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Mardi 24 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Thomas Veit (Head of Fixed Income, Senior Portfolio Manager, Spirit Asset Management) , Hervé Goulletquer (Senior Economic Advisor, Accuracy) et Thierry Guille (Président, Raymond James France)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Thierry
00:13Guil est à nos côtés, le président de Raymond James France. Bonsoir Thierry.
00:17Bonsoir Guillaume.
00:18Merci d'être là. Merci à Hervé Goulet de Kern qui nous accompagne également. Bonsoir
00:21Hervé.
00:22Bonsoir.
00:23Vous êtes senior economic advisor d'Accuracy et Thomas Vey est également en notre compagnie.
00:26Bonsoir Thomas.
00:27Bonsoir Guillaume.
00:28Vous êtes directeur de Fixed Income chez Spirit Asset Management. La Chine qui repart
00:32donc pour un tour de stimulus Hervé avec ses propos, l'objectif tel qu'il est signalé
00:39par le gouverneur de la banque centrale chinoise. Il s'agit de soutenir une croissance stable
00:43pour l'économie chinoise et de promouvoir un rebond modéré des prix.
00:47Oui, ça tient plus de l'accompagnement conjoncturel que du stimulus. On voit bien les chiffres
00:54du mois d'août avaient été décevants, côté production, côté consommation et
01:00investissement. Voilà, on met un peu de stimulus. Alors quand on parle de politique monétaire
01:05en Chine, il faut bien comprendre, il faut moins regarder le prix que le volume, donc
01:10les taux d'intérêt que les possibilités d'injection de crédit. Donc là, il y a
01:15une petite baisse des taux directeurs. On est sur quelques, je ne sais pas, 50 ou 70
01:20centimes sur plusieurs années. Donc en fait, ça va très lentement. La baisse des réserves
01:27obligatoires, ça fait plus de sang, surtout qu'en même temps, c'est accompagné de
01:31l'idée que les banques commerciales pourraient voir leur capital augmenter. L'État participerait
01:38d'augmentation de capital. Donc on voit bien qu'on pourrait mettre plus d'argent
01:42sur la table. Ça, c'est de l'accompagnement. N'empêche qu'il faut voir la toile de
01:46fond derrière. La toile de fond, c'est de la politique et de la politique économique.
01:51C'est tout bête. Du côté de la politique, on reste avec une gestion très centralisée
01:57et avec comme moteur le secteur public. Il ne faut pas oublier cela. Ce n'est pas très
02:03Merkel friendly pour dire les choses. Et si on entre dans la politique économique, en
02:08fait, l'enjeu est plus dans la politique structurelle que dans la politique conjoncturelle.
02:14Et la politique structurelle, elle rencontre vite des obstacles. La politique structurelle,
02:19c'est plus l'offre que la demande. Et du côté de la demande, c'est plus l'investissement
02:25que la consommation. Donc quand on voit le luxe français qui remonte suite à l'information
02:30du jour sur la Chine, c'est un contre-sens. C'est un faux sens. C'est un contre-sens
02:35de marché. C'est un contre-sens, à mon avis. Et en fait, revenons sur la politique
02:39On va venir buter sur une chose, c'est qu'il y a des excédents de capacité partout. Derrière
02:49ces excédents de capacité, il y a des problèmes de bilan, non pas partout, mais dans de nombreux
02:55endroits. Et en fait, l'image qu'on doit avoir ou la question qu'on doit se poser,
03:00est-ce que la récession de bilan du Japon de l'au-delà des années 80, est-ce que c'est
03:07un schéma qu'on doit utiliser pour la Chine aujourd'hui ? Moi, j'aurais envie de dire
03:12qu'on est un peu dans ce sens-là. Donc en fait, oui, il y a un accompagnement conjoncturel
03:17sur une croissance faible, dans un environnement où il y a sans doute une politique structurelle
03:24qui connaît ses limites, dans un cadre plus général de politique chinoise, qui est quand
03:29même quelque chose qui est un peu orthogonal avec notre vision des choses.
03:33J'entends, ce n'est pas un game changer sur l'histoire structurelle de la Chine devant nous,
03:37mais est-ce que c'est une bonne nouvelle au moins sur le plan conjoncturel ? Pas que pour la Chine,
03:44est-ce que c'est aussi une bonne nouvelle pour le reste de la planète sur le plan conjoncturel
03:48d'avoir ce soutien ? Alors, est-ce que ça peut libérer peut-être jusqu'à 150 milliards de
03:53liquidités ? C'est les estimations qui sont faites aujourd'hui. Est-ce que c'est bon pour le reste du
03:58monde aussi ? Alors, si on veut attirer le chaland sur les actions chinoises, peut-être, mais il me
04:06semble tout de même qu'on a été déçus, très déçus, par le parcours des indices au moins chinois
04:13depuis un certain nombre d'années maintenant. Je ne suis pas sûr que là ça soit un élément de
04:17changement. Quant à l'idée qu'on va avoir autour de 5% de croissance, un petit 5% de croissance,
04:24je crois que c'était le pari qui était fait par tout le monde. Donc, en fait, bon, il y a eu ces
04:29chiffres d'août, il y a la réaction de la politique monétaire chinoise. Bon, c'est quand même pas une
04:35très grosse surprise. Donc, à mon avis, on va dire évidemment il y a les Américains qui baissent
04:39leur taux, il y a les Européens qui baissent leur taux, les Chinois participent du mouvement et ça
04:45donne une idée de reflation. C'est une petite musique qu'on aime bien sur le marché, mais à
04:51mon avis, la contribution de la Chine à cette partition sera quand même modeste.
04:56La Chine ne redevient pas un risque inflationniste aujourd'hui pour le monde et l'économie mondiale ?
05:01Non, on est en train de lutter contre la déflation en Chine.
05:04Oui, oui, oui, d'accord. Thomas, qu'est-ce que ça vous inspire ? C'est vrai que la Banque Centrale
05:09chinoise est très attentive aussi au mouvement sur les taux chinois. Le disant chinois est à
05:142% quand même. Enfin, je veux dire, pour donner quand même la perspective du rendement qu'on a
05:19sur de la dette chinoise aujourd'hui. 2%, c'est faible. Mais avec une courbe qui est un peu plus
05:24normale que les courbes occidentales. Le 2 ans, il y a 1,30. Donc, on a 70 points de base. Il y a une
05:29pente. On a une courbe qui peut avoir un peu d'attrait quand même. Ce n'est pas le signe
05:33d'une économie qui est très booming. C'est un signe comme l'a dit Hervé. C'est une économie
05:38qui est en déflation, du moins en désinflation. Donc, il n'y a pas un grand intérêt sur la zone,
05:46surtout avec le risque de change quand on investit sur ce type de papier. Pour nous,
05:50je suis assez d'accord. C'est une réaction de la politique monétaire chinoise qui est là,
06:00mais qui n'est pas un gros game changer pour le marché des taux mondiaux.
06:04Est-ce que la Chine se permet ça aujourd'hui ? Parce qu'il y a ce mouvement aussi de baisse
06:11de taux et sur le dollar notamment. Ça vient une semaine après la baisse de la Fed. On aura
06:15l'occasion d'en reparler. Mais est-ce qu'il y a l'idée d'une séquence qui permet aussi à la
06:21Chine de se soulager un peu de ce point de vue-là ? Ça peut l'expliquer. Ça l'explique sûrement.
06:26Ce qu'ont fait les 50 points de base, on en parlera peut-être plus tard. Oui, mais c'est
06:30un lien qu'on peut faire. C'est le lien qu'on peut faire après la séquence entre la baisse des
06:34taux qui nous attend aux Etats-Unis et en Europe et le pseudo mouvement en Chine. Ça sera incomparable.
06:41On ne sera pas sur la même séquence et déjà on ne part pas du même niveau.
06:45Qu'est-ce que ça vous inspire, l'affaire chinoise et comment ça se retrouve aussi dans des marchés
06:52comme le marché américain qui est votre domaine de spécialité Thierry, à travers des entreprises
06:57américaines. Quand on regarde les résultats des entreprises européennes, tous ceux qui sont
07:02exposés à la Chine sont obligés de constater qu'il n'y a que des mauvaises nouvelles encore
07:06aujourd'hui à prendre de ce point de vue-là. Oui, c'est clair. Pour dire un mot sur la baisse des
07:11taux américains qu'on a eue la semaine dernière, les fameuses 50 points. Je ne parle plus de la
07:15Chine. C'est-à-dire que l'impact chinois sur le marché américain est relativement faible. On
07:21connaît la politique des Américains et là-dessus il y a un poids commun entre Kamala Harris et
07:26Trump. En fait, c'est faire barrage et dans leur programme qui est annoncé pour les élections de
07:31novembre prochain, c'est un point d'accord. Il n'y a pas de voitures électriques aux Etats-Unis
07:37chinoises ou très peu. Donc là-dessus, je dirais que l'impact est relativement minimum. L'incidence
07:43macro, en tout cas, elle est relativement faible. Non, mais il y a des boîtes américaines qui
07:50continuent quand même d'opérer un peu en Chine et d'avoir des clients en Chine. Ça peut arriver
07:54encore. Oui, ça peut arriver. Mais je dirais, ramener à l'échelle du... Même quand on prend les
07:58grands acteurs du SPI, c'est relativement marginal. Et c'est une bonne nouvelle globale de voir la
08:04Chine quand même répondre et réagir à cette faiblesse. Alors, il y a la partie structurelle,
08:09il y a aussi peut-être quand même l'idée que 5% de croissance, ce serait bien à atteindre cette
08:15année. Oui, un coup de pouce vient à une baisse des tours. Enfin, j'ai écouté à l'instant ce qui
08:19était dit. C'est un marché que moi je ne maîtrise pas sur le marché chinois. Mais en tout cas, le
08:23coup de pouce est toujours le bienvenu. C'est un phénomène qu'on observe partout et que ce soit
08:27en Asie, que ce soit en Europe, que ce soit aux Etats-Unis. Et ça va dans le bon sens. Après,
08:33il reste à savoir pourquoi la baisse des taux. On sait qu'en Chine, si j'ai bien saisi, la croissance
08:39est faible, on peut dire anémique. Ce qui n'est pas le cas aux Etats-Unis. Encore une fois, on est
08:45sur une croissance qui reste relativement soutenue avec un taux de chômage qui est excessivement bas
08:49et les causes ne sont pas les mêmes. Bon, alors quelles sont les questions qui reviennent quelques
08:54jours après la baisse de taux de la Fed de 50 points de base dans votre esprit, Thierry ?
08:58Alors... C'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Les 50 points de base ? Oui. Une bonne. Et je pense
09:03qu'il n'y avait pas d'alternative pour la Fed. Parce qu'on a reproché à Powell il y a à peu
09:07près, un peu plus de deux ans, lorsqu'il a amorcé le cycle de hausse des taux. Il était un petit peu
09:11en retard. Il ne fallait pas se faire prendre deux fois. Donc très clairement, comme dit notre
09:15stratégiste, il y a une course qui a été gagnée par la Fed. Cette course a consisté, sur les deux
09:19ans et demi passés, à monter les taux pour tuer l'inflation. Et la bataille est gagnée sans
09:26plonger le pays en récession. Il n'y a pas de récession aux Etats-Unis. Probablement il n'y en
09:29aura pas. Là, on est maintenant dans le deuxième aspect. C'est faire baisser les taux et éviter
09:34que l'économie américaine mette un genou à terre. Quand on regarde les grandes données macro-US,
09:39elles sont bonnes. Le taux de chômage américain est à 4,2. Ça fait presque 40 mois consécutifs
09:46qu'on a un taux de chômage en dessous de 5%. Il n'y a pas beaucoup de pertes dans l'histoire
09:49américaine où ça a été le cas. La croissance de PIB est assez soutenue. Donc ça va dans le
09:54bon sens. Je pense que la Fed fait le boulot. Et elle est encore dans le bon timing. Elle n'est
09:58pas en retard de ce point de vue-là ? Non. Je pense que l'idée de faire 50 BP, c'était d'envoyer
10:02un signal au marché. Après, elle peut piloter. Mais si elle avait fait l'inverse, ça aurait été
10:07maladroit. Commencer par 25, c'était prendre un risque ? Je pense que c'était le risque de devoir
10:11faire 50 BP début novembre, juste après les élections ou au mois de décembre. Et puis,
10:16après, les paris sur 2025 me font toujours un peu sourire parce qu'on ne sait pas exactement à
10:20quelle sauce on va être mangé en termes de croissance ou autre. La Fed, j'ai coutume de dire
10:24à mes clients, ça ne sert à rien de faire des paris sur... La Fed fera ce qu'il y a à faire.
10:28Elle fera 25 s'il le faut. Elle fera 50 s'il le faut. Elle peut le faire entre deux réunions.
10:32Elle fera ce qu'il y a à faire. Et Powell l'a montré. Donc quand on parie aujourd'hui sur des
10:37taux qui devraient baisser de 200 BP l'année prochaine, il y a de l'eau qui va couler sous
10:41les ponts. Elle-même, la Fed projette cette idée-là aussi au marché. Thomas, effectivement,
10:47comme vous avez compris le message envoyé par Powell, est-ce que ça vous paraît approprié
10:53à la situation ? Et est-ce que pour les marchés globaux, est-ce que oui, c'est une bonne nouvelle ?
10:59Je suis d'accord. C'est sûr que c'est une bonne nouvelle pour les marchés globaux de baisser de
11:0350 points de base, de commencer de baisser de 50 points de base. Après, c'est assez inédit quand
11:07même de baisser de 50 points de base dans une situation économique qui n'est pas une récession.
11:11En 2001-2007, c'était des cuts de 50 points de base pour commencer le cycle. On était dans une
11:17situation économique qui était totalement différente. Là, commencer par 50 points de base avec 2% de
11:22croissance, un taux de chômage à 4,2, qui est quand même, ceci dit, en forte remontée. Il
11:26passait 3,4 à 4,2 en quelques mois. Il faudra quand même suivre la trajectoire avec prudence
11:31pour voir le futur. Mais pour le moment, c'est vrai que tous les indicateurs économiques sont
11:37au vert. Et donc, la Fed fait un cut préventif plutôt qu'un cut réactif. Donc, ça, c'est plutôt
11:44une bonne nouvelle dans ce sens. Après, ce qui a été important pour nous à surveiller durant ce
11:47meeting de la Fed, c'est les dots, bien évidemment. Donc, les projections au niveau des taux directeurs
11:51qui sont réalisés par tous les membres du FNC ? C'est ça, exactement. Donc, les 19 membres,
11:55il y en a 12 votants, 19 qui... 7 non-votants, 12 votants. Voilà, exactement, c'est ça. Ça tourne
12:02des fois dans les noms votants. Donc, dans les 19, pour le moment, la média n'est encore à 2 baisses
12:10cette année. Donc, 50 points de base, 2 fois 25 peut-être. Mais quand on regarde le split, la
12:15divergence entre ces 19 membres, il y en a quand même 9. Donc, quasiment la moitié. 9 des 19 qui
12:20envisagent seulement une baisse ou moins, ou plus de baisse, restait sur les niveaux-là. Et 10 qui
12:25envisagent 2 ou plus. Donc, globalement, le comité est assez partagé. Et malgré, et ça, c'était aussi
12:30intéressant, c'est la première fois depuis 2005 où il y a eu une dissidence sur le vote. Il y a
12:35Michel Beaumane qui n'a pas voté pour la baisse de 50 points de base. Au sein du board, au sein du
12:39comité de direction, du directoire de la réserve fédérale américaine. Et même, on m'a dit, c'est
12:47la première dissidence au quiche depuis 94. C'est ça, exactement. Mais depuis 2005, tout au prix.
12:53Oui, ce que je voulais dire à ce niveau-là, c'est 9 sur 19. Ah oui, non, non, j'étais sur le split, sur la dissidence.
13:03Oui, sur la dissidence sur Beaumane. Donc, il y a 9 sur 19 qui votent pour seulement encore une baisse ou pas de baisse.
13:10Je pense que, et on le verra dans les minutes, le débat a été plus serré que ce qu'il s'est
13:20fait. Donc, le 50 n'était, à mon sens, pas certain. Ils ont quand même débattu, à mon avis, pour 50 ou 25.
13:26Je pense que c'est la bonne décision, mais ça a été débattu. Et puis, quelques jours avant, le marché a dit
13:3250, ce serait bien. Ça pèse aussi, j'imagine, peut-être dans la prise de décision. À partir du moment où le
13:37marché est dans un camp, il faut quand même en tenir compte, j'imagine, quand on délivre une décision.
13:41C'est sûr. Il y avait 65% des probabilités. 65% du marché qui était pour 50, le reste pour 25. Après, quand on lit
13:50les analystes et les économistes, c'était beaucoup plus...
13:54Ah ben, les économistes, ils étaient réfractaires à 50.
13:56Ils étaient réfractaires à 50. Donc, la Fed a suivi un petit peu le marché. C'est pas la Fed qui a suivi le marché,
14:02mais la Fed s'est couplée au marché.
14:06Oui. Je cite toujours l'économiste venu nous voir la semaine dernière, avant la décision de la Fed, et qui nous disait,
14:13sur ce plateau, parfois, dans la vie, il vaut mieux décevoir les économistes que les marchés.
14:18La Fed n'a pas déçu les marchés la semaine dernière. Hervé, justement, est-ce que c'est une bonne nouvelle à la fois
14:23les 50 points de base de la Fed, dans le contexte économique qu'on connaît aux États-Unis, et de voir la réaction
14:30de marché qui s'en est suivie ?
14:31Moi, je pense qu'il faut d'abord partir de la volatilité des chiffres macroéconomiques, de la volatilité des marchés.
14:40Il faut se souvenir que, fin juillet, début août, il y avait un émoi sur les marchés en disant, flûte,
14:45est-ce qu'on n'est pas en train de basculer vers quelque chose de plus compliqué ?
14:50Donc, en fait, on est dans un environnement compliqué, et comme il est compliqué, les avis ne sont pas très bien ancrés.
14:56Ce qu'on croit aujourd'hui ne sera peut-être pas ce que l'on croit demain.
15:00Maintenant, pour revenir à la Fed, moi, je crois qu'elle a fait 50 centimes pour deux raisons.
15:05La première, la crâne d'être un peu en retard. La BCE avait osé bouger avant elle.
15:11Est-ce que c'était un signal comme quoi, voilà, ils avaient tardé un petit peu ?
15:15Je crois qu'il y avait l'idée de se rattraper, tout de même, dans les 50 centimes.
15:19Ça fait partie du non-dit. Et puis, je crois qu'il y avait l'idée que, dans le contexte actuel,
15:24avec de la volatilité économique, de la volatilité politique, mettre de la volatilité de marché,
15:31ce n'était vraiment pas une bonne idée. Quand on voyait, par exemple, le marché des futurs sur les FedFund,
15:37donc sur le taux directeur américain, qui était quand même très, très engagé dans une hausse de 50 centimes,
15:44prendre le risque de décevoir avec peut-être des effets de contamination à d'autres compartiments du marché,
15:51je crois que c'est un risque qu'ils ne voulaient pas prendre.
15:54Là, ils ont réduit l'incertitude, vous dites, là ?
15:56Non, je ne dis pas qu'ils ont réduit, ils ne voulaient pas ajouter de l'incertitude à l'incertitude,
16:02dans un contexte un peu particulier. Donc moi, je pense que, en fait,
16:06ce n'est pas une analyse extrêmement puissante qui les a poussés à cela, c'est contextuel.
16:11Contextuel, je ne veux pas me prendre une baffe en étant en retard,
16:14et je ne veux pas créer de la volatilité trop forte sur le marché.
16:18Et j'ai un niveau de restriction monétaire, même par rapport à une économie qui se tient bien,
16:22qui peut justifier que je ne prenne pas trop de risques en enlevant 50 points de base d'un coup.
16:28La restriction monétaire, dans l'absolu, on a envie de le dire,
16:32mais quand on voit une croissance qui est à 2%, ce qui doit être au-delà du potentiel,
16:37quand on voit un taux de chômage qui est quand même relativement bas,
16:40même s'il monte, il faut faire attention.
16:42Donc en fait, c'est restrictif, mais globalement, ça n'empêche pas de fonctionner.
16:47Donc il baisse, il se donne comme objectif d'aller vers 3, qui doit être le taux neutre à peu près du moment.
16:54Le marché partage à peu près l'idée, il y a 200 points de base à venir,
16:58maintenant c'est 150, à venir d'ici à la fin de l'année prochaine.
17:03Tout ce petit monde est d'accord.
17:05Moi, je veux simplement dire que, vous avez raison Thierry, il va se passer plein de choses devant.
17:12Et que donc, ces anticipations valent pour prendre des positions aujourd'hui.
17:18Est-ce qu'il faut avoir des vues stratégiques en fonction de ce scénario ?
17:22On aura plein de temps pour le revoir et il sera revu.
17:25Oui, oui, bien sûr, mais ça fait partie du job.
17:27Voilà, exactement.
17:28Il travaille sur des scénarios, Thierry.
17:29Si je peux me permettre pour rebondir, on va faire un petit recul en arrière.
17:32Souvenez-vous, décembre dernier, on pariait sur 6 baisses de taux en 2024.
17:37Moi, je me souviens d'être allé à la conférence de notre société,
17:39de Raymond Djempe, au mois de mars à Orlando, on en avait parlé.
17:42Et j'étais bluffé par la certitude et des marges des sociétés américaines.
17:47Je suis rentré en me disant, il n'y aura pas autant de baisses de taux, voire on peut ne pas en avoir.
17:52Et c'est un consensus qui a fait son chemin jusqu'au printemps dernier, avril-mai.
17:57Au mois de juillet, on a eu ce mauvais chiffre sur le...
18:00Non pas, l'ISM, oui.
18:02L'ISM, voilà, et ça a été revu.
18:04Donc, on a eu moins 6, il n'y en aura plus, moins 2.
18:07C'est compliqué, je veux dire, la situation est complexe.
18:10Bien sûr, mais la lecture du cycle, la lecture des données est compliquée.
18:14Il faut aller naviguer dedans.
18:15Les effets d'inertie, de relance, de stimulus, etc.
18:18ont quand même brouillé la lecture de ces dernières années.
18:20Oui, Thomas ?
18:21Oui, et l'intégralité de la courbe réagit.
18:23C'est ça qui est intéressant, ce n'est pas que la partie courte et les futures sur FedFunds qui réagissent.
18:28Le 10 ans réagit fort, si on prend le même...
18:31Mais alors, c'est juste dans quel sens, le 10 ans ? Il monte ?
18:33Le taux à 10 ans monte ?
18:34Non, je parlais sur ce cycle, un descendre jusqu'à maintenant.
18:37Les taux à 10 ans ont aussi beaucoup bougé, alors qu'ils auraient pu envisager une vue un peu plus long terme
18:42et une courbe qui se remonte.
18:44Mais ça n'a pas été le cas, ils ont baissé fort, après ça remontait un peu,
18:48et là, sur le 50 points de base, ça remonte.
18:50Et c'est assez logique, et ça prouve que Poel a été quand même bon,
18:53parce que le risque aussi de baisser de 50 points de base,
18:55il fallait bien l'expliquer, le 50 points de base, pour enlever de la volatilité sur les marchés.
18:59C'est un bon signal qu'on ait quand même cette épantification, y compris sur la partie longue.
19:02Bien sûr, ça veut dire que le marché achète le soft lending.
19:05Si le marché achetait le fait que Poel cut de 50, parce qu'il y a un cadavre dans le placard,
19:10les taux longs baisseraient, piqueraient du nez.
19:14Sur la partie action, qu'est-ce que ça change ?
19:16Qu'est-ce qui a changé cet été sur le marché action américain, qu'est-ce qui n'a pas changé ?
19:20Et la perspective d'avoir quand même un cycle de baisse de taux,
19:24on verra jusqu'où ces baisses de taux nous emmènent,
19:26mais il y a quand même quelque chose d'un peu global qui se met en place.
19:28Qu'est-ce que ça change dans l'investissement en action pour vous aujourd'hui Thierry ?
19:33Alors, il y a pas mal de choses qui ont changé.
19:35On a eu des marchés, si on fait encore une fois un petit retour en arrière,
19:37qui étaient assez directionnels.
19:39Je ne dirais pas que c'était simple, mais je dirais 2023 et début 2024.
19:432023, c'est les magnifiques 7.
19:45C'est un marché très concentré.
19:472024, c'est un marché moins magnifique 7 que beaucoup plus la partie semi-conducteur, Nvidia en tête.
19:54Et en fait, il y a eu une bascule qui s'est vraiment opérée à partir des résultats du Q2 qu'on a eu juillet,
20:00et qui entraînait beaucoup de volatilité.
20:02Le précédent record du SPIE 500, c'était globalement mi-juillet dernier.
20:06On a eu toute cette volatilité qui était exacervée pendant les mois d'été,
20:09avec une rotation sectorielle qui était globalement la bienvenue.
20:12D'abord, ça permet d'aller trouver des opportunités parce qu'on finit par manquer d'idées.
20:16Les mêmes idées Thierry.
20:18Quand on n'en a plus qu'une, oui.
20:20Ça devient compliqué.
20:22Nvidia, au pire, à un moment donné, a lâché peu de 30%,
20:24donc il fallait trouver des alternatives.
20:26Le marché s'est reconstruit un petit peu depuis la fin août, début septembre.
20:30On a remis un peu de risques en revenant un petit peu sur la tech.
20:34Mais globalement, quand vous regardez un indice qui est l'indice standard pour 500 Equal Weight,
20:38qui permet de décorréler le marché de la capi des valeurs, il est très bien.
20:42Et ça, c'est une bonne nouvelle.
20:43Vous avez presque 80, c'est 77% en date de la semaine dernière,
20:47pourcentage des titres du SPIE 500 qui sont au-dessus de leur monobile 200 jours.
20:51Ça, ça veut dire que la rotation, elle est là.
20:54Le seul peut-être bémol qu'on peut mettre à court terme,
20:56ce qui a marché cet été, c'était essentiellement deux choses.
21:00D'abord, une approche de value,
21:02et puis une approche un peu défensive,
21:04ça peut paraître un petit peu pas antinomique, mais presque.
21:06Et en fait, on se rend compte qu'à court terme,
21:08il y a quatre secteurs qui ont un peu flambé.
21:10C'est l'immobilier, on a eu la santé,
21:13on a eu les step-ups.
21:15Et les services de collectivité.
21:17Voilà, absolument.
21:18Ça, si j'étais...
21:19Enfin, je pense qu'il faut que ça marque le pas.
21:21L'étape suivante, elle est à écrire.
21:23Je pense qu'il faut remettre un peu de risque.
21:25Je pense que la baisse des taux est venue le montrer.
21:27Sur le marché américain, vous l'avez souligné en préambule,
21:29on a cassé la zone des précédents records.
21:32Les 5 620, on est à plus de 5 700.
21:34Et selon nos analyses,
21:36on verra si on a raison dans quelques semaines,
21:38l'objectif suivant, c'est à peu près 5 950.
21:40Il y a encore 3 à 4 % à aller chercher sur une fin d'année.
21:42Ah, 6 000, quoi !
21:44Oui, oui, oui, on est dans la fin de l'année.
21:46Non, mais peut-être qu'on aura de la volatilité.
21:49Mais c'est l'idée d'un...
21:51Je lis partout, tiens, c'est nouveau cycle haussier.
21:53Bon, déjà, je ne sais pas
21:55quand est-ce que le cycle haussier s'est arrêté.
21:57Ça ne fait que monter depuis mars 2020.
21:59Enfin, grosso modo, il y a eu des hauts et des bas.
22:01Mais je veux dire...
22:03Il y a l'idée d'un nouveau cycle ?
22:05Ou quelque chose d'une nouvelle séquence de marché
22:07avec peut-être des gagnants différents ?
22:09Oui, peut-être avec des gagnants différents.
22:11Les Américains en prennent le terme de Barbell Approach.
22:13Ça veut dire, dedans, il faut un peu...
22:15En gros, on va garder une partie de l'actualité.
22:17Le thème de l'IA est là pour durer.
22:19C'est-à-dire que les 10 acteurs, auprès de nos clients,
22:21on leur suggère de réduire, en quelque sorte,
22:23de faire des choix sans s'interdire
22:25d'aller chercher sur d'autres aspects de la cote.
22:27D'une part, et peut-être qu'on sera
22:29à en parler aussi,
22:31sur peut-être un univers qu'on regarde
22:33et on l'a souvent évoqué ensemble ces derniers mois.
22:35Je pensais que c'était prématuré.
22:37Je pense qu'on se rapproche du moment donné
22:39où va falloir y aller. C'est l'univers des small caps
22:41sur le marché américain parce qu'il faut deux ingrédients
22:43à nos yeux. C'est la baisse des taux. On l'a.
22:45Et l'autre aspect, c'est un retour de la profitabilité.
22:47Ça, c'est un peu plus long.
22:49Les boîtes de small caps, comme partout dans le monde,
22:51sont plus leveragées, plus endettées.
22:53Mais il faut qu'il y ait ce point d'inflexion
22:55et ça, on ne l'a pas encore totalement.
22:57On peut l'avoir, oui.
22:59Ceux qui sont allés sur les small caps US,
23:01en tout cas, en début de trimestre,
23:03ils sont contents sur le trimestre ?
23:05Ils sont contents. La question, c'est
23:07est-ce que c'est un phénomène de quelques mois ?
23:09L'année dernière, lorsqu'on a évoqué,
23:11je reviens encore une fois un petit peu en arrière,
23:13en décembre dernier, et qu'on avait le scénario
23:15de baisse de taux, parce que les données macro étaient faibles,
23:17on a eu pendant 2-3 mois
23:19une surperfe des boîtes de small caps.
23:21Et ça a fait long feu, parce que les 6 premiers mois de l'année,
23:23c'était terminé. Donc là, il ne faut pas se tromper.
23:25Moi, la question qui m'intéresse, c'est est-ce que je vais repartir
23:27dans un cycle, je m'en souviens très bien,
23:29c'est 2001-2007, où pendant 6 ans,
23:31ce qui a payé à l'époque, après le crack
23:33du Nasdaq, c'était
23:35l'univers value, l'univers small cap.
23:37Et c'est ça que, en fait...
23:39Le vrai grand mouvement possible,
23:41s'il doit y en avoir un, c'est plus celui-là
23:43qu'il faut chercher à chasser aujourd'hui,
23:45en tout cas, à identifier aujourd'hui.
23:47Sur le plan de l'investissement obligataire,
23:49qu'est-ce que ça change ?
23:51L'idée de ce cycle de baisse de taux,
23:53qu'est-ce que ça implique pour les stratégies obligataires aujourd'hui,
23:55Thomas ?
23:56Il y a beaucoup qui est déjà dans le marché.
23:57Ça, c'est la grande problématique.
23:59Le marché va très vite.
24:00Il a été beaucoup plus vite que la Fed, comme d'habitude.
24:02La Fed commence à combler le retard, mais
24:04au niveau des projections Fed Funds,
24:06elle a même un peu de retard. On a dit qu'ils étaient plus ou moins
24:08calés, mais le marché en anticipe une de plus
24:10de baisse de taux cette année, deux de baisse
24:12de taux l'année prochaine. Après, ce qui m'intéresse
24:14quand on regarde les marchés
24:16obligataires, je ne parle pas du crédit, je reste juste sur
24:18les taux, c'est les courbes, les
24:20pentes. Et effectivement, les pentes
24:22restent toujours plates, ça se repentifie.
24:24C'est normal, la Fed est en train
24:26d'enclencher son cycle de baisse. Mais actuellement,
24:28on est à 20 points de base entre le 10 ans,
24:30les taux à 10 ans et le taux à 2 ans.
24:32Ce qui m'intéresse le plus, parce que c'est souvent celui-là
24:34qui est cité, c'est regarder le taux à 10 ans
24:36et le taux à 3 mois.
24:37Là, c'est négatif encore.
24:38Et là, on est encore négatif de 130 points de base.
24:40130 points de base.
24:42La moyenne, vous savez, elle est à combien entre le 10 ans
24:44et le 30 ans ? La moyenne historique depuis 70, elle est à 100 points de base.
24:46Donc, on a 230 points de base
24:48à faire avant de revenir à la moyenne.
24:50230 points de base avec un taux de 10 ans à 3,80,
24:52ça vous fait
24:54ramener les taux directeurs ?
24:56Oui, bien sûr, oui.
24:58Le 10 ans est déjà
25:00assez cher
25:02si on est dans le scénario
25:04du soft-lending.
25:06Si on est dans le scénario du soft-lending.
25:08Ce n'est pas sur les parties longues,
25:10car il y a beaucoup de choses à faire
25:12encore aujourd'hui. On est prudent sur les parties longues.
25:14Le 2-5 ans reste
25:16le sweet spot, je pense, actuellement
25:18aux US, aussi en Europe, parce que ce que je viens
25:20de dire aux US, c'est complètement vrai et encore plus vrai
25:22en Europe. Si on prend l'Allemagne comme référent,
25:24les courbes seraient encore plus inversées.
25:26On n'a même pas cette pente de 20 points de base encore aujourd'hui.
25:28Et puis aussi, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est
25:30ce qu'on pourrait dire aussi, c'est que si on part en récession,
25:32les parties longues de courbes peuvent jouer leur rôle
25:34de sécurité,
25:36de flight equality, de valeurs refuge.
25:38Ça jouera, mais ça ne va pas le jouer
25:40très longtemps. Pourquoi ? Parce que
25:42on voit aussi que les tendances
25:44des courbes, quand il y a ces récessions,
25:4682,
25:4882, 2000,
25:502007, toutes les
25:52dernières grosses récessions,
25:54les pentes, les courbes se
25:56repentifient, mais beaucoup plus violemment que la moyenne.
25:58Le 10 ans, 3 mois, c'est 350 points de base.
26:00Il y a au moment de la récession, d'ailleurs,
26:02qu'on voit ce mouvement de repentification très violent.
26:04Quand je dis 10 ans US, 3 mois,
26:06350 points de base sur les mouvements violents.
26:08On est à 3,70 sur le 10 ans US.
26:10Ça voudrait dire que les taux US reviennent à zéro.
26:12Il n'y a plus grand-chose à jouer sur ces parties courbes-là.
26:14Avec des déficits
26:16à 16%.
26:18Je n'en parle même pas.
26:20Je suis obligataire, le factorisme, j'imagine un minimum.
26:22Évidemment.
26:24Comment est-ce qu'on relancerait l'économie en récession
26:26avec 6% de déficit ?
26:28Hervé, je veux bien qu'on
26:30on...
26:32Pardon, on bascule côté européen.
26:34Oui, oui, oui.
26:36Je veux qu'on parle de la France,
26:38en tout cas du positionnement de la France
26:40et du statut de l'OAT, même pour dire la chose
26:42précisément, par rapport aux paires
26:44allemands d'un côté, certes.
26:46Mais moi, ce qui m'intéresse,
26:48c'est l'autre partie du peloton.
26:50C'est-à-dire de voir que la France, déjà,
26:52a un coût de financement à 10 ans qui est plus élevé
26:54que le Portugal.
26:56Et qui est équivalent, aujourd'hui où on se parle,
26:58à celui de l'Espagne.
27:00Oui. Vous avez trois
27:02éléments à prendre en compte.
27:04Vous avez à prendre en compte
27:06l'état des finances publiques.
27:08Vous avez à prendre en compte
27:10la dynamique de la croissance.
27:12Et vous avez à prendre en compte
27:14la stabilité politique.
27:16Si on fait une comparaison
27:18toute bête entre la France et ses
27:20paires, les anciens, les nouveaux,
27:22je ne sais pas très bien.
27:24Ce qui est sûr, c'est que
27:26en matière de finances publiques,
27:28on est en retard.
27:30Qu'on prenne le déficit primaire
27:32hors la charge d'intérêt.
27:34Qu'on prenne le déficit
27:36après correction du cycle,
27:38ce qu'on appelle le solde structurel
27:40primaire. Alors, pour se débarrasser aussi
27:42de la charge d'intérêt, on est
27:44plus mauvais que les autres. Le solde
27:46structurel primaire, il doit être
27:48entre 3 et 4 points de produit
27:50intérieur, là où les petits camarades
27:52sont autour de 1.
27:54Donc, en fait, on est plus mal.
27:56Que l'on nous sanctionne de ce côté-là
27:58parce qu'on a tardé
28:00à s'y mettre, c'est un peu normal.
28:02Après, du côté de la croissance
28:04économique, bon,
28:06c'est pas terrible chez nous. Dans
28:08un environnement européen
28:10qui n'est pas terrible. L'Espagne
28:12donne l'impression de s'en sortir.
28:14On revoit à la hausse la croissance
28:16espagnole. 2,7%
28:18attendu pour l'Espagne cette année.
28:20Et le marché est très sensible à cela.
28:22Au royaume des aveugles, les
28:24bornes sont rois. Mais en fait, ce qu'il faut
28:26voir, c'est la qualité de cette croissance.
28:28La qualité de la croissance espagnole
28:30n'a jamais été très bonne. Même si
28:32sur le fond, au niveau manufacturier,
28:34il y a une lente amélioration.
28:36Mais on a eu l'immobilier
28:38par le passé et on sait comment ça a
28:40fini. Aujourd'hui, il y a un vrai engouement
28:42pour le tourisme. On doit avoir
28:44du sur-tourisme en Espagne, vraisemblablement.
28:46Ça pousse la croissance
28:48à la hausse. Ça, c'est du côté de la demande.
28:50N'oublions pas que du côté de l'offre,
28:52la migration vers l'Espagne,
28:54c'est aussi du travail, malgré
28:56un taux de chômage extrêmement élevé.
28:58Ça participe tout de même à une dynamique côté
29:00de l'offre. Est-ce qu'on doit parier
29:02sur le tourisme d'une part,
29:04sur les flux de migration de l'autre ?
29:06Donc, l'Espagne
29:08s'en sort bien aujourd'hui.
29:10Et j'aurais envie de dire que de ce côté-là,
29:12peut-être qu'on extrapole de trop.
29:14C'est-à-dire qu'il y a un côté facial à regarder les chiffres.
29:16Derrière, c'est peut-être moins bon.
29:18Et puis, du côté de la politique,
29:20et ça, c'est vraiment le côté nouveau
29:22au détriment de la France,
29:24c'est que la France était considérée
29:26comme politiquement stable,
29:28les fameuses institutions de la Vème République.
29:30Et là, brusquement, ça devient instable.
29:32Au point tel que...
29:34Je ne dis pas qu'on est en train de trouver
29:36que la politique espagnole est stable.
29:38Elle est instable maintenant depuis
29:404 ans ou 5 ans, quelque chose comme ça.
29:42Peut-être un petit peu plus, mais voilà.
29:44Donc, en France, on pâtit un peu
29:46de tout ça.
29:48Alors, d'un côté,
29:50c'est normal.
29:52De l'autre côté,
29:54ça doit être une invite
29:56à faire des réformes,
29:58c'est-à-dire à remettre de l'or
30:00dans nos comptes publics.
30:02On ne sait pas très bien comment on va faire,
30:04mais il va falloir le faire.
30:06Et puis, du côté de l'économie aussi,
30:08il y a sans doute des choses à faire.
30:10C'est un début de sanction.
30:12Il faut que ça soit
30:14écouté par tout le monde
30:16parce que ce n'est qu'un début.
30:18Continuons-le.
30:20Il y a un petit truc comme ça
30:22derrière, et donc
30:24il faut être attentif.
30:26Les marchés peuvent être injustes
30:28parfois, mais là, il y a quand même
30:30une part de vrai.
30:32Je trouve qu'ils sont, certes, très vigilants,
30:34mais qu'ils sont relativement
30:36sages aussi vis-à-vis de la France.
30:38On pourrait être à 100 points de base
30:40sans difficulté.
30:42Oui, c'est ça, et dans l'environnement actuel
30:44sans que rien n'ait changé dans le paysage politique
30:46français ou autre.
30:48Moment alatreuse, ou pas ?
30:50Oui, personne n'espère,
30:52et dans les chancelleries, j'espère que la leçon
30:54a été bien retenue
30:56de ce point de vue-là.
30:58C'est l'exemple qui revient deux ans après
31:00régulièrement pour évoquer
31:02des pays européens
31:04comme la France, mais pour évoquer aussi
31:06la situation américaine
31:08avec un risque politique
31:10post-5 novembre.
31:12Clairement, pour la France, c'est justifié
31:1480 points de base, on est sur des niveaux qui sont
31:16certes plus hauts que la moyenne,
31:18mais qui ne sont pas non plus exceptionnels, compte tenu
31:20de la situation.
31:22Aller toucher les 100, même au-delà de 100 points de base
31:24à très court terme,
31:26quand je dis à très court terme, c'est...
31:28Sur un budget qui doit bientôt arriver.
31:30On va voir comment il va arriver.
31:32C'est fortement possible. Après, la comparaison
31:34avec l'Espagne, c'est anecdotique,
31:36c'est des vases communiquants aussi,
31:38ça sort peut-être un petit peu de la France
31:40pour rentrer sur...
31:42C'est anecdotique, quand on va se retrouver derrière le Portugal,
31:44derrière l'Espagne...
31:46À un moment, c'est plus
31:48statut-coeur ou semi-coeur
31:50que la France dénaît.
31:52C'est normal que le spread...
31:54C'est normal que le spread augmente
31:56en prenant en compte les chiffres
31:58du pays. Après,
32:00sur les Etats-Unis, on verra bien
32:02aussi l'élection
32:04présidentielle.
32:06Je ne vais pas donner d'avis là-dessus,
32:08ça a mon avis extrêmement serré.
32:10C'est très flou pour le moment.
32:12Il y a match.
32:14Il y a encore quelques semaines, il n'y avait plus match.
32:16Il y a clairement match.
32:18C'est très difficile à voir les impacts
32:20sur le marché,
32:22notamment obligataires avec l'élection.
32:24Sanjo Biden,
32:26Donald Trump est orphelin.
32:28C'est ce qu'on m'a dit hier.
32:30C'est dur pour lui maintenant.
32:32Oui, bien sûr, c'est dur.
32:34Il y a un rattrapage.
32:36Juste avant que je vienne
32:38vous voir,
32:40nous, notre scénario depuis quelques mois,
32:42d'abord, on est vraiment sur
32:44un 50-50 déjà de l'élection présidentielle.
32:46C'est ce que je dis, il y a match.
32:48Il y a quelques semaines en arrière, ou quelques
32:50mois, le match n'était pas si évident
32:52que ça. Notre analyse politique
32:54de Washington donnait un 60-40 Trump,
32:56on est sur du 50-50.
32:58Ce ne sera pas un sweep, au contraire,
33:00ce sera une espèce de cohabitation
33:02avec, d'une part, comme vous le savez, le Sénat est réélu
33:04par tiers et la Chambre des représentants
33:06en intégralité. Notre pari, c'est
33:08qu'en fait, comme il y a plus de sièges
33:10à renouveler au niveau du Sénat,
33:12sur les 34 sièges, il y en a 23
33:14de mémoire. Pour les démocrates.
33:16Pour les démocrates, ils ont plus à perdre.
33:18Donc, on devrait basculer sur un Sénat-Chambre haute
33:20républicaine. A l'inverse,
33:22il y a des chances que les démocrates
33:24conservent, enfin, ne conservent pas parce qu'ils ne l'ont pas,
33:26gagnent la Chambre basse. Voilà.
33:28C'est sur le scénario, on verra.
33:30Et ça nous dit quoi ?
33:32Ça limite considérablement
33:34les marges de manœuvre, les politiques
33:36un peu trop disruptives aux yeux
33:38des marchés des investisseurs ?
33:40Ça permet de maintenir
33:42le système dans un état
33:44prévisible ?
33:46Oui, je pense que, quelque part, ça rassure, un peu comme
33:48de cohabitation, même dans n'importe quel pays, lorsqu'on sait que
33:50le pouvoir est dû un petit peu par
33:52deux forces qui vont devoir presque travailler
33:54ensemble, même si en France, ça reste encore à prouver.
33:56On apprend.
33:58Mais en général, ça peut rassurer.
34:00Ça évite des dérapages. Et avec Trump,
34:02c'est l'évidence même.
34:04Il va encore baisser les impôts.
34:06Trump, ça se traduit par des conflamments de déficit,
34:08donc, derrière, probablement, des hausses de taux.
34:10C'est très clairement le risque.
34:12Kamala Harris, pour l'instant, elle a eu une lune de miel
34:14en août depuis son élection.
34:16On est quasiment fin septembre.
34:18Ce qui est étonnant, c'est qu'en fait, ça tient toujours,
34:20pour l'instant. Et quand on regarde, j'ai
34:22regardé un quintérêt tout à l'heure, il y a entre
34:246 et 7 états swing states.
34:26Très clairement, fin juin,
34:28et encore plus après la tentative d'assassinat
34:30de Trump, il gagnait dans les 6 ou 7.
34:32Aujourd'hui, on est sur du 3 partout
34:34ou 4 à 3.
34:36Donc, il y a des bascules qui s'opèrent.
34:38Avec un budget de campagne démocrate qui n'a plus
34:40rien à voir avec ce que Trump peut avoir
34:42aujourd'hui. Là, il y a deux dimensions.
34:44Kamala Harris peut dépenser
34:46beaucoup plus que Trump dans les états clés.
34:48Oui, elle a récupéré
34:50sur le vote féminin, elle a récupéré
34:52sur le vote noir, elle a récupéré beaucoup de gens.
34:54Et le marché a compris que Kamala Harris n'était pas
34:56forcément positif pour les bénéfices par action
34:58des entreprises, par exemple ? Ou on
35:00verra ça plus tard ?
35:02Alors, l'impact sur les bénéfices, les faire repasser...
35:04Parce qu'on a beaucoup parlé des Trump Trades,
35:06par exemple. Bon,
35:08le Kamala Trade, ça n'a pas effrayé le marché.
35:10Non, ça aura un impact. Mais bon,
35:12souvenez-vous, quand Trump était élu,
35:14c'était en 2016,
35:16les Américains avaient le taux
35:18d'impôt société le plus élevé de l'OCDE.
35:20Ah bon ? D'accord, ok.
35:22C'est-à-dire que vous aviez le taux fédéral.
35:24Et j'étais étonné, j'ai lu deux fois la nouvelle,
35:26parce que c'était plus élevé que la France. C'est pas toujours facile
35:28de trouver des pays qui font pire que nous.
35:30C'est peut-être pas le taux effectif payé non plus, mais oui.
35:32Il l'a fait baisser à 21,
35:34éventuellement il veut l'amener
35:36à 20, voire même à 15, pour ceux qui
35:38produisent localement. Là, au Kamala Harris,
35:40il va faire monter à 27. D'abord, il faudra le faire valider,
35:42on verra, en fonction du vote des chambres.
35:44Donc c'est pas encore fait, mais il y aura probablement un lagging
35:46de 9 à 12 mois avant que ça soit mis en place.
35:48Et ça aura un impact sur les...
35:50Oui, ça sera une mauvaise nouvelle, mais pas de remise en cause
35:52de la tendance. Parce que c'est un taux facial,
35:54mais derrière, il y a beaucoup de capacités
35:56à... D'ingénierie. Oui.
35:58Fiscal. Oui.
36:00D'imagination. Sans limite. Oui, non mais ça, bien sûr.
36:02Bon, sur l'enjeu de l'élection américaine,
36:04Hervé, qu'est-ce qu'il y a
36:06de nouveau pour vous ? On ne s'est pas
36:08revu ici depuis
36:10le début de l'été, maintenant.
36:12C'était un monde encore différent.
36:14L'essentiel a été dit,
36:16c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
36:18il y a un jeu ouvert, alors qu'il ne le
36:20semblait pas avant
36:22que Biden renonce. Bon, il faut
36:24quand même faire attention aussi, c'est une élection
36:26à deux tours. Donc, en fait,
36:28en fonction de ce qui va se passer dans
36:30ces fameux swing states,
36:32on peut avoir
36:34une majorité des électeurs
36:36et puis une autre majorité
36:38au niveau des grands électeurs.
36:40Et ça, politiquement,
36:42voilà, ça peut
36:44rappeler des souvenirs
36:46pas très très heureux.
36:48Donc, il faut faire attention à cela.
36:50Au niveau
36:52de la politique budgétaire, on n'en
36:54parle pas du tout. Et j'ai
36:56l'impression que, enfin, j'ai peut-être été provocateur,
36:58sans doute à ton raison de
37:00ne pas en parler, parce que le monde
37:02est tellement
37:04incertain aujourd'hui
37:06que le côté refuge
37:08des actifs américains, singulièrement
37:10des titres d'Etat, est, je crois,
37:12très présent encore.
37:14Et donc, ça va sauver
37:16une irresponsabilité en matière
37:18de gestion des comptes publics.
37:20Alors, que l'on comprend bien chez
37:22Trump, mais qui existe
37:24aussi chez Harris, en fait,
37:26qui a existé chez Biden.
37:28Biden, l'IRA, l'Inflation
37:30Act.
37:32Voilà. Bon, c'est quand même
37:34mettre la caisse sur la table. Vous faites des
37:36investissements qui vont dans le bon sens.
37:38Je vous en paye un bon bout.
37:40Bon, donc, ça a choqué personne,
37:42parce que c'était pour la bonne cause, mais
37:44en matière d'équilibre des finances publiques,
37:46c'est quand même moyen. Donc,
37:48les Américains jouent un peu
37:50avec le feu dans cette histoire, en se disant
37:52on se fera financer soit par les
37:54étrangers, soit par la Fed. Très bien.
37:56Mais, voilà, c'est...
37:58On paraît presque vertueux par rapport
38:00aux Américains. Ça, c'est quand même
38:02quelque chose auquel il faut être attentif.
38:04Et puis, nous, qui sommes à la
38:06périphérie des États-Unis, il faut
38:08quand même être attentif à ce que sera
38:10la politique étrangère, à ce que sera
38:12la politique économique étrangère
38:14des États-Unis.
38:16Il règne tout de même un
38:18espèce de parfum plutôt
38:20nationaliste, isolationniste
38:22chez tout le monde.
38:24Et donc, il faut bien voir
38:26quelles conséquences ça aura
38:28chez nous, sachant qu'on voit...
38:30Et du point de vue de l'Europe, qu'est-ce qui serait mieux ? Trump ou Harris, alors ?
38:32C'est sans doute Harris,
38:34parce qu'elle est quand même plus
38:36internationaliste, si j'ose dire,
38:38que Trump.
38:40Elle serait plus bienveillante vis-à-vis de l'Europe
38:42et du commerce extérieur, oui ?
38:44Je pense qu'elle... Dans ce monde
38:46compliqué, et je pense
38:48qu'au département d'État, on le sait,
38:50les Américains sont
38:52certes le pays
38:54le plus puissant, mais ils ont besoin
38:56d'appui. Et alors, chez les
38:58démocrates, les Européens,
39:00certains pays d'Asie,
39:02sont des appuis très naturels.
39:04Et ça, ça ne sera pas remis en cause, je crois.
39:06Après, la qualité
39:08de l'écoute de ses alliés
39:10à Washington sera moyenne.
39:12Mais n'empêche que c'est mieux que
39:14celui qui dit, je mets
39:16la table par terre et on verra
39:18ce qui se passe.
39:20Ce qui nous oblige quand même à réagir, quoi.
39:22C'est un aiguillon qui...
39:24Pousse aussi la réaction de
39:26l'Europe dans un monde un peu plus...
39:28différent, quoi.
39:30Quand on voit l'état de la politique
39:32française, considérer qu'on va
39:34avoir une vraie capacité
39:36de réaction, c'est pas évident.
39:38Il y aura des initiatives au niveau
39:40de la Commission, mais
39:42ça ne suffira pas à nous faire bouger.
39:44Merci beaucoup à vous trois d'avoir été les invités
39:46de Planète Marché ce soir. Hervé Gouletteker,
39:48Senior Economic Advisor d'Accuracy,
39:50Thierry Guil, Président de Raymond James France,
39:52et Thomas Vey, Responsable Fixed Income
39:54chez Spirit Asset Management.

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