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00:00Et bonjour Eric Coquerel. Bonjour. Alors on est content de vous recevoir ce matin parce que vous avez lancé un ultimatum, et oui vous montez la pression d'un cran sur le Premier ministre.
00:11Vous avez l'intention d'aller à Matignon directement, toquer à la porte, dire bonjour monsieur, pour chercher ce qu'on appelle les lettres plafond, des documents évidemment qui sont très très importants pour le budget.
00:19Dites-nous où vous en êtes, à 24 heures maintenant de la fin de votre ultimatum. Est-ce que vous les avez reçues ces fameuses lettres de plafond ou pas ?
00:25Non, non, pas encore. Donc il y a deux solutions. Soit le Premier ministre nous dit que ces lettres de plafond qui ont été envoyées par Bercy, c'est-à-dire par l'ancien ministre des Finances de Valorien, je les déchire.
00:36Donc vous n'avez pas de raison que vous les ayez. Elles ont été envoyées aux différents ministères déjà ?
00:40Voilà, c'est ça. Ce qui lui posera un problème de délai à mon avis pour essayer de construire un budget. Soit ce n'est pas le cas, ce que je crois, c'est-à-dire que je pense que ça va être au moins la base de travail importante du prochain budget.
00:51Et dans ces cas-là, il faut qu'on ait ces lettres de plafond. Il faut qu'ils nous le disent aujourd'hui. Ou le même document, mais qui détaille de la même manière le budget.
00:59Donc c'est aujourd'hui qu'on lui demande sa réponse. Et sinon, effectivement, avec Charles de Courson, nous irons demain à Matignon.
01:05C'est quoi les retours que vous avez ? Parce que ça fait plusieurs jours que vous alertez maintenant. Vous avez des contacts avec le gouvernement ? Ils vous disent oui, oui, ça va venir, patience, ou bien lettre morte et pas de réponse ?
01:14Les seuls retours que nous avons, c'est que je pense qu'ils comprennent notre demande, qui est au nom de l'Assemblée, au nom des représentants du peuple, au nom de ma commission, qui d'ailleurs est partagée par tout le monde, j'allais dire, y compris des députés qui soutiennent ce gouvernement.
01:27Parce que ça va, quoi. Il faut bien comprendre une chose. Normalement, il y a une loi organique, c'est-à-dire une loi constitutionnelle, qui fixe le fait que nous ayons les documents budgétaires fin juillet.
01:37Vous vous rendez compte du nombre de semaines que nous avons de retard ? Or, ces documents ont été envoyés et nous ne pouvons pas en disposer. La représentation nationale, je sais qu'Emmanuel Macron a tendance un peu à s'essuyer dessus, mais là, il faudrait peut-être la respecter.
01:50C'est une demande qui n'est pas partisane, puisque vous la partagez avec Charles de Courson, qui n'est pas vraiment de votre bord politique. Et si vous ne les avez pas, vous allez donc demain arriver.
01:58Comment ça va se passer concrètement ? Il y a les huissiers qui vont vous attendre ? Vous allez tenter de passer un peu en force ?
02:03On préviendra. Très franchement, je préférerais éviter. Je ne suis pas spécialement un adepte du buzz et autres. Je préférais qu'aujourd'hui, le Premier ministre nous fasse ci et nous explique quand il va nous transmettre ces documents.
02:19Mais si c'est le cas, nous irons effectivement à la porte de Matignon et nous demanderons ces documents de manière très policée.
02:25Alors sur le fond, vous qui avez le nez dans ces comptes nationaux, la situation est présentée comme alarmante par la Cour des comptes, mais pas seulement.
02:32Bruno Le Maire demande au moins 15 milliards d'euros d'économies, même peut-être 20, 25. Est-ce que vous ne pensez pas, vous, que oui, peut-être, effectivement, il faut tailler dans le budget et faire des économies ?
02:39Non, non, non. Surtout pas. Surtout pas. Oui, pour deux raisons. D'abord parce que quand vous avez une période de reflux de l'activité économique, c'est le cas aujourd'hui.
02:47La croissance va être moindre, par exemple, au quatrième trimestre qu'attendu. Quand vous baissez les dépenses publiques, en réalité, c'est un effet récessif.
02:55C'est une question d'équilibre.
02:56C'est une question d'équilibre, mais c'est peut-être dur à comprendre. Mais comprenez que les dépenses publiques, c'est aussi des recettes. Je vous donne un exemple.
03:02Vous décidez, par exemple, d'isoler beaucoup plus de bâtiments ou de construire plus de logements sociaux, ce dont on a besoin, vous faites travailler le BTP.
03:09Autrement dit, pour l'économie, c'est des choses qui sont positives.
03:13Mais c'est ce qu'on fait depuis des décennies et on est à plus de 3 000 milliards de dettes.
03:16Non, ce qu'on fait depuis maintenant plusieurs décennies, c'est qu'on attaque les dépenses publiques, on attaque le service public.
03:21Et ce qui s'est passé avec Emmanuel Macron, c'est ça, la singularité, on va dire.
03:25C'est que, raison d'ailleurs qui explique l'augmentation du déficit, c'est que lui, il a baissé les recettes.
03:30Et notamment à travers des cadeaux fiscaux aux plus riches qui en ont largement profité.
03:35J'ai donné souvent cet exemple. Les 500 plus grandes fortunes de France ont vu sous Emmanuel Macron leur patrimoine passer de 20 à 45 % du PIB.
03:44Si vous vous rendez compte, 500 personnes qui possèdent 45 % du PIB de la France en termes de patrimoine.
03:51Donc ça, il faut aller leur reprendre cet argent. C'est-à-dire que le problème, c'est d'abord les recettes.
03:55Si on va reprendre cet argent, non seulement on peut peut-être à terme réduire les déficits, je le crois.
04:01En tout cas, on ne le fera pas pire que le gouvernement actuel.
04:03Mais en plus, on pourra investir, notamment en termes de bifurcation écologique, d'éducation, de santé.
04:09Beaucoup de domaines dont on sait que la France pâtit aujourd'hui.
04:12Comme Jean-Luc Mélenchon, la dette, ce n'est pas un sujet, on ne la remboursera jamais.
04:15Le stock de dette, oui. Ce n'est même pas que Jean-Luc Mélenchon qui le dit. La plupart des économistes, même Éric Wörst, mon prédécesseur,
04:23qui est pourtant macroniste, expliqua que le stock de dette, vous ne le remboursez jamais.
04:26Vous savez pourquoi ? Parce qu'en réalité, les investisseurs considèrent que la France est tellement sûre qu'il continue à prêter.
04:32Ce qui est vrai et qui est problématique, c'est la charge de la dette, c'est-à-dire les intérêts que nous payons cette année.
04:37Donc, il ne faut pas les cultiver pour les cultiver. En fait, la question de fond, c'est qu'il y a de la bonne dette et de la mauvaise dette.
04:44La dette pour investir, pour l'écologie, pour l'éducation, pour la santé, c'est de la bonne dette.
04:50La dette pour faire des cadeaux aux plus riches, ce n'est pas de la bonne dette et c'est là-dessus que nous voulons revenir.
04:54Et là, c'est le discours militant, évidemment, qui revient. Vous en êtes où de vos rapports ?
04:57Non, c'est un discours économique.
04:59Si, politique. Vous l'avez déjà rencontré, Michel Barnier, ou pas, vous ?
05:02Non, je ne l'ai jamais rencontré.
05:04Depuis qu'il a été nommé, évidemment.
05:05En général.
05:06Vous l'avez rencontré une fois ?
05:07Non, je ne le connais pas du tout.
05:08D'accord. Et que pensez-vous de ses premiers pas ?
05:10Il a des premiers pas qui… J'allais dire, en politique, moi, je ne me soucie pas tellement de la personne, très sincèrement.
05:18Bon, si la personne est plutôt aimable et autre, c'est plus facile même de s'opposer qu'une personne qui est revêche et qui est autoritaire.
05:26Mais ce que je constate, c'est son programme. Et il a été élu pourquoi ? En réalité, pour continuer à appliquer le programme du macronisme,
05:32notamment en matière d'économie, politique de l'offre, compétitivité, austérité.
05:36Donc, c'est ça que je juge. Et ça m'étonnerait fort qu'il en change.
05:39Je pense même que c'est pour ça qu'il est à Matignon et que ce n'est pas Lucie Castex et Nouveau Populaire qui ont été nommés par Emmanuel Macron,
05:45comme il aurait dû le faire.
05:46Il essaie de s'ouvrir à gauche, quand même. Il a fait des appels du pied à plusieurs personnalités.
05:50Le maire de Saint-Ouen, également Olivier Lefol. Est-ce que vous y voyez, quand même, et qu'ils ont tous refusé,
05:54est-ce que vous y voyez un gage d'ouverture ?
05:56Vous l'avez dit, ils ont tous refusé.
05:58Oui, mais c'est peut-être parce qu'eux ne sont pas ouverts.
06:00C'est un peu simple. On a aujourd'hui le Premier ministre du parti qui est le plus grand perdant de cette élection.
06:07En fait, c'est un gouvernement de perdants.
06:09Et on nous dit, parce qu'il va donner des coups de téléphone à des personnalités de gauche, il s'ouvre à gauche.
06:13Moi, ce qui m'intéresse, encore une fois, c'est le programme.
06:15Et le programme, c'est la continuité du macronisme qui a été battue aux élections législatives.
06:19Donc là, il y a un vrai déni démocratique.
06:22M. Barnier a décidé d'accepter cette mission, mais il accepte une mission qui est celle d'un déni démocratique
06:29et d'une politique qui n'est pas bonne pour le pays.
06:31Alors, sur le programme, quand même, dans sa première déclaration, il se dit favorable à une plus grande justice fiscale.
06:36Quand on lit les échos ce matin, on lit que ce serait plutôt sur la flat tax des revenus du capital que ça pourrait concerner.
06:42Ça, ça doit vous plaire.
06:43Ah bon, va voir. Moi, je vais voir sur les faits.
06:45Il y a un an et demi, on a eu les dialogues de Bercy.
06:49Vous savez, c'était la réunion proposée par Bercy.
06:52Et on nous a dit, vous allez voir, on va taxer les rachats d'actions.
06:54À la fin de l'année, on n'a rien taxé du tout.
06:56Donc j'attends de voir. À chaque fois qu'il parle de ça, à la fin, il n'y a pas de trace de taxation du capital.
07:01Nous, ça tombe bien parce que dans ma commission, nous allons proposer les amendements qui déclinent le programme du Nouveau Front Pulaire
07:07et qui taxent effectivement le capital.
07:09On peut récupérer au moins, à mon avis, sur plusieurs années, 50 milliards d'euros.
07:13Rien que sur cette question, on verra bien l'ouverture à ce moment-là du gouvernement.
07:18On verra aussi l'ouverture sur la réforme des retraites parce que, pareil, dans cette première déclaration,
07:21il s'est dû ouvrir à un débat pour l'amélioration de la réforme.
07:24Est-ce que vous êtes ouverts à ce débat où vous vous dites, non, nous, c'est la brogation, un point, c'est tout ?
07:28Je pense que c'est un peu une manière de contourner le problème.
07:30Le problème qu'il a, c'est que tous les syndicats, 90% des actifs et manifestement le résultat législatif lui disent,
07:38il faut abroger cette réforme des retraites.
07:40Donc c'est ce que nous demandons, c'est ce qu'on va essayer de faire dans les trois mois à venir,
07:45que ce soit à travers la proposition que nous allons mettre dans notre niche fin novembre,
07:49à travers le projet de loi de finances de la sécurité sociale.
07:51On va y arriver parce que je pense qu'il y a une majorité à l'Assemblée nationale pour l'abroger.
07:54Dix secondes sur l'ambiance à LFI, ambiance règlement de compte avec François Ruffin qui dit en gros,
07:59vous faites campagne au facier sans cibler un électorat communautaire musulman.
08:02Vous lui répondez quoi ?
08:03Que c'est faux déjà et que ça m'embête que François aille sur ce terrain,
08:06qui est celui du printemps républicain qu'on connaît,
08:09qui est de nous reprocher de considérer que l'antiracisme est une lutte globale.
08:16Si la gauche ne le mène pas, qui va le mener ?
08:19Et de nous traiter de communautaristes parce que justement,
08:23on veut faire en sorte que tous nos concitoyens, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leur religion,
08:28aient une égalité des droits.
08:32Donc je regrette que François aille là-dessus, en plus il nous divise.
08:34Ce n'est vraiment pas le moment, il nous a fait le coup de nous dire unité, unité, et là il nous divise.
08:38François, arrête quoi.
08:39Allez, rendez-vous demain matin devant les grilles de Matignon avec Éric Coquerel.
08:43Merci beaucoup.
08:44Merci beaucoup Éric Coquerel.
08:45Merci Julien, bravo pour cette première.
08:48Et merci également à Annick Motin pour la traduction en langue des signes.
08:52Télématin revient dans un instant.