Amine Elbahi, juriste, se projette sur l’avenir du gouvernement de Michel Barnier : «Ce gouvernement permet de geler notre regard sur l'Assemblée nationale pour se concentrer sur la présidentielle».
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00:00Pour préciser quand même ce gouvernement, parce que moi j'ai du mal à identifier en définitive ce que sera demain ce gouvernement.
00:08Je pense que c'est ni un gouvernement dû en même temps, ni un gouvernement de rupture, mais c'est plutôt un gouvernement de vivre ensemble.
00:14C'est-à-dire qu'ils vont devoir apprendre à diriger un pays avec des sensibilités politiques très différentes.
00:21C'est très différent du gouvernement du vivre ensemble.
00:23Je le dis très sincèrement parce qu'ils ne seront pas d'accord sur un certain nombre d'enjeux.
00:30D'abord la conception de la société. On a vu d'ailleurs tous ceux qui étaient réfractaires à la nomination de Bruno Retailleau au motif qu'il avait des positions assez marquées sur l'hommage pour tous.
00:38On voit bien que ce gouvernement ne sera pas d'accord sur les choix budgétaires parce que le pays est endetté et qu'il faut aujourd'hui une maîtrise responsable de nos finances publiques.
00:46Une certaine conception également de la laïcité, une certaine conception de la sécurité et également de l'organisation de la vie en société.
00:53Sur ces sujets-là, on va retrouver une assemblée fracturée avec un débat droite-gauche.
00:59Je crois que ce gouvernement permet une seule chose, c'est de geler en réalité notre regard sur l'Assemblée nationale pour se concentrer également sur la présidentielle.
01:11Ne l'oublions pas, la présidentielle c'est quand même en 2027. C'est long et c'est court en même temps.
01:16Et cette assemblée politique, elle doit peut-être demain conduire à contribuer à faire apparaître des nouveaux visages. Qui, demain, est prêt ?
01:25Oui, mais alors des nouveaux visages, c'est une chose, mais des mesures concrètes. Les Français attendent avant tout des mesures concrètes avant un nouveau visage, si je puis dire, mon cher Amine.
01:35Mais oui, mais mon cher Olivier, enfin je veux dire, Olivier, dites les choses, vous êtes protégé par la liberté d'expression, ça vous me la faites à chaque fois.
01:47Cher Olivier, vous devez comprendre une chose, c'est qu'aujourd'hui, personne ne sait ce que le gouvernement veut faire demain. Pourquoi ?
01:55Parce que Michel Barnier n'a pas formé de gouvernement sur la base d'une ligne politique, sur la base d'un projet politique.
02:02Il a fait sur la base de sensibilité politique. Autrement dit, on a pris le gâteau, on a coupé le gâteau et on a dit à chaque sensibilité politique, vous mettez des noms.
02:09Et avec tout cela, vous devez faire un gouvernement. Mais une fois que vous avez fait un gouvernement, il faut une ligne à cap politique. Vous n'en avez pas.
02:16Donc voyez bien qu'aujourd'hui, le pays est totalement bloqué du point de vue de la conduite des réformes.
02:21A charge pour chaque ministre, si vous voulez, c'est un peu une balle aux prisonniers. A charge pour chaque ministre de montrer sa sensibilité différente et de mobiliser son pouvoir réglementaire.