Décryptage de l'affaire des viols de Mazan

  • il y a 3 jours
Avec Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne

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Transcript
00:00Sud Radio André Berkhoff.
00:04Berkhoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:08Hello
00:11Hello, hello
00:16Salut Boulette
00:19C'est qui ?
00:22T'inquiète, tu me connais pas moi je te connais pas
00:25Birkin bien sûr
00:27Et le titre, et le titre, mais on ne peut pas vous donner tout, il faudrait toute la chanson
00:31Raccrocher c'est une horreur
00:34Raccrocher c'est une horreur, et bien ce qui s'est passé
00:38C'est évidemment autrement, autrement plus
00:41Terrifiant
00:43A Mazan
00:45Depuis près d'une décennie
00:47Gisèle Pellicot était droguée par son mari
00:50Qui proposait ensuite de livrer son corps inconscient
00:53A de parfaits inconnus
00:55Depuis près d'une décennie, Gisèle Pellicot n'en a rien vu
00:58Jusqu'à, il y a 3 ou 4 ans
01:02Son mari est interpellé parce qu'il filmait sous les jupes de clients d'un supermarché de Carpentras
01:09En perquisitionnant son ordinateur portable, les enquêteurs découvrent un dossier baptisé abus
01:16Celui-ci contient, écoutez bien résistants de Sud Radio, auditeurs de Sud Radio
01:20Celui-ci contient pas moins de 20 000 photos et vidéos de sa femme, inerte
01:25Agressée par des individus profitant de sa léthargie
01:29Au moins 92 viols ont été dénombrés
01:33Voilà, elle découvre cela dans une salle de commissariat, etc
01:37Voilà, Dominique Pellicot recrutée et les candidats sur un site
01:41Et bien, ce qui est, je veux dire, intéressant
01:45Ce qui est plus qu'intéressant, révélateur, mais de quoi, de quels abîmes
01:50C'était pas des monstres qui arrivaient, hein, il y a eu des personnes
01:54Des artisans, des retraités, sapeurs-pompiers, journalistes, chauffeurs-livreurs, gardiens de prison
02:01Certains sont célibataires, d'autres pères de famille
02:06Ils étaient astreints à un protocole strict, se déshabiller dans la cuisine
02:09Se laver les mains à l'eau chaude, avoir les ongles propres
02:12Tout pour que sa femme ne se réveille pas, bien sûr, il n'y a qu'un, aucun soupçon au réveil
02:16En revanche, aucune précaution n'était prise quant aux maladies sexuellement transmissibles, voilà
02:21Donc pendant dix ans, Gisèle Pellicot ne s'est doutée de rien
02:24Elle souffrait de problèmes des gynécologiques, d'implants de mémoire
02:27Son entourage suspectait un début d'Alzheimer
02:30Et puis voilà, et puis depuis avant-hier, c'est le procès
02:34C'est le procès et Gisèle Pellicot n'a pas voulu, au contraire, le huis clos
02:38Elle a dit non, non, tout doit se savoir
02:41Alors quand on entend ça, Marie-Estelle Dupont, bonjour
02:45Bonjour André
02:46Bonjour, vous êtes psychologue
02:48On se dit, bon c'est quoi, c'est un fait divers
02:51Mais au-delà de ça, je me dis, au-delà de dire qu'est-ce qui peut se passer
02:55Dans la tête d'un homme qui livre comme ça sa femme
02:58En la droguant pendant dix ans
03:01Et en appelant des gens, écoutez, venez, voilà, il y a ma femme qui est là, profitez-en
03:05Et puis voilà, des gens, allez, j'allais dire comme vous et moi
03:09Je ne sais pas si c'est la banalité du mal dont parlait Anna Arendt
03:14Mais, c'est, cher, qu'est-ce que ça vous inspire
03:18Est-ce qu'on peut expliquer quelque chose là ?
03:22Oui, alors cette référence à la banalité du mal d'Anna Arendt
03:26Effectivement, elle nous est tous venue à l'esprit
03:29Parce que c'est le surgissement de la barbarie et de l'horreur
03:32Dans un entourage insoupçonnable
03:34Donc ça fait bouger nos référentiels
03:37Ça fait bouger nos croyances
03:40Notre besoin d'être un peu dans le déni que le mal existe
03:43Pour arriver à vivre au quotidien
03:45Et en réalité, on sait bien que la majorité des viols
03:48Sont commis dans un entourage proche
03:51Et que très souvent, on connaît l'agresseur
03:54Alors, ce qui est stupéfiant, évidemment, c'est à la fois la durée
03:58Des faits sans être dénoncés
04:02Et l'aspect quantitatif
04:05C'est-à-dire, comment se fait-il
04:08Qu'il y ait autant d'agresseurs
04:10Sans que jamais un homme, voyant passer l'annonce
04:14Ne pense à dénoncer ?
04:17Alors, la défense dit
04:19Mais on croyait que c'était du libertinage
04:21Qu'elle était consentante, etc.
04:23Je pense qu'aucun adulte, à moins d'être débile profond
04:27Ne confond une femme consentante et une femme inerte
04:30Qui n'est pas endormie
04:32Elle était quasiment dans le coma
04:34C'est-à-dire que les doses
04:36Administrées à la fois de Temesta, d'Antalgique, d'Antihistaminique
04:40Parce qu'on sait que les Antihistaminiques, ça rend somnolent
04:43Étaient telles qu'elles n'étaient pas comme quelqu'un qui dort
04:46Elles étaient véritablement dans un état très léthargique
04:51Donc, personne ne peut confondre
04:54Et personne n'a réagi ?
04:57Personne ne s'est dit après
04:58Je suis allé là-bas, mais ce n'est pas possible
05:00Je vois ça, je ne peux pas rester là
05:02Enfin, c'est étonnant
05:05Si vous voulez, il y a deux choses qui sont effarantes
05:09Et qui font que les journalistes ont employé le mot hors-norme
05:12Mais finalement, attention à hors-norme
05:14Parce que malheureusement, ce hors-norme circule
05:17Dans la vie, potentiellement, de tout un chacun
05:22C'est à la fois, ce que je disais tout à l'heure, le côté énorme
05:27Et puis, le côté stupéfiant de cette lâcheté multiple
05:32De tous ces gens qui, de près ou de loin, ont vu ou participé
05:36Et à aucun moment, ne se sont mis dans une posture d'être secourables
05:40De se dissocier de ça, de refuser d'être complices
05:43Que ce soit Anna Arendt ou d'autres auteurs
05:46Beaucoup ont souligné que finalement, le mal ne progressait
05:49Que par le silence des honnêtes gens
05:52Et donc, je pense qu'on est tous stupéfaits dans cette histoire
05:55Par la dimension de lâcheté d'un environnement silencieux
06:00Enfin, d'hommes silencieux, quand ils arrivent dans la maison
06:05Et où on leur dit, au moindre mouvement de Gisèle, il faudra vous retirer
06:09Et là, il n'y a plus aucune confusion possible
06:11Avec du libertinage et un couple qui pratique le triolisme
06:14En étant consentants
06:16Alors, vous me dites, comment c'est possible ?
06:19Ça s'appelle la perversité, c'est pas une énigme
06:22La perversité, elle n'avance jamais à visage découvert
06:26Et cet homme avait des déviances et des perversités sexuelles multiples
06:31Il était excité par le fait de voir sa femme prise par d'autres hommes
06:35Ça s'appelle le candolisme
06:37Il était somnophile, c'est-à-dire que le fait qu'elle soit inerte
06:40Augmentait son sentiment de toute puissance et de jouissance
06:44Plus elle était inerte, plus il sentait le pouvoir
06:48Il avait le pouvoir sur elle, c'était ça
06:51Oui, c'est-à-dire, je crois que ce sont des profils
06:54Qu'on ne peut absolument pas comprendre
06:56Si on essaye de penser les choses à l'aune de la sexualité
07:02Il ne s'agit pas de chercher un plaisir érotique
07:06On est dans le registre de l'emprise
07:09C'est-à-dire que ce qui lui procure du plaisir n'est pas l'acte sexuel
07:13Ce qui lui procure du plaisir, c'est le sentiment de toute puissance
07:17Et de pouvoir faire de sa femme, à l'extrême, un objet
07:20C'est-à-dire un appât sur les réseaux sociaux
07:23Et ensuite, de par son état léthargique, un objet manipulable à l'envie
07:27Et d'ailleurs, quand sa fille Caroline tombe sur une des toiles qu'il a peinte
07:33En août 2016, au moment où il y a l'interpellation il y a quelques années
07:39Elle voit que sur ce tableau où il y a une femme nue
07:43À l'arrière, il a écrit l'emprise
07:46Donc on comprend bien que le référentiel non pervers de la sexualité ne peut pas fonctionner
07:52On est dans le registre du contrôle et de l'emprise
07:55Et alors, justement, Marie-Estelle Dupont
07:58Ce sentiment où on se dit que cette femme a servi de déversoir
08:05Enfin, au sens le plus terrible du terme, pendant dix ans
08:08Et encore une fois, vous parlez de ça, ce qui est étonnant, c'est la durée
08:11Dix ans !
08:12Et on se dit, dix ans, alors effectivement, ça peut arriver, oui
08:16Ça se passe dans une maison, c'est le mari qui organise ça
08:20Les gens qui sont là ne vont évidemment pas en parler
08:23Soit parce qu'ils n'ont pas envie d'en parler
08:26Soit parce qu'ils ont trouvé eux-mêmes leur petite satisfaction
08:30Soit par honte, soit autre
08:32Mais quand même, dix ans, c'est fascinant aussi par la longueur de ce qui s'est passé
08:38Enfin, le temps
08:40Oui, d'autant qu'on se pose la question de se dire
08:43Mais comment pendant dix ans, sur le plan strictement physiologique
08:46Cette femme a résisté, en fait
08:48Parce que pour qu'elle ne se réveille jamais
08:51Pour qu'elle ne comprenne jamais
08:53Pour qu'il fallait des doses administrées tellement élevées
08:56On se demande comment, d'un point de vue vraiment très physiologique
09:01Son corps a pu supporter des doses aussi importantes
09:05Sans qu'à un moment donné, il y ait un accident cérébral
09:07Ou un accident cardiaque
09:10Il y a ça qui stupéfie
09:14C'est là qu'on comprend qu'on est bien dans une logique de perversité
09:18Il n'a pas l'excuse de la maladie mentale, cet homme
09:22Il est extrêmement organisé
09:24Organisé pour se procurer les antalgiques et les médicaments
09:27Organisé pour faire venir les hommes
09:30Organisé pour maintenir le silence
09:32Et puis, très organisé dans le contrôle qu'il exerce sur sa femme
09:36C'est-à-dire, quand elle va chez le médecin
09:38Chez le gynécologue, chez le généraliste
09:40En disant, j'ai une fatigue chronique, des trous de mémoire, etc.
09:42Il est toujours là
09:44Et il fait ce que tous les pervers font
09:46Il fait du gaslighting et de l'inversion accusatoire
09:49C'est-à-dire qu'il lui dit, franchement, je me demande ce que tu fais de tes après-midi
09:52Pour avoir des infections sexuellement transmissibles
09:54Et là, on est vraiment dans la perversité
09:56Oui, parce que c'est ça, elle a eu des maladies en plus
09:58Elle a eu des soucis gynécologiques, bien évidemment
10:01Et donc, il pousse la perversité jusqu'à dire devant le médecin
10:04Je me demande ce que tu fais de tes après-midi
10:06Alors, pour le moment, il est malade
10:09Il n'a pas encore pu témoigner
10:11Il va, en principe, témoigner demain ou après-demain
10:14Mais encore une fois, c'est vrai, quand vous dites
10:18C'est pas la question du hors-norme
10:20C'est que, quelque part, je dirais
10:22La marche fait partie de la page, Marie-Estelle Dupont
10:25Le hors-norme fait quelque part
10:28Et c'est à la fois intéressant et préoccupant
10:33Fait partie d'une certaine norme
10:35C'est-à-dire que là, on est frappé, effectivement, par l'ampleur du phénomène
10:40Mais la question de la soumission chimique
10:43C'est quelque chose qui, par définition, passe sous les radars
10:47Parce que quand vous êtes drogué dans un cadre festif
10:49Avec du GHB, dans un cadre familial
10:51Avec du Temesta, etc.
10:53Comme c'est arrivé à certaines de mes patients
10:55Victimes d'incestes, notamment
10:57Qui étaient drogués pour qu'il n'y ait pas de souvenirs
10:59Par définition, l'altération de la mémoire
11:03Fait que vous ne risquez pas de porter plainte
11:06Donc ces viols-là ne rentrent en général pas dans les statistiques
11:10Et là, si la police n'avait pas poussé le travail
11:12Au moment d'un délit mineur à côté de cette horreur
11:15Qui était de filmer sous les jupes des filles
11:17Ça aurait pu continuer encore un certain temps
11:20Donc ce qui est intéressant, c'est qu'elle met au jour
11:24Que la question de la soumission chimique, finalement
11:27Ce n'est pas quelque chose de si rare que ça
11:29Et qu'on ne soupçonne pas son mari
11:32À qui on consent des rapports
11:34De peut-être être le prédateur
11:36Mais il arrive que dans le cadre familial
11:38Effectivement, il y ait ce type de pratiques
11:42Et des femmes...
11:44Il y avait eu une affaire l'année dernière
11:46Avec un élu, je crois, qui avait mis de la drogue
11:48Dans le verre d'une assistante parlementaire
11:52La soumission chimique, c'est vrai
11:54Qu'on n'en parlait pas beaucoup jusqu'à présent
11:56Ou alors dans les boîtes de nuit et les bars avec le GHB
11:58C'est un vrai sujet
12:01Parce que du coup, la question de la traduction en justice
12:04Parce qu'il y a une plainte et parce qu'il y a des preuves
12:06Elle pose réellement problème
12:08Puisque si jamais vous vous en souvenez
12:10C'est souvent accidentellement et beaucoup plus tard
12:12Au fait de l'accélération de vos fonctions neurologiques
12:14Et alors aller dater, aller donner des preuves
12:17C'est très compliqué
12:19C'est pour ça que maintenant, il commence à y avoir
12:21Des centres qui réalisent des prélèvements
12:24Extrêmement rapides sur les cheveux et dans les urines
12:26Et qui conservent ces prélèvements
12:28Si jamais, un jour, la victime souhaite porter plainte
12:32Merci beaucoup Marie-Estelle Dupont
12:35Pour ces éclaircissements
12:37C'est vrai que ça laisse pantois
12:39C'est l'abîme
12:41Quand on voit comme ça l'abîme
12:43On ne le connait pas
12:45On est étranger et puis on voit ce qu'il se passe
12:47Rappelez-nous juste le titre de votre plus récent livre
12:51Être parent en temps de crise
12:53Où je parle justement du traumatisme et de la dissociation
12:55Mais c'est vrai que le surgissement de la barbarie
12:58Le surgissement brutal de la barbarie
13:02Génère toujours une résistance
13:04Avant d'accepter la réalité
13:06Et je crois qu'il ne faut pas toujours chercher
13:08Des excuses médicales ou psychiatriques
13:10À la réalité du mal
13:12Le mal existe et cette affaire nous le rappelle

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