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00:00C'est vraiment une atmosphère tout à fait extraordinaire et j'ai envie de dire un mot parce qu'on parle toujours des arabes, de ceux-ci, des juifs et tout ça, mais il y a une culture arabe extraordinaire et personne n'en parle jamais, y compris ceux qui défendent la cause. C'est quand même assez étonnant.
00:15Mais revenons, revenons à ce voyage. Alors voilà, il y a donc 122 personnalités qui ont accompagné Emmanuel Macron. Bon, il a besoin d'avoir ses amis avec lui ou ses relations, etc.
00:27Alors, il y avait qui ? Il y avait, vous avez entendu parler un peu partout, il y avait 9 ministres, 9 ministres dont Rachida Dati, Bruno Retailleau.
00:37Il y avait le multimilliardaire Rodolphe Saadé qui a aujourd'hui BFM TV et RMC. Il y avait Jacques Lang, l'ancien ministre de la Culture et aujourd'hui président de l'Institut du Monde Arabe.
00:47Il y avait Bernard Heillevy et Ariel Dombasle, Jamel Debbouze, Thierry Reiner, Edgar Morin, Gérard Darmon, etc., etc., etc., des judokas, des Pierre Assouline, etc.
01:00Le président du Medef, Patrick Martin, Patrick Pouyanné, le président total. Très bien, alors voilà, que du bon monde.
01:08Mais, et puis il y a des gens controversés. Alors, controversés ou pas, je ne sais pas, on dit tiens, il y a le faudra François-Marie Bagné.
01:15Je rappelle que François-Marie Bagné a été condamné en 2016 pour abus de faiblesse sur la multimilliardaire Liliane Bettencourt.
01:22Et puis il y a l'ex-députée LROM Magie Delguerrabe qui avait été condamnée en 2022 pour violence. Il était toujours là.
01:31Il avait tapé Boris Ford, je crois, avec son casque de motard. Et puis, et puis, il y a celui qui provoque un peu la controverse, c'est l'humoriste Yassine Benatar.
01:44Alors lui, il a été condamné, effectivement, en septembre 2023 à 4 mois de prison avec sursis pour menace de mort et de crime visant plusieurs personnalités du monde du spectacle.
01:53En 2008-2019, bon, il est là. Et apparemment, il y a eu une petite polémique sur BFM où Benjamin Duhamel, hier, le journaliste Benjamin Duhamel, interrogeait justement Yassine Benatar.
02:08— Et vous êtes au Maroc aujourd'hui parce que vous accompagnez le président de la République à l'occasion de sa visite d'État.
02:13Vous êtes vous-même franco-marocain. Une présence qui suscite beaucoup de commentaires. On va y revenir.
02:17D'ailleurs, vous ne faisiez pas partie de la première liste donnée par l'Élysée pour indiquer à la presse les membres de la délégation.
02:23J'ajoute que l'entourage du président dit que votre présence ne vaut en aucun cas, je cite, « adhésion à vos idées ».
02:30Il n'assume pas que vous soyez là, que vous fassiez partie de cette délégation ?
02:34— C'est sûr, Benjamin, que si vous commencez à me présenter comme ça d'entrée de jeu, je trouve ça un peu déplorable. Mais c'est pas grave.
02:39— J'expliquais le controversé, Yassine Benatar. — Non, non. Vous prenez ce qui vous arrange dans la controverse.
02:44— Non, je crois pas. On a plus qu'un sentiment que l'Élysée n'assume pas le fait que vous fassiez partie de cette délégation aux côtés du président de la République.
02:53— C'est vous qui n'assumez pas l'idée de voir des gens qui s'appellent Yassine Benatar ou tout autre nom à consonance être autre chose que des cibles et être éliminés du débat public.
03:03— Yassine Benatar, on va essayer de fixer des règles pour cet échange qu'on a. Et on vous invite pour vous donner la parole.
03:09Il n'y a aucune volonté de ma part de cibler qui que ce soit. J'ajoute que dans cette délégation, il y a Jamel Debbouze, Tahar Ben Jelloun,
03:18tous deux franco-marocains, et qu'il n'y a pas ce type de controverses. Donc je vous...
03:21— Vous avez organisé une manifestation contre l'islamophobie en France. Ça vous dérange. Je sais que vous faites pas d'audience sans l'islam.
03:28Alors je vous explique maintenant une fois... — Yassine Benatar.
03:31— Alors on arrive aux manifestations contre l'islamophobie. On lui dit alors « Vous étiez là ». Mais je crois que Benjamin Duhamel a quand même posé
03:38une question de bon sens sur l'Élysée. L'Élysée qui fait savoir, par un communiqué en tout cas qui fait savoir, que la présence de Yassine Benatar ne vaut en aucun cas
03:51l'adhésion à ses idées. Attendez. Qu'est-ce que ça veut dire, ça ? Il y a 122 personnes qui sont là. Personnalités invitées par Emmanuel Macron et la présidence.
04:00Est-ce que ces 122 personnes ont été choisies en fonction de l'adhésion de Macron à leurs idées ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
04:09Où il accepte, où il n'accepte pas ? Où il invite, où il n'invite pas ? C'est là, encore une fois, cette espèce de deux poids, deux mesures,
04:15cette espèce de petite artuferie, petite hypocrisie entre amis. Attendez. Vous assumez. Vous vous assumez. Vous dites « Voilà, j'ai invité tel, tel, tel et tel.
04:24Et puis voilà, cartelez mon plaisir si on veut croire que c'est Louis XIV. Cartelez les nécessités de la politique si l'on veut croire qu'il est un politique.
04:32Mais qu'est-ce que c'est que cette espèce de « Ah oui, on fait ça, mais on n'a pas ça, etc., etc. » ? Et je vais vous donner un autre exemple.
04:41Un autre exemple de ça où Emmanuel Macron... C'est intéressant. Ce n'est même pas le « en même temps ». C'est la force centrifuge des idées qui tourne autour de sa tête
04:50d'une manière qui devient extrêmement incontrôlable. Et la preuve, c'est qu'il a fait un discours devant l'Assemblée nationale marocaine, devant le Parlement morocain.
04:59Et voici ce qu'il a dit, notamment sur Andalouse. Vous savez qu'en Espagne avait été conquis par les Arabes. Voici ce qu'il dit.
05:08« Les années de l'Andalouse ont fait de l'Espagne et du sud de la France un terreau d'échanges avec votre culture. La Giralda de Séville, les Éliches bleues et les Patio ouvragés du sud en restent toujours le somptueux témoignage architectural. »
05:22Voilà. Et il parle d'Andalouse, etc. Mais bien sûr, il aurait pu continuer, Emmanuel Macron. Il faut adrire à celui qui écrit le discours, quand même.
05:31L'Andalouse a été effectivement une période de colonisation arabe de l'Espagne. Mais il faut le dire aussi, parce qu'il faut être vraiment là-dessus objectif,
05:40une colonisation qui a valu une culture arabo-espagnole, appelons-le comme on veut, très riche, très très riche. Il y a eu des œuvres tout à fait fascinantes,
05:52que ce soit des œuvres architecturales, que ce soit des écrits, que ce soit... C'était quand même une époque où il y avait une espèce d'ouverture.
06:00Ce n'était pas du tout la fermeture totale. Alors il y a eu effectivement... Il y avait des oppressions. Il y avait des choses qui n'allaient pas, je veux dire,
06:11l'application effectivement d'un certain nombre de règles, chariaisques ou autres. Mais l'important est qu'Andalouse a été effectivement une période aussi d'ouverture
06:21et aussi d'épanouissement de cette culture arabe dont personne ne parle plus, y compris, y compris, je dois dire, un certain nombre d'intellectuels arabes
06:29qui feraient mieux de s'occuper d'enrichir la culture et de dire ce que c'est, plutôt que de faire des polémiques qui ne servent à rien.
06:37Mais alors, ce qu'on peut se demander, c'est pourquoi Emmanuel Macron dit l'Andalouse, c'était formidable, cette période formidable.
06:45Mais pourquoi en même temps, enfin en même temps, il y a quelques années, mais il n'a pas changé d'avis, il va en Algérie, là, ce n'était pas au Maroc,
06:53et il dit la colonisation française a été un crime contre l'humanité. Il l'a dit. Et il a dit... Alors qu'est-ce que c'est encore une fois ces deux poids de mesure ?
07:03Je rappelle, c'est très intéressant, il y a des invités, oui, on a invité effectivement Benalla, Yassine Benatar, pardon, pas Benalla mais Yassine Benatar,
07:13et on a invité Mjid El-Gherab qui avait été aussi, je rappelle, condamné, et puis on a invité François-Marie Bagné, bon, ben c'est comme ça.
07:21Et alors là, on n'assume pas, on n'assume pas, on dit non, non, on ne partage pas les idées de Yassine Benatar.
07:27En revanche, quand on va en Algérie, et qu'on dit la colonisation a été un crime contre l'humanité, ça a été terrible ce qu'ont fait les Français en Algérie,
07:36ils n'ont fait que du mal, et ils savent que c'est faux, ils savent que c'est beaucoup plus compliqué que cela, l'histoire est beaucoup plus compliquée,
07:43ce n'est pas du noir et blanc justement, ce n'est pas du binaire, ce n'est pas du manichéisme imbécile, et ben là, voilà, ça passe crème.
07:51Non, ce n'est pas possible. Il faut quand même, quand on est responsable politique, quand on assume le destin d'un pays,
07:58parce que le Président de la République aujourd'hui, avec la 5e République, assume, qu'on le veuille ou pas, le destin du pays, la bonne marche du pays.
08:06Alors on ne fait pas n'importe quoi, on ne va pas vraiment dans des extrêmes comme ça.
08:13Et je rappelle une chose aussi. Il faut parler un peu chiffre, c'est intéressant. La Cour des comptes s'est penchée sur les finances de l'Élysée.
08:22L'activité de la présidence a coûté de 125 millions en 2023. Mais parlons simplement des déplacements.
08:29Le budget dédié aux déplacements présidentiels, aux déplacements, a été, écoutez-moi bien, en 2023, de 23,2 millions d'euros.
08:39Et combien c'était en 2022 ? Eh bien en 2022, c'était la moitié. C'était la moitié de 7,1 millions d'euros.
08:47C'est-à-dire que le budget des déplacements, dont celui du Maroc, là on est en 2024, eh bien c'était en 2023, encore une fois je le rappelle, 23,2 millions d'euros.
08:58Et c'était la moitié, la moitié en 2022. Alors qu'est-ce qui se passe ? De deux choses l'une.
09:05Ou Emmanuel Macron a décidé de se déplacer et c'est tout à fait légitime, il représente la France.
09:12Mais enfin, à un moment donné, très sincèrement, sans se fatiguer, on a vraiment besoin de ces 122 personnes.
09:19Vous aviez vraiment besoin, c'est très bien, ces philosophes, ces intellectuels, ces sportifs, tout ça, ces amuseurs, ces comédiens, tout ça.
09:29Mais franchement, on parle de la dette, on parle de tout ce qui se passe, on parle de la France, on parle des...
09:35Je ne parle même pas des souffrances de la France, on va en parler avec les agriculteurs.
09:39Mais franchement, inviter 122 personnes, mais attendez, à ce moment-là, mais ouvrez les vannes ! Invitez-nous !
09:48On serait ravis d'aller au Maroc, je suis sûr, d'ailleurs les gens qui sont avec moi seraient ravis de passer quelques jours au Maroc.
09:55J'exagère à peine, je fais à peine de la démagogie, mais il faut dire et il faut être, il faut faire de la démagogie quand on voit ça.
10:04Quand on voit des choses, des gens qui ne sont pas assumés et qui sont dans le cortège, des budgets qui explosent,
10:13et franchement, et puis des deux poids deux mesures dans les hommages, alors oui, la France doit effectivement se fouetter,
10:24amener Maher avec les disciplines, comme disait Molière dans Tartuffe, et d'un autre côté, oui, c'est très bien ce que vous avez fait en Espagne,
10:31c'est parfait, c'est magnifique, c'est beau, on voit les éliges, on voit tout ça, et alors en revanche, la France, en Algérie,
10:38ah, c'est criminel, c'est lamentable et tout ça.
10:41Enfin écoutez, est-ce qu'on peut arrêter, à un moment donné, le masochisme ambiant ? Ce serait pas mal. Il faut s'avoir un peu raison.