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Fabien Gibault, enseignant à l’Université de Bologne (Italie), détaille la solution italienne face à l’immigration illégale : «C’est un double jeu qui est joué par le gouvernement».

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Transcription
00:00Oui, alors plusieurs points autour de ce résultat de moins 65%,
00:03il est quand même relatif puisque ce moins 65% est par rapport à l'année dernière,
00:08et l'année dernière était une année qui avait été extrêmement propice à la vague migratoire,
00:12donc finalement ce moins 65% remet plutôt les résultats de cette année dans la norme,
00:16on va dire, ou en tout cas dans la moyenne des années,
00:18donc le résultat bien sûr est satisfaisant pour le gouvernement, il va s'en dire,
00:22mais il est tout de même relatif au niveau des résultats.
00:25Ensuite, ce qu'il faut voir c'est qu'il y a aussi d'autres passages,
00:28ce résultat annoncé par le gouvernement italien est le résultat par la mer,
00:31il ne prend pas en compte justement, comme vous disiez dans votre reportage,
00:35c'est-à-dire les autres aspects, les autres trajets,
00:37c'est-à-dire par exemple la route balcanique qui va rentrer également en Italie,
00:40mais qui va rentrer par le Frioul, par la ville de Trieste, donc par un autre axe.
00:44Ensuite, la stratégie du gouvernement italien a été principalement sur deux axes,
00:49un axe purement psychologique finalement, avec un accord avec la Tunisie,
00:53mais cet accord par exemple, nous n'en avons pas trace,
00:55nous n'avons pas l'accord en soi pour savoir ce qu'il y a à l'intérieur,
00:58mais il a joué bien sûr un rôle psychologique sur les migrants en disant
01:02il y a un blocage maintenant avec la Tunisie,
01:04le même accord qu'il y a eu également avec l'Albanie,
01:06en disant qu'en Albanie il allait y avoir des hotspots,
01:09c'est-à-dire des lieux où les migrants arrivent,
01:10et donc les migrants qui traversent la Réunion Méditerranée iraient en Albanie
01:14et non pas dans l'Union Européenne.
01:15La réalité est que cet accord a fait beaucoup de publicité,
01:18a très certainement eu un facteur psychologique sur les migrants,
01:21mais la réalité c'est qu'en Albanie aujourd'hui,
01:22ces deux centres d'accueil n'existent toujours pas.
01:25Donc il y a avant tout de la part du gouvernement italien
01:27un facteur psychologique dans ces relations internationales,
01:30mais dans les faits, relativement peu finalement.
01:33Et il y a eu quand même des décisions prises au niveau national
01:37pour durcir les conditions de l'immigration clandestine,
01:40quelles sont-elles ces décisions ?
01:42Alors il y a des décisions un peu plus dures au niveau national,
01:44mais là aussi elles sont toujours à prendre avec certaines pincettes
01:47parce qu'il y a aussi toute une catégorie d'emplois en Italie
01:52qui recherche ces migrants.
01:55N'oubliez pas que toute l'agriculture italienne a besoin de migrants,
01:57et de migrants même clandestins justement,
01:59parce qu'ils vont être payés beaucoup moins
02:01pour récolter les tomates que nous mangeons.
02:03Et donc il y a une vague, et là aussi psychologique,
02:06une loi plus dure, une loi un peu plus forte,
02:09plus de difficultés pour obtenir par exemple des papiers de régularisation,
02:13mais finalement c'est un double jeu également
02:16qui est joué par le gouvernement
02:17pour satisfaire aussi une catégorie de propriétaires
02:20qui souhaitent avoir de la main d'œuvre à moindre coût
02:22et où parfois certaines forces de l'ordre
02:26vont un peu fermer les yeux pour ne pas voir.
02:28Et nous avons vu quelques drames également de migrants
02:30qui sont morts dans les champs cette année,
02:31ce qui est aussi dramatique, tout autant que par la mer.

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