Jean-François Copé, ancien ministre et actuel maire Les Républicains de Meaux, était l'invité de Benjamin Duhamel, ce dimanche soir, dans C'est pas tous les jours dimanche sur BFMTV.
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00:00Bonsoir Jean-François Copé, merci d'être avec nous ce soir dans C'est pas tous les jours dimanche.
00:04Maire de Meaux, ancien ministre du budget notamment, ancien patron de l'UMP et partisan infatigable du rapprochement entre la droite et la Macronie.
00:12Vous nous direz dans un instant si vous êtes satisfait de voir votre souhait exaucé.
00:16Mais d'abord une première question sur la composition du gouvernement.
00:19Sept sortants reconduits, la droite conservatrice promue, c'est pas franchement ce pour quoi les Français ont voté non ?
00:24Ben je suis pas d'accord avec vous, en réalité je pense que les Français ils attendent une politique de droite.
00:30C'est pas parce que les gens de gauche et d'extrême gauche ont hurlé les plus forts qu'ils avaient raison.
00:35Ils ont le plus de députés ?
00:36Ben non, en fait faites les comptes, ben non, non, non, non, ils ont pas plus de députés.
00:40Cette alliance là ?
00:41Non mais Benjamin Duhamel vous êtes pas obligé de dire un truc que vous savez faux.
00:45Parce que je suis désolé j'ai fait les comptes comme tout le monde.
00:48Le total du nouveau front populaire ça fait à peu près...
00:50193.
00:51193.
00:52Le cumul des républicains, plus de Renaissance, plus d'Horizon, plus du Modem, de cette coalition de droite et de centre droit...
00:59Qui n'était pas alliée au moment des élections.
01:00Ben attendez, oui certes elle n'était pas alliée au moment des élections,
01:03mais c'est pas pour ça qu'elle ne pense pas à la même chose et qu'elle n'est pas capable de se retrouver.
01:06C'est ce que j'ai plaidé mais alors inlassablement depuis 2022, ça fait 243 députés.
01:13Donc je pense qu'il faut que ceux qui sont très très agressifs, à l'extrême gauche en particulier,
01:19je pense à monsieur Mélenchon, se détendent parce qu'en vérité ils n'ont pas gagné.
01:23Voilà, donc la démocratie est pleinement respectée.
01:26Donc, si je vous suis, la nomination de Michel Barnier à Matignon, le gouvernement tel qu'il a été présenté,
01:31ça vous convient parfaitement ? C'est ce dont vous rêviez ?
01:34Ah ben là on n'est pas dans le rêve, il ne faut pas non plus raconter des histoires.
01:37On est dans un gouvernement qui doit absolument réussir parce que c'est la survie de ce quinquennat qui est en cause
01:43et au-delà de ça surtout l'intérêt supérieur de la France.
01:46Moi je n'ai qu'une idée en tête, c'est que ce gouvernement réussisse parce qu'il n'y aura pas 36 chances.
01:50Et tout doit être fait pour ça. Après il ne faut pas se méprendre.
01:53Je vous entendais évoquer tout à l'heure les profils des uns et des autres.
01:57On n'est pas de savoir qui a manifesté contre le mariage pour tous, c'est pas du tout le sujet.
02:03Ça compte quand même pour ceux qui ont des convictions.
02:06On voit aussi qu'à la tête du gouvernement on a un membre d'un parti qui a fait 4,7% à l'élection présidentielle
02:13et qui a 47 députés à l'Assemblée nationale.
02:15Ils peuvent se dire qu'il y a une forme d'anomalie démocratique à ça.
02:18C'est ça la magie de la politique, c'est de temps en temps de regarder où sont les personnalités.
02:22C'est ça qui fait la différence.
02:24Mais pourquoi je vous dis que ce n'est pas le plus important là ?
02:26C'est tout simplement parce qu'on n'est pas raisonnés comme si on était au début d'un quinquennat
02:31plein d'enthousiasme, avec une élection présidentielle claire, une législative claire.
02:35Là on est dans un gouvernement de survie.
02:37Il faut aider ce gouvernement à réussir parce que c'est la survie de notre régime politique qui est en cause.
02:43Donc en réalité cette composition n'est pas parfaite.
02:46Il n'y a pas de raison qu'elle le soit d'ailleurs, il n'y a jamais de gouvernement parfait.
02:49Mais elle est composée d'un certain nombre d'hommes et de femmes qui incarnent ces sensibilités
02:53et qui doivent absolument gouverner ensemble, sans imaginer des grandes réformes.
02:57On n'a ni le temps ni les moyens politiques.
02:59C'est-à-dire que vous dites d'ores et déjà de toute façon il n'y aura pas de grandes réformes ?
03:03Je pense qu'il faut très vite arrêter d'analyser les profils des ministres.
03:10C'est sympa, c'est toujours comme ça au début.
03:12Et très vite se concentrer sur le fond.
03:14Parce que les Français en réalité, moi je le vois comme tous les maires,
03:17les Français ne vous parlent pas du tout des profils des ministres.
03:19Ils vous disent qu'est-ce que vous allez faire ?
03:21La priorité absolue, c'est le retour de l'ordre.
03:23L'ordre dans les comptes, l'ordre dans la rue et l'ordre à l'école.
03:26Et c'est là-dessus que ce gouvernement va être attendu.
03:28Et on va parler de cette feuille de route, notamment de celle de Bruno Retailleau, nouveau ministre de l'Intérieur.
03:31Mais juste avant, quand on regarde dans le détail, c'est sans doute le gouvernement,
03:35même pas sans doute, c'est en fait le gouvernement le plus à droite depuis François Fillon
03:39à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
03:42Vous le chantre de la droite décomplexée.
03:44Est-ce que c'est votre droite qui est au gouvernement ?
03:49D'abord, vous l'avez vu, il y a des profils très différents
03:51puisqu'il y a même Didier Migaud qui est issu du Parti Socialiste.
03:54Moi, je pense qu'aujourd'hui, on n'est pas dans une approche complètement normale
04:00comme ça pourrait être dans d'autres alternances.
04:04Là, il faut, je le répète, sauver ce qui peut l'être.
04:06Et je trouve assez intelligent d'imaginer de rassembler des gens
04:10qui couvrent la droite, le centre-droit et même un tout petit peu de centre-gauche
04:15dès lors qu'on ne perd pas de vue de l'essentiel.
04:18L'essentiel, c'est que les deux extrêmes sont aux portes du pouvoir,
04:21extrême-gauche et extrême-droite.
04:23Et je dois dire que moi, ce qui, en réalité, m'inquiète le plus,
04:25et on l'a vu dans les dix jours qui viennent de s'écouler pour la composition de ce gouvernement,
04:29c'est que vous avez dans les deux extrêmes des leaders,
04:33Mme Le Pen, M. Mélenchon, des équipes assez organisées,
04:36des programmes que je combats absolument,
04:39mais qui finalement ont plu à un certain nombre de gens qui s'inquiètent de l'avenir.
04:43Et puis au milieu, vous avez combien ? Sept, huit candidats à l'élection présidentielle.
04:47Il y a trop de candidats à l'élection présidentielle.
04:49Au niveau de nos familles de partis de gouvernement, il y a plus que trop plein.
04:53Et d'ailleurs, certains calculs qu'on a pu voir, des négociations un peu médiocres quand même,
04:59qui consistent à dire pour mon parti, je veux tant de places,
05:02et puis finalement, je vous donne les places mais vous me prenez moi.
05:05Tout ça n'était pas très glorieux.
05:07Vous êtes qui ? Laurent Wauquiez ?
05:09On l'a vu dans un certain nombre de familles politiques du centre,
05:11parce qu'on l'a vu aussi bien chez Les Républicains, mais on l'a vu aussi chez Renaissance.
05:15J'ai trouvé que tout ça n'était pas à la hauteur quand même.
05:17Là, on est dans une période où il faut quand même se concentrer sur l'essentiel.
05:20Et je rappelle ce petit point, c'est qu'en réalité,
05:23si les partis de gouvernement ne se focalisent sur simplement
05:27savoir qui va y aller à la présidentielle de 2027 alors que l'urgence, c'est maintenant,
05:31on va au fiasco.
05:32Justement, vous disiez, c'est ce pourquoi je plaidais depuis 2022.
05:37Est-ce que vous voyez une forme d'ironie ?
05:39Est-ce que tous ceux qui, pendant deux ans, vous disaient
05:41mais pas du tout, pas question de dissoudre la droite dans la Macronie,
05:44ce sont certains qui se retrouvent au gouvernement ?
05:46Vous dites quoi ? Ils se sont un peu moqués de moi pendant deux ans ?
05:48C'est ça la politique, c'est bien sûr.
05:50Et eux, ils sont et vous, vous n'y êtes pas en plus.
05:52Oui, par ailleurs.
05:53C'est paradoxal quand même.
05:54Oui, mais ça, ce n'est pas forcément très grave,
05:56parce qu'en vérité, moi, je soutiens totalement ce que fait Michel Barnier dans cette affaire.
05:59Tout me va très bien.
06:00Mais la seule chose que je puisse vous dire, c'est qu'effectivement,
06:02ça m'a fait aimablement sourire de voir un certain nombre m'expliquer en long et en large
06:08que jamais, il fallait y aller.
06:10Et que j'ai eu le plaisir de voir aujourd'hui au gouvernement.
06:12Par exemple, Bruno Retailleau.
06:13C'était le cas de Bruno Retailleau, mais c'était même le cas de Laurent Wauquiez.
06:16Que n'ai-je entendu ?
06:17Et finalement, il n'y va pas, parce que j'ai compris qu'en réalité,
06:21il n'y avait qu'un seul lit pour plusieurs rêves, et leurs rêves étaient bovots.
06:24Et donc, ils ne pouvaient pas tous l'avoir en même temps.
06:28Il y a un petit problème de constance politique quand même.
06:30Quand Laurent Wauquiez dit fin août, jamais, nous n'envisagerons une coalition
06:34parce qu'on ne peut pas faire cohabiter au sein d'un même gouvernement
06:36des lignes politiques qui ne sont pas les mêmes.
06:38Et à la fin…
06:39Écoutez, reconnaissez que de ce point de vue, moi, j'ai une certaine constance,
06:42en tout cas sur toutes les idées que je défends.
06:43Après, de temps en temps, on a le droit de reconnaître qu'on s'est trompé.
06:45C'est ça le courage politique.
06:47Juste pour vous soumettre ce que dit Eric Ciotti au Figaro,
06:49ce gouvernement n'est pas un gouvernement de cohabitation,
06:52c'est un gouvernement macroniste avec quelques LR comme Caussion et Alibi.
06:55Il a raison ou c'est de l'égreur de la tête au gouvernement ?
06:57J'ai noté qu'il avait enfin quitté la présidence de notre parti.
07:04Je crois que c'est surtout ça qu'il faut retenir de ses propos.
07:08C'est une sorte de traître de comédie, en réalité.
07:12Ça nous rappelle les grandes heures des romans balsaciens du 19e.
07:17Il est parti. Je crois que c'est ça qu'il faut retenir.
07:20On va pouvoir réorganiser la droite.
07:22Cela étant, moi, je vois dans ce gouvernement de coalition
07:25les prémices d'une recomposition de la droite française.
07:29LR est malheureusement trop petit.
07:31Ce n'est plus la grande UMP que nous avons connue
07:34lorsque j'ai quitté mes fonctions en 2014
07:36et qu'on avait fait cette vague bleue historique.
07:39Donc, c'est plus ça du tout. LR est maintenant trop petit.
07:42La droite macroniste, en réalité, est composée de personnalités très diverses
07:46dont beaucoup sont issus de nos rangs.
07:48Je pense que la nouvelle donne politique à préparer demain,
07:51c'est de recomposer un grand parti de gouvernement de droite.
07:54C'est-à-dire qu'au fond, Rachida Dati, Catherine Vautrin, Bruno Retailleau,
07:58vous-même, Laurent Wauquiez, vous vous retrouviez tous ensemble.
08:01Écoutez, je pense que ça doit même aller beaucoup plus loin.
08:03Je pense qu'il y a un certain nombre de macronistes de droite
08:06qui ont tout intérêt à repenser les choses
08:09parce qu'ils n'ont pas grand-chose à dire à des gens de gauche.
08:12Quand vous voyez le combat que nous menons, par exemple,
08:15sur le refus d'augmenter les impôts, qui va être un énorme sujet.
08:19En réalité, vous avez évoqué ça très brièvement tout à l'heure.
08:22L'un des grands sujets sur le retour à l'ordre dans les comptes publics,
08:25c'est d'être capable de baisser les dépenses
08:27sans augmenter les impôts.
08:29Et moi, je suis évidemment, comme beaucoup, assez préoccupé
08:33de voir qu'on balance dans le débat des hausses d'impôts,
08:36des perspectives de hausse d'impôts,
08:38alors qu'on devrait commencer par dire surtout les économies qu'on va réaliser.
08:41Mais vous êtes singulier, Jean-François Copé,
08:42puisque vous me dites gouvernement de survie.
08:44Michel Barnier, je le soutiens tout à fait.
08:46Celui qui a mis dans l'air la possibilité de faire davantage de justice fiscale,
08:50c'est Michel Barnier ?
08:51Oui, pas seulement.
08:53Celui qui, à l'instant, ne cite pas le fait de ne pas augmenter les impôts
08:56dans son discours, c'est le nouveau ministre de l'Économie et des Finances ?
08:58Alors, là, je voudrais tout de même faire une petite remarque.
09:00On va parler métier une seconde.
09:02Vous avez évoqué les propos du ministre de l'Économie,
09:05mais je vous rappelle que celui qui est en charge des comptes publics,
09:07ce n'est pas le ministre de l'Économie.
09:09Michel Barnier, dans la construction de son ministère,
09:11a prévu deux ministres pleins.
09:13Et donc, c'est Laurence Saint-Martin qui va s'occuper de finances publiques.
09:16Ce n'est pas son collègue de l'Économie.
09:18Sixième étage, cinquième étage à Bercy, je connais bien.
09:21Il a la finance, quand même.
09:22Je connais bien la maison.
09:23Tout dépendra de ce que seront les décrets d'attribution.
09:25Pourquoi je vous dis ça ?
09:27C'est parce que c'est de la responsabilité du ministre du Budget,
09:31pas celle de l'Économie, même s'ils doivent travailler ensemble,
09:34et que l'arbitrage majeur, c'est la capacité de baisser les dépenses.
09:38Vous savez, augmenter les impôts pour un gouvernement, c'est la facilité.
09:41Parce qu'en réalité, c'est très facile.
09:43On trouve toujours le bouc émissaire de services qu'on va surtaxer.
09:46Le vrai courage politique, c'est d'être capable de faire de la dépense publique efficace.
09:50Quand vous lisez les rapports de la Cour des comptes, tout est dedans.
09:52Donc, aucune augmentation d'impôts ?
09:54Aucune. On verra ce que décidera le gouvernement.
09:56Je pense, pour ma part, que ce serait une erreur politique,
09:59dans un pays aussi fiscalisé, de ne pas faire d'abord de la baisse des dépenses publiques.
10:03Et il y a des gaspillages partout.
10:05L'alpha et l'oméga du retour à l'équilibre des comptes.
10:08Juste avant de parler de Bono-Ottaïo, sur…
10:10Et je rappelle qu'on sait le faire.
10:11Nous l'avons fait il y a quelques années avec mon ami Thierry Breton.
10:13Qui était ministre de l'Économie et des Finances à l'époque.
10:16Et moi, en charge du Budget.
10:17Juste un mot sur ceux qui viennent de rentrer à Bercy.
10:20On a vu les discours.
10:21Le fait qu'ils soient des inconnus du grand public, c'est quoi ?
10:25C'est un gouvernement de second couteau ?
10:27Oui, ça fait partie des éternels commentaires qu'on se tape
10:30à chaque fois qu'on fait un gouvernement.
10:31Il y a forcément des gens connus et des gens moins connus dans un gouvernement.
10:34Là, il y a plus de gens moins connus que de gens connus.
10:36C'est-à-dire qu'aux postes clés, objectivement, on les connaît.
10:39Aux postes de ministre délégué ou de secrétaire d'État.
10:41Antoine Armand, connu du grand public.
10:43Encore une fois, l'idée n'est pas de remettre en cause ses compétences.
10:46Il faut bien que, de temps en temps, il y ait des innovations.
10:48En même temps, c'est un gouvernement, c'est une présidence qui est assez particulière
10:51dans laquelle on explique toute la journée que dès qu'on a atteint un certain âge,
10:55on est un peu débile.
10:56Le vrai nouveau monde, c'est quand même quand on a entre 14 et 30 ans.
11:03C'est plutôt assez sympathique de voir cette fraîcheur.
11:07Là, c'est 32, je crois.
11:0833.
11:0933.
11:10H canonique.
11:11Cette fraîcheur est sympathique.
11:13Après, je pense que...
11:15Moi, je n'ai pas arrêté de vous entendre dire que la politique, c'est un métier.
11:18Il faut être un professionnel de la politique.
11:21Il y en a marre de ceux qui nous racontent que c'est le nouveau monde,
11:24qu'on arrive et qu'on n'a pas été élu local avant, qu'on n'a pas suivi le cursus honorum.
11:28Là, pardon, ce n'est pas exactement ça.
11:30Vous avez beaucoup de gens très solides.
11:33Je pense en particulier à ceux qui viennent des Républicains.
11:37Beaucoup de gens très solides et qui sont très expérimentés.
11:40Mais je confirme, oui, c'est ce que Jacques Chirac nous a appris.
11:42Moi, je fais partie d'une génération qui a été formée par Jacques Chirac,
11:45qui nous a expliqué que la politique, ça s'apprenait, que c'était un métier.
11:48Et c'est vrai, je pense que l'ère macroniste a beaucoup souffert
11:53d'avoir à ce point balayé d'un revers de main l'expérience que nous avons, nous,
11:58comme élus de terrain, en tant que maires.
12:00Parce que là, pour le coup, on ne peut pas tricher.
12:02Et c'est vrai que la suppression du cumul des mandats,
12:05c'est-à-dire l'interdiction pour les maires d'être députés,
12:07on le paye au prix fort.
12:08On le sait tous.
12:09C'est vrai qu'il n'y ait ni Gérald Darmanin, ni Gabriel Attal, ni Laurent Wauquiez,
12:13qu'au fond, tous les poids lourds, ceux qui peuvent avoir des ambitions présidentielles,
12:16ne soient pas au sein du gouvernement.
12:18C'est quand même une drôle de façon de faire les choses.
12:20Il faut nuancer chacun son histoire.
12:21Parce que si je comprends bien, Laurent Wauquiez, il a refusé d'aller à Bercy.
12:24C'est à méditer.
12:26Il aurait dû accepter.
12:28Quand on vous confie quand même une responsabilité de cette importance,
12:31vous ne pouvez pas juste dire « je n'y vais pas ».
12:33Peut-être parce qu'il n'avait pas intérêt à assumer
12:36les décisions difficiles à prendre dans les semaines et les mois qui viennent.
12:39C'est bien.
12:40C'est pour ça que je vous dis que c'est à méditer.
12:42Est-ce qu'il y a une sorte de manque de courage chez Laurent Wauquiez ?
12:45On ne va pas faire de la psychanalyse.
12:47Ce n'est pas de la psychanalyse, c'est de la politique.
12:49Je crois que ça ne vaut pas plus que ça.
12:52Gabriel Attal a été Premier ministre.
12:55Il a fait le choix de présider la majorité de son groupe.
12:58Honnêtement, je ne vois pas très bien comment il pouvait tout faire.
13:00Quant à Gérald Darmanin, j'ai compris qu'il y avait eu une mésentente.
13:05Ça peut arriver avec Michel Barnier.
13:07Je n'ai pas de commentaire à faire.
13:08Après, c'est des histoires d'hommes.
13:09La politique, c'est 90 % des histoires d'hommes.
13:11Je crois que c'est important de le dire aux Français.
13:13D'ailleurs, ils le savent.
13:14Les Français sont passionnés de politique.
13:16Ils adorent l'histoire.
13:17Ils n'aiment pas la géo, ils n'aiment pas l'économie,
13:19mais ils adorent la politique, ils adorent l'histoire.
13:21Ils connaissent tout ça par cœur.
13:22Ils ne sont dupes de rien.
13:23Vous dites une histoire d'hommes.
13:24Je voudrais qu'on s'arrête sur le profit du nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
13:27héros de la droite conservatrice, de ce qu'Edouard Philippe appelait la droite trocadéro,
13:30puisqu'il était un soutien de François Fillon à ce meeting du trocadéro,
13:33juste derrière le candidat des Républicains en 2017,
13:36opposé au mariage pour tous, à la constitutionnalisation de l'IVG.
13:39C'est le retour de la droite filloniste au pouvoir.
13:41On ne peut pas dire que François Fillon était votre grand ami.
13:44Vous me prenez par les sentiments.
13:47Je fais vous dire une chose.
13:49J'ai beaucoup d'estime pour Bruno Retailleau.
13:52C'est vrai que je n'ai pas complètement les mêmes idées que lui sur les questions de société.
13:57Mais c'est un type qui est solide, qui est bosseur,
14:01que j'ai vu à la présidence du groupe au Sénat.
14:05Moi, j'ai été président du groupe longtemps, donc je sais comment tout ça fonctionne.
14:08J'ai vu une personnalité forte et qui, surtout, avait pour moi une grande qualité,
14:12c'est qu'il tient sa parole.
14:14Quand il s'engage, il tient.
14:16Il dit ce qu'il fait, il fait ce qu'il dit.
14:17En politique, c'est un grand critère de lecture.
14:20Vous balayez un peu rapidement l'impact que peuvent avoir ces prises de position sur les sujets sociétaux
14:26de la part de ceux qui ont voté, par exemple, pour faire barrage au Rassemblement national
14:31et qui, encore une fois, sur cette sensibilité-là,
14:34l'idée n'est pas de ne pas la respecter, elle existe,
14:36mais n'est sans doute clairement pas majoritaire au sein de la société française.
14:40On ne lui a pas chargé des questions de famille ou de société.
14:43On l'a chargé d'un sujet majeur qui est l'intérieur, c'est-à-dire la sécurité des Français.
14:47Je comprendrais très bien votre propos si, par exemple,
14:50on lui avait confié des dossiers sur des sujets de société
14:54où il pourrait ne pas être majoritaire.
14:56Mais là, ce n'est pas du tout le cas.
14:57On lui demande de veiller à la sécurité des Français.
14:59Il me sent, pour avoir beaucoup parlé avec lui sur tous ces sujets,
15:02notamment au moment de la loi immigration,
15:04parce que même si je ne suis pas parlementaire,
15:05je suis, comme vous le savez, pas mal revenu dans les débats au sein de ma famille politique,
15:10j'ai considéré qu'il était solide.
15:12Et je pense que c'est une période où nous allons reconstruire la droite
15:15et où nous avons besoin de gens solides.
15:17Et c'est ça qui fait la différence dans les épreuves.
15:19Moi, ce qui m'a beaucoup frappé, c'est de voir ces dernières années,
15:22la fragilité de certaines personnes à un moment où il fallait tenir bon.
15:26Et je pense que nous avons besoin maintenant de gens qui font la différence.
15:32Je voudrais vous dire aussi une chose.
15:34On a eu des Jeux olympiques exceptionnels.
15:36Tout le monde se fichait de l'administration, de l'État, des ministres, etc.
15:39C'est une réussite extraordinaire qui a montré le génie français.
15:42Il y a quelqu'un qu'il faut saluer dans cette affaire, c'est Gérald Darmanin.
15:45Il a fait, de ce point de vue, la démonstration que commander ses troupes,
15:50montrer aux Français et au monde entier qu'on est capable de sécuriser les spectateurs
15:56dans un moment comme celui-là, c'est une bête.
15:58Donc Michel Barnier aurait peut-être gouverné, non ?
16:00Mais encore une fois, je vous ai dit tout à l'heure, d'abord, je ne suis pas Premier ministre,
16:03ce n'est pas moi qui fais les castings, et deuxièmement...
16:05Si le gouvernement Barnier tombe...
16:07Écoutez, on vient d'en reparler, ce n'est pas l'urgence du moment.
16:11J'insiste sur la question des positions, sur les sujets de société.
16:15Laurence Garnier, sénatrice des Pays de Loire, un temps pressentie à la famille,
16:20il y a eu une polémique puisque ses prises d'opposition ont été exhumées,
16:23sur la question du mariage pour tous, également sur la question des thérapies de conversion,
16:26où, comme sénatrice, elle a voté contre leur interdiction.
16:29D'ailleurs, Bruno Retailleau également avait fait ce même vote au Sénat.
16:33Là encore, dans ce que vous appelez un gouvernement de survie,
16:36est-ce que c'est vraiment à même de rassembler au maximum,
16:39d'appeler au gouvernement des personnalités qui ont ce type de frontières politiques ?
16:42Je trouve que vous n'êtes pas tout à fait juste dans cette affaire,
16:45parce qu'on fait des focus sur telle ou telle personnalité,
16:48et on ne montre pas celles ou ceux qui défendent des points de vue...
16:52On parle loin des trains qui arrivent à l'heure, c'est sûr.
16:55Oui, mais du coup, ça déséquilibre l'analyse,
16:57parce que vous me parlez de Laurence Garnier, que je connais très bien,
16:59je ne partage pas ces positions-là, c'est clair,
17:01mais pour autant, c'est une fille qui a beaucoup de qualités,
17:04que je connais depuis longtemps, qui milite à Nantes dans des conditions difficiles.
17:08Bon, mais écoutez, pourquoi vous ne me parlez pas de Salim Assa,
17:11qui est copéiste en plus, ça me ferait plaisir,
17:14et qui rentre au gouvernement et qui, à ma connaissance, n'a pas ces positions ?
17:17C'est un gouvernement copéiste, en fait ?
17:19Non, mais je connais votre amour des bons mots,
17:22et il peut m'arriver de le partager, mais ce n'est pas mon point.
17:24Mon point, c'est juste de vous dire que vous déséquilibrez le débat,
17:27et vous faites croire aux Français qu'on a mis dans ce gouvernement
17:29des gens qui sont systématiquement contre Macron.
17:32J'ajoute que Laurence Garnier est en charge de la consommation.
17:36Oui, donc ça prouve bien que Michel Barnier, il l'entend.
17:40Bon, il lui propose la consommation.
17:42Alors, moi, je sais bien que la consommation, ça peut être un sujet de société,
17:45mais reconnaissez avec moi que ça n'a pas grand-chose à voir
17:47avec les questions type avortement, par exemple.
17:49Mais Jean-François Copé, au fond, ce qu'il y a aussi comme interrogation
17:52sur la composition de ce gouvernement, c'est de se demander
17:54comment peuvent appartenir à une même équipe,
17:56quelqu'un comme Bruno Ottaio, qui était l'artisan de la loi immigration,
18:00qui voulait même aller plus loin.
18:01Ensuite, le Conseil constitutionnel a été saisi,
18:03un certain nombre d'éléments de cette loi ont été retoqués.
18:05Et par exemple, la nouvelle ministre du Travail, Astrid Panot-Ciambouvé,
18:08dite macroniste de gauche, qui, elle, s'est abstenue sur la loi immigration
18:13considérant que l'ADN de sa famille politique, son combat politique,
18:16était en quelque sorte incompatible avec cette loi immigration.
18:19Encore une fois, vous n'avez cessé de pourfendre Jean-François Copé
18:23depuis 2017, le en même temps.
18:24Le même temps, ça ne marche plus.
18:25Il faut être cohérent sur une ligne politique.
18:27Voilà, pardon, mais là, ce n'est pas cohérent, ça.
18:29Mais encore une fois, je vous répète,
18:30ce n'est pas le gouvernement de nos rêves.
18:33D'ailleurs, vous vous souvenez que vous avez dit ça au début.
18:35Je vous ai dit, on n'est pas au moment de rêver.
18:37Arrêtons de se mentir.
18:38C'est un gouvernement pour permettre de faire survivre notre régime.
18:41Voilà, dans un moment où l'extrême droite et l'extrême gauche sont déchaînés.
18:44Astrid Panot-Ciambouvé savait parfaitement que Bruno Retailleau
18:47entrait dans le gouvernement.
18:48À ma connaissance, elle n'a pas dit non.
18:50C'est bien que quelque part, il y a un certain nombre d'hommes
18:52et de femmes de bonne volonté qui se disent,
18:54on va travailler ensemble pour le pays.
18:56Et c'est ça qu'il faut retenir.
18:57C'est pour ça que je dis qu'il faut que ce gouvernement réussisse en réalité.
19:00Il faut que les uns et les autres arrêtent d'être remnubilés par 2027.
19:03Il faut réussir 2024.
19:05C'est ça, notre sujet.
19:06Vous parlez de la question de l'ordre,
19:08l'ordre dans les comptes, l'ordre dans la rue,
19:11sur la question de l'immigration.
19:13Est-ce que vous considérez qu'il faut une nouvelle loi ?
19:15Est-ce qu'il faut qu'au fond, Bruno Retailleau,
19:17arrivant au ministère de l'Intérieur,
19:19rouvre ce chantier-là en reprenant, par exemple,
19:21certaines des mesures qui avaient été retoquées par le conseil constitutionnel ?
19:23Bien sûr.
19:24Et simplement, il faudra le faire en tenant compte
19:26des réserves du conseil constitutionnel sur la méthode et la procédure.
19:29Mais bien sûr qu'il faut le faire.
19:31Comme il faut impérativement faire de la lutte contre la drogue
19:33la priorité absolue.
19:35Il faut que tous les ministères soient mobilisés sur cette question.
19:38Et ça, c'est une grande mission pour le Premier ministre.
19:40Ce sont des sujets absolument essentiels.
19:42Et sur l'immigration, même remarque.
19:44Et il appartiendra à chacun de se déterminer.
19:46Quand j'entends M. Mélenchon dire « on va censurer »,
19:49ou même parfois des amis de Mme Le Pen,
19:51je rappelle juste une chose.
19:52C'est pas parce que l'extrême-droite ou l'extrême-gauche censurent
19:55qu'elle ait adopté la motion de censure.
19:57Il faut que l'extrême-gauche et l'extrême-droite votent ensemble.
19:59On en est très très loin.
20:00Et justement, deux dernières questions, Jean-François Copé.
20:02Exemple sur l'immigration.
20:03Vous parliez du Rassemblement National.
20:04La donne politique qui a beaucoup été commentée
20:06et que ce gouvernement ne tient que par, sinon la bienveillance,
20:10du moins, la non-censure de Marine Le Pen.
20:13C'est quand même un problème démocratique.
20:16Mais non, mais c'est une erreur de calcul mathématique en fait.
20:19C'est-à-dire que Mme Le Pen et le Rassemblement National
20:22peuvent déposer une motion de censure.
20:23Mais pour qu'elle soit votée, il faut qu'ils aient la majorité.
20:25Pour qu'ils aient la majorité, il faut que l'extrême-gauche
20:27vote avec le Rassemblement National.
20:30Reconnaissez que ce serait quand même intéressant de voir ça.
20:33On passe notre journée à se faire traiter de fasciste,
20:35en permanence par Mélenchon.
20:36Moi, j'observe simplement...
20:37En l'espèce, Jean-François Copé, c'est plutôt le scénario inverse
20:39qui serait possible, c'est-à-dire que le Rassemblement National
20:41vote une motion de censure du nouveau Front populaire.
20:43Ah bah écoutez, ça, ce sera vraiment très intéressant.
20:46Parce que...
20:47C'est déjà arrivé plusieurs fois.
20:48Moi, je ne suis pas coach du Rassemblement National.
20:50Mais il m'a semblé que la raison première de son échec
20:54aux dernières législatives, c'est le sentiment de beaucoup de Français
20:57de son absence de crédibilité, d'esprit de responsabilité.
21:00Donc si l'idée, c'est de mettre le régime en danger,
21:04le régime de la sécurité publique en danger,
21:06dans ce contexte-là, lié à cette décision de dissolution folle,
21:09en votant une motion de censure présentée par l'extrême-gauche,
21:13pour Madame Le Pen et ses amis,
21:15alors là, il va falloir l'expliquer aux Français.
21:17Donc vous pensez qu'il va durer, ce gouvernement ?
21:19Je pense qu'en tout cas, c'est un peu abusif,
21:21de la part de certains commentateurs,
21:23de l'enterrer le jour de sa constitution.
21:25Ça vaut peut-être la peine de lui donner sa chance.
21:27Parce qu'après tout, derrière tout ça,
21:29il y a des hommes et des femmes qui ont envie de se donner du mal.
21:32Et moi, je fais partie des gens qui vont aider Michel Barnier
21:34à la place qu'est la mienne, au maximum.
21:36Justement, toute dernière question.
21:37Que faites-vous ici, ce soir, Jean-François Copé, sur ce plateau ?
21:40Pourquoi n'êtes-vous pas en train de préparer une passation de pouvoir,
21:43en train de vous apprêter à aller petit déjeuner demain matin
21:45avec Michel Barnier à Matignon ?
21:47Vous qui incarnez au fond, quasiment de façon existentielle,
21:50cette volonté de se rapprocher avec Emmanuel Macron.
21:53Ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question.
21:55Michel Barnier ne m'a pas spécialement proposé
21:57de rentrer dans son gouvernement.
21:59Pourquoi ?
22:00Je n'en sais rien.
22:01Demandez-lui.
22:02Je le plains un peu, parce qu'il a quand même eu à se taper
22:05un nombre de gens qui m'avaient expliqué
22:07qu'il n'irait jamais au gouvernement.
22:09Ils se sont tellement roulés par terre pour y aller.
22:11Je pense qu'il a tellement eu de demandes
22:13qu'il n'a pas forcément eu une seconde
22:15pour me demander si moi, ça m'intéressait.
22:17Vous n'avez pas eu d'échange avec lui ?
22:19Non, mais ça n'a aucune espèce d'importance.
22:21Moi, quand je vous dis, mais je n'ai aucune arrière-pensée,
22:23d'ailleurs, la preuve, je vous le dis après que le gouvernement
22:25soit constitué, donc on ne peut même pas dire
22:27que je voudrais failloter, c'est même pas le sujet.
22:29Moi, mon sujet, il est très simple.
22:31Je pense que notre pays est en danger et qu'on va tout faire
22:33pour aider Michel Barnier et son équipe.
22:35Et si, d'aventure, dans les semaines à venir,
22:37la possibilité d'aider Michel Barnier
22:39au sein du gouvernement se présentait ?
22:41Je n'en sais rien, honnêtement.
22:43Le sujet aujourd'hui, c'est que ça marche
22:45et il n'y a pas de raison de commencer à voir
22:47qui va défaillir. On va y aller tous ensemble.
22:49Merci beaucoup, Jean-François Copé,
22:51d'avoir été l'invité de C'est pas tous les jours dimanche.