Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00Mieux que de danser. On va écouter Emmanuelle Ducroc qui est avec nous. Bonjour Emmanuelle. Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Les restaurateurs, on va parler d'eux ce matin, ils ne sont pas contents. L'argent des titres restaurants en effet leur échappe.
00:12En août 2022, en pleine pousse et d'inflation, le gouvernement avait choisi de libérer du pouvoir d'achat en autorisant les salariés
00:19qui bénéficient de titres restaurants. Ils sont 4 millions en France
00:23à les utiliser pour faire des courses. Alors plus seulement pour acheter des sandwichs triangle
00:27mais tous les biens alimentaires qui peuvent servir à la préparation d'un repas. Et ça a extrêmement bien marché.
00:32La part des titres restaurants utilisés dans la grande distribution, c'est maintenant près du tiers.
00:37Si on met de côté ce qui est dépensé chez les traiteurs et dans les boulangeries, on s'aperçoit que seulement 4 titres restaurants sur 10
00:44servent effectivement dans un restaurant. Et donc les restaurateurs voudraient qu'on revienne à l'ancien système.
00:49Evidemment, le dispositif d'élargissement des titres restaurants devait d'abord durer jusqu'à fin 2023.
00:54Il a été prolongé jusqu'à décembre 2024. La date butoir approche et donc les syndicats de restaurateurs s'agitent.
01:00Ils en ont marre qu'on leur ôte le pain de la bouche. Ils parlent maintenant de tickets caddies.
01:05Il y a beaucoup d'argent en jeu. Ah bah oui, c'est un énorme gâteau. Les titres restaurants, c'est environ 6 milliards d'euros.
01:11Mais en fait, c'est 8 milliards déversés dans l'économie si on compte l'effet multiplicateur, c'est-à-dire ce que les consommateurs doivent
01:17rajouter pour compléter le prix des repas, notamment aux restaurants.
01:20Les restaurateurs estiment que l'arrivée de la grande distribution dans le jeu leur a fait perdre
01:25576 millions d'euros en un an. Alors, ils avaient été bien soutenus pendant le Covid. Maintenant, ils expliquent qu'ils ont les pré-Covid à rembourser
01:32et qu'il faut encore les soutenir en leur rendant la clientèle captive des titres restaurants.
01:38Oui, chaque restaurant, c'est une marque.
01:41Est-ce qu'il faut revenir en arrière ? Réserver les titres repas à la restauration ou au commerce de bouche ?
01:46L'expérience est en train de nous prouver que non, ça va être très difficile
01:48de revenir en arrière parce que si ça marche aussi bien avec la grande distribution, c'est que ça répond à un réel besoin des Français.
01:54Les titres restaurants sont plus rentables, plus efficaces économiquement pour nombre de familles
01:59quand ils servent à acheter des produits bruts qu'un seul repas tout fait.
02:03Peut-être qu'il faut repenser tout le système ?
02:05On va pas se mentir, ça va être très compliqué parce qu'il fait vivre beaucoup d'intermédiaires et que c'est devenu une rente.
02:12Mais oui, la grogne corporatiste des restaurateurs ouvre pas mal de réflexions.
02:16Le titre restaurant, c'est un avantage social, d'accord, mais c'est aussi une liberté sous contrainte.
02:21Oui, c'est de l'argent fléché.
02:22Oui, parce que la somme est déjà plafonnée, parce qu'on ne peut pas les dépenser le dimanche,
02:26par le fait qu'ils ne sont pas acceptés partout et qu'ils ont donc effectivement une destination.
02:30Est-ce qu'on doit en plus accepter que le dispositif déjà très fléché soit en plus préempté pour subventionner la restauration ?
02:38Tout ça avec le concours involontaire mais obligatoire des salariés et au détriment de leur liberté de choix, je pose la question.
02:44Oui, c'est un grand sujet parce qu'il y a vraiment un enjeu de pouvoir d'achat pour les ménages derrière.
02:48Oui, 8 milliards.
02:49Est-ce que vous prenez les tickets resto si vous êtes obligés d'aller au restaurant ?
02:52Il y a plein de familles qui vont peut-être y renoncer, c'est un vrai sujet.
02:54Merci beaucoup Emmanuel Ducroix.