L’affaire des 83 violeurs de Mazan, l’Abbé Pierre, Judith Godrèche, Norman… Tous les jours, les questions de discriminations, de violences sexistes et sexuelles et de culture du viol sont au cœur de l’actualité. Pour faire face à ces vieilles rengaines patriarcales, de nouveaux outils de lutte féministes se mettent en place. La streameuse Joul, la streameuse et membre de l’asso Afrogameuses Mamapaprika, la vidéaste Ache et l’avocate et chroniqueuse pour l’Humanité Violaine De Filippis Abate, se sont réunies sur notre plateau Twitch pour en discuter.
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00:00:00Même aujourd'hui, quand on a les preuves, on a des vidéos, on a des photos, on a tout,
00:00:03il y a encore ce doute qui est mis en place.
00:00:05C'est des VSS, parce que si ça avait été un homme,
00:00:08on sait très bien que le traitement n'aurait pas été le même.
00:00:10« C'est sexiste », ça ne veut pas vouloir dire « t'es un connard », forcément.
00:00:14Ça veut juste dire « prends du recul sur ce que tu viens de dire,
00:00:16essaie de réfléchir à ce que ça implique. »
00:00:18Il nous semble essentiel d'ouvrir ce premier plateau de discussion autour des questions féministes.
00:00:22Tous les jours, les questions de discrimination, de violences sexistes et sexuelles,
00:00:25de culture du viol font ou devraient faire la une de toute la presse.
00:00:29Récemment, on a eu Norman, l'abbé Pierre, Judith Gaudrèche,
00:00:31qui sera présente à la fête d'ailleurs demain, Gisèle Pellicot et plein d'autres.
00:00:35On a donc décidé d'instituer ce plateau « Vieilles rengaines patriarcales
00:00:38et nouveaux outils de lutte féministes ».
00:00:40Pour ce faire, on a invité Violaine de Philippe Pisabat.
00:00:43Bonjour, Violaine.
00:00:43Bonjour.
00:00:44Comment ça va ?
00:00:44Ça va et toi ?
00:00:45Très très bien.
00:00:46Tu es avocate, chroniqueuse, on l'a vu, ancienne porte-parole d'Oseille Féministe.
00:00:50Tu écris pour l'UMA depuis trois ans maintenant
00:00:52et depuis l'année dernière seulement, tu dégaines ces mêmes chroniques en vidéo,
00:00:55comme on l'a vu.
00:00:56Jul, bonjour.
00:00:57Bonjour.
00:00:57Ça va ?
00:00:58Nickel.
00:00:59Bienvenue.
00:01:00Tu es streameuse et cofondatrice de Furax,
00:01:02un marathon de streaming caritatif féministe dont c'était la deuxième édition cette année.
00:01:07H, bonjour.
00:01:08Bonjour.
00:01:09Tu es vidéaste, tu parles des luttes LGBT, d'anticapitalisme et d'anticalolianisme
00:01:13à travers la pop culture et notamment à travers le jeu vidéo surtout.
00:01:17Mama Paprika, pardon, bonjour.
00:01:19Hello.
00:01:20Ça va ?
00:01:20Ça va et toi ?
00:01:21Tu perds casquette, incroyable.
00:01:22On est d'accord.
00:01:24Tu es streameuse et membre de l'association Afrogameuse,
00:01:26dont le but est d'encourager un écosystème,
00:01:28je cite, j'ai repris la bio de votre site,
00:01:30d'encourager un écosystème de jeux vidéo plus représentatif des minorités ethniques.
00:01:34Bonjour à toutes les quatre, merci beaucoup d'être ici.
00:01:37Violaine, avec tous ces sujets sidérants qu'on a évoqués dans l'introduction,
00:01:41est-ce qu'on avance vraiment dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ?
00:01:45Je pense qu'on a avancé beaucoup sur le plan théorique,
00:01:48c'est-à-dire que sur le plan légal, on a réussi à acquérir l'égalité des droits.
00:01:53Je dirais que le virage se situe au début de l'année 2000,
00:01:55on a vraiment réussi à faire inscrire dans nos lois,
00:01:58je pense notamment aux dernières acquisitions vraiment légales,
00:02:01comme le fait de pouvoir transmettre notre nom de famille
00:02:03quand on est une femme à son enfant,
00:02:04ça c'est début de l'année 2000 seulement.
00:02:06Et maintenant on se bat pour arriver à faire appliquer ces droits,
00:02:09donc maintenant que sur du papier on est tous égaux et égales,
00:02:12bon ce serait bien aussi que ce soit le cas concrètement.
00:02:14Donc on condamne les violences faites aux femmes,
00:02:17qu'on soit vraiment payé autant que les hommes, etc.
00:02:19Et ça je pense que c'est vraiment le combat de notre sexe,
00:02:20c'est-à-dire arriver à faire appliquer les lois
00:02:23qu'on a obtenues, en tout cas que nos prédécesseuses ont obtenues au siècle dernier.
00:02:27Vous êtes d'accord qu'on avance comment en termes de lutte
00:02:29contre les violences sexistes et sexuelles ?
00:02:30On avance trop doucement.
00:02:31On n'y peut pas encore être convaincu.
00:02:33Un pas en avant, deux pas en arrière.
00:02:34Oui c'est ça, littéralement.
00:02:36En fait c'est un peu pareil pour toutes les avancées sociales,
00:02:39c'est que dès qu'il y a une avancée,
00:02:40t'as forcément le double en contre-avancée,
00:02:44enfin je ne sais pas comment dire.
00:02:45T'as des exemples récents ?
00:02:46Tu penses à un truc précis récemment ?
00:02:48Ben...
00:02:50Les autres, je ne veux pas vous dire de questions pièges.
00:02:52Le procès-Mazan ?
00:02:53Oui, ben oui.
00:02:54On le voit bien le procès-Mazan aujourd'hui,
00:02:56qui est quand même un exemple probant justement
00:03:01qui va vraiment contre le not all men.
00:03:04Mais il y a encore des personnes justement qui vont dire
00:03:07non, non, non, c'était forcément consenti,
00:03:09il y avait forcément quelque chose
00:03:11où Gisèle était imbriquée dedans et faisait partie de la manipulation.
00:03:16Ça veut dire que même aujourd'hui, quand on a les preuves,
00:03:18on a des vidéos, on a des photos, on a tout,
00:03:21il y a encore ce doute qui est mis en place
00:03:23et ce doute qu'on voit aujourd'hui,
00:03:27c'est des VSS.
00:03:28Parce que si ça avait été un homme,
00:03:30on sait très bien que le traitement n'aurait pas été le même.
00:03:32Et puis c'est justement ça que je voulais dire,
00:03:34c'est qu'il y a des grosses avancées féministes
00:03:36et du coup on a tout un élan masculiniste
00:03:39qui est arrivé en contre de ça
00:03:42et qui est beaucoup plus violent que les mouvements féministes.
00:03:44C'est les féministes qu'on considère comme violentes,
00:03:48tout le temps en train de râler.
00:03:50La mise en prix, oh là là !
00:03:52Alors que la violence, elle est plutôt du côté des masculinistes
00:03:54que du côté des féministes.
00:03:56C'est vrai que c'est assez incroyable,
00:03:57quand on voyait la défense des accusés,
00:03:58surtout des avocats des accusés,
00:04:00ils reprenaient...
00:04:01Enfin, la culture du viol et tout, on est complètement là-dedans.
00:04:03Il y a complètement une négation.
00:04:05C'est ça.
00:04:06Toi, Violenne, tu suis un peu, j'imagine,
00:04:07ce procès de l'extérieur et en même temps,
00:04:09comme tu connais les rouages,
00:04:10qu'est-ce que t'en penses ?
00:04:11Qu'est-ce que t'en dis ?
00:04:12Moi, je pense que ça pose plein de questions, bien sûr,
00:04:16mais ça pose aussi la question des droits de la défense,
00:04:18qui sont évidemment fondamentaux dans notre société.
00:04:20C'est-à-dire que n'importe qui a le droit d'être défendu, bien sûr.
00:04:22Sinon, ce serait...
00:04:24Enfin, ce serait plus de la justice.
00:04:26En revanche, c'est jusqu'où on peut aller
00:04:28en exerçant les droits de la défense
00:04:30et en tant qu'avocat, peut-on plaider
00:04:32contre une vérité matérielle ?
00:04:34C'est-à-dire, peut-on concrètement...
00:04:36Alors, je ne parlais pas de ce procès-là précédemment,
00:04:38mais en règle générale, en tant qu'avocat,
00:04:40on a le droit de mentir à la barre contre une preuve matérielle
00:04:42dit l'inverse de ce qu'on est en train de plaider.
00:04:44Mais là, je pose la question de...
00:04:46Ça m'est déjà arrivé avant le plaidoirie d'avoir un contraire
00:04:48ou une consœur en face qui disait vraiment
00:04:50quelque chose qui était absolument prouvé par preuve inverse
00:04:52dans le dossier, et notamment en matière
00:04:54de violences sexistes et sexuelles.
00:04:56C'était des femmes qui avaient été médiatisées
00:04:58à l'occasion d'une émission.
00:05:00Des photos d'elles, torses nues, en fait,
00:05:02avaient été diffusées
00:05:04à leur insu, parce que des caméras étaient dans leur vestiaire
00:05:06quand elles se changeaient pour l'émission.
00:05:08Et donc, elles ont été victimes d'harcèlement en ligne
00:05:10et ces photos se sont trouvées,
00:05:12ces vestiaires se sont trouvés sur des sites pornographiques.
00:05:14Et l'avocat de la défense
00:05:16de la société de production a osé
00:05:18plaider quand même que c'était ces femmes
00:05:20qui avaient voulu que ces vidéos circulent
00:05:22parce qu'elles voulaient faire de la notoriété dessus
00:05:24alors même qu'on prouvait dans le dossier
00:05:26que le harcèlement en ligne
00:05:28avait commencé au moment de la diffusion des images
00:05:30en direct, et que le
00:05:32déparlement avait commencé là, en même temps sur Twitter.
00:05:34Et donc, on avait les messages, les heures et tout.
00:05:36Et je me dis, mais on peut pas plaider ça à la barre.
00:05:38Et ça m'arrive quand même rarement de couper, parce que déontologiquement,
00:05:40on n'a pas le droit de couper une clé d'oirée.
00:05:42Mais là, je l'ai fait. Et je lui ai dit,
00:05:44je lui ai quand même dit, je suis désolée de vous couper le contraire.
00:05:46J'ai pas dit désolé, mais bon.
00:05:48Mais on peut pas mentir à la barre.
00:05:50Là, c'est vraiment, il y a une preuve qui dit l'inverse de ce que vous dites.
00:05:52Et la juridiction a dit, bon, laissez finir votre contraire.
00:05:56Voilà.
00:05:58Donc, on n'avance pas tant que ça, finalement,
00:06:00dans l'élite contre les violences sexistes et sexuelles.
00:06:02Est-ce que, H, on avance
00:06:04un peu plus dans la,
00:06:06comment dire, dans la défense des droits
00:06:08des personnes trans ?
00:06:10Alors, c'est compliqué, parce que, déjà,
00:06:12on n'est pas très très loin, en vrai, dans la défense
00:06:14des droits des personnes trans.
00:06:16Parce qu'en fait, pour l'instant, ne serait-ce qu'au niveau des transitions,
00:06:18les transitions sont extrêmement lentes,
00:06:20sont extrêmement ralenties,
00:06:22par mille processus légaux, par le corps médical,
00:06:24déjà, de façon très large,
00:06:26puis par tout ce qui est processus de changement
00:06:28de nom, de changement de genre, à l'état civil, etc.
00:06:30Et en fait, ce qu'on voit, c'est que,
00:06:32non seulement c'est lourd pour toutes les personnes
00:06:34qui commencent à s'inscrire dans ce schéma-là,
00:06:36mais c'est aussi très inégalitaire,
00:06:38parce que, bah, typiquement,
00:06:40un des exemples qu'on prend très souvent,
00:06:42c'est qu'une personne transracisée, elle va souvent avoir
00:06:44beaucoup plus de mal à se faire croire par les docteurs,
00:06:46puis, enfin, vivre de la transphobie
00:06:48et de la misogynie noire,
00:06:50tout ça, un petit peu ensemble,
00:06:52là-dedans,
00:06:54etc. Ensuite, au niveau
00:06:56de l'administration et tout, et c'est
00:06:58tout le parcours de transition,
00:07:00ça va être un moment où on va être très exposé
00:07:02à toutes les violences transphobes,
00:07:04justement, tous les moments
00:07:06où on aura marqué homme, en gros,
00:07:08sur notre pièce d'identité,
00:07:10alors qu'on présente exactement le contraire,
00:07:12ou alors inverse, si on fait
00:07:14le parcours dans l'autre sens.
00:07:16Il y a déjà tous ces processus
00:07:18qui créent des énormes disparités
00:07:20au sein des transitions. Il y en a qui peuvent
00:07:22être très rapides et se passer très bien,
00:07:24mais dès que tu es plus pauvre
00:07:26et que tu ne peux pas, par exemple, aller dans des cliniques
00:07:28à l'étranger ou des cliniques privées pour avoir
00:07:30les opérations sur lesquelles il y a des listes d'attente
00:07:32qui durent parfois des années,
00:07:34et quand tu vas subir en plus le racisme
00:07:36de l'administration, le racisme au quotidien,
00:07:38ça va être plein de petits trucs qui vont
00:07:40se rajouter les uns aux autres.
00:07:42Donc on n'est déjà pas très loin à ce niveau-là,
00:07:44sans compter tous les détails
00:07:46dans les administrations,
00:07:48les universités qui refusent encore
00:07:50de s'adapter. Et en plus de ça,
00:07:52on voit comment c'est arrivé,
00:07:54très très fort, un backlash réactionnaire
00:07:56anti-trans qui a commencé,
00:07:58qui est vraiment une renaissance
00:08:00au Royaume-Uni
00:08:02puis aux États-Unis, et puis on a vu
00:08:04que l'extrême droite a très vite remarqué
00:08:06que, waouh, en fait ça parle,
00:08:08la haine anti-trans,
00:08:10ça parle à beaucoup de gens, ça fait basculer
00:08:12beaucoup de gens qui étaient anciennement à gauche,
00:08:14voire féministes, voire féministes radicales,
00:08:16vers l'extrême droite,
00:08:18et du coup ça a plutôt bien marché
00:08:20au Royaume-Uni, c'est encore
00:08:22la grosse baston, en gros,
00:08:24aux États-Unis.
00:08:26On espère que ça ne va pas trop prendre en France,
00:08:28pour l'instant, il y a des premières tentatives
00:08:30qui commencent vraiment à sensationnaliser,
00:08:32on a vu la proposition de loi
00:08:34qui est contre
00:08:36les bloqueurs
00:08:38de puberté
00:08:40administrés à des enfants
00:08:42à partir de 12 ans en général,
00:08:44et en fait, c'est pareil,
00:08:46ça c'est toujours le cheval de Troyes,
00:08:48et puis au fur et à mesure, ça permet d'établir le discours,
00:08:50ça permet d'en faire un débat public,
00:08:52et voilà, ça a été retardé par la
00:08:54dissolution, ce qui est
00:08:56à peu près le seul truc
00:08:58vaguement positif sur tout ça,
00:09:00mais du coup, c'est moins
00:09:02le bordel pour l'instant que ce dont
00:09:04on avait peur, mais ça fait peur.
00:09:06Je vous entendais acquiescer,
00:09:08Jules, vous avez des choses à ajouter,
00:09:10des choses qui résonnent aussi pour vous dans ce que dit H ?
00:09:12Ah ouais, vachement,
00:09:14parce qu'en fait, il y a toujours
00:09:16ce truc, tu parlais notamment de la misogynoir,
00:09:18tout ça, et en fait, à chaque fois que tu disais
00:09:20quelque chose, j'avais l'impression qu'en fait
00:09:22c'était un cumul de non-privilèges
00:09:24justement, qui s'adossent,
00:09:26et qui, tu es une femme,
00:09:28tu es trans, tu es racisé,
00:09:30tu es pauvre, tout ça, c'est vraiment
00:09:32ce cumul qui fait que, vraiment,
00:09:34l'addition, elle est de plus en plus
00:09:36allée, et cette addition, en fait,
00:09:38elle se concrétise par le fait de ne pas
00:09:40être crue, aujourd'hui, c'est-à-dire
00:09:42que tu vas avoir, je vais prendre
00:09:44le cas que j'ai vu très
00:09:46récemment, d'une personne
00:09:48trans qui montrait comment
00:09:50sa maman plastique,
00:09:52et qui disait,
00:09:54voilà, ça, c'est...
00:09:56ça, ça m'a soignée, ça, ça m'a...
00:09:58ça réussit, voilà,
00:10:00à me sauver la vie, et il y avait quand même
00:10:02des personnes pour dire, ah bah super,
00:10:04c'est pour ça que la
00:10:06sécurité sociale rembourse 100%,
00:10:08tout ça, et on était là, genre,
00:10:10mais qu'est-ce que tu n'entends pas dans
00:10:12ça sauver la vie des personnes, et ça va
00:10:14représenter peut-être, allez,
00:10:160,1% de l'intégralité des choses
00:10:18qui sont remboursées, mais ça, c'est
00:10:20un cheval de trois sur lequel, enfin, en tout cas,
00:10:22c'est un cheval de trois, mais c'est...
00:10:24ça fait partie des convictions
00:10:26qui font que, justement, les minorités,
00:10:28notamment les trans, et ça va être exactement la même chose
00:10:30avec les personnes racisées, avec
00:10:32notamment le syndrome méditerranéen, où, en fait,
00:10:34on va dire, bah si, il y a plus de
00:10:36proportions de personnes racisées
00:10:38qui ont des soucis cliniques
00:10:40au moment de la prise en charge,
00:10:42et on va dire, ah bah non, c'est parce que
00:10:44ils n'ont pas payé leurs impôts, c'est parce que
00:10:46ils profitent, tout ça, et en fait, ça déconnecte
00:10:48complètement de la chose, et c'est en ça
00:10:50que, finalement, les VSS, ça ne s'avance pas,
00:10:52c'est parce qu'à chaque fois, on relie des choses
00:10:54qui n'ont rien à voir avec le schmilwitz,
00:10:56et tu parlais de politique, et c'est super important
00:10:58justement de le remettre là-dessus, parce que dès qu'il se passe
00:11:00quelque chose, très souvent, on va avoir des gens
00:11:02qui vont relier ça, justement, à la politique,
00:11:04bah c'est ça, de voter de gauche, et bah voilà, il arrive ci,
00:11:06il arrive ci, il arrive ça, et quand, en fait, on arrive
00:11:08avec les preuves, et ça, c'est ce que tu disais, tu vois,
00:11:10c'est le genre des chiffres, des choses qui sont étudiées,
00:11:12et là, les gens disent, non, je ne me reconnais
00:11:14pas là-dedans, mais si tu ne te reconnais pas là-dedans,
00:11:16pourquoi tu accuses quoi que ce soit, en fait ?
00:11:18Et ça, c'est un gros souci, je trouve, encore.
00:11:20Allez-y.
00:11:22Donc, Viollaine, tu veux réagir, ou...
00:11:24Ah bah, je suis d'accord,
00:11:26les discriminations, elles s'accumulent,
00:11:28c'est ça, l'intersectionnalité, c'est d'être, ouais,
00:11:30à l'intersection de plein plein
00:11:32de discriminations, et le débat
00:11:34public, le temps du débat public actuel
00:11:36permet rarement d'arriver à
00:11:38poser les questions sur le front,
00:11:40et d'arriver à faire rentable, parce qu'il faut tout résumer
00:11:42en 30 secondes, et après, hop, t'es coupée,
00:11:44et donc, après, t'as une phrase qui est sortie du contexte,
00:11:46et ça peut servir à attiser
00:11:48l'âne, enfin, c'est sûr que
00:11:50tout ça est très compliqué.
00:11:52Et puis enfin, même, on peut rebondir, comme on revenait
00:11:54sur la question de la parole, on voit
00:11:56aussi que ça rejoint la question des VSS,
00:11:58puisque, bah oui, aujourd'hui, on a,
00:12:00il me semble, à peine 10% des
00:12:02viols qui sont dénoncés à la police,
00:12:04et encore moins, une proportion encore plus petite
00:12:06qui sont, comment dire ça,
00:12:08qui sont jugés, et qui sont
00:12:10condamnés.
00:12:12Du coup, on voit, quand même, qu'on a ces lois,
00:12:14comme disait Violaine, effectivement,
00:12:16et elles ne s'appliquent pas, parce que, justement,
00:12:18il y a une différence dans les paroles qui sont écoutées,
00:12:20dans les... Enfin, on peut donner l'exemple,
00:12:22si on revient sur les questions des sons, voilà,
00:12:24quand un homme dit qu'il...
00:12:26qu'il souffre énormément par...
00:12:28par... comment dire ça ?
00:12:30Je vais chercher un autre mot,
00:12:32parce qu'il n'arrive plus à bander, mais par...
00:12:34par impuissance, ça devient quelque chose,
00:12:36il faut investir des millions d'euros dans cette question,
00:12:38et tout remboursé par la Sécu,
00:12:40alors qu'une personne trans, etc.
00:12:42Et donc, c'est toujours des questions de paroles
00:12:44qui sont plus ou moins crues,
00:12:46et voir que, en vrai, c'est une très grande majorité
00:12:48des paroles qui ne sont pas crues,
00:12:50voire qui ne pensent même pas être écoutées.
00:12:52Beaucoup de personnes, de femmes, qui ne vont pas à la police
00:12:54parce qu'elles savent qu'elles ne vont pas être écoutées.
00:12:56Encore plus, en tant que femmes trans,
00:12:58on subit des trucs, on ne pense pas très vite,
00:13:00on ne pense pas d'abord à se tourner vers la police,
00:13:02et que tout ça, en fait,
00:13:04va nourrir des systèmes, va nourrir des divisions sociales,
00:13:06justement, les divisions sociales sexuelles,
00:13:08les divisions sociales racistes,
00:13:12et vont faire tourner
00:13:14tous ces systèmes-là.
00:13:16Et c'est ça, c'est vraiment la double peine de porter plainte,
00:13:18je trouve, parce que genre,
00:13:20tu dois arriver à convaincre
00:13:22les flics qui, eux-mêmes, vont être super violents
00:13:24avec toi, genre pas te croire, te demander comment
00:13:26t'étais habillée, te demander ce que tu faisais là,
00:13:28machin, est-ce que t'as pas mal compris
00:13:30ce qui s'est passé ? Et après,
00:13:32s'il y a un procès, tu vas devoir passer des mois,
00:13:34avoir des années, à convaincre
00:13:36les gens que ce qui t'est arrivé, c'est vrai,
00:13:38alors que c'est pas toi qui es censé être en procès,
00:13:40c'est ton agresseur, et pourtant,
00:13:42même quand c'est pas médiatisé,
00:13:44surtout, j'imagine, quand c'est pas médiatisé, parce que quand c'est médiatisé
00:13:46comme l'affaire Marzan, on a quand même du monde...
00:13:48J'ai l'impression qu'il y a quand même
00:13:50beaucoup de gens qui la croient et encore heureux,
00:13:52mais je veux dire, elle-même a dit qu'elle
00:13:54voulait que le procès soit public, parce que justement,
00:13:56elle sait qu'il y a plein d'autres femmes
00:13:58avec qui ça va arriver, et qu'elle, on ne les croira pas.
00:14:00Il faut un truc
00:14:02aussi grave pour qu'on arrive à se dire
00:14:04« Ah oui, peut-être, en fait ».
00:14:06C'est un des trucs qui fait peur, je vais être très rapide,
00:14:08mais sur le procès Marzan aussi, c'est qu'il y a une...
00:14:10En fait, tout ce qui se...
00:14:12Même, j'espère que l'issue sera...
00:14:14Enfin, ça me semblerait lunaire que l'issue ne soit pas
00:14:16une condamnation grave, mais
00:14:18rien que le procès et que le sujet du procès
00:14:20qui, à la fois, permettra
00:14:22probablement dans l'absolu d'avancer sur ces questions-là,
00:14:24et je l'espère, et en même temps,
00:14:26c'est la répétition d'une violence.
00:14:28On voit tout dans les médias,
00:14:30on voit les déclarations
00:14:32de l'avocat de la Défense
00:14:34qui expliquent que les gens
00:14:36qui craignent que des hommes qui avaient des relations
00:14:38sexuelles avec une femme inconsciente
00:14:40ne réalisaient pas être violés,
00:14:42et qu'ils devraient qu'il n'y avait pas d'intention,
00:14:44c'est ça. Et c'est tout un ensemble de violences
00:14:46qui vont aussi se répéter dans la société,
00:14:48qui vont répéter aux femmes
00:14:50« Vous ne serez pas crues ». Il y a toutes les victimes
00:14:52de violences sexuelles, d'ailleurs. « Vous ne serez pas crues,
00:14:54ce n'est pas la peine de porter plainte ».
00:14:56Il y a toujours une répétition de la violence
00:14:58derrière ces luttes, et c'est pour ça
00:15:00qu'on espère qu'elles vont aboutir
00:15:02quelque part, parce que sinon,
00:15:04ce sera une nouvelle fois
00:15:06une parole qui sera un peu plus étouffée,
00:15:08qui sera maganiée.
00:15:10J'ai une question du chat.
00:15:12Comment vous ressentez ce mouvement
00:15:14de plus en plus violent contre les féministes ?
00:15:16Je n'ai pas entendu. Oui, on n'entend pas
00:15:18de l'autre côté. Comment vous ressentez
00:15:20ce mouvement de plus en plus violent
00:15:22contre les féministes ? Comment on le ressent ?
00:15:24Le backlash.
00:15:26Ce fameux backlash.
00:15:28Pas ouf.
00:15:30Ce n'est pas la joie.
00:15:32J'ai un peu l'impression que
00:15:34justement, on parlait du fait
00:15:36qu'il y a de plus en plus de personnes qui prennent
00:15:38la parole, tout ça, et que
00:15:40le fait de découvrir
00:15:42que ce ne sont pas juste des bruits de couloirs,
00:15:44que ce ne sont pas que des fils d'hiver, mais que ce sont
00:15:46vraiment la réalité et le quotidien de chacun et chacune,
00:15:48ils n'ont pas envie
00:15:50de l'accepter.
00:15:52Non, c'est impossible
00:15:54que ça t'arrive. Quand on apprend que plus que
00:15:5690% des femmes
00:15:58ont vécu des agressions sexuelles
00:16:00dans leur vie, ça c'est quelque chose,
00:16:02c'est un chiffre qui est tellement énorme,
00:16:04ça leur paraît impossible.
00:16:06Et on est là, si vous avez
00:16:08une femme autour de vous, vous lui demandez
00:16:10son vécu, est-ce qu'elle a déjà vécu ci ?
00:16:12Est-ce qu'elle a déjà vécu ça ? Elle va répondre
00:16:14oui. Mais pour eux, c'est tellement inimaginable.
00:16:16Et justement, je parlais du
00:16:18Not All Men en tout début,
00:16:20et il y a pas mal de gens qui se sont
00:16:22rendus compte que si
00:16:24peut-être All Men, sauf que c'est
00:16:26une telle acceptation
00:16:28du fait que justement,
00:16:30l'agresseur, dans ce cas-là,
00:16:32il fait partie du problème,
00:16:34ils se disent littéralement
00:16:36peut-être que, pas que je suis en
00:16:38potentiel, mais peut-être que moi dans ma vie, c'est déjà
00:16:40arrivé que j'ai eu ce comportement-là.
00:16:42Et en fait, c'est très compliqué à accepter
00:16:44et ils préfèrent rejeter complètement
00:16:46la faute.
00:16:48Ils vont insulter, tout ça, parce qu'en fait,
00:16:50ils n'arrivent pas à accepter cette réalité que
00:16:52oui, aujourd'hui,
00:16:54nous, quand on
00:16:56interagit avec
00:16:58un homme, un homme cis,
00:17:00un homme cis hétéro blanc notamment,
00:17:02on n'est pas bien, parce qu'on se dit
00:17:04qu'est-ce qui va se passer ? Parce que, vu que
00:17:06quand je parle, je me prends ça,
00:17:08qu'est-ce qui
00:17:10va dans sa tête quand on lui affiche
00:17:12des horreurs et qu'il dit non,
00:17:14ça, c'est pas vrai.
00:17:16C'est genre, bah si, c'est vrai, mon copain.
00:17:18En fait, c'est des dégénérés, c'est des faux.
00:17:20C'est ça, c'est dégénéré.
00:17:22Là, ça prouve bien que c'est fait par tout le monde.
00:17:24On a vraiment un paysage
00:17:26sociologique qui te montre que
00:17:28c'est littéralement tout le monde qui fait ça.
00:17:30C'est ça, il y a pas mal de cas, justement,
00:17:32là, dernièrement, qui montrent
00:17:34ça, en fait,
00:17:36que quand tu prends, enfin ça,
00:17:38ça fait des années, dès qu'il y a eu beaucoup de cas,
00:17:40nous, on a fait notamment SurAxe
00:17:42qui permettait
00:17:44justement de
00:17:46parler du cyberharcèlement,
00:17:48tout ça, on s'est pris des torrents de laine aussi.
00:17:50Parce que juste sur le point du
00:17:52cyberharcèlement, en disant, non, c'est faux, tout ça,
00:17:54c'est que des...
00:17:56c'est que des trucs ponctuels,
00:17:58on était là, mais si, en fait.
00:18:00Non, mais si tu subis du cyberharcèlement, ferme Twitter.
00:18:02C'est ça, ferme Twitter, ne sois pas présent,
00:18:04ne parle pas si tu ne veux pas subir du cyberharcèlement.
00:18:06Je crois aussi que c'est une modalité de protection
00:18:08parce que pour l'interlocuteur
00:18:10ou l'interlocutrice qui parfois dit
00:18:12ah non, non, c'est pas possible ça,
00:18:14c'est aussi parce que parfois la personne elle-même
00:18:16a pu avoir ce type de comportement
00:18:18harcelant ou a pu, alors,
00:18:20l'inverse, être victime et ne veut pas soit
00:18:22se reconnaître dans le statut de victime, soit se reconnaître
00:18:24dans le statut de sexiste
00:18:26et donc, en fait, va dire non, ça,
00:18:28c'est pas grave parce que c'est aussi une façon
00:18:30de se protéger soi-même, de ne pas se remettre en question.
00:18:32Et il y a un truc, pour rebondir sur
00:18:34ce que tu disais quand tu parles
00:18:36avec un mec cisgenre,
00:18:38blanc, hétéro, tout ça, c'est que
00:18:40enfin, un mec qui va dire que lui,
00:18:42il n'a rien du tout à se reprocher qu'il n'a jamais été sexiste,
00:18:44je suis désolée, c'est bizarre.
00:18:46Même en tant que meuf,
00:18:48je pense qu'on peut avoir des comportements
00:18:50stéréotypés, donc un être humain qui dit
00:18:52ah non, moi, ça ne me concerne pas, je n'ai jamais été sexiste
00:18:54de toute ma vie, franchement, je ne vois pas de problème,
00:18:56en fait, c'est bizarre parce qu'on a
00:18:58forcément, on a grandi
00:19:00dans une société qui est sexiste, donc on a forcément
00:19:02des réflexes sexistes et se remettre en cause,
00:19:04ce n'est pas facile, ça ne fait pas forcément plaisir
00:19:06et je pense que du coup, c'est aussi pour ça que
00:19:08parfois, on ferme les yeux en disant non,
00:19:10ce n'est pas très grave, tu exagères,
00:19:12de manière de dire que la personne elle-même n'a pas
00:19:14envie de se remettre en question.
00:19:16C'est ça, je suis d'accord.
00:19:18Tu commences à parler de Furax tout à l'heure,
00:19:20on est la co-fondatrice, est-ce que ce n'est pas le moment
00:19:22un peu de parler de Furax ? Qu'est-ce que c'est ?
00:19:24Comment tu l'as monté ?
00:19:26À quoi ça sert ? Avec qui ? Quand ? Pourquoi ? Dis-nous tout.
00:19:28Je vais refaire un peu le storytelling
00:19:30de Furax depuis le début.
00:19:32En gros, moi,
00:19:34en étant publique sur Internet,
00:19:36en étant streameuse, j'ai subi un harcèlement
00:19:38très dur pendant un an d'un mec qui avait retrouvé
00:19:40mon adresse et qui venait sonner chez moi,
00:19:42qui me faisait des menaces de mort, c'était horrible.
00:19:44Ça a duré un an avant qu'il l'arrête,
00:19:46que le procès,
00:19:48ça a été encore plus long. Bref,
00:19:50aujourd'hui, ça va mieux.
00:19:52Mais ça, ça m'a donné envie
00:19:54de m'engager
00:19:56vraiment concrètement de faire quelque chose
00:19:58et surtout du côté juridique parce que moi,
00:20:00j'ai eu la chance de pouvoir emprunter de l'argent pour me payer un avocat
00:20:02et je me suis dit, il y a plein de gens qui
00:20:04juste n'ont pas les moyens,
00:20:06il y a des aides pour ça, mais tu ne choisis pas
00:20:08avec qui tu vas travailler.
00:20:10Et du coup, j'en ai parlé à Nathalie
00:20:12qui est streameuse aussi,
00:20:14et on s'est dit qu'on aimerait faire un événement caritatif
00:20:16un peu comme le Z-Event,
00:20:18j'utilise cet exemple parce que c'est celui qui est le plus connu.
00:20:20Et le plus récent.
00:20:22Après, nous, on voulait vraiment un truc qui soit politique.
00:20:24Vraiment que l'engagement
00:20:26ne concerne pas que le féminisme,
00:20:28il concerne tout ce qui est autour
00:20:30de l'anticapitalisme, l'antiracisme
00:20:32et tout ce qui va avec.
00:20:34Je ne vais pas faire la liste, ce serait trop long.
00:20:36Du coup, oui, on a voulu faire
00:20:38cet événement contre les VSS.
00:20:40On l'a monté beaucoup rapidement
00:20:42parce qu'en gros, la boîte de prod qu'on a contactée nous a dit
00:20:44qu'en 4 mois,
00:20:46c'est bon, qu'on a vraiment fait ça super vite.
00:20:48On a travaillé avec AfroGamers.
00:20:50Pour la deuxième édition,
00:20:52c'était carrément une collaboration,
00:20:54ce qui n'était pas encore le cas pour la première.
00:20:56On a travaillé avec,
00:20:58vous venez à l'événement, et après on s'est dit
00:21:00histoire de faire vraiment un événement
00:21:02qui soit plus,
00:21:04comment dire,
00:21:06qui ait un peu plus de variété.
00:21:08Oui, qui ait un peu plus d'inclusivité,
00:21:10mais avec un message fort de collaboration pour le coup.
00:21:12Donc maintenant, AfroGamers fait partie
00:21:14de l'organisation de Fiorax.
00:21:16Et là, on va lancer notre 3ème édition
00:21:18pour 2025.
00:21:20Et pareil,
00:21:22on a un peu un problème de...
00:21:24La première année, on nous a reproché
00:21:26qu'il n'y ait pas assez de personnes racisées,
00:21:28donc on a vraiment travaillé sur ça.
00:21:30La deuxième année, on nous a reproché qu'il n'y ait pas assez de personnes trans,
00:21:32ce qui est absolument vrai,
00:21:34donc on va essayer de s'améliorer là-dessus cette année.
00:21:36C'est de ça dont je voulais parler tout à l'heure aussi,
00:21:38quand on parlait du fait qu'on a encore,
00:21:40tu disais, on a encore tous et toutes
00:21:42des trucs sexistes,
00:21:44des biais.
00:21:46Je trouve ça bien que dans le militantisme,
00:21:48on puisse dire ça entre nous,
00:21:50qu'on nous ait dit la première année,
00:21:52il n'y a pas assez de personnes racisées,
00:21:54cette année, il n'y a pas assez de personnes trans.
00:21:56Après, ça peut être très fatigant,
00:21:58parce qu'il y a des « puretés militantes »
00:22:00qui sont vraiment un peu à te rentrer dedans,
00:22:02et ça, ce n'est pas eux qu'on écoute,
00:22:04mais le fait qu'on arrive entre nous à se dire
00:22:06« là, ton événement ou toi, ce que tu as dit,
00:22:08c'est ci, c'est ça », c'est ce qui nous fait avancer.
00:22:10C'est bien d'avoir un peu de recul,
00:22:12il y a d'autres événements, de grands événements qualitatifs
00:22:14qui n'ont pas trop ce recul.
00:22:16De quoi tu parles ?
00:22:18Je trouve que c'est important, justement, ce que tu disais,
00:22:20parce qu'il n'y a pas très longtemps, il y a un très grand streamer
00:22:22qui a pris la parole sur le Not All Men,
00:22:24et qui a été surpris
00:22:26du retour qu'on lui a fait
00:22:28à savoir...
00:22:30Comment ça ?
00:22:32Là, maintenant, tout de suite, en ces termes,
00:22:34et en fait, le problème, c'est que
00:22:36c'est ce qu'il s'appelle, et qu'il s'appelle Rio, la prise de recul.
00:22:38Je pense qu'on te fait un retour,
00:22:40ça a beau piquer,
00:22:44il faut l'accepter, justement,
00:22:46parce qu'on est sur un chemin d'évolution.
00:22:48Je vais reprendre un exemple
00:22:50très classique, pour apprendre
00:22:52à marcher, on a été à quatre pattes,
00:22:54on s'est cogné la tête, tout ça,
00:22:56et c'est exactement la même chose. Arriver avec un postulat
00:22:58de dire, en fait,
00:23:00ce qu'on a fait, c'était parfait, parce que j'ai dit
00:23:02ces paroles-là, ça ne marche pas.
00:23:04Et donc, c'est ça, c'est aussi accepter la critique,
00:23:06parce qu'on se rend bien compte,
00:23:08c'est se rendre bien compte que, genre,
00:23:10il y avait un souci d'inclusivité par rapport à ça,
00:23:12et donc, directement,
00:23:14on a pris contact
00:23:16avec des personnes, dont H,
00:23:18et enfin, voilà,
00:23:20on a mis ça, et ne t'inquiète pas,
00:23:22on va bientôt se parler, là.
00:23:24Et parce qu'aussi, pour nous, c'est
00:23:26important, parce que c'est dans notre...
00:23:28Oui, moi, je fais carrément des avances.
00:23:30Trop bien de les garder pour nous.
00:23:32Et voilà, tu vois,
00:23:34c'est des choses qui, je trouve,
00:23:36ont besoin d'être
00:23:38admises, c'est que quand on prend
00:23:40connaissance
00:23:42d'une information, certes, il faut du temps
00:23:44pour l'analyser, pour l'assimiler,
00:23:46mais il ne faut pas juste arriver en disant
00:23:48coucou, j'ai dit ça, on ne va pas
00:23:50donner ton étoile, en fait. Il y a un truc
00:23:52aussi de process de ton côté,
00:23:54d'accepter la critique pour pouvoir encore mieux avancer.
00:23:56Ça n'existe pas d'être parfait.
00:23:58Ça n'existe pas d'être parfait, la perfection,
00:24:00c'est une construction qui n'existe pas comme la méritocratie.
00:24:02Tu commences
00:24:04à parler d'afrogameuse, pareil,
00:24:06est-ce que tu peux en parler un peu, donc tes membres d'afrogameuse,
00:24:08on recevra Jane demain
00:24:10sur un autre plateau, sur Angela Daily.
00:24:12Est-ce que tu peux un peu commencer à nous parler du travail que vous
00:24:14faites, pourquoi vous avez créé l'assaut,
00:24:16qu'est-ce que vous faites au quotidien ?
00:24:18La motivation de Jane,
00:24:20qui est donc la présidente, ça a été de se rendre
00:24:22compte qu'elle n'avait pas
00:24:24d'image, de représentation
00:24:26de joueuse noire,
00:24:28que ce soit autour d'elle ou même
00:24:30dans la pop culture
00:24:32ou autre chose, et en fait,
00:24:34elle s'est dit, vu qu'il manque quelque chose,
00:24:36je vais le créer. Donc ça a commencé
00:24:38maintenant l'assaut
00:24:40à 4 ans, et c'est parti
00:24:42du principe de tout le monde peut jouer,
00:24:44et on a envie
00:24:46de faire en sorte qu'il y ait plus
00:24:48de personnes afrodescendantes
00:24:50dans le secteur du jeu vidéo, donc ça va être
00:24:52au niveau des joueurs et des joueuses, ça va être
00:24:54au niveau des professionnels, donc directement dans les studios,
00:24:56ça va être au niveau aussi de la représentation
00:24:58dans les personnages, donc on
00:25:00sait qu'il y a déjà des personnages
00:25:02noirs qui existent, mais si vous arrivez à
00:25:04tous les nommer, c'est que déjà il y a un souci,
00:25:06et après il faut voir l'écriture qu'il y a derrière, donc c'est
00:25:08vraiment pour arrêter d'être dans le
00:25:10stéréotypage des choses, et il y a aussi
00:25:12dans la création de contenu,
00:25:14parce qu'il y a quand même,
00:25:16on se le rend bien compte aussi,
00:25:18on peut citer
00:25:20l'intégralité des femmes noires qui sont
00:25:22actuellement sur Twitch,
00:25:24notamment, et ça c'est un souci,
00:25:26dans l'univers du jeu vidéo,
00:25:28et sa volonté c'était
00:25:30finalement de normaliser
00:25:32la présence des
00:25:34personnes noires, et notamment
00:25:36les femmes et les minorités de genre dans le secteur
00:25:38du jeu vidéo, et en plus
00:25:40de créer toute une communauté
00:25:42autour, au départ du jeu vidéo,
00:25:44mais qui au fur et à mesure, en fait,
00:25:46a aussi un programme
00:25:48de mentorat
00:25:50pour les professionnels du jeu vidéo,
00:25:52que ça soit aussi des clubs de lecture,
00:25:54tout ça, et aujourd'hui on a
00:25:56des centaines de membres chez AfroGamers,
00:25:58et c'est trop cool !
00:26:00J'ai une question qui va vous faire plaisir !
00:26:02Ah oui, bonjour !
00:26:04Une question de Le Clim, est-ce que l'image qu'on a du sexisme
00:26:06n'est pas un petit peu extrapolée et exagérée ?
00:26:08On a l'impression que si on a un avis masculin,
00:26:10on est forcément classé sexiste.
00:26:12Est-ce que vous en pensez, H, par exemple ?
00:26:14Est-ce que tu veux répéter, là ?
00:26:16Est-ce que l'image qu'on a du sexisme
00:26:18n'est pas un peu extrapolée et exagérée ?
00:26:20On a l'impression que si on a un avis masculin,
00:26:22on est forcément classé sexiste.
00:26:24Alors, est-ce que parce qu'on donne son avis
00:26:26en tant qu'homme, on est forcément sexiste ?
00:26:28Non, qu'est-ce que c'est un avis masculin, en fait ?
00:26:30C'est un peu entre les deux !
00:26:32Moi j'écoute, tu vois, genre,
00:26:34il y a des mecs blancs partout,
00:26:36c'est beaucoup de gens avec qui j'interagis,
00:26:38il faut se battre pour ne pas interagir
00:26:40qu'avec des mecs blancs, tu vois.
00:26:42Mais par contre,
00:26:44que ton avis soit spécifiquement masculin,
00:26:46qu'est-ce qui le rend masculin ?
00:26:48Est-ce que, enfin...
00:26:50Ça, ça, ça, ça...
00:26:52Une question qui en ouvre beaucoup d'autres.
00:26:54J'espère qu'il va un peu réfléchir.
00:26:56D'accord, là-dessus, ça veut dire quoi, masculin ?
00:26:58Émanant d'un homme, ça veut pas dire masculin.
00:27:00Pour moi, c'est...
00:27:02Encore, ça voudrait dire que j'ai une définition
00:27:04d'un avis masculin, ce que je n'ai pas,
00:27:06donc moi, quelqu'un qui me donne
00:27:08un propos que je trouve cohérent
00:27:10et qui émane, qu'importe le genre de la personne,
00:27:12ça va être son propos, en fait.
00:27:14Je vais pas, en fait, de suite faire...
00:27:16Sauf qu'on voit que c'est un petit peu systématique,
00:27:18tu vois, c'est genre, voilà.
00:27:20Des fois, on fait ouh, mais bon, on fait ouh au départ,
00:27:22on écoute, et puis après, ça va.
00:27:24Il y a une image très unidimensionnelle du sexisme,
00:27:26du racisme que tu veux, où les gens, tu leur dis
00:27:28que c'est sexiste, et ils pensent que tu les traites
00:27:30de mecs qui veulent aider des meufs dans des ruelles
00:27:32ou qui tabassent ça parfois, alors que, bah non,
00:27:34ça veut pas vouloir dire que t'es un connard, forcément.
00:27:36Ça veut juste dire, prends du recul
00:27:38sur ce que tu viens de dire et essaie de réfléchir
00:27:40à ce que ça implique, quoi.
00:27:42Au contraire, je pense que la discussion, c'est important,
00:27:44donc c'est faux de croire,
00:27:46il me semble, que
00:27:48on peut pas... Alors, si on part
00:27:50du principe que la question, c'était avoir un avis
00:27:52d'un point de vue d'homme,
00:27:54je pense que quelqu'un
00:27:56peut avoir un avis en étant un homme
00:27:58sur les inégalités,
00:28:00c'est intéressant d'en discuter avec cette personne.
00:28:02Si la personne se sent directement attaquée,
00:28:04peut-être aussi, justement, que c'est un des biais.
00:28:06C'est-à-dire qu'on a tellement peu
00:28:08l'habitude de voir, encore,
00:28:10des femmes qui contredisent des hommes,
00:28:12que, directement, le mec peut se sentir attaqué.
00:28:14Alors, c'est pas du tout, comme vous le disiez,
00:28:16c'est pas forcément la volonté de l'attaquer,
00:28:18c'est juste la volonté de le contredire.
00:28:20Donc, peut-être prendre conscience
00:28:22que le fait de pas être d'accord avec un homme
00:28:24ou le fait d'être en contradiction, ça ne veut pas dire qu'on l'attaque
00:28:26et qu'on veut le tuer.
00:28:28Je...
00:28:30Je sais pas si ça répond à la question, mais...
00:28:32Il y a un peu ce truc, un avis masculin...
00:28:34Enfin, comment dire ça ?
00:28:36Non, mais j'essaye de dire un truc,
00:28:38parce que, pour l'instant, je vous dis avis masculin,
00:28:40ça veut dire... Il y a aussi, comme on le disait,
00:28:42rien que la question des VSS,
00:28:44ça repose sur un silence
00:28:46absolu sur le fait que personne n'est réaliste
00:28:48qui en a autant, etc., sauf
00:28:50quand on a fait le travail, quand on a lu beaucoup de trucs.
00:28:52Et, en général, quand vous voyez des gens qui en parlent,
00:28:54c'est parce qu'on a été se renseigner
00:28:56depuis très longtemps, il y a beaucoup de contenus,
00:28:58entre-temps, qui ont été produits, d'endroits pour se renseigner.
00:29:00Et quand on a quelqu'un qui nous dit
00:29:02« Attendez, moi, je n'ai jamais rien lu de tout ça,
00:29:04je n'ai pas été me renseigner, mais je pense...
00:29:06J'ai pris cet avis-là sans avoir...
00:29:08Et qui contredit absolument
00:29:10tout ce sur quoi il y a eu
00:29:12des pages
00:29:14d'études, de recherches...
00:29:16Et on a un peu...
00:29:18C'est la cinquième personne de la journée qui nous dit la même chose.
00:29:20Et oui, à mon avis, on a un peu
00:29:22le truc de dire « Bah ouais, t'es juste un mec qui fait chier le monde
00:29:24et qui... Dans ces cadres-là,
00:29:26effectivement, oui,
00:29:28si la vie est masculine comme ça,
00:29:30oui, c'est chiant. Et c'est pour ça que
00:29:32c'est fatigant, et qu'il peut y avoir des réponses un petit peu
00:29:34aigries, selon les personnes
00:29:36et le niveau de fatigue.
00:29:38Mais non, c'est pas...
00:29:40On ne va pas... Souvent, on catégorise plus les gens
00:29:42par ce qu'ils disent, par ce qu'ils viennent nous dire, que par ce
00:29:44à quoi ils ressemblent.
00:29:46Dans quel contexte il te le dit, aussi ?
00:29:48C'est bien juste de dire ça alors que tu ne lui as rien demandé.
00:29:50À quoi, des conférences,
00:29:52vous avez dû voir, à part le cas aussi,
00:29:54il y a beaucoup plus de femmes dans les conférences
00:29:56féministes, et puis t'as toujours moins de mecs.
00:29:58Mais, bizarrement, il y a le même temps de parole hommes-femmes
00:30:00quand même dans la salle, et t'as toujours un mec,
00:30:02globalement, moi j'ai toujours constaté,
00:30:04effectivement, parce que tu viens de l'écrire...
00:30:06C'est pas une question, c'est une remarque.
00:30:08C'est une remarque. Bon, alors, j'entends ce que vous
00:30:10dites, ce serait intéressant, mais c'est pas ma
00:30:12sensation. Donc, moi,
00:30:14ce que j'ai constaté à mon échelle, et beaucoup
00:30:16de moi-je, moi-je... Mais bon, après,
00:30:18c'est son expérience, donc on ne va pas la remettre en question.
00:30:20Et ce qui est problématique, c'est que ces individus
00:30:22sont souvent pas trop
00:30:24fermés pour comprendre que les statistiques
00:30:26et tout notre travail, et tout ce qu'on démontre,
00:30:28du coup, peuvent peut-être aller à l'encontre de ce que eux,
00:30:30ils ont constaté, mais ça, ils ne veulent pas l'entendre.
00:30:32Et ça, ouais, c'est... Effectivement, on peut s'énerver
00:30:34dans ces cas-là. Non, mais c'est vrai,
00:30:36ils n'arrivent pas, dans le cas dont tu
00:30:38parles, où, effectivement, que t'es 20 personnes
00:30:40qui lui aient déjà dit
00:30:42telle ou telle chose, et que cette
00:30:44personne dise oui, mais moi non,
00:30:46n'arrivent pas à comprendre
00:30:48que cette personne est l'exception,
00:30:50justement, dans l'immensité
00:30:52de la majorité, et c'est
00:30:54encore une fois quelque chose
00:30:56qu'il faut comprendre. Notre vécu
00:30:58n'est pas
00:31:00la normalité. La normalité, c'est
00:31:02ce que tout le monde dit. C'est la société
00:31:04dans laquelle on est,
00:31:06c'est ça, le vécu. Et ça, c'est encore
00:31:08quelque chose qui a...
00:31:10Les gens ont du mal à accepter
00:31:12en fait que
00:31:14des fois, il leur arrive rien,
00:31:16des fois, ils ne font rien, et donc,
00:31:18comme il ne leur arrive rien et qu'ils ne font
00:31:20rien, tout le monde est pareil.
00:31:22Et que quand on a des affaires qui ressortent,
00:31:24c'est de
00:31:26l'ordre de l'exceptionnel. On parle
00:31:28très souvent de maladie mentale, tout ça,
00:31:30et on est là genre, non, non, non, c'est toi
00:31:32l'exception, mon coco. Sois fier de cette exception,
00:31:34mais par contre, n'affirme pas
00:31:36que, en étant
00:31:38l'exception, c'est l'application de tout le monde, en fait.
00:31:40Et ça, c'est un gros souci, et je reviens
00:31:42sur un sujet aussi dont on a parlé un petit peu,
00:31:44c'est...
00:31:46Quand on dit à quelqu'un, ce que tu dis, c'est raciste,
00:31:48on n'est pas en train de dire, tu es raciste.
00:31:50On dit, ce que tu dis, c'est raciste.
00:31:52C'est ce que tu disais pour le sexisme, exactement.
00:31:54Ce que tu dis, c'est sexiste. Ce que tu dis, c'est transphobe.
00:31:56Ce que tu dis, c'est homophobe. Et la personne
00:31:58va te dire, mais je ne le suis pas. C'est pas ce qu'on
00:32:00dit. C'est pas ce qu'on dit. On dit que
00:32:02toi, tu es dans un écosystème
00:32:04qui t'a dit, c'est OK
00:32:06de dire ça. Mais il faut juste, en fait,
00:32:08se dire que cet écosystème-là,
00:32:10c'est pas celui que les gens...
00:32:12Qui plus est, quand c'est des concernés qui te le disent,
00:32:14est la normalité.
00:32:16Et en fait, il faut réussir à sortir
00:32:18de ce carcan, de se dire que
00:32:20punaise, en fait, il n'y en a pas qu'une de bulle
00:32:22et que la mienne est toute petite et que je suis englobée
00:32:24dans une énorme bulle et il faudrait peut-être que je perce
00:32:26la mienne pour comprendre justement le monde
00:32:28qui m'entoure.
00:32:30Quelqu'un du chat qui réagit à ce que tu disais, Violaine,
00:32:32la double peine d'un faux
00:32:34dit par une femme, donc pas trop crue de base,
00:32:36est baisse de la valeur de la science
00:32:38dans les avis post-vérité, Trumpist,
00:32:40tout ça, un peu la flemme de débattre avec... Et le nom ?
00:32:42C'est pas très clair.
00:32:44La flemme de débattre avec ces gens-là, ouais.
00:32:46Le problème, c'est que ces personnes
00:32:48en conférence, on peut vite les identifier, bien sûr,
00:32:50mais quand c'est dans vos bandes de potes, on fait comment ?
00:32:52Parce qu'en fait, déjà, nous, on peut
00:32:54et tous dire des trucs qui peuvent être sexistes
00:32:56sans être sexistes et même en étant formés,
00:32:58mais on a des potes aussi autour de nous
00:33:00en soirée et ça peut être des bons potes.
00:33:02Donc, flemme, ouais, des fois, j'ai la flemme,
00:33:04comme tout le monde,
00:33:06mais je pense que c'est aussi important d'essayer
00:33:08d'être pédagogue. Le problème, c'est que parfois,
00:33:10on est fatigué, surtout quand on bosse sur ces sujets
00:33:12et que c'est vrai qu'en soirée, on n'a pas envie d'être pédagogue.
00:33:14Mais vraiment, là, j'ai eu le cas,
00:33:16j'ai été saisie dans une affaire
00:33:18au même moment où un de mes potes,
00:33:20ancien pote, du coup, avait fait
00:33:22ce qui était reproché... En fait, en gros,
00:33:24c'était une affaire de diffusion de photos intimes
00:33:26à l'insu de la personne, la femme concernée
00:33:28et il s'est trouvé... Donc, je vais défendre cette femme.
00:33:30Il s'est trouvé qu'une de mes amies, en simultané,
00:33:32me dit que son mec que je connais a fait ça
00:33:34et donc de me retrouver dans une situation où,
00:33:36à la fois, je suis l'avocate d'une femme que j'assiste
00:33:38pour ça et de me retrouver à comment je suis confrontée
00:33:40dans la vie privée, est-ce que je vais réagir de la même façon
00:33:42avec ce pote ? Et c'est difficile.
00:33:44Je pense y être à peu près
00:33:46arrivé. J'ai coupé l'épaule, moi,
00:33:48avec ce pote parce que, visiblement, il ne veut pas se remettre en question.
00:33:50Mais ce n'est pas automatique.
00:33:52Et je pense que c'est
00:33:54difficile de le faire à l'échelle individuelle.
00:33:56Ça, c'est un exemple. Un gars que je présente en soirée,
00:33:58que je connais depuis 10 ans, qui, en fait, a pris des photos
00:34:00de sa copine à son insu et les a diffusées sur des groupes libertins.
00:34:02Je vais dire... Et ça, pour lui, dans sa tête.
00:34:04Et le gars va vous rencontrer là, il va vous dire que, lui,
00:34:06pour l'égalité, il n'y a pas de problème. Donc, en fait,
00:34:08c'est d'essayer d'expliquer à ses amis
00:34:10qu'il y a des choses... Ça, ça semble
00:34:12évident que c'est pénal et que ça ne se fait pas.
00:34:14Pour autant, visiblement, ça peut être
00:34:16n'importe qui ici, maintenant.
00:34:18Voilà. Je ne sais pas si j'ai extrapolé.
00:34:20Si, si. Je pense que la personne qui a posé
00:34:22la question est très contente de ta réponse.
00:34:24Tu sais que, des fois, c'est un peu fatigant.
00:34:26Des fois, on peut avoir un peu la flemme de débattre. Toi, il y a un endroit
00:34:28où tu n'as pas la flemme d'être sur BFM.
00:34:30On t'a vu plusieurs fois sur BFM.
00:34:34Est-ce que c'est quelque chose que vous
00:34:36vous sentiriez de faire, d'aller sur des plateaux
00:34:38qui sont des fois un peu...
00:34:40En tout cas, qui ne vous sont pas favorables, pour défendre
00:34:42vos idées, etc. Hache, par exemple.
00:34:44Là, tout de suite, non, pas trop.
00:34:46En plus, je ne suis pas...
00:34:48Je mets tout doucement au stream, etc.
00:34:50Moi, je suis sur YouTube, donc j'ai bien
00:34:52mes petits scripts bien préparés, etc.
00:34:54Je n'ai pas des... Il faudrait
00:34:56que je me prépare pour ça et que j'ai du media training
00:34:58pour de vrai.
00:35:00Après, je crois qu'il y a une différence. Attention,
00:35:02je ne suis pas d'accord avec beaucoup de choses qui sont
00:35:04dites sur cette chaîne, mais pour autant, j'ai
00:35:06le sentiment que je peux m'exprimer. Donc, je ferai
00:35:08une différence entre BFM et CNews. Je ne vais
00:35:10jamais sur CNews. Je n'y mettrai pas un pied,
00:35:12au moins, maintenant. Et je n'y suis pas allée
00:35:14par le passé. Je trouve vraiment qu'il y a une différence à faire
00:35:16entre ces deux chaînes.
00:35:18Et que sur BFM, ça reste possible de débattre.
00:35:20C'est pour ça que j'y vais. Sinon, je n'y irai pas. Donc, je pense que
00:35:22on ne peut pas mettre CNews
00:35:24dans le même panier que BFM.
00:35:26C'est juste mon avis.
00:35:28Un plateau entier où les personnes
00:35:30sont contre toi, je ne pense pas que j'y arriverai.
00:35:32Déjà, parce que
00:35:34le genre de journaliste
00:35:36qu'on trouve sur CNews,
00:35:38c'est des gens qui sont formés et qui font ça toute la journée,
00:35:40de débattre. Et qui savent très bien
00:35:42arriver à soit ne pas te laisser en placer une,
00:35:44soit, si t'en places une, déformer tes propos
00:35:46et t'attaquer là-dessus. J'ai pas envie
00:35:48de me sentir attaquée.
00:35:50Moi, je pense, à titre personnel, je n'irai pas.
00:35:54Même pas peur ?
00:35:56C'est même pas une histoire de même pas peur.
00:35:58Ou autre chose, c'est que
00:36:00je fais partie de ces personnes qui,
00:36:02si jamais elles vont être contraintes
00:36:04d'y aller, vont
00:36:06faire en sorte de
00:36:08bien présenter, d'au moins
00:36:10profiter finalement du fait d'être sur ce plateau
00:36:12pour essayer de délivrer un message.
00:36:14Mais ça va être du médiatraining,
00:36:16énormément. Ça va être justement
00:36:18vraiment une... Je vais me mettre
00:36:20en mode PLV.
00:36:22C'est-à-dire que je vais délivrer
00:36:24mon message parce que je sais qu'enfin
00:36:26je vais me prendre des gros taquets.
00:36:28Et voilà,
00:36:30ça va être comme ça.
00:36:32Ça se voit avec Rokhaya Diallo, elle s'en prend
00:36:34la gueule tout le temps. Je sais pas comment elle contrôle.
00:36:36Elle s'en prend tout le temps la tronche.
00:36:38Il y a aussi la pratique de la désinformation. C'est-à-dire qu'à mon sens,
00:36:40CNews fait beaucoup de désinformation. Et c'est pour ça
00:36:42que je n'y vais pas plus que par peur.
00:36:44Je pense que maintenant, avec le recul,
00:36:46je pourrais faire un débat là-bas, mais j'ai pas envie
00:36:48parce que je trouve que c'est de la désinformation.
00:36:50Là où je trouve que BFM ne fait pas de la désinformation,
00:36:52il y en a sûrement qui ne seront pas d'accord avec ça.
00:36:54Peut-être qu'on peut séparer selon les éditions.
00:36:56Mais je trouve vraiment que CNews, c'est de la désinformation.
00:36:58Je rappelle quand même qu'ils ont balancé
00:37:00en headband,
00:37:02comment on dit ? En aide, je sais pas quoi. En santé.
00:37:04En bandeau.
00:37:06En headband, c'est un bandeau.
00:37:08Ils ont quand même balancé l'an dernier que l'IVG
00:37:10était la première cause de mortalité dans le monde.
00:37:12C'est CNews. Donc comment on peut aller
00:37:14parler là-bas ? C'est pas possible.
00:37:16En revanche, BFM ne fait pas ça. Je pense vraiment qu'il y a
00:37:18une distinction à faire et que c'est important de parler.
00:37:20Quand on peut parler, d'aller le faire
00:37:22avec tout le monde.
00:37:24Je comprends aussi qu'on y aille pas. J'entends toutes les positions.
00:37:26C'est quand même des endroits
00:37:28où la parole est très enfermée.
00:37:30Je pense qu'il faut pas les voir comme la solution ultime.
00:37:32Ça peut être un endroit où on nous présente
00:37:34une parole et on dit
00:37:36« Allez-vous vous intéresser à ces questions-là ?
00:37:38Allez par-ci, par-là.
00:37:40Revenez sur des
00:37:42espaces où on a un peu plus
00:37:44la parole et on peut un peu plus
00:37:46dérouler.
00:37:48Pour moi, c'est pas
00:37:50le parangon de la lutte non plus.
00:37:52C'est un outil qui peut
00:37:54être utilisé.
00:37:56Tu commences à parler un peu de ton travail.
00:37:58T'es plus vidéaste. T'as dépassé les 10 000 abonnés.
00:38:00Je crois qu'il y a pas très longtemps. Est-ce que tu peux un peu
00:38:02nous parler... Bravo, bravo.
00:38:04C'est une super vidéo de remerciement.
00:38:06Est-ce que tu peux un peu nous parler de ton travail ? Pourquoi t'as eu envie
00:38:08de faire ça ? Pourquoi tu
00:38:10choisis ces sujets-là ?
00:38:14J'ai commencé...
00:38:16Moi, de base, je suis programmeuse
00:38:18dans l'industrie du jeu vidéo.
00:38:20J'étais gosse.
00:38:22J'adorais le jeu vidéo. J'ai fait des études
00:38:24informatiques. Je suis allé là-dedans.
00:38:26J'avais un peu des paillettes dans les yeux.
00:38:28Là où je bossais, elle n'était pas particulièrement
00:38:30terrible, mais au fur et à mesure,
00:38:32quand tu commences à apprendre tout ce qui se passe dans l'industrie,
00:38:34il y a eu aussi ces dernières
00:38:36années dans l'industrie du jeu vidéo, une grande
00:38:38libération de la parole
00:38:40plus que prise de conscience.
00:38:42Dès 2017,
00:38:44on commençait à entendre les horreurs.
00:38:46Au fur et à mesure, ça a de plus en plus pris
00:38:48d'ampleur
00:38:50et de résonance.
00:38:52Il y a des conditions
00:38:54de travail très dures avec ce qu'on appelle
00:38:56du crunch, des périodes qui peuvent être
00:38:5870-100 heures
00:39:00de travail par semaine. Ça se passe à Paris
00:39:02aussi. Il y a eu des
00:39:04accusations de ça contre Ubisoft, contre
00:39:06Epic Dream notamment,
00:39:08des affaires de VSS
00:39:10et de harcèlement sexuel
00:39:12qui sont extrêmement graves.
00:39:14Quand tu commences à comprendre
00:39:16un petit peu de ça, tu es dégoûté de plein de trucs,
00:39:18mais aussi de plein de trucs qu'on voit en interne
00:39:20qui n'aident pas vraiment à la libération
00:39:22de la parole et au changement
00:39:24de ça. C'est pour ça que pendant ce
00:39:26temps-là, quand je bossais dans l'industrie,
00:39:28je me suis syndiqué à Solidaire.
00:39:30On a monté
00:39:32une section syndicale
00:39:34dans notre boîte et autour
00:39:36du jeu vidéo. Il y a aussi le STJV
00:39:38qui s'est formé dans ces eaux-là
00:39:40pour parler de ces questions-là.
00:39:42Au départ, il y avait vraiment
00:39:44cette espèce de révolution
00:39:46au milieu du jeu vidéo
00:39:48où on se mettait à critiquer les modes
00:39:50de production. On se mettait aussi à critiquer
00:39:52les façons dont on faisait du jeu vidéo.
00:39:54Tout est venu un petit peu en même temps.
00:39:56Il y avait aussi de la critique sur un certain féminisme
00:39:58très poli, très
00:40:00libéral. Il faut des femmes qui réussissent
00:40:02dans l'industrie, etc. Alors que beaucoup
00:40:04des femmes qui sont mises en avant,
00:40:06on les voyait assez directement dans les studios
00:40:08étouffer des affaires et des choses du genre.
00:40:10Il y a eu beaucoup de critiques autour.
00:40:12Il y avait beaucoup de choses à dire là-dessus.
00:40:14C'était vraiment un moment d'ébullition.
00:40:16C'est beaucoup pour ça que j'ai commencé à parler du jeu vidéo,
00:40:18à m'intéresser à
00:40:20comment est-ce qu'on analyse
00:40:22la culture dans une culture de masse,
00:40:24dans ce qu'elle reproduit
00:40:26de tous nos préjugés
00:40:28qui soient capitalistes, qui soient coloniaux,
00:40:30qui soient sexistes, et comment tout ça
00:40:32s'interagissait.
00:40:34Et comment ça s'intrigeait aussi avec comment sont produits
00:40:36les jeux dans des trucs ultra-capitalistes.
00:40:38Ça fait beaucoup de boulot.
00:40:40Et du coup, c'est comme ça
00:40:42que je me suis plongé
00:40:44dans toutes ces questions-là.
00:40:48Et puis, au fur et à mesure, ce qui est intéressant aussi,
00:40:50c'est que maintenant, sur YouTube, de plus en plus,
00:40:52avant, il y avait beaucoup le format
00:40:54de la vulgarisation qui était
00:40:56expliquer un certain savoir,
00:40:58simplifier un espèce de savoir universitaire.
00:41:00Aujourd'hui, de plus en plus, il y a le
00:41:02vidéo-essai comme format qui se développe,
00:41:04qui est à la fois donner un avis
00:41:06sur quelque chose, mais du coup, relier du savoir
00:41:08à quelque chose de très concret, et aussi qui passe
00:41:10un petit peu par de l'exploration
00:41:12personnelle, entre guillemets. Enfin voilà, on est face à la caméra,
00:41:14souvent on parle un petit peu de nous
00:41:16et tout, et ça permet de...
00:41:18ça permet à la fois de transmettre ce savoir,
00:41:20et puis je pense que c'est très important de montrer
00:41:22que aussi le savoir, il nous
00:41:24transforme, il change quelque chose
00:41:26chez nous. L'exemple le plus simple de ça, c'est
00:41:28la conscience de classe, c'est...
00:41:30quand tu sais que, quand t'es
00:41:32un peu perdu, que tu dis, oh, le capitalisme, c'est nul,
00:41:34mais je peux pas grand-chose, etc., et que tu te rends compte
00:41:36que c'est toi qui produis la valeur, c'est toi qui
00:41:38peux faire grève, etc., ça
00:41:40transforme qui tu es, comment tu te vois, comment tu vas agir,
00:41:42etc. Et en fait, c'est ça sur
00:41:44beaucoup de points. Voilà, typiquement,
00:41:46la toute dernière vidéo, elle part du fait
00:41:48que moi, je suis une enfant
00:41:50d'un immigré syrien
00:41:52et d'une mère
00:41:54française, et genre,
00:41:56je me suis beaucoup construit
00:41:58avec les jeux vidéo qui nous promettaient
00:42:00de montrer, sous un jour
00:42:02positif,
00:42:04les civilisations arabo-musulmanes,
00:42:06et tout, et je me suis dit, oh, ça va,
00:42:08les gens vont enfin voir que ma culture, elle est bassale,
00:42:10et tout.
00:42:12C'est pas trop ce qui est en train d'arriver dans le
00:42:14paysage politique actuel français,
00:42:16et du coup, voilà, quand tu commences à voir
00:42:18que, ah, peut-être que ça montrait
00:42:20ces cultures-là d'une certaine façon,
00:42:22c'est aussi des façons que j'ai commencé
00:42:24à apprendre de voir ma propre identité, que je suis
00:42:26rentré dans ça, et que ça m'a blessé.
00:42:28Enfin, voilà, tu changes de vision
00:42:30sur les choses, tu changes de vision sur toi-même, et c'est
00:42:32ça qui est super intéressant
00:42:34dans le fait de bosser sur Youtube en ce moment,
00:42:36et de faire du vidéo-essai,
00:42:38et que j'essaie de faire sur ma chaîne autant que possible.
00:42:40C'est marrant la manière dont tu parles, ça me fait vachement
00:42:42penser à Bolchégui, que j'ai pas mal discuté
00:42:44avec lui, tu vois, sur la vidéo-essai,
00:42:46sur la conscience de classe, sur analyser à la fois
00:42:48ce que racontent les œuvres
00:42:50et comment elles sont produites, ça en dit beaucoup.
00:42:52Alors lui, c'est plus pop-culture générale,
00:42:54toi c'est plus jeu vidéo, est-ce que c'est quelqu'un dont
00:42:56tu suis le travail, dont... je sais pas.
00:43:00Une vision un peu marxiste, en fait, des fois,
00:43:02de la production, de ce que ça veut dire...
00:43:04Oui, de toute façon, il y a clairement une vision, en tout cas
00:43:06il a très clairement
00:43:08une vision matérialiste, et
00:43:10j'en ai une aussi, donc voilà,
00:43:12ce qui va se passer dans la production va aussi
00:43:14beaucoup déterminer ce qui va être
00:43:16dans le jeu, et c'est mon...
00:43:18le but de développer ça.
00:43:20Après, j'ai aussi... comment dire ça...
00:43:22Moi j'essaye vraiment aussi, en plus, de rajouter
00:43:24non seulement la partie...
00:43:26les questions de patriarcat,
00:43:28et aussi en ce moment beaucoup les questions de colonialisme,
00:43:30voilà, j'avais fait une longue vidéo sur
00:43:32la question du génocide, et sur Mass Effect,
00:43:34qui est un jeu où, justement,
00:43:36l'imaginaire du génocide est très présent
00:43:38pour le critiquer, mais en même temps,
00:43:40est-ce que c'est de la bonne façon ? Et du coup,
00:43:42en fait, c'est vraiment, une fois qu'on voit aussi,
00:43:44il y a déjà, en vrai, un vrai travail à l'université
00:43:46sur la question du colonialisme,
00:43:48et nos imaginaires, et du jeu vidéo en spécifique,
00:43:50et en fait, on remarque
00:43:52que c'est là que beaucoup de notre
00:43:54imaginaire y naît,
00:43:56notamment l'imaginaire, par exemple, typiquement
00:43:58en fantasy, il y a tout cet imaginaire
00:44:00des races, qui est très très peu questionné,
00:44:02et qui peut être utilisé
00:44:04intelligemment pour montrer
00:44:06des conflits, etc., entre différents peuples,
00:44:08mais qui, dans son
00:44:10contexte de création, n'est pas forcément
00:44:12exempt de biais, voire de
00:44:14reproduction de processus
00:44:16de processus de racisation,
00:44:18de processus assez nul,
00:44:20et du coup, moi, pour l'instant, je me focus
00:44:22surtout sur ça, et puis, c'est toujours intéressant
00:44:24parce que tu vas focus sur cette question-là,
00:44:26et ensuite, quand tu vas revenir plus général
00:44:28sur les façons de réfléchir à la production
00:44:30du jeu, et à comment
00:44:32ça influe le message, etc.,
00:44:34tu vas souvent avoir un avis qui est un petit peu
00:44:36plus évolué, où tu vas te dire, ah, sur ces
00:44:38points-là, ça répond pas exactement,
00:44:40c'est peut-être un peu trop simple,
00:44:42peut-être que, des fois, on voit un peu
00:44:44partout de la révolte, mais parfois, la révolte,
00:44:46enfin, parfois, c'est de la révolte de droite
00:44:48plus que de la révolte de gauche, est-ce que
00:44:50c'est réac, et dans quel sens est-ce que c'est réac, tu vois,
00:44:52c'est réactionnaire de gauche, est-ce que ça existe ?
00:44:54Et du coup, c'est un peu toutes ces questions-là qui se...
00:44:56Enfin, voilà, c'est un peu comme ça que je me bosse pour l'instant.
00:45:00Je suis en train de lire un petit peu le chat, aussi,
00:45:02alors, eux, ils sont restés sur le sujet dont on parlait avant,
00:45:04une question d'Oximus,
00:45:06si autant de plaintes pour VSS sont classées sans suite,
00:45:08n'est-ce pas surtout qu'elles sont difficiles à prouver ?
00:45:10C'est souvent parole contre parole, condamner sans preuve
00:45:12serait aussi injuste, ne faudrait-il pas plutôt
00:45:14se demander pourquoi il y a des VSS ?
00:45:16Alors, je me tourne vers la spécialiste juridique, Violenne.
00:45:18En fait, il y a eu
00:45:20un rapport hyper intéressant de la section générale
00:45:22de la justice qui a été fait en
00:45:242018-2019, qui s'était penché
00:45:26sur les cas de féminicide, vous allez voir
00:45:28où je veux en venir, c'est qu'ils avaient ressorti toutes
00:45:30les plaintes ou les signalements qui avaient été
00:45:32faits par les femmes qui ont été tuées par leur songeur
00:45:34et son conjoint sur cette période, et ils se sont rendus
00:45:36compte que dans 8 cas sur 10,
00:45:38la plainte avait été classée, alors que ces femmes
00:45:40étaient donc décédées ensuite, principalement
00:45:42pour manque d'investigation, c'est-à-dire
00:45:44sa liste,
00:45:46l'homme accusé n'a pas été systématiquement auditionné,
00:45:48ça dit quasiment jamais d'enquête
00:45:50d'environnement suffisante,
00:45:52pas de saisie de téléphone, c'est moi qui le rajoute,
00:45:54c'était pas dans le rapport, mais c'est ce que je vois
00:45:56souvent dans les dossiers, donc
00:45:58en fait, on ne risque pas de trouver les preuves si on ne les
00:46:00cherche pas. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, quand on dépose plainte,
00:46:02on devrait avoir l'obligation, en tout cas
00:46:04le système judiciaire devrait avoir l'obligation
00:46:06de déclencher une enquête sérieuse. Donc, appeler
00:46:08l'homme concerné pour auditionner,
00:46:10je sais pas, dans les 15 jours, faire
00:46:12hop, automatiquement saisir les téléphones,
00:46:14on a toutes nos vies sur nos portables,
00:46:16pour l'analyser, pour voir les messages effacés
00:46:18et tout ça, et auditionner un minimum
00:46:20de proches, et aujourd'hui ça s'est pas fait.
00:46:22Donc c'est très dur de trouver les preuves si c'est vrai, mais en fait
00:46:24aujourd'hui, on est face au constat que
00:46:26le système judiciaire ne les cherche pas.
00:46:28Et ça c'est un vrai problème.
00:46:30Voilà, je suis à ta réponse,
00:46:32mais je vois pas ce qu'il y a de plus à rajouter.
00:46:34Il faudrait aussi former les policiers.
00:46:36Ils sont censés être formés,
00:46:38je me souviens, il y avait eu un petit message
00:46:40justement du gouvernement qui disait
00:46:42qu'ils sont là avec les
00:46:44files spéciales pour les VSS.
00:46:46Dite orange, si vous venez pour dire au sexiste
00:46:48ou au sexuel, j'ai eu le cas encore samedi dernier
00:46:50au Colmystéria, je suis accompagnée d'un dépôt de plainte,
00:46:52et en fait, c'est-à-dire qu'ils switchent
00:46:54au moment où ils se disent qu'ils ont été formés
00:46:56et qu'il faut pas réagir comme ça. Donc au début, le policier
00:46:58il était là, vraiment, on sentait qu'on
00:47:00m'embêtait avec l'homme que j'accompagnais
00:47:02qui a été victime enfant. Vraiment, on s'assoit
00:47:04et le fil nous dit,
00:47:06vraiment en haussant la sourcille, je pouvais pas vous le refaire,
00:47:08il fait, vous auriez pas pu prendre rendez-vous
00:47:10parce que là, c'est samedi,
00:47:12on annonce qu'ils travaillent la semaine, donc on peut pas venir.
00:47:14Bon, alors vous venez pour viol
00:47:16ou pour agression sexuelle ? Parce que moi, c'est marqué
00:47:18violent sexuel, et bah oui, c'est les deux du coup.
00:47:20En plus, la personne concernée, peut-être qu'elle sait pas
00:47:22la distinction juridique entre les deux. En plus, elle est pas là
00:47:24pour... Et là, vraiment, il souffle, il fait
00:47:26Bon bah,
00:47:28je vais prendre la plainte, alors. Bon bah, bougez pas,
00:47:30je reviens. Et après, il est revenu, il a
00:47:32switché, on aurait pas dit la même personne. Je sais pas si
00:47:34il est schizophrène, si quelqu'un lui a dit, attention,
00:47:36t'as une féministe dingue dans ton bureau, je sais pas.
00:47:38Ce qu'il s'est passé, c'est que c'était plus la même personne en revenant.
00:47:40Il s'est assis, il a dit, alors,
00:47:42on va prendre le temps qu'il faut,
00:47:44surtout, n'hésitez pas à dire les mots comme
00:47:46ils vous viennent, n'hésitez pas à sortir si vous avez besoin d'un verre
00:47:48d'eau, d'aller aux toilettes, je suis là,
00:47:50je vous crois, ici, nous ne remettons pas en cause
00:47:52la parole des victimes. Je me dis, mais c'est le
00:47:54même truc. Il avait bien pris son texte, en tout cas.
00:47:56Il s'est fait engueuler derrière.
00:47:58Il y a eu une formation Matrix, tu sais, genre, hop,
00:48:00on a déjà eu une... C'est bon, je mets en place la formation.
00:48:02Voilà, il y a...
00:48:04On assiste, ça bouge, mais on voit que c'est pas encore
00:48:06ni fluide, ni naturel, quoi.
00:48:08Voilà, pour répondre à la question,
00:48:10il y a un vrai problème de formation, ouais.
00:48:12Mais au moins, on commence à avoir des petites formations,
00:48:14mais ça suffit, quoi. Alors, on aurait...
00:48:16Vas-y, vous êtes là. Pour rajouter là-dessus,
00:48:18après, ça ouvre aussi une question qui est assez vertigineuse,
00:48:20c'est, bon, ben, on a formé les policiers.
00:48:22Les policiers restent...
00:48:24à faire un travail qui est pas
00:48:26forcément incroyable,
00:48:28restent aussi, en grande partie,
00:48:30en très grande partie, votant à l'extrême droite
00:48:32et avec des croyances
00:48:34assez... qui vont avec, voire
00:48:36dans une partie assez...
00:48:38Alors, j'ai plus les chiffres en tête, donc je ne vais pas
00:48:40dire de bêtises, mais je me souviens
00:48:42que le chiffre de policiers qui
00:48:44se sont avérés être violents
00:48:46en couple est assez
00:48:48terrifiant, et il y a aussi
00:48:50cette question de l'entrecroisement,
00:48:52de, bon, les policiers, ils sont aussi recrutés
00:48:54pour maintenir l'ordre, et souvent,
00:48:56on l'a vu aussi, si on fait le lien
00:48:58avec toutes les manifestations, les violences policières
00:49:00manifestations, etc., pour maintenir un ordre
00:49:02qui est un petit peu violent et qui est un petit peu tapé
00:49:04facilement sur des gens
00:49:06de gauche et des gens un peu trop
00:49:08progressistes, et de la
00:49:10même façon, c'est
00:49:12un peu ce qui est terrifiant aussi, c'est que les
00:49:14représentations que
00:49:16produit la justice,
00:49:18la justice, par les années des inégalités,
00:49:20va souvent beaucoup plus
00:49:22facilement condamner pour VSS
00:49:24des personnes racisées.
00:49:28Même dans les cas
00:49:30comme l'affaire Mazan, il y a un peu une exceptionnalisation
00:49:32du viol,
00:49:34c'est-à-dire que l'affaire est tellement horrible
00:49:36que c'est complètement impensable
00:49:38qu'elle ne soit pas condamnée, et en même temps,
00:49:40est-ce qu'on ne va pas... Enfin, oui, voilà,
00:49:42il y a ce double truc, ça renforce la foi dans un
00:49:44système judiciaire qui,
00:49:46concrètement, va surtout
00:49:48produire un petit peu des imaginaires
00:49:50racistes, donc il y a quand même
00:49:52cette question-là à confronter
00:49:54qui est...
00:49:56Est-ce que... Enfin, voilà,
00:49:58je suis face à une avocate, est-ce que je vais...
00:50:00Enfin, voilà, il y a la question
00:50:02de l'abolitionnisme, en tout cas,
00:50:04de l'abolitionnisme au policier,
00:50:06de l'abolitionnisme pénal, ou en tout cas
00:50:08de savoir est-ce que c'est possible de réformer
00:50:10de l'intérieur ce système-là, et de
00:50:12changer et de...
00:50:14Qu'est-ce qui serait efficace, quoi.
00:50:16Ouais, c'est ça, c'est dynamique.
00:50:18Je suis d'accord, il y a un problème avec
00:50:20repenser aussi la prison,
00:50:22mais j'ajouterais que quand bien même
00:50:24il y a des policiers, des policiers ou des juges d'instruction,
00:50:26des procureurs, franchement,
00:50:28j'en ai croisé des biens, ça arrive, je vous assure,
00:50:30le problème, c'est qu'on manque tellement de moyens
00:50:32que même quand elles et ils
00:50:34veulent bien faire, ils sont
00:50:36sous les dossiers, ils ont trop de procédures
00:50:38à suivre, ils n'ont pas les moyens d'investiguer,
00:50:40donc c'est un peu comme aux urgences à l'hôpital,
00:50:42il faut prioriser, il y a des choses...
00:50:44Donc même quand on veut bien faire, on n'a pas les sous pour le faire, quoi.
00:50:46Bon, on aurait pu parler
00:50:48de plein d'autres choses, de la mépris, etc.,
00:50:50mais il y a une séquence sur laquelle je voulais revenir,
00:50:52je suis désolé, ça va pas vous faire plaisir,
00:50:54c'est l'affaire Norman,
00:50:56qui a quand même secoué...
00:50:58qui a secoué les réseaux sociaux, Youtube, etc.,
00:51:00et c'est un peu de ça dont on parle aujourd'hui,
00:51:02je vous propose de regarder un petit extrait,
00:51:04je suis désolé pour ce moment, vraiment désolé,
00:51:06je vous promets, c'est pas long,
00:51:08mais c'était pas mal pour réagir.
00:51:10Le 11 octobre 2023,
00:51:12le procureur de la République, sur réquisition du parquet,
00:51:14m'a délié de ses accusations
00:51:16en prononçant un classement sans suite.
00:51:18Je cite.
00:51:20Norman n'a pas exploité sa notoriété,
00:51:22ni la potentielle vulnérabilité des plaignantes,
00:51:24au point de tromper leur consentement.
00:51:26Aucun témoignage ne permettait cependant d'établir avec précision
00:51:28des comportements déplacés à l'encontre des plaignantes
00:51:30ou d'autres jeunes femmes.
00:51:32Ce classement sans suite ne débouche sur aucune mise en examen,
00:51:34ni procès, ni condamnations.
00:51:36Bon, avant de revenir sur l'aspect
00:51:38juridique, peut-être avec toi, Violenne,
00:51:40à part « ouin ouin, j'y suis pour rien »,
00:51:42est-ce qu'il y a des trucs à retenir
00:51:44de cette séquence ? Alors la vidéo, je crois, elle fait plus d'une heure.
00:51:46Est-ce que vous l'avez vue ?
00:51:48Est-ce que sur Youtube,
00:51:50est-ce que finalement les réseaux sociaux, c'est une manière peut-être
00:51:52de faire des trucs comme Turax, ou de faire des trucs comme Afrogamer,
00:51:54ou de faire son travail, mais est-ce que c'est aussi
00:51:56une manière, pour des mecs comme ça,
00:51:58de faire « ouin ouin » ?
00:52:00Oui, c'est ce que je te disais sur le masculinisme tout à l'heure,
00:52:02c'est que ça a permis la montée du masculinisme,
00:52:04notamment à cause d'Andrew Tate,
00:52:06mais pas qu'eux,
00:52:08et les masculinistes,
00:52:10ils apportent de la force, en fait,
00:52:12aux mecs comme Norman, parce que
00:52:14ils ont
00:52:16un public qui sera toujours de leur côté
00:52:18quoi qu'ils fassent, en fait. C'est-à-dire qu'il aurait pu
00:52:20y avoir des vidéos de Norman en train de
00:52:22violer des gamines, et les masculinistes,
00:52:24ils seraient toujours derrière lui en train de dire
00:52:26« non, mais elles étaient contentes ». Elle ne dit pas que c'est arrivé.
00:52:28Mais pas arrivé.
00:52:30Ça pourrait arriver, et
00:52:32il y aurait toujours des masculinistes derrière lui.
00:52:34Et puis là, après,
00:52:36je laisserais violence sur le côté
00:52:38juridique, mais le fait de dire « je suis innocent »
00:52:40parce que c'est classé sans suite, ça ne marche pas comme ça,
00:52:42en fait. Il n'y a juste pas
00:52:44assez de preuves.
00:52:46Et il y a eu trop de cas,
00:52:48que ce soit dans notre entourage
00:52:50proche, ou éloigné, ou même
00:52:52avec des preuves, c'est finalement classé
00:52:54sans suite parce qu'on dit que
00:52:56le SMS a pu être trafiqué,
00:52:58ça aurait pu être un montage, tout ça.
00:53:00En fait, on est dans un système
00:53:02où 0,6%
00:53:04des poursuites finissent par une condamnation.
00:53:06En fait,
00:53:08on ne peut pas
00:53:10juste se dire « regardez, c'est classé
00:53:12sans suite, donc je n'ai rien à me reprocher ».
00:53:14C'est surtout ça, en fait, le gros souci.
00:53:16Personnellement, je n'ai pas regardé sa vidéo.
00:53:18La vie est trop courte,
00:53:20franchement, pour prendre du temps là-dessus.
00:53:22Et en fait, c'est se dire juste que je n'ai rien
00:53:24à me reprocher.
00:53:26Parce que c'était... Oui.
00:53:28On en parle, d'ailleurs.
00:53:30Mais on en est carrément
00:53:32à se dire
00:53:34qu'un classement sans suite veut dire que je suis
00:53:36innocent. C'est faux.
00:53:38Il dit qu'il n'y a pas assez de preuves,
00:53:40tout ça. Après, Violence pourra justement nous en dire
00:53:42plus là-dessus. Mais je trouve que
00:53:44se cacher derrière le
00:53:46classement sans suite pour prouver
00:53:48son innocence, alors qu'il y a des gens
00:53:50dans des cas similaires qui sont
00:53:52innocentés,
00:53:54pour moi, ça ne me convient pas.
00:53:56Surtout quand il n'y a absolument pas
00:53:58un fait de
00:54:00il s'est passé ci, et pourtant,
00:54:02il s'est passé ci, et je le regrette.
00:54:04Lui, c'est... Je ne sais pas.
00:54:06Peut-être qu'il le dit. Mais moi, c'est en mode genre
00:54:08il ne s'est absolument rien passé.
00:54:10Est-ce qu'il a vraiment
00:54:12groumé des meufs ?
00:54:14Est-ce qu'il a vraiment contacté des mineurs ? Le procès, il était sûr.
00:54:16Est-ce que ça les a affectés ?
00:54:18C'est ça.
00:54:20En fait, les faits sont avérés quand même.
00:54:22Les preuves n'ont pas été contestées.
00:54:24D'accord, ça se voit avec la phrase du juge au début.
00:54:26D'accord, il les a contactés,
00:54:28mais on n'a pas vu si...
00:54:30Et pourtant, il les a contactés.
00:54:32Et ça, c'est ce simple fait-là. Il les a contactés.
00:54:34Il ne les a pas contactés en tant que
00:54:36personne lambda. Il les a contactés
00:54:38en tant que Norman qui parle à
00:54:40sa communauté. Et ça, c'est quelque chose
00:54:42qu'il faut vraiment prendre en compte au niveau de l'influence.
00:54:44C'est que cette influence-là,
00:54:46je ne sais pas comment on ne peut pas se
00:54:48dire qu'il y a justement envie de...
00:54:50Sans parler d'envie, mais il y a forcément manipulation
00:54:52qui est mise dedans puisqu'on parle de l'influence.
00:54:54Dès qu'on est fan
00:54:56de quelqu'un, cette personne nous donne l'heure.
00:54:58Ah bah voilà,
00:55:00surtout quand on parle de personnes qui sont jeunes,
00:55:02genre des mineuves.
00:55:04Voilà, donc...
00:55:06Il y a fait réveil dans le chat qui nous dit annoter Taïus D'Escufion
00:55:08qui a apporté un gros soutien à Norman.
00:55:10Tu parlais des milieux masculinistes.
00:55:12Là, elle en fait partie.
00:55:14C'est la reine du masculinisme.
00:55:16J'étais en train de vérifier le motif du placement
00:55:18parce que je ne connaissais pas l'affaire.
00:55:20Je savais l'affaire publiquement, mais je n'ai pas étayé du dossier.
00:55:22Et d'après ce que je vois dans les journaux,
00:55:24c'est que ça aurait été classé sans suite
00:55:26pour infraction insuffisamment caractérisée.
00:55:28Donc c'est toujours le même problème.
00:55:30Ça ne veut pas dire qu'il n'a rien fait.
00:55:32Ça veut dire que l'enquête n'a pas abouti
00:55:34à avoir assez de preuves pour établir
00:55:36qu'il était potentiellement responsable
00:55:38et donc le renvoyer devant une juridiction.
00:55:40Donc on ne peut pas juste dire
00:55:42que ça a été classé, je suis innocent.
00:55:44Ça veut dire que la justice
00:55:46n'arrive pas à déterminer s'il l'est
00:55:48ou pas, mais en tout cas que judiciairement
00:55:50ça s'arrête là.
00:55:52Dans le chat, il y a Oxymus qui dit
00:55:54que le 28 septembre est la journée mondiale
00:55:56où la contraception et le droit à l'avortement
00:55:58se sont organisés à Paris.
00:56:00Ce week-end, il y a aussi des rassemblances
00:56:02qui se sont organisées un peu partout en France
00:56:04pour soutenir Gisele Pellicot.
00:56:06C'est en ce moment.
00:56:08Est-ce que vous avez dû ne pas aller à Rassemblance
00:56:10pour venir ici ?
00:56:12Vous aviez prévu quoi ?
00:56:14À Paris, elle était cet après-midi.
00:56:16Donc c'est mort.
00:56:18Mais je crois qu'il y en a un peu partout en France
00:56:20dans tout le week-end.
00:56:22Anna Toumazoff, une des instigadrices
00:56:24de ce rassemblement,
00:56:26dimanche à 17h ou 18h,
00:56:28elle a pris une tribune sur politisme
00:56:30pour expliquer un petit peu
00:56:32son point de vue sur l'affaire Mazan
00:56:34et aussi la manière dont la presse en parle.
00:56:36D'ailleurs, ce que je viens de faire, l'affaire Mazan,
00:56:38elle trouve que c'est une mauvaise manière d'en parler.
00:56:40Elle dit qu'il faut bien nommer les 83 violeurs,
00:56:42de nommer les gens, de nommer la personne.
00:56:44Est-ce qu'on a encore un peu de temps, la régie ?
00:56:46Ou est-ce qu'on passe à la suite ?
00:56:52Est-ce qu'on a encore un peu de temps ?
00:56:54Ou est-ce qu'on passe à la suite ?
00:56:56Ah, 5 minutes !
00:56:585 minutes pour conclure.
00:57:00Un petit mot de fin, peut-être ?
00:57:02Est-ce qu'on peut revenir sur une phrase
00:57:04que j'ai vue passer dans le chat ?
00:57:06Vous, vous avez de la chance.
00:57:08Je suis désolé.
00:57:10Vous êtes dans le brouillard, là.
00:57:12J'ai vu une phrase passer de quelqu'un
00:57:14qui disait
00:57:16si vous continuez à parler comme ça,
00:57:18les filles, vous allez faire fuir les hommes.
00:57:20C'était le but.
00:57:22On a réussi.
00:57:24Est-ce qu'il est encore là ?
00:57:26Je ne sais pas si la personne est encore là.
00:57:28Déjà, merci.
00:57:30Vraiment, coeur sur le chat, parce que vous êtes au top.
00:57:32Et quand on a ce genre de phrase,
00:57:34qu'est-ce qu'on dit, nous ?
00:57:36Qu'on n'est pas là pour rien.
00:57:38On est juste en train de dire
00:57:40qu'on veut du respect.
00:57:42On veut être perçu pour ce qu'on est,
00:57:44c'est-à-dire des personnes, des êtres humains.
00:57:46Et là, juste dire
00:57:48qu'on vit des choses atroces
00:57:50de manière quotidienne, tous les jours,
00:57:52qu'effectivement, on dit
00:57:54« all men », parce que c'est la vérité.
00:57:56On voit bien que dans beaucoup trop
00:57:58de cas,
00:58:00on a besoin, finalement,
00:58:02aujourd'hui, de mettre cette protection
00:58:04envers les hommes et de ne pas se jeter
00:58:06à corde perdue, parce que ce n'est pas ce qui se passe.
00:58:08On ne dit pas non plus que toutes les femmes
00:58:10sont des saintes,
00:58:12et ce n'est vraiment pas le cas ici.
00:58:14C'est pas parce que certaines femmes sont horribles
00:58:16que tu es obligé de les agresser.
00:58:18Et en fait, avoir peur de ce qu'on dit,
00:58:20on dit juste « respectez-nous »,
00:58:22on est juste là,
00:58:24de la même manière que vous,
00:58:26dire qu'on va faire fuir les mecs,
00:58:28mais fuis haut, fuis fort,
00:58:30parce qu'on n'a pas envie d'interagir avec toi.
00:58:32Vraiment.
00:58:34La conclusion.
00:58:36Pour terminer ce plateau,
00:58:38il nous reste 3 minutes.
00:58:40Vous avez 1 minute 30 chacune.
00:58:42Je voulais quand même,
00:58:44il me semble que c'est important de parler,
00:58:46c'est trop important aujourd'hui,
00:58:48de penser à la représentation,
00:58:50on va le dire, c'est une question assez bête,
00:58:52mais des femmes trans, parce qu'en vrai,
00:58:54on manque beaucoup de représentation,
00:58:56et c'est quelque chose qui n'est jamais beaucoup posé,
00:58:58parce que oui, souvent,
00:59:00on va penser à avoir des personnes LGBT,
00:59:02voire à avoir quelques personnes trans,
00:59:04par-ci par-là,
00:59:06incluant les personnes non-binaires,
00:59:08et on en trouve,
00:59:10parce qu'il y en a de plus en plus,
00:59:12qu'ils sont vocalement,
00:59:14mais au final, ce qu'on voit encore beaucoup,
00:59:16dans les milieux,
00:59:18c'est que les femmes trans,
00:59:20non seulement on subit la transmisogynie,
00:59:22on subit de plein fouet,
00:59:24doublement souvent,
00:59:26des attaques de l'extrême droite,
00:59:28et très souvent,
00:59:30on n'arrive pas,
00:59:32et puis il y a aussi ce fait que,
00:59:34en général, quand il y a une meuf trans qui arrive sur Internet,
00:59:36et qui commence à être un peu vocale,
00:59:38et qui commence à être un peu visible,
00:59:40elle dure trois ans,
00:59:42et puis soit elle part un peu dans les coulisses,
00:59:44souvent elle est fatiguée,
00:59:46elle arrête, soit elle part un peu dans les coulisses,
00:59:48pour faire un peu de taf en régie,
00:59:50par-ci par-là,
00:59:52soit elle passe stealth,
00:59:54elle arrête de parler de sa transidentité,
00:59:56et du coup, arrête d'être vocale,
00:59:58et d'avoir une voix sur ces questions-là,
01:00:00et c'est vrai que même au sein de la communauté
01:00:02entre meufs trans,
01:00:04on a beaucoup de mal à s'échanger du savoir,
01:00:06à s'échanger les petits tips,
01:00:08à mettre des mots sur tout ce qu'on vit,
01:00:10du savoir que,
01:00:12la même chose qui s'est produite
01:00:14avec MeToo pour les femmes,
01:00:16elles ont commencé à pouvoir parler de violences sexuelles,
01:00:18de pouvoir mettre des mots sur ce que c'était que le harcèlement,
01:00:20et aujourd'hui, on a encore du mal
01:00:22à avoir ces trucs de base-là,
01:00:24entre femmes trans,
01:00:26et on a besoin d'endroits
01:00:28et d'avoir des figures,
01:00:30d'avoir plusieurs figures pour le faire,
01:00:32et du coup, c'est cool de penser à nous aussi,
01:00:34de penser à l'art.
01:00:36Donc le message est passé, imposez-vous, osez,
01:00:38et voilà, on va essayer de tout faire.
01:00:40Une minute,
01:00:42non, non, je ne vais pas lancer le PA,
01:00:44Dupleix va attendre.
01:00:46Violaine, tu as un petit mot pour finir ?
01:00:48Je disais que tu es chroniqueuse
01:00:50pour l'humanité, c'est quoi ta prochaine chronique,
01:00:52sur quoi tu travailles en ce moment ?
01:00:54On travaille sur beaucoup de projets,
01:00:56parce qu'on va bientôt lancer une émission.
01:00:58Pas mal ce petit signe.
01:01:00Mais j'allais dire que j'avais lu un sondage
01:01:02qui disait que 4 hommes sur 10
01:01:04trouvaient que les féministes exagéraient,
01:01:06mais là, ce qu'on a dit aujourd'hui,
01:01:08si des personnes trouvent qu'on exagère,
01:01:10elles n'ont rien entendu,
01:01:12parce qu'on est resté relativement soft.
01:01:14Vous auriez pu y aller.
01:01:16Il n'y a pas besoin d'y aller.
01:01:18Il y a des moments
01:01:20où il faut y aller,
01:01:22et là, on parle,
01:01:24donc toutes les formes
01:01:26de prise de parole,
01:01:28quand le message est clair
01:01:30et qu'il a besoin d'être entendu,
01:01:32il est légitime,
01:01:34mais là, en l'occurrence,
01:01:36on était entre personnes cools.
01:01:38Donc voilà, ça s'est bien passé.
01:01:40Merci beaucoup à toutes les quatre,
01:01:42c'était vraiment super chouette.