LIBAN - Adéa Guillot, porte-parole de Care France, est l'invitée de Yves Calvi

  • il y a 1 heure
"Le Liban est au bord du gouffre", alerte le chef de l'ONU. Des dizaines de milliers de personnes ont fui le sud du pays du Cèdre en raison des bombardements israéliens qui ont fait plus de 550 morts lundi selon le bilan du ministère libanais de la Santé.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 24 septembre 2024.

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Transcript
00:00Au Liban, des dizaines de milliers de familles fuient les bombardements.
00:06Face à l'ampleur de la situation, les Libanais ont besoin d'une aide de toute urgence.
00:09Je relaie le site de l'ONG CAIR sur votre site que j'ai trouvé ces propos.
00:14Bonsoir Adéa Guillaume.
00:15Bonsoir Yves Calvi.
00:16Vous êtes porte-parole de l'association CAIR.
00:17Ce soir, le président Biden lui-même s'inquiète d'une guerre généralisée au Liban.
00:21C'est votre inquiétude ?
00:22En tout cas, nous on se prépare, on se prépare à tous les scénarios et on se prépare depuis
00:26déjà quelques mois.
00:27Ça fait plus d'un an que l'association CAIR, qui était présente au Liban depuis
00:32de nombreuses années, réfléchit à comment se préparer, nous préparer pour aider les
00:36populations civiles si un tel scénario devait se adverber.
00:39De quoi vous rendez compte vos équipes qui sont sur le terrain ?
00:41Alors j'étais en ligne juste avant de vous rejoindre, puisque j'étais en taxi pour
00:46vous rejoindre avec les équipes sur le terrain.
00:48Déjà, il faut séparer le ressenti des équipes elles-mêmes, qui sont des équipes libanaises
00:52et qui elles-mêmes ont tous des familles, des membres de leur famille touchés par ce
00:57qui se passe.
00:58Donc, il s'agit déjà de les rassurer et de les écouter.
01:01Mais d'un autre côté, ce qu'elles nous racontent aujourd'hui, c'est une escalade
01:04dramatique, une situation dramatique à Beyrouth même, beaucoup d'inquiétude à Beyrouth
01:09même.
01:10Parce qu'il faut imaginer, imaginer ce serpent de voiture.
01:15Voilà, il faut le visualiser, ce serpent de voiture du sud au nord qui monte et qui
01:21amène son flux de familles entières qui ont tout laissé entre 30 et 2 heures, leur
01:25a-t-on dit par SMS, qu'elles quittent leur maison entre 2 et après 2 heures après avoir
01:31reçu ce SMS.
01:32Et ces familles arrivent à Beyrouth sans rien.
01:34Et qu'est-ce qu'on fait ? Où est-ce qu'on dort ? Comment on mange ? Comment on boit ?
01:38Voilà la situation aujourd'hui pour des milliers de familles à Beyrouth et c'est
01:42là qu'on intervient.
01:43Alors justement, comment et pour quel type d'aide exactement ?
01:48Aujourd'hui, on est vraiment dans la phase d'urgence humanitaire basique de première
01:53impression.
01:54Donner à manger et à boire ?
01:55À manger et à boire.
01:56C'est aussi basique que ça aujourd'hui.
01:58C'est dramatique de se dire ça pour le Liban, mais c'est réellement de ça dont il s'agit.
02:02Donc on a aujourd'hui des écoles, des universités abandonnées, des gymnases qui sont en train
02:08d'être organisés pour servir d'abri.
02:10Et nous, les organisations comme CAIR, notre boulot, c'est d'aller apporter à manger,
02:14à boire, dans un deuxième temps même des matelas, des couvertures et puis de faire
02:19très attention aussi puisque dans ce type de situation, on le sait malheureusement parce
02:23que nous, on en a l'expérience, les femmes et les filles sont souvent victimes de violences
02:29basées, ce qu'on appelle les violences basées sur le genre.
02:31Des proies ?
02:32Voilà.
02:33Elles deviennent des proies.
02:34Et donc nous, notre boulot, c'est aussi de les protéger de ça.
02:36Donc ça veut dire quoi concrètement ?
02:38Oui.
02:39C'est la question que j'allais vous poser.
02:40Voilà.
02:41Si on installe des toilettes, faire en sorte que les filles aient leurs propres toilettes,
02:43que les femmes aient leurs propres toilettes, c'est basique comme ça.
02:46Vous devez tenir compte de l'intimité des femmes pour les protéger ?
02:49Absolument.
02:50Mais ça, c'est le cas de toutes les crises à travers le monde où on se retrouve dans
02:53une promiscuité qui pourrait permettre des violences faites aux femmes.
02:57En tout cas, Israël annonce de nouvelles frappes massives, je cite, sur des cibles
03:01terroristes du Hezbollah au Liban.
03:02Du point de vue israélien, les choses sont claires.
03:05Ils assurent tous les jours éliminer des membres du Hezbollah.
03:07Aujourd'hui, le responsable du développement, de la gestion des missiles et des roquettes
03:12est accusé de bombarder le nord d'Israël.
03:16Comment expliquez-vous cette situation qui ne s'arrête pas ?
03:19Alors, moi, je ne commande pas la situation politique, vous l'imaginez, mais nous, en
03:25tout cas, on se prépare à tous les scénarios.
03:27Tous les scénarios, c'est aller au bout d'une opération.
03:30On ne sait pas de quelle opération il s'agit.
03:32Pour nous, c'est vraiment notre travail, c'est de faire face aux besoins du flux qui
03:39arrivent aujourd'hui à Beyrouth et qui cherchent à rejoindre, en vérité, tout le nord Liban.
03:44Donc, nous, c'est de faire face à ces populations.
03:46Et encore une fois, nous avons des femmes, des enfants, des familles entières qui arrivent
03:50sans rien.
03:51Et surtout, comme on ne sait pas comment cette situation va évoluer, vont-ils pouvoir retourner
03:55un jour chez eux ?
03:56Nous ne le savons pas.
03:57C'est la question que j'allais vous poser, puisque vous nous dites, en fait, depuis ces
04:00dernières 48 heures, on gère avec de l'eau et à manger, comment pouvez-vous les aider
04:05à rester plus longtemps sur place ?
04:08Il sera par définition la seconde phase de votre aide.
04:11Il sera peut-être la seconde phase de notre aide.
04:13En tout cas, c'est vrai que nous, on l'anticipe.
04:15Ça, c'est des choses que l'on fait déjà.
04:17Nous, on était au Liban déjà très impliqués dans les camps du sud Liban auprès des réfugiés
04:23syriens, notamment.
04:24Vous savez, il y a plus d'un million cinq de réfugiés syriens, il y a 500 000 réfugiés
04:28palestiniens.
04:29Donc, nous, on avait déjà ça.
04:31Par contre, là, comment on aide aussi les populations libanaises qui se sont vraiment
04:36beaucoup appauvries depuis l'explosion du port de Beyrouth il y a quatre ans.
04:39Et donc, on va juste continuer ces programmes là.
04:42Ces programmes là, c'est quoi ? C'est qu'une fois qu'on a donné à boire, une fois qu'on
04:45a donné à manger, une fois qu'on a distribué un matelas, dans un second temps, peut-être
04:48dans quinze jours, peut-être dans trois semaines, il faudra penser à créer un réseau de logement.
04:54Il faudra penser à distribuer du cash, ce qu'on appelle distribuer du cash, de l'argent
04:58pour que les gens puissent subvenir eux-mêmes à leurs besoins.
05:00Tout ça, ce sont des plans et des scénarios sur lesquels nous travaillons en ce moment.
05:03Ça peut aller jusqu'à essayer de collaborer d'une façon ou d'une autre à l'éducation
05:07des enfants qui, du jour au lendemain, n'ont plus d'école ?
05:09Alors, ça, on passe dans une phase qui sera un petit peu plus de long terme, qui est une
05:12phase dite de développement ou de relèvement, peut-être le relèvement avant le développement,
05:17comme on dit dans notre jargon.
05:18Oui, ce sera peut-être le cas.
05:19Il y a plus de 70 écoles aujourd'hui qui ne fonctionnent plus.
05:22On a un taux de déscolarisation des enfants dans le sud extrêmement important, mais aussi
05:27pour les plus affaiblis à Beyrouth et autour.
05:30Vous intervenez spécifiquement avec les enfants ? Je veux dire, est-ce qu'il y a une aide
05:33psychologique qui est nécessaire ?
05:35Alors, les femmes et les enfants, il faut peut-être distinguer la situation de l'urgence
05:42pure.
05:43Et là, nous sommes dans l'urgence pure.
05:44C'est pour ça qu'aujourd'hui, vraiment, on a besoin de la solidarité internationale.
05:47On parle de besoins extrêmement basiques.
05:49Avec les enfants, ce que l'on fait plus tard, c'est ce que l'on fait autour des femmes
05:52et des enfants.
05:53Et ça, ça dépend des programmes que l'on met en plus en place.
05:55Ça va être de la formation, de l'éducation, etc.
05:59Ça dépend d'un pays à l'autre, ce que l'on a à faire.
06:01Au Liban, aujourd'hui, on ne travaillait pas forcément sur ce terrain-là, on travaillait
06:05auprès des femmes et des communautés de femmes sur la question de la sécurité alimentaire
06:10et l'agriculture.
06:11Demain, nous verrons.
06:13Que peuvent faire l'Europe et la France ? Parce que nous sommes amis d'Israël et en même
06:16temps horrifiés par la violence, des frappes qui touchent aussi la population palestinienne
06:21et libanaise.
06:22Que peut faire l'Europe ? Elle a déjà appelé un cessez-le-feu.
06:26Je pense que l'ensemble de la communauté internationale, tout comme les organisations
06:32que nous représentons, nous de la société civile, comme les ONG, nous avons un intérêt
06:36à demander un cessez-le-feu et un respect du droit international.
06:40Le droit international humanitaire notamment est là, quand même, d'une manière extrêmement
06:45choquante, dans l'ensemble de cette région, complètement balayée.
06:48A la tribune des Nations Unies, le président Turc Erdogan déclare, lui, que le système
06:52de l'ONU meurt à Gaza, meurt à Gaza.
06:55Il a raison.
06:56Ce sont des paroles fortes.
06:57Ce sont des questions que vous vous êtes posées parfois.
06:58Ce sont des paroles fortes.
06:59Nous, ce que l'on observe, c'est que ce sont les populations civiles qui partout paient
07:04le prix.
07:05Voilà.
07:06Dans cette région notamment, de manière disproportionnée, d'une manière ciblée,
07:10nous observons qu'il y a une violation du droit humanitaire qui, normalement, vise
07:15à, quand même, séparer ce que doit être une cible militaire de ce que sont des cibles
07:20civiles.
07:21Et aujourd'hui, nous, nous le constatons, ce sont les civils qui paient le prix fort.
07:24Et notre boulot, en tant qu'organisation humanitaire, c'est d'être aux côtés de
07:28ces civils.
07:29Vous aviez vu une situation pareille auparavant, dans les différents pays où vous êtes intervenu ?
07:33Gaza est un cas à part.
07:35C'est vrai que Gaza est une situation sans précédent.
07:39Nous l'avons déjà dit, nous, CAIR, nous prenons la parole sur cette question.
07:42Le Liban, aujourd'hui, est une escalade qui nous inquiète.
07:47Et c'est pour ça que nous appelons, de nouveau, toutes les parties prenantes.
07:50Nous, on a une neutralité.
07:51La neutralité d'une organisation comme la nôtre, c'est pour nous permettre d'accéder
07:55aux gens qui en ont besoin.
07:57Donc, on doit préserver cette neutralité.
07:59Pour autant, nous appelons toutes les parties, aujourd'hui, de cette région au calme et
08:04à l'intelligence collective en demandant un cessez-le-feu.
08:08Merci beaucoup, Adéa Guillaume, porte-parole de l'ONG CAIR.
08:10Et je précise que vous pouvez faire, vous qui nous écoutez, un don aux victimes.
08:14Allez-vous sur le site de l'association CAIR, pardonnez-moi, www.cairfrance.org, les prochaines
08:2248 heures sont absolument vitales pour les populations sur place.
08:25Nous sommes d'accord ?
08:26Elles le sont.
08:27Merci beaucoup, Adéa Guillaume.
08:28A 18h45, donc dans un quart d'heure, retour sur les troubles 10 des millions de Français
08:32sont concernés.
08:33Dyslexie, dysphasie, dysorthographie, la Présidente de la Fédération Française des Dys sera donc
08:37avec nous.
08:38Vous avez envie de respirer ? Nous allons partir dans le Périgord.
08:44RTLSOI

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