Patrick Poivre d'Arvor, ancien présentateur vedette de TF1, a été mis en examen dans le cadre de l'information ouverte à la suite d'une plainte pour viol de l'autrice Florence Porcel. Le journaliste, accusé par au moins une quarantaine de femmes de viols, agressions ou harcèlement sexuel, fait également l'objet d'une enquête préliminaire dans laquelle une vingtaine de femmes ont été entendues.
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00:00 Chez Maxime Switek, il y a un an, je crois, sur le plateau de l'FMTV, vous disiez finalement
00:04 c'est à chaque fois le même mode opératoire.
00:06 C'est ça qu'a vécu Florence Porcel.
00:08 Vous l'avez vécu, c'est ce que vous avez raconté, dans le bureau même de l'ancien présentateur du journal de TF1.
00:14 Ce que de nombreuses plaignantes et femmes ont vécu effectivement avec Patrick Poivre-Darvore.
00:19 Il y a un côté effectivement sériel qui saute aux yeux.
00:22 Ce n'est pas une cabale de femmes qui se sont réunies un jour.
00:26 C'est que tout d'un coup, une parole a été prise, tout le monde s'est rendu compte,
00:32 moi je me suis rendu compte à postérie que j'avais vécu la même chose que d'autres femmes.
00:36 Et en fait nous n'en avions jamais échangé avant.
00:38 C'est assez vertigineux de se rendre compte de ce côté effectivement sériel.
00:43 Et moi effectivement je me réjouis qu'enfin les juges d'instruction contre l'avis du parquet
00:50 se soient vraiment emparés de ça parce qu'on ne pouvait pas en rester là
00:54 par rapport à cette affaire qui est en fait énorme.
00:57 Vous avez un peu le mot "sériel" ?
01:00 C'est un prédateur Patrick Poivre-Darvore ?
01:03 Pour moi c'est un prédateur, oui bien sûr.
01:05 C'est un "sériel violeur" ce que vous vouliez dire ?
01:08 Oui, 48 autres plaignantes, 24 plaintes, 12 viols, 8 agressions sexuelles, 4 harcèlements
01:15 et des dizaines de témoignages qu'on n'a pas encore sortis de femmes non prescrites
01:20 qui n'osaient pas aussi...
01:23 Pourquoi elles n'osent pas ?
01:25 Parce que le traitement de Florence Porcel...
01:27 C'est plus la star qu'il était...
01:29 Certes, mais une femme a tout à perdre à aller témoigner.
01:31 Son nom, son identité souvent sont dévoilées.
01:35 Et donc du coup le traitement qu'a subi Florence Porcel, ce classement sans suite,
01:44 a été extrêmement violent, extrêmement dur.
01:46 Est-ce que ça a incité les femmes à aller porter plainte et à se dire
01:49 "moi aussi j'ai envie d'aller me faire insulter, moi aussi j'en ai envie de me faire jeter en pâture" ?
01:53 Non. Maintenant, le fait que la police ait dit "c'est sérieux"...
01:57 Vous avez été insultée ? Vous avez eu des pressions, des menaces ? Vous les avez subies ?
02:01 J'ai été insultée, oui. J'ai perdu énormément de gens autour de moi.
02:05 J'ai perdu des contrats de travail, bien sûr.
02:07 On vous a reproché d'avoir parlé ?
02:09 Bien sûr.
02:11 Pourquoi en fait ?
02:13 Parce que je pense qu'il ne faut pas toucher aux idoles.
02:15 Encore aujourd'hui ?
02:17 Encore aujourd'hui, bien sûr. On le voit avec l'affaire Depardieu.
02:19 Je sais déjà ce que vous aviez vécu sur le plateau de Maxime Suttek.
02:25 Mais en quelques mots, expliquez-nous ce qui s'est passé en fait.
02:27 Parce que les faits remontent il y a 20 ans.
02:29 Ils sont prescrits d'ailleurs. Vous avez porté plainte, mais vous savez que ces faits sont prescrits.
02:31 Donc a priori, il n'y aura pas de procès.
02:35 Ah oui, mais regardez pour 2004, pour Florence Porcel, c'est prescrit aussi, également.
02:39 Néanmoins, il a été mis en tant que témoin assisté.
02:43 Donc vraiment, pour moi, ça augure quelque chose peut-être de très positif.
02:47 Ça veut dire que la justice estime que même si c'est prescrit, il peut être entendu en tant que témoin assisté.
02:55 Vous espérez quoi du coup ? En votre nom et pour toutes les femmes ?
02:59 Au nom de toutes les plaignantes, de Florence Porcel, de Mithum, évidemment un procès.
03:03 On veut qu'ils se tiennent à la barre et qu'ils le reconnaissent bien sûr.
03:11 Mais lui sait très bien ce qu'il a fait Patrick Poivre d'Arvore.
03:13 Là, il y a des faits concernant Florence Porcel.
03:15 D'ailleurs, si on le comprend, la prescription...
03:18 J'attends l'homme qui un jour dira "oui, effectivement, j'ai mal agi".
03:22 J'attends cet homme en France qui battra sa coupe et qui osera...
03:26 Avant même le procès, c'est ça ?
03:27 Oui, voilà, et qui dira "j'ai mal agi" au nom d'une époque et qui effectivement ouvrira la porte...
03:32 C'est pas simplement l'époque, mal agir c'est mal agir.
03:35 Oui, parce qu'on dit, voilà, maintenant les gens se protègent avec "c'était une autre époque".
03:38 Mais moi, j'attends cet homme qui... qu'une femme aura ou plusieurs femmes auront accusé et qui dira "c'est vrai".
03:44 "C'est vrai, j'étais ça".
03:45 S'il avait dit ça, s'il disait ça, vous pourriez lui pardonner ?
03:48 Lui pardonner ? Non.
03:50 Moi, je ne lui pardonnerai jamais parce que, vous savez, à MeToo Media, nous, vraiment,
03:55 nous sommes un groupe de femmes et d'hommes qui recueillons chaque jour, quotidiennement,
03:59 mais chaque jour, les larmes, les souffrances, les douleurs, en fait, des victimes,
04:04 qu'elles soient victimes de gens connus ou non connus.
04:07 Il comprends que il y a des gens qui sont... ou des hommes qui sont toujours en place en ce moment ?
04:10 Oui, bien sûr, bien sûr.
04:12 Nous, on fait ça de manière vraiment...
04:14 Au placé aussi ?
04:15 Exactement.
04:16 Et voilà, recueillir, on recueille énormément de souffrances.
04:19 Et donc, moi, je ne peux pas pardonner parce que je vois vraiment des vies qui sont brisées,
04:22 des destins qui sont fracassés, des carrières qui se sont arrêtées nettes.
04:27 Je vois la souffrance aussi familiale parce que, quand il y a une victime,
04:31 il y a aussi toute la famille derrière.