Le procès de six sociétés du groupe Indexia s'ouvre ce lundi 23 septembre. Il leur est reproché des pratiques commerciales trompeuses sur des contrats d'assurance pour téléphones et ordinateurs.
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00:00Ce procès monumental, le procès du groupe Indexia, qu'on appelait avant Sfam.
00:03Pour pratiques commerciales frauduleuses, j'ai commencé à vous en parler il y a deux ans,
00:07après avoir reçu vos témoignages, 1500 ex-clients ont porté plainte.
00:12Sur ces pancartes, regardez le montant des préjudices qu'ils ont subis.
00:16Ça monte parfois très haut parce qu'en fait, au départ, ils ont souscrit des assurances
00:19pour un téléphone ou un ordinateur, souvent c'était acheté à la FNAC ou chez Darty.
00:23Et tout s'est emballé.
00:24Les prélèvements sauvages se sont multipliés plusieurs fois par mois,
00:27parfois pendant des années, malgré les demandes de résiliation qui n'aboutissaient pas.
00:32On en parle avec vous, Candice Mahout, 1500 plaignants d'un côté et face à eux, un homme.
00:37Un homme, effectivement, Sadri Fegayer.
00:40En fait, c'est une histoire digne d'une série Netflix, disons-le.
00:44Un homme au parcours impressionnant, devenu le plus jeune milliardaire du pays à seulement 38 ans.
00:52Un jeune homme qui vient au départ d'un milieu modeste, sa mère fait des ménages,
00:55son père, il est chauffeur routier, et puis il est quand même extrêmement déterminé à s'en sortir.
01:01Il a du bagouille, il a son BTS en poche, il monte directement de magasin de téléphonie
01:05en empruntant à la banque un premier prêt qu'il va d'ailleurs rembourser.
01:10Il impressionne les personnalités locales qui lui font confiance et il va demander un nouveau prêt
01:15dix ans plus tard, ce sera pour implanter cette fois le siège de sa société à Romain,
01:19dans le quartier de la Monnaie, ça s'invente pas.
01:22La SPAM, c'est une société spécialisée dans les produits d'assurance d'appareils multimédia
01:29comme nos téléphones portables ou nos ordinateurs, pour le compte de Darty ou de la FNAC.
01:34Vous le disiez, on achète dans ces grands magasins que tout le monde connaît.
01:37Et cette fois, ce qui sort de terre sont des locaux gigantesques dignes de la défense.
01:42Les salariés qui y sont engagés sont payés deux fois plus que la moyenne en général.
01:46Une fois embauchés, à eux, les voitures de luxe de fonction, les séminaires de team building
01:52aux quatre coins du monde, la salle de sport intégrée à l'entreprise, la cantine étoilée.
01:57Des rêves ! En fait, une entreprise Instagram en quelque sorte.
02:01Et tout le monde dans la région postulait.
02:04D'ailleurs, un ancien employé témoigne dans les colonnes de nos confrères du Figaro.
02:08Il dit « l'argent nous brûlait les doigts ».
02:11Voilà ce qu'il explique, c'est assez bien résumé.
02:13Tout est trop beau pour être vrai.
02:14Le château de cartes impressionne les uns.
02:17Et quand d'autres sentent quand même que le vent va sans doute le faire vaciller.
02:22Les clients mécontents sont de plus en plus nombreux à appeler.
02:25Les responsables vont faire remonter l'info, rien n'y fait.
02:27Les salaires sont d'ailleurs payés de plus en plus tard.
02:30Certains le sentent, l'entreprise va mal.
02:33En 2019, la répression des fraudes lui inflige d'ailleurs une amende de 10 millions d'euros
02:37pour pratiques commerciales trompeuses.
02:39Et les salariés sont de plus en plus nombreux à arriver juste en face du siège.
02:42À France Travail justement, il faut tous les recaser, c'est un casse-tête.
02:45Le château de cartes s'effondre.
02:46Avec donc 1500 victimes au moins, c'est celles qui sont au tribunal.
02:5010, 15, 30, 40 000 euros de préjudice.
02:53Comment on en arrive à de telles sommes ?
02:55C'est une spirale finalement presque invisible en réalité.
02:59Christine, elle est partie civile au procès.
03:01Elle représente sa mère, Colette, qui avait 89 ans au moment des faits,
03:04qui a 91 ans aujourd'hui.
03:06Elle explique au micro de Théo Bacillana et Joao Alencar.
03:09On voit que les prélèvements ont démarré en 2014.
03:12Donc c'est des petites sommes.
03:13C'est des 2,99 euros, 4,99 euros, ainsi de suite.
03:17Et en 2022, là on arrive à un total d'environ 10 000 euros de prélèvements par an.
03:23Parce qu'elle voyait bien que les sous-filets,
03:25mais elle ne comprenait pas pourquoi en fait.
03:26Parce que ceux-là, ils sont très très finaux.
03:28C'était assurance téléphonique, c'était prélèvements, protection informatique.
03:36Et comme elle, elle est très légaliste et que c'est une personne âgée, fragile,
03:40elle se disait « je suis protégée par l'assurance, j'en ai plein d'ailleurs d'assurance ».
03:44Et elle n'a pas connecté qu'il y avait un problème.
03:47Le problème justement, c'est qu'on ne sort pas indemne de ce genre de situation.
03:51En mars 2023, un client usurpé a été filmé en train de saccager un magasin de romans.
03:56Quelques mois plus tard, c'en était un autre qui est arrivé en menaçant,
03:58devant le siège, de s'immoler par le feu s'il n'était pas remboursé.
04:03Et pour les plus âgés, parfois, on intériorise en fait cette détresse.
04:07C'est le cas de Colette justement, la mère de Christy.
04:10Comme elle, elle est très légaliste et que c'est une personne âgée, fragile,
04:14elle se disait « je suis protégée par l'assurance, j'en ai plein d'ailleurs d'assurance ».
04:18Et elle n'a pas connecté qu'il y avait un problème.
04:20Quand elle se rend compte qu'elle est victime d'une escroquerie, elle perd complètement pied.
04:24Elle n'a plus confiance en elle, elle ne veut plus sortir, elle ne veut plus que personne rentre chez elle.
04:28Elle ne veut plus rien dépenser parce qu'elle n'a plus de sous.
04:30Elle ne veut plus manger, elle ne veut plus faire de course.
04:32Six mois après, au mois de mai 2023, maman, elle rentrait en EHPAD.
04:37Elle n'était plus capable de vivre et d'être autonome.
04:39Et son médecin nous a dit « il faut la placer très vite pour votre mère ».
04:42Elle a complètement perdu pied.
04:43On a été nous-mêmes très perturbés par ça parce qu'on a vu notre mère rentrer en EHPAD
04:46alors qu'en fait, elle était encore très bien avant cette histoire en fait.
04:50Alors toute la question, c'est est-ce qu'ils vont pouvoir quand même se faire rembourser ?
04:53Pas seulement comme réparation financière mais justement comme on vient de l'entendre,
04:56réparation en quelque sorte psychologique aussi de n'avoir rien vu,
04:59d'avoir été pris vraiment pour des imbéciles.
05:01Qui des assureurs derrière l'ASFAM, parce qu'il y en avait,
05:05ou de l'État aussi qui a perçu le montant farmineux de son amende en 2019,
05:08qui va donc mettre la main à la poche ?
05:10Eh bien le procès est en cours.
05:12Et on suivra ça bien sûr sur BFMTV. Merci Candice.