Hausse des impôts et âge de la retraite à 70 ans : le ballon d'essai de Michel Barnier

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ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Ce mercredi, sur Europe 1, Olivier Babeau s'intéresse au ballon d’essai de la hausse des impôts et des retraites qu’il faudrait pousser jusqu’à 70 ans.    Retrouvez "L'édito éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-economique LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00Bonjour Olivier Babaud, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.

00:03Alors Olivier, ce matin, vous arrivez avec une nouvelle difficile à avaler.

00:07Selon vous, l'avenir de nos retraites, non seulement ce n'est pas de revenir en arrière,

00:11revenir à 62 ou 60 ans, non, c'est plutôt de tendre vers 70 ans d'âge légal ?

00:17Vous voulez nous achever là ?

00:19Je commence par signaler à nos auditeurs que, comme prévu, le débat sur la possible hausse des impôts

00:23commence à monter, enchaînant ballon d'essai, délégation du côté de Matignon.

00:27J'ai pas fini d'en parler, on n'a pas fini d'en entendre parler.

00:30Alors ce matin, je voulais parler retraite, n'en voulez pas aux messagers,

00:33croyez-moi, je n'annonce pas cela de gaieté de cœur,

00:36mais ne commettons pas l'erreur trop fréquente en France de prévoir ce que l'on souhaite.

00:40Jusqu'à ce que les progrès de la technologie rendent le travail optionnel,

00:43ce qui pourrait arriver un jour, c'est vrai,

00:45les richesses de notre société dépendent de la quantité, de la qualité du travail des actifs

00:48par rapport à la population totale.

00:50Mais pourquoi est-ce qu'il faudrait se rapprocher de 70 ans ?

00:53Ça paraît bien vieux quand même.

00:54En fait, il suffit de regarder autour de nous.

00:56L'allongement du temps de travail, c'est le chemin emprunté par

00:58nombre de nos voisins, si ce n'est tous.

01:00Portugal, 66 ans et 7 mois en 2025.

01:03Royaume-Uni, 67 ans en 2028.

01:05Belgique, 67 ans en 2030.

01:06Danemark, 69 ans pour les personnes nées après 67.

01:09En Allemagne, ça sera 67 ans en 2031.

01:12Certains évoquent déjà la possibilité de le remonter jusqu'à 71 ans.

01:15Italie, ça c'est le meilleur, parce qu'après avoir promis

01:1841 annuités puis permis de partir à 62 ans,

01:21le gouvernement Mélanie bloque l'âge de départ à la retraite

01:24à 67 ans et pousse les fonctionnaires à aller jusqu'à 70.

01:27Pourquoi est-ce que nous, les Français, ne faisons pas comme les autres ?

01:30La France adore imaginer qu'elle est meilleure que les autres,

01:32qu'elle est la seule à avoir tout compris,

01:34que le monde entier est nul,

01:35elle est dans le déni et ça depuis très très longtemps.

01:37En 1985, il y a presque 40 ans,

01:40l'économiste professeur à Dauphine, André Babaut,

01:42avait publié un livre intitulé

01:44« La fin des retraites ».

01:45C'est votre père, je le signale.

01:46J'ai cet honneur.

01:47Il avait été l'un des tout premiers à poser

01:50de façon détaillée les éléments du problème

01:52qui se dessinaient depuis la fin des Trente Glorieuses.

01:54Les déséquilibres démographiques allaient s'accentuer,

01:56menacer le financement du système

01:58et créer de graves tensions intergénérationnelles.

02:00Il y a 40 ans, c'était tout à fait écrit.

02:02Car dans un système qui s'appauvrit,

02:03il y a un tiraillement continuel entre trois options,

02:05faire cotiser les actifs plus longtemps,

02:07les faire cotiser plus,

02:08ou baisser les pensions des retraités.

02:09Et alors, quel choix avons-nous fait ?

02:11On s'apprête, ou on a surtout joué,

02:13sur les deux dernières options.

02:14Côté montant des cotisations,

02:16on a déjà beaucoup tiré sur la corde.

02:18Il paye l'équivalent d'un quart de son salaire brut

02:20en cotisation vieillesse,

02:21si on met la part patronale là-dedans.

02:23Et le problème aujourd'hui,

02:24c'est déjà le reste du super net

02:26par rapport au super brut,

02:28au coût total employeur.

02:29Côté pensions,

02:30le COR, le Conseil d'orientation des retraites,

02:32prévoit d'ores et déjà une baisse tendancielle

02:34de ce qu'on appelle le taux de remplacement,

02:36le rapport des pensions au salaire moyen.

02:38Ce taux de remplacement devrait atteindre 42% en 2070.

02:40Il est déjà prévu que les retraités s'appauvrissent.

02:42Alors reste la troisième option,

02:44travailler plus longtemps.

02:45C'est une option logique.

02:46Depuis 1950, on a gagné 16 ans d'espérance de vie en moyenne.

02:48Il n'est plus possible d'imaginer désormais

02:50qu'on pourra laisser courir le déficit du système.

02:52Le COR, encore une fois,

02:54prévoit à 0,3% du PIB en 2030.

02:56Ce déficit, l'État qui le comple,

02:58ne peut plus le permettre.

03:00Alors à l'époque, le livre appelait notamment

03:02à ajouter une part complémentaire de capitalisation,

03:04à organiser une cessation souple et progressive

03:06d'activités pouvant aller jusqu'à 70 ans.

03:08Évidemment, cela va de pair

03:10avec des mesures spécifiques pour des métiers pénibles,

03:12une meilleure inclusion pour les seniors,

03:14des reconversions professionnelles plus nombreuses,

03:16d'immenses investissements en formation continue.

03:18Le problème des décisions difficiles,

03:20c'est que plus on les repousse, plus elles sont difficiles.

03:22Et ça fait 40 ans qu'on les repousse.

03:24Signature Europe 1, Olivier Babaud.

03:26Merci beaucoup Olivier.

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