• il y a 3 mois
Mardi 17 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Benoit Vesco (Président, Delubac Asset Management) , Alain Bokobza (Responsable de la stratégie d'allocation d'actifs mondiale, Société Générale CIB) , Hervé Amourda (Économiste, ProBTP Finance) et Nicolas Goetzmann (Responsable de la stratégie Macroéconomique, Financière de la Cité)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne pour rester à l'écoute des
00:11marchés sur Bsmart 4chan, chaque jour à 17h si vous nous suivez en direct, à la télévision
00:16via vos box, émission que vous retrouvez en replay chaque soir sur bsmart.fr ou encore
00:21à l'heure qu'il vous plaira en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24Au sommaire de cette édition ce soir, les marchés qui attendent la décision de la
00:28FED, nous sommes à 24h de ce rendez-vous historique en matière de politique monétaire
00:33puisque la FED va entamer un cycle de baisse de taux, de quelle manière, c'est toute
00:38la question et nous continuerons d'en discuter avec nos invités de Planète Marché dans
00:42un instant.
00:43La FED et les marchés qui ont pu prendre connaissance de quelques dernières données
00:46dures en provenance de l'économie américaine avant cette décision et notamment l'idée
00:50que le consommateur américain, s'il a peut-être un peu réduit la volure, continue de tenir.
00:56On a eu une petite progression des ventes au détail sur le mois passé et un chiffre
01:01du mois précédent qui a été révisé en légère hausse, vous aurez le détail de
01:04tous ces chiffres dans un instant avec Pauline Grattel.
01:07La production industrielle américaine était également publiée aujourd'hui, du côté
01:13des marchés c'est une attente positive, on va dire comme ça, avec un CAC 40 qui tourne
01:17autour des 7500 points, le dollar a continué de s'affaiblir un petit peu contre différentes
01:23devises et puis on voit sur les marchés obligataires, là aussi, l'idée d'une repentification
01:29et d'une pente désormais légèrement positive sur la courbe américaine entre le 2 ans et
01:34le 10 ans avec un 2 ans américain qui est au plus bas dans l'attente de la décision
01:39de la FED.
01:40Tout ça nous amènera également à parler de stratégie d'allocation d'actifs, ce sera
01:43le rendez-vous du dernier quart d'heure, du quart d'heure thématique de Smart Bourse
01:45ce soir et c'est Alain Bocabza qui sera avec nous, le responsable mondial de la stratégie
01:50d'allocation d'actifs de Société Générale CIB.
01:53Le mot d'ordre désormais, c'est celui de la redistribution.
01:57Tendance mon ami, chaque soir nous retrouvons Pauline Grattel en ouverture de Smart Bourse
02:12qui nous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
02:15Bonsoir Pauline, le CAC est repassé au-delà des 7500 points au cours de cette séance,
02:19diminuant à certains moments jusqu'à près de 1%.
02:22Et c'est la première fois en deux semaines que la Bourse de Paris repasse ce seuil.
02:26Plus largement, les bourses européennes évoluent en hausse ce mardi.
02:31Aujourd'hui, la réserve fédérale entame sa réunion de politique monétaire qui s'achèvera
02:35demain avec sa décision monétaire.
02:37Le marché attend évidemment une baisse des taux directeurs mais reste encore très divisé
02:42sur la taille de la baisse qui sera délivrée.
02:44Réponse demain soir.
02:46Dans l'attente de cette décision, que peut-on observer du côté des marchés, notamment
02:50des marchés obligataires Pauline ?
02:51Le rendement de l'obligation américaine à deux ans a touché hier un plus bas de
02:55deux ans et remonte un peu aujourd'hui au-delà de 3,55%.
03:00Le rendement de l'obligation américaine à dix ans se maintient autour de 3,60%.
03:05A noter sur les marchés mondiaux, la bourse de Tokyo est pénalisée par la force du Yen
03:10et le Nikkei clôture en recul de plus de 1% aujourd'hui après être resté fermé
03:15hier pour un jour férié.
03:16Du côté des statistiques économiques, on notera que le moral des investisseurs allemands
03:21s'est particulièrement dégradé au mois de septembre.
03:24L'indice zou allemand du mois de septembre dégringole à 3,6, inférieur de plus de
03:2915 points à celui du mois d'août et très en dessous également du consensus.
03:34Et puis côté américain, je le disais, deux données dures publiées aujourd'hui, les
03:38ventes au détail et la production industrielle.
03:39Pour le mois d'août, les ventes au détail augmentent de 0,1% sur un mois alors qu'elles
03:44étaient attendues en léger repli.
03:46Le chiffre du mois précédent a par ailleurs été révisé en hausse à plus 1,1%.
03:51La production industrielle est en hausse de 0,8% sur un mois en août.
03:55C'est plus qu'anticipé par les analystes et bien au-delà des chiffres du mois dernier.
03:59Du côté des marchés boursiers, en Europe, la star du jour est Kingfisher.
04:03A Londres, le propriétaire de Bricodepot et Castorama est en tête du Footsie en hausse
04:08de plus de 6%.
04:10L'entreprise de bricolage relève ses objectifs annuels.
04:13Pour le premier semestre, le groupe fait état d'un bénéfice net stable, d'un chiffre
04:18d'affaires en léger recul mais d'une marge brute en amélioration.
04:22La publication est globalement conforme aux attentes de l'entreprise.
04:25Et dans l'actualité des entreprises, est-ce que leur luxotica croit plus que jamais au
04:30développement des lunettes intelligentes et connectées ?
04:32L'entreprise annonce aujourd'hui la poursuite de sa collaboration avec Meta pour développer
04:36des générations de lunettes intelligentes grâce à un nouvel accord de long terme.
04:41Cette collaboration a démarré en 2019 et l'an dernier, les deux entreprises ont lancé
04:46des Ray-Ban Meta équipées avec l'IA.
04:49Meta ouvre en légère hausse aujourd'hui à Wall Street.
04:52Et donc demain, pour ceux qui vivraient dans une grotte, Pauline ?
04:55La Fed, la réserve fédérale, rendra sa décision monétaire demain et les investisseurs prendront
05:01aussi connaissance de la deuxième estimation de l'inflation en zone euro pour le mois d'août.
05:05Pauline Grattel avec nous chaque soir pour vous apporter les infos clés du jour sur les marchés.
05:12Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
05:24Hervé Amourada est avec nous ce soir économiste chez Pro-BTP Finance.
05:28Vous êtes membre également du think tank BSA Economics.
05:30Bonsoir Hervé.
05:31Bonsoir Grégoire.
05:31Merci d'être avec nous.
05:32Benoît Vesco nous accompagne également.
05:34Bonsoir Benoît.
05:34Bonsoir Grégoire.
05:35Président de Delubac Asset Management et Nicolas Gotsman qui complète ce tour de table.
05:39Bonsoir Nicolas.
05:40Bonsoir.
05:40Ravi de vous retrouver.
05:41Vous êtes responsable de la macro à la financière de la Cité.
05:44Donc le cycle de baisse de taux devant nous avec l'entrée en jeu de la fête demain soir.
05:49À 24 heures de cette décision avec tous les éléments d'informations qu'on a pu encore avoir ces derniers jours.
05:55Nicolas, qu'est ce que vous entrevoyez sur la décision de demain soir ?
05:59Mais si j'élargis un petit peu le sujet, il y a bien sûr la question du timing,
06:03la question de la taille de la baisse de taux de demain et des prochaines.
06:06Il y a la question du rythme qui se pose également.
06:09Et la question de savoir jusqu'où ce voyage nous amène.
06:13Quelle est la destination finale ?
06:15Comment est-ce que vous comprenez la manière dont la fête s'embarque dans ce voyage ?
06:19Ce qui est intéressant c'est que pour la première fois depuis longtemps, on ne sait pas.
06:23Et on ne sait pas pour une bonne raison, c'est que je pense que le conseil des gouverneurs aux Etats-Unis ne sait pas non plus.
06:29Ce qui était intéressant c'était de voir...
06:32Si je prends le discours de Jackson Hole de Jerome Powell qui est donc du mois d'août dernier.
06:36En fait il avait laissé ouverte la porte à la possibilité d'une baisse de 50 points de base.
06:40Ce qui avait étonné d'autres gouverneurs.
06:42On n'a pas eu trop de discours depuis.
06:44On a eu quelques-uns, notamment un je pense important de Christopher Waller il y a 15 jours,
06:49qui lui aussi disait que la porte était ouverte mais il semblait de sa part que c'était plutôt pour un peu plus tard.
06:54Par contre, j'ai interprété ce discours comme étant une position où il n'allait pas s'opposer à une telle baisse de 50 points de base.
07:02Ensuite le marché s'est lui calqué sur plutôt une baisse de 25 points de base.
07:05On a eu la baisse ce jeudi dernier et juste après la baisse, un peu par hasard,
07:10on a la publication par le Wall Street Journal d'un article de Nick Timmiraus
07:14qui est connu pour ses liens avec certains membres de la Fed et notamment avec Powell,
07:19qui laisse entendre que le 50 points de base a peut-être le vent en poupe.
07:23Le marché s'est progressivement ajusté de façon intéressante.
07:27Et juste au moment où Powell a l'habitude de passer ses coups de fil aux autres gouverneurs, aux autres présidents de banque centrale.
07:34Et donc évidemment dans une position un peu plus favorable, c'est-à-dire que si le marché s'ajuste et prévoit les 50 points de base,
07:39évidemment c'est beaucoup plus facile de convaincre les copains qu'on peut aller vers les 50 points de base.
07:44On a eu un nouvel article qui a été publié aujourd'hui par la même personne qui dit effectivement qu'en gros,
07:48je pense qu'ils ont une problématique, il doit y avoir des tensions en interne.
07:53Il y a une possibilité d'un vote dissident demain d'un membre du board.
07:57Alors ce qui serait intéressant c'est qu'un vote dissident dans le board, il y a 7 personnes.
08:02La dernière fois que c'est arrivé, c'est en 2005, mais la dernière fois que c'est arrivé avec une volonté d'être plus stricte que la décision majoritaire, ça date de 94.
08:11Celui qui va s'opposer à ça prend le risque de se mettre en position, d'être le premier depuis 30 ans à se mettre en position en porte-à-faux.
08:18On parle bien du coeur, ce n'est pas les gouverneurs de banque centrale régionale, c'est le board, c'est le comité de direction,
08:25c'est le directoire pour reprendre le terme utilisé à la Banque Centrale Européenne.
08:28Et vous dites, de ce point de vue-là, le coeur du réacteur a toujours été très homogène sur la prise de décision depuis plus de 10 ans.
08:35Voilà, et il a toujours été très important pour Powell de créer cette unité.
08:38D'accord, il y a le consensus dans le consensus.
08:40C'est ça, et ensuite quand on regarde le profil des gouverneurs, alors on peut se dire qui sont ceux qui pourraient être dissidents.
08:46Je pense que le candidat naturel c'est Michel Beaumann, qui n'est pas le membre le plus important, mais qui a une voix un peu plus au quiche que le reste.
08:54Je pense que si c'est elle, ils iront, et elle fera éventuellement son vote dissident, parce qu'elle n'est pas suffisamment importante.
09:00Par contre, si c'est Chris Waller...
09:02Dure de le mettre en minorité.
09:03C'est très difficile de le mettre en minorité, il est à mon avis trop important, et donc ça, ça m'étonnerait beaucoup plus.
09:08Donc je pense que c'est très près, par contre je pense que Powell, sa volonté est d'aller à 50, et c'est là où ça devient intéressant,
09:13parce que si jamais il n'arrive pas à aller à 50, c'est qu'il ne tient pas son board, et qu'il n'arrive pas à convaincre la majorité.
09:18Et donc ça, je pense que c'est important ensuite pour la suite, c'est de savoir si le Président actuel est en capacité justement de diriger son board un peu à la Draghi.
09:26Et en fait, ce qu'il vient de nous faire, c'est un peu un coup à la Draghi, c'est-à-dire d'annoncer en avance ce qu'il veut faire, ce qui rendait les fous, les hauts de la BCE à l'époque,
09:33parce qu'en fait, quand le marché s'aligne, vous êtes obligés de suivre, et de refaire le même coup ici, et éventuellement de voir sa capacité d'influence sur le reste du board,
09:40et je pense que c'est aussi ça qui se joue demain.
09:43Comment on communique, comment la Fed communiquerait demain autour d'une éventuelle baisse de 50 points de base ?
09:49Je crois que c'est Meredéli aussi qui l'évoquait, en disant bon 25-50, le vrai problème avec les 50, c'est comment on communique, parce que c'est vrai que c'est assez inhabituel,
10:00c'est rare que la Fed débute un cycle de recalibration, en l'occurrence, avec un pas de 50 BP, ou en tout cas, on a vu des pas de 50 BP pour démarrer,
10:10dans des situations qui étaient peut-être un peu plus adverses que ce que connaît l'économie américaine aujourd'hui.
10:15Le précédent, où on avait des taux qui étaient équivalents, c'était 2007, avec une baisse de taux de 50 points de base en août 2007,
10:20et ensuite, on sait ce qui s'est passé, forcément, ce n'est pas la meilleure période.
10:24Ensuite, pour la communication, je pense qu'il y a moyen de faire une baisse de 50, tout en étant assez tranquille sur ce qui se passe aujourd'hui dans l'économie américaine.
10:33Vous avez aujourd'hui des projections de la Fed, qui sont pour la fin de l'année à 2,1% de croissance,
10:38vu les chiffres qu'on a aujourd'hui, les projections, on peut peut-être passer de 2,1% à 2,3%.
10:41Sur l'inflation, on a des projections sur le PCE Corp., donc l'inflation-coeur, aux Etats-Unis, qui sont de 2,8%.
10:47Même chose, vu ce qu'on a comme profit aujourd'hui d'inflation, on pourrait peut-être passer à 2,7%.
10:50Donc vous pouvez baisser votre niveau d'inflation, monter votre niveau de croissance, de montrer que vous n'avez pas spécialement d'inquiétudes.
10:55Par contre, vous dites que vous avez aujourd'hui un niveau de chômage qui est à 4,2%, qui correspond exactement à l'estimation du taux de chômage structurel qu'on a aujourd'hui aux Etats-Unis,
11:03et que selon la dernière revue de stratégie politique monétaire qu'on a eue aux Etats-Unis, qui disait qu'en gros, on ne tolèrera pas de shortfalls, de baisse du taux d'emploi,
11:12et bien du coup, vous passez dans un système de fonction de réaction différente de la part de la Fed, et vous pouvez dire, en fait, nous, on ne rigole pas trop avec la croissance différente.
11:19– Oui, oui, oui, c'est aussi important. – C'est très important, et du coup, on adopte une fonction de réaction différente,
11:26on ne rigole pas avec la croissance, on ne rigole pas avec l'emploi, et du coup, on réagit de façon différente,
11:29et on ne tolèrera pas une baisse trop importante de l'emploi.
11:33– Bon, Hervé, en tant qu'économiste, qu'est-ce que vous attendez de cette réunion de demain ?
11:38Comment vous réfléchissez au débat, alors qu'il peut paraître un peu, je ne sais pas, un peu obsessionnel, d'ailleurs, même sur le 25 ou 50,
11:46mais comme je le disais, le timing est important, le rythme est important, la taille des baisses de taux est importante, et la destination finale aussi est importante.
11:55Quand on s'engage dans un cycle, quand on est une banque centrale comme la Fed, on doit avoir, j'imagine, et j'en suis sûr,
12:01toutes ces réflexions en tête avant de démarrer, quoi.
12:04– Oui, absolument. Moi, je crois qu'il y a déjà deux éléments qui ont été cités, c'est compliqué d'aller contre ce qui a été déclaré par Nick Timiraos,
12:13on voit qu'historiquement, ça a été plutôt vérifié.
12:17– Attends, je fais la parenthèse, parce que c'est important. Moi, je crois que j'ai découvert Nick Timiraos, peut-être au moment de 2022,
12:23enfin, dans cette période-là, c'est donc le journaliste Fed du Wall Street Journal qui, effectivement, a des accès,
12:28c'est un journaliste qui fait son travail, qui a des accès privilégiés, peut-être, en tout cas, au sein de la réserve fédérale américaine.
12:33Et donc, au démarrage du cycle de hausse de taux, la Fed commence en mars 2022 avec 25 points de base, ensuite, on passe à 50,
12:40je parle sous ton contrôle, Nicolas, aussi, 50, le pas suivant, et arrive le mois de juin, où Powell signale, 10 jours avant la réunion,
12:48donc, 50 reste la bonne taille, reste le bon pas pour le meeting de juin, et pouf, entre-temps, un article de Nick Timiraos qui sort,
12:57qui dit que, ah, ce sera peut-être, finalement, 75, et la Fed, effectivement, fait 75.
13:02De là à imaginer que Powell a pu utiliser, voilà, ce genre de communication non-officielle pour signaler 75,
13:11en tout cas, il y a ce précédent-là qui est dans tous les esprits, voilà, pour bien donner la perspective et le contexte
13:17de qui est Nick Timiraos, et pourquoi on ne peut pas aller, donc, contre Nick Timiraos, c'est ça.
13:21On ne peut pas aller contre la Fed, mais on ne peut même pas aller contre Nick Timiraos, quoi, c'est ça, regardez.
13:25C'est très difficile, surtout pendant cette fameuse période, la quiet-periode, puisqu'on sait que c'est un des seuls, finalement, à avoir des informations privilégiées.
13:32Donc, voilà, ça, c'est ma première difficulté, j'entends, quelque part, dans le raisonnement.
13:36Ma deuxième difficulté, c'est que, même si, effectivement, il y a un consensus d'une centaine d'économistes, aujourd'hui, qui anticipe 25 points de base demain,
13:43dont je fais partie, je ne vais pas me dédouaner à 24 heures du résultat, mais j'ai la pression, on a la pression des marchés financiers.
13:51Aujourd'hui, quand on est banquier central, il vaut mieux satisfaire les marchés financiers que satisfaire les économistes.
13:56Si on déçoit les économistes, bon, a priori, ça serait...
13:58Ils s'en remettront.
13:59C'est ça, on a l'habitude.
14:00Ils ont l'habitude.
14:02Quand on déçoit le marché, surtout sur une réunion aussi importante, parce que c'est le début, c'est le déclenchement de la baisse des taux,
14:08un banquier central, à la fin de ce meeting, à la sortie du meeting, il a envie de se connecter, d'aller voir les marchés, de voir des taux qui baissent, des actions qui montent.
14:15Si, à la fin, il ne le voit pas parce qu'il a déçu le marché, alors ça commence mal dans ce cycle de baisse de taux.
14:20Donc, c'est vraiment les deux éléments, aujourd'hui, les deux arguments qui vont un peu contre cette attente de 50 BP demain.
14:28Pour autant, j'imagine toujours un scénario où on pourrait avoir 25 BP demain.
14:32En tout cas, ça reste mon scénario.
14:34Et je pense qu'on pourrait s'en sortir par les dots.
14:37C'est-à-dire que, finalement, aujourd'hui, ce qui est pricé, c'est quelque chose de très agressif pour la fin d'année.
14:42C'est plus de 100 BP de baisse de taux.
14:44Oui, on doit être à 120.
14:46Moi, j'avais 120, effectivement, sur ces derniers jours.
14:48Mais pour moi, on a trois échelles de temps différentes.
14:51Alors, on a le marché, les investisseurs, et on sait que le 31-12, c'est très important, et donc le pricing jusqu'au 31-12, il reflète aussi un petit peu ça.
14:58Donc, nos envies sur les taux longs, nos envies sur les taux courts, sur l'ensemble de la cour, sur la pontification, sur tout ça.
15:04On a le temps de Jérôme Powell.
15:06On sait que c'est du moyen terme, c'est du 2 ans.
15:08Très souvent, l'indicateur financier qu'il cite, c'est le niveau du 2 ans.
15:11Alors, Pauline l'a dit tout à l'heure, on est à un niveau historique, enfin, plutôt très bas, même si ça a légèrement remonté.
15:18Mais voilà, donc est-ce que lui est à l'aise avec ça ?
15:20C'est possible, parce qu'on price l'ensemble des baisses de taux dans ce 2 ans.
15:24Et puis, il y a le temps macroéconomique.
15:26Celui, finalement, que les économistes préfèrent, et ça vient reboucler avec votre question, qui est le point final, le point d'arrêt de tout ça.
15:33C'est ce fameux taux neutre. Alors, on aime beaucoup débattre sur le taux neutre, parce que finalement, on n'a jamais tort.
15:37C'est un des rares débats, finalement, où on peut, chacun, avoir une opinion.
15:40Tout le monde peut avoir raison, oui.
15:42Et quelque part, on ne le saura peut-être jamais, parce que pour l'atteindre, il faut se rendre compte de quelque chose sur le cycle.
15:48Il y a tellement d'autres éléments qui jouent sur le cycle, que simplement ce différentiel de taux, que finalement, on pourrait tous avoir raison.
15:56Quand on a dit ça, il y a plusieurs estimations sur ce taux neutre.
16:00Alors, nous, personnellement, on est plutôt autour de 3,1 sur le taux neutre nominal, qui est autour de 1,1 en taux réel.
16:08La Fed est à 2,75 si on considère que son taux de long terme, c'est le taux neutre.
16:12Alors, théoriquement, on sait qu'il y a des petites subtilités, mais globalement, on pourrait se situer là.
16:18Ça veut dire que le chemin est long. Et quand le chemin est aussi long, il faut commencer tôt, et il faut commencer peut-être aussi de façon régulière, en pilotage automatique, sans créer beaucoup d'incertitudes.
16:28Et là, vous dites qu'on est à un stade où la Fed est encore dans le bon tempo, justement, pas trop en retard, pour se permettre, avec ce long voyage devant nous, de commencer à un rythme de 25.
16:38Alors, ce n'est pas tout à fait ça. Ah, parce que, nous, initialement, si on revient en janvier, on anticipait quatre baisses de taux pour cette année, en mai, en juin, septembre et décembre.
16:47Pourquoi en mai ? Parce qu'on s'est dit que, finalement, la Fed a l'habitude de donner le là.
16:52Et ça paraissait un petit peu étonnant qu'elle attende autant, d'autant que c'est l'économie où, finalement, la désinflation est la plus certaine de tous les pays avancés.
17:01Et donc, on s'est dit, finalement, elle n'a pas de raison de douter. Autant la BCE, on comprenait, la Fed, on comprenait un peu moins.
17:06Bon, ça ne s'est pas fait. Pour autant, ce n'est pas neutre de faire 25 BP ou 50 BP. Vous l'avez dit, 50 BP, c'est dans des situations de crise.
17:14Donc, ça annonce un message et une grande inquiétude, aussi, pour les marchés. Alors, pour faire 50 BP, et ça a été dit avant, il va falloir communiquer, communiquer fortement.
17:24Et pour moi, c'est un exercice qui est extrêmement difficile. Et donc, c'est pour ça que je reste encore du camp des 25 BP, mais je comprends les arguments du 50 BP.
17:30Et être sûr, effectivement, que la communication, si c'était 50 BP, au sein du board, serait une communication homogène, unanime et...
17:38Il n'y aurait pas de craquement de ce point de vue-là s'il faut tenir une communication autour des 50 BP.
17:43Ça, je ne pense pas qu'ils sont suffisamment sérieux pour se mettre d'accord et...
17:46Une fois qu'on est d'accord, on défend la même chose tous ensemble.
17:50Qu'est-ce que ça vous inspire, tout ça, Benoît, quand on gère, notamment, des actifs, des portefeuilles d'investissement, et comment vous regardez ce débat ?
17:58Alors, 25, 50, mais, encore une fois, au-delà de ça, c'est le cycle de baisse de taux qui a commencé déjà pour pas mal de banques centrales
18:05et qui est rejoint par la réserve fédérale américaine demain soir.
18:09C'est vrai que, dans le principe, la bonne nouvelle, c'est qu'on aborde enfin ce cycle de baisse des taux directeurs aux Etats-Unis.
18:14Rappelez-vous, fin 2023-2024, on l'attendait très vite, dès le début de l'année 2024.
18:19On pensait que c'était le pivot, hein ?
18:20Oui, et on est en septembre, on parle de la première baisse.
18:24Donc, il y a des décalages entre ce qu'anticipe le marché...
18:27Encore une fois, je pense qu'effectivement, à 24 heures, on est plutôt bon sur le 50 points de base,
18:33mais entre ce qu'anticipe le marché dans son scénario à moyen terme et la réalité, il peut y avoir des écarts énormes.
18:39Après, alors, ce 50 points de base, il est assez étonnant, et on voit bien dans les discussions qu'on a eues, là, en introduction,
18:45il va falloir l'accompagner dans les discours.
18:47Parce que, normalement, 50 points de base, c'est un événement exogène, c'est un besoin de retour de la confiance des marchés.
18:53Ça se justifie d'une manière un peu particulière, ce qui n'est pas le cas du tout, actuellement.
18:58On est dans un scénario de ralentissement économique qui est relativement doux,
19:02qui est plutôt bien orchestré pour le moment.
19:04Donc, je dirais que, de ce côté-là, tout va bien. Donc, il n'y a pas d'urgence.
19:07Après, là, on est très focalisés sur ce rythme-là.
19:11Alors, ça veut peut-être dire aussi, comme on le disait tout à l'heure, que la Fed a pris un petit peu de retard.
19:15Alors, ils ne vont pas le dire comme ça, il va falloir qu'ils l'accompagnent, justement, complètement différemment.
19:19Ça, c'est peut-être la réalité.
19:21Ça veut peut-être dire aussi, quand même, que cette période électorale, elle perturbe, elle envoie des signaux.
19:28Il faut que la Fed apparaisse comme procroissance plutôt qu'en anti-inflation.
19:33C'est un peu délicat à gérer.
19:36Ce qui peut aussi envoyer des signaux un peu contradictoires au marché.
19:42Maintenant, que ce soit 25 ou 50 points de base, l'important, c'est un cycle de baisse des taux directeurs qu'on entame,
19:47qui a été, une fois née, pas goût de coutume de vencer par la BCE, ce qui est quand même intéressant à signaler.
19:53Ça, c'est un élément important.
19:55Après, ce qui est vraiment intéressant pour nos investissements, c'est ce scénario, ces environnements macroéconomiques.
20:02Ça ne change pas la donne, 25 ou 50 points de base.
20:04On est dans un ralentissement qui se fait en douceur, mais c'est quand même un ralentissement économique.
20:09On a moins de création d'emplois, mais ce n'est pas violent.
20:11On a un peu plus de taux de chômage, mais rien de dramatique.
20:14On voit que ça se dégrade un peu sur les indices SM, côté manufacturier.
20:18Ça tient bien sur les services.
20:20Tout ça est en train de se mettre en place de manière relativement mesurée.
20:23Un scénario de baisse des taux directeurs est plutôt positif pour les marchés.
20:27Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des à-coups et des moments d'inquiétude.
20:30On en a vécu un peu cet été à la rentrée.
20:32On va jouer à se faire peur, on va continuer dans ce moment-là, un peu entre deux,
20:36le marché peut facilement continuer de jouer à se faire peur sur quelques indicateurs ou quelques données.
20:42Exactement, et même paradoxalement, on se fait, quelque part, on se réjouit de ce 50 points de base en amont.
20:48On peut s'inquiéter s'il n'est pas très bien accompagné, après coup, de ce 50 points de base.
20:53En disant, mais mince, est-ce qu'il y a quelque chose qu'on a loupé ?
20:57On n'a pas vu.
20:58Voilà, exactement.
20:58Que la Fed a vu et pas nous.
20:59Les marchés aiment bien, dans ces cas-là, passer d'un extrême à l'autre.
21:02Mais clairement, il y a bien ce scénario qu'il faut accompagner.
21:07La Réserve fédérale est en train de le faire, et on va avoir des à-coups sur les marchés,
21:11en se disant, mais attention, ce ralentissement économique se met en place.
21:15Et donc, qu'est-ce qui se passe pour les marchés ?
21:18Et là, on voit bien que, depuis cet été, notamment sur les marchés actions, on a changé un peu de nature.
21:24Il y a eu de la rotation, on voit bien que sur les 7500, ça cale un peu, que ça tourne.
21:30Quand on regarde les 7 magnifiques, les fameux 7 magnifiques, depuis deux mois,
21:34ce n'est pas incroyable comme période, mais depuis deux mois, ils ne surperforment plus.
21:38C'est un petit signal qu'il y a un changement un peu d'état d'esprit des investisseurs.
21:42Ça reste un trade très plébiscité.
21:44On l'a vu, l'enquête BOFA, mensuelle, est sortie sur ce que font les gérants.
21:48Mais effectivement, c'est un trade un peu moins surpeuplé, mois après mois, depuis trois mois.
21:55Mais ça montre bien quand même un changement de nature du côté des investisseurs,
21:58qui comprennent bien que l'environnement économique a un peu évolué,
22:02qu'il est moins favorable à des valeurs pro-croissance, qu'il faut être peut-être un petit peu plus défensif.
22:08Et donc, ces portefeuilles-là, ils ont déjà commencé à tourner.
22:11Et ça, c'est une tendance de voir effectivement des valeurs défensives,
22:16on parle des valeurs proxy-bonds aussi, revenir un petit peu sur le devant de la scène,
22:19ou est-ce que c'est plus des positions d'attente ?
22:21Alors, on voit bien que le marché hésite encore,
22:25parce qu'on est dans ce fameux scénario qui, en finale, est quelque part un peu idéal,
22:29le ralentissement économique en douceur.
22:30Ça reste un chemin possible, oui.
22:34Et comme il est idéal, et qu'il est un peu théorique et rarement expérimenté,
22:37on va hésiter, et on va se dire, mais est-ce que ce scénario, il n'est pas trop idéal ?
22:43Et par moments, on va avoir des accès de baisse et d'inquiétude.
22:45Ce sera pour nous, à notre sens, des moments à capter,
22:48parce qu'on a toujours ce sentiment qu'on rentre dans un nouveau cycle de croissance,
22:52qui va être orchestré par cette baisse de taux directeur,
22:55qui va se mettre en place ensuite au cours des trimestres,
22:57et ce nouveau cycle, il faut commencer à prendre des positions,
23:00très progressivement, mais dès maintenant.
23:02Et c'est tout ça qu'il faut commencer à mettre en place.
23:04Donc ça, c'est des périodes très intéressantes pour les compagnies.
23:07Oui, on a une période de changement, effectivement,
23:09de régime de marché, peut-être, pour la suite.
23:12Qu'est-ce que ça change que la Fed entre en jeu, Nicolas et puis Hervé,
23:17alors qu'effectivement, la BCE a pu y aller dès le mois de juin,
23:21je crois que la Banque du Canada a déjà fait trois baisses de taux consécutives,
23:24la Banque d'Angleterre, on verra si elle passe son tour ce mois-ci,
23:27mais elle a déjà délivré 25 points de base, etc.
23:30Qu'est-ce que ça va changer au cycle global de baisse de taux qui s'est déjà amorcé ?
23:33De voir la Fed rentrer dans le jeu, potentiellement, avec 50 points de base.
23:37Je garde cette option aussi ouverte.
23:40C'est, pour moi, absolument essentiel.
23:43En fait, on a quand même, si je regarde l'emploi privé américain,
23:47on est en moyenne, sur les trois derniers mois, on est à 96 000 créations.
23:52On sait que le break-even, le niveau de création d'emplois qu'il est nécessaire d'avoir
23:56pour pouvoir absorber l'augmentation de la population active,
23:58c'est en ce moment entre 150 et 170 aux États-Unis.
24:01Donc, on est en dessous. Donc, là, on est en train de créer du chômage si la...
24:05— La Fed ne fait rien. — Si la Fed ne fait rien et si elle poursuit ça.
24:07Donc là, on a un risque, d'autant plus qu'à partir du moment où le chômage commence à déraper,
24:11généralement, ça a tendance à déraper assez vite.
24:13Donc là, je pense qu'il y a vraiment, effectivement, une gestion du risque qui doit être importante
24:16et de prendre un peu de précaution en baissant de sa grande,
24:19quelque chose de... Enfin, qu'aurait une bonne décision à prendre.
24:23— C'est une assurance qui coûte pas grand-chose. — Ça coûte même rien du tout.
24:26— Ça coûte même rien du tout. — Si je regarde les règles de Taylor,
24:28aujourd'hui, on est à 3,80 en termes de prescription des taux d'intérêt.
24:30Donc on est largement au-dessus. — D'accord.
24:32— C'est-à-dire qu'ils peuvent baisser de 50 en étant encore restrictifs.
24:34Donc il n'y a pas de problème de ça. Mais si je regarde l'économie mondiale,
24:36en fait, je regarde. J'ai l'Europe. J'ai pas de demande en Europe.
24:39Je regarde la Chine. Il n'y a pas de demande. On est quasiment en déflation en Chine.
24:42Le seul relais de la croissance mondiale aujourd'hui, c'est le consommateur américain,
24:46c'est-à-dire l'employé américain. Si on commence à perdre de l'emploi là-dessus,
24:51vous avez... On n'a plus rien. Donc c'est vraiment l'essentiel.
24:54Et effectivement, la décision de la Fed va emporter la décision pour l'ensemble
24:58de ce qui se passe dans le monde aujourd'hui. Mais quand on voit, encore une fois,
25:01la puissance déflationniste chinoise qui est en place... Parce qu'aujourd'hui,
25:04la Chine, c'est quasiment 40% de la production manufacturière mondiale
25:07qui est en déflation, donc qui apporte ça au monde entier.
25:10Encore une fois, la zone euro qui est en décélération assez nette aujourd'hui,
25:14on voit que le pétrole... Enfin, on a perdu 10% sur un mois.
25:17Ce ne sont pas des signes qui sont absolument merveilleux.
25:19Et je pense que même cette situation-là, ce contexte géopolitique-là,
25:23devrait même pousser la Fed à agir. Et vous ajoutez ça au risque que vous avez
25:27aujourd'hui sur l'emploi, je pense qu'effectivement, il est temps de réagir.
25:30Je ne dis pas que le risque... Enfin, on n'est pas dans le signal d'alarme encore,
25:32mais je pense qu'il est temps de prendre des assurances sur la situation
25:36pour ne pas se retrouver dans une situation qui serait effectivement trop compliquée.
25:38Et il vaut mieux être préventif que venir derrière.
25:41Et ce serait légitime que l'entrée en jeu de la Fed,
25:44qui plus est si elle délivrait 50 points de base,
25:47résonne ailleurs dans le monde, dans d'autres banques centrales,
25:51et peut-être les libère un peu de la retenue qu'elle pouvait avoir jusqu'à présent.
25:56On a parlé de la Banque Nationale Suisse, il y a la gestion du franc fort,
26:00il y a d'autres banques centrales peut-être qui seraient contentes
26:03de pouvoir augmenter le pas incrémental de leur baisse de taux.
26:07Cela dit, elles sont déjà libres, elles pourraient réagir à peu près de la même façon.
26:11J'ai noté d'ailleurs avec intérêt que l'article de Nick Mirao s'est sorti,
26:15je crois, une heure ou deux heures après la fin du discours de Christine Lagarde.
26:18Et comme si en fait la Fed ne voulait pas déranger la BCE qui visait leur truc à 25...
26:23Enfin après on a suivi, dans la hausse des taux, quand la Fed a dit que c'était 50,
26:27tout le monde sait qu'elle est sur 50, bon après on est allé à 75, etc.
26:30Mais elle a quand même donné le tempo aussi de ce point de vue-là.
26:34Oui, elle a donné le tempo, mais encore une fois,
26:37si on regarde, je pense qu'une mesure qui est devenue essentielle aux Etats-Unis,
26:40qui était citée par le staff du FOMC depuis plus d'un an maintenant,
26:44qui a été reprise par Powell dans les derniers discours,
26:47ça fait trois discours qu'il en parle en même temps que le PIB,
26:50c'est ce qu'il appelle le PDFP, qui est la somme de la consommation privée et de l'investissement privé.
26:54Vous prenez ça, donc la demande domestique privée...
26:57C'est la croissance la plus domestique possible.
26:58C'est le secteur privé.
26:59Secteur privé, très bien.
27:00Et la croissance aux Etats-Unis, en nominale, c'est 5,5%, vous avez des taux à 5,3.
27:05Donc vous êtes un acteur du secteur privé, vous avez une croissance de 5,5,
27:09vous avez une contrainte de taux à 5,3.
27:11Si je regarde en Europe, donc on a des taux de 3,50,
27:14le PDFP en Allemagne, on est à 1,4 en nominale,
27:16on est à 2,3 pour la France, donc c'est un désastre,
27:19et ce qui montre qu'on a une politique qui est beaucoup plus restrictive en Europe
27:22qu'elle ne l'est aux Etats-Unis.
27:23Qui pèse beaucoup plus sur la croissance.
27:24Absolument.
27:24Bon, qu'est-ce que ça change pour la Banque Centrale Européenne et d'autres
27:28de voir la Fed entrer en jeu demain soir, Hervé ?
27:32Alors je pense que c'est rassurant.
27:34C'est rassurant pour la Banque Centrale Européenne, d'abord pour la devise,
27:37parce qu'on sait qu'elle est très attentive à l'inflation importée,
27:40et on l'a dit, en Chine ça ne va pas bien,
27:41on risque d'avoir une désinflation importée provenant de Chine.
27:46Donc ça, ça va être important finalement de ne pas rajouter un fardeau supplémentaire.
27:50Pour autant, je ne pense pas que le rythme de la Fed influence le rythme d'une autre Banque Centrale.
27:55Pour moi, c'est vraiment dicté par des facteurs domestiques, ce rythme-là.
28:00Le différentiel de taux, oui, effectivement, ça joue,
28:02mais globalement, si on va dans la même direction,
28:04il ne devrait pas y avoir de pression massive ou trop forte ou difficile à gérer
28:08pour la BCE, et en tout cas pour l'euro.
28:10Donc de ce point de vue-là, je ne pense pas.
28:14Notons aussi que pour la BCE, finalement, elle a un chemin qui est extrêmement court.
28:19On attend globalement encore, on va dire, 4 baisses de taux,
28:23si Isabelle Schnabel le permet, parce qu'elle, elle s'arrêterait bien avant.
28:27Et donc finalement, faire des baisses massives côté BCE,
28:30ça veut dire aussi sortir du jeu du stimulus
28:33et donc se retrouver dans une position où on risque de tous se retourner vers la BCE
28:38pour savoir qu'est-ce qu'elle peut faire pour stimuler l'économie européenne,
28:41qui ne va pas bien.
28:42Alors, à mon sens, qui ne va pas bien pas pour des raisons de taux et de coûts de financement,
28:46mais pour des facteurs un peu plus structurels, de compétitivité,
28:48on l'a vu, peut-être qu'on aura l'occasion d'en parler.
28:51Donc ce n'est pas forcément quelque chose qu'on va gérer avec des baisses de taux,
28:54mais c'est vrai que, voilà, ça laisse des munitions en moins pour la BCE.
28:58— Ouais. Donc on aura une BCE qui s'arrêterait,
29:01et c'est d'ailleurs ce que les marchés signalent un peu,
29:03qui s'arrêterait bien avant la réserve fédérale américaine de ce point de vue-là.
29:08— Sauf si la Fed accélère drastiquement. Effectivement, la BCE s'arrêtera avant.
29:12— Ouais. Bon, à côté européen, qu'est-ce que ça vous inspire ?
29:15Effectivement, vous le notiez, Benoît, la BCE est quand même partie la première.
29:20Elle a déjà livré 2 fois 25 BP de baisses de taux.
29:24— C'est vrai que le paradoxe, c'est que c'est plutôt aux zonoraux
29:27qu'on pourrait justifier 50 points de base pour démarrer.
29:30Bon, c'est pas ce qui s'est passé. Elle a moins de munitions, la BCE.
29:33Donc elle doit peut-être aussi un peu les économiser pour les utiliser dans la durée.
29:38Ça, c'est aussi une difficulté pour elle.
29:40Et puis elle est peut-être un peu plus, dans ses principes de fondateur,
29:44un peu plus dogmatique que la réserve fédérale américaine,
29:47qui peut jouer entre la lutte contre l'inflation et le soutien à la croissance
29:52en fonction des circonstances, ce qui est beaucoup plus souple.
29:54Donc ça, c'est vrai que c'est aussi une difficulté de la BCE.
29:57Et ensuite, on vient de le citer tout à l'heure,
29:59elle va continuer à avoir les yeux rivés sur l'euro-dollar,
30:03puisque ça peut être un facteur d'inflation importée qui peut être une difficulté.
30:06Mais c'est vrai qu'elle est dans une situation qui est toujours plus compliquée,
30:10parce que, ça, on le sait tous, c'est une zone qui est moins flexible,
30:15moins dynamique, et donc qui a moins de levier pour jouer dans des cycles comme ça
30:19entre différents soutiens qu'elle n'a pas vraiment à sa main.
30:24– Beaucoup avaient peur de voir l'euro fortement baisser quand la BCE tirait la première.
30:30L'euro, c'est quand même plutôt apprécié sur la période, si je ne dis pas de bêtises.
30:33Elle n'a pas eu de choc baissier sur l'euro quand la BCE a baissé en juin dernier.
30:40– Elle a bénéficié de ces anticipations de baisse de taux directeurs qu'on avait,
30:44qui étaient peut-être un petit peu trop optimistes, un peu trop rapides en tout cas,
30:46mais qui ont permis de favoriser l'euro et de limiter ces pressions-là, c'est clair.
30:53– Dans le jeu des banques centrales, on a beaucoup parlé aussi du Yen et de la Banque du Japon,
30:58qui, elle, est à rebours, évidemment, du cycle mondial.
31:02Tout ça pour dire un mot de ce qui s'est passé aussi cet été sur les marchés,
31:05en l'occurrence, Benoît, l'épisode du 5 août.
31:08Visiblement, en plus que visiblement, la première semaine de septembre,
31:12qui était un peu la semaine de rentrée, a été aussi un peu compliquée à nouveau sur les marchés.
31:16Quels enseignements vous tirez de ces épisodes ?
31:19À quoi est lié ce stress qui a été un peu global sur les marchés ?
31:23Et est-ce que ce sont des sujets derrière nous ou est-ce que c'est un environnement de marché
31:28dans lequel il faut rester plus que jamais attentif à des mouvements qui peuvent être violents ?
31:33Le 5 août a été violent.
31:35– Oui, ça montre la fragilité un peu cachée des marchés,
31:40qui pour le moment se rassurent par ce cycle de baisse des taux directeurs,
31:44et qui en fait ne va pas résoudre tout à court terme.
31:47C'est-à-dire que c'est toujours pareil, s'il y a bien un cycle de baisse des taux directeurs,
31:50c'est qu'il y a eu une politique restrictive en amont,
31:52et que cette politique restrictive, elle a des effets,
31:54et que ces effets vont s'estomper une fois que les politiques de baisse des taux directeurs
31:59se seront clairement mises en place.
32:01Et on est bien dans cette période-là où l'économie est fragile,
32:05en zone euro on l'a bien dit et clairement,
32:07et de manière malheureusement parfois un peu structurelle,
32:09mais aussi aux États-Unis de manière plus conjoncturelle.
32:12Et ça, pour le moment le marché l'a un peu occulté,
32:15enfin les marchés à action en particulier l'ont un peu occulté.
32:17Quand on regarde les marchés obligataires,
32:19j'ai plutôt le sentiment qu'ils ont bien compris le sujet.
32:21– En Europe ?
32:22– En Europe, aux États-Unis, que les taux longs sont déjà à des niveaux,
32:25on commence à se poser des questions,
32:27en se disant mais il y a une fragilité économique,
32:30quand on regarde d'autres indicateurs comme les prix du pétrole ou autres,
32:33on voit bien qu'il se passe des choses.
32:34– Les tiers-premières ont baissé fortement tout au long de l'été quand même.
32:37– Donc on a encore des marchés, enfin c'est toujours ce scénario un peu
32:41où les marchés à action se rassurent par la baisse des taux
32:43et la baisse des taux est justifiée par un ralentissement économique.
32:46Donc ça tient un peu, mais à un moment donné,
32:48il y a quand même ce retour à la réalité du côté des marchés à action.
32:52C'est là qu'il y aura des ajustements à faire,
32:53parallèlement et stratégiquement,
32:55il y a aussi beaucoup de choses intéressantes
32:57à faire dans les portefeuilles sur les marchés obligataires.
33:00L'année 2022, enfin les années 2022-23
33:02ont remis complètement au goût du jour cette poche
33:06qui dans les portefeuilles avait beaucoup de mal à générer de la valeur.
33:08– Et à ce stade, alors qu'on est au début des baisses de taux,
33:12oui, les stratégies obligataires, ou en tout cas l'univers obligataire,
33:15crédit, reste un univers d'investissement incontournable.
33:18Enfin je veux dire, c'est encore le moment d'être dans ces marchés-là aujourd'hui.
33:23– Clairement, et je dirais même, on a encore un peu de temps sur le monétaire,
33:27l'inflation baissera…
33:28– Il n'y a pas d'urgence à quitter son petit monétaire confortable
33:32qui met encore bien là ?
33:33– Il y a différentes stratégies à mettre en place,
33:34c'est-à-dire qu'il y a le court terme, garder du monétaire
33:37parce qu'il est fort probable que le monétaire mette plus de temps à baisser,
33:41enfin il baissera moins vite que l'inflation,
33:44donc on est toujours protégé de l'inflation quand on est sur du monétaire.
33:47Et ensuite sur la partie obligataire, bloquer des taux très rémunérateurs
33:51face à des perspectives d'inflation plus basses, à horizon 3-5 ans,
33:55c'est très intéressant de nos jours.
33:57Et avec, dans ce scénario de ralentissement économique plutôt en douceur,
34:02des taux de défauts, notamment sur la partie des sprint grades,
34:04quasiment inexistants, sur lesquels on ne sera pas vraiment mis à mal.
34:08Donc là il y a vraiment des choses intéressantes à faire
34:10en complément d'une poche action qu'il va falloir remanier
34:13et sur laquelle il faudra être un peu plus dynamique à court terme.
34:17– Un mot du rapport Draghi, je ne sais pas, qu'est-ce que ça inspire ?
34:20Est-ce que, bon déjà, je ne sais pas, est-ce que ça intéresse les marchés ?
34:24Est-ce que c'est une gourmandise intellectuelle dont on ne se privera pas ?
34:27Mais qu'est-ce que vous en avez retenu ?
34:30Et la réception du rapport Draghi aussi, qu'est-ce que vous en avez retenu Nicolas ?
34:34– Je pense que c'est important, pas forcément à très court terme,
34:37parce qu'on va dire que la faiblesse des gouvernements en Europe
34:40aujourd'hui n'invite pas à une révolution.
34:43Mais cela dit, c'est important que ce soit, déjà, que ce soit lui,
34:47parce que Draghi c'est quand même l'homme qui, quand il est arrivé en 2011,
34:50alors déjà, ce n'était pas sûr que ce soit lui,
34:52c'était Axel Weber qui était candidat en 2011,
34:54donc il nous a évité le fait que ce soit Axel Weber à la tête de la BCE.
34:58Quand il est arrivé, deux mois avant, on a eu la démission de Jürgen Stark,
35:01c'est-à-dire qu'on a eu deux…
35:02– Les Allemands quittaient la BCE à l'époque.
35:04– Les Allemands quittaient la BCE, plus furieux qu'un Italien,
35:06puisqu'on est à la tête de la Banque Centrale.
35:08Et à la fin, quand il avait préparé le terrain pour que s'il ne la garde en 2019,
35:11on avait eu la démission de Sabine Lautenschlager,
35:12qui était donc, en gros, il a éliminé trois Allemands hyper faux du board de la BCE,
35:17ce qui me semblait être une bonne nouvelle.
35:18Et curieusement, c'est la seule période où on a eu effectivement
35:21un regain de croissance en Europe,
35:23parce que Draghi a apporté quelque chose qui était un peu différent
35:26et qui a donné, je pense, un élan différent à la Banque Centrale Européenne,
35:30qui lui a redonné une certaine crédibilité,
35:31qui, malheureusement, aujourd'hui, est en train de retomber un peu dans ses vieux errements.
35:35Ce qu'on constate là, et quand on lit le rapport de Draghi,
35:37quand vous regardez les premières pages,
35:38vous avez quelque chose qui me semble être un signal assez clair,
35:41c'est-à-dire de dire que c'est un rapport qui est…
35:44Alors déjà, c'est le changement de langage.
35:46C'est un rapport qui lui a été commandé sur la compétitivité.
35:48Or, le point dont il parle, c'est la productivité.
35:51La compétitivité, c'est une notion très européenne.
35:52Ce n'est pas quelque chose qu'on utilise trop aux États-Unis.
35:54On parle beaucoup plus de productivité.
35:55Ce n'est pas baisser absolument les salaires,
35:57enfin, que ce soit…
35:58En gros, je ne veux pas être compétitif parce que je ne suis pas cher,
36:00mais je suis compétitif parce que je veux être meilleur.
36:02Il y a une connotation négative pour vous
36:04dans la manière dont on emploie compétitivité au sens européen du terme.
36:07Exactement.
36:07C'est, en gros, on va baisser les salaires,
36:08il ne faut pas monter les salaires, ce genre de choses,
36:10et on va être moins cher que les autres.
36:11Oui, d'accord.
36:12Et productivité, c'est, je veux de l'innovation…
36:14C'est la compétitivité à la demande.
36:15OK.
36:15Et voilà.
36:16Et donc, il apporte ça, et il dit immédiatement dans le discours
36:19que la productivité est faible en Europe,
36:22notamment parce que la demande domestique est faible en Europe.
36:25Enfin, il n'est pas sans savoir, évidemment,
36:27que la demande domestique est sous contrôle total de la Banque Centrale Européenne,
36:31et que donc, si la demande domestique en Europe est faible,
36:34c'est aussi à cause de la BCE,
36:36et que même si, évidemment, son rapport,
36:38et je pense que l'élégance n'allait pas tirer sur la BCE directement dans son rapport,
36:43que le message est clair, que oui,
36:44si on veut un changement de politique,
36:46il faut une coordination beaucoup plus intéressante
36:48pour ce qui se passe au niveau budgétaire et au niveau monétaire en Europe,
36:51et ce qui se passe aussi bien, ce qui s'est passé en 2011 et ce qui se passe là maintenant,
36:55c'est qu'on a eu des plans de relance qui ont été mis en place en 2008,
36:57enfin, suite à la grande crise financière,
36:59qui ont complètement été annihilés par une politique restrictive de la part de la BCE,
37:03et là, même chose, c'est-à-dire qu'on a eu des plans de relance,
37:05le NGEU qui était très important,
37:07dont les résultats macroéconomiques ont totalement été annihilés
37:10par la politique de la BCE, là, aujourd'hui.
37:12On n'a plus les effets, par contre.
37:13On n'a pas eu les fruits de ce qu'on a injecté dans l'économie
37:16à travers les fonds européens.
37:17Ça prend du temps, aussi.
37:18Tous les fonds, d'ailleurs, n'ont pas été dépensés et déboursés aujourd'hui, Nicolas.
37:20Les effets macroéconomiques qu'on pouvait...
37:22Evidemment, encore heureux, il en reste encore un peu.
37:24Oui.
37:25Enfin, il en reste même encore un peu.
37:26Ben oui, un peu beaucoup.
37:27Mais la politique qui a été menée a brisé, effectivement,
37:29les effets macroéconomiques que ça aurait pu avoir,
37:31et donc, le résultat final de ça, c'est qu'on n'a pas les effets.
37:34Par contre, on conserve la dette,
37:35et donc, c'est là où on a vraiment un problème important,
37:37c'est que le manque de coordination budgétaire et monétaire européenne
37:40fait qu'on accroît sans cesse la dette,
37:43sans avoir le bénéfice de la croissance,
37:45c'est que pour cela, il faut une coordination meilleure
37:46et que la BCE se mette au pas des intérêts économiques du continent européen.
37:50D'ailleurs, où est-ce qu'on en est de la soutenabilité de nos dettes publiques en Europe, Hervé ?
37:54Vous travaillez là-dessus ?
37:55Alors, je ne sais pas, vous pouvez nous expliquer un petit peu la manière
37:58dont vous avez essayé de mesurer la solidité,
38:01ou la vulnérabilité, plutôt, des dettes publiques en zone euro
38:05pour les 20 pays de la zone euro ?
38:07Vous avez essayé, d'ailleurs, d'extraire votre modèle des contextes politiques
38:13que peuvent traverser chacun des pays de la zone euro ?
38:16Oui, absolument.
38:17En fait, on a construit un outil de scoring,
38:20et l'objectif, en tout cas l'ambition, c'était d'avoir une note par pays,
38:24un petit peu décorrélée de la notation des agences,
38:27parce qu'on sait qu'il y a un biais politique,
38:28on sait qu'il y a un biais aussi pour les grands pays,
38:30on a tendance à être un peu plus sympathique vis-à-vis des grands pays.
38:34Il y a une garantie implicite de quelque chose politique
38:38qui fait que la note peut être un peu déformée, au final ?
38:41Très clairement.
38:42En tout cas, dans notre outil, ça apparaît vraiment très clairement.
38:45Vous avez complètement objectivé tout ça ?
38:47Exactement.
38:47Pour chaque indicateur et pour chaque pays,
38:49on n'a pas de traitement de faveur,
38:50on a exactement le même traitement, égal.
38:52Les notes, ensuite, sont pondérées,
38:55donc là, évidemment, c'est notre jugement,
38:57mais c'est notre jugement selon la théorie économique,
38:59ce n'est pas notre jugement selon l'histoire de la zone euro
39:01ou pour favoriser tel et tel pays.
39:04Alors, effectivement, c'est un indicateur de vulnérabilité,
39:07il y a plusieurs piliers,
39:08il y a de conjoncture économique, de finances publiques,
39:10secteur extérieur, secteur privé,
39:12et également des critères ESG,
39:13qui sont aujourd'hui de plus en plus importants.
39:16Et quand on mêle tout ça,
39:17quand on prend ces 400 indicateurs,
39:19le constat n'est pas alarmant, mais il est assez triste,
39:23c'est que la France est avant-dernière
39:24sur les 20 pays de la zone euro.
39:26Alors, je dis pas alarmant, parce qu'en fait, elle est...
39:30Donc, on mesure la vulnérabilité, je rappelle,
39:32c'est la vulnérabilité de la dette publique française
39:35qui est la plus élevée, si je puis dire,
39:37ou quasiment la plus élevée parmi les 20 pays de la zone euro.
39:39C'est ça. Alors, pas particulièrement la plus élevée,
39:42mais en tout cas, on sait que le service de la dette
39:44est le plus difficile,
39:44on sait que la croissance potentielle
39:46va être relativement faible,
39:47on sait que la productivité en France aussi est un fardeau,
39:50on sait que le commerce extérieur ne nous aide pas,
39:52on est encore un des rares pays aujourd'hui
39:54à avoir un déficit de notre balance commerciale,
39:56alors que l'Espagne et l'Italie, malheureusement pour eux,
39:59ont un surplus, malheureusement pour la comparaison avec nous.
40:05Et donc, voilà, on prend tous ces éléments-là
40:07et on se rend compte qu'effectivement...
40:08Je disais que ce n'est pas alarmant,
40:10parce que la France est, je dirais,
40:13continuellement à ce niveau-là de vulnérabilité,
40:16il n'y a pas eu un choc...
40:17Il n'y a rien de nouveau, quoi !
40:18C'est ça.
40:19OK.
40:19Mais c'est quand même une bonne nouvelle, entre guillemets,
40:21puisque la crise du Covid ou la crise que l'on a eue en 2022
40:25auraient pu aggraver les choses, et ce n'est pas le cas.
40:28On voit que c'est resté relativement résilient.
40:30Alors, ça reste très mauvais, mais c'est résilient.
40:32Donc, sans éléments déclencheurs,
40:33finalement, ça peut tenir, voilà.
40:36Maintenant, des éléments déclencheurs,
40:37on en voit qui se profilent déjà dès cet automne.
40:42On est en procédure de déficit excessif,
40:44ce qui veut dire que, dans le cadre des nouvelles règles,
40:46il va falloir proposer un plan de réforme de moyen terme.
40:50Alors, cette année, exceptionnellement,
40:52la Commission a voulu aligner un petit peu les dates,
40:54et donc on aura jusqu'au 15 octobre,
40:55alors qu'initialement, ça devait être à vendredi,
40:57mais on aura jusqu'au 15 octobre pour soumettre ce plan,
41:00en même temps que les drafts des budgets pour l'année prochaine.
41:03Donc, on pourra faire à peu près le même exercice si on y arrive.
41:06Et ensuite, on aura des recommandations
41:08de la Commission européenne sur les ajustements.
41:10Les ajustements, a priori,
41:12c'est plutôt 0,5% d'ajustement de déficit structurel,
41:16avec, cette année, encore une fois,
41:18une faveur faite par la Commission européenne de 2025 à 2027,
41:23où on ne prend pas en compte la charge des intérêts,
41:24parce que les taux d'intérêt sont montés.
41:26Alors, ça ne se reflète pas totalement dans le service de la dette,
41:28parce qu'on a une duration moyenne entre 6 et 8 ans,
41:31donc ça met du temps à se diffuser.
41:33Mais globalement, voilà.
41:34Donc, ça reste quand même plutôt favorable.
41:37Bon, évidemment, c'est pas parce que le contexte est favorable
41:40qu'on va, malgré tout, réussir
41:42et qu'on va proposer quelque chose de viable.
41:44Mais en tout cas, ça pourrait écarter ou retarder un petit peu cet effet.
41:48Et l'autre élément favorable de ces nouvelles règles,
41:51c'est que maintenant, on a un horizon pour l'ajustement.
41:53On a 4 ans, et 7 ans si on fait des réformes structurelles
41:56et si on montre un petit peu pas de blanche.
41:58Donc, globalement, ce temps-là peut être intéressant,
42:00et c'est un temps qui, effectivement,
42:02échappe un petit peu plus aux politiques,
42:03qui est, finalement, notre grande faiblesse actuellement, conjoncturellement.
42:07Bon, sacré tâche, quand même, pour le futur gouvernement qui arrive.
42:12Qu'est-ce que ça vous inspire, Benoît, pour conclure là-dessus ?
42:15Sur la situation française, effectivement,
42:16bon, Michel Barnier et les marchés,
42:19on a assez vite refermé la parenthèse,
42:21puisque, bon, les marchés attendent, effectivement,
42:24l'heure de vérité budgétaire,
42:25les décisions qui seront jugées par les marchés sont encore devant nous.
42:28Mais sur la nomination de Michel Barnier,
42:30il n'y a pas eu de...
42:31Ça n'a pas été un événement de marché,
42:33ni dans un sens, ni dans l'autre.
42:34Alors, on ne l'a pas vraiment refermé,
42:36c'est-à-dire qu'on l'a mise de côté pour le moment.
42:38La hausse des spread est toujours là,
42:40c'est-à-dire que le spread a déjà décalé depuis les législatives.
42:44Donc, il y a bien ce risque politique qui est intégré.
42:47Il ne s'est pas augmenté,
42:48c'est-à-dire que, pour le moment,
42:48on est plutôt dans une logique de dire on attend.
42:52On sait que ce risque-là existe,
42:53mais qu'il est probablement reporté dans le temps.
42:56Mais il y a bien eu une dégradation du spread.
42:58Donc, c'est quand même un premier signal.
43:00Et après, pour rejoindre ces scorings
43:02qui ont pu être faits sur les États,
43:05ça montre bien qu'on est quand même
43:07plus facilement que d'autres pays à la merci
43:09d'un mouvement, à un moment donné,
43:11d'inquiétude des marchés, justifié ou pas,
43:14mais qui mettrait une pression plus forte.
43:15Ce qui n'est jamais très sympathique,
43:17parce que quand c'est les marchés qui fixent les règles,
43:19là, ça devient plus brutal.
43:21Et on n'a plus le temps et on n'a plus la maîtrise.
43:23Donc, il faut rester très vigilant.
43:26On a gagné probablement peut-être jusqu'aux élections présidentielles
43:29ou d'autres élections législatives, on va voir.
43:32Mais on a gagné un petit peu de temps.
43:33Ça, c'est une première nouvelle plutôt positive.
43:36On n'a pas effacé ce risque politique.
43:38Oui, le spread n'a pas bougé.
43:39On reste autour de 66 points de base
43:41entre la France et l'Allemagne à ce stade.
43:42Merci beaucoup, messieurs.
43:43Merci d'avoir été les invités de Manette Marché ce soir.
43:45Benoît Vesco de LUBAC Asset Management,
43:47Hervé Amourda, économiste chez ProBTP Finance,
43:50membre également du think tank BSI Economics
43:53et Nicolas Götzmann, responsable de la macro
43:56à la Financière de la Cité.
44:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg,
44:01chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
44:03Le thème ce soir, c'est celui de la stratégie
44:05d'allocation d'actifs dans un monde de cycles de baisse de taux
44:09qui est en train de prendre forme devant nous.
44:11On va sortir un peu du débat, 25 ou 50 points de base pour la Fed.
44:14On est à 24 heures, je le précise, de la décision historique
44:18de la réserve fédérale américaine demain, donc le 18 septembre.
44:21Prenons un peu de hauteur,
44:22on va voir ce qu'il y a à l'avenir de la réserve fédérale américaine.
44:25On va voir ce qu'il y a à l'avenir de la réserve fédérale américaine.
44:27Le 18 septembre, prenons un peu de hauteur et un peu d'avance d'ailleurs
44:30sur ce qui va se jouer demain soir du côté de la Fed.
44:32C'est Alain Bocobza qui est avec nous en plateau,
44:34responsable de la stratégie d'allocation d'actifs de Société Générale CIB.
44:38Bonsoir Alain.
44:39Bonsoir Grégoire.
44:40Merci beaucoup d'être là.
44:42Il y a peut-être trois dimensions d'analyse
44:44qui permettent de comprendre un petit peu les enjeux de marché devant nous.
44:48Ce qui se passe du côté des politiques monétaires,
44:51je viens d'en donner un exemple avec la Fed demain soir,
44:53mais il n'y a pas que la réserve fédérale américaine
44:55et il y a un cycle devant nous
44:57qu'est-ce qu'on peut en dire ?
44:58Ce qui se passe du côté des politiques fiscales et budgétaires,
45:02les anglo-saxons utilisent le terme fiscal,
45:04nous on appelle ça des politiques budgétaires,
45:06avec la notion de fiscalité bien sûr,
45:08là aussi terrain un peu mouvant.
45:10Et puis il y a l'enjeu aussi des politiques de long terme, structurelles,
45:14l'exemple ou la boussole du moment en Europe
45:17étant le rapport remis par Mario Draghi par exemple.
45:20Qu'est-ce que vous analysez à travers ces trois dimensions aujourd'hui Alain
45:26et comment est-ce que ça se traduit dans les enjeux de marché devant nous ?
45:32Sur la première dimension,
45:34ça va être la fête aux banques centrales,
45:38puisque finalement toutes les banques centrales,
45:40y compris la BCE qui avait commencé en juin
45:42mais qui s'était mis en mode pause en attendant la Fed,
45:45donc la Fed va bouger demain,
45:47et toutes les banques centrales du monde dans les pays développés,
45:50les pays émergents à la notable exception du Japon,
45:54vont accompagner la Fed
45:56dans un long mouvement de baisse des taux courts.
46:00Il est probable que la Réserve fédérale fasse plus de baisse des taux qu'ailleurs,
46:04et ça c'est un élément discriminant
46:06dans ce qui a déjà commencé mais qui peut se poursuivre,
46:10qui est la baisse du dollar.
46:14En parallèle, si on se dit que la Banque du Japon
46:16a commencé à resserrer sa politique monétaire,
46:20elle a commencé à monter ses taux courts,
46:22la croissance des salaires accélère très fortement,
46:26ils vont devoir continuer.
46:28Donc les quarts de taux qui permettaient d'être à découvert sur le Yen,
46:32avec l'accident qu'on a connu,
46:34plus de 10% sur le Yen en quelques heures début août,
46:38incitent à penser que le Yen va continuer à monter fortement,
46:42et plus que l'euro.
46:46Ça c'est le premier point.
46:48C'est compliqué d'imaginer,
46:52dans un monde où il n'y a pas de récession,
46:54où il y a un ralentissement économique aux Etats-Unis,
46:56mais on est loin de la récession pour le moment,
46:58que ça provoque des dégâts majeurs dans les marchés,
47:01et puis avoir des réallocations,
47:02mais ce ne sont pas des dégâts majeurs.
47:04Deuxièmement,
47:08aux Etats-Unis,
47:10les deux grands partis,
47:12au-delà du nom des candidats ou de la candidate,
47:14sont des gros dépensiers.
47:18Et l'état des finances publiques américaines,
47:20de la dette publique, n'autorise pas,
47:22pas plus qu'en Europe,
47:24beaucoup d'excès.
47:26Sinon, ça pourrait terminer comme un moment dit,
47:28l'Istrus, qu'on a connu pendant quelques dizaines de jours,
47:31un accident au moment où Madame Truss a pris les rênes du Royaume-Uni.
47:34Ça peut se terminer comme ça.
47:36J'espère qu'ils sont au courant, l'un comme l'autre.
47:38Donc là-dessus,
47:40on est autour de 5% de déficit aux Etats-Unis,
47:42c'est une norme.
47:43Je ne pense pas qu'on ira beaucoup s'éloigner de ça
47:45dans les 2-3 ans qui viennent, post-élection.
47:47Il y a des limites quand même.
47:48Même si on ne voit pas,
47:49et on est en pleine campagne électorale,
47:51dans le discours des candidats ou de la candidate,
47:53de volonté marquée de consolidation budgétaire,
47:56vous dites s'il y a un principe de réalité
47:58qui s'imposera aux dirigeants
48:00qui font face à des situations budgétaires
48:02un peu hors normes.
48:04Pour deux raisons.
48:06La première, c'est que les quantités de dettes
48:08ont beaucoup augmenté sur les dernières décennies.
48:10Les accidents après l'Eman,
48:12pendant la pandémie,
48:14ça a coûté très cher aux finances publiques.
48:16Les ratios de dettes sur PIB ont beaucoup monté.
48:18Ils sont souvent à 3 chiffres au-delà de 100%.
48:20Donc ça laisse moins de place.
48:22Et deuxièmement, et presque surtout,
48:24on a connu un très long moment
48:26pendant lequel les banques centrales étaient à taux zéro.
48:28Et en plus, elles injectaient.
48:30Et les injections des banques centrales,
48:32ce qu'on appelait le quantitative easing,
48:34c'était l'utilisation du bilan des banques centrales
48:36pour acheter des obligations d'Etat
48:38à l'émission partout,
48:40sauf en Europe où on achetait sur le secondaire.
48:42Mais de toutes les façons, ça revenait au même.
48:44Les achats, tout ce qui était émis par les Etats,
48:46a été acheté par la banque centrale.
48:48Le monde a bien changé,
48:50où les banques centrales sont plutôt soit neutres,
48:52soit à vente, restrictives.
48:54Donc là, il y a un enjeu,
48:56c'est le fait que l'Istrus,
48:58quand elle est arrivée au Royaume-Uni,
49:00elle avait mis 2,3% de dépenses en plus
49:02de ce qu'il y avait avant.
49:04Non financée, sans aucune ambition
49:06de financer correctement ça.
49:08Ça s'est mal passé.
49:10C'est un drapeau rouge.
49:12Mais de toutes les façons, qu'il soit en Europe,
49:14qu'il soit aux Etats-Unis ou ailleurs,
49:16il y a des limites à ce que les marchés
49:18obligataires sont capables d'encaisser
49:20à l'émission, sans justification.
49:22Donc ça, c'est les politiques fiscales.
49:24On est plutôt à bout de souffle
49:26sur les quantités. Maintenant,
49:28d'imaginer de la restriction, c'est compliqué.
49:30Parce qu'il y a des énormes besoins.
49:32Et il y a un nouvel
49:34élément qui apparaît à l'horizon.
49:36Compte tenu des élections
49:38qu'on vient de vivre en Allemagne,
49:40des incertitudes liées à la politique française.
49:42Mais en Allemagne, il y a eu des élections.
49:44Il y a des élections septembre 2025
49:46au Parlement allemand. Élections pendant
49:48lesquelles il est probable que, suite
49:50à cette élection, la règle d'or
49:52en Allemagne soit remise en cause. C'est-à-dire que l'Allemagne
49:54avance sur des dépenses structurelles
49:56pour se réinventer.
49:58Ça, c'est une conviction...
50:00Forte.
50:02Ça marche dans les deux sens. Les pays
50:04qui ont aujourd'hui des déficits hors normes
50:06vont devoir se confronter
50:08à une réalité et à un principe
50:10de réalité. Mais des pays...
50:12Vous avez cité l'Allemagne
50:14à dessein. Des pays qui sont
50:16peut-être
50:18en sous-investissement, en sous-dépense.
50:20C'est pas peut-être.
50:22Certainement. Là aussi, il y a un principe
50:24de réalité qui devra, à un moment,
50:26se matérialiser. Il va devoir s'imposer.
50:28L'enjeu, c'est...
50:30Ça provoque quelque part
50:32dans le couple franco-allemand
50:34qui doit se réinventer.
50:36Peut-être qu'au moins une partie
50:38du rapport Draghi, ce serait bien qu'on l'applique.
50:40Parce qu'on parle du 3ème
50:42élément, que sont les réformes de structure.
50:44Et de retrouver de la croissance et de la
50:46dynamique, c'est par de l'investissement
50:48et des réformes de structure. La politique
50:50fiscale est à bout de souffle.
50:52Même si elle peut continuer à contribuer.
50:54Et la politique monétaire ne résout
50:56pas vraiment les problèmes de croissance.
50:58Elle peut apaiser des douleurs. Mais c'est pas ça qui résout les problèmes.
51:00On a été 10 ans à taux zéro. J'ai pas l'impression
51:02que ça a résolu beaucoup de problèmes. Ça a empêché des catastrophes.
51:04Mais les réformes de structure sont
51:06dans la politique publique. On a trois volets.
51:08Elles sont essentielles.
51:10Il y a aussi, dans les réformes
51:12de structure, je crois qu'elles ont été largement évoquées
51:14à cette antenne,
51:16un peu partout. Donc c'est important d'en parler.
51:18Il y a 400 pages de rapport dans deux rapports.
51:20Mais il y a aussi l'interventionnisme
51:22d'État. On est sortis d'un monde
51:24dans lequel il y avait un laisser-faire
51:26avec une volonté explicite. Et la façon
51:28dont on intervient peut différer d'un pays
51:30à l'autre, d'une région à l'autre.
51:32La quantité de régulation,
51:34c'est un des débats qu'a lancé M. Draghi
51:36dans son rapport. Est-ce que l'Europe, finalement,
51:38à vouloir tout réguler, ne bride pas
51:40sa croissance inutilement ? Est-ce que toutes les régulations
51:42qui existent ont leur utilité au total ?
51:44Avec des effets secondaires
51:46parfois plus néfastes que ce qu'on veut réguler.
51:48Et il y a un débat entre Trump et Harris.
51:50Sur le degré, là aussi,
51:52de régulation. Partant
51:54de beaucoup plus bas.
51:56On parle des réformes de structure, mais aussi,
51:58ça ravive la croissance, mais aussi la quantité
52:00optimale. Ni trop peu, ni pas assez.
52:02C'est un peu comme le boucle d'or.
52:04Donc, travail à faire. Et c'est une des
52:06idées que lance M. Draghi dans son rapport.
52:08Est-ce qu'on pourrait réfléchir collectivement
52:10sur la quantité totale de
52:12régulation pour débrider
52:14un peu la croissance et pouvoir
52:16investir et prendre des risques dans
52:18les industries de demain ?
52:20Ça, en allocation d'actifs, c'est très important.
52:22Parce qu'une zone dans laquelle on est
52:24très bridé fait moins de croissance.
52:26Donc, l'Europe, en tant que telle,
52:28sur les marchés d'action, par exemple,
52:30est une zone merveilleuse en ce moment.
52:32Parce qu'il y a plein de rendements, plutôt matures.
52:34C'est un peu plus compliqué sur les valeurs de croissance,
52:36dont le luxe,
52:38qui sont à avoir des
52:40avertissements sur les profits. Donc, ça commence.
52:42Là, ils sont écartés, au moins temporairement.
52:44Et il y a beaucoup de valeurs de rendement
52:46qui performent bien en ce moment.
52:48Dans un contexte de baisse des taux,
52:50c'est une économie mature.
52:52Donc, il y a des valeurs de rendement, et ça, ça m'intéresse.
52:54Donc, si on cherche des valeurs de rendement,
52:56l'Europe reste effectivement une zone
52:58d'investissement prioritaire, de ce point de vue-là.
53:00Oui, parce qu'on a des bons rendements
53:02dits sécurisés.
53:04C'est important, quand on fait
53:06le ratio du dividende sur le cours de bourse,
53:08ce qu'on appelle le rendement.
53:10Il faut que le cours de bourse soit observé du jour,
53:12mais le dividende n'est pas nécessairement sécurisé.
53:14Parfois, les valeurs ont des gros rendements parce que
53:16le dividende va être coupé. Donc, ça, il faut éviter.
53:18Donc, c'est les rendements sécurisés.
53:20Il y en a pas mal en Europe. Les marges des entreprises
53:22sont élevées. Donc, c'est
53:24un regard qu'on apporte, qui est un peu nouveau
53:26dans le panorama après tant d'années
53:28où ce sont les valeurs de croissance
53:30qui ont eu le dessus dans ce qu'il fallait avoir
53:32dans les portefeuilles sur la partie action.
53:34Et donc, là, on est en train de migrer,
53:36c'est la réallocation,
53:38vers un peu le reste du marché,
53:40dont une partie offre
53:42des gros rendements sécurisés.
53:44C'est ce que vous appelez, c'est effectivement réallocation,
53:46redistribution,
53:48l'idée étant, alors j'imagine
53:50l'idée n'étant pas de déserter
53:52les actifs américains ou en dollars,
53:54mais de se dire que peut-être que ces actifs
53:56sont très largement détenus,
53:58suffisamment détenus aujourd'hui,
54:00et qu'il y a d'autres actifs ailleurs dans le monde,
54:02les valeurs de rendement en Europe par exemple,
54:04qui méritent de l'attention aujourd'hui. C'est ça.
54:06On est à ce point d'inflexion,
54:08peut-être qu'on l'a passé même déjà dans vos recommandations.
54:10On l'a déjà passé.
54:12Parce qu'on a déjà de la réallocation
54:14à l'extérieur des valeurs de croissance.
54:18Au plus haut qu'on avait courant
54:20en juin-juillet, les grandes valeurs
54:22de technologie au sens large représentaient à peu près
54:24la moitié de la capitalisation des actions
54:26américaines, qui elles-mêmes représentent
54:2870% des actions mondiales.
54:30Ça fait un peu beaucoup. Donc c'est pas qu'elles sont pas belles,
54:32il y a des valeurs de technologie extraordinaires,
54:34mais peut-être qu'à côté,
54:36il y a des ratios entre la qualité,
54:38les rentements et le prix,
54:40l'évaluation qui sont
54:42en relative plus attrayants et plus sécurisés.
54:44Donc c'est ça la redistribution qui est en cours.
54:46Il y avait peut-être trop de concentration,
54:48de façon d'exprimer trop de concentration
54:50sur un petit nombre de très belles valeurs.
54:52Et ce qu'on appelle les belles valeurs,
54:54pour être un peu moins technique volontairement,
54:56il y a des moments où elles performent bien,
54:58il y a d'autres moments où elles performent un peu moins bien.
55:00Elles resteront belles.
55:02Mais dans une phase de ralentissement où les taux
55:04vont baisser, vous dites, c'est moins
55:06ces valeurs-là qu'il faut privilégier
55:08que d'autres, par exemple.
55:10Oui.
55:12C'est pas trop lié au ralentissement.
55:14C'est surtout lié au fait que
55:16dans le relatif, il y avait un taux de détention
55:18des belles valeurs extraordinairement forts.
55:20C'est ce qu'on appelait il y a quelques mois
55:22la concentration des marchés.
55:24Au plus haut en juillet,
55:26les 15% qu'on avait fait depuis le début de l'année
55:28jusqu'en juillet sur le S&P 500,
55:30l'indice action américain,
55:3240% de ça, presque la moitié,
55:34c'était dû à Nvidia.
55:36Une extrême concentration. Donc là, ça se redistribue.
55:38Et c'est un phénomène qui est mondial.
55:40Et c'est une tendance ?
55:42C'est vraiment quelque chose sur lequel
55:44on peut s'appuyer aujourd'hui pour
55:46quelques temps au moins dans une vision de marché,
55:48dans un horizon de marché, Alain ?
55:50Moins d'actifs américains,
55:52vous l'avez évoqué en début d'entretien,
55:54mais c'est aussi la perspective d'un dollar
55:56qui pourrait continuer de s'affaiblir
55:58dans le jeu des devises.
56:00Qu'est-ce qu'on a envie d'avoir
56:02s'il faut avoir un peu moins de dollars aujourd'hui ?
56:04Un peu ou beaucoup.
56:06En tout cas, sur toutes les
56:08métriques d'évaluation,
56:10le dollar est abominablement cher.
56:12Ça faisait 5 ans qu'il était cher.
56:14Il y a 4 ans, il était plus cher.
56:16Il y a 3 ans, il était...
56:18L'évaluation est un outil
56:20de repère, mais en aucune façon en market timing.
56:22Donc là, le momentum a commencé.
56:24Le dollar a commencé à baisser un peu contre l'euro,
56:26beaucoup plus contre le yen.
56:28Les devises émergentes se tiennent mieux.
56:30Donc là, on a commencé la réallocation
56:32en provenance du dollar.
56:34Donc l'exceptionalisme
56:36où il fallait avoir du dollar
56:38depuis 10 ans, des actions américaines,
56:40un Nasdaq depuis 10 ans,
56:42des taux parce qu'il y avait plus de rendement aux Etats-Unis qu'ailleurs,
56:44c'était l'exceptionalisme américain en termes
56:46de stratégie d'investissement.
56:48Ça, c'est terminé.
56:50Il y a des fissures, je dirais, là-dedans
56:52qui commencent par le dollar américain.
56:54Ça, c'est la réallocation par les marchés d'échange.
56:56Il y a une deuxième fissure
56:58par des avertissements sur la profi
57:00sur l'une ou l'autre des grandes
57:02technologiques à tour de rôle.
57:04Donc là, c'est plus je gagne à tous les coups.
57:06Et donc ça, c'est important.
57:08Il y a des profit warnings sur les grandes valeurs de croissance
57:10qui sont cotées parfois en Europe.
57:12Donc ça, c'est un phénomène
57:14de nécessaire réallocation.
57:16Et ça pénètre la psychologie des marchés parce qu'on a été tellement
57:18habitués, comme vous dites, à cet exceptionalisme
57:20que ce soit américain ou des grandes valeurs de luxe,
57:22etc. Une fois, deux fois.
57:24Après, la psychologie, quand même,
57:26est un peu abîmée ensuite.
57:28Oui, mais on fait bien la distinction
57:30entre le fait que
57:32la croissance américaine
57:34reste au-dessus du monde.
57:36On peut laisser l'air, mais eux, ils restent au-dessus du lot.
57:38Mais il y a une synchronisation des politiques monétaires.
57:40Donc l'Europe ne démérite pas
57:42dans son meilleur comportement des marchés de taux d'intérêt.
57:44C'est important.
57:46Comme le Royaume-Uni, par ailleurs.
57:48Les régimes d'inflation sont plus
57:50contrôlés. Donc ça permet des ouvertures
57:52de détente monétaire qui a des vertus
57:54sur le reste de l'objectif.
57:56Voilà. Donc ces réallocations sont
57:58importantes. Donc il y a de l'exceptionnalisme
58:00sur la conjoncture, mais il y a moins
58:02d'exceptionnalisme sur les territoires d'investissement.
58:04Oui, c'est ça. C'est bien
58:06les deux dimensions différentes.
58:08L'heure de la réallocation et de la redistribution.
58:10Merci beaucoup Alain. Merci d'être venu
58:12nous éclairer sur les stratégies que vous recommandez
58:14pour le compte de Société Générale CIB.
58:16Vous êtes le responsable monde de la stratégie
58:18d'allocation d'actifs de SGCIB.
58:20Alain Bocopza qui était avec nous
58:22l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse
58:24ce soir.