Pour nous Européens, l'arrivée de Trump, ça signifierait deux choses.
06:22C'est premièrement la fermeture du parapluie américain, c'est-à-dire que nous n'aurions plus de défense puisqu'il n'y a toujours pas de défense européenne.
06:31Et deuxièmement, l'arrêt total ou très large du soutien américain à l'Ukraine.
06:39Alors Bernard Guetta, l'un de vos collègues, Pascal Canfin, qui est lui aussi député européen Renaissance, a décidé de quitter le bureau exécutif du parti
06:48parce qu'il estime que le choix de Michel Barnier, le nouveau gouvernement, ça ne correspond pas du tout aux résultats des élections législatives.
06:54Il se dit, je cite, en désaccord profond avec la stratégie politique suivie au niveau national.
06:59Il évoque, ce sont des mots forts, les conséquences toxiques de cette stratégie.
07:02Est-ce que vous, vous êtes en ligne, est-ce que vous êtes d'accord avec la stratégie nationale de Renaissance, avec le choix de Michel Barnier
07:08et la composition du gouvernement ?
07:09Il y a une grosse différence entre Pascal Canfin et moi.
07:11C'est qu'il est membre de Renaissance.
07:12Il est membre de Renaissance et moi pas.
07:13Mais est-ce que sur le fond, ce choix de Michel Barnier, ce gouvernement, ça vous convient par exemple ?
07:17Quand vous entendez le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Rotaillot, qui dit mon objectif, c'est plus de sécurité, moins d'immigration, je cite, expulser plus, régulariser moins.
07:27Vous êtes en phase avec ça ?
07:28Écoutez, moi je suis un homme de gauche.
07:30La composition de ce gouvernement, ce n'est pas, comme on dit, ma tasse de thé.
07:36Ce n'est pas ce que j'aurais souhaité.
07:37Ce que j'aurais souhaité, et ce qui aurait été logique, puisque la gauche était arrivée en tête aux élections législatives, c'est que la gauche prenne la tête d'une coalition.
07:48Simplement, la gauche n'a pas fait cela.
07:51La gauche, au lendemain des élections, parce qu'elle était arrivée en tête, mais elle n'avait pas de majorité, a dit mon programme, rien que mon programme et tout mon programme.
08:00Donc elle n'a pas trouvé de partenaire pour constituer une coalition.
08:04Et d'autres ont constitué une coalition, la droite.
08:08Mais est-ce que ce n'est pas la faute aussi à Emmanuel Macron de ne pas avoir nommé quelqu'un issu de la gauche pour voir ensuite si à l'Assemblée, cette coalition du Nouveau Front Populaire a été censurée ou non ?
08:18Vous avez l'air de dire que ce n'est que la faute de la gauche.
08:20Oui, ce n'est que la faute de la gauche au lendemain des élections législatives.
08:25Au lendemain des élections législatives, je vous le répète, la gauche aurait dû tendre la main à des partenaires possibles au centre, évidemment, et trouver une majorité.
08:35C'est comme ça que ça se passe partout quand il n'y a pas de majorité absolue.
08:40Or, la gauche n'avait pas de majorité absolue.
08:43La gauche a commis une erreur que je regrette profondément et qui a permis à la droite de constituer une majorité avec le centre droit.
08:53Merci beaucoup Bernard Guetta. C'était vous Maïa et Damien.
08:56Merci beaucoup à tous les deux. Merci à Ludovic Legris qui a traduit cette interview en langue des signes.
09:00Bernard Guetta qui indiquait que le gouvernement barnier n'était pas sa tasse de thé sur le plan international au Proche-Orient.
09:05Il préfère parler de dégradation générale plutôt que d'embrasement général et regrette que ni l'Europe, ni les États-Unis, ni personne ne puisse faire grand-chose en ce moment.
09:15Voilà pour la politique.
09:16Merci Maïa. On va marquer une toute petite pause et dans quelques instants, avec vous Claire, on va vous dire que le crédit d'impôt emploi à domicile pourrait sérieusement diminuer.
09:24On vous explique tout dans une poignée de minutes. A tout de suite.